Jean-Philippe Billarant
président du conseil d’administration
Laurent Bayle
directeur général
Après l’exposition Figures de la passion qui montrait comment les artistes fran-
çais de l’époque classique (1620-1740) avaient mis en scène les différents
affects humains (entre « ordre » et « désordre »...), la cité de la musique vous
invite à une nouvelle exposition et à une série de concerts intitulées L’invention
du sentiment (du 2 avril au 30 juin). Ces manifestations interrogent, aux sources
du romantisme, le tournant artistique qui s’opère en Europe à partir de 1760 et
qui, au-delà du regain d’intérêt pour l’antique, traduit le besoin de perfection et
de pureté qu’éprouvent nécessairement les sociétés en crise.
Pour prolonger la thématique de L’invention du sentiment, le hautboïste Heinz
Holliger et plusieurs de ses amis musiciens vous proposent un programme
confrontant deux quintettes de Beethoven et de Mozart (témoignant eux-mêmes
d’une certaine « filiation ») à une de ses compositions pour la même formation.
Heinz Holliger sera par ailleurs invité pour un « Domaine privé » à la cité de la
musique, du mercredi 23 au mardi 29 avril 2003 (concerts, films, table ronde).
mardi
18 juin - 20h
salle des concerts Ludwig van Beethoven
Quintette pour piano et vents, en mi bémol majeur,
op. 16 (1796)
grave/allegro ma non troppo, andante cantabile, rondo
(allegro ma non troppo)
durée : 25 minutes
Heinz Holliger
Quintette pour piano et vents (1989)
durée : 15 minutes
entracte
Wolfgang Amadeus Mozart
Quintette pour piano et vents, en mi bémol majeur,
K. 452 (1784)
largo/allegro moderato, larghetto, allegretto
durée : 25 minutes
Sébastien Risler, piano
Heinz Holliger, hautbois
Elmar Schmid, clarinette
Klaus Thunemann, basson
Radovan Vlatkovic, cor
durée du concert (entracte compris) : 1 heure 40
4| cité de la musique
l’invention du sentiment
Ludwig van
Beethoven
Quintette pour piano
et vents, en mi bémol
majeur, op. 16
Ce Quintette exploite une combinaison instrumentale
insolite, témoignage des diverses influences qui ont
pu déterminer Beethoven à ce stade de sa carrière.
En premier lieu, la musique de chambre pour instru-
ments à vent, qui constitue un souvenir direct de la
tradition musicale de la cour de Bonn, tandis que la
formation convoquée est un hommage explicite au
quintette que Mozart composa pour la même formation
et dans la même tonalité. Ensuite, le piano. Instrument
roi, il est également l’instrument de la notoriété de
Beethoven à Vienne. Le jeune compositeur s’y est ins-
tallé en 1792, à l’origine pour prendre des cours de
composition auprès de Haydn. Mais il s’affranchit rapi-
dement de cette tutelle et acquiert une renommée
croissante, principalement fondée sur son talent de
pianiste et son génie d’improvisateur, qui lui valent
d’être constamment sollicité dans les mondanités vien-
noises. En 1796, année de composition du Quintette,
une grande tournée consacre son succès viennois et
le mène à Prague, Dresde, Leipzig et Berlin, à la cour
de Frédéric II. Le Quintette op.16 est créé le 6 avril
1797, avec Beethoven lui-même au piano. Si le
contexte de l’Académie – concert dont les bénéfices lui
revenaient de droit – suggère une certaine émancipa-
tion du compositeur, celle-ci reste encore toute rela-
tive, comme en témoigne la dédicace au Prince Joseph
zu Schwarzenberg, l’un des premiers bienfaiteurs de
Beethoven à Vienne. L’originalité de sa formation, l’ho-
mogénéité de timbres qu’elle permet, apparaît dès la
longue introduction grave du premier mouvement, qui
expérimente toutes les combinaisons sonores. Les
quatre vents, traités à égalité, se répondent, tandis que
le piano dialogue avec eux, isolés ou unis. La virtuo-
sité de l’écriture pianistique repose sur un esprit d’im-
provisation (gammes, travail motivique, reprise ornée
d’un même thème). L’ensemble se distingue donc par
son équilibre, particulièrement sensible dans l’andante
central, d’une douceur toute mozartienne.
Sandrine Blondet
notes de programme | 5
Heinz Holliger
Quintette pour piano
et vents
Wolfgang Amadeus
Mozart
Quintette pour piano
et vents, en mi bémol
majeur, K. 452
C’est une pièce assez rare dans ma production, car
elle ne vient pas d’une nécessité intérieure, mais d’une
circonstance extérieure. J’ai écrit ce Quintette pour
notre ensemble, afin de compléter un programme
fondé sur les quintettes similaires de Mozart et de
Beethoven. […] C’est en fait un duo, une bataille entre
un bloc d’instruments qui forme une unité (les quatre
instruments à vent) et le piano, traité d’une façon très
directe, presque agressive. C’est aussi un essai sur
leurs influences mutuelles […]. Il y a croisement de
deux musiques antagonistes, mais il n’y a jamais véri-
tablement rencontre entre elles.
Heinz Holliger
Unique partition pour piano et instruments à vent dans
la production mozartienne, ce Quintette est, selon une
lettre de 1784 du compositeur à son père, « la meilleure
œuvre qu’il ait écrite jusqu’alors ». Et il n’est pas éton-
nant que Beethoven, dans son propre Quintette op.
16 (1796), prenne modèle sur celui de son illustre pré-
décesseur dont il retient la tonalité générale de mi bémol
majeur, la découpe en trois mouvements précédés
d’une introduction lente, ainsi que le caractère propre
à chacun d’eux (largo, allegro, larghetto et rondo). Écrit
dans le même temps que toute une série de concertos
pour piano, le Quintette K. 452 réalise la fusion de plu-
sieurs genres : concerto de chambre où prédomine le
piano, en particulier dans les deux mouvements vifs ;
symphonie concertante avec vents lorsque le piano
se fait accompagnateur à la manière d’un orchestre ;
sérénade dont le caractère enjoué du rondo finale ne fait
que renforcer l’esprit et nous rappelle que l’œuvre fut
donnée à Vienne, devant le public aristocratique d’une
grande académie de musique ; enfin, musique de
chambre « sérieuse » s’ouvrant sur un largo très expres-
sif auquel fait pendant le mouvement lent de forme-
sonate au développement exceptionnellement long.
Eurydice Jousse
l’invention du sentiment
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