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Edito : Mettre en mouvement le territoire autour
d'une économie porteuse de sens
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Conférence-débat : "Des principes aux
pratiques, une économie sociale et solidaire
vivante et innovante"
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Atelier 1 : Quelles richesses produites par
l'économie sociale et solidaire sur le territoire 6
Atelier 2 : Associer les usagers, les
bénéficiaires ou les clients : une gouvernance à
inventer
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Atelier 3 : Hybridation des ressources :
stratégies et pistes à explorer 8
Atelier 4 : Créer son projet sous forme
associative ou coopérative : quels statuts 9
Table-ronde collectivités territoriales : Quelle
place et quels intérêts d'avoir des acteurs de
l'économie sociale et solidaire en mouvement
dans les territoires ?
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Liste des participants 12
Remerciements 14
2
Sommaire
Mettre en mouvement le territoire autour d'une économie
porteuse de sens
Le 2ème forum des acteurs de l'économie sociale et solidaire
s'est tenu le 29 novembre 2012 dans les locaux de l'Institut du
Travail Social Pierre Bourdieu à Pau. C'est avec plaisir que la
Communauté d'agglomération Pau-Pyrénées a accueilli 250
participants représentant près d'une centaine d'organisations
venus de l'agglomération paloise et plus largement
d'Aquitaine ou de Midi-Pyrénées.
L'ambition première de ce forum était de rassembler le plus largement
possible les acteurs qui souhaitent construire une culture commune de
l'économie sociale et solidaire et se mettre en réseau au-delà des frontières
habituelles de leur action. Au regard des échanges spontanés qui ont su
naître au cours de cette journée, le pari nous semble réussi et à renouveler.
Le deuxième objectif était de questionner les principes, les finalités de
l'économie sociale et solidaire et découvrir les façons dont ils se traduisent
dans les expériences et les pratiques des associations, des coopératives, des
mutuelles ou des entreprises solidaires. Chacun a eu l'occasion, soit lors des
ateliers d'échanges d'expériences, soit lors des différentes interventions en
plénière, de prendre un moment de recul et de réflexion par rapport à son
action quotidienne.
Pour capitaliser et garder une trace de la richesse de cette journée, nous vous
invitons à parcourir les pages de ce compte-rendu pour retenir les idées
essentielles ressorties des nombreux échanges.
Nous tenons à renouveler nos remerciements aux partenaires de l'économie
sociale et solidaire et aux autres collectivités territoriales qui ont contribué à
l'organisation et à l'animation de ce forum.
En attendant l'organisation d'une 3ème édition, la Communauté
d'agglomération Pau-Pyrénées vous invite à imaginer et entreprendre des
projets qui répondent aux défis sociaux et environnementaux de demain en
s'inscrivant dans une économie porteuse de sens.
Bien cordialement,
Nicole Juyoux
Conseillère communautaire déléguée à l'économie sociale et solidaire
Communauté d'agglomération Pau Pyrénées
3
E dito
Des principes aux pratiques, une
économie sociale et solidaire vivante
et innovante
Robert Lafore, Enseignant-chercheur Sciences-Po Bordeaux
Renoncer à penser l'économie sociale et solidaire comme un
système unifié
A l’origine, selon Robert Lafore, l'économie sociale et solidaire est un
conglomérat d’activités qui ont procédé d’expérimentations, sans théorie
générale. Leurs conditions d’apparition et de développement sont variables et
s'inscrivent dans des législations très diverses (sociétés d'assistance
mutuelle, coopératives de
consommateurs,
associations loi 1901, etc.).
Les acteurs se sont saisis
de ces instruments dans
une logique ascendante
pour traiter des problèmes
qui échappaient à la
réponse individualisée ou
pour faire face à
l'impuissance de la
bureaucratie étatique ou
l'absence de réponse du
marché.
L'économie sociale et
solidaire traduit ainsi la
capacité d’une société à se
prendre en charge elle-
même. Elle prend la forme
d’une "auberge espagnole"
(ouverte, plastique,
indéterminée) qui montre
un kaléidoscope très
disparate de structures et
d'initiatives. L'économie
sociale et solidaire est
constituée d'une dimension
inéluctable de bricolage et
pour laquelle il faut
renoncer à une pensée de système et d'unité.
