Des réflexions pour mieux gérer votre entreprise UBS outlook Conseil d’administration Axer la conduite d’entreprise sur la création de valeur Edité par UBS SA Marketing Switzerland, Marc Steffen, Case postale, 8098 Zurich Auteurs de la première édition 2002: Dr Helen-Deborah Maier, Robert Fitze, Marcel W. Schmid, Marc Steffen Réédition 2005: Dr Matthias Müller, Markus Suter Adresse de commande: UBS SA, Economic Information Center CK9K, Case postale, 8098 Zurich Fax 044-234 99 34, E-mail [email protected] ou www.ubs.com/outlook Les informations contenues dans cette publication ont fait l’objet de recherches approfondies. Il ne nous est cependant pas possible de garantir leur exactitude. Les appréciations et avis présentés peuvent ne pas refléter la position officielle d’UBS SA. Afin de faciliter la lecture, nous nous permettons d’utiliser uniquement la forme masculine et vous remercions de votre compréhension. Reproduction autorisée avec indication de la source. 2 UBS outlook Conseil d’administration Contenu Création de valeur dans un environnement en pleine mutation 5 La responsabilité du conseil d’administration 7 Les bases légales 8 Le conseil d’administration comme organe de conduite 9 La fonction de communication du conseil d’administration 13 La collaboration entre le conseil d’administration et la direction 14 L’organisation du conseil d’administration 16 Le mandat d’administrateur 19 Les séances du conseil d’administration 20 Le travail au sein du conseil d’administration 22 Les tâches de gestion du conseil d’administration 24 La conduite stratégique 25 La gestion financière 26 La gestion du personnel 31 Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration 34 Les projets d’investissement 34 L’introduction en bourse 37 L’acquisition et la vente de sociétés ou de participations 39 Les situations de crise 43 7 thèses sur le conseil d’administration et la création de valeur 46 Sources d’informations 47 UBS outlook Conseil d’administration 3 UBS outlook: une base de réflexion La présente publication sur la manière, pour le conseil d’administration, d’axer sa conduite d’entreprise sur la création de valeur est le résultat de plusieurs séminaires et tables rondes organisés avec des praticiens et des experts issus des milieux de la science, de la recherche et du conseil en entreprise. UBS outlook souhaite montrer les raisons pour lesquelles, dans un environnement en rapide évolution, il est indispensable pour toutes les entreprises de produire suffisamment de valeur ajoutée. Il s’agit de donner des impulsions sur la manière dont un conseil d’administration peut satisfaire aux exigences croissantes que pose la conduite d’entreprise axée sur la création de valeur. Au niveau de la responsabilité du conseil d’administration et de la répartition des tâches, il n’y a pas de différences fondamentales entre les petites sociétés anonymes, les grandes entreprises à actionnariat ouvert au public et les groupes. De ce fait, la plupart des questions abordées ici intéressent aussi bien les conseils d’administration d’entreprises familiales que ceux des groupes cotés en bourse. Les termes et abréviations en anglais fréquemment usités dans la pratique ou dans la littérature spécialisée ont été employés tels quels. Le sommaire détaillé et le glossaire ont été conçus pour faciliter l’orientation du lecteur. Les rédacteurs d’UBS outlook ont également recensé les publications et adresses Internet permettant d’approfondir les recherches sur les sujets relatifs au conseil d’administration. A divers endroits des textes, il est fait mention d’ouvrages traitant certains thèmes spécifiques de manière plus détaillée. Les sept thèses énumérées à la page 46 constituent le résumé des points de vue exposés ici sur la priorité à donner à la création de valeur dans le conseil d’administration. La table ronde d’experts Les personnes citées ci-dessous sont les experts qui ont participé à la table ronde organisée par UBS outlook sur le thème «Conseil d’administration axé sur la création de valeur». Les autres participants aux séminaires tenus à l’Executive Development Centre de Wolfsberg ont également contribué à la création de cette publication. Il est toutefois possible que sur certains points, le texte imprimé diverge de leur opinion personnelle. Frédéric Bonhôte, Flumroc AG, Flums Dr Walter Bürgi, Aare-Tessin AG, Olten Daniel Eicher, Boss Holding AG, Schönbühl Fritz Köhli, Weitnauer Holding AG, Bâle Niklaus J. Lüthi, Lüthi Holding AG, Berthoud Rolf Menzi, Menzi & Partner, Zurich Martin Naville, The Boston Consulting Group, Zurich Beat M. Schelling, Lande AG, Rupperswil Christian Schmassmann, Loh Holding AG, Dornach Dr Fritz Schumacher, Internationale Treuhand AG, Bâle Dr Roger Rytz, Spencer Stuart, Zurich Prof Dr Klaus Spremann, professeur à l’Université de Saint-Gall Dr Peter Strickler, Groupe Katadyn, Zurich Prof Dr Manfred Timmermann, Saurer AG, Arbon Dr Heiner Zehntner, Internationale Treuhand AG, Bâle 4 UBS outlook Conseil d’administration Création de valeur dans un environnement en pleine mutation Création de valeur dans un environnement en pleine mutation A l’échelle mondiale, l’environnement économique, social et politique est en mutation rapide et constante. Dans les années à venir, il faudra encore s’attendre à des modifications majeures sous l’effet de la poursuite de la globalisation, des nouvelles technologies, de l’amélioration des moyens de communication et de l’accroissement de la mobilité des personnes, des biens et des capitaux. La complexité croissante de ces questions qui se posent aux entreprises, avec leurs implications éthiques, soumet les sociétés et leur conseil d’administration à un défi permanent. Les développements technologiques toujours plus complexes exigent une spécialisation sans cesse plus poussée. Les ressources financières et humaines dont dispose l’entreprise doivent être concentrées sur les compétences clefs qui font sa compétitivité. La biotechnologie, la microélectronique, la nanotechnologie, la microtechnique et les technologies de l’information passent pour des domaines d’avenir. De même, les télécommunications empruntant des réseaux de fibres optiques ou des réseaux mobiles à haut débit, et plus particulièrement les applications multimédias des technologies d’Internet agiront comme des moteurs essentiels du développement économique et social au cours des prochaines années. Les entreprises de production traditionnelle et les sociétés de services du type Old Economy (comme p. ex. la construction de machines, les instituts financiers ou le commerce de gros) seront tout autant touchées que les entreprises de haute technologie qui se créent constamment dans ce qu’on appelle la New Economy. Les changements technologiques mènent à de nouveaux modèles d’entreprises A l’ère de l’information, dans un environnement dont la mutation s’accélère, les entreprises sont constamment obligées d’adapter leurs stratégies et leurs portefeuilles d’affaires (sphère d’action/groupes de produits). Ne pas procéder à temps aux adaptations indispensables des structures et de l’organisation (business reengineering), c’est s’exposer au risque de ne plus rester longtemps concurrentiel. Le conseil d’administration a pour tâche de veiller à ce que l’entreprise tire profit des chances que crée ce changement permanent et évite les dangers qui en résultent. De nouveaux processus d’affaires susceptibles de modifier des secteurs entiers Dans la plupart des secteurs où, jusqu’à présent, presque tous les composants d’un produit étaient fabriqués par une seule grande entreprise (p. ex. dans la construction automobile), de nombreux processus internes de création de valeur ont été remplacés par des réseaux externes, dans lesquels on collabore avec les fournisseurs et leurs sous-traitants (phénomène de la deconstruction of value chains). Parallèlement, les entreprises sont toujours plus nombreuses à utiliser leurs compétences premières pour pénétrer dans d’autres sphères d’activité ou secteurs (business migration). C’est ainsi par exemple que l’on voit des compagnies pétrolières se mettre à faire du commerce de détail dans leurs stations-service, ou des libraires étendre leur commerce à la vente de produits multimédias. La globalisation est liée à une mutation sociale La globalisation, que les progrès technologiques ont à la fois permise et nécessitée, a été encore accélérée par la création de débouchés et de marchés d’approvisionnement internationaux (Marché intérieur de l’Union européenne, NAFTA, ASEAN). Des organisations internationales telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI) y sont également pour beaucoup. Mais cette globalisation va aussi de pair avec un profond bouleversement social. Dans les années à venir, les entreprises et leur conseil d’administration seront donc toujours plus confrontés aux évolutions éthiques, sociales, écologiques, techniques, démographiques et politiques qui en résultent. UBS outlook Conseil d’administration 5 Création de valeur dans un environnement en pleine mutation Les entreprises doivent s’adapter à temps On ne peut obtenir une valeur ajoutée élevée et propre à satisfaire durablement qu’en sachant déceler, dans l’évolution des techniques et des marchés d’approvisionnement et de distribution, les tendances importantes pour l’entreprise. Pour le conseil d’administration, cela signifie reconnaître à temps les modifications affectant l’environnement de l’entreprise et savoir interpréter les effets possibles sur son potentiel de valeur ajoutée. Il doit procéder au bon moment aux adaptations stratégiques qui s’imposent et s’assurer que la direction de l’entreprise applique les mesures nécessaires à cet effet dans le domaine du personnel et de l’organisation. Il est souvent indiqué, si l’on veut pouvoir se concentrer sur les activités les plus porteuses et produisant la plus grande valeur ajoutée, de sous-traiter (outsourcing) ou de vendre (spin-off, désinvestissement) des activités qui ne font plus partie des activités de base. A l’inverse, il peut s’avérer judicieux, pour renforcer rapidement et de manière ciblée des compétences décisives ou des parts de marché, d’acheter une entreprise spécialisée dans le domaine d’activité visé (acquisition). Une gestion axée sur la création de valeur est un avantage pour une entreprise Une gestion d’entreprise axée sur la création de valeur implique l’utilisation judicieuse des ressources. Généralement, seule une valeur ajoutée élevée permet d’offrir une juste contrepartie à tous les ayants droit (stakeholders). C’est aussi ce qui permettra l’accroissement durable de la valeur de l’entreprise (shareholder value). Une gestion axée sur la création de valeur présuppose une vision claire et une stratégie tournée vers l’avenir. Les moyens financiers, les ressources humaines et les infrastructures doivent pour cela être concentrés sur les compétences premières, afin de satisfaire au mieux les besoins des clients et les exigences du marché. Il faut viser une augmentation des parts de marché (chiffre d’affaires), favoriser la disposition du client à payer (prix, marges) et assurer des structures de coûts concurrentielles. Pour une entreprise, la valeur ajoutée est la différence entre le produit net obtenu (prix ou chiffre d’affaires) et les frais encourus, c’est-à-dire notamment les salaires et le coût des capitaux. Une gestion d’entreprise axée sur la création de valeur consiste donc, d’une part, à accroître le potentiel de revenu de l’entreprise en offrant au marché des prestations innovantes et, d’autre part, à réduire les coûts en agissant sur l’efficacité et la rentabilité (optimisation des processus, augmentation de la productivité). Le conseil d’administration peut dans les deux cas exercer une influence, en garantissant avant tout une gestion soucieuse des valeurs et des risques et en prenant des décisions d’investissement visant systématiquement la création de valeur. L’accent mis sur la valeur ajoutée tient compte de tous les ayants droit La création de valeur vise l’obtention d’un certain profit qui puisse être réparti de manière équitable entre les différents ayants droit. Une entreprise doit faire face à des exigences économiques et sociales que des groupes d’intérêts très divers expriment toujours plus vigoureusement. Les clients, les organisations de consommateurs, les collaborateurs et les syndicats, les fournisseurs et les sous-traitants, les communes d’implantation, les organisations de protection de l’environnement ou d’autres organisations non gouvernementales (ONG) peuvent, par leur comportement et avec l’aide des médias, de l’opinion publique et des politiques, exercer une influence considérable sur l’entreprise. Il ne sera guère possible d’éviter les conflits au sujet de la «juste» répartition de la valeur ajoutée produite par l’entreprise, respectivement de son bénéfice, mais il s’avère que ce sont par principe les entreprises à fort rendement qui sont le mieux en mesure de satisfaire les besoins des ayants droit. Les investisseurs doivent être indemnisés en fonction du risque assumé Dans un marché des capitaux dynamique et global, l’accès au financement donnera lieu à une concurrence de plus en plus vive. Les investisseurs professionnels, les actionnaires individuels (shareholders), les banques et les autres fournisseurs de crédits se font une conception toujours plus précise du juste rendement du capital qu’ils ont mis à disposition, en fonction du risque assumé (return on invested capital). Plus le risque est considéré comme élevé, plus les revenus attendus le sont aussi. Les attentes des investisseurs conditionnent de plus en plus une création de valeur durable. 6 UBS outlook Conseil d’administration La responsabilité du conseil d’administration La responsabilité du conseil d’administration Le conseil d’administration (CA) d’une société anonyme domiciliée en Suisse a la charge suprême de la conduite de l’entreprise dont il est l’autorité de surveillance et d’organisation. Sa responsabilité légale est définie par le droit de la société anonyme, dans le Code des obligations (CO). Une société anonyme, surtout si elle est cotée en bourse, doit encore se conformer à de nombreuses prescriptions légales et statutaires dont l’observation reste du ressort de la responsabilité du conseil d’administration. L’obligation de préserver au mieux les intérêts des ayants droit implique des responsabilités entrepreneuriales encore plus étendues. La législation sur les sociétés anonymes définit les trois fonctions principales du conseil d’administration: la haute direction (strategic function), le contrôle (control function) et la conduite, respectivement sa délégation, et la promulgation de directives (institutional function). Une direction d’entreprise consciente de ses responsabilités s’appliquera à respecter scrupuleusement toutes les dispositions, ordonnances et prescriptions légales la concernant, de même que les statuts, règlements et codes de conduite définis par l’entreprise. Un bon gouvernement d’entreprise (corporate governance) exige un comportement responsable Un bon gouvernement d’entreprise suppose que les règles de comportement acceptées par tous et applicables à l’établissement soient systématiquement observées. Au nombre de ces règles figurent notamment les recommandations et normes émises par des organisations professionnelles ou non gouvernementales (ONG) reconnues. La notion de corporate governance couvre l’ensemble des relations entre le conseil d’administration, la direction de l’entreprise, les collaborateurs, les actionnaires et les autres investisseurs, les clients, les fournisseurs et tous les autres ayants droit de l’entreprise. Il faut entendre par là une conduite d’entreprise efficace et rentable, assurée par une direction consciente de ses responsabilités et constamment attachée à la création de valeur. Plus précisément, la notion désigne l’orientation stratégique générale de l’entreprise, les mesures qu’elle prend en matière de politique d’affaires, l’obligation de rendre des comptes et la surveillance exercée sur la société. Le CA entre les différents pôles de la conduite díentrepri se Bases légales relatives au CA Organes haute direction (strategic function) CO 698s. L’assemblée générale CO 707s. Le conseil d’administration CO 727s. L’organe de révision Attributions ayants droit actionnaires conduite (institutional function) Source: UBS outlook contrôle (control function) CO 716 La gestion CO 716a Les sept attributions intransmissibles et inaliénables du CA CO 717 Le devoir de diligence et de fidélité CO 752s. La responsabilité du CA Source: UBS outlook, selon le Code des obligations (CO) UBS outlook Conseil d’administration 7 La responsabilité du conseil d’administration Les bases légales Selon la législation, les sociétés anonymes (SA) sont tenues de posséder trois organes: l’assemblée générale des actionnaires, qui est l’organe suprême, le conseil d’administration et l’organe de révision. Comme le prescrit le CO, le conseil d’administration dirige lui-même les affaires de la société, pour autant qu’il ne délègue pas à des tiers la gestion de l’entreprise. Cette délégation de compétences est soumise à trois conditions formelles qui doivent toutes être remplies: • la procuration doit être donnée par l’assemblée générale, sous la forme d’une disposition statutaire. • il doit y avoir un règlement d’organisation et d’entreprise. • la délégation doit faire l’objet d’une décision du conseil d’administration. En raison des responsabilités incombant au conseil d’administration, il est important de faire observer que celui-ci n’a pas la liberté de se décharger sur des tiers de ses sept attributions intransmissibles et inaliénables telles qu’elles sont définies par la loi. Le CO règle en outre le devoir de diligence et de fidélité, le droit aux renseignements et la responsabilité assumée par le conseil d’administration. En revanche, la loi ne traitant pas de la position du président du conseil d’administration, la définition de cette dernière est laissée à la réglementation interne de la société. Le conseil d’administration décide de l’organisation de l’entreprise Le conseil d’administration est responsable de l’organisation de la société et des éventuels organes institués par lui (p. ex. comité du conseil d’administration, commissions, etc.). S’il délègue la gestion de l’entreprise, il doit établir un règlement d’organisation définissant de manière contraignante ses propres activités et les droits et devoirs qui y Les sept attributions intransmissibles et inaliénables du conseil d’administration 1. Exercer la haute direction et établir les instructions nécessaires 2. Fixer l’organisation 3. Fixer les principes de la comptabilité et du contrôle financier ainsi que le plan financier 4. Nommer et révoquer les personnes chargées de la gestion et de la représentation 5. Exercer la haute surveillance des personnes chargées de la gestion 6. Etablir le rapport de gestion et préparer l’assemblée générale 7. Informer le juge en cas de surendettement ou d’insolvabilité Source: UBS outlook, selon art. 716a, al. 1 CO Structure possible d’un règlement d’organisation 1. Bases 2. Organes exécutifs de la société 3. Le conseil d’administration: 1. Formation, 2. Réunion et rythme des réunions, convocation et établissement de l’ordre du jour, 3. Quorum, délibération et enregistrement dans le procès-verbal, 4. Tâches et compétences, 5. Droit d’être renseigné et présentation du rapport, 6. Indemnités 4. Le président du conseil d’administration 5. Comité constitué au sein du conseil d’administration 6. Les délégués du conseil d’administration 7. La direction (direction de l’entreprise, direction du groupe) et la fixation des compétences 8. Autres autorités revêtues d’une fonction 9. Dispositions communes: 1. Droit de signature, 2. Incapacité, 3. Devoir de discrétion, remise des actes, 4. Limite d’âge 10. Dispositions finales: 1. Entrée en vigueur, dispositions d’exécution, 2. Révisions et modifications Source: Prof Dr P. Forstmoser 8 UBS outlook Conseil d’administration La responsabilité du conseil d’administration sont liés. La délégation de responsabilités à une direction opérationnelle ou à d’autres mandataires doit être assortie d’une définition claire des attributions et des compétences, d’une description des postes et d’un schéma d’organisation. Il est également important que l’obligation de faire rapport et de renseigner les supérieurs et le conseil d’administration soit réglée sans ambiguïté. Le conseil d’administration assume une vaste responsabilité Le conseil d’administration s’expose à un risque s’il néglige ses obligations ou si, dans le cas d’une délégation de compétence admise, il n’a pas opéré son choix avec le soin requis, n’a pas transmis d’instructions et n’a pas exercé la surveillance nécessaire. Les obligations du conseil d’administration découlent principalement de la loi, des statuts, du règlement d’organisation et de conventions individuelles. Au sens du droit privé, la responsabilité du conseil d’administration se fonde essentiellement sur le droit des sociétés anonymes, le cas échéant sur le droit de la responsabilité civile. Le manquement au devoir d’informer le juge en cas de surendettement de la société est un exemple classique d’implication de la responsabilité du conseil d’administration. Il peut aussi arriver qu’une infraction aux prescriptions de la législation sur les bourses ou à des obligations de droit public (portant notamment sur les cotisations AVS ou LPP) soit fatale à un conseil d’administration. Il faut observer encore que le conseil d’administration peut endosser une responsabilité pénale, notamment dans des cas de délit documentaire, de fraude, de délit d’initié, de faillite frauduleuse et de délit en rapport avec une poursuite. Les problèmes de responsabilité deviennent généralement aigus lorsque la société n’est plus en mesure de faire face à ses obligations ou tombe en faillite. Dans de tels cas de figure, il faut s’attendre à ce que l’on se retourne davantage contre le conseil d’administration et l’organe de révision. Pratiquement, ces cas sont souvent réglés à l’amiable. Les membres du conseil d’administration sont par principe garants à titre solidaire, ce qui signifie que chacun d’eux peut être affecté par la totalité du préjudice. Une éventuelle répartition en proportion du tort commis ne peut intervenir que par accord interne. Il est possible de limiter les risques inhérents à la responsabilité du conseil d’administration Dans la plupart des situations, en conservant la conscience des risques et des responsabilités et en prenant les précautions organisationnelles adéquates, l’administrateur peut limiter ses risques individuels à des proportions acceptables. Il est surtout important à cet égard que les structures d’organisation et les règlements d’entreprise soient limpides pour le conseil d’administration et la direction. Dans les questions touchant à la responsabilité, la stricte observation de ces documents est d’une