biologiques doivent s’accompagner d’un phénotypage détaillé de la condition des patients et
permettre de mieux comprendre les caractéristiques (cognitives, émotionnelles et sociales)
associées à la maladie mentale. Parce que la plupart des troubles mentaux sont des maladies
chroniques, une telle biobanque associée à un phénotypage détaillé devrait permettre de
prendre les signatures biologique, psychologique et sociale de ces troubles mentaux à différents
moments de la maladie (durant la crise, lors du traitement et lors du rétablissement). L’analyse
des associations entre biomarqueurs et phénotypes à différents moments de la maladie pourrait
ainsi permettre d’évaluer l’impact de l’environnement et/ou de l’état du patient sur l’expression
de certains gènes (épigénétique), déterminer l’efficacité des médications en lien avec les
différents états biologiques et/ou psychologiques du patient, d’identifier des gènes impliqués
dans la réponse au traitement et identifier les mécanismes à la base de différents troubles
mentaux. Toutefois, à ce jour, aucune biobanque spécialisée en santé mentale et en
phénotypage longitudinal n’existe au Canada ni ailleurs dans le monde (étude McKinsey,
planification stratégique de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine, 2009).
Personnaliser et Participer : Position du problème
Une biobanque et un suivi longitudinal des phénotypes de la maladie mentale ne permettent de
répondre qu’aux deux premiers Ps de la médecine personnalisée (prédire et prévenir). À ce jour,
bien peu de centres de recherche se sont tournés vers des projets novateurs permettant de
répondre aux deux derniers Ps de la médecine personnalisée (personnalisation et participation).
Or, pendant que la recherche est de plus en plus centrée sur le patient, les politiques avancées de
santé mentale et les meilleures pratiques cliniques se dirigent vers des soins de proximité, le
rétablissement et une responsabilisation du patient, bien représentées dans le Plan d’action en
santé mentale du gouvernement du Québec. Cependant, promouvoir l’autonomie du patient
dans la communauté apporte de nouveaux défis : un sentiment d’isolement accru, une
surveillance réduite de la condition et de la compliance médicale de l’usager, un fardeau accru
des aidants naturels et un accès limité au soutien clinique aux moments des périodes de crises.
À ce jour, certaines technologies ont été développées pour permettre d’augmenter la
compliance médicale des patients, mais ces techniques sont souvent jugées stigmatisantes par les
patients (piluliers portatifs, montre de suivi etc.). De plus, le rétablissement des patients
s’accompagne très souvent de rechutes, qui surviennent généralement dans les 30 premiers jours
suivant la sortie de l’hôpital. Cette rechute s’explique en majeure partie par la perte ou l’absence
de réseaux sociaux chez les patients souffrant de troubles mentaux, et par la difficulté de certains
patients et de leurs proches à recevoir de l’information ciblée pour les aider à gérer leur maladie.
Ainsi, une médecine personnalisée de haute qualité doit aussi tenir compte des deux derniers Ps
de la médecine personnalisée, c.à.d., la personnalisation des traitements et du rétablissement, et
la participation active de la part des patients et leurs proches. Toutefois, le système de santé est
limité en termes de personnel et il est souvent difficile de fournir à chaque patient une aide
personnalisée lors du traitement et de la réadaptation. Ainsi, pour aider les usagers à réclamer leur
juste place dans la société, des ressources innovatrices en technologie informatique mobile
doivent être développées pour une utilisation personnalisée chez les citoyens qui vivent avec une
maladie mentale.
LE CENTRE SIGNATURE : POUR UNE MÉDECINE PERSONNALISÉE EN SANTÉ MENTALE
Le Centre de recherche Fernand-Seguin est à la croisée des chemins et a récemment pris un
détour sans précédent vers une science extrêmement innovante de recherche en santé mentale.