Limiter le réchauement climatique
impose de changer nos modes
de développement
octobre 2015 - egis contact
10
egis contact - octobre 2015
11
Le littoral est la zone
la plus exposée
au changement climatique.
Egis a développé des outils de modélisation
informatiques pour étudier les phénomènes et
leurs évolutions et aménager en conséquence le
littoral en vue de sa préservation. Cette solution
met en avant des techniques de protection
douces, du type « reconstitution » de cordon
dunaire avec végétalisation.
Des comportements plus vertueux…
La congestion du trafic routier
a des conséquences néfastes…
...pour l’environnement, l’économie et la qualité de vie.
Une solution développée par BNV Mobility (filiale d’Egis)
vise à lisser les pics de trafic grâce à une incitation
au changement de comportement des automobilistes.
Le système récompense ceux qui acceptent de
ne pas utiliser leur véhicule aux heures de pointe,
soit en différant leur trajet, soit en privilégiant
les transports en commun ou le covoiturage.
En 2009, cette solution a remporté un franc succès
aux Pays-Bas. Un test est prévu en France.
Des transports urbains
adaptés à la taille des villes…
Face aux nouveaux besoins
des villes en matière de mobilité
durable…
Egis a développé la démarche « tramway autrement »
qui propose quatre familles de tramways ada ptées aux
diverses configurations urbaines : le tram classique,
le tram court, le tram économique et le tram express.
Pour chaque type de tramway, ont été définis
des aménagements urbains spécifiques, des stations
et dépôts, une finesse de desserte, un degré
de technologie, une capacité des véhicules et une
fréquence d’exploitation. Des options sont proposées,
allant des plus qualitatives aux plus optimisées.
U
n coût adapté à la taille
de la ville avec un recentrage
sur les fonctionnalités
essentielles
P
articipe à un aménagement
urbain de qualité
C
hoix d’un système tramway
selon des critères d’utilité,
de performances et de coûts
O
ptimisation des consommations
R
éduction des émissions
par passager transporté
Des sols stabilisés et renforcés…
La disposition en plants serrés
du vétiver…
...une plante aux racines profondes (3 à 4 m),
permet de lutter contre l’érosion des sols et
de stabiliser les talus routiers. Cette solution
a reçu en 2013 le Trophée de l’innovation
et du développement durable de la Caisse
des Dépôts. Utilisée avec succès à Brazzaville
(Congo), elle a permis d’éviter des solutions
de protections lourdes, onéreuses et impactant
le paysage, et a contribué à l’amélioration
des conditions de vie des habitants.
M
oins de gaz à eet de serre
R
éduit les risques santé (stress
au volant, pollution de l’air)
A
méliore la qualité de vie
(gain de temps)
A
ugmente le pouvoir d’achat
des utilisateurs (gain carburant,
moins d’usure de la voiture)
D
iminue les coûts d’entretien
des voiries
P
ermet une analyse coût-
bénéfice spatialisée de
la protection contre les
inondations
R
éduit la vulnérabilité des
hommes et des biens
P
ermet de dégager
des gains sur les plans
économiques, sanitaires et
environnementaux
M
eilleure intégration des contraintes
et risques environnementaux
dans la conception et la gestion
des infrastructures
O
ptimisation des coûts d’investissements
et de maintenance pour l’exploitant
É
valuation des bénéfices socio-
économiques pour les territoires desservis
A
nticipation et gestion des risques
structurels et opérationnels liés aux aléas
climatiques
S
électionner les
projets d’aménagement
cohérents avec le
territoire ayant des
fonctions productives
de valeur
M
inimiser les impacts
des projets et organiser
leur compensation
M
oins polluant que le béton
13
fois moins cher qu’une solution
de type murs gabion ou béton
C
onstitue un habitat pour
la protection de la biodiversité
(faune, flore)
E
nrichit les sols et augmente
leur fertilité
A
bsorbe et fixe le carbone
R
estaure l’équilibre des écosystèmes
perturbés par les travaux routiers
A
ide les décideurs
à optimiser
leurs projets et
à se positionner
sur les choix de
variantes à l’aide
de cartographies,
histogrammes,
tableaux…
A
chage des
émissions de
GES pour chaque
variante
Des crues et des inondations anticipées
Des infrastructures plus adaptées et moins polluantes…
Fort de sa capacité d’innovation, Egis propose aux décideurs
territoriaux des solutions concrètes pour adapter leurs projets
et réduire leur impact environnemental. Dans la perspective
de la Conférence sur le Climat qui se tiendra à Paris
en décembre, Egis a mis en lumière certaines
de ses solutions sur la plateforme web « Solutions Climat
COP21 », un dispositif initié par le Comité 21 et le club
France développement durable pour valoriser les
innovations, produits et services développés
pour le climat à travers le monde.