importance décisive. Le conseil d’administration peut attester la manière dont il s’acquitte de son devoir de diligence en tenant une comptabilité transparente, en diffusant des informations dignes de foi et en consignant les décisions importantes prises à son niveau et à celui de la direction de l’entreprise. Une décharge donnée en bonne et due forme par l’assemblée générale, une couverture d’assurance adéquate, le cas échéant une démission en temps opportun du conseil d’administration contribuent aussi à limiter la responsabilité personnelle des administrateurs. En Suisse, diverses grandes compagnies proposent des assurances responsabilité civile pour les organes représentatifs de sociétés. Le conseil d’administration comme organe de conduite En tant qu’organe de direction suprême d’une société commerciale, le conseil d’administration est investi d’une vaste responsabilité, en plus de celle que lui confère la loi en sa qualité d’autorité de surveillance et de contrôle. Il doit en effet, conjointement avec la direction, répondre devant les actionnaires de la bonne marche de l’entreprise et devant tous les ayants droit du respect des règles morales, sociales et corporatives. C’est principalement en posant les bonnes questions au moment opportun puis en prenant des décisions fondées que le conseil d’administration exerce son influence sur l’entreprise. Il lui faut pour cela faire preuve de discernement, disposer d’informations UBS outlook Conseil d’administration 9 La responsabilité du conseil d’administration fiables et oser exposer ouvertement et au bon moment les problèmes décisifs pour la société. Le conseil d’administration devrait prendre, dans la mesure du possible, les décisions qui lui paraissent justes pour l’avenir de l’entreprise et veiller soigneusement à ce que les mesures prises soient effectivement mises en œuvre. Appliquer avec bon sens des méthodes de gestion éprouvées A côté de nombreux concepts et slogans éphémères et souvent simplificateurs, il existe bien des modèles et des instruments de gestion éprouvés auxquels il est aisé de recourir pour diriger une entreprise de manière systématique et en fonction des objectifs fixés. Dans ce domaine, les initiatives sont souvent beaucoup plus décisives que l’application d’une méthode précise. La démarche est généralement très semblable d’un cas à l’autre: procéder à une analyse minutieuse de la situation initiale, fixer des objectifs clairs, prendre les mesures nécessaires et assurer un contrôle permanent des résultats. Le lecteur trouvera ci-dessous une description un peu plus approfondie de quelques méthodes de gestion qui présentent un intérêt particulier pour les conseils d’administration soucieux d’axer leur direction sur la création de valeur. Le management de la chaîne des valeurs, une plus-value pour l’entreprise Un conseil d’administration doit avoir pour objectif suprême d’accroître durablement la valeur de l’entreprise. Cela suppose que les membres du conseil et de la direction soient préparés à cette recherche systématique de la valeur ajoutée et disposent des instruments de gestion nécessaires. Le management de la chaîne des valeurs consiste principalement à faire l’usage le plus judicieux possible et le plus avantageux à long terme des ressources dont dispose l’entreprise et qui ne sont souvent pas ou que trop peu mises à profit. S’agissant des ressources, la responsabilité du conseil d’administration concerne essentiellement l’emploi des moyens financiers (investissements), de l’infrastructure (biens immobiliers, équipements), du savoir-faire disponible et des collaborateurs (intellectual capital). Le management de la chaîne des valeurs est un processus au cours duquel il s’agit de définir des objectifs clairs, de les traduire en stratégies et en décisions opérationnelles et de contrôler régulièrement les résultats obtenus. La création de valeur doit être honorée à tous les niveaux. A cette fin, divers indicateurs permettent de mesurer la réalisation des objectifs et peuvent servir d’instruments de gestion. Il est important que ces indicateurs expriment de manière significative la création de valeur à long terme dans les différents secteurs et processus d’affaires (groupes de produits, marchés régionaux, segments de clientèle, etc.). Une conduite d’entreprise axée sur la création de valeur ne pourra pratiquement pas se passer des instruments de gestion que sont le controlling interne et la comparaison avec d’autres entreprises ou secteurs d’activité (benchmarking). Les deux dimensions du management de la valeur supérieurs aux coûts des capitaux • résultat d’exploitation positif • croissance négligée • résultat d’exploitation positif • croissance effective stimuler la croissance maintenir une croissance agressive Rendements • résultat d’exploitation négatif • pas de dynamique de croissance. désinvestissement • résultat d’exploitation négatif dont la détérioration se poursuit • croissance effective nécessité d’améliorer les rendements inférieurs aux coûts des capitaux négative Source: UBS outlook, selon The Boston Consulting Group 10 UBS outlook Conseil d’administration Croissance positive La responsabilité du conseil d’administration Une gestion du portefeuille permettant de compenser les risques Une des tâches essentielles de la gestion stratégique et de la gestion des risques consiste à optimiser la composition et la structure des différents secteurs d’affaires de l’entreprise. Ce corporate portfolio devrait, d’une part, permettre de rationaliser l’emploi des ressources (synergies) et, d’autre part, être suffisamment diversifié pour que les éventuelles différences d’évolution des affaires puissent se compenser dans une large mesure. Il est possible d’obtenir une telle compensation des risques en faisant notamment jouer les différences de réaction conjoncturelle et géographique des segments de marché ou des produits. Le même effet de portefeuille peut se manifester lorsque les technologies et les produits essentiels de l’entreprise se trouvent à des stades différents de leur cycle de vie. Une gestion du risque permettant d’exploiter les opportunités et d’éviter les situations difficiles Une des principales tâches du conseil d’administration, mais une des plus difficiles aussi, consiste à maîtriser les risques propres à toute entreprise. A cet effet, il doit définir une politique claire des risques et l’appliquer, de concert avec la direction. La culture du risque signifie surtout avoir une conscience marquée des risques, les compétences suffisantes pour y faire face et une disposition à en prendre dans les limites des capacités de l’entreprise. Les risques doivent être gérés de manière globale. La confiance naîtra ici de la transparence. L’identification précoce des risques permet d’accroître et d’exploiter la marge de manœuvre à disposition. La planification et la budgétisation doivent recenser tous les risques identifiables et en tenir compte. Pour une entreprise gérée dans la pleine conscience des risques, seules les activités qui présentent manifestement des opportunités (upward potentials) supérieures aux risques (downward risks) sont acceptables. Le potentiel de création de valeur doit être sensiblement plus élevé que le risque financier maximal. Il est très important aussi que le financement d’une entreprise ou d’un projet se fasse en adéquation avec le risque. Le controlling stratégique et opérationnel doit se concentrer systématiquement sur les facteurs de risque les plus élevés. Quant aux risques que l’entreprise ne peut pas assumer, en particulier les risques cumulés, ils doivent soit être absolument évités, soit être couverts par une assurance ou des produits dérivés sur devises et sur taux d’intérêts. Leviers permettant d’améliorer la valeur ajoutée 1. Augmenter le cash-flow, par exemple • en réduisant les coûts • en augmentant les prix • en procédant à une différenciation prix-prestation par segments 2. Accroître l’efficacité de l’emploi du capital, par exemple • en optimisant le stockage • en instituant une gestion de trésorerie • en optimisant les immobilisations • en fermant les installations non indispensables à l’exploitation 3. Viser une croissance des investissements, par exemple • en élargissant la diffusion géographique des produits porteurs • en étendant les compétences clefs à de nouveaux domaines d’affaires (la croissance n’est génératrice de valeur ajoutée que si les rendements sont supérieurs aux coûts des capitaux) Source: UBS outlook, selon The Boston Consulting Group Une gestion de l’innovation permettant d’augmenter la valeur ajoutée Le conseil d’administration doit veiller à ce que dans l’ensemble de l’entreprise règnent des conditions propices au déploiement de la créativité et de l’innovation, à l’amélioration des processus et à la création de nouveaux produits et services commercialisables. Il devrait motiver les collaborateurs dans ce sens et fixer des objectifs concrets. Mais la gestion de l’innovation doit aussi garantir que le personnel et les moyens financiers sont judicieusement affectés à des projets générant la plus haute valeur ajoutée possible. Le conseil d’administration doit périodiquement réexaminer la capacité d’innovation de l’entreprise. Il peut utiliser comme indicateur par exemple la part au chiffre d’affaires des produits présents sur le marché depuis moins de deux ans. Le dépouillement systématique des propositions d’amélioration présentées par les collaborateurs peut également fournir des indications intéressantes. Une gestion du changement pour accroître la souplesse de l’entreprise Dans un environnement en rapide mutation, c’est une nécessité stratégique d’adapter et de réorienter en permanence une entreprise ou ses divers secteurs d’affaires. La capacité d’adaptation et d’innovation est ainsi devenue un facteur de succès décisif. Le conseil d’administration joue un rôle moteur très important dans la mise en œuvre des processus de changement, surtout à la veille de la transformation d’une entreprise ou d’un projet de restructuration, parce que les collaborateurs, les clients, les fournisseurs et le public sont fortement impliqués. Le total quality management pour élever le degré de satisfaction de la clientèle La compétitivité à long terme d’une entreprise peut se mesurer qualitativement à la manière dont elle concentre ses efforts sur sa clientèle et à la satisfaction de celle-ci. Il est donc de la responsabilité du conseil d’administration de s’assurer constamment de l’adéquation entre les produits ou les services fournis par l’entreprise et les exigences UBS outlook Conseil d’administration 11 La responsabilité du conseil d’administration posées par les principaux clients. Il doit en particulier garantir que la direction s’acquitte consciencieusement de sa tâche de gestionnaire de la qualité et informe de manière transparente. Le total quality management (TQM) implique une série de mesures ciblées, notamment la mise en œuvre de divers instruments d’évaluation, de moyens de communication et de techniques d’information. Les standards de qualité nécessaires à l’obtention d’une valeur ajoutée supérieure à la moyenne doivent être obligatoires et il y a lieu de surveiller en permanence leur application. Dans ce contexte, la certification fondée sur des normes reconnues internationalement (p. ex. ISO, EFQM) joue un rôle toujours plus important. Il n’est pas rare non plus que la réputation de qualité d’une société se trouve considérablement améliorée par une étude de marché professionnelle, par le travail entrepris auprès du public ou par la motivation des collaborateurs. Lier les objectifs opérationnels et les objectifs stratégiques à l’aide d’un balanced scorecard Un balanced scorecard (BSC) est un tableau de bord multicritères qui aide à la réalisation de l’objectif général de création de valeur et à l’augmentation durable de la valeur de l’entreprise. Quatre perspectives sont envisagées ici, qui permettent de motiver les collaborateurs et de mesurer le succès obtenu: la perspective financière, les prestations et le degré de satisfaction de la clientèle, les processus de la création de prestations, enfin la formation et le développement permanent des collaborateurs. Les trois dernières agissent globalement comme un stimulant à long terme de la perspective financière. Pour ces quatre perspectives, on convient, au moyen du BSC, d’objectifs concrets à chaque poste de travail et l’on définit les mesures à prendre. La performance individuelle est évaluée par des indicateurs appropriés (scores). On entend ainsi montrer à toutes les personnes associées au processus le lien direct entre les décisions et les mesures prises, d’une part, et la réalisation des objectifs, d’autre part. Le BSC se présente sous la forme d’un rapport associant les quatre perspectives avec des indicateurs financiers traditionnels et des indicateurs non financiers. Les premiers sont le reflet du résultat opérationnel, les seconds sont les fondements des succès à venir (moteurs). On vise ainsi un équilibre entre objectifs d’entreprise quantitatifs et qualitatifs, objectifs à court et à moyen terme. La forme du rapport est spécifiquement adaptée à chaque niveau et à chaque poste de l’organisation. Les quatre perspectives du balanced scorecard Finances Objectifs Chiffres clefs Contraintes Mesures Processus d’affaires internes Clients Vision et stratégie Objectifs Chiffres clefs Contraintes Mesures Mesures Objectifs Chiffres clefs Contraintes Mesures Source: Prof Dr K. Spremann, selon Kaplan/Norton UBS outlook Conseil d’administration Chiffres clefs Contraintes Collaborateurs, formation, développement 12 Objectifs La responsabilité du conseil d’administration La fonction de communication du conseil d’administration Une tâche de plus en plus importante du conseil d’administration consiste à assurer une communication d’entreprise globale et ouverte. Notamment pour toutes les questions décisives touchant à la politique de l’entreprise, le président du conseil d’administration devrait, de concert avec la direction, se présenter en public comme porte-parole de la société. Il doit donc être capable de communiquer de manière crédible et efficace aussi bien à l’intérieur de l’entreprise (cadres, collaborateurs) qu’avec un large public (actionnaires, médias, clients, politiques, associations). Les exigences en matière de communication deviennent particulièrement élevées dans les situations de crise, lors de l’achat ou de la vente de parties de l’entreprise, de fusions et acquisitions (mergers & acquisitions, M&A) ou d’une entrée en bourse (IPO). Le maintien de relations clefs, propres à favoriser la confiance, est aussi une tâche de communication permanente qui peut être assumée par les différents membres du conseil d’administration. Assurer des relations transparentes avec les actionnaires Dans leurs principes, les relations de la société et du conseil d’administration avec les actionnaires sont réglées par le Code des obligations. Le rapport annuel et l’assemblée générale jouent un rôle très important à cet égard, surtout dans les sociétés cotées en bourse. Les actionnaires en attendent un contenu substantiel, de l’exactitude, de la transparence et de la qualité dans la présentation des informations. Il est indispensable, en outre, de donner des exposés périodiques aux analystes financiers et d’entretenir des contacts personnels réguliers avec les principaux investisseurs (investor relations). Dans les petites sociétés et en particulier dans les entreprises familiales, les relations personnelles que le conseil d’administration entretient avec chacun des actionnaires sont d’une importance vitale. Bien souvent, les mêmes personnes siègent au conseil d’administration et à la direction. Leur influence sur la gestion de l’entreprise sera donc d’autant plus forte et plus directe. En revanche, cette double fonction peut entraver l’indépendance du travail du conseil d’administration et sa focalisation exclusive sur les intérêts objectifs de la société. Dans un tel cas, le succès de la collaboration dépend des contacts réguliers du président du conseil d’administration ou d’autres administrateurs externes avec l’actionnaire principal ou les représentants des principaux actionnaires. Les questions essentielles sur le rôle du conseil d’administration dans la communication Politique de communication L’entreprise pratique-t-elle une politique de communication active et ouverte, satisfaisant aux besoins légitimes des collaborateurs, des clients, des fournisseurs, des actionnaires et du public? Qui en a la responsabilité? Avons-nous pris les dispositions nécessaires pour garantir la meilleure information possible même lors d’événements extraordinaires (situation de crise)? Existe-t-il pour cela des directives contraignantes et fixées par écrit? Porte-parole de l’entreprise Qui a qualité de porte-parole pour représenter l’entreprise, quand et à quel propos, notamment vis-à-vis des médias et du public? Quel est le rôle du président du conseil d’administration dans ce domaine? Information aux actionnaires Les informations de notre rapport d’activité sont-elles suffisantes et vont-elles assez au-devant des attentes des actionnaires? Ceux-ci sont-ils informés sans délai et directement lors d’événements particuliers? Qui en est responsable? Information aux collaborateurs Nos collaborateurs sont-ils informés à temps et de manière appropriée sur les événements importants survenus dans l’entreprise? Disposons-nous à cet effet des instruments adéquats? Qui en est responsable? Information au public Notre travail de communication est-il en mesure de favoriser notre image auprès du public? Entretenons-nous des contacts systématiques avec les médias, organisons-nous régulièrement des conférences de presse? Nos clients, nos fournisseurs, une bonne part du public ont-ils suffisamment d’occasions d’entrer personnellement en contact avec notre entreprise? Qui en est responsable? Source: UBS outlook, selon Internationale Treuhand AG UBS outlook Conseil d’administration 13 La responsabilité du conseil d’administration Utiliser le rapport annuel comme instrument de communication La présentation d’un rapport annuel est une prescription du Code des obligations (art 662 s.). Le rapport doit être soumis pour approbation à l’assemblée générale. Pour les sociétés cotées en bourse, il doit satisfaire aux conditions de cotation en vigueur et utiliser des normes reconnues de présentation des comptes. Les investisseurs exigent du rapport annuel toujours plus de transparence et d’actualité. En Europe, il est même de plus en plus courant d’exiger des rapports trimestriels. Aujourd’hui le rapport annuel est pour la plupart des sociétés un important outil de communication qui leur permet d’informer leurs partenaires, leurs actionnaires et un large public sur les activités de l’entreprise et ses résultats. Dans une même optique, conférences et communiqués de presse se sont avérés efficaces et opportuns. Il est indiqué d’accorder autant d’importance à la conception graphique et à l’image qu’elle véhicule qu’à une information franche, des chiffres limpides et des déclarations explicites. A l’avenir, enfin, Internet deviendra un canal de communication toujours plus utilisé entre les entreprises et les divers ayants droit. La collaboration entre le conseil d’administration et la direction Le conseil d’administration ne peut produire une valeur ajoutée qu’en étroite collaboration avec la direction de l’entreprise. Le président de la direction (chief executive officer) est son principal interlocuteur et sa première source d’information. Pratiquement, l’emploi du temps et le contenu des délibérations du conseil d’administration sont en bonne partie dictés par les propositions de la direction. Celle-ci doit appliquer les décisions prises par le conseil d’administration. Si la direction ne suit pas la vision, la stratégie et les résolutions du conseil d’administration, la réalisation de ses objectifs est fortement compromise. Le conseil d’administration et la direction doivent se compléter Pour que le conseil d’administration puisse s’associer activement au processus de création de valeur, il faut que ses tâches et ses compétences complètent l’activité de la direction et la renforcent sans redondances. Par principe, le conseil d’administration est chargé de définir la vision et les objectifs de l’entreprise à long terme. Il détermine ensuite, conjointement avec la direction, la stratégie à mettre en œuvre pour atteindre les buts fixés et en surveille l’application. Il assure notamment la mise sur pied d’un mécanisme permettant d’obtenir un feed-back des événements particuliers survenant dans les affaires opérationnelles. Le business plan et le budget constituent les bases concrètes sur lesquelles le conseil d’administration et la direction pourront convenir des objectifs de l’entreprise. Le président du conseil d’administration, un communicateur et un coordinateur Le président du conseil d’administration fait le lien entre ce dernier, chargé essentiellement de fonctions stratégiques, et la direction opérationnelle. Il existe entre ces deux niveaux un devoir d’information réciproque dont les modalités doivent être réglées de manière détaillée. Formellement, les contacts passent en principe par le président de la direction (CEO). Au besoin, le président du conseil d’administration doit se mettre à la disposition de la direction comme partenaire de dialogue, mais il doit surtout lui fournir un appui motivant, critique et utile (coaching). Les membres du conseil d’administration agiront autant que possible dans l’intérêt d’une recherche d’informations à diverses sources en entretenant régulièrement des contacts formels et informels avec la direction et d’autres personnes clefs de l’entreprise. Ces contacts sont généralement organisés et coordonnés par le président du conseil d’administration. 