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POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
Protection et vulnérabilité de l’Homme en tant qu’individu appelé à décider et à agir, physique-
ment, cognitivement mentalement et socialement vulnérable.
De la neuro-ergonomie à la socio-ergonomie pour la conception des espaces de travail fondée
sur les sciences de l’ingénieur, les sciences humaines et sociales, les sciences de la forme …
Espaces de travail dont l’homme est une des composantes, à titre individuel ou comme agent d’un
collectif de travail, interagissant à la fois avec d’autres hommes, coopératifs ou non, ou des éléments
matériels ou logiciels, perceptibles ou plus profondément enfouis dans les systèmes.
• Monitoring et modélisation
• Interactions
• Travail collaboratif
Homme et systèmes
de l’Homme en tant qu’individu appelé à cider et à agir, physique-
Thèmes
Priorités 2011-2012
Didier Bazalgette
Responsable du domaine scientifi que
ENJEUX SCIENTIFIQUES
POUR LA DÉFENSE
La recherche et l’innovation dans le domaine Homme
et systèmes agrège par nature de très nombreux do-
maines et disciplines scienti ques qui sont appelés
à concourir à l’amélioration de la qualité de l’inté-
gration et de la capacité de perception, de décision
et d’action de l’Homme dans les systèmes pour une
meilleure effi cience globale de ces derniers. L’intérêt
de ce domaine concerne tout autant le monde de la
défense que le monde civil.
Le domaine peut être considéré comme fortement
dual. Pour les aspects Défense, des particularités
adviennent du fait du contexte d’emploi (environne-
ment à risque, partie adverse par nature peu coo-
pérative, forte pression temporelle et forte incerti-
tude). Les actions multinationales ont, de plus, pour
particularité de solliciter des collectifs de travail de
très grande taille, constituant de fait des systèmes
de systèmes, rassemblant des cultures métier et in-
dividuelles très différentes. Cette particularité na,
milieux de la sécurité ou domaine fi nancier interna-
tional exceptés, quasiment pas d’équivalent dans le
monde civil.
Dans ces contextes, tout élément ou système inté-
grant l’homme peut bénéfi cier d’innovations issues
du domaine. Le domaine s’intéresse donc et s’ap-
puie sur de nombreux domaines scientifi ques et
techniques allant des sciences humaines et sociales
SHS (sociologie, psychologie, communication,
ethnologie, anthropologie, droit, sciences affectives,
…) jusqu’a l’automatique, l’informatique et l’ingé-
nierie autour des disciplines centrales du domaine
(facteurs humains, neurophysiologie, physiologie
de la perception, processus de raisonnement et de
décision, ergonomie, biomécanique, design, science
de la forme, …). Ainsi, le domaine H&S constitue
par essence l’interface entre ces difrents champs
de connaissance.
Cette interdépendance entre les technologies, les
modes d’organisation et l’Homme, conditionne donc
l’effi cacité des systèmes de systèmes spécifi ques de
la Défense, dans lequel l’Homme a sa place à titre
individuel ou collectif au sein des organisations de
travail, de la plus petite à la plus grande.
De fait, ce domaine est aussi en interaction avec de
nombreux domaines scientifi ques de la MRIS pour
lesquels il est susceptible de répondre à des ques-
tions concernant l’utilisabilité et l’acceptabilité des
possibles innovations qui en sont issus. Par tous ces
aspects le domaine H&S interagit plus particulière-
ment avec les domaines scientifi ques :
Ingénierie de l’information et robotique (I2R),
Nanotechnologies,
Biologie et biotechnologies.
De par sa position et de par sa nécessaire pluri-
disciplinarité, l’évaluation des projets du domaine
H&S sera plus facilement réalisée au travers d’une
métrique de type SRL (System Readiness Level) que
d’une métrique de type TRL, car cette dernière ris-
querait de ne mettre en avant qu’une part des re-
cherches ou innovations, limitée à une composante
technique ou technologique évaluée hors de son
POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
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Domaine 8
usage, de sa pertinence, de son utilisabilité ou de
son acceptabilité (Cf. Encart 2, page 5).