Tour d’horizon des principales
solutions d’Egis.
+
LES
+
LES
+
LES
+
LES
+
LES
+
LES
+
LES
Les infrastructures
routières sont à l’origine de
plus de 70 % des émissions
de gaz à effet de serre…
...liées au secteur des transports. Aujourd’hui,
la maîtrise de ces émissions est un impératif
dès leur conception. Egis a mis au point un éco-
comparateur de variantes routières, Variways®,
qui permet d’évaluer l’impact carbone d’une
infrastructure routière lors des phases de
construction et d’exploitation au travers de deux
indicateurs : les émissions de gaz à effet de serre
(GES) et la consommation d’énergie.
Le changement climatique induit des
pressions accrues sur les villes.
La résilience urbaine, qui traduit la capacité d’un système urbain à
recouvrer ses fonctions suite à une catastrophe naturelle, devient
un enjeu majeur pour les collectivités locales. La démarche RESILIS
établit une cartographie des vulnérabilités des services urbains
et identifie des solutions techniques pour améliorer la résilience
urbaine de manière globale.
Des villes plus résilientes…
É
valuation de scénarios
multiples de perturbation
à partir de cartographies
A
nticipation des eets
dominos induits
+
LES
Les chiroptères voient leur survie
constamment menacée…
...par les projets de l’Homme (infrastructures, parcs
éoliens, etc.). Afin de contribuer à leur préservation,
Egis a conçu un outil innovant, Bat3Data, qui permet
d’identifier les espèces de chauves-souris, de suivre
et de mémoriser leurs trajectoires en 3D. L’outil a
été testé avec succès sur les autoroutes A406 (sud
de Mâcon) et A65, reliant Langon à Pau. Il a reçu le
Prix « Entreprises et Environnement 2014 » dans la
catégorie « Biodiversité et Entreprises ».
La nature rend de nombreux
services à l’Homme.
Pour mieux intégrer ces services dans les projets
d’aménagement, Egis a créé AULNES, une solution
qui cartographie l’offre de services rendus par
les écosystèmes, estime les pertes engendrées
(valeur économique, environnementale, voire
sociétale), évalue la démarche ERC (Éviter, Réduire,
Compenser) et intègre la perte de « Capital
Naturel » dans le bilan socio-économique des
projets.
Des écosystèmes valorisés et préservés…
D
iérenciation des espèces
et des vols de chaque individu en
présence
I
dentification des corridors
écologiques (trames vertes et bleues)
P
roposition de mesures
d’évitement adaptées et
d’écoconception des ouvrages
É
valuation de la valeur
de la biodiversité et des services
rendus par la nature
É
valuation et analyse des pertes de
services
O
ptimisation de projet, en vue du
maintien de la biodiversité et des
fonctions écologiques associées
+
LES
+
LES
Des bâtiments plus ecients…
Pour des bâtiments moins énergivores,
Egis a conçu Clim’Elioth.
Cet outil d’écoconception permet d’évaluer les besoins et
dépenses énergétiques d’un bâtiment, mais aussi de proposer et
d’optimiser des options architecturales et techniques dès la phase
conception : ventilation naturelle, climatisation, puits canadiens…
Toutes les solutions peuvent être envisagées grâce à ce logiciel,
qui propose une approche énergétique et climatique globale
d’un projet architectural en un faible laps de temps.
C
aractérisation de la
géométrie de la construction
et des propriétés physiques
associées
É
valuation du
comportement thermique
d’un bâtiment
I
dentification en amont des
solutions architecturales
et techniques d’un point de
vue énergétique
+
LES
Changement climatique
se mobilise
Identifier les
vulnérabilités des
infrastructures et évaluer
les risques climatiques...
...auxquels elles sont soumises, c’est
toute l’ambition de la solution GERICI.
Couplée à un SIG, cette démarche
méthodologique évalue la capacité
d’adaptation des systèmes étudiés
(résilience) et identifie les mises à niveau
nécessaires. Cette solution a été testée
sur deux sections autoroutières en France.
Pour aider les territoires
face aux risques d’inondations…
Egis propose un système de prévision, de suivi du
risque, d’alerte contre les crues éclair en milieu urbain
et de gestion de crise. Il privilégie une approche
globale qui prend en compte les aspects économiques,
l’aménagement du territoire, les impératifs sociaux et
la protection de l’environnement. Ce système a reçu le
prix spécial du grand prix national de l’ingénierie.