14 UBS outlook Conseil d’administration La responsabilité du conseil d’administration La direction doit-elle être représentée au sein du conseil d’administration? Le cumul des fonctions de président, de délégué du conseil d’administration ou de CEO à la tête d’une grande société ou d’un groupe coté en bourse est-il une solution avantageuse pour l’entreprise elle-même et défendable vis-à-vis des actionnaires? La réponse à cette question ne doit pas se résumer à des arguments statutaires. Un tel cumul peut notamment se justifier lorsqu’une entreprise a besoin d’une personnalité dirigeante énergique ou qu’elle doit prendre et appliquer des décisions très rapidement. Le cas se présente souvent en situation de crise, après une fusion ou lors d’un redressement d’entreprise. Les solutions de ce genre ont pour avantages de simplifier la communication et l’unité de doctrine dans la gestion et d’accroître l’efficacité. En revanche, c’est avant tout au nom de la séparation des pouvoirs – dont la concentration n’est pas souhaitée – qu’on est amené à écarter cette solution. Cette dernière est perçue comme une menace pour l’indépendance de l’autorité de surveillance ainsi que pour sa fonction de contrôle et de pondération des points de vue et des intérêts individuels. Les mêmes questions se posent avec encore plus d’acuité lorsque plusieurs membres de la direction siègent simultanément au conseil d’administration, voire y forment la majorité. En Suisse, c’est assez souvent le cas, surtout dans des entreprises familiales. Au niveau international, la tendance générale est plutôt à la stricte séparation des pouvoirs (checks & balances), tendance favorisée par le poids croissant des investisseurs institutionnels et par les exigences de transparence dans la gestion (corporate governance) formulés par les législateurs, les groupes d’intérêts influents et un large public. Savoir manœuvrer dans des situations conflictuelles Les divergences d’opinion et les conflits d’intérêts, ouverts ou latents, au sein du conseil d’administration et entre le conseil d’administration et la direction sont pratiquement inévitables. Ces conflits peuvent s’avérer tout à fait profitables à l’entreprise, surtout s’ils débouchent sur des discussions constructives et soulèvent des questions fondamentales touchant à la stratégie de la société. Il appartient en premier lieu au président du conseil d’administration de manœuvrer entre les différents pôles de tension et de faire appliquer les règles de résolution des conflits dans l’entreprise. Il convient d’exprimer dès que possible les conflits d’intérêts latents ou potentiels et d’en discuter. Il importe surtout de présenter les arguments de manière objective, de les pondérer dans l’intérêt de l’entreprise, puis de prendre une décision acceptable pour tous (win-win situation). Une fois prise, la décision doit être acceptée et loyalement appliquée par toutes les personnes impliquées. Le cas échéant, des démissions sont inévitables. UBS outlook Conseil d’administration 15 L’organisation du conseil d’administration L’organisation du conseil d’administration La contribution qu’un conseil d’administration peut apporter à la création de valeur dépend en majeure partie de l’efficacité de son organisation et de sa conduite. Le nombre (minimal et maximal) d’administrateurs et la durée de leur mandat sont réglés par les statuts de la société. En principe, le conseil d’administration est libre d’organiser son activité comme il l’entend. Toutefois les dispositions du règlement d’organisation doivent être claires et contraignantes. Pour déployer un maximum d’efficacité, un organe d’administration devrait être aussi réduit que possible et compter un nombre impair de membres. Dans beaucoup de PME, cinq passe pour être le nombre idéal. Un effectif moindre empêche souvent de disposer d’une base de compétences suffisamment large et d’un éventail d’opinions étendu et équilibré. Dans une composition plus nombreuse, il est plus difficile d’associer équitablement tous les membres aux prises de décision et à la responsabilité collective. Le plus souvent, c’est la qualité des débats et des résolutions qui en pâtit le plus. En outre, les incompatibilités entre les disponibilités des divers membres compliquent singulièrement l’organisation pratique du travail. La condition du succès: une équipe soudée Un bon conseil d’administration devrait constituer une équipe soudée capable de donner différents éclairages aux problèmes et, le cas échéant, de les exposer en débat contradictoire. L’équipe doit aussi accepter que quelqu’un y joue le rôle de l’avocat du diable. L’efficacité et le professionnalisme du conseil d’administration supposent que ses membres réunissent des compétences spécialisées et des compétences de gestion, et entretiennent une bonne communication interne. Le président y joue aussi un rôle déterminant. C’est lui qui doit notamment veiller à ce que tous les membres observent les règles permettant une bonne collaboration. La composition du conseil d’administration La composition du conseil d’administration a une grande influence sur son travail, son efficacité et la qualité de ses décisions. Le conseil devrait autant que possible réunir une palette de compétences diverses et interdisciplinaires. Les qualités le plus souvent privilégiées sont les spécialisations fonctionnelles, notamment dans les domaines du droit, de la finance, de la stratégie, du marketing, de la production et des achats, de même que l’expérience de la branche et les contacts internationaux. La diversité des caractères, des origines et des expériences des membres est un apport essentiel qui peut aider le conseil d’administration à prendre des décisions mûrement réfléchies et équilibrées. Il est bon qu’un conseil d’administration rassemble des visionnaires et des pragmatiques, des optimistes et des pessimistes, des fonceurs et des stratèges prudents, des calculateurs, mais aussi des penseurs capables de soulever les questions de fond, et que tous ces caractères se fassent contrepoids. L’éventail des âges et des expériences devrait également être aussi large que possible. La position du président du conseil d’administration Le travail du conseil d’administration est en bonne partie marqué par la personnalité et les compétences de son président. Selon les statuts, ce dernier est normalement chargé d’établir l’ordre du jour, de mener les débats et de signer les procès-verbaux. Lors de votes au sein du conseil, il peut avoir une position décisive si les statuts lui donnent la compétence de trancher en cas d’égalité des voix. Si ce n’est pas le cas, on peut aboutir à une impasse. Lorsque le président exerce simultanément, en qualité de délégué du conseil d’administration, la fonction de directeur de l’entreprise, il occupe le plus souvent une position de force vis-à-vis des autres administrateurs. Dans un cas idéal, cette situation peut présenter de nombreux avantages. Mais si cette position est trop dominante et ne permet 16 UBS outlook Conseil d’administration L’organisation du conseil d’administration plus de prise de décision véritablement indépendante, la haute surveillance de la gestion, qui est une fonction essentielle du conseil d’administration, se trouve remise en question. Présidence ou comité élu par le conseil d’administration? Dans les grands conseils d’administration, comprenant neuf membres ou plus, la question se pose souvent de savoir si le travail du conseil ne peut pas être allégé et rationalisé par l’institution d’une présidence à plein temps (président avec un ou deux vice-présidents) ou d’un comité à temps partiel. L’une ou l’autre solution exige dans tous les cas que la délégation de certaines tâches et compétences soit réglée statutairement. Le recours à des commissions spécialisées pour réduire le travail du conseil d’administration Les grandes sociétés anonymes ont de plus en plus recours à une forme d’organisation judicieuse qui consiste à charger des comités internes ou des conseillers externes de certaines tâches – à l’exception des sept attributions intransmissibles et inaliénables du conseil d’administration – qu’ils exécutent sur mandat du conseil et de manière très autonome. Chacun des administrateurs peut ainsi se concentrer davantage sur sa tâche spécifique, ce qui a généralement des effets favorables sur les compétences spécialisées, sur la qualité des décisions et sur le rendement. C’est souvent pour les questions relatives au personnel et aux indemnisations, pour des contrôles financiers et pour la gestion des risques que le conseil d’administration élit des comités permanents. Les comités temporaires (ad hoc), eux, traitent généralement des situations particulières (p. ex. fusion et acquisition, entrée en bourse). Un secrétariat pour aider et décharger le conseil d’administration Dans les entreprises de grande taille, l’importance du secrétariat du conseil d’administration ne saurait être sous-estimée. Son aide s’avère précieuse pour la préparation des séances et l’établissement des procès-verbaux du conseil. Un secrétaire général de formation juridique, moyennant un règlement adéquat des compétences, peut se charger de nombreuses tâches importantes touchant au droit et à l’administration (corporate housekeeping). Cela comprend notamment les inscriptions aux registres du commerce, la tenue du registre des actions, les communications et les informations officielles de la société. Le secrétariat général peut aussi se voir confier la responsabilité du contrôle de l’observation de toutes les prescriptions légales et statutaires et des directives internes établies par le conseil d’administration ou la direction (corporate compliance). Les critères de choix des administrateurs La fonction d’administrateur requiert de très hautes compétences personnelles et techniques. Les personnes recherchées doivent avoir un caractère affirmé, être sérieuses, responsables et dignes de confiance. Il leur sera demandé tout naturellement aussi des qualités sociales bien marquées, notamment une aptitude à la communication et à la gestion des conflits, ainsi qu’un esprit d’équipe. Parmi d’autres qualités décisives, les administrateurs doivent encore être en mesure de mener des débats concrets axés sur Facteurs susceptibles d’influer sur l’indépendance des administrateurs • Exercer sa fonction à titre fiduciaire (par exemple pour respecter des prescriptions relatives à la nationalité ou parce que l’actionnaire majoritaire ne veut pas apparaître). • Etre soi-même employé de l’entreprise. • Etre partie prenante dans des projets à court terme concernant l’actionnariat de l’entreprise. • Agir comme conseiller de l’entreprise à titre professionnel. • Etre un fournisseur ou un client important de l’entreprise. • Etre appelé au conseil d’administration en tant qu’ami ou partenaire commercial de l’actionnaire majoritaire. • Avoir récemment occupé une position dirigeante dans l’entreprise. Source: Dr H. Zehntner, selon Irish Association of Investment Managers et OCDE UBS outlook Conseil d’administration 17 L’organisation du conseil d’administration l’essentiel, avoir le sens du compromis, mais faire preuve de résolution dans la poursuite de leurs objectifs. Il est très important également qu’ils possèdent le courage de soutenir leur propre opinion. C’est à ces exigences que se mesure l’importance de l’indépendance personnelle et financière d’un administrateur. L’âge en tant que tel joue un rôle secondaire. Une société peut tout aussi bien profiter du dynamisme d’une personnalité jeune que d’une grande et mûre expérience. Si la connaissance de l’histoire de l’entreprise est souvent utile, elle ne doit pas rendre aveugle aux changements qui l’affectent, elle et son environnement. La nomination des administrateurs En règle générale, le conseil d’administration ou son président propose à l’assemblée générale des candidats à l’élection au conseil. Dans les sociétés actives au niveau international, il faudrait en principe envisager une composition multinationale dans le cadre des dispositions légales en vigueur. Il est préférable de consigner de manière contraignante les critères et les procédures de sélection des nouveaux administrateurs. Il y a lieu, cependant, de tenir compte du fait qu’au cours du cycle de vie de l’entreprise, les exigences concrètes imposées à un administrateur peuvent sensiblement évoluer. Des situations particulières, comme par exemple un retournement d’entreprise, nécessitent des compétences techniques et des personnalités adéquates. Les exigences à l’égard du président du conseil d’administration Le conseil d’administration se constitue en principe lui-même et désigne entre autres son président. Il se peut cependant que les statuts prévoient une élection du président par l’assemblée générale. Outre les qualités requises de tous les administrateurs, le président pressenti doit posséder le sens du travail en équipe, une aptitude à se concentrer sur ses objectifs, un tempérament résolu et une bonne capacité de s’imposer. C’est dans une personnalité équilibrée possédant une autorité naturelle, des qualités sociales et une solide expérience de la gestion que l’on aura le plus de chances de trouver ces capacités réunies. Les administrateurs devraient être des personnes indépendantes L’indépendance de fait des administrateurs devient un critère toujours plus décisif pour leur élection. En effet, la prise de conscience accrue du devoir de diligence, de la responsabilité et du risque assumés collectivement par les membres du conseil d’administration joue un rôle prépondérant dans leur élection. Ce phénomène est encore accentué par des dispositions toujours plus sévères pour l’admission en bourse. Il existe à cet égard des directives généralement reconnues (p. ex. OCDE). Il faut autant que possible éviter d’emblée les conflits d’intérêts potentiels si l’on veut que le conseil d’administration puisse prendre des décisions crédibles et favorables à l’entreprise, aux collaborateurs, aux actionnaires ainsi qu’aux autres ayants droit. Les liens commerciaux, financiers ou personnels donnent toujours ne serait-ce que l’impression d’une compromission propre à nuire dans certaines situations, à la confiance dans l’indépendance du conseil d’administration. Prévoir à temps la succession au sein du conseil d’administration La planification de la succession compte parmi les tâches importantes du conseil d’administration. Elle peut être facilitée si les statuts limitent le mandat d’administrateur à une année tout en prévoyant la possibilité d’une réélection. La question devrait être débattue suffisamment tôt surtout dans les entreprises familiales, afin de maintenir le conseil d’administration dans une composition qui serve au mieux les intérêts de la société. Les administrateurs désignés devraient être préparés à leur future activité. Quant à la question d’une éventuelle limite d’âge, elle fait constamment l’objet de discussions. Il semble que la tranche d’âge de 60 à 72 ans recueille la plus large adhésion. Il n’en reste pas moins qu’une structure d’âge aussi large que possible est un avantage pour le conseil d’administration, eu égard en particulier au problème de la continuité dans la succession. 18 UBS outlook Conseil d’administration L’organisation du conseil d’administration Le mandat d’administrateur Pour la personne concernée autant que pour la société, accepter un mandat d’administrateur ou s’en décharger est un acte qui affecte souvent considérablement la situation personnelle et l’emploi du temps, tout en impliquant des conséquences juridiques et financières. Au moment de prendre sa décision, le candidat ne devra pas seulement considérer le prestige lié au mandat, mais également axer sa réflexion sur la contribution qu’il pourra fournir à la création de valeur dans l’entreprise. Si les conditions nécessaires à une collaboration active et constructive ne sont pas ou plus remplies, il y a lieu de renoncer au mandat. Faut-il accepter un mandat? On ne devrait accepter un mandat d’administrateur que si toutes les conditions sont réunies pour permettre une collaboration fructueuse et un réel apport personnel à la création de valeur. Le candidat doit être en mesure d’apprécier lui-même si et dans quelle mesure ses compétences personnelles et techniques répondent aux exigences d’un mandat défini. Il doit aussi s’assurer qu’il aura la possibilité de faire valoir efficacement son expérience et ses opinions propres au sein du conseil d’administration. Les administrateurs devraient s’identifier sans aucune réserve à l’entreprise, à sa stratégie, à sa palette de produits et de services, ainsi qu’à ses cadres. Cela n’est généralement le cas que lorsque les visions et les stratégies de l’entreprise sont fondamentalement les mêmes que celles de l’administrateur pressenti. C’est alors seulement que l’on pourra s’investir totalement et loyalement. On aura ainsi posé les fondements d’une collaboration constructive et efficace avec les autres membres du conseil d’administration. Un mandat d’administrateur ne doit être accepté ou prolongé que s’il n’y a aucun indice d’un conflit d’intérêts aigu ou même latent avec la société, ses principaux clients et fournisseurs ou avec les autres membres du conseil d’administration. Il est également indiqué de renoncer à un mandat si la personne ne peut manifestement pas offrir le temps nécessaire à cette fonction (préparation des dossiers, organisation et participation aux séances, tâches particulières). Examiner la possibilité de prolonger un mandat d’administrateur L’examen régulier de l’opportunité de prolonger des mandats d’administrateur devrait faire partie de la planification normale de la succession dans le conseil. L’assemblée générale a toutefois la compétence, en vertu des statuts, de ne pas prolonger le mandat d’un administrateur, voire de ne pas le réélire. Mais généralement, lorsque la situation s’est dégradée au point de devenir intolérable, les parties conviennent d’un départ «volontaire», auquel il est généralement donné droit. Outre la planification de la succession aux postes laissés vacants par des départs naturels dus à l’âge, il convient de prendre des dispositions pour le cas où le conseil se séparerait d’un de ses membres en raison de divergences sur la politique d’entreprise. Un tel départ devrait toujours pouvoir être justifié de manière honnête et par des critères objectifs. Il est important de préserver autant le démissionnaire que la société et les autres membres du conseil d’administration de pressions injustifiées de la part du public. Savoir remettre un mandat d’administrateur Dans un cas normal, le départ d’un membre du conseil a été prévu dans la planification de la succession. La démission doit être présentée au président du conseil d’administration, à l’attention de l’assemblée générale. Il faut alors veiller à ce que le nom soit effectivement radié du registre du commerce. A défaut, le démissionnaire a la faculté de demander lui-même sa radiation dans un délai de trente jours à compter de sa démission. Si les conditions d’une collaboration indépendante, constructive et axée sur la création de valeur au sein du conseil ne sont plus réunies, il y a lieu d’envisager une démission anticipée et de lui donner son issue logique. Les conflits d’intérêts, de quelque nature qu’ils soient, doivent être immédiatement mis au grand jour et discutés au sein du conseil d’administration. Si la situation laisse pressentir le désir d’un administrateur de remettre son mandat, il convient d’y donner pleinement suite. Une démission peut aussi s’avérer judicieuse lorsqu’un administrateur n’a plus le temps de remplir conscien- UBS outlook Conseil d’administration 19 L’organisation du conseil d’administration cieusement les obligations liées à son mandat. La remise du mandat doit dans tous les cas être envisagée lorsqu’il y a soupçon d’infraction aux obligations du conseil d’administration. Il faut faire remarquer à cet égard que la démission ne libère pas de la responsabilité pour les infractions précédemment commises. Par principe, cette responsabilité reste applicable à toutes les décisions prises et aux omissions commises durant l’exercice du mandat, jusqu’à prescription. Avant une démission, il convient toutefois d’inviter les collègues du conseil à adopter une attitude conforme à leurs devoirs. Lors de décisions susceptibles d’engager la responsabilité du conseil d’administration (p. ex. sur la question: «Doit-on déposer le bilan?»), il faut absolument consigner les opinions divergentes dans le procès-verbal. Les particularités du mandat d’administrateur dans les sociétés anonymes familiales Dans les sociétés familiales, l’actionnaire unique ou les actionnaires majoritaires se confondent avec les «entrepreneurs» qui décident de toutes les questions touchant à la stratégie, aux finances et aux collaborateurs. C’est là qu’il peut y avoir incompatibilité entre les objectifs de la famille et ceux de l’entreprise, par exemple lorsqu’il s’agit de planifier la succession à l’intérieur de cette dernière. Le rôle et l’indépendance du conseil d’administration sont alors sérieusement mis en question, et l’exercice d’une responsabilité de gestion solidaire compromis. De ce fait, dans une entreprise familiale, un mandat d’administrateur ne devrait être exercé par un tiers soucieux d’indépendance que si les relations personnelles sont excellentes et stables, si les éventuels conflits d’intérêts sont discutés ouvertement et s’il y a un réel désir d’accueillir et de respecter des opinions et des décisions qui dévient de la ligne traditionnellement suivie. Les problèmes qui surgissent souvent au sein des conseils d’administration de sociétés familiales tiennent aux liens entre les intérêts commerciaux et personnels des actionnaires et des administrateurs. Les entreprises de ce genre peuvent être parfois tentées de faire passer les intérêts de la famille avant ceux de la société. Si la distinction entre la fortune commerciale, la fortune non nécessaire à l’exploitation et la fortune privée n’est pas suffisamment transparente, les conflits sont programmés d’avance et finissent par éclater à un moment ou à un autre. Dans une filiale, les mandats d’administrateur sont dépendants Les décisions du conseil d’administration d’une filiale sont presque toujours prises par procuration et dans l’intérêt de la société mère. Cela laisse la plupart du temps très peu de place pour l’exercice indépendant de responsabilités d’entreprise dans tout ce qui touche à la stratégie, aux finances et au personnel. De ce fait, il ne faudrait accepter de mandat que si la tâche est clairement définie et la responsabilité réglée de manière satisfaisante (p. ex. à l’aide d’une assurance). Les séances du conseil d’administration Les séances du conseil d’administration, leur préparation et le travail subséquent sont au cœur de l’activité du conseil. C’est au cours de ces séances que sont prises, directement ou indirectement, les décisions les plus importantes pour la société sur les plans personnel et matériel. Ce sont elles qui déterminent pour une bonne part le développement futur de l’entreprise. Il importe par conséquent que les débats et les décisions y soient systématiquement orientés vers la création de valeur. Fixer longtemps à l’avance le rythme et la durée des séances Il n’y a guère de réponse universellement valable aux questions récurrentes du nombre et de la durée des séances du conseil d’administration. Il est néanmoins admis que, même pour les petites sociétés, moins de quatre séances annuelles sont rarement suffisantes pour permettre au conseil d’administration d’assumer sérieusement sa responsabilité de conduite. Au-delà de six ou huit séances, si tant est qu’elles soient nécessaires, cela n’est pratiquement possible et ne se justifie qu’avec des conseils travaillant à plein temps. L’efficacité commande une durée de séance comprise entre quatre et sept heures. 