4
Introduction
Depuis sa découverte en 1945 par Zavoisky, la Résonance Paramagnétique Electronique
(RPE) s'est rapidement développée et a été appliquée dans de nombreux domaines de recherche. La
RPE est essentiellement une technique de spectroscopie haute résolution dont le domaine spectral
s'étend entre 1 et 100 GHz. La RPE diffère des autres méthodes de spectroscopie en ce sens qu'elle ne
s'applique qu'aux matériaux paramagnétiques dont les niveaux d'énergie peuvent être ajustés par
l'application d'un champ magnétique. Une excitation magnétique (radiation micro-onde) permet d'induire
des transitions entre les niveaux d'énergie et de faire entrer le système en résonance. La fréquence
exacte de l'excitation à la résonance n'est pas seulement déterminée par le champ magnétique
extérieur, mais aussi par les moments magnétiques propres au matériau et susceptibles de générer des
champs magnétiques internes importants. L'expérience proposée permettra aux étudiants d'une part de
se familiariser avec les techniques expérimentales utilisées en RPE, d'autre part d'étudier le
phénomène de résonance dans divers échantillons.
I) Introduction théorique et principe de la résonance paramagnétique
électronique
Classiquement, les propriétés magnétiques d'un système de n électrons peuvent être
caractérisées par une grandeur vectorielle notée et appelée "le vecteur moment magnétique". Il est
possible, à partir de , d'avoir accès à d'autres quantités d'intérêt pour le système telle que son énergie,
son aimantation etc... Par exemple, considérons un petit aimant libre possédant un moment magnétique
. Sous l'action d'un champ magnétique extérieur
statique et uniforme, il s'exerce sur ce
dernier un couple de force
tel que
où
est l'induction magnétique. Ce couple
de forces a tendance à orienter le moment magnétique de l'aimant dans la même direction et le
même sens que l'induction magnétique. Par ailleurs, l'énergie du système est donnée par
.
En analysant les extremum de E par rapport à l'angle formé entre
et (c'est à dire en cherchant
tel que
), on remarque qu'il existe deux positions d'équilibre pour le système magnétique :
- équilibre stable lorsque est parallèle à
, dans ce cas l’énergie est minimum avec
- équilibre stable lorsque est parallèle à
, dans ce cas l’énergie est minimum avec
Cette approche simple et classique peut être appliquée au cas d'un électron, possédant lui
aussi un moment magnétique orbital et de spin. Cependant, la nature quantique de ce dernier entraine
un traitement différent du problème. En effet, le moment cinétique total d'un atome ou d'un ion composé
de n électrons est quantifié et, en l'absence de champ magnétique, l'énergie du système est 2J+1 fois
dégénérée. Ici, J fait référence au moment cinétique total de sorte que la grandeur J(J+1) est valeur
propre de l'opérateur quantique
.Concrètement, J est obtenu en considérant les règles de Hund qui
définissent les règles de remplissage des orbitales électroniques d'un atome ou d'un ion. Ainsi, J diffère
selon la nature du composé chimique étudié. A titre d'exemple, le tableau ci-dessous décrit de manière
intuitive la manière dont fonctionnent les règles de Hund pour le remplissage des électrons de la couche
3d :