Le domaine H&S, dans un contexte professionnel,
a, et de manière croissante depuis quelques années,
la particularité d’être soumis aux attentes des utili-
sateurs, issues de leurs usages du quotidien. Ainsi le
domaine H&S est devenu le cadre dans lesquels se
rencontrent les innovations, la diffusion et l’usage
des technologies particulièrement dynamiques
dans le domaine de l’interaction Homme-Homme,
Homme-système en termes de concepts, produits et
systèmes qui sous-tendent, facilitent, construisent
ou diffusent ces interactions.
Si, dans le monde des facteurs humains, la coopé-
ration entre les acteurs des sciences traditionnelles
du domaine est acquise et habituelle, il nen est pas
de même pour les coopérations plus larges et trans-
versales tant vers le monde des sciences de l’ingé-
nieur que vers le domaine des sciences humaines
et sociales. De plus, le travail collaboratif entre les
sciences humaines et sociales et les sciences de
l’ingénieur est encore marginal et se restreint à des
actions ponctuelles. On sent, à cet égard, une réti-
cence de certains acteurs à réaliser un saut culturel
tel qu’il existe, par exemple, dans les pays anglo-
saxons et les pays du Nord de l’Europe (on peut ci-
ter, par exemple, la propension des universitaires
anglo-saxons à s’immerger dans les milieux en
charge de la sécurité, afi n d’étudier et de proposer
des modes d’organisation, des usages, …).
En termes d’enjeu pour la Défense et pour la concep-
tion ou l’évolution de ses systèmes parfois de très
grande taille qu’elle utilise, le domaine Homme et
systèmes doit apporter des éléments de connais-
sances qui facilitent la naissance de concepts sys-
tèmes et leur traduction en spécifi cation, ainsi qu’à
leur usage et à la formation et l’entraînement des
utilisateurs (individus, groupes, organisations).
La capacité à observer l’homme, isolé ou en collec-
tif de travail, comme agent d’un système complexe
ou d’un système de systèmes, peut être à la fois un
moyen pour identi er ou faciliter l’émergence de
nouveaux concepts et pour suivre leur cycle de vie
jusqu’à la qualifi cation et l’usage opérationnels du
système.
Des collaborations avec le domaine I2R et l’abord
sous l’angle de l’agent Humain, individuel ou collec-
tif, des aspects cognitifs et socio-organisationnels,
doivent exister pour le domaine des systèmes de
système. Cet abord centsur l’homme doit exister
tant pour l’ingénierie et la gestion de projets que
pour la défi nition, les spécifi cations, le design et
l’évaluation des réalisations. Cette complémentarité
permettra de construire et réaliser une indispen-
sable intervention pluridisciplinaire, non purement
technologique, de ce domaine par nature complexe.
Les thèmes et les priorités pour le domaine Homme
et Système qui vont être détaillés par la suite ont été
identifi és comme démonstratifs de cette essentielle
pluridisciplinarité et transversalité. Les thèmes choi-
sis se distinguent principalement les uns des autres
par le point d’attaque ou point de vue des problé-
matiques sous-jacentes et par la dimension capa-
citaire qu’ils visent à satisfaire. Ils constituent tant
des axes de recherche, de travail et d’innovation à la
fois génériques et instanciables que des orientations
susceptibles de faire émerger des nouveaux mode
de travail ou d’organisation.
ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES
1. PROTECTION ET VULNÉRABILITÉ
Les con its récents ont montré une très forte pré-
valence de pathologies psychologiques et psychia-
triques chez les combattants de terrain et y compris
chez des combattants ne quittant pas le territoire na-
tional et exposés à aucun risque d’atteinte physique
(par exemple chez des opérateurs de drones opérant
à très grande distance via des réseaux satellitaires).
Le cadre habituel de ce type de pathologies allant
du syndrome d’épuisement professionnel (burning
out syndrom) au trouble de stress post-traumatique
(PTSD - post traumatic syndrom disorder) est en train
de se modi er rapidement du fait des évolutions des
confl its et des technologies.
Il pourrait être pertinent de remettre en question
l’approche classique et le modèle habituel de ces
types de pathologies. Des modèles d’interprétation
de prédiction ou de risques différents doivent être
recherchés. De nouvelles approches de traitement
ou de prévention pourraient en découler tant pour
ce qui concerne l’individu lui même mais aussi via
la formation ou lenvironnement de travail.
