ST 6 "Les apports théoriques et méthodologiques de l`anthropologie

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ST6 : Les apports théoriques et méthodologiques de l’anthropologie
à la science politique
Martina Avanza - IEPI, Université de Lausanne, [email protected]
Cédric Masse - Centre de Recherche en Anthropologie – Institut Universitaire de Lisbonne,
[email protected]
Romain Pudal - CNRS, CURAPP-ESS, [email protected]
Gabriel-Ionut Stoiciu - Institut d’Anthropologie "Fr. Rainer" de l’Académie Roumaine,
[email protected]
Les apports de l’anthropologie politique à la science politique ne sont pas toujours explicitement
reconnus comme tels par les politologues, même si, paradoxalement, ils tendent de plus en plus à
puiser dans ce champ de l’anthropologie, mais aussi, par voie de conséquence, dans
l’anthropologie générale, des méthodes et des théories (incluant des concepts et des objets de
recherche), qui apparaissent comme nouveau en science politique, ce qui contribue à renouveler
les propres méthodes, théories, concepts et objets de recherche de cette dernière discipline. Cette
section thématique poursuit donc une double ambition : d’une part, réfléchir aux apports
théoriques de l’anthropologie à la science politique et montrer, d’autre part, comment les
méthodes d’enquête peuvent s’en inspirer – notamment par le recours à l’ethnographie.
Sur le plan théorique, sans être exhaustif, on peut mentionner l’influence de l’anthropologie
politique dynamiste de Georges Balandier, des approches interactionnistes de l’Ecole de
Manchester, notamment de l’accent mis par Max Gluckman sur les rapports socio-politiques
agonistiques et non-agonistiques. Dans la construction des objets de recherche, les chercheurs en
science politique s’intéressent également aux microcosmes, aux espaces sociaux et
géographiques plus circonscrits ou localisés, et non plus exclusivement à la grande échelle et aux
grandes tendances historiques. De même, des objets traditionnellement conçus comme
totalisants, tels que l’Etat, les organisations internationales, la mondialisation, le développement,
le changement social, sont revus au prisme de la localité et de l’inter-subjectivité, notamment,
par exemple, à la suite de travaux tels que ceux de Marc Abélès, Bruno Latour, Norman Long ou
Jean-Pierre Olivier de Sardan.
Le premier objectif de cette section thématique est donc d’examiner certaines des grandes
contributions théoriques de l’anthropologie politique, et in fine de l’anthropologie, à la science
politique, autrement dit, les applications, les ré-interprétations et les critiques de l’anthropologie
qui sont faites et qui pourraient être encore effectuées dans le cadre de la science politique.
Le second objectif consistera à répondre à la question des spécificités de l’ethnographie
politique. La pratique de l’enquête par immersion, qui était le propre de l’anthropologie, s’est
exportée d’abord vers la sociologie puis, plus récemment, vers la science politique, plus
particulièrement francophone. Dans ce transfert méthodologique, des mutations et adaptations se
sont opérées. Nous pensons tout particulièrement à trois points :
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1- Quel rapport politique à l’objet politique ?
Quand on enquête ethnographiquement sur des entreprises politiques et notamment sur des
entreprises de mobilisation, on est souvent sommé de dire où l’on se situe politiquement et de faire
avec (ou contre) nos convictions politiques. Comment se gèrent dans ces cas-là le rapport d’enquête
et la distance à l’objet ? Peut-on enquêter en militant et comment ? Ou, à l’inverse, peut-on enquêter
sur des entreprises politiques qui sont aux antipodes des convictions du chercheur et comment ?
2- L’ethnographie pour saisir LE politique ?
L’ethnographie a souvent été mobilisée par les politistes pour dépasser une vision étriquée
de LA politique et saisir ce qu’on appelle LE politique et notamment les « rapports ordinaires » des
« citoyens ordinaires » à la sphère politique au sens large. Mais ce type d’enquête pose une question
méthodologique cruciale : quelles procédures d’enquête pour retrouver les sens de la pratique des
acteurs sociaux ?
3- Les « mixed methods » en science politique, un bon mélange ?
La légitimité des méthodes ethnographiques étant encore discutée dans la discipline, les
recherches en science politique font souvent un usage combiné et non exclusif de ces dernières.
Dans ces enquêtes, comment, réellement, faire dialoguer données quantitatives (le plus souvent
issues de questionnaires) et ethnographiques ? Comment conférer aux données ethnographiques un
véritable rôle dans la démonstration sans les cantonner à des petits encadrés donnant un peu de
« chair » aux données « sérieuses » qui seraient quantitatives ?
Nous aimerions aborder l’ensemble de ces questions à la fois théoriques, conceptuelles et
méthodologiques. Les propositions de communications, d’environs une page, spécifieront les
terrains et les méthodes concernés, ainsi que l’insertion dans la première (théories, concepts et
construction de l’objet de recherche) ou la deuxième (méthodes) partie de cette section
thématique.
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