Etudes des coléoptères saproxyliques du camp militaire de

SAURAT Rémy
Club entomologique ROSALIA
Etudes des coléoptères saproxyliques du camp militaire de
Chambaran
Nature_Défense_2mil
Document de travail
Septembre 2014
Réalisation : Rémy Saurat
remy-saurat@hotmail.fr Photo couverture : Ganoderma adspersum
1- Synthèse
Ce document de travail présente une partie des tâches effectuées par le club entomologique Rosalia sur le site
d’étude de la forêt de Chambaran. Entre 2013-2014, un contrat Nature_Defense_2mile entre l’association
naturaliste et le Conservatoire Régional des Espaces Naturels a été établi, visant à étudier les communautés de
coléoptères aquatiques et saproxyliques sur le terrain militaire de Chambaran. Une volon de protéger la
biodiversité à l’aide d’un programme à travers le Sud-Est de la France a permis de créer une complicité entre
l’armée et les gestionnaires du territoire.
Le présent travail cible précisément le cortège saproxylique, c’est-à-dire les "espèces impliquées dans ou
dépendantes du processus de décomposition fongique du bois, ou des produits de cette décomposition, et qui
     
sont inclus dans cette définition : les espèces associées aux écoulements de sève et à leurs produits de
décomposition, et les organismes autres que les champignons qui se nourrissent directement du bois."
(Alexander 2008). En outre, plusieurs techniques de captures ont été employées. Ce document se limite
uniquement aux travaux accomplis par Rémy Saurat, l’analyse cible seulement les pièges d’interception
aériens.
Un recensement de différents groupes d’êtres vivants présents sur le site a été réalisé par différents
organismes. Un inventaire spécifique aux invertébrés a été démarré depuis 2013 (gastéropodes et
coléoptères), apportant des informations scientifiques supplémentaires sur des peuplements peu connus. L’un
des objectifs principaux a été d’étudier les espèces saproxyliques. Ces organismes peuvent être utilisés en tant
qu’outils bio-indicateurs de la qualité des habitats naturels forestiers, par leurs affinités écologiques (ex :
espèces parapluies). Certaines de ces communautés saproxyliques ont besoin de processus écologiques
inféodés aux vieilles forêts pour se développer (cavités, polypores…).
Actuellement, les menaces pesant sur ces organismes restent principalement la fragmentation de leurs milieux
naturels, une perte dans la disponibilité du bois mort ou un manque de diversité en micro-habitats. Alors, à
quelle échelle spatiale faut-il intervenir pour concilier gestion territoriale, protection et activités économiques ?
Ces problématiques s’articulent autour du contexte environnemental.
Les biotopes et les habitats environnants sont d’importantes composantes pour le cortège saproxylique. Ces
insectes gîtent dans des endroits souvent remarquables. Ces milieux se qualifient comme « habitats forestiers
déterminants », participant à la protection despèces rares ou menacées. Formant des patchs disséminés à
cause du morcellement forestier, ces îlots doivent être considérés comme outils clés dans la gestion des forêts.
Bien étudiés en Scandinavie (Timonen et al. 2010), les scientifiques ont prouvés une augmentation significative
de la richesse spécifique à divers endroits, notamment en milieu exploité avec une amélioration pour la
préservation despèces patrimoniales ou pour celles issues des listes rouges (UICN) (Hottola & Siitonen, 2008).
En parallèle, les études des coléoptères saproxyliques fournissent d’autres renseignements taxonomiques,
écologiques, biologiques et de recherche pour les spécialistes et les gestionnaires comme :
- Apport de connaissances sur les espèces nuisibles à la sylviculture, utiles pour les activités
économiques forestières.
- Apport d’autres méthodes de gestion concertées.
- Détermination de la qualité des forêts.
[Scientifiques]
- Avancée pour la recherche.
- Distinction des profils de communautés saproxyliques.
- Identification d’éventuelles caractéristiques écologiques.
- Adjoindre des informations chorologiques sur les espèces rencontrées.
2- Méthodes et matériels
Grâce aux investigations sur le terrain depuis 2013 pour l'étude générale et 2014 pour l'analyse par piégeage
aérien Polytrap, le choix des positionnements de pièges a été plus aisé. Le site d'étude est majoritairement
composé de feuillus et exploité par l'Office National des Forêts. Par conséquence, seuls certains stades du
peuplement végétal se rencontrent dans la partie forestière.
La présence de Chênes, de Peupliers, de Hêtres, d'Aulnes etc... et d'une diversité d'essences pour la strate
arbustive, vivante ou morte, composent le site à différents stades de dégradation. Ce scénario permet
d'imaginer la combinaison colossale de différenciation de niches possibles pour le cortège saproxylique.
Un principe fondamental des saproxyliques est qu’ils se partagent la ressource du bois spatio-temporellement
à travers une grande diversité de niches (de l'arbre vivant jusqu'à la minéralisation). Or, le fait que le milieu
forestier soit géré et qu'une partie du cycle naturel soit perturbé, l'artificialisation a probablement des impacts
négatifs sur la richesse spécifique dans les phases de dégradation terminale. Cependant, grâce aux îlots de
sénescence et autres éléments qui se positionnent d'un point de vue niches écologiques en fin de dynamique
forestière, les micro-habitats associés ne sont pas totalement supprimés. Les espèