L`examen du fond d`œil du chien par ophtalmoscopie

L’examen du fond d’œil du chien
par ophtalmoscopie indirecte
PARTIE 1 de 2 : La technique d’examen
Dr Franck Ollivier, DMV, Ph.D, Dipl. ACVO et ECVO
FOCUS | Édition du 1er octobre 2014
L’ophtalmoscopie consiste en un examen du fond d’œil.
C’est une procédure diagnostique dicile à réaliser et à
interpréter mais importante pour le vétérinaire praticien
et qui doit donc être maitrisée. Cet article, en deux
parties, revoit brièvement une des techniques d’examen
du fond, à savoir l’ophtalmoscopie indirecte (partie 1),
avant de couvrir les principaux éléments à observer, leurs
aspects normaux ainsi que certaines de leurs variations
physiologiques et pathologiques sous forme d’un mini-
atlas de plus d’une trentaine de cliqués photographiques
(partie 2, Focus du mercredi 8 octobre 2014).
La technique d’ophtalmoscopie
indirecte
Cette première partie revoit la manière de procéder
à un examen du fond d’œil par ophtalmoscopie
indirecte. Il est bon de temps en temps de bien revoir
les bases; c’est le but de cette partie.
Le principe des techniques
d’examen du fond d’œil
L’ophtalmoscopie directe qui permet d’observer le fond
d’œil à un grossissement plus fort et qui représente une
bonne technique complémentaire de l’ophtalmoscopie
indirecte en cas de petites lésions présentes sur la rétine,
ne sera pas présentée dans ce texte. En eet, il nous semble
important d’insister sur l’intérêt de l’ophtalmoscopie
indirecte pour le vétérinaire généraliste car même si la
technique est plus dicile à maitriser, l’examen du fond
d’œil est plus rapide, donne au clinicien une meilleure
vision d’ensemble du fond d’œil (car le grossissement est
moindre) et se réalise à distance (à bout de bras) donc
de manière plus sécuritaire. Une région plus étendue du
fond d’œil peut être observée (40 degrés avec une lentille
de 20 dioptries) en une fois. L’image obtenue est inversée
ce qui peut prêter à confusion au début, mais une fois la
technique maitrisée, l’examen est plus rapide et susant.
Vue éclatée du fond d’œil normal de chien :
a. tête du nerf optique, b. région tapétale,
c. région non-tapétale, d. vascularisation rétinienne.
a.
b. d.
c.

FOCUS | Édition du 1er octobre 2014
Le matériel nécessaire
L’équipement nécessaire pour réaliser un examen
d’ophtalmoscopie indirecte consiste en une source de
lumière focale puissante (transilluminateur (Fig. 1), un
otosocope) et une lentille convergente.
Une lentille de 20 dioptries (Fig.2) est la
plus communément utilisée mais il peut
s’agir d’une lentille dont la puissance
varie de +5.5 à +90 dioptries selon le
grossissement recherché, la largeur
du champ observé (40 degrés avec la
20D), l’espèce examinée, la taille de la
pupille. En général, plus la puissance
de la lentille est grande, plus le champ
observé est important mais moins le
grossissement est fort. Cet équipement
de base permet une ophtalmoscopie indirecte
monoculaire très satisfaisante
avec l’aide d’un assistant
réalisant la contention de
l’animal. L’utilisation d’un
casque portant la source
lumineuse permet une
observation binoculaire qui a
donc l’avantage de fournir une
vision en relief et aussi de libérer les mains pour tenir
la lentille et manipuler la tête de l’animal; l’acquisition
de ce casque reste cependant très dispendieuse.
Une étape optionnelle mais
facilitatrice : la dilatation pupillaire
Une dilatation avant l’examen à l’aide de tropicamide
1% (mydriacyl) peut faciliter grandement l’examen
du fond d’œil mais celui-ci est possible dans une
pièce sombre et en diminuant l’intensité de la
source lumineuse utilisée. Le tropicamide agit en
15-20 minutes et pour une durée de 4-6 heures. Les
yeux avec des iris foncés nécessitent généralement
des concentrations plus élevées de mydriatique et
prennent plus de temps pour dilater.
Les étapes de la réalisation d’un
examen ophtalmoscopique indirect
Après l’éventuelle dilatation, demander à votre
assistant(e) d’attraper le museau de l’animal avec une
main et de mettre l‘autre main en arrière de sa tête pour
stabiliser celle-ci. Votre main directrice vous servira à
écarter la paupière supérieure (avec le petit doigt) et
positionner la lentille correctement à environ 2 à 4 cm
en avant de la cornée de l’œil examiné (en la tenant
entre le pouce et l’index). Votre autre main vous servira
à tenir la source lumineuse que vous allez positionner
près de votre tempe de telle sorte que votre tête et
la source bougent en un seul bloc. Diriger alors cette
lumière en direction de l’œil à examiner en vous tenant
à la distance d’un bras tendu (50 -70 centimètres), an
d’obtenir le reet du fond d’œil. L’intensité lumineuse
doit être ajustée an de permettre l’examen sans
éblouir trop l’animal et provoquer un myosis. Lorsque
le reet du tapis est obtenu (ce qui sous-entend que
votre œil d’observateur, la source lumineuse et l’œil
de l’animal sont alignés), placer alors la lentille sur
le trajet lumineux, en avant de l’œil du chien. Porter
attention de tenir la lentille de la bonne manière : la
face convexe de la lentille du côté de votre œil, la face
plate de la lentille (souvent marquée par une bague
de couleur) du côté de l’œil de l’animal.
Ophtalmologie
directe
Ophtalmologie
indirecte
Schémas illustrant les deux méthodes d’examen du fond d’œil sur un chien