De nouvelles approches ou systèmes de monitoring,
pourraient être recherchés a n d’identifi er sur une
large plage de temps d’activité des signaux faibles
laissant présager la survenue de telles pathologies.
En termes de protections physiques, de nouvelles
avancées pourront être réalisées dans le domaine
des vêtements et des textiles : protection NRBC
améliorée, nouvelles protections balistiques, tenues
gérant mieux les contraintes mécaniques et ther-
miques liées à l’effort ou à l’environnement. Nombre
de ces avancées sont liées au domaine des nano-
technologies ou des matériaux. Un regard particu-
lier en termes d’utilisabilité et de risque (directive
REACH) devra être précocement assuré pour garan-
tir la possibilité d’usage de nouveaux matériaux ou
dispositifs «près du corps» de l’Homme.
2. DE LA NEURO-ERGONOMIE
À LA SOCIO-ERGONOMIE
Ces champs pluridisciplinaires d’apparition formali-
sée relativement récente constituent des approches
originales et innovantes pour traiter la probléma-
tique des interactions homme-système en capitali-
sant les travaux de neurosciences intégratives, de
neuropsychologie, de psychophysiologie et de so-
ciologie. Les travaux de ces disciplines ont fait pro-
gresser les connaissances sur la compréhension des
interactions de l’homme avec son environnement.
Ces résultats scientifi ques suscitent désormais l’in-
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POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
Actions prioritaires 2011– 2012
1. MONITORING ET MODÉLISATION
Le monitoring de lopérateur est une action qui peut
être envisagée sous plusieurs formes et dimensions
et aller bien au delà du monitoring de l’état de san-
habituellement seul mentionné sous ce vocable.
Le monitoring doit être envisagé tant dans une di-
mension individuelle que collective et systémique.
Lanalyse de l’activité ou des capacités individuelles
ou collective et la dynamique des états d’un sys-
tème doivent permettre den identifi er les potentiali-
tés opérationnelles et la qualité des actions ou létat
et l’évolution de sa dynamique interne.
Selon la dimension ou le type du système, ce moni-
toring peut être assupar des capteurs directement
au contact ou près de l’opérateur ou réalisé à partir
de l’analyse en temps réel des actions ou décisions
des acteurs humains ou de l’évolution du vecteur
d’états du système.
Domaine 8
térêt des facteurs humains et l’application de ces
modèles à l’ergonomie a donné très récemment
naissance à ce nouveau courant aux Etats-Unis.
Des premières études fi nancées par notamment par
l’USAF (US Air Force) ont permis de proposer une
théorie générique et novatrice pour la conception
de cockpit totalement adaptée au traitement céré-
bral de l’information.
De manière générale, cette approche a pour but d’ai-
der les opérateurs à mieux interagir avec leur en-
vironnement ou entre eux grâce aux aliorations
des processus de conception, des médias d’interac-
tion, des environnements de travail, de la formation
ou de la dimension organisationnelle des activités.
Ces travaux permettront de mieux comprendre pour
mieux les maîtriser l’apparition de comportements
émotionnels, attentionnels ou de décisions particu-
lières (syndrome de persévération, insensibilité aux
informations d’alarmes…). Ils permettront aussi de
réaliser un design d’environnement de travail ou
d’organisations qui soit justifi é par des éléments de
connaissance relatifs aux « fonctionnements » des
utilisateurs individuels ou en collectifs de travail.
Ces travaux doivent être conduits dans une visée
applicative, vers par exemple, le développement des
contre-mesures cognitives pour aider les opérateurs
et sécuriser le système, ou vers l’optimisation des
processus de formation et d’entraînement ou l’op-
timisation des aspects organisationnels ou déci-
sionnels. Ces travaux permettront enfi n d’assurer
le transfert et la capitalisation vers des domaines
applicatifs (conception d’environnement de travail,
formation, aide à la décision, …) d’un vaste corpus
de connaissances déjà existantes en sciences de
l’homme (neurophysiologie, neuropsychologie, …)
ou sciences humaines et sociales (psychologie, so-
ciologie, anthropologie, théories de la décision …)
ou sciences de la forme (ergonomie, design …).
