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XIIIe siècle : les origines
Auparavant, les moines utilisaient des loupes de lecture, posées à même le texte, pour grossir les
caractères. Avant de parvenir au concept de « lunettes », il fallut encore fixer deux manches de ces
loupes par un clou, pour les porter sur le nez. Ce furent les premières « bésicles clouantes ». La
paternité de l’invention reste un sujet de controverse : revient-elle au moine Roger Bacon, mort en
1294, ou au Florentin Salvino degli Armati, mort en 1317 ? Mystère…
Moyen Âge : le développement
De nombreuses gravures et dessins du Moyen Âge témoignent de personnages portant bésicles, au
point de faire des anachronismes en peignant des saints binoclards. Utilisées principalement par les
moines et les savants, leur usage va exploser avec l’invention de l’imprimerie, qui démocratise l’acte de
lecture. Maintenir en équilibre ses bésicles sur le nez demeure cependant un exercice périlleux, car
les branches n’existent toujours pas.
De la Renaissance au XVIIIe siècle : la mode a du nez
Les lunettes, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Les binocles vont donc devenir un objet de
mode de plus en plus raffiné.
1440 : grosse actualité pour les myopes ; les verres concaves apparaissent à Florence. Avant,
seuls les astigmates utilisaient les « lunettes ».
1508 : Léonard de Vinci, dans son « Codex de l’œil », décrit une méthode pour modifier la
cornée, dans ce qui est considéré comme l’ancêtre des lentilles de contact.
1728 : les lunettes à tempes. Il faut attendre l’invention d’un opticien anglais, Edward Scarlett,
pour voir les premières lunettes à branches, notablement courtes pour faciliter le port des
perruques. Mais les branches, par la pression exercée sur les tempes, donnent des maux de
tête aux lecteurs aguerris. Les lunettes sans branches resteront donc la mode jusqu’aux
environs des années 1930.
XVIIIe siècle : les lunettes deviennent un accessoire de distinction sociale, et les lunetiers
rivalisent d’inventivité pour convaincre les clients de poser leurs créations sur leur nez.
Lorgnon, lorgnette, mini-longue-vue, binocles ciseaux tenus par la main comme pour couper le
nez, etc., les lunettes sont un point de rencontre entre la médecine et la mode.
XIXe siècle-1930 : monocles, binocles et pince-nez
D’objet de distinction sociale, le verre correcteur se veut de plus en plus pratique. Les hommes
portent leur monocle galamment attaché à leur veston, telle une montre gousset. Les binocles
possèdent un système de pince-nez pour tenir plus efficacement. Le verre correcteur reste un objet
extérieur au corps, que l’on met puis que l’on enlève.
1825 : grosse actualité pour les astigmates ; les verres correcteurs de l’astigmatisme
apparaissent.
1887 : les premiers verres de contact sont créés. Ce sont des lentilles lourdes et peu
confortables, en verre soufflé.
XXe siècle : branches de lunettes, technologie et lentilles
Les branches de lunettes se généralisent enfin. Les innovations technologiques s’intensifient, comme
en témoigne le rythme des avancées majeures : verres allégés, incassables, amincis, antireflets,
« verres » en plastique, qui « bannissent » les rayons UV, permettent de voir en 3D… Les lunettes ne
sont plus un accessoire que l’on garde en poche, mais elles figurent la personnalité de leur
propriétaire.Parallèlement, les formes des lunettes deviennent des marqueurs d’époque (petites et
rondes dans les années 1930-1940, Ray-Ban et gros cadre pour Buddy Holly et les aviateurs des
années 1950, « papillon » dans les années 1960 et 1980, montures très fines en 2000).
1952 : les lunettes en 3D (rouge/vert) fleurissent sur les nez, surtout aux États-Unis.
1959 : grosse actualité pour les presbytes ; Bernard Maitenaz crée Varilux, le premier verre
progressif.