
3
3
1. Les politiques économiques du FMI et leurs objectifs
1.1. Nature de ces politiques.
Beaucoup de pays, et parmi eux l’Algérie, qui avec l’espoir d’améliorer leurs situations
économiques et sociales, ont eu à un moment ou un autre un besoin urgent de
l’assistance financière des institutions financières internationales, et sous les injonctions
de ces dernières, ont dû se soumettre à mettre en œuvre, à un rythme plus ou moins lent
et plus ou moins discontinu, tout un ensemble de politiques économiques, quasiment
standards (‘one size fits all’ : une seule et unique taille pour chacun), auxquelles sont
souvent rattachées des plans d'austérité à des conditionnalités très sévères forçant le pays
emprunteur à adopter des réformes pour une transition vers un système d’économie de
marché. Ce programme, intégré dans le Consensus de Washington, est d’une inspiration
éminemment néolibérale. En effet pour les tenants de ce courant économique, la priorité
dans la gestion des ressources économiques doit être donnée au mécanisme des prix, à la
libre entreprise à travers la propriété privée des moyens de production, et à une réelle
concurrence dans tous les marchés : financiers, travail, biens et services…
A propos de l’Algérie, l’une des caractéristiques de son économie vers le milieu des
années 1980 (qui correspond à la période de la chute libre du prix du pétrole jusqu’à
environ $6 le baril) est un déclin significatif de la croissance économique. De leader (ou
tout au moins l’un des leaders) mondial durant les années 1970, ayant connu une
croissance économique très rapide (l’Algérie avait connu alors, des taux de croissance
plus élevé que ceux de la Corée du Sud), le pays est devenu l’un des plus grands
perdants, économiquement, de la globalisation. Les institutions financières
internationales, beaucoup d’experts et autres économistes expliquent ce déclin par, entre
autres causes, la part trop grande, du secteur public dans l’économie du pays, secteur non
performant mais surtout défaillant. En Algérie pourtant, et dès la mort du Président
Boumediene en 1979, mais surtout et avec plus d’insistance à partir de l’année 1986,
année de la chute brutale des prix mondiaux du pétrole, on a commencé à se poser la
question de savoir quel était le meilleur modèle politique et surtout économique qui
aurait le plus de chance de réussir à obtenir un développement économique et social
harmonieux et satisfaisant. Aussi, l’Algérie a entrepris d’elle-même de réformer le
secteur public notamment, mais en vain. Les résultats ont été plus que décevants. En
conséquence et avec la situation économique et sociale catastrophique, dans laquelle
s’est trouvé le pays, surtout après les événements sanglants de la fin de l’année 1988,
l’Algérie ne pouvait plus, (n’avait plus les moyens de), réformer son économie
indépendamment de toute interférence externe. Elle a tout simplement perdu le luxe
de pouvoir choisir le modèle de développement qui lui conviendrait le mieux, surtout une
fois qu’elle a été obligée de tendre la main au FMI. Comme d’autres pays, elle a été
alors obligée d’appliquer des politiques économiques, des réformes, dictées par les
institutions financières internationales. En effet dans les années 90, quand l'Algérie
était financièrement au fond de l'abîme, le FMI lui a imposé un drastique et
douloureux programme d'ajustement structurel (PAS) en contrepartie de son
soutien financier. De ce PAS et de l’époque pénible, les Algériens ne gardent pas du
tout un bon souvenir, contraints et soumis qu’ils étaient à l'humiliation de passer par les
prescriptions du FMI. A travers ses conditionnalités le PAS est conçu de telle sorte à
pratiquement forcer le pays emprunteur, ici l’Algérie, à adopter des réformes pour le
conduire vers une économie de marché. En fait et selon John Williamson1, l’économiste
qui inventa le terme même de Washington Consensus, celui-ci fut conçu et mis au point