20 UBS outlook Conseil d’administration L’organisation du conseil d’administration Lorsqu’un problème particulier doit être débattu, il peut être judicieux d’organiser des séminaires d’un ou deux jours (p. ex. de midi à midi) ou des programmes prolongés laissant plus de temps pour les contacts personnels. Eu égard aux obligations et à la forte sollicitation dont les dirigeants qualifiés font l’objet, le moment, le lieu et la durée des séances du conseil d’administration devraient être fixés au moins pour les 12 à 18 prochains mois. La nécessité de se préparer aux différents objets de l’ordre du jour L’ordre du jour et le déroulement de la séance sont fixés par le président. En plus des matières que la loi ou les statuts obligent à traiter, quelques autres sujets importants devraient être régulièrement proposés à la discussion. Ce peuvent être notamment des mises en demeure, des listes de questions en suspens, des rapports (même brefs) sur les objectifs atteints ou des problèmes imminents dans des secteurs décisifs comme les ventes, le marketing, les finances et le personnel. Une ou deux fois par année, il peut s’avérer judicieux de réserver une rencontre à des questions «stratégiques», pour y traiter par exemple de vision et de stratégie, de marketing, de finances et de controlling, de planification du personnel et d’indemnisations. Pour chaque objet, un temps indicatif devrait être donné. Il ne saurait naturellement avoir une valeur contraignante, mais peut aider à réduire le travail au sein du conseil d’administration et à le concentrer sur les thèmes véritablement décisifs. Le président ou le secrétariat veillent à ce que les ordres du jour soient disponibles à temps avec tous les documents nécessaires à une préparation soigneuse des différents sujets. Dans la plupart des cas, le délai usuel est de huit à douze jours ouvrables. Une grande partie du travail au sein du conseil d’administration consiste à exécuter des tâches régulières dictées par la loi. Bien qu’elles puissent passer pour de la routine, leur importance ne saurait être sous-estimée, en raison surtout de la responsabilité légale qui en découle. Cela dit, si l’on y consacre trop de temps, ce sera le plus souvent aux dépens des questions essentielles de stratégie, de finances et de personnel. Les séances du conseil d’administration doivent être menées de manière compétente Les bonnes séances de conseil d’administration se caractérisent par la manière efficace, neutre et concise dont elles sont dirigées. Il appartient au président d’amener le conseil à des décisions fondées, claires et remportant une adhésion aussi large que possible. Le débat doit être conduit avec objectivité et approfondi si nécessaire. Il est souhaitable que les conflits d’opinion soient traités de manière franche, ferme et correcte. C’est particulièrement dans ce genre de cas que la procédure de prise de décision doit être appliquée strictement et acceptée sans restrictions. Le plus souvent, le conseil d’administration se prononce sur les propositions concrètes de son président ou de la direction d’entreprise. Il est possible d’alléger sensiblement les séances du conseil en réglant de façon sommaire ou par voie écrite (décisions transmises par lettre circulaire) des objets qui ne suscitent aucune contestation. En effet, bon nombre d’affaires sont purement formelles et, quoique de la compétence exclusive du conseil d’administration, n’ont guère d’importance quant à la stratégie, aux finances ou au personnel. C’est généralement en exposant d’abord objectivement la situation initiale, les questions essentielles et l’objectif qu’il poursuit que le président du conseil d’administration parviendra le mieux aux buts qu’il s’est fixés. Il doit ensuite permettre à tous les administrateurs de s’exprimer de manière critique et de prendre part à la discussion en y amenant leur opinion personnelle. Une fois un consensus atteint au sein du conseil d’administration sur les problèmes et les objectifs, il est possible de passer à la discussion et de peser différentes variantes de solution (constituant de réelles alternatives ou options) avec leurs avantages et inconvénients respectifs. La décision prise, il convient de définir la suite des opérations, notamment la responsabilité de la communication et de la mise en œuvre. Généralement, il s’agit de mettre au point les objectifs concrets, les mesures à prendre, le calendrier et les mécanismes de contrôle. UBS outlook Conseil d’administration 21 L’organisation du conseil d’administration Le travail au sein du conseil d’administration Pour être fructueux, le travail au sein du conseil d’administration suppose que certaines conditions soient réunies. De la part de l’entreprise, il s’agit en particulier de la mise à disposition d’une information exhaustive, exacte, explicite et transparente. Pour la qualité des débats et des décisions, il est essentiel que les membres du conseil d’administration connaissent suffisamment la société et puissent apprécier par leur propre vision d’experts internes ses forces et ses faiblesses, ses chances et les dangers qui la menacent. Il importe également que le travail effectué et la réalisation des objectifs soient périodiquement évalués et que les honoraires des administrateurs dépendent des résultats. Il faut satisfaire les besoins en information du conseil d’administration Un conseil d’administration n’est pas en mesure d’assumer son devoir de diligence ni d’accomplir ses tâches avec une réelle indépendance et conscience de ses responsabilités s’il ne dispose pas d’une information abondante, transparente, exhaustive et digne de foi. L’acceptation d’un mandat dans le conseil d’administration exige donc impérativement de régler le flux d’informations et d’assurer l’accès illimité à toutes les sources d’information ayant une importance pour certaines décisions. Le Code des obligations confère d’ailleurs au conseil d’administration le droit aux renseignements et à la consultation (art. 715a CO). La préparation d’un nouvel administrateur à sa tâche doit se planifier individuellement Un nouvel administrateur doit d’abord découvrir l’entreprise, ses techniques, ses processus, ses produits et ses principaux marchés, et faire personnellement la connaissance des cadres. Il pourra ensuite s’intéresser davantage à la stratégie de la société, à ses finances et à la politique du personnel. C’est le président lui-même qui devrait préparer et suivre ce programme d’introduction avec l’intéressé. L’importance du perfectionnement continu «Celui qui n’avance pas recule»: dans un environnement dynamique, l’avertissement ne vaut pas seulement pour les entreprises, mais aussi pour les conseils d’administration. La mise sur pied d’ateliers ou de séminaires de formation continue, axés sur les défis concrets qui se présentent à la société, revêt donc une très grande importance. Si ces rencontres sont organisées et fréquentées conjointement par le conseil d’administration et la direction, elles seront d’un grand profit pour la collaboration et permettront de faire le point en commun ainsi que d’examiner les objectifs. L’évaluation périodique du travail du conseil d’administration Au terme de chaque exercice comptable, le conseil d’administration devrait débattre ouvertement de son travail et de la concrétisation des objectifs et examiner sévèrement la contribution à la création de valeur. Pour favoriser l’objectivité de l’appréciation des prestations, chacun des administrateurs devrait, dans un premier temps, procéder à une auto-évaluation, qui pourra être suivie d’un échange d’appréciations au sein du conseil. Il est généralement préférable, pour cette tâche délicate, de recourir aux services d’un conseiller spécialisé indépendant. Pour approfondir davantage l’évaluation, on procédera à des sondages réguliers auprès des membres de la direction, des collaborateurs et du public. Une indemnisation en proportion de la création de valeur Au cours des dernières années, les honoraires versés aux administrateurs pour les responsabilités qu’ils assument sont devenus un fréquent sujet de débat, même dans le public, en raison, notamment, de l’obligation de communiquer les indemnités versées aux organes des sociétés, lorsque ces dernières sont cotées en bourse. Le principe d’une juste indemnisation du mandat d’administrateur pour des dirigeants hautement qualifiés reste incontesté, eu égard à la responsabilité qu’ils assument et à la sollicitation en temps de travail. Pour une société de taille moyenne, cet engagement peut totaliser 15 à 20 jours par an, y compris la préparation et le travail subséquent. Dans les grands groupes 22 UBS outlook Conseil d’administration L’organisation du conseil d’administration et les entreprises fortement exposées au public, il convient en outre de tenir de plus en plus compte d’une «prime de risque». L’indemnisation des administrateurs est toujours plus fonction des résultats obtenus, respectivement de la valeur qu’ils ont crée. Les honoraires se divisent généralement en deux parts: un minimum d’honoraires de base et une part plus importante sous forme de bonus lié aux résultats. Dans les sociétés cotées en bourse, un excellent moyen d’indemniser les administrateurs en fonction des résultats consiste à leur offrir des options pour l’achat ultérieur d’actions de l’entreprise. Cette formule peut leur offrir des gains en capitaux intéressants en cas de hausse du cours. Les sociétés plus petites peuvent appliquer d’autres critères et d’autres indicateurs d’apport de valeur pour calculer la participation des administrateurs aux résultats (voir à ce sujet le chapitre «La gestion financière»). UBS outlook Conseil d’administration 23 Les tâches de gestion du conseil d’administration Les tâches de gestion du conseil d’administration En sa qualité d’organe suprême de gestion, le conseil d’administration devrait s’occuper principalement de questions ayant une influence durable sur les résultats de l’entreprise. Les trois domaines dans lesquels s’étend d’abord sa responsabilité sont la stratégie, les finances et le personnel. Il peut s’avérer judicieux que certains administrateurs se concentrent sur l’un de ces domaines en collaborant étroitement avec les membres de la direction qui en ont la charge. Pour le conseil d’administration, les quatre piliers de la politique d’entreprise sont le positionnement stratégique, la valeur ajoutée au niveau opérationnel, l’apport de valeur au niveau de la gestion financière (shareholder value), enfin l’attention portée aux valeurs qualitatives (corporate culture). Le conseil d’administration doit veiller à ce que la recherche de valeur ajoutée devienne une culture ancrée dans l’ensemble de l’entreprise. On attend de lui qu’il prenne dans les domaines de la stratégie, des finances et du personnel des décisions cohérentes dont les objectifs sont liés entre eux et contribuent durablement à la création de valeur. Il doit aussi veiller à ce que les décisions opérationnelles prises à tous les niveaux aillent dans ce sens. Le conseil d’administration doit poursuivre des objectifs concrets Les objectifs du conseil d’administration devraient être discutés en profondeur au début de chaque mandat, fixés de manière contraignante et examinés annuellement. Cette procédure est indispensable à une juste définition de priorités dans le travail du conseil d’administration et, ultérieurement, à une appréciation aussi objective que possible des résultats. Il est difficile de déterminer concrètement la valeur ajoutée apportée par le conseil d’administration et ses membres. Il convient de confronter les résultats à court terme, positifs ou non, aux résultats obtenus à plus long terme. Diverses échelles peuvent être utilisées pour mesurer la création de valeur par une entreprise. Elles sont donc également applicables à l’appréciation du conseil d’administration. Les quatre piliers de la politique d’entreprise Positionnement stratégique Positionnement de l’entreprise en termes de produits, de prestations et de marché Création de valeur au niveau opérationnel Adaptation de l’activité commerciale en vue de l’optimisation du rapport coûts-rendements et de la trésorerie Apport de valeur au niveau de la gestion financière Apport de valeur au niveau de la politique financière, en agissant par exemple sur la conception de la structure du capital ou en contrôlant les risques Attention portée aux valeurs qualitatives Reconnaître les valeurs humaines et culturelles dans l’entreprise comme fondements de la création de valeur en termes financiers Source: Prof Dr R. Volkart 24 UBS outlook Conseil d’administration Les tâches de gestion du conseil d’administration La conduite stratégique Avoir la haute direction d’une société revient à assumer la conduite stratégique de l’entreprise. Il faut pour cela avoir une vision, un plan directeur souple et une politique clairement définie. La vision peut être assimilée au succès souhaité à l’entreprise et le plan directeur à une ligne de conduite pour l’activité de la société. La stratégie ou politique d’entreprise désigne le moyen par lequel les objectifs à long terme devront être atteints. Il y a trois questions stratégiques fondamentales: Que voulons-nous obtenir? Comment voulons-nous nous profiler sur le marché? Quelles mesures doivent être appliquées et quelles ressources mises en œuvre pour que nous puissions réaliser nos objectifs? Les alliances stratégiques, les partenariats, les fusions ou les autres participations (mergers & acquisitions, M&A) comptent parmi les tâches stratégiques essentielles du conseil d’administration. Les adaptations stratégiques radicales (windows of opportunity) doivent être opérées à temps, notamment les changements affectant la structure de l’entreprise (portefeuille de produits et de marchés), son organisation (secteurs de responsabilité), le management (présidence de la direction, CEO) et l’actionnariat (vente de la société, IPO). Les facteurs de succès à la base des stratégies de création de valeur Définir des objectifs stratégiques Le conseil d’administration doit définir les objectifs stratégiques de l’entreprise et les redéfinir en permanence. Les sessions stratégiques sont utiles à cette fin. La planification stratégique et les mesures opérationnelles sont quant à elles de la compétence de la direction. Une planification à moyen terme, par exemple sous forme d’un business plan, n’est pas seulement un fil conducteur utile pour la stratégie, mais aussi un indispensable outil de contrôle pour le conseil d’administration et la direction. Souvent, les différents secteurs d’affaires (marchés, produits), voire les filiales sectorielles, ont besoin de leur propre stratégie et de leur propre plan de développement. Du point de vue de l’actionnaire, il est aussi nécessaire de se demander constamment si la croissance exigée par la stratégie peut être financée par elle-même et si, à plus long terme, l’indépendance de l’entreprise constitue un objectif réaliste. S’il est envisagé d’élargir l’actionnariat, d’entrer en bourse (IPO), de procéder à une fusion ou de vendre l’entreprise, la stratégie doit être adaptée en conséquence dès que possible. Source: UBS outlook, selon The Boston Consulting Group • Motivation des collaborateurs • Satisfaction et fidélité des clients • Compétitivité des produits, des processus et des prix • Canaux de distribution efficaces et parfaitement adaptés aux groupes cibles • Bon service à la clientèle et bonne communication • Image de l’entreprise • Promptitude des livraisons grâce à une logistique efficace • Coûts d’approvisionnement et de production peu élevés • Créneaux porteurs (portefeuille d’affaires) • Structure de capital adéquate Connaître les forces et les faiblesses, les chances et les situations difficiles Pour pouvoir développer une stratégie d’entreprise prometteuse, il faut connaître parfaitement les forces et les faiblesses de la société par rapport à ses principaux concurrents. Un instrument éprouvé à cet effet est l’analyse SWOT, qui recense systématiquement les forces (strenghts), les faiblesses (weaknesses), les chances (opportunities) et les situations difficiles (threats) liées à une entreprise ou un secteur d’affaires. Il est Questions essentielles pour le conseil d’administration relativement à la conduite stratégique Marché Connaissons-nous les tendances du marché et de l’environnement économique de l’entreprise en termes de valeur ajoutée et savons-nous les interpréter correctement? Des modifications sont-elles perceptibles, y a-t-il des ruptures de tendances? Que pourraient-elles signifier pour notre entreprise? Agissons-nous à temps? Position sur le marché Occupons-nous une position dominante dans notre segment? Où sont nos forces et nos faiblesses? Nos avantages résident-ils dans le prix ou dans la qualité des prestations? Nos parts de marché dans les différents secteurs vont-elles en croissant ou en diminuant? Qui sont nos principaux concurrents et qu’est-ce qui nous distingue d’eux? Compétitivité Utilisons-nous pour nos produits et nos processus une technologie avancée ou sommes-nous en retard par rapport à nos principaux concurrents en Suisse et à l’étranger? Notre capacité d’innovation est-elle suffisamment forte et tournée vers la création de valeur? Quelles sont à cet égard nos forces et nos faiblesses? Création de valeur Comment la productivité et la création de valeur évoluent-elles? Connaissons-nous la contribution en termes de valeur ajoutée de chacun des secteurs, des groupes de produits et des segments de marché? Avantages concurrentiels Avons-nous par rapport à nos concurrents des avantages de coût dans l’approvisionnement et dans la production? Quelles sont nos forces et nos faiblesses à cet égard? Source: UBS outlook UBS outlook Conseil d’administration 25 Les tâches de gestion du conseil d’administration aussi utile de disposer de chiffres significatifs d’entreprises comparables (benchmarking). Dans bien des cas, il peut s’avérer judicieux de recourir, pour ce genre d’études, à un expert indépendant. Concentrer les stratégies de création de valeur sur les facteurs de réussite Pour la plupart des entreprises, les facteurs de réussite vraiment décisifs et produisant le plus grand potentiel de valeur ajoutée sont relativement restreints. Ces facteurs de réussite sont des leviers agissant dans le sens du renforcement de la capacité concurrentielle de l’entreprise, de l’augmentation du chiffre d’affaires, de l’amélioration des marges et de l’abaissement des coûts. Ils influencent le cash-flow et de ce fait la valeur de l’entreprise. Le conseil d’administration doit connaître très précisément les facteurs de création de valeur et comprendre leurs mécanismes afin de pouvoir poser les bonnes questions et prendre des décisions qui contribuent à l’apport de valeur. Agir rapidement en ayant conscience des risques Viser une réussite au-dessus de la moyenne, c’est savoir agir plus vite et prendre des risques mieux calculés que ses concurrents. Mais on accepte ainsi de commettre plus de fautes, qui doivent être corrigées plus rapidement. Il est souvent vital d’occuper une position dominante à l’aide de nouvelles technologies, de nouveaux marchés ou de nouveaux canaux de distribution avant que les chances de réussite n’aient été amoindries par la multiplication des intervenants sur le marché. A cet égard, le conseil d’administration et la direction doivent faire preuve d’une grande capacité de pronostic et de planification. Reconnaître et éviter les pièges stratégiques Les pièges stratégiques naissent d’appréciations erronées ou de l’ignorance des évolutions à long terme de l’entreprise, du marché et de son environnement. Si le conseil d’administration et la direction ne perçoivent pas les changements fondamentaux et n’adaptent pas des stratégies dépassées à temps, l’entreprise perdra lentement mais sûrement sa capacité concurrentielle et s’enfoncera dans les difficultés. Si, de surcroît, le conseil d’administration n’est pas suffisamment conscient des risques, la crise ne sera plus guère évitable. Ce sont les sociétés qui ont connu des résultats exceptionnels pendant longtemps sans jamais opérer de grands changements qui sont le plus menacées par cette cécité stratégique. La gestion financière La responsabilité et les engagements qui incombent au conseil d’administration confèrent une très grande importance à la gestion financière de la société. L’attention dans ce domaine doit être concentrée sur les liquidités, la structure du capital, le coût des capitaux et le rendement, d’une part; les politiques d’investissement, de risque et d’information (présentation des comptes), d’autre part. Souvent, le conseil d’administration ne possède pas des compétences suffisantes en la matière. Cependant, l’obligation de s’en remettre exclusivement à la direction et à l’organe de révision peut avoir de très lourdes conséquences en situation de crise. Le conseil d’administration ne peut pas pratiquer une direction d’entreprise visant la création de valeur sans une gestion financière compétente. C’est à lui qu’il revient de surveiller la création de valeur et d’adapter les moyens financiers de l’entreprise aux objectifs. Tôt ou tard, la plupart des décisions que prend – ou que ne prend pas – le conseil d’administration auront des répercussions sur le compte de pertes et profits et sur le bilan de la société. C’est alors qu’on pourra voir si le conseil d’administration a produit de la valeur ajoutée ou en a détruit. Le conseil d’administration doit définir des standards de présentation des comptes Le conseil d’administration est responsable de la présentation des comptes, laquelle doit répondre aux prescriptions légales. En Suisse, la loi exige une comptabilité exhaustive, 26 UBS outlook Conseil d’administration Les tâches de gestion du conseil d’administration tenue à jour et clairement ventilée. La présentation des comptes doit ainsi donner une image véridique, exacte et complète de l’état de la fortune, des résultats obtenus (cash-flow et bénéfice) et fournir toute autre information utile à l’appréciation de la situation financière de la société. Bien souvent toutefois, l’objectif premier consiste à présenter aux créanciers (en particulier aux banques) la solvabilité de l’entreprise sous le meilleur jour possible tout en maintenant au plus bas, pour des raisons fiscales, le profit déclaré et la fortune effective. Des comptes ainsi présentés ne sont d’aucune utilité comme instrument de gestion et peuvent mener à des erreurs lourdes de conséquences. Les sociétés anonymes dont l’actionnariat est très dispersé ont tout intérêt à permettre un regard en profondeur et économiquement objectif sur leur situation financière (true and fair view). Les attestations dans ce sens ne sont pas seulement exigées pour les cotations en bourse, mais de plus en plus aussi par les banques et les autres investisseurs. Les standards en vigueur pour la présentation des comptes fixent de manière plus ou moins détaillée et contraignante les exigences minimales de tenue de la comptabilité et d’établissement du bilan et des comptes de pertes et profits. Une attestation des comptes ne peut être signée par un organe de révision reconnu que si ces prescriptions sont remplies en tous points. RPC: Recommandations relatives