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C onférence-débat
Sur l'agglomération paloise, un sentiment
d'appartenance à constituer
Un groupe d'étudiants (Diplôme d'Etat Ingénieur Social) de
l'ITS de Pau a enquêté trois associations, une entreprise
d’insertion, une mutuelle et une SCOP de l'agglomération
paloise avec l'appui méthodologique de Sciences-Po
Bordeaux.
Façonnées par des logiques ascendantes, des origines
historiques et des choix de statuts différents, les étudiants
ont constaté une grande hétérogénéité au sein de ces
structures ; l'économie sociale et solidaire apparaissant
comme une référence secondaire, voir lointaine.
Néanmoins, des principes et des valeurs, tels que l'homme
au centre des préoccupations, la solidarité, l'intérêt collectif,
le bénévolat, l'engagement citoyen, guident ces structures
sans être nécessairement revendiqués. Deux principes
constituent plus particulièrement les bases d'une culture
commune :
la mobilisation des usagers ou des salariés
comme moteur de l'action et du fonctionnement des
structures,
l’utilité sociale du projet, certes mise en œuvre
différemment mais qui contrecarre la vision simplement
opérationnelle du choix de tel ou tel statut.
La tension entre les contraintes de gestion économique et
la mise en œuvre de ces valeurs ressort comme une
problématique partagée.
Une économie de la médiation dans une société de clivages
Dans les sociétés modernes, trois espaces sont en tension :
L’espace politique qui construit une communauté d’appartenance, faisant
appel à la figure du citoyen avec des droits politiques basés sur des phénomènes
de domination et de consentement,
L’espace de la vie privée et l'épanouissement d'un sujet libre,
L'espace du marché dont la tendance naturelle est de transformer le sujet
en marchandise, en chose.
L'économie sociale et solidaire, en constituant des groupes intermédiaires
pour éviter d'être seul face au pouvoir politique ou de devenir un instrument
de production, est une protestation permanente face au risque d'éclatement
de la société. L’ESS, avec pragmatisme, est guidée par l'utopie de la
réconciliation possible du sujet, du producteur et du citoyen.
Dans une société de clivages, la suppression du capitalisme et de l’Etat ne
paraissant pas des hypothèses réalistes, Robert Lafore invite à renoncer à
penser l'économie sociale et solidaire comme un modèle pur et global en
capacité de remplacer les systèmes actuels.
L'économie sociale et solidaire constitue plutôt un système de médiation et un
élément d'autorégulation de la
démocratie qui permettent de défendre
les intérêts collectifs face au pouvoir du
politique et de marché.
Redonner de la substance à l'action démocratique de
l'économie sociale et solidaire
Face aux tendances à l'instrumentalisation de l'ESS par l'Etat (par exemple
sur les mutuelles) ou par le marché (par exemple sur les coopératives), un
des grands enjeux de l'économie sociale et solidaire est de repenser son
action démocratique et ses modes de gouvernance. L'enjeu est de dynamiser
la logique ascendante par la mobilisation des usagers, des clients et du
bénévolat. Pour structurer le milieu, il y a nécessité de décloisonner, de
favoriser les passerelles et créer des lieux d'échanges entre les initiatives.
L'ESS ne doit pas être un adjuvant de la puissance publique
Dans un contexte de perte de confiance du citoyen vis-à-vis du politique et de
crise économique, l'économie sociale et solidaire peut proposer des espaces
de solutions et de médiation afin d’éviter la casse du sujet (exclu du système
au même titre que le producteur). Pour ne pas être instrumentalisé, l'ESS doit
défendre auprès de l'Etat une forme de souplesse et de liberté d'initiatives
pour pouvoir expérimenter.
L'économie sociale et solidaire doit, par ailleurs, lutter contre une vision
uniforme portée au niveau de l'Union européenne qui promeut le principe de
libre concurrence et qui a tendance à nier la façon de produire les biens et
services qui n'est, pourtant, pas neutre. Il s'agit ainsi de faire reconnaître
auprès des pouvoirs publics les apports des structures au-delà du service
qu'elles rendent. La reconnaissance des services sociaux d'intérêt général
dans la réglementation européenne est ainsi un enjeu majeur.
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