Cette démarche est aussi menée par la DARPA le
MoD Britannique et la Commission Européenne
(PCRD). Elle est aussi suivie par des actions et des
soutiens de recherche de grands industriels. Au
niveau national, des actions de recherche sont en
cours mais en nombre et en dimension très insuf-
santes eu égard à l’intérêt et aux compétences
existantes. Il est à noter que cet axe de recherche a
aussi été identifi é par l’atelier de réfl exion prospec-
tive PIRSTEC (Prospective Interdisciplinaire en Ré-
seau pour les Sciences et Technologies Cognitives)
soutenu par l’ANR en 2009.
Ces travaux doivent être menés par une approche
pluridisciplinaire la plus large possible et dans des
paradigmes de tâches ayant une valeur écologique
dans les domaines dactions ciblés.
3. ESPACES DE TRAVAIL
Les technologies de l’information permettent au-
jourd’hui la réalisation d’espaces de travail dans les-
quels les opérateurs sont en situation d’interaction
avec des mondes ou des contextes opérationnels
réels, enrichis ou simulés (virtuels). Ces environne-
ments, produits à coût relativement faible permettent
une large palette d’activités telle que l’ingénierie sys-
tème, la formation, l’entraînement ou la réalisation
d’actions opérationnelles. Ces dispositifs présentent
un intérêt particulièrement fort pour la formation au
vue des économies de coût réalisées par rapport à
un usage de systèmes réels et d’une réduction totale
des risques pour les opérateurs et les systèmes. Ils
permettent aussi la réalisation de simulations utili-
sables pour la préparation de missions, le test d’hy-
pothèses technico-opérationnelles, la spécifi cation
et sa consolidation, appuyée sur de l’ingénierie par-
ticipative en interaction avec les utilisateurs.
On constate que ces dispositifs ou ces démarches
sont, à ce jour, faiblement conceptualisés. Les mé-
thodes d’analyse des activités des opérateurs ou
les méthodes de formation sont calquées sur celles
utilisées dans une activité en situation réelle. Elles
sont de plus très faiblement différentielles, pour ce
qui concerne les aptitudes individuelles, les savoirs
initiaux et la progression des compétences. De fait
bon nombre d’informations ne sont pas recueillies
analysées ou valorisées.
Le développement de nouvelles approches de mo-
nitoring des actions et des états de l’opérateur, pré-
sentées ci-dessous comme une des priorités du do-
maine, apportera à ce type de situation des moyens
nouveaux permettant de réaliser une analyse ne
de l’usage et permettra de développer des triques
capables de mieux tracer l’évolution des activités,
des aptitudes ou des compétences.
POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
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Tous ces types de monitoring présupposent, et nont
de justi cation et de pertinence que lorsque l’on
possède des modèles d’activités ou de décisions ou
d’états, cohérents avec et modulables par les infor-
mations issues du monitoring. Ces modèles devront
être suffi samment fi ns, discriminants et robustes
pour permettre de défi nir un ou des états de réfé-
rence, et d’identifi er les précurseurs des situations
de risques voire de danger dans lequel l’opérateur,
le groupe ou le système pourraient se trouver et
justifi er alors la mise en œuvre de contre-mesures
appropriées (aides, initiative mixe, partage d’auto-
rité homme-système, délégation, résilience…) pour
la sécurité et la réussite des actions ou activités en
cours et futures.
Le monitoring individuel réalisé à des ns de sur-
veillance de létat physique ou médical de l’opé-
rateur est actuellement assuré par de multiples
capteurs dont les signaux sont interprétés avec
une approche statistique. La réduction du nombre
de capteurs conditionne l’utilisabilité d’un tel sys-
tème. La recherche de modèles prédictifs est indis-
pensable pour interpréter de manière robuste un
nombre réduit de signaux recueillis. Cet allègement
du système est aussi recherché dans le domaine ci-
vil pour le suivi léger de pathologies chroniques.