à la présentation des comptes En Suisse, c’est la Chambre fiduciaire suisse qui édite les directives relatives à la présentation des comptes, à leur évaluation et à leur consolidation. Ses recommandations relatives à la présentation des comptes (RPC) sont maintenant largement diffusées et adoptées comme normes nationales. A l’étranger, la définition des standards est de la compétence de services étatiques ou d’organisations professionnelles indépendantes. IAS: International Accounting Standards Toujours plus utilisés, les International Accounting Standards (IAS) sont censés donner de l’activité de l’entreprise une image conforme au principe de la Fair Presentation. Le document se base sur les résultats d’une période donnée et se place dans la perspective d’une poursuite de l’activité. La concrétisation des différentes prescriptions de présentation des comptes se fait par paliers, en commençant par l’exposé, à l’intérieur d’un cadre général, de caractéristiques générales telles l’intelligibilité, la portée et la fiabilité. Ces critères ont été transcrits en une quarantaine de «standards». L’adoption des normes IAS de présentation des comptes peut notamment se justifier par un souci de simplification lors d’une cotation sur plusieurs places boursières d’importance suprarégionale ou lors de la présentation de comptes consolidés pour des filiales internationales, ou encore par la volonté de créer un langage commun pour le reporting et le controlling de groupes actifs au niveau international. Comme les comptes consolidés établis selon les normes IAS sont en principe exempts d’éventuelles distorsions relatives à la répartition des dividendes ou aux impôts, ce mode de présentation convient très bien aussi à la communication vers l’extérieur. US GAAP: US Generally Accepted Accounting Principles Normes obligatoires de présentation des comptes pour une cotation en bourse aux Etats-Unis, les US GAAP exigent des informations très détaillées sur l’état de la fortune, des finances et de la rentabilité d’une société. L’accent y est mis sur les résultats de l’exercice écoulé (trimestre ou année comptable), avec des indications précises sur leur structure et leur origine. Bien qu’axés principalement sur la période écoulée, les comptes présentés selon les normes US GAAP doivent aussi permettre de déceler la capacité de l’entreprise à générer des liquidités (cash-flows) à l’avenir. En outre, certains renseignements doivent être fournis sur le management afin de pouvoir juger de sa qualité. Il y a lieu encore de prouver aux actionnaires qu’ils ont intérêt à conserver, respectivement à ne pas vendre leurs parts. L’organe de révision doit être indépendant Selon le Code des obligations, l’organe de révision est désigné par l’assemblée générale sur proposition du conseil d’administration. Du fait de la responsabilité que ce dernier assume en matière de gestion financière, le choix de l’organe de révision, l’octroi du UBS outlook Conseil d’administration 27 Les tâches de gestion du conseil d’administration mandat et l’appréciation de son travail font partie des tâches importantes du conseil d’administration. La réputation de l’organe de révision et la confiance qui lui est témoignée jouent généralement un très grand rôle, mais ce sont ses compétences et son indépendance qui devraient être décisives. Les qualifications professionnelles exigées d’un organe de révision sont fonction de la taille et de la complexité de la société (p. ex. société avec des filiales en Suisse et à l’étranger, problèmes particuliers d’estimation). Il est indispensable que ceux qui sont chargés d’examiner l’entreprise, la direction, le conseil d’administration et les principaux actionnaires, possèdent une totale indépendance professionnelle, financière et personnelle. A chaque élection ou réélection de l’organe de révision, ces questions doivent être très précisément clarifiées. Le choix d’un organe de révision ne devrait en aucun cas être basé en premier lieu sur des liens d’amitié ou des recommandations personnelles. Il serait en revanche judicieux, pour faciliter la décision, de procéder à des présentations au conseil d’administration (hearings) ou de demander des références à des banques ou à des administrateurs de sociétés comparables. Le mandat à l’organe de révision doit être formulé de manière précise Le mandat que le conseil d’administration confie à l’organe de révision doit être formulé par écrit et ne pas se limiter au respect des exigences légales minimales ou aux prescriptions nécessaires à l’obtention d’une attestation des comptes. Il est dans l’intérêt du conseil d’administration de concevoir le mandat confié à l’organe de révision comme un audit d’entreprise et de gestion couvrant par principe tous les secteurs de la société. Il est très important que le conseil d’administration et l’organe de révision collaborent directement et en toute confiance. L’octroi du mandat ainsi que la présentation du rapport de révision devraient avoir lieu devant le conseil d’administration en présence du responsable de la vérification des comptes et, selon les cas, de la direction d’entreprise. Chaque fois que le conseil d’administration a des raisons de s’inquiéter et de souhaiter un examen plus approfondi, un mandat devrait être confié à l’organe de révision, même si aucun problème majeur n’apparaît (encore). Des indicateurs pour mesurer la création de valeur et les résultats de l’entreprise Le conseil d’administration ne peut ni assumer sa responsabilité pour la gestion financière ni apprécier la situation de l’entreprise objectivement et à long terme s’il ne dispose pas de certains indicateurs. Le bénéfice net ou le cash-flow ne sont pas des indicateurs suffisants de la valeur ajoutée. Pour pouvoir les interpréter correctement, le conseil d’administration doit savoir comment les indicateurs ont été établis. Même dans les meilleures comptabilités, beaucoup de chiffres reposent sur des suppositions, lesquelles sont pour l’essentiel une affaire d’appréciation. Il serait en outre très dangereux d’exclure tous les facteurs non quantifiables. Le conseil d’administration doit donc constamment se demander ce qu’il y a derrière les chiffres et les analyser par ses propres compétences. La valeur de l’entreprise est un reflet de la valeur qu’elle génère A long terme, une gestion durablement orientée vers la création de valeur aura des effets sur la valeur de la société. Il est donc parfaitement possible d’utiliser l’évaluation périodique de l’entreprise comme indicateur des résultats du travail du conseil d’administration aussi bien que des cadres supérieurs ou des différentes parties de l’entreprise ou secteurs d’affaires. Théoriquement, la valeur d’une entreprise correspond à la valeur au comptant des profits escomptés, respectivement des cash-flows disponibles (pour plus de détails, voir le chapitre «L’acquisition et la vente de sociétés ou de participations»). Dans les sociétés cotées en bourse, la valeur de l’entreprise résulte du cours des actions. Souvent, lors de l’achat ou de la vente de gros paquets d’actions ou de participations importantes, d’autres critères d’évaluation déterminent des prix sensiblement plus élevés. Pour les sociétés non cotées en bourse, il convient de faire estimer chaque année la valeur d’entreprise par l’organe de révision sur la base d’un bilan apuré et des comptes de pertes et profits, selon les mêmes principes définis par le conseil d’administration. L’augmentation de valeur, respectivement la «valeur ajoutée par action» peut alors servir 28 UBS outlook Conseil d’administration Les tâches de gestion du conseil d’administration de base au calcul d’une indemnité versée au conseil d’administration et à la direction en fonction du résultat. En outre, en fixant chaque année la valeur de l’action de manière indépendante, on évite des discussions irrationnelles sur son estimation, ce qui est particulièrement important dans le cas d’entreprises familiales et de conventions d’actionnaires en partenariat. Connaître le coût effectif des capitaux Un emploi peu judicieux du capital engendre non seulement une destruction de valeur non négligeable et amoindrit la valeur de l’entreprise, mais empêche également des alternatives d’investissements à plus grand potentiel de valeur ajoutée. Par conséquent, pour une direction d’entreprise soucieuse de valeur ajoutée, la prise en compte du coût effectif des capitaux conforme aux risques et au marché sera déterminante. Ce dernier correspond au coût spécifique des capitaux propres et des capitaux étrangers, pondérés par leur importance relative. Ce coût moyen des capitaux calculé selon des critères financiers et économiques est appelé WACC (weighted average cost of capital) dans la littérature spécialisée. Son montant est en principe déterminé par les rendements exigés pour des placements comparables avec un même profil de risque et un même degré de liquidité (possibilité de sortie). Le coût moyen de rémunération du capital propre correspond au rendement visé par l’entreprise. La prime de risque comprise dans ce dernier est spécifique à chaque branche et à chaque genre d’affaire. Le conseil d’administration doit calculer le coût du capital, respectivement la prime de risque propre à chaque projet d’investissement. Pour un projet aux risques relativement faibles, il est possible de retenir le coût du capital assez peu élevé, tandis que si l’investissement envisagé est susceptible d’accroître le risque de l’ensemble de la société, le coût du capital pour ce projet devra dans tous les cas être inscrit pour un montant plus élevé que le coût moyen des capitaux de l’entreprise. Planifier le budget pour mieux le contrôler Le cycle de la gestion financière au sein du conseil d’administration commence par la planification financière et la budgétisation. La direction doit fixer suffisamment à l’avance les objectifs et les contraintes à cet égard. Il appartient ensuite au conseil d’administration de procéder à un examen critique des chiffres qui lui sont présentés et de vérifier leur crédibilité, avant que le budget ne soit adopté comme objectif convenu entre le conseil et la direction. Un contrôle budgétaire devrait être effectué au minimum semestriellement par le conseil d’administration ou, mieux encore, trimestriellement par un comité des finances. Au besoin, il y aura lieu de discuter immédiatement avec la direction des mesures correctives à prendre et de les faire appliquer. Mandater un organe de contrôle interne Ni le conseil d’administration ni la direction ne peuvent se charger eux-mêmes du suivi détaillé et de la supervision de la comptabilité (auditing) ou du contrôle financier. Cette tâche doit être confiée à une unité de controlling interne, éventuellement à un inspectorat directement subordonné au conseil d’administration. Ces organes reçoivent du conseil le mandat d’analyser les résultats et le bilan et de contrôler le budget. Il est important qu’ils fassent leur rapport en toute indépendance vis-à-vis des organes de gestion de l’entreprise et que, le cas échéant, ils puissent eux-mêmes proposer les mesures qui paraissent opportunes. Fixer les principes de financement en tenant compte du risque Une gestion financière consciente de ses responsabilités doit avoir pour principe suprême la recherche d’un financement adapté aux risques couplé à une structure de bilan saine. Le conseil d’administration doit pour cela définir des principes de financement. Il faut également fixer un montant maximum de fonds étrangers qui ne puisse être dépassé par la direction de l’entreprise sans l’autorisation expresse du conseil d’administration. La structure de financement optimale est fortement dépendante de l’activité de la société et du type de risque qui en découle. Il y a lieu de prendre pour référence la branche dans laquelle l’entreprise exerce son activité principale. La comparaison avec des entreprises analogues (benchmarking) fournit souvent aussi de précieux enseignements. UBS outlook Conseil d’administration 29 Les tâches de gestion du conseil d’administration Assurer une base suffisante de fonds propres Le souci d’assurer une base de fonds propres solide, adaptée aux risques et pouvant favoriser la croissance s’inscrit dans les responsabilités de gestion financière du conseil d’administration. Les augmentations – ou, le cas échéant, les diminutions – de capital sont toutefois soumises à l’approbation de l’assemblée générale. Si le capital nécessaire ne peut pas être mis à disposition par les actionnaires actuels, il faut rechercher de nouveaux investisseurs. Généralement, le conseil décide des questions de principe concernant la constitution de capital (montant, investisseurs souhaités, etc.), tandis que le président du conseil d’administration ou le président de la direction se charge de l’essentiel des démarches auprès des investisseurs potentiels. La confiance dans le conseil d’administration et la direction, leur expérience et les aptitudes dont ils ont déjà fait preuve jouent un rôle de premier ordre dans la recherche de fonds propres. L’entreprise elle-même sera bien sûr minutieusement examinée, et il faut dans tous les cas qu’elle dispose d’un business plan établi de manière professionnelle et convaincante. Cela sera également de plus en plus nécessaire dans les cas où l’on sollicite comme investisseurs des personnes de l’entourage familial ou des relations professionnelles ou privées. Examiner les sources particulières de financement Les financements du type private equity entrent surtout en considération dans le cas de successions (management buy-out, MBO), lors d’une augmentation de capital, respectivement d’un remaniement du capital préalablement à une cotation en bourse, ou en cas de besoin supplémentaire momentané en capital. Les partenaires exigent généralement en échange de leur participation un droit de regard sur la gestion et un siège au conseil d’administration. D’un autre côté, ces partenaires ou d’autres investisseurs professionnels procurent souvent de nouvelles relations d’affaires et peuvent être considérés comme des éléments dynamisants. Le venture capital est une forme institutionnalisée de capital-risque, généralement mise à disposition en vue d’une expansion, d’une modification de structures ou d’une augmentation de la valeur de l’entreprise. Les sociétés de venture capital s’intéressent en priorité à des financements transitoires, limités dans le temps, apportés à des entreprises dont elles peuvent attendre une prochaine cotation en bourse. Si la société est récente et connaît une croissance rapide, mais qu’elle n’a pas plusieurs années de succès derrière elle, l’expérience montre que le risque sur le capital investi est très élevé. Questions essentielles pour le conseil d’administration en matière de conduite financière Reporting Les informations disponibles sur les liquidités, le rendement et la situation du bilan de l’entreprise sont-elles exhaustives, exactes, transparentes et à jour? Les chiffres sont-ils plausibles, explicables et vérifiables? Chiffres clefs Le controlling couvre-t-il un spectre assez large et est-il suffisamment indépendant? Les chiffres clefs sontils significatifs et comparables (benchmarking)? Recevons-nous les documents nécessaires à nos prises de décision? Gestion du portefeuille Connaissons-nous exactement la contribution de chacun des secteurs, produits et marchés au succès de l’entreprise, et quel montant de capital est employé à cette fin? Gestion des risques Connaissons-nous les facteurs de risque susceptibles de menacer gravement les liquidités, le rendement et le bilan? Avons-nous tout entrepris pour les tenir dans des proportions supportables? Planification financière La planification financière est-elle assez sûre pour permettre de déceler à temps les éventuels manques de liquidités et besoins en capitaux? Coûts des capitaux La part de capital propre et le financement étranger sont-ils adaptés aux risques et permettent-ils ainsi d’assumer la croissance et les investissements envisagés, de même que les pertes possibles? Présentation des comptes Quelle est la procédure adoptée lors d’une adaptation de la présentation des comptes aux normes US GAAP ou IAS? Planification fiscale Quelles sont les incidences fiscales de la répartition déterminée entre les fonds propres et les fonds étrangers? Où sont les facteurs de gain? Dans quel pays les «fonctions intelligentes» bénéficient-elles d’un traitement fiscal attrayant? Source: UBS outlook, selon Prof Dr K. Spremann 30 UBS outlook Conseil d’administration Les tâches de gestion du conseil d’administration Une planification fiscale à long terme peut augmenter la valeur ajoutée Une planification fiscale à long terme permet, en toute légalité, d’économiser des impôts et ainsi d’accroître la valeur ajoutée. Il appartient au conseil d’administration de veiller à ce que la direction de l’entreprise ou le chef des finances dont c’est la responsabilité directe effectue cette planification de manière compétente. Il s’avère généralement judicieux de recourir à des spécialistes. Les principes de présentation des comptes influencent le montant du bénéfice et par conséquent aussi la charge fiscale. La présentation selon les normes US GAAP ou IAS et aussi RPC est censée offrir aux investisseurs une transparence totale sur la situation financière. De ce fait, le bénéfice aura tendance à y être plus élevé qu’il ne le serait selon la méthode traditionnellement appliquée en Suisse. Cet argument est admis par certaines administrations fiscales, qui corrigent l’assiette en faveur de l’entreprise concernée afin de ne pas entraver la transition vers une présentation plus transparente des comptes. Un des principes essentiels de toute planification fiscale à long terme consiste à maintenir à un niveau aussi constant que possible les revenus déclarés et les répartitions de dividendes aux actionnaires pour éviter une progression fiscale excessive. Mais il convient d’observer que les intérêts sur les fonds de tiers sont considérés comme des dépenses. Il peut donc être intéressant d’utiliser, en lieu et place des capitaux propres, un apport de fonds analogue, sous la forme d’un prêt (éventuellement comme créance de rang postérieur). Par ailleurs, la différence de traitement fiscal des bénéfices et des intérêts a aussi pour effet d’augmenter la valeur de l’entreprise lorsque la part de fonds de tiers est plus élevée. La gestion du personnel Les cadres occupant les postes clefs d’une entreprise exercent une influence décisive sur la création de valeur. Ils sont directement responsables des résultats à court et long terme. Si la direction n’exécute pas ses tâches de manière optimale, l’entreprise perdra durablement un potentiel de création de valeur (lost opportunities). Lorsque le cas se présente, il importe d’agir avant que les lacunes de gestion ne se répercutent dans les comptes et dans le bilan. Les décisions concernant le personnel, de par leur impact à long terme, comptent parmi les tâches les plus importantes, mais aussi les plus délicates du conseil d’administration. Pour s’assurer que les postes dirigeants sont occupés par des personnes qualifiées, il faut rechercher des candidats au-dessus de la moyenne, les encourager et les garder, ce qui nécessite du discernement dans l’appréciation de la personnalité et des qualités sociales et techniques. Mais le défi pour le conseil d’administration consiste aussi à agir avec résolution dans les questions de personnel et à créer un environnement de travail motivant et propre à donner d’excellents résultats. Créer un environnement attrayant pour les bons cadres Les entreprises produisant de bons résultats sont des employeurs attrayants qui offrent non seulement une indemnisation financière correcte et un «paquet» intéressant de prestations supplémentaires, mais surtout un environnement motivant pour les dirigeants orientés vers les objectifs et présentant de bonnes capacités de conduite. Le conseil d’administration marque la culture d’entreprise par son attitude, sa conduite du personnel, ses décisions et sa communication. Souvent, il est possible de dégager de grands potentiels de créativité en faisant confiance aux compétences propres des collaborateurs, en mettant l’accent sur le travail d’équipe plutôt que sur des structures d’organisation hiérarchiques et en fixant des objectifs plutôt qu’en arrêtant des directives. La tolérance face aux erreurs favorise la prise d’initiatives conscientes des risques et facilite une communication honnête. Cela permet de mettre les problèmes en évidence et d’éviter de les voiler. C’est le meilleur moyen de fonder un mode de pensée et d’action autonome, innovateur et conscient de la valeur ajoutée à fournir, à tous les niveaux de l’entreprise. UBS outlook Conseil d’administration 31 Les tâches de gestion du conseil d’administration Etablir des conventions d’objectifs et vérifier les résultats obtenus Périodiquement, le conseil d’administration devrait convenir des objectifs individuels avec le directeur (CEO) et les autres membres de la direction. En même temps, il faut faire en sorte que l’ensemble de l’entreprise applique à tous les niveaux des directives de gestion, de définition des objectifs et d’appréciation transparentes et contraignantes. Les résultats obtenus et les éventuelles mesures correctives nécessaires doivent être régulièrement discutés avec la direction. Il convient alors de procéder à une analyse critique et objective des résultats et des justifications fournies. Les entretiens de convention d’objectifs doivent être mis à profit pour motiver et garder les cadres supérieurs dont l’action est couronnée de succès et pour assurer leur développement permanent (career review). Si, à plusieurs reprises, les objectifs convenus n’ont pas été atteints, il est généralement nécessaire de procéder rapidement à des changements de personnel. Si le conseil d’administration n’est pas ou plus en état d’effectuer lui-même une appréciation globale des prestations sans parti pris, il peut être avantageux de recourir à des conseillers externes indépendants pour l’évaluation de la direction et de ses méthodes de gestion (management audit). Favoriser la formation et commencer à temps la planification de la succession Le conseil d’administration assume une grande responsabilité dans l’encouragement de la relève et la planification de la succession. C’est lui qui doit faire en sorte que les questions relatives à la formation et au perfectionnement, à la planification de carrière et aux suppléances soient correctement résolues à tous les niveaux de l’entreprise. Cet aspect ne doit pas non plus être négligé dans les petites et moyennes entreprises familiales. La planification stratégique des successions aux postes dirigeants Lors du choix de cadres supérieurs, les caractères examinés sont invariablement l’aptitude à la conduite (leadership), la disposition à s’investir personnellement (Engagement), la confiance en soi, la détermination à poursuivre des objectifs et à obtenir des résultats, la