GRAND ANGLE
Concepteur du long terme Novembre 2015 / N° 39
Changement
climatique
Egis se mobilise
P. 8
Expertise
Lyon: lénergie de
freinage recyclée
et mutualisée
P. 1 4
Grand Angle
Astainable®,
vitrine de
l’innovation
urbaine
P. 5
P. 3 : JEAN JOUZEL
Climatologue, vice-président du groupe scientifique du GIEC
© EGIS - CÉDRICK CHATENET
© GROUPE ROUGE VIF
© ENODO
novembre 2015 - egis contact
2 egis contact - novembre 2015 3
© JEAN CHISCANO
SOMMAIRE
ÉDITO
Dans quelques jours débutera
la 21e Conférence mondiale sur le climat.
Sa réussite est primordiale pour accélérer
la transition vers des sociétés plus résilientes
et sobres en carbone.
En marge des négociations étatiques,
la Cop21 est l’occasion de réunir
les entreprises soucieuses de muter
vers des modèles économiques moins
impactants pour les ressources et le climat,
ainsi que tous les acteurs qui conçoivent
et développent de nouvelles générations
d’équipements, de procédés ou de services
au bénéfice de la planète et du bien
commun.
Partenaire officiel de la Cop21, Egis met
en avant des solutions concrètes
pour atténuer le changement climatique.
Nous nous attachons ainsi à favoriser
la sobriété énergétique dans tous nos
domaines d’intervention, qu’il s’agisse des
bâtiments, des transports ou encore de l’eau.
Nous innovons aussi en faveur des énergies
renouvelables.
Nous travaillons, par ailleurs, à l’adaptation
des territoires et des ouvrages aux effets
du changement climatique : résilience
des infrastructures des villes, impact
sur les bâtiments, les moyens de transport,
les côtes et les cours d’eau, la biodiversité
et plus largement l’environnement et
le cadre de vie.
Vous découvrirez dans ce numéro
quelques-unes des solutions que nous
avons mises au point pour aider les acteurs
territoriaux à faire face aux aléas climatiques,
ainsi qu’un aperçu de notre savoir-faire
international en matière de ville durable.
Egis attend beaucoup de cette rencontre
entre acteurs de différents horizons
professionnels et géographiques.
La dimension internationale est fondamentale
car ces problèmes ne s’arrêtent pas
aux frontières du pays. Elle n’enlève rien
à notre engagement auprès des territoires
en France. Dans nos métiers, il faut être
à la fois très local et savoir travailler avec
tous les talents français et internationaux,
et ainsi traiter des problèmes localisés
en y apportant un savoir-faire universel.
Nicolas Jachiet
Président-directeur général
une publication
www.egis.fr
RÉDACTRICE EN CHEF : ISABELLE BOURGUET
RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINT : SABINE MENDY
RÉDACTION : SYLVAIN RESPAUD, AGENCE ROUGE VIF
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION : SYLVAIN RESPAUD
CONCEPTION, RÉALISATION ET FABRICATION :
www.grouperougevif.fr - ROUGE VIF - 23834
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DU PAPIER COCOON 100 % RECYCLÉ DANS UNE ENTREPRISE
CERTIFIÉE IMPRIM’VERT
PHOTO DE COUVERTURE : P. STROPPA/CEA
EGIS - S.A. RCS VERSAILLES 70 2027376 - ISSN : 2256-8786
Egis
Direction de la communication
15, avenue du Centre - CS 20538 Guyancourt
78286 Saint-Quentin-en-Yvelines Cedex
France
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merci de nous adresser
vos coordonnées :
© RAPHAËL MÉNARD
Grand Prix de l’Ingénierie 2015:
Wind-it remporte le prix Industrie
et Conseil en Technologie !
Dans le cadre du Grand Prix National de l’Ingénierie 2015*, le prix
Industrie et Conseil en Technologie a été décerné au projet de tour
Wind-it, une solution totalement innovante de micro-génération
d’énergies renouvelables développée par Egis et, plus particuliè-
rement, Elioth (entité du groupe Egis, initiatrice du concept), Ergos
Energy Partners (conseil, spécialisé dans le secteur de l’énergie et
l’accompagnement de projets d’énergies renouvelables) et DFI / WLM
(ingénierie, spécialisé dans les pylônes et les structures portantes
pour les relais de téléphonie mobile).
Unique sur le marché du développement durable, la tour Wind-it se
distingue des tours classiques, par son caractère résolument nova-
teur et par l’incroyable ecacité que lui confère sa conception. Elle
repose sur l’intégration d’une ou plusieurs éoliennes à axe vertical
à l’intérieur d’un pylône métallique.
