Note d’intention
De quoi avons-nous peur ?
Au départ, l'histoire Quoi ? nous confronte à deux constats opposés :
Je suis ok - contra - Je ne suis pas ok.
Lorsque Caroline est trop honnête pour être polie, Julien lui est trop poli pour être honnête.
Tandis que Julien se rejette, Caroline vit sa vie amoureuse sans restriction si ce n'est qu'elle est en
couple avec F. qui ressent une difficulté à en parler à ses parents. Caroline convaincra F. de délier sa
langue, car elle est persuadée que le mutisme tue à petit feu.
Les personnages sur scène se positionnent par rapport, non seulement, à leur propre histoire
affective, avec une orientation sexuelle qui se définit (Julien) ou qui est confirmée (Caroline), mais
aussi, au courant principal de la société et aux valeurs apprises généralement en famille. Leurs récits
se construisent par juxtaposition pour raconter des faits réels, pour exprimer leur esprit en pleine
tempête, pour enquêter sur les raisons de rejet ou d'actes homophobes et pour analyser des
situations mal comprises.
Ainsi, ils se racontent pour lutter contre l'aliénation, contre la perte de leur identité. Ils se
racontent pour exister, pour dire ce qui est.
Leurs histoires et discours informent et provoquent, dans le but de poser ces questions : Comment
peut-on se construire une identité forte si, à chaque instant, il faut mentir à soi-même et à son
entourage ? Dire à ses parents qu'on va au Cyberespace, alors qu'on a rendez-vous avec sa petite
copine ? Dire qu'on a flashé sur Hicham alors qu'on bleue de Caroline ? Comment vit-on lorsqu'on vit
dans le mensonge ? Comment peut-on être fier de soi ? Comment peut-on même avoir une bonne
estime de soi ?
Et encore :
Comment accepter sa différence ? Comment peut-on s'aimer dans ces conditions-là, voire aimer
quelqu'un d'autre ? Comment vivre avec la peur de l’AUTRE, y compris l’autre en soi ?
En réalité, c'est tout à fait impossible ! Toute l'énergie est mise sur le travail de paraître
« comme tout le monde ».
Les personnes avec un entourage peu ouvert à la diversité sexuelle sont obligées de se gauchir, de se
tordre, de se dénigrer avec la presque impossibilité de se tenir debout. Impossible encore, tel un
bonzaï à qui on coupe constamment les racines et ligote les branches, de grandir et d’aller vers le
soleil de manière sereine.
Bien souvent, les choses que nous ne connaissons pas ou mal, nous font peur.
Le texte et la mise en scène proposent une mise à distance… Il ne s’agit pas de créer un malaise
parmi les spectateurs, mais plutôt de partager un malaise, une incompréhension quant à notre