Le monitoring de lopérateur à des fi ns de meilleure
effi cience du couple opérateur-système doit être dé-
veloppé tant sur l’aspect instrumentation que sur la
dimension modélisation. La compréhension de l’état
cognitif et de la capacité et qualité décisionnelle,
individuelle, interindividuelle ou du collectif de tra-
vail permettra une approche systémique optimisée
dans le domaine des interfaces adaptatives, ou dans
la réalisation de systèmes mettant en œuvre des
concepts d’aide à la décision, d’initiative mixte ou
de partage d’autorité homme-système.
Les efforts à mener porteront donc sur :
le monitoring individuel de l’état global à partir
d’un nombre réduit de capteurs a n d’identifi er
de nouveaux concepts permettant de proposer de
nouvelles voies pour des systèmes légers et utili-
sables à grande échelle et à faible coût. Les tech-
nologies de capteurs ce titre une liaison avec
le domaine Nanotechnologies pourra être réali-
sée), le traitement du signal et les architectures de
système dans lequel le monitoring individuel sera
réalisé pourront être par la suite étudiés. Des mo-
dèles d’interprétation automatique des données
issues des capteurs en nombre réduit devront être
recherchés ;
le monitoring de l’activité cognitive avec pour
objectif d’identifi er des états de perception, rai-
sonnement, émotion, décision altérés ou à risque
justifi ant la mise en œuvre de contre-mesures co-
gnitives ou de décision peu ou prou automatiques
par le système ;
la production de modèles à différentes échelles
(individuel, interindividuel, collectif de travail,
système) pouvant adresser toutes les compo-
santes de l’opérateur (physiologie, activité, capa-
cités, comportement décisionnel ou social) ser-
vira de base à l’interprétation automatique des
données recueillies ;
les dimensions sociales, sociétales, éthiques po-
tentielles des nouveaux concepts seront systé-
matiquement traités dès le début de la réfl exion
système. Un cadre de référence et d’argumenta-
tion formalisé est à développer pour conduire et
garantir la validité de cette démarche. Face une
forte tendance sociétale de judiciarisation du
monde du travail, y compris militaire, des moyens
d’analyse et de décision devront aussi être mis en
place et formalisées pour rer les implications de
la mise en œuvre en contexte opérationnel de tels
principes, dispositifs ou systèmes. Les aspects
médicaux légaux, hygiène et sécurité des condi-
tions de travail (HSCT), responsabilité sociale des
entreprises (RSE), responsabilité individuelle des
décisions seront traités de la même manière.
2. INTERACTIONS
Le domaine de l’interaction est un domaine très
vaste et polymorphe et en plein bouleversement et
progression dans le monde civil. Si l’on compare la
situation actuelle de l’interaction de l’homme avec la
machine avec celle d’il y a moins de dix années, on
constate que le monde du quotidien et du loisir est
désormais la référence et le moteur du domaine tant
pour ce qui est des technologies que des usages et
des représentations et des imaginaires individuels,
collectifs et sociétaux.
De nouveaux concepts, technologies, designs et
usages doivent être scientifi quement explorés dans
une approche très pluridisciplinaire et développés
ou adaptés pour une classe d’applications à laquelle
le grand public ne s’est pas encore intéressé et qui
présente un intérêt fort dans le domaine profession-
nel.
Figure 8.1 : En utilisant une table interactive
tactile, un opérateur signale une zone
d’intérêt à un essaim de drones.
REI SUSIE (SUpervision de Système
d’Intelligence en Essaim) - © ENSTB-LUSSI
Domaine 8
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POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
On retiendra en particulier les enjeux suivants :
les moteurs de recherche accessibles à tous sont
pour la plupart très rudimentaires (recherche par
chaîne de caractère et af chage sous forme de
texte). Ainsi la navigation dans des grandes bases
de connaissances doit être améliorée tant au ni-
veau de la recherche, la navigation ou la représen-
tation de l’information (information design) ;
le monde du jeu est en train de rendre « sans état
d’âme » des générations d’adolescents vis-à-vis
de l’automatisation de l’action ou de la décision.