Conçue pour la télécommunication mobile “BTS” (Base Transceiver
Station), elle peut être dimensionnée de sorte à produire des excédents
d’énergie et contribuer ainsi à l’électrification locale, en proposant
un mix robuste dapprovisionnement par les énergies renouvelables.
Elle permet ainsi de réduire de plus de 50 % les coûts énergétiques
d’une tour de télécommunication et de diminuer au moins dans les
mêmes proportions l’émission de gaz à eet de serre.
Début 2015, un prototype grandeur naturen a été mis en service
pour essais et optimisation. Des discussions sont déjà en cours avec
des opérateurs de téléphonie mobile sur plusieurs continents.
* Concours lancé par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de
l’Énergie, le ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, le ministère
du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité et Syntec-Ingénierie, en
association avec le groupe Moniteur.
5/13 GRAND ANGLE
Astainable®, vitrine de
l’innovation urbaine
La “city” lyonnaise
en pleine évolution
LA63 sélargit
dans les Landes
Le Crédit Agricole
de Nantes s’ore
un nouveau siège
Changement climatique :
Egis se mobilise
Monaco : un éco-quartier
gagné sur la mer
Amsterdam révolutionne
le contrôle du
stationnement urbain
D’Ouest en Est, le tram
niçois tisse sa trame…
Audacieux,
même pour IKEA !
Premier lançage du pont
Citadelle à Strasbourg
Un réseau Smart Energy
pour le campus de Saclay
Le prototype Wind-it de 50 m de hauteur, installé début 2015 en Ille-et-Vilaine,
comporte trois modules éoliens.
3/4 L’ENTRETIEN
avec Jean Jouzel,
climatologue, vice-président du groupe scientifique du GIEC
« Limiter le réchauement climatique impose de changer
nos modes de développement »
14 EXPERTISE
Lyon : l’énergie de freinage recyclée et
mutualisée
15 REGARDS &
CONVICTIONS
Quels modes de vie à l’horizon 2030 ?
Par Nathalie Cecutti, chee de la
Mission prospective au Commissariat
général au développement durable
(CGDD)
16 RENCONTRE
Des “Bulles” en Artois-Gohelle :
Rencontre avec léquipe du BHNS
à Béthune
Prix Entreprises & Environnement 2015 :
Egis récompensé pour la démarche ROSAU
Dans le cadre du salon World Eciency 2015, rassemblant des acteurs économiques et politiques en quête de solutions pour les
ressources et le climat, Egis a reçu le prix “Changement climatique”, dans la catégorie “Innovation dans les technologies”, pour sa
démarche méthodologique ROSAU (résilience opérationnelle pour la soutenabilité de l'aménagement urbain), dédiée à l'amélioration
de la résilience urbaine*. ROSAU est une solution simple et puissante dédiée aux collectivités qui souhaitent anticiper les eets
négatifs des perturbations sur le fonctionnement des services urbains de leur ville.
* Capacité d'un système urbain à recouvrer ses fonctions suite à une catastrophe naturelle
L’ÉVÉNEMENT
novembre 2015 - egis contact
2 egis contact - novembre 2015 3
Rester en dessous
de deux degrés
supplémentaires
d’ici 2100, cest se
donner une capacité
dadaptation aux
impacts que cette
hausse engendrera sur
notre environnement.
Nous allons vers un monde diérent, il faut
le faire avec enthousiasme ! Les entreprises
ont un rôle à jouer. Dans l’ingénierie
notamment, il y a beaucoup de pistes
à explorer !
Limiter le réchauement
climatique impose
de changer nos modes
de développement
© P. STROPPA/CEA
JEAN JOUZEL
Climatologue, vice-président du groupe scientifique du GIEC
(suite p. 4)
En tant que vice-président du
groupe scientifique du GIEC (Groupe
dexperts intergouvernemental sur
lévolution du climat), quel regard
portez-vous sur la Conférence de
Paris qui se tiendra en décembre
prochain ?
Jean Jouzel : La mission du GIEC nest pas de
faire des recommandations aux décideurs
politiques, mais d’établir un diagnostic sur
l’ensemble des aspects touchant à l’évolution
du climat. La conférence de Paris sest fixé
comme objectif de limiter la hausse de la
température moyenne de la planète à 2 °C
par rapport à l’ère préindustrielle. C’est un
objectif qui sappuie pleinement sur notre
rapport et auquel j’adhère parfaitement.