capacité de s’imposer, la créativité, la curiosité intellectuelle, le professionnalisme et un mode de pensée à forte composante analytique et stratégique. A cela s’ajoutent d’autres aspects importants comme la présentation personnelle, la communication Questions essentielles pour le conseil d’administration en matière de conduite du personnel Politique du personnel Notre politique du personnel est-elle définie clairement et diffusée à tous les niveaux de l’entreprise? Est-elle motivante, adaptée aux conditions du marché du travail, est-elle bien acceptée à l’intérieur et à l’extérieur? Les prescriptions et directives édictées à cet égard sont-elles effectivement respectées? Procédons-nous périodiquement à une évaluation de la satisfaction des collaborateurs? Y a-t-il nécessité d’agir? Recrutement Notre entreprise est-elle attrayante pour de jeunes collaborateurs doués? Nos programmes de formation correspondent-ils aux exigences actuelles et futures de l’entreprise en ce qui concerne les connaissances techniques et les compétences sociales? Investissons-nous suffisamment dans nos ressources en personnel? Conventions d’objectifs Convenons-nous régulièrement avec tous les collaborateurs d’objectifs ambitieux mais réalistes, discutons-nous des résultats obtenus? Réalisation des objectifs La direction de l’entreprise a-t-elle atteint les objectifs qui avaient été définis avec le conseil d’administration? Si non, pourquoi? La direction de notre entreprise a-t-elle les qualités nécessaires à la réalisation de nos objectifs futurs? Quelles sont nos forces et nos faiblesses? Comment pouvons-nous mieux tirer profit de nos forces et atténuer nos faiblesses? Devons-nous remplacer le président de la direction (CEO) ou d’autres membres de la direction? Productivité Le développement de nos collaborateurs et de leur productivité est-il satisfaisant? Leur motivation coïncide-t-elle avec les objectifs de l’entreprise? Ont-ils une orientation clients et sont-ils conscients des prestations à fournir, des coûts et des délais? Ont-ils un esprit innovateur? Sont-ils disposés à assumer des responsabilités d’entrepreneur? Dispositions relatives à la succession Les suppléances et la succession à la direction de l’entreprise sont-elles réglées de manière satisfaisante? Source: UBS outlook 32 UBS outlook Conseil d’administration Les tâches de gestion du conseil d’administration et l’aptitude au travail en équipe. Les connaissances professionnelles et spécifiques à certaines branches sont utiles à l’intégration au sein d’une entreprise, mais leur importance est souvent surestimée. Ces critères sont bien moins décisifs pour le succès à long terme d’un manager que ses compétences personnelles. C’est le conseil d’administration qui doit définir le profil d‘exigences, les critères et la procédure de sélection pour les postes de cadres supérieurs. Le cahier des charges et les objectifs à atteindre doivent être clairement explicités. La question de savoir si un poste peut être attribué par nomination interne ou s’il faut embaucher une personne externe est une importante décision de principe. Le conseil d’administration aura avantage à discuter de cas en cas et à se prononcer sur la façon de rechercher et de sélectionner les candidats et sur les personnes chargées de le faire. En cas de mandat confié à un tiers (executive search), on accordera une grande importance au choix du conseiller et à la formulation du mandat de recherche. Examiner soigneusement les candidats La manière la plus judicieuse d’examiner les candidats consiste à désigner au sein du conseil d’administration un comité de sélection, dont le président fera généralement partie. Les questions ne devraient pas se limiter aux aspects extérieurs de la formation reçue ni aux activités exercées jusqu’à ce jour, mais plutôt se concentrer sur les résultats obtenus et sur l’adéquation de l’expérience acquise par rapport aux problèmes à résoudre au sein de la nouvelle entreprise. Si les références ont leur importance, il est aussi possible de recueillir des indices utiles sur la personnalité et le potentiel d’un candidat au moyen d’expertises ou d’autres évaluations externes (p. ex. assessment centers). Offrir une indemnisation en fonction des résultats et une liberté de manœuvre L’entreprise qui veut intéresser de bons candidats à un poste de cadre supérieur doit leur faire une offre attrayante, généralement sous la forme d’un paquet d’indemnisation approprié et lié aux résultats (salaire, défraiements forfaitaires et autres privilèges, prestations sociales, participation aux résultats, plan d’option sur des actions, etc.). Mais pour un bon gestionnaire, il sera tout aussi important de se trouver confronté à un défi intéressant, de recevoir un secteur de responsabilité bien défini et toute la liberté de manœuvre qui lui permettra d’atteindre les objectifs fixés de manière indépendante et en empruntant sa propre voie. La révocation de cadres supérieurs devrait se faire avec rapidité et droiture La révocation du président de la direction (CEO) ou d’autres membres de la direction est presque toujours une décision extrêmement pénible à prendre pour le conseil d’administration. Dans tous les cas, s’il s’est produit des erreurs ou des omissions graves, ou si une personne n’est manifestement pas ou plus en mesure d’accomplir ses tâches de gestion, le conseil d’administration doit agir rapidement, faute de quoi il n’endosse pas lui-même sa responsabilité, cause du tort à la société et perd de sa crédibilité. La décision est bien plus délicate lorsqu’il s’agit de déplacer ou de licencier des cadres dont les prestations sont «seulement» satisfaisantes. Si, à plusieurs reprises, les objectifs n’ont pas été atteints, le conseil d’administration est tenu d’agir de manière déterminée, objective, correcte et humaine, dans l’intérêt de toutes les parties. La situation a alors toutes les chances d’aboutir à un dilemme, puisque d’un côté, «on sait ce qu’on a», les forces et les faiblesses de la personne sont bien connues, et de l’autre on est généralement dans l’incertitude sur les chances de trouver un dirigeant plus qualifié. Il est indiqué en pareil cas de recourir aux compétences d’un conseiller en personnel. UBS outlook Conseil d’administration 33 Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration Les tâches normales du conseil d’administration consistent à définir les objectifs et les directives stratégiques et à surveiller la gestion des projets. Nous abordons ici plus en détail quelques problèmes qui peuvent présenter des défis particuliers pour les administrateurs. Il s’agit le plus souvent de situations très complexes ou de décisions lourdes de conséquences qu’il est préférable d’aborder de manière professionnelle en étroite collaboration avec la direction et en s’appuyant sur des conseillers spécialisés (avocats, conseillers d’entreprises, experts financiers et bancaires). Les projets d’investissement Ce faisant, la mission du conseil d’administration consiste généralement à définir les objectifs et les grandes lignes stratégiques, ainsi qu’à contrôler le management du projet. Ci-après sont présentées des problématiques susceptibles de constituer un défi particulier pour les conseils d’administration. Les décisions portant sur des investissements influencent durablement l’usage des ressources dont dispose une entreprise. Leur impact est donc considérable au niveau de la stratégie, des finances et du personnel. Des effets prolongés peuvent aussi se manifester sur la création de valeur, respectivement sur les comptes de pertes et profits et le bilan. Les décisions d’investissement du conseil d’administration peuvent porter sur de nouvelles acquisitions importantes, des extensions ou des remplacements, par exemple de biens immobiliers, d’installations de production et d’exploitation ou de technologies de l’information (IT). Il convient aussi de faire figurer parmi les investissements futurs les Les instruments du calcul d’investissement Méthode des discounted cash-flows (valeur actualisée nette) Méthode des annuités Excédent ou montant d’un investissement résultant de la différence entre les rendements attendus et l’investissement à consentir aujourd’hui. Forme particulière de la méthode des discounted cash-flows. On calcule l’excédent, respectivement le déficit annuel du projet d’investissement. Par exemple lors de l’acquisition de sociétés ou de participations dans des sociétés, d’investissements dans une certification, dans des ressources énergétiques ou des biens immobiliers. Méthode du taux de rendement interne (TRI) Présentation du rendement effectif d’un projet d’investissement en ramenant à zéro l’excédent obtenu par la méthode de la valeur actuelle nette des cash-flows futurs. Méthode du pay-back dynamique Calcul du nombre d’années nécessaires au remboursement complet de la somme investie. Par exemple lors d’investissements dans le cas d'une délocalisation. Par exemple pour des installations de production et des machines, ou lors d’investissements dans des acquisitions ou une certification. Méthode du pay-back statique Nombre d’années nécessaires au remboursement de la somme investie, abstraction faite de la valeur actuelle de l’argent. Par exemple lors d’investissements dans des techniques d’information ou des ressources énergétiques. Durée de remboursement écologique Efficacité écologique des investissements dans la protection de l’environnement. L’impact négatif engendré par l’investissement consenti doit être mis en relation avec la réduction des nuisances écologiques qu’il permet au fil des ans. Source: UBS outlook, selon Helbling Holding SA 34 UBS outlook Conseil d’administration Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration budgets de recherche et de développement, ainsi que les coûts d’accès à de nouveaux marchés ou d’acquisition de participations. Une entreprise qui n’investit plus n’a pas d’avenir, mais elle n’en aura pas davantage si elle investit trop ou à mauvais escient. Dans la plupart des projets d’investissement, le retour sur investissement (cash-flow) ne se fait sentir qu’après un certain temps. Il faut parfois attendre plusieurs années avant que le capital investi ne dégage un rendement convenable. Les risques financiers et opérationnels liés à des investissements sont nécessairement élevés (marché, technologie, etc.). Pour investir, il ne faut donc pas seulement dégager des moyens financiers considérables, mais également suffisamment de capacités de gestion. La nécessité d’une étude de faisabilité et d’un calcul d’investissement Eu égard à leur importance stratégique, les projets d’investissement majeurs doivent faire l’objet d’une planification globale et d’une préparation minutieuse. Les éléments à mettre en évidence sont les objectifs stratégiques, opérationnels et financiers visés. Afin de pouvoir prendre une décision fondée sur l’opportunité d’un projet d’investissement, il est généralement nécessaire de disposer d’une étude de faisabilité (Feasability Studies) soigneusement établie et comprenant le détail des calculs d’investissement et de flux de fonds. Il faut dans tous les cas soumettre plusieurs variantes (scénarios) et de véritables alternatives de décision à l’appréciation du conseil d’administration. Celui-ci n’aura pas seulement à examiner attentivement les coûts de l’investissement, mais aussi les économies, les augmentations de productivité, les améliorations de rendement et les parts de marché visées, autres facteurs décisifs pour une valeur ajoutée durable. Il existe pour établir des calculs d’investissement significatifs diverses méthodes dont l’usage est dicté par la situation. Le principal critère de décision retenu est généralement le retour sur investissement (return on investment, ROI). Pour obtenir une valeur ajoutée, il faut en principe que les flux de fonds escomptés et pondérés en fonction du risque (DCF) présentent un potentiel de rendement correspondant aux coûts moyens pondérés des capitaux (WACC) par l’entreprise pour un tel projet. Financer correctement les investissements Un projet d’investissement doit rester supportable pour l’entreprise même si tout ne se déroule pas selon le plan prévu. Il faut donc que le financement soit assuré en fonction de son risque afin d’éviter que le conseil d’administration ne prenne quelque décision préjudiciable. Des réserves doivent être prévues pour parer aux effets de dépassements des coûts, de moindres rendements ou de retards imprévus (cash-flow réduit ou différé). Les responsables de l’entreprise prendront contact dès que possible avec les banques Les critères pour des projets d’investissement Définir leurs objectifs et leur utilité Elaborer des variantes Libérer les capacités de gestion Vérifier leur rentabilité Projets d’investissement Assurer leur financement Prendre en compte leur risque Source: UBS outlook, selon Helbling Holding SA UBS outlook Conseil d’administration 35 Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration pour discuter des alternatives de financement et de leurs coûts. Il faut examiner attentivement les financements de projets particuliers, principalement dans les très gros investissements à long terme. La manière d’inscrire l’investissement au bilan est une tout autre question dont la résolution doit se fonder avant tout sur des considérations fiscales. Contrôler en permanence les projets d’investissement Le risque est plus ou moins inhérent à chaque projet d’investissement. Les business plans et les budgets s’avèrent bien souvent trop optimistes. Les nouvelles technologies et les marchés échappent largement à l’appréciation, ils évoluent plus vite ou tout autrement qu’on le prévoyait au moment de la décision. Il n’est donc point étonnant que les «dérapages» des projets d’investissement constituent pour les entreprises un des principaux motifs de crise, de contraction de la liquidité et d’insolvabilité. Même le meilleur des conseils d’administration n’est pas à l’abri de décisions erronées concernant des projets d’investissement. Un suivi attentif des projets en cours sur toute leur durée n’en est que plus indispensable, et le conseil d’administration inscrira régulièrement à son ordre du jour des comptes rendus sur les projets. En principe, en cas de retards ou de dépassements de grande ampleur, ou si les objectifs visés ne peuvent plus être atteints, on doit procéder à un réexamen critique de l’ensemble du projet. Et si, à la lumière des plus récents développements, il s’avère que la poursuite de l’entreprise apporterait plus de préjudices que de profits, le conseil d’administration doit assumer sa responsabilité et mettre un terme au projet en ordonnant toutes les mesures nécessaires pour limiter les dégâts. Les questions essentielles pour le conseil d’administration en matière de projets d’investissement Objectifs quant à la création de valeur Quels objectifs stratégiques et opérationnels poursuivons-nous avec cet investissement quant à la création de valeur? Comment les différents ayants droit sont-ils concernés (p. ex. places de travail)? Description du projet Le projet d’investissement proposé a-t-il été soigneusement élaboré? Est-il étayé par une documentation crédible? Les dépenses, les revenus ou les économies prévus présentent-ils des risques? Les variantes ont-elles été aussi soigneusement élaborées que le projet retenu par la direction? Le controlling est-il assuré? Calendrier La planification du déroulement dans le temps prévoit-elle des jalons et est-elle globalement réaliste? Que se passe-t-il en cas de retards importants? Jusqu’à quel moment le projet peut-il encore être interrompu? Rentabilité Les coûts relatifs à l’investissement sont-ils exhaustifs et explicables? Le résultat est-il conforme aux critères de rentabilité définis dans les directives pour les investissements? Risques d’investissement Tous les risques liés au projet sont-ils connus et suffisamment pris en compte (constitution d’une réserve de temps et de moyens financiers), que ces risques soient de nature technologique ou opérationnelle, liés au marché ou aux fournitures, à la protection de l’environnement, aux finances ou au personnel? Gestion des liquidités Le financement et la liquidité sont-ils assurés pour toute la durée du projet? Les réserves sont-elles suffisantes pour éviter des problèmes majeurs en cas de dépassements de coûts importants ou de retards dans les revenus engendrés par l’investissement? Responsabilités Qui est responsable du projet au sein de la direction d’entreprise et qui sont les membres de l’équipe de projet? A-t-on libéré assez de capacité de gestion? Les responsables du projet possèdent-ils le savoir-faire nécessaire et ont-ils déjà l’expérience de projets analogues? Controlling Le projet d’investissement fait-il l’objet d’une appréciation permanente et d’un suivi critique? Surveille-t-on en particulier le respect des délais, les étapes, les coûts, la liquidité et les résultats (partiels)? Source: UBS outlook 36 UBS outlook Conseil d’administration Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration L’introduction en bourse Pour une entreprise qui a du succès, une IPO (initial public offering), respectivement l’accès au marché des capitaux, représente de plus en plus une option stratégique intéressante. Elle entre en considération surtout pour les sociétés dynamiques ou bien établies dont les résultats attestent de bons antécédents (equity story). L’admission en bourse est cependant soumise à quelques règles (rapports annuels, chiffre d’affaires, capital propre, etc). Pourquoi tenter une IPO? Etre admis à la bourse, c’est accéder au marché des capitaux, diversifier la base de l’actionnariat et augmenter aussi bien les capitaux propres de la société que sa capacité à se financer avec des fonds étrangers. Ce peut être un moyen de financer une nouvelle croissance tout en se donnant davantage de souplesse, par exemple en vue d’une fusion ou d’un rachat d’entreprise (les actions servant alors de monnaie d’achat). Il est ainsi possible de créer pour les cadres et les collaborateurs des possibilités de participation à la valeur ajoutée. La publicité généralement liée à une IPO couronnée de succès renforce la réputation de la société et sa position sur le marché. Une société cotée est souvent considérée comme un partenaire attrayant pour les clients, les fournisseurs et les collaborateurs. Ces mêmes considérations s’appliquent en principe aussi à une augmentation ultérieure du capital-actions par un placement secondaire. A quelles conditions est soumise une IPO? Du fait des prescriptions de cotation et des exigences imposées par les investisseurs institutionnels, il y a plus d’obstacles à franchir pour une ouverture du capital au public que pour toute autre forme de constitution de capital. A chaque lieu de cotation, les autorités de surveillance boursière fixent les exigences de cotation qui doivent impérativement être observées dans chacun des segments de la bourse. Ces prescriptions concernent notamment les normes de présentation des comptes, l’obligation de les publier et le montant minimal de l’émission. Dans bien des cas, les exigences des investisseurs vis-à-vis de la qualité des placements en actions vont beaucoup plus loin que les prescriptions réglementaires. Si, par exemple, il suffit pour une cotation sur le segment principal de la SWX de présenter des comptes selon les normes RPC, les investisseurs pourront demander une présentation des résultats financiers conforme aux IAS et des rapports plus fréquents et plus détaillés sur les résultats en cours et les perspectives d’avenir. Dans une discussion sur une admission en bourse, il faut donc toujours tenir compte des exigences du moment sur les marchés des capitaux. La tendance générale qu’on observe est due au rapprochement des marchés des capitaux anglo-saxons et, par là, à une plus grande transparence pour les nouvelles émissions. Présenter aux investisseurs potentiels un dossier convaincant Une bonne entrée en bourse doit avoir été préparée par un dossier (investment case), avec un business plan détaillé présentant l’affaire comme prometteuse et réalisable par la direction de l’entreprise. Il est important d’y faire ressortir le potentiel de croissance et de valeur ajoutée. Le dossier devrait également avoir une présentation accessible et convaincre du premier coup les investisseurs potentiels. D’autres éléments rendront le dossier encore plus convaincant: une équipe de gestion expérimentée, des technologies et des produits au point, des finances et une comptabilité solides, un système d’information efficace (management information system, MIS) et un controlling rigoureux. Des exigences élevées sont également imposées en ce qui concerne la transparence des informations, la communication et la motivation des collaborateurs. Enfin, l’attrait de la branche ou des domaines d’affaires spécifiques, la position sur le marché et la compétitivité des produits et des services comparée à celle des principaux concurrents jouent généralement un rôle décisif. Les éléments d’un dossier d’investissement (investment case) • Stratégie d’entreprise tournée vers l’avenir • Cadres supérieurs compétents et soucieux d’apporter une valeur ajoutée pour les actionnaires (shareholder value) • Modèle d’affaires attrayant à bon potentiel de croissance ou perspectives sûres de rendement • Excellent positionnement sur des marchés attrayants • Structure d’organisation transparente et ouverte, communication tournée vers les marchés financiers • Présentation des comptes transparente, gestion financière professionnelle Source: UBS outlook UBS outlook Conseil d’administration 37 Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration L’examen de l’entreprise (due diligence) doit être générateur de transparence Il faut, pour être coté sur les marchés, réunir certaines informations dans un document d’émission et de cotation (offering circular). La banque d’émission compétente procède alors à un examen approfondi de la société (due diligence), en collaboration avec des experts externes (avocats, experts-comptables, spécialistes de la fiscalité et éventuellement de l’environnement). L’examen porte en priorité sur l’activité commerciale (business case), la tenue des comptes, les impôts, le droit et l’environnement. Sur cette base, il est procédé à une appréciation des principaux risques, qui sont explicités dans le document. La responsabilité de son contenu est assumée conjointement par toutes les personnes qui ont participé à sa réalisation. Mais le meilleur des examens reste encore grevé de nombreuses inconnues et de risques impondérables, en particulier dans les marchés dynamiques et extrêmement cycliques de la haute technologie et pour les entreprises encore jeunes. En l’absence d’antécédents vérifiables (track record), les opportunités reconnues pour l’avenir peuvent facilement être remises en question par de nombreux facteurs d’incertitude. L’appréciation doit se faire en tenant compte du marché des capitaux L’entreprise