Sicettegrandeurétaitlaseuleénergieimportanteimpliquée,ilauraitéténatureldevoirles
domainesgrossiretleurnombrediminuerafinquel'énergiedeparoisoitminimale.Mais
l'expériencemontrequecescénario,équivalentàunehomogénéisation,neseproduitpas.
Uneautreinteraction,depluslongueportée,vientcontrecarrerl'énergiedeparoi.Ils'agit
cettefoisd'uneforcemagnétique,cellequechacunasûrementdéjàrencontréeenjouant
avecdeuxaimantsidentiques:ilstendenttrèsrapidementàs'accolertête‐bêche,pôlenord
del'uncontrepôlesuddel'autre.Unsystèmededeuxpetitsdomainesd'aimantations
opposéespossèdedoncuneénergiemagnétiquemoindrequecelled'undomaineunique
maisdeuxfoisplusgrand.
Lesdomainesdanslessystèmesmagnétiquespeuventainsifacilementsecomprendre
commelerésultatd'uneconcurrenceentrel'énergiedeparoietl'énergiemagnétique.
L'énergiedeparoiestd'autantplusfaiblequelesfrontièresentredomainessontréduites;
pourlaminimiser,ilfaudraitdoncdesdomainesgrandsetpeunombreux.Aucontraire,
l'énergiemagnétiqueestd'autantplusbassequelesdomainessontpetits.Al'équilibre,
l'énergietotale(énergiedeparoi+énergiemagnétique)doitêtreminimale,cequiconduità
uncompromis.Lataillemoyennedesdomainesdépendalorsdel'épaisseurdufilm,dela
températureetduchampmagnétiqueappliqué.
L'apparitiondedomainesàl'étatd'équilibrecommerésultatd'unecompétitionentredeux
forcesantagonistesestunphénomènequineselimitepasauxsystèmesmagnétiques;qui
plusest,onl'observeaussiàd'autreséchelles,beaucoupplusgrandesoubeaucoupplus
petites.Etc'estseulementaucoursdesdernièresannéesqueleschercheursontpris
consciencedesagénéralité.Surdesexemplesspécifiques,ilestpossibledecalculer‐le
calculestparfoisfortcompliqué‐latailleetlaformeoptimalesdesdomaines,c'est‐à‐dire
cellesquirendentl'énergieminimale.
Lesliquidesmagnétiques,ouferrofluides(4),sontunexempleoùdesconfigurationsen
formedezébrurespeuventêtrevuesàl'œilnu,àl'échelledequelquescentimètres.Cesont
desfluidesquiontcommencéàêtrecommercialisésdanslesannées1960,suiteautravail
pionnierdeRonE.RosensweigauxEtats‐Unis.Normalement,unferrofluideconstituéde
particulesmagnétiquesensuspensiondansl'eaunepeutsemélangeravecunautreliquide
commel'huile.L'eauetl'huileserepoussent,phénomèneliésimplementaufaitque
l'énergied'interfaceeau‐huileestrelativementélevée.Cependant,enappliquantdes
champsmagnétiquesmodestesperpendiculairementàlacouchedeliquide,lemélangede
ferrofluideetd'unautreliquidenonmisciblepeutsestructurerspontanémentenunesorte
delabyrinthe,commelemontrentnotammentlestravauxrécentsdugroupedeJean‐Claude
Bacri,àl'universitéParis‐VI(4,5)(fig.1).
Iciaussi,ils'avèrequelalargeurdesrayurespeutêtreestimée(4):ilsuffitdeconsidérerun
motifdebandesparallèlesetdechercherlalargeurquiminimisel'énergietotale(énergie
d'interfaceentreleferrofluideetledeuxièmeliquide+énergiemagnétique).Ledéfiserait
cependantdesavoircalculerl'énergiemagnétiquedansunegéométriearbitraireet
compliquée,parexemplecellecorrespondantaulabyrintheeffectivementobservé.
Voicimaintenant,àl'échellemicroscopique,unexempleoùlesdomainesfontquelques
nanomètres(1nm=10‐9m).Ils'agitd'unesurfacedecuivresurlaquelleontétéadsorbés
desatomesd'oxygène,casétudiéparPeterZeppenfeldetsescollègues,àJülichen
Allemagne(6,7)(fig.2).Lemicroscopeélectroniqueàbalayagerévèlequelesîlotsoxygène‐
cuivresedisposentselonunarrangementpériodiquedebandes.L'espacemententreîlots
varieentre6et14nmlorsquelesatomesd'oxygènerecouvrent26%delasurface.Cette
architectureestattribuéeàunecompétitionentredeuxinteractions(uneattractionàcourte
portéeentrelesatomesetunerépulsiond'origineélastiqueentrelesîlots),unecompétition
similaireàcellequiprévautdanslessystèmesmagnétiques(7).
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