Le respecter, c’est se donner une capacité
d’adaptation aux impacts que cette hausse
engendrera sur notre environnement. Si
rien nest fait pour limiter le réchauement,
celui-ci atteindra + 5 °C à la fin de ce siècle et
+ 7 à + 8 °C à la fin du siècle suivant. Ce serait
alors un changement trop rapide pour que
nous puissions nous y adapter.
Vous vous exprimez régulièrement
sur le fait que la communauté
internationale ne doit pas attendre
lentrée en vigueur de laccord de
Paris pour réagir. À quelles actions
pensez-vous précisément en lançant
cet appel ?
J. J. : Pour respecter cet objectif de + 2 °C, on
examine trois périodes successives.
Entre aujourd’hui et 2020 dabord, il faut
impérativement infléchir de façon notable le
rythme daugmentation des émissions de gaz
à eet de serre (GES). Il faudrait que celles-ci
aient diminué de 15 % d’ici 2020, par rapport
au niveau prévu dans le scénario où rien ne
serait fait d’ici là. Il y a urgence, mais les
mesures à prendre ne sont pas inaccessibles.
Un peu dattention, déconomies dénergies et
d’ecacité énergétique de la part de tous les
pays surait pour parvenir à cette inflexion.
Une chose est claire : si on ne fait rien entre
aujourd’hui et 2020, on néchappera pas à un
réchauement à long terme de + 3 °C.
De 2020 à 2050 ensuite, il faut diviser par
trois nos émissions de GES. Cela impose
un changement complet de notre mode de
développement. Cela implique que toutes
les infrastructures, tous les investissements
soient orientés vers une société sobre en
carbone : la construction, les transports, les
usages… Il faut que cette volonté irrigue toute
notre économie.
Enfin, durant la dernière période, qui court de
2050 à la fin du siècle, il faut parvenir à une
neutralité carbone, c’est-à-dire faire en sorte
que nos émissions ne dépassent pas la capacité
d’absorption de l’océan et de la biosphère, pour
parvenir à une stabilisation du réchauement
climatique. C’est techniquement faisable. Cela
passe bien sûr par le développement des
énergies renouvelables. Il est fort probable
que nous ne pourrons pas d’ici là nous
passer complètement du nucléaire, ni des
combustibles fossiles, dont l’utilisation devra
être couplée à des technologies de piégeage
du gaz carbonique. Le rapport du GIEC évoque
également l’utilisation de la bioénergie avec
capture et stockage du carbone (BECCS).
À quelques semaines de la COP21,
des ONG se mobilisent et réclament
à la France une exemplarité
climatique. Que pensez-vous des
mesures proposées ?
J. J. : Pour parvenir à limiter le réchauement
climatique à + 2 °C, il faut au moins diminuer de
moitié les émissions de GES à l’échelle planétaire
d’ici 2050. Bien sûr, les pays développés doivent
faire plus. Il me semble que les objectifs fixés par
la loi sur la transition énergétique et la croissance
verte promulguée cet été, et dont j’ai été un des
co-rapporteurs de l’avis émis par le Conseil
économique, social et environnemental, vont
dans ce sens. Celle-ci fixe en eet à la France
l’objectif de diviser par quatre ses émissions de
gaz à eet de serre d’ici 2050 par rapport à 1990.
Il lui faudra également diminuer de moitié sa
consommation énergétique et porter à 32 % la
part des énergies renouvelables. Reste à voir
maintenant comment cette loi sera mise en
œuvre. Pour tenir ces objectifs, il faut que les
décrets dapplication soient mis en place très
rapidement.
L’ENTRETIEN
novembre 2015 - egis contact
4 egis contact - novembre 2015 5
Les ONG prônent pour leur part un développement
des énergies renouvelables pour atteindre 100 %
du mix énergétique d’ici 2050. Cela sappuie sur
un rapport de lAdeme qui dit que c’est possible.
Pour ma part, je ne suis pas certain que lon puisse
y arriver. Si on regarde à léchelle planétaire, tous
les scénarios pour ne pas dépasser une hausse de
2 °C conservent une part de nucléaire dans leur
mix énergétique. Pour sappuyer uniquement
sur les énergies renouvelables, il faudrait avoir
résolu le problème de leur intermittence avec
des solutions de stockage de lénergie. Ce nest
pas encore le cas.
Je suis par contre parfaitement en accord avec
leur proposition concernant l’arrêt du soutien
à la construction de centrales à charbon à
l’étranger. Quant au financement de la transition
énergétique, l’idée d’une taxe sur les transactions
financières dont les recettes seraient aectées
à la lutte contre les changements climatiques
et les grandes pandémies me semble tout à
fait pertinente, tout comme laugmentation
progressive mais significative de la taxe sur
les émissions de CO2. Enfin, en ce qui concerne
le renforcement du réseau ferré et de la place
du vélo dans les politiques de transports pour
limiter le recours à l’automobile, je suis moi-
même un adepte du train et de la marche !
Jean Jouzel est né le 5 mars
1947 à Janzé, en Bretagne.
Diplômé de l’école supérieure
de chimie industrielle de
Lyon puis d’un DEA, il intègre
le Commissariat à lénergie
atomique et aux énergies
alternatives (CEA) en 1968
pour eectuer une thèse
sur la formation des grêlons.
Il est ensuite enrôlé par
le glaciologue Claude Lorius
pour travailler avec
son équipe sur les carottes
de glace en Antarctique,
dont létude permettra
détablir un lien entre gaz
à eet de serre et climat.
Ce travail aboutit à la
publication en 1987 dans
la prestigieuse revue Nature
d’un ensemble darticles
confirmant ce lien.
Responsable du laboratoire
de géochimie isotopique
du CEA, puis directeur adjoint
du laboratoire de glaciologie
et géophysique de
lenvironnement (CNRS),
il prend la tête du laboratoire
de modélisation du climat
et de lenvironnement du CEA
en 1997. De 2001 à 2008, il
dirige l’institut Pierre-Simon
Laplace, une fédération de
sept laboratoires travaillant
notamment sur les questions
du climat.
En 1994, il intègre le GIEC
(Groupe dexperts
international sur l’évolution
du climat), en tant quexpert
du groupe de travail n°1.
En 2002, le CNRS lui décerne,
conjointement avec
Claude Lorius, sa médaille
dor, plus haute distinction
de la recherche scientifique
en France. En 2007,
le GIEC, dont il assure
la vice-présidence du groupe
scientifique (de 2002 à 2015),
reçoit le Prix Nobel de la paix.
Jean Jouzel est également
membre de nombreuses
académies ou sociétés
savantes. En 2012, il reçut
le Prix Vetlesen considéré
comme le « Nobel des sciences
de la terre et de l’univers ».
Au cours de sa carrière,
il a été lauteur de plus de
400 publications scientifiques
dont une cinquantaine sont
parues dans les meilleures
revues scientifiques (Nature
et Science).
PARCOURS
(suite de la p. 3)
© BANQUE DE FRANCE – PASCAL ASSAILLY
Des épisodes climatiques plus violents et plus nombreux sont prévus à l’horizon 2050
L’État doit faciliter
le déploiement
d’innovations
en adaptant
la réglementation
et en favorisant
la concertation.
Vous appelez à une implication
plus forte de la communauté
scientifique, de la société civile, mais
aussi des entreprises. Qu’attendez-
vous spécifiquement de ces dernières,
et plus précisément, d’un groupe
d’ingénierie comme le nôtre ?
J. J. : Le réchauement climatique est l’aaire
de tous. Les entreprises, au même titre que les
chercheurs, les politiques, les citoyens, ont un
rôle à jouer. D’abord en inscrivant tout ce qui
tourne autour de cet objectif de + 2 °C dans
leur développement. Les entreprises doivent
rechercher toutes les solutions susceptibles
de favoriser la transition vers un monde
plus sobre en carbone. Cela passe bien sûr par
l’innovation et par de la création d’emplois
moins délocalisables. Mais avant tout, elles
doivent y croire. Nous allons vers un monde
diérent, il faut le faire avec enthousiasme !
Dans l’ingénierie notamment, il y a beaucoup
de pistes à explorer, sur les technologies, les
usages, les réseaux.
De nombreuses entreprises
développent des solutions pour
limiter les émissions de GES
ou être plus résilients face au
changement climatique. Pour
autant, les donneurs dordres restent
“frileux” quant à lexpérimentation
de nouveaux procédés et les
réglementations sont souvent
contraignantes. Comment faciliter
le déploiement d’innovations
dans ce contexte ?
J. J. : Cette frilosité des donneurs d’ordres est
une réalité. C’est à l’État de donner l’impulsion,
de favoriser les innovations qui vont dans le
bon sens et de lever les freins lorsque cela
s’avère nécessaire. Quand il faut compter en
France six à sept ans pour parvenir à monter
un parc éolien, contre trois ou quatre ans en
Allemagne, il est clair que l’État doit jouer un
rôle de facilitateur, d’une part en adaptant la
réglementation, d’autre part en favorisant
la concertation. Je suis persuadé que le fait
d’impliquer les citoyens, de leur permettre de
s’investir dans des initiatives innovantes, est
de nature à faciliter leur déploiement.
Aujourd’hui, des chercheurs
travaillent sur des méthodes
de modification climatique.
La “géo-ingénierie” est-elle selon
vous inévitable ? Comment étudier
et expérimenter ces techniques
sur des phénomènes aussi globaux,
tout en maîtrisant les risques ?
J. J. : Je pense que la géo-ingénierie doit être
évitée. Rester en dessous de deux degrés
par rapport à la période préindustrielle est
techniquement possible. Les techniques qui
consistent à jouer aux apprentis sorciers,
par exemple en injectant des aérosols dans
la stratosphère pour imiter ce que font les
volcans afin de faire baisser la température
sont très dangereuses. D’abord parce quon ne
maîtrise absolument pas les eets secondaires
sur les précipitations, la couche dozone. De
plus, si pour des raisons techniques ou
géopolitiques, on est amené à les interrompre,
le réchauement climatique qu’on aura contré
pendant dix, vingt ou trente ans repartira de
plus belle. Cela consisterait donc à laisser une
bombe à retardement pour nos enfants. Essayer
de trouver des solutions pour ne pas réduire
nos émissions et ne pas changer nos modes de
vie est incroyablement égoïste. Éthiquement,
cela me semble tout à fait condamnable vis-
à-vis des générations futures. n
L’ENTRETIEN
novembre 2015 - egis contact
4 egis contact - novembre 2015 5
Astainable®,
vitrine de linnovation urbaine
Le projet Astainable®, qui vise à faire d’Astana, capitale du Kazakhstan, un modèle de ville
durable à l’horizon 2030, est l’occasion pour Egis de faire valoir, aux côtés de grands acteurs
de la construction et de l’énergie, la richesse et l’excellence de son offre en matière de ville
durable. Plein phare sur cette vitrine de l’innovation urbaine “à la française”.
VILLE DURABLE
© ENODO
Perspective sur la base de loisirs Khan Shatyr, Astana.
C
omplexe par nature, la ville concentre
de nombreux enjeux de mobilité,
d’énergie, et plus largement de déve-
loppement durable. Concevoir la ville
de demain implique d’abord de repen-
ser complètement la logique fonctionnelle des
centres urbains, afin daccélérer la transition des
villes actuelles tentaculaires et énergivores, vers
des modèles plus durables, plus ecients et plus
respectueux du bien-être des habitants. C’est
pourquoi Egis, Eiage et ENGIE (ex-GDF Suez)
ont imaginé le projet Astainable®. Cette initia-
tive 100 % française a remporté en février 2014
l’appel à projets émis conjoin tement par le minis-
tère français du Commerce extérieur, la direction
générale du Trésor et la mairie dAstana.
Vers un modèle urbain durable
et attractif
Au cœur de la stratégie “Kazakhstan 2030”,
Astana, nouvelle capitale du pays depuis 1998,
a été choisie pour sa forte volonté politique
de transition vers un modèle exemplaire et
qualitatif de développement urbain. Pour
concrétiser cette aspiration, le collectif dacteurs
économiques et industriels Astainable®, qui
regroupe des entreprises de toutes tailles mais
aussi des pôles de compétitivité et des centres de
recherches de toutes les régions de France, entend
faire la démonstration à l’international du savoir-
faire français en matière de ville durable. Une
aubaine pour Egis, qui dispose d’une expérience
significative dans la conception-construction-
exploitation de grands projets complexes :
« En tant qu’ingénieriste pluridisciplinaire, notre
Groupe a une parfaite légitimité à traiter la question
urbaine dans toutes ses composantes. Ce projet, qui
entend bâtir un écosystème urbain durable dans la
ville d’Astana, représente une vraie opportunité pour
une entreprise française comme Egis de promouvoir
des solutions novatrices et à forte valeur ajoutée
en matière d’ingénierie urbaine, d’écomobilité,
d’énergie… », explique Jean-Michel Ristori,
ancien directeur de la business line My City by
Egis®, porte-étendard de l’ore Egis en matière
de ville durable.
“Innover dans la ville” s’ache ainsi en leitmotiv
des élus, des entreprises mais aussi de tous les
citoyens soucieux d’inventer une nouvelle façon
de vivre la ville. « L’innovation est au cœur des
enjeux et des défis auxquels les villes sont d’ores
et déjà confrontées : une empreinte énergétique
galopante, une congestion des axes de circulation,
des besoins croissants de logements et de services
urbains, des pressions alarmantes sur les ressources
naturelles… Elle est un puissant ressort au service de
la performance urbaine sous toutes ses formes, qu’il
sagisse de favoriser le développement économique
et l’attractivité territoriale, ou d’améliorer la qualité
de vie des citadins. Gageons quAstana, en tant que
territoire-laboratoire de l’innovation urbaine aux
yeux du monde, sera une source d’inspiration
pour bon nombre d’initiateurs de projets urbains
à forts enjeux. » Une conjecture dautant plus
probable qu’Astana a été retenue pour accueillir
l’exposition internationale de 2017 sur le thème
“Énergie du Futur : action pour la durabilité
mondiale.
