POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
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usage, de sa pertinence, de son utilisabilité ou de
son acceptabilité (Cf. Encart 2, page 5).
Le domaine H&S, dans un contexte professionnel,
a, et de manière croissante depuis quelques années,
la particularité d’être soumis aux attentes des utili-
sateurs, issues de leurs usages du quotidien. Ainsi le
domaine H&S est devenu le cadre dans lesquels se
rencontrent les innovations, la diffusion et l’usage
des technologies particulièrement dynamiques
dans le domaine de l’interaction Homme-Homme,
Homme-système en termes de concepts, produits et
systèmes qui sous-tendent, facilitent, construisent
ou diffusent ces interactions.
Si, dans le monde des facteurs humains, la coopé-
ration entre les acteurs des sciences traditionnelles
du domaine est acquise et habituelle, il n’en est pas
de même pour les coopérations plus larges et trans-
versales tant vers le monde des sciences de l’ingé-
nieur que vers le domaine des sciences humaines
et sociales. De plus, le travail collaboratif entre les
sciences humaines et sociales et les sciences de
l’ingénieur est encore marginal et se restreint à des
actions ponctuelles. On sent, à cet égard, une réti-
cence de certains acteurs à réaliser un saut culturel
tel qu’il existe, par exemple, dans les pays anglo-
saxons et les pays du Nord de l’Europe (on peut ci-
ter, par exemple, la propension des universitaires
anglo-saxons à s’immerger dans les milieux en
charge de la sécurité, afi n d’étudier et de proposer
des modes d’organisation, des usages, …).
En termes d’enjeu pour la Défense et pour la concep-
tion ou l’évolution de ses systèmes parfois de très
grande taille qu’elle utilise, le domaine Homme et
systèmes doit apporter des éléments de connais-
sances qui facilitent la naissance de concepts sys-
tèmes et leur traduction en spécifi cation, ainsi qu’à
leur usage et à la formation et l’entraînement des
utilisateurs (individus, groupes, organisations).
La capacité à observer l’homme, isolé ou en collec-
tif de travail, comme agent d’un système complexe
ou d’un système de systèmes, peut être à la fois un
moyen pour identifi er ou faciliter l’émergence de
nouveaux concepts et pour suivre leur cycle de vie
jusqu’à la qualifi cation et l’usage opérationnels du
système.
Des collaborations avec le domaine I2R et l’abord
sous l’angle de l’agent Humain, individuel ou collec-
tif, des aspects cognitifs et socio-organisationnels,
doivent exister pour le domaine des systèmes de
système. Cet abord centré sur l’homme doit exister
tant pour l’ingénierie et la gestion de projets que
pour la défi nition, les spécifi cations, le design et
l’évaluation des réalisations. Cette complémentarité
permettra de construire et réaliser une indispen-
sable intervention pluridisciplinaire, non purement
technologique, de ce domaine par nature complexe.
Les thèmes et les priorités pour le domaine Homme
et Système qui vont être détaillés par la suite ont été
identifi és comme démonstratifs de cette essentielle
pluridisciplinarité et transversalité. Les thèmes choi-
sis se distinguent principalement les uns des autres
par le point d’attaque ou point de vue des problé-
matiques sous-jacentes et par la dimension capa-
citaire qu’ils visent à satisfaire. Ils constituent tant
des axes de recherche, de travail et d’innovation à la
fois génériques et instanciables que des orientations
susceptibles de faire émerger des nouveaux mode
de travail ou d’organisation.
ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES
1. PROTECTION ET VULNÉRABILITÉ
Les confl its récents ont montré une très forte pré-
valence de pathologies psychologiques et psychia-
triques chez les combattants de terrain et y compris
chez des combattants ne quittant pas le territoire na-
tional et exposés à aucun risque d’atteinte physique
(par exemple chez des opérateurs de drones opérant
à très grande distance via des réseaux satellitaires).
Le cadre habituel de ce type de pathologies allant
du syndrome d’épuisement professionnel (burning
out syndrom) au trouble de stress post-traumatique
(PTSD - post traumatic syndrom disorder) est en train
de se modifi er rapidement du fait des évolutions des
confl its et des technologies.
Il pourrait être pertinent de remettre en question
l’approche classique et le modèle habituel de ces
types de pathologies. Des modèles d’interprétation
de prédiction ou de risques différents doivent être
recherchés. De nouvelles approches de traitement
ou de prévention pourraient en découler tant pour
ce qui concerne l’individu lui même mais aussi via
la formation ou l’environnement de travail.
De nouvelles approches ou systèmes de monitoring,
pourraient être recherchés afi n d’identifi er sur une
large plage de temps d’activité des signaux faibles
laissant présager la survenue de telles pathologies.
En termes de protections physiques, de nouvelles
avancées pourront être réalisées dans le domaine
des vêtements et des textiles : protection NRBC
améliorée, nouvelles protections balistiques, tenues
gérant mieux les contraintes mécaniques et ther-
miques liées à l’effort ou à l’environnement. Nombre
de ces avancées sont liées au domaine des nano-
technologies ou des matériaux. Un regard particu-
lier en termes d’utilisabilité et de risque (directive
REACH) devra être précocement assuré pour garan-
tir la possibilité d’usage de nouveaux matériaux ou
dispositifs «près du corps» de l’Homme.
2. DE LA NEURO-ERGONOMIE
À LA SOCIO-ERGONOMIE
Ces champs pluridisciplinaires d’apparition formali-
sée relativement récente constituent des approches
originales et innovantes pour traiter la probléma-
tique des interactions homme-système en capitali-
sant les travaux de neurosciences intégratives, de
neuropsychologie, de psychophysiologie et de so-
ciologie. Les travaux de ces disciplines ont fait pro-
gresser les connaissances sur la compréhension des
interactions de l’homme avec son environnement.
Ces résultats scientifi ques suscitent désormais l’in-