Il est nécessaire d’étudier comment les concepts
d’initiative mixte, d’interfaces adaptatives peu-
vent être intégrés, de manière robuste dans les
systèmes futurs ;
le fort couplage des grands systèmes (transport–
énergie–sécurité par exemple) et le fait que toute
action et décision est perçue ou a des consé-
quences au niveau individuel ou social justi e le
besoin d’outils permettant d’aider à la décision
dans un contexte d’information très riche, mais
aussi incomplet ou contradictoire, ainsi que de
disciplines ou domaines multiples. Ces travaux
concernent tant le domaine de l’ingénierie de l’in-
formation que le domaine H&S ;
en miroir d’une automatisation croissante inéluc-
table, ou d’outils d’aide à la décision, il conviendra
d’explorer, là encore selon une approche pluridis-
ciplinaire et à un niveau individuel ou collectif, la
relation entre con ance, risque et qualité qu’in-
duiront les nouveaux systèmes, les nouveaux
moyens d’échange et d’interaction et les nou-
veaux moyens d’aides à la décision ;
de plus en plus des nouveaux outils et usages du
quotidien (réseaux sociaux, smartphones …) pé-
nètrent dans le monde professionnel. Il convien-
dra, dans un contexte impérativement pluridisci-
plinaire, de tester et valider au regard dexigences
propres à un usage professionnel (robustesse,
traçabilité, cohérence avec des applications pro-
fessionnelles existantes) les risques et opportuni-
tés, conditions et limites d’usage de ces nouveaux
média et supports d’interaction.
Lensemble de ces travaux devront se réaliser à par-
tir de plates-formes expérimentales qui nexistent
pas encore mais devraient à terme se développer par
des associations pluridisciplinaires de laboratoires,
de PME et d’industries (défense, sécurité, énergie,
transports, nance …). Une dimension forte d’ingé-
nierie devra exister en appui de ces plates-formes
ouvertes et rapidement recon gurables, utilisant des
standards en matière d’échanges et de descriptions
de données, de description des réalisations, de mé-
triques dans différents domaines (ergonomie, psy-
chologie, sociologie, utilisabilité, design, concepts
opérationnels, traçabilité …).
3. TRAVAIL COLLABORATIF
Le travail collaboratif est en évolution permanente
depuis une décennie. Laugmentation de connectivi-
té permise par des capacités d’échange de données
croissantes via les réseaux informatiques pouvant
hiculer à un débit important tout type de don-
nées, et le développement et l’usage croissant de
systèmes d’information et de commandement ont
créé de nouvelles formes, possibilités et capacités
de travail collaboratif. Force est de constater qu’il
nexiste pas aujourd’hui quasiment pas de connais-
sances scientifi ques sur les implications indivi-
duelles, sociales, sociétales, organisationnelles
de cette révolution du monde de l’information. De
fait faute d’être identifi ées les conséquences de ces
évidentes implications ne peuvent pas encore se
traduire sur les processus de conception ou innova-
tions en termes de travail d’organisation, de mode
de décision …
Figure 8.2 : Un opérateur ajoute et confronte
son expertise métier dans un outil d’aide à la
cision stratégique multi-domaine (prise en
compte des facteurs sociaux et culturels dans
une situation de stabilisation reconstruction)
REI CALLISCO - Étude d’un environnement
de conception de règles de décision
et de comportement.
© Normind-Intactile Design
Les sciences de l’information ont jusqu’à ce jour
servi de base de structuration et d’architecture tant
pour la défi nition que la conception ou l’usage de
ces nouveaux systèmes. Les spéci cations de ces
systèmes ont bien souvent été réalisées sans re-
mise en cause, par une projection d’organisations
ou de modes de travail ou de formes d’échanges
antérieurs aux technologies de l’information. Si des
modes d’échanges ou d’organisations, parfois très
anciens et antérieurs sont encore utilisés, d’autres
pourtant pertinents, ont été oubliés. Les capacités
d’échange de diffusion et de stockage décuplés et
permis aujourd’hui par l’état de l’art de la technolo-
gie ont été pris en compte comme un simple accrois-
sement sans s’interroger sur les évidentes consé-
quences profondes de ces changements apportés
par des éléments techniques ou technologiques sur
les modes de raisonnement, de décision et de com-
portements individuels collectifs ou sociaux. Les
conséquences inévitables de ces évolutions et pro-
fonds changements de paradigme sur les échanges
et les connaissances en termes de construction pro-
fonde de l’être, du groupe et de la société ont des
implications qu’il conviendrait d’identifi er pour pré-
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