De l’utilité des démonstrateurs 3D
Contraction d’Astana et du mot anglais sustainable,
Astainable® met en avant un simulateur 3D de
ville durable qui, appliqué au territoire réel,
donne virtuellement l’ensemble des solutions
industrielles, techniques et technologiques
imaginées pour la ville dAstana. « Cet outil de
design urbain interactif permet de donner une
meilleure visibilité à nos solutions françaises en
matière de ville durable, promues à l’export à travers
la marque ombrelle Vivapolis, qui fédère plus de 1 500
acteurs français du développement urbain, explique
Jean-Michel Ristori. Recourir à un démonstrateur
virtuel est également très utile pour expérimenter
une innovation en milieu urbain. Les innovations
que nous proposons structurent le développement
de la ville sous tous ses aspects techniques et
technologiques, à la fois dans le bâtiment, l’énergie,
les transports, leau, la gestion des déchets, les réseaux,
etc. Comme la ville fonctionne de manière systémique,
il est bien souvent dicile, voire impossible de rendre
compte à petite échelle de toute la complexité urbaine.
D’où l’intérêt d’un démonstrateur 3D qui, par une
ergonomie simplifiée et une liberté de conception
accrue, permet de varier les échelles et de visualiser
en conditions réelles les innovations, en mesurant
les retombées concrètes de nos solutions à tous les
niveaux de l’écosystème urbain. »
Au-delà de ces enjeux cruciaux, le démons-
trateur conçu par la société partenaire Enodo,
spécialiste des maquettes urbaines virtuelles
et interactives, contribue à faciliter l’appro-
priation du projet Astainable® par les popu-
lations locales. « Cet outil vient renforcer
l’acceptabilité sociale des innovations par les
utilisateurs eux-mêmes, dont la participation
citoyenne active et consciente est tout à fait
essentielle à l’appropriation des enjeux de la
ville durable », conclut Jean-Michel Ristori. n
My City by Egis®
une vision humaine
de la ville
JEAN-MICHEL RISTORI,
directeur général délégué de Projacs, une société d’Egis
et ancien directeur de la business line My City by Egis®
« My City by Egis® place l’humain au cœur de tout projet urbain. Notre ambition nest pas de
concevoir une ville générique, dont les concepts répétitifs seraient les mêmes aux quatre coins
du monde. Car pour bâtir une ville durable, il faut tenir compte de son histoire, de son climat,
de sa géographie… Nos projets intègrent une dimension sociologique forte, respectent les
lieux, les cultures et les modes de vie des citadins, connectent entre eux les espaces publics et
anticipent leur évolution future. Nous contextualisons à partir des données propres au
territoire, pour faire émerger le projet le plus adéquat et imaginer la façon la plus pertinente
de construire la ville. Nous nous attachons ainsi à faciliter le plus possible la mobilité, à
garantir la salubrité publique en milieu urbain, à penser une société énergétiquement
vertueuse, en développant par exemple les énergies renouvelables ou en rénovant les
bâtiments vétustes, et à améliorer constamment la qualité de vie des riverains. »
© BORIS-YVAN DASSIÉ
Un projet sal
par le ministère
de l’Économie,
de l’Industrie
et du Numérique !
Le 19 octobre, les P-DG d’Egis, Eiage et
Engie étaient réunis à la Maison de la Chimie
à Paris pour présenter l’outil Astainable®, en
présence d’Emmanuel Macron, ministre de
l’Économie, de l’Industrie et du Numérique.
La direction générale du Trésor a financé ce
projet qui renouvelle totalement l’approche
du développement urbain et conforte un
marché en forte croissance à l'international.
Toutes les solutions (350 au total) de ce futur
durable ont ainsi été dévoilées, de
l’écomobilité à la gestion de l’eau, en passant
par la valorisation des déchets, l’agriculture
urbaine et la digitalisation. Le ministre a
salué la portée de cette initiative, qui traduit
le savoir-faire français en matière de ville
intelligente et permet à tous les acteurs
nationaux de coopérer pour répondre à la
complexité du défi urbain.
GRAND ANGLE
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