sera examinée en fonction du marché des capitaux et du point de vue actuel des investisseurs potentiels. Cette tâche incombe à des analystes de la banque coordonnatrice, qui procèdent à une étude détaillée et à une évaluation en fonction de critères valables pour le marché des capitaux. L’accent est mis sur les aspects financiers, Déroulement idéal d’une IPO 1er jour de négociabilité Soutien sur le marché Marketing Préparation Evaluation et développement 6 mois à 2 ans 20 semaines 4 semaines 30 jours et au-delà Source: UBS outlook Les questions essentielles pour le conseil d’administration lors d’une IPO Objectif L’IPO vise-t-elle à acquérir du capital pour la mise en œuvre d’une stratégie de croissance ou à faire sortir quelques actionnaires? Dossier d’investissement Sur quelles compétences fondamentales pouvons-nous fonder notre dossier d’investissement? Marché des capitaux Quelle est la situation du marché des capitaux dans notre branche? Quels sont nos concurrents cotés en bourse et comment nos investisseurs se présentent-ils? Compétitivité Offrons-nous effectivement des technologies, des produits et des services de première qualité, qui possèdent des perspectives d’avenir? Exigences Notre entreprise, sa structure d’organisation et sa gestion répondent-elles aux exigences futures d’une société cotée en bourse? Utilisation des moyens Comment pouvons-nous utiliser les moyens affluant dans l’entreprise de manière à produire de la valeur ajoutée? Environnement boursier La situation de la Bourse et le moment sont-ils opportuns pour une IPO? Partenaires bancaires Qui nous conseillera et nous appuiera dans la perspective d’une IPO? Quels critères allons-nous présenter à la banque d’investissement et comment la choisir? Source: UBS outlook 38 UBS outlook Conseil d’administration Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration stratégiques et organisationnels. Le travail des analystes aboutit à un rapport (research report) dans lequel ils présentent, de leur point de vue, le dossier d’investissement (investment care) et son appréciation. Parmi les diverses méthodes d’appréciation pour les cotations, les analystes recourent d’abord à la comparaison des cours actuels des actions avec ceux de sociétés analogues (peer group). On distingue fondamentalement entre valeur de l’entreprise (enterprise value) et valeur des fonds propres (equity value). Un prix d’émission correct pourra être fixé sur la base de la position de l’entreprise par rapport à ses concurrents directs sur le marché des capitaux et sur la base des offres de souscription effectives présentées par les investisseurs dans le cadre de la procédure de constitution du livre d’ordres (Bookbuilding). Les facteurs de succès d’une IPO Le succès d’une cotation en bourse dépend pour une bonne part de la qualité de la préparation et du marketing. Le but de l’opération est d’obtenir un prix de l’action qui soit stable après l’émission, puis en croissance. C’est en disposant d’un marché liquide (suffisamment d’actions en circulation), d’un service de recherche de haute qualité (research) de la part des banques du syndicat, et d’investisseurs intéressés au long terme que l’on aura le plus de chances d’y parvenir. La qualité du dossier (investment case), le juste choix du lieu de cotation (quelle bourse, quel segment?) et du montant de l’émission constituent d’autres facteurs importants pour le succès de l’admission en bourse. Il convient également de choisir judicieusement le moment d’émission, de mettre préalablement en œuvre un marketing de diffusion efficace et de procéder à une distribution ciblée des actions. Le rôle du conseil d’administration dans une IPO La participation du conseil d’administration y est indispensable, mais il faut surtout que le président du conseil et les membres de la direction consacrent beaucoup de temps aux nombreuses présentations de l’entreprise (road shows) en vue de sa cotation. Les représentants de la société doivent pouvoir y «vendre» personnellement leur dossier devant des investisseurs suisses et étrangers. Il sera donc avant tout demandé du conseil d’administration et de son président une expérience de conduite comme chef des finances (CFO) ou chef d’entreprise (CEO) dans une société analogue cotée en bourse, une expérience de la branche, un réseau de relations internationales et un savoir-faire dans les domaines juridique et fiscal. Dans un conseil d’administration, même de petit effectif mais qualifié, les actionnaires privés devraient aussi avoir une représentation appropriée. Une société nouvellement cotée a donc avantage à séparer aussi clairement que possible la conduite stratégique de la conduite opérationnelle. L’acquisition et la vente de sociétés ou de participations Le conseil d’administration peut inscrire dans ses objectifs stratégiques la croissance et l’augmentation de la valeur de l’entreprise au moyen d’acquisitions. Les considérations dominantes sont alors une ouverture de nouveaux marchés, des gains de parts de marché ou des mesures de réduction des coûts par effet de synergie. Ces dernières peuvent être obtenues par la mise en commun du développement et des moyens de production ou par la coordination de la distribution, par exemple. Du point de vue du conseil d’administration, les questions qui se posent ici sont fondamentalement les mêmes que pour d’autres décisions d’investissement. Toutefois, les attentes à l’égard des fusions et des reprises – l’expérience le montre – sont souvent déçues: les effets de stratégie et de synergie s’avèrent illusoires et n’enregistrent pas les augmentations de chiffre d’affaires et les économies escomptées. De plus, les problèmes d’intégration, les ressources à mettre en œuvre pour la gestion et les coûts effectifs de l’acquisition sont en général largement sous-estimés. Le conseil d’administration doit donc prendre à cet égard des décisions qui intègrent tous les facteurs de risque et même prévoir, pour la pire éventualité, un scénario de sortie. UBS outlook Conseil d’administration 39 Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration Examiner au préalable les facteurs de succès d’une acquisition Le succès ou l’échec d’une acquisition peut être causé par de nombreux facteurs «durs» (concrets et mesurables) ou «souples» (humains et non quantifiables). La marque, la réputation, la part de marché, le produit, sa distribution et la logistique sont importants, mais les facteurs décisifs du succès sont avant tout la qualité, la motivation et l’attitude de la direction de l’entreprise dont le rachat est prévu. Il en va de même souvent pour d’autres détenteurs de savoir-faire dans la vente, le développement et la production. Dans toute reprise, l’attitude du personnel – et, le cas échéant, de ses syndicats – est un facteur critique. Avant de prendre sa décision, le conseil d’administration doit donc s’assurer que tous ces facteurs ont été clarifiés par rapport à la situation réelle et suffisamment pris en compte. Il arrive souvent que les rachats ne satisfassent pas ou seulement partiellement des attentes trop élevées. Cela vient du fait que lors de l’évaluation, le potentiel de profit, de même que celui des immobilisations, a été surestimé, tandis que les amortissements nécessaires sur les stocks et les débiteurs ont été sous-évalués. Les coûts engendrés par une acquisition sont facilement sous-estimés, notamment les frais inévitables d’intégration et de réorganisation (y compris les indemnités de départ), les coûts environnementaux latents, les coûts dus à des départs inattendus dans le personnel, cause de pertes de savoir-faire et de parts de marché. Mais le plus grand risque inhérent à une acquisition est généralement lié au manque de compétences de gestion nécessaires à la réussite de l’intégration et à la conduite de l’entreprise rachetée. Mener les négociations dans la confidentialité Pour le conseil d’administration, les fusions et les acquisitions présentent un défi particulier à relever, parce que les négociations sont généralement menées dans la confidentialité et qu’il faut les faire avancer très vite. Il sera donc d’autant plus difficile de se procurer des informations détaillées de sources indépendantes. Le plus souvent, l’entreprise à acquérir ne peut être examinée (due diligence) qu’après la conclusion d’une convention de principe. Des méthodes diverses donnent des appréciations différentes de la valeur de l’entreprise Une méthode d’évaluation doit permettre, pour chaque cas spécifique, de déterminer une valeur aussi réaliste que possible et conforme au marché, respectivement de justifier un prix acceptable. Quand les acquéreurs potentiels se trouvent dans le domaine de l’hypothèse, ils travaillent souvent avec plusieurs scénarios. Du fait du manque inévitable de données précises et d’informations dignes de confiance sur l’avenir, l’appréciation des risques, respectivement des effets des opportunités (potentiels de développement) La méthode de la valeur actualisée nette (discounted cash-flow, DCF) Du business plan découlent… les cash-flows des années à venir les investissements prévus …et de là les cash-flows libres escomptés …d’où l’on calcule la valeur actualisée nette (DCF) Source: Prof Dr K. Spremann 40 UBS outlook Conseil d’administration les risques (opportunités/menaces) …et les coûts des capitaux Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration et des dangers identifiés pour l’évolution du cash-flow, joue un rôle essentiel. Cela explique aussi pourquoi les évaluations et les estimations de prix peuvent autant diverger l’une de l’autre ou pourquoi des entreprises qui ne pourront produire un cash-flow positif que dans un lointain avenir n’ont pas nécessairement une valeur nulle. Dans certaines situations, la valeur de l’entreprise est calculée à l’aide de «multiplicateurs de prix». Ainsi, par exemple, on multiplie le chiffre d’affaires obtenu, le bénéfice net ou le résultat opérationnel avant intérêts et impôts EBIT (earnings before interest and taxes); le facteur de multiplication est établi approximativement par comparaison avec des entreprises analogues cotées en bourse (trading multiple) ou avec des transactions effectuées dans le passé (transaction multiple). Une grande incertitude sur l’appréciation laisse une grande place à la négociation Dans la pratique, diverses méthodes d’évaluation sont appliquées, portant sur le passé, sur le présent ou sur l’avenir de l’entreprise. Il est cependant généralement admis que lors de l’achat ou de la vente d’une société, c’est la méthode envisageant l’avenir qui doit l’emporter. La valeur de l’entreprise, calculée théoriquement, correspond donc en principe à la valeur escomptée des cash-flows disponibles, c’est-à-dire non liés aux investissements nécessaires, respectivement à la valeur ajoutée générée. On escompte avec le coût moyen pondéré du capital propre et des fonds étrangers calculé en fonction de l’appréciation qui est faite des risques propres à l’entreprise (opportunités et menaces). La valeur réelle des actifs n’a généralement de signification que pour les placements en bourse, pour les autres actifs non indispensables à l’exploitation (p. ex. immeubles d’habitation), de même qu’en vue d’une liquidation projetée, totale ou partielle (p. ex. vente d’installations d’exploitation). Dans les faits, une évaluation d’entreprise repose sur de nombreuses hypothèses relatives à son développement futur et à celui de son environnement. Par la suite, les hypothèses peuvent facilement s’avérer erronées. D’où l’incertitude qui grève toute évaluation. L’incertitude sera toutefois d’autant plus faible que l’entreprise connaît un développement constant, que ses produits et ses services sont compétitifs et que sa direction stratégique, opérationnelle et financière est efficace. Les questions essentielles pour le conseil d’administration lors de projets d’acquisition Objectifs Quels sont les objectifs stratégiques visés par cette acquisition? Pourraient-ils être atteints par un autre moyen? Quelles sont les alternatives? Compatibilité de l’entreprise Connaissons-nous et comprenons-nous l’entreprise dont l’acquisition est prévue ou abordons-nous un domaine nouveau? L’examen de l’entreprise (due diligence) a-t-il créé suffisamment de transparence? Les forces et les faiblesses de l’entreprise, les chances et les menaces liées à une reprise ont-elles été examinées d’un regard critique et correctement appréciées (y compris la quantification du potentiel de synergie)? Transparence des chiffres Les comptes de pertes et profits présentés, les bilans, les budgets (comptes de résultats planifiés, plan de développement) sont-ils transparents et crédibles? Avons-nous examiné et vérifié consciencieusement les chiffres? Risques liés à la reprise Les problèmes liés à la reprise prévue, à l’intégration et, le cas échéant, à la restructuration nécessaire ont-ils été éclaircis autant que possible? Les frais et les investissements qui en découlent ont-ils été entièrement pris en compte dans notre planification? Prix de reprise Le cash-flow escompté peut-il justifier le prix de la reprise? L’opération nous offre-t-elle un potentiel de valeur ajoutée en proportion du risque encouru? Financement Le financement de l’acquisition prévue est-il assuré de manière optimale et contraignante? Compétence de gestion La direction de la société à acquérir est-elle prête et capable de poursuivre la gestion de l’entreprise et d’atteindre les objectifs que nous avons fixés? Quelles sont ses forces et ses faiblesses? La direction doit-elle être renforcée? Capacité de gestion Disposons-nous de capacités de gestion suffisantes pour assumer la reprise, l’intégration et, le cas échéant, la restructuration nécessaire? Suffiront-elles encore si des problèmes inattendus surgissent? Qui au sein de la direction est responsable de l’intégration et de la gestion future? Scénarios de sortie Que ferons-nous si pour une raison ou une autre l’acquisition ne fournit pas les résultats escomptés? Avons-nous un scénario de sortie acceptable? Source: UBS outlook UBS outlook Conseil d’administration 41 Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration Le prix payé pour une entreprise correspond rarement au montant de l’évaluation La valeur effective d’une entreprise résulte du prix que l’acquéreur est prêt à payer. Ce «prix du marché» dépend fortement de l’attrait qu’une société présente pour son acquéreur potentiel, de l’environnement actuel de la branche (situation de concurrence) et des intérêts propres de l’acquéreur et du vendeur. Le prix obtenu est généralement plus élevé s’il y a simultanément plusieurs acquéreurs intéressés ou si sa réflexion stratégique sur les perspectives et les synergies possibles amène un investisseur à évaluer l’entreprise à un montant nettement plus haut que le vendeur. Le recours à des méthodes d’évaluation différentes et les divergences entre les attentes de l’acquéreur et celles du vendeur donnent souvent un écart de prix étendu que seule une habile négociation permet de franchir. Si le prix payé excède la fortune nette au bilan, la différence est qualifiée de «goodwill» et l’acquéreur doit la porter comme telle au bilan. Assurer préalablement le financement Dans la mesure où il n’y a pas de fusion prévue, le financement à court et long terme d’une acquisition doit être assuré à l’avance. La meilleure solution, eu égard aux coûts, au potentiel de valeur ajoutée et à la couverture des risques, met souvent en œuvre divers instruments de financement par des fonds propres et des fonds étrangers. Un de ces instruments est l’échange d’actions. Le financement d’acquisitions de grande ampleur exige une expérience spécifique (financial engineering). Dans la plupart des cas, il est fait appel pour cela aux services d’une banque d’investissement de premier ordre. Examiner la possibilité d’un désinvestissement comme option stratégique Il existe plusieurs cas où la vente d’une société ou de la majorité du capital-actions peut constituer la bonne solution pour l’entreprise concernée et les actionnaires. Cela se produit souvent lors de problèmes imminents de succession dans l’actionnariat d’une entreprise familiale. Mais une vente d’entreprise peut aussi être motivée par de trop petites parts de marché, un besoin en capitaux trop élevé ou un potentiel de croissance qui ne peut se réaliser qu’en association avec une plus grande entité. La volonté de concentrer les ressources, en particulier le capital et les capacités de gestion, est une forte motivation à se séparer d’un secteur de l’entreprise. Dans d’autres cas, les activités sont segmentées afin que la direction ait plus de flexibilité et de liberté d’action ou pour permettre une acquisition des activités par le management (management buy-out, MBO). Les solutions stratégiques de ce genre sont désignées par les termes de spin-off ou company deconstruction. Le prix possible dépend de la stratégie de vente MBO MBI Valeur calculée de l’entreprise IPO Investisseur institutionnel ou financier Prime de contrôle Discount de fidélité 1 Potentiel de hausse Source: UBS outlook 42 UBS outlook Conseil d’administration Discount de liquidité 1 Investisseur stratégique Prime de synergie Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration Les projets d’acquisition et de vente d’entreprises ont besoin d’être appuyés par des professionnels Les exigences qu’imposent l’achat ou la vente d’une société ou d’une participation sont élevées, parce qu’il s’agit presque toujours de régler rapidement de nombreuses questions complexes et imbriquées touchant à la stratégie, aux opérations, aux finances, à la fiscalité, au droit et au personnel. Le conseil d’administration aura avantage à solliciter à temps l’appui de personnes compétentes, que ce soient des banques d’investissement renommées, lesquelles possèdent des équipes pluridisciplinaires expérimentées pour les M&A avec des spécialistes de chaque branche, des conseillers d’entreprise ou des études d’avocats. Les situations de crise Une entreprise se trouve en situation de crise dès le moment où les affaires courantes ne peuvent plus être menées dans des conditions normales. Plus le conseil d’administration tardera à identifier cette évolution, plus il sera difficile d’écarter les menaces. Lorsqu’une crise survient, il appartient au conseil de tout mettre en œuvre afin de préserver la société d’autres dommages, en faisant passer l’urgent avant l’essentiel. Une crise est presque toujours source de stress et de surcroît de travail pour les administrateurs. Comment surviennent les situations de crise? Il est très rare que les crises soient dues exclusivement à des cas de force majeure (catastrophes) ou à des facteurs externes sur lesquels il est impossible d’exercer une influence. Elles sont souvent le résultat de faiblesses dans la conduite, de décisions erronées et d’omissions. Elles peuvent aussi survenir lorsque la direction de l’entreprise et le conseil d’administration ignorent les signaux d’alarme et l’évolution peu réjouissante des affaires. Il peut même arriver que le conseil d’administration hésite à prendre des mesures, alors que la crise stratégique latente a déjà débouché sur une crise de productivité. Il arrive fréquemment aussi qu‘il ne réagisse pas avec la rapidité et la résolution nécessaires à une crise de liquidité évidente. L’expérience montre que les éléments suivants sont des facteurs typiques de crise: une comptabilité déficiente couplée à un controlling insuffisant, une structure complexe avec facturations internes et financements transversaux, des investissements malheureux portant sur de gros montants et une accumulation importante de risques (surtout à l’étranger), des affaires de complaisance et des malversations commises par des collaborateurs. Reprendre le contrôle de la situation Lorsque la crise a été reconnue, le conseil d’administration a le devoir de reprendre dès que possible le contrôle de la situation, d’adopter immédiatement les mesures drastiques qui s’imposent et d’informer à ce sujet. Pour le conseil, la question la plus urgente et Les crises d’entreprise se développent en quatre phases petits Marge de manœuvre, potentiel d’opportunités forts Indices révélateurs, potentiel de menace Crise de liquidité Crise de rentabilité Crise de développement Crise stratégique faibles grands long Délai d’alerte court Source: UBS outlook UBS outlook Conseil d’administration 43 Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration la plus importante est de savoir si l’entreprise se trouve dans une crise de liquidité insurmontable ou si elle est en état de surendettement. Dans un tel cas, il faut immédiatement rechercher des solutions satisfaisantes avec l’aide des parties prenantes au capital (actionnaires, banques, créanciers). Si cela n‘est pas ou plus possible, ou ne l‘est pas assez rapidement, la procédure de faillite est inéluctable et la meilleure issue est encore bien souvent le sursis concordataire. Si en revanche une solution est trouvée et si les mesures qu’elle implique sont acceptées par toutes les parties, la société procède à une opération appelée retournement (turn around). Assurer les liquidités Si l’entreprise ne se trouve pas dans une situation de grave surendettement, les gestionnaires de crise ont pour mission première et essentielle de lui assurer des liquidités. La réduction de l’état des débiteurs (en recourant par exemple à l’affacturage, Factoring) et des stocks, la vente d’actifs non indispensables à l’exploitation (p. ex. des immeubles), la vente et la réutilisation d’actifs immobilisés selon un procédé de cession-bail (sell and lease back) ne sont que quelques-unes des mesures à envisager. En situation de crise, il convient aussi d’utiliser toutes les possibilités imaginables pour réduire à court terme et systématiquement les dépenses courantes, ne serait-ce que provisoirement. Aborder correctement un retournement La gestion d’un retournement commence par une brève analyse de la situation, limitée à l’essentiel. Il convient ensuite de fixer des priorités afin de définir le plus rapidement possible des solutions efficaces aux problèmes les plus urgents et de les mettre en œuvre sans délai. Ce n’est que dans une seconde phase que les responsables peuvent concevoir des stratégies d’avenir et planifier les mesures à long terme qu’elles impliquent. Dans un retournement, les malentendus et les erreurs sont presque inévitables. Il est normal qu’il y ait des résistances, mais elles doivent être résolument écartées. Au début de cette phase, l’atmosphère dans l’entreprise sera inévitablement tendue, mais la tension se relâchera très souvent à l’apparition des premiers résultats positifs. Les questions essentielles pour le conseil d’administration en cas de crise de l’entreprise Liquidité Pour combien de temps les liquidités sont-elles encore assurées? Quelles mesures pourrions-nous prendre pour nous aider à nous procurer rapidement des liquidités afin d’assurer une poursuite de l’exploitation? Endettement L’entreprise est-elle en