FOCUS | Édition du 1er octobre 2014
Ophtalmoscopie indirecte réalisée à l’aide d’un casque.
Observer l’alignement entre l’œil du chien, la lentille,
la source lumineuse et les yeux de l’examinateur.
Une fois que le fond d’œil est visible, il faut procéder
à son examen de manière ordonnée, en prenant soin
d’observer la tête du nerf optique (ou papille), la région
du tapis, la région non-tapétale et la vascularisation
de la rétine. Il faut généralement se reprendre à 4 ou
6 reprises pour avoir une bonne idée de l’état du fond
d’œil.
Cette photo illustre la taille de la région observable
par ophtalmoscopie indirecte (sur un fond d’œil
de chat). On se rend compte qu’il faut 3-4 angles
diérents pour couvrir la région tapétale.
En ayant un ordre précis d’examen du fond d’œil
(comme mentionné ci-dessus), il sera plus rare de
manquer des lésions et plus facile de les décrire. Le
nerf optique est facile à identier et à localiser, c’est
pour cela qu’il est généralement observé en premier.
Ensuite le fond d’œil est examiné par quadrant (dans
le sens des aiguilles d’une montre par exemple) , en
s’assurant que les régions tapétale, non–tapétale et la
vascularisation sont examinées.
Il est aussi intéressant de garder à l’esprit que le reet
du fond d’œil peut être masqué par des opacités
présentes au niveau de la cornée (cicatrice, pigments),
du cristallin (cataracte), du vitré (hémorragie, otteurs,
décollement de rétine). Ces lésions sont observées
comme des ombres sur le reet du fond d’œil
(autrement dit, par rétro-illumination). Finalement,
procéder à l’examen du fond d’œil des deux yeux (si
possible) car cela vous donnera plus d’information par
comparaison de vos observations.
En conclusion
L’examen du fond d’œil fait partie de l’examen
physique d’un animal et par conséquent devrait être
réalisé à chaque fois. Le fait de réaliser cet examen
le plus souvent va de plus rendre le praticien maitre
de la technique, familiariser l’œil du praticien à
regarder des fonds d’œil, à connaître ce qui est
normal et du coup, repérer plus facilement ce qui
est pathologique.
La deuxième partie de cet article couvrira sous
forme d’un petit atlas les aspects normaux du fond
d’œil de chien, ses variations physiologiques et
certaines des variations pathologiques… Pour vous
faire patienter jusqu’à la parution de la deuxième
partie… que pensez-vous de ce cliché ? D’après
vous, quelle partie est examinée, chez quelle espèce
et est-ce normal ? …..
Photo mystère
Ne manquez pas la 2e partie
qui paraitra le 8 octobre 2014 !
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