situation de surendettement? Devrions-nous faire évaluer nos actifs et nos passifs aux valeurs actuelles de continuation et de liquidation, soit par un organe de contrôle, soit par des réviseurs indépendants? Retournement Dans les conditions actuelles, est-il réaliste d’envisager un assainissement ou devons-nous recourir à d’autres solutions (p. ex. vente de l’entreprise, respectivement de ses actifs)? Un sursis concordataire pourrait-il réduire ou éviter les pertes pour les créanciers et faciliter la poursuite de l’exploitation? Politique d’information Qui doit informer les banques créancières et, le cas échéant, les actionnaires et autres investisseurs? Quand et comment? Faut-il essayer d’obtenir un sursis concordataire? Ressources de gestion Disposons-nous des ressources de gestion adéquates pour réaliser un retournement rapide et durable? Avons-nous besoin pour cela d’un gestionnaire de crise? Faut-il remplacer les cadres et, si oui, qui, quand et comment? Mesures d’urgence Que pouvons-nous et devons-nous entreprendre immédiatement pour reprendre le contrôle de la situation? Responsabilité Avons-nous en tant que conseil d’administration fait tout ce qu’il fallait pour éviter des actions en responsabilité? Tout a-t-il été mis en œuvre afin de réduire les conséquences de la crise pour l’entreprise et les personnes concernées, créanciers, collaborateurs, clients et actionnaires? Source: UBS outlook 44 UBS outlook Conseil d’administration Les défis particuliers que doit relever le conseil d’administration Changer le management? En situation de crise, il se pose la question fondamentale de savoir si la direction en poste est en état de réaliser un retournement rapide. L’expérience montre qu’il faut souvent faire appel à un gestionnaire de crise externe capable d’appliquer les mesures nécessaires sans préjugés mais de manière conséquente et rapide. Des cadres jeunes sont généralement plus aptes à modifier les structures établies, à concevoir de nouvelles stratégies et à regagner la confiance des collaborateurs, des clients, des fournisseurs et des bailleurs de fonds. Il faut donc qu’une partie au moins de la direction responsable de la crise soit remplacée au plus vite. Cela peut aussi s’avérer nécessaire au niveau du conseil d’administration. Collaborer avec les bailleurs de fonds Il n’est guère possible de surmonter une situation de crise sans une collaboration étroite et empreinte de confiance réciproque avec tous les principaux bailleurs de fonds (banques, fournisseurs). Une information franche et exhaustive et une attitude correcte à tous égards sont le meilleur moyen d’instaurer l’indispensable confiance. Afin de maintenir les limites de crédit existantes ou même d’obtenir de nouvelles liquidités, il est nécessaire de mener des négociations bien souvent difficiles et de longue haleine. Il s’agit avant tout d’une tâche du conseil d’administration (en tant que représentant des actionnaires) et de la direction. Ces négociations débouchent la plupart du temps sur un accord moratoire dans lequel sont consignées précisément les conditions d’octroi ultérieur de crédit par les banques et, le cas échéant, par d’autres bailleurs de fonds. UBS outlook Conseil d’administration 45 Thèses sur le conseil d’administration et la création de valeur Thèses sur le conseil d’administration et la création de valeur Thèse 1 Procéder à une estimation réaliste de l’entreprise et de son potentiel Le conseil d’administration comprend l’importance stratégique des forces et des faiblesses, des opportunités et des menaces. Il veille à ce que l’évolution des marchés, de la clientèle, des produits et des technologies de l’entreprise soit évaluée de manière réaliste et dans une perspective d’avenir. Thèse 2 Prévoir des ressources en étant conscient des risques et les utiliser pour créer de la valeur Le conseil d’administration veille à assurer un financement suffisant pour la mise à profit des opportunités et la couverture des risques. Il fait en sorte que le capital, les collaborateurs et l’infrastructure de la société soient employés essentiellement à la création de valeur élevée et durable. Thèse 3 Placer aux postes dirigeants des personnalités soucieuses d’apporter de la valeur Le conseil d’administration place aux postes dirigeants des personnalités dotées de compétences techniques et humaines aptes à mener l’entreprise avec le souci de créer de la valeur. Il a la responsabilité de favoriser une culture d’entreprise axée sur la création de valeur. Thèse 4 Axer les investissements sur la création de valeur Le conseil d’administration apprécie systématiquement les projets d’investissement en fonction de leur potentiel de valeur ajoutée. Il agit en pleine conscience des risques et s’assure que le montant de la valeur attendue soit supérieur au coût des ressources mises en œuvre. Thèse 5 Augmenter durablement la valeur de l’entreprise Par toutes ses décisions, le conseil d’administration vise une augmentation durable de la valeur de l’entreprise. Il le fait notamment en vue des changements possibles dans l’actionnariat ou par des transactions en relation avec un projet de cotation en bourse. Thèse 6 Accroître la valeur par l’achat ou la vente d’entreprises Le conseil d’administration examine soigneusement l’achat d’entreprises, eu égard surtout à leur savoir-faire, à leurs parts de marché et à leur potentiel de création durable de valeur. Il vend les parts de sociétés dont la valeur ajoutée est insuffisante, notamment lorsque cela permet de se concentrer sur des secteurs à plus forte valeur ajoutée. Thèse 7 Cultiver les valeurs et assurer l’avenir de l’entreprise Le conseil d’administration fait en sorte que les valeurs existant au sein de l’entreprise et utiles à son avenir soient cultivées et utilisées de la meilleure manière pour augmenter la création de valeur. Il identifie les erreurs d’appréciation stratégiques et les échecs opérationnels et prend à temps des mesures correctives. Pour éviter la destruction de valeur, particulièrement lorsqu’une crise d’entreprise semble surgir, il agit de manière énergique et résolue. 46 UBS outlook Conseil d’administration Sources d’informations Sources d’informations Pour la préparation de ces ateliers de travail et la rédaction de cette publication, UBS outlook a consulté de nombreuses sources. Les titres énumérés ci-dessous se sont avérés particulièrement utiles et offrent une vue d’ensemble des divers aspects. Les informations pertinentes pour la pratique peuvent être utiles aux entreprises, aux conseils d’administration ainsi qu’aux directeurs et dirigeants intéressés. Publications UBS outlook Crises d’entreprise: Eviter ou surmonter les crises d’entreprise Assurer une gestion responsable de l’entreprise. Percevoir les changements au sein de l’environnement. Réagir rapidement aux écarts par rapport aux objectifs. Assurer la liquidité. Assainir le bilan. Travailler avec les banques. Traiter correctement les procédures de sursis concordataire et de liquidation. Edition en 2005, numéro de référence 82265F Croissance d’entreprise: Planifier et réaliser une croissance d’entreprise Mettre au point une stratégie de croissance durable et axée sur la valeur. Les innovations comme principal vecteur de croissance. La croissance organique. La croissance grâce à la collaboration. La croissance par les acquisitions. Financer la croissance. Edition en 2005, numéro de référence 82525F Gestion des risques: La conduite d’entreprise consciente des risques Identifier de façon précoce les perspectives et les dangers dans un environnement dynamique, les analyser dans leur intégralité et les gérer efficacement. Réédition en 2005, numéro de référence 80231F Succession dans l’entreprise: Un défi pour les entrepreneurs, les conseils d’administration et les actionnaires familiaux La planification de la succession, une tâche stratégique de la direction. La succession à la tête de l’entreprise. La succession financière. Les pièges à éviter. Les options stratégiques pour des solutions individuelles de succession. Réédition en 2005, numéro de référence 81976F Pour commander les publications citées ci-dessus, contacter: UBS SA, Economic Information Center CK9K, Case postale, 8098 Zurich, Fax 044 234 99 34, E-mail [email protected], www.ubs.com/outlook Bibliographie Code suisse de bonne pratique pour le gouvernement d’entreprise Cet ouvrage a été élaboré en collaboration avec des représentants des banques, des sociétés cotées, des investisseurs, des caisses de pension, des analystes financiers ainsi que des milieux académiques. Il s’appuie sur les normes et tendances internationales tout en tenant compte de la situation propre à la Suisse. Böckli, P.; Economiesuisse, 2002, 32 pages. Corporate Communication Ouvrage de référence qui présente les multiples aspects de la communication d’entreprise illustrés par des études de cas. Argenti, P.A.; 3ème édition, Mc Graw-Hill, Boston et al., 2005, ISBN 0-0711-5136-2 (en anglais) UBS outlook Conseil d’administration 47 Sources d’informations Développement durable et gouvernement d’entreprise: un dialogue prometteur Cet ouvrage apporte aux responsables économiques et politiques des réponses de fond à la question «Peut-on concilier logiques financières et responsabilité sociale de l’entreprise?». Il démontre aussi l’intérêt d’utiliser le gouvernement d’entreprise et explique en quoi les actionnaires peuvent faire évoluer les entreprises vers une meilleure prise en compte de leur responsabilité sociétale. Wiedemann-Goiran, T., Perier, F., Lépineux, F.; Editions d'Organisation, 2003, 295 pages. La stratégie de la valeur. L’évaluation d’entreprise en pratique Ce livre montre d’abord quel est l’enjeu d’une évaluation rigoureuse des entreprises dans une économie mondialisée où ces dernières font l’objet d’un véritable «marché de la prise de contrôle». Il importe donc de bien acheter ou de bien se vendre. Savoir ce que l’on vaut et valoir cher, telle est la règle du succès. Copeland, T., Koller, T., Murrin, J.; Editions d’Organisation, 2002, 593 pages. ISBN 2-7081-2662-8 Le gouvernement d’entreprise comme idéologie Cet ouvrage étudie, d’une part, la question de l’évolution du libéralisme et, d’autre part, le thème du gouvernement d’entreprise. Il est bâti sur les hypothèses suivantes: • L’existence de deux modèles de gouvernement d’entreprise, à savoir: le modèle ingéniérique et le modèle financier. Ceux-ci montent en puissance de manière alternative. • La réapparition de la rente financière positive à partir des années 80 remplace la vocation sociale de l’entreprise au profit de création de valeur financière. • La tendance de la norme à se substituer à la loi. Pesqueux, Y.; Ellipse, 2000, 268 pages. ISBN 2-7298-7901-3 Les leçons d’Enron: capitalisme, la déchirure Cet ouvrage met en évidence la faillite du système de contrôle du pouvoir économique et financier. Il se base sur le rapport du Sénat américain qui est accablant: des dirigeants trop ambitieux, une gestion du risque trop audacieuse, des financiers et des administrateurs peu scrupuleux, une croyance partagée et euphorique dans l’autorégulation du capitalisme financier. Il faut donc repenser les règles et les principes du gouvernement d’entreprise: les droits, les devoirs, les contrôles mais aussi les fonctions de tous les acteurs, dirigeants, actionnaires, fonds de pension, intermédiaires, analystes financiers et autorités de régulation. Frison-Roche, M.-A.; Autrement Frontières, 2003, 180 pages. ISBN 2-7467-0294-0 Lexikon Value Management Ouvrage en deux parties: la première contient quatre articles qui présentent le management de la valeur, la seconde propose une centaine de brefs articles qui en expliquent les notions fondamentales. Spremann, K., Pfeil, O.P., Weckbach, St.; Oldenburg Verlag, 2001, 421 pages. ISBN 3-4862-5724-2 (en allemand) Principes de gouvernement d’entreprise de l’OCDE Ces principes ont trait aux cinq principaux domaines suivants: les droits et la protection des actionnaires; le traitement équitable de toutes les catégories d’actionnaires, y compris les actionnaires minoritaires et étrangers; le rôle des employés et des autres intervenants; la communication en temps opportun et la transparence de la structure organisationnelle et des opérations qui ont une incidence importante sur le rendement des sociétés; les responsabilités des conseils d’administration et des gestionnaires face à l’entreprise et aux actionnaires. Ces principes et ces recommandations n’ont pas de caractère contraignant et découlent d’une vision commune des éléments les plus importants d’un bon cadre de gouvernement d’entreprise. Organisation de Coopération et de Développement Economique, OCDE, 2004, 77 pages. 48 UBS outlook Conseil d’administration Sources d’informations Verwaltungrat als Gestaltungsrat Ouvrage collectif qui décrit les tâches des conseils d’administration liées à la conduite et à la surveillance des entreprises en Suisse. Les thèmes essentiels y sont présentés de manière exhaustive et précise, dans un langage accessible. Biland, S., Hilber, M. L.; Weka Verlag AG, 1998, 220 pages. (en allemand) Adresses Internet De nombreuses informations sur le thème du corporate governance sont disponibles sur Internet. UBS outlook a sélectionné quelques sites intéressants: www.swx.com Code de conduite et directives appliquées par la SWX Swiss Exchange en matière de publication d’informations sur l’entreprise. www.corpgov.net Portail d’accès aux sites traitant du corporate governance, contient aussi des recommandations bibliographiques, des articles et des liens avec d’autres sites. www.icgn.org Site de l’International Corporate Governance Network qui propose une présentation historique, des directives, une liste de comités et un agenda d’activités et de conférences organisées par ce réseau international. www.oecd.org Principes de gouvernement d’entreprise appliqués par l’OCDE et commentaires des directives émises à ce sujet par l’organisation. www.economiesuisse.ch Code suisse de bonne pratique pour le gouvernement d’entreprise. Glossaire Ce glossaire comprend de courtes définitions de quelques notions et abréviations importantes pour les conseils d’administration. Le choix a été opéré par les rédacteurs d’outlook en collaboration avec le professeur Prof. Dr. Klaus Spremann, de l’Institut des banques et finances de l’Université de Saint-Gall. Balanced scorecard (BSC) (tableau de bord prospectif) Le balanced scorecard associe des indicateurs financiers traditionnels avec des indicateurs non financiers qui devraient jouer un rôle moteur dans les résultats à venir. On vise ainsi un équilibre entre perspectives de conduite quantitatives et qualitatives, à court et à long terme. Les résultats sont mesurés par des points (scores). Benchmark (valeur de référence) Valeur de référence spécifique et autant que possible exprimée quantitativement pour comparer des prestations de différentes organisations. Le meilleur résultat connu a droit à la distinction «Best Practice». Ces repères sont généralement fixés sur la base de comparaisons effectuées à l’intérieur d’une entreprise ou entre plusieurs organisations (spectre comparatif). Ils peuvent se référer aussi bien à des prestations quantitatives (rendement) qu’à des caractéristiques de produits ou de services, et à des projets ou des processus générateurs de valeur ajoutée. UBS outlook Conseil d’administration 49 Sources d’informations Corporate governance (gouvernement d’entreprise) Concept de conduite globale, pleinement assumée et tournée vers la création de valeur. Au sens large, il faut entendre l’attitude juridique, culturelle et institutionnelle d’une entreprise. L’objectif est de satisfaire au mieux les différents intérêts du public, de l’Etat, des actionnaires, du management, des collaborateurs, des fournisseurs et des autres parties prenantes. Les profits et les risques de l’activité de l’entreprise doivent être répartis de manière appropriée. Au sens restreint, le corporate governance désigne une conduite d’entreprise irréprochable aux plans légal et institutionnel, disposant des mécanismes de contrôle nécessaires à cet effet et propre à assurer une indemnisation suffisante des parties prenantes au capital-risques. Discounted free cash-flow (DFCF) (valeur actualisée nette) La méthode du DCF est un instrument permettant de déterminer le rendement et d’évaluer des entreprises ou des projets. L’évaluation repose sur trois postulats: 1. La valeur d’une entreprise ou la valeur ajoutée d’un projet correspond à la valeur actualisée de tous les cash-flows qui seront dégagés. 2. Comme ils se fondent sur des projections et des valeurs empiriques, les cash-flows à venir représentent des attentes ou des estimations. 3. La valeur actualisée est obtenue en escomptant tous les cash-flows futurs à un taux d’actualisation (coût du capital) conforme au risque et au marché. Due diligence Examen minutieux d’une entreprise ou des informations mises à disposition en rapport avec une transaction prévue. Cet examen porte sur tous les aspects décisifs aux niveaux stratégique, opérationnel, juridique, financier, fiscal et environnemental. C’est sur cette base que les acquéreurs intéressés apprécieront notamment les risques existants et le bien-fondé du prix de vente. Going private Conversion d’une entreprise cotée en bourse en une société dont les actions ne sont plus négociables publiquement (l’action inverse du «going public»). Going public Entrée en bourse. Voir sous «initial public offering (IPO)». Initial public offering (IPO) Première offre d’actions d’une entreprise à un large public, conjointement avec une cotation dans une ou plusieurs bourses. L’opération peut prendre la forme d’une émission de nouvelles actions (augmentation de capital) ou de vente d’actions par leurs actuels détenteurs. International Accounting Standards (IAS) Normes de présentation des comptes axées sur les besoins en informations des parties prenantes au capital propre. Elles sont éditées par l’International Accounting Standards Committee, fédération internationale des associations d’organes de révision des comptes. Investor relations On désigne ainsi l’ensemble du réseau de relations et la communication professionnelle qu’une entreprise établit avec ses actionnaires et les banques (en particulier les analystes). Elles ont pour but d’encourager l’attrait de l’entreprise sur le marché des capitaux et de soutenir ainsi le cours des actions et faciliter l’acquisition de capital ou la rendre moins coûteuse. Organisation non gouvernementale (ONG) Organisation non légitimée par un Etat. Il s’agit le plus souvent de groupements d’intérêts poursuivant des objectifs précis (p. ex. associations de protection de l’environnement). 50 UBS outlook Conseil d’administration Sources d’informations Private equity Participations aux fonds propres (capital-risques) d’une entreprise non encore cotée en bourse. Les investisseurs (financiers, fonds) exigent généralement un siège au conseil d’administration et prévoient une IPO dont ils attendent un gain élevé sur le capital. Recommandations relatives à la présentation des comptes (RPC) Normes de présentation des comptes publiées par la Chambre fiduciaire suisse. Shareholder value (valeur obtenue pour les actionnaires) Pour qu’il y ait shareholder value, il faut que les entreprises privilégient dans leur action les intérêts de leurs actionnaires et cherchent à créer une valeur. Stakeholder value (valeur pour les ayants droit) Pour qu’il y ait stakeholder value, il faut que les entreprises créent une valeur ajoutée proportionnée pour tous les milieux directement ou indirectement intéressés. Il y a lieu pour cela de tenir compte non seulement des actionnaires (shareholders), mais aussi des collaborateurs, des clients, des fournisseurs et des intérêts du public et de l’Etat (voir aussi corporate governance). Structure du capital Rapport que l’entreprise définit elle-même entre fonds propres et fonds étrangers, respectivement la combinaison de divers genres et sources de capitaux. US Generally Accepted Accounting Principles (US GAAP) Normes obligatoires pour la présentation des comptes aux Etats-Unis. Elles se fondent d’une part sur des règles formelles et de l’autre sur des principes communiqués de manière spécifique. Valeur ajoutée La valeur ajoutée est la différence entre le produit net obtenu (prix ou chiffre d’affaires) et les coûts occasionnés. En termes d’économie d’entreprise, elle inclut également les coûts salariaux et le coût du capital. Ils ne sont toutefois pas pris en compte pour la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), parce que par principe, seuls les impôts perçus en amont sur des rémunérations par des tiers pour des marchandises et services peuvent donner droit à une déduction. Value chain (chaîne de valeur) Chaîne de création de valeur, succession de niveaux reposant les uns sur les autres et contribuant chacun à une prestation d’entreprise globale (produit, service). Les différentes activités génératrices de valeur ajoutée (étapes de travail) peuvent se dérouler à l’intérieur de l’entreprise ou à l’extérieur (sous-traitance). La valeur est notablement accrue lorsque les différents processus sont judicieusement mis en relation. Value drivers (générateurs de valeur) Principaux facteurs qui influencent la création de valeur au sein de l’entreprise. Venture capital (capital-risque) Capital propre ou capital étranger subordonné mis à disposition d’une entreprise lors de sa fondation ou dans les phases précoces de son développement. Le capital-risque est généralement fourni par des investisseurs privés disposés à prendre des risques et expérimentés (branches, technologies) ou des sociétés financières. Les investisseurs siègent habituellement au conseil d’administration et jouent un rôle actif dans la conduite de l’entreprise en lui offrant leur savoir-faire et leur réseau de relations. Plus tard, au moment de vendre leur participation, ils attendent un retour sur investissement à la hauteur du risque assumé. Weighted average cost of capital (WACC) Coût moyen pondéré des capitaux d’une entreprise. Il correspond au rendement qu’elle vise à long terme pour l’ensemble de son capital. Le WACC inclut un supplément pour risque spécifique selon la branche et les affaires traitées. UBS outlook Conseil d’administration 51 UBS outlook 7 thèses sur le conseil d’administration et la création de valeur Thèse 1 Procéder à une estimation réaliste de l’entreprise et de son potentiel Thèse 2 Prévoir des ressources en étant conscient des risques et les utiliser pour créer de la valeur Thèse 3 Placer aux postes dirigeants des personnalités soucieuses d’apporter de la valeur Thèse 4 Axer les investissements sur la création de valeur Thèse 5 Augmenter durablement la valeur de l’entreprise Thèse 6 Accroître la valeur par l’achat ou la vente d’entreprises Ce papier écophile a été fabriqué à partir de cellulose blanchie sans chlore. Imprimé en Suisse janvier 2006. 81783F Thèse 7 Cultiver les valeurs et assurer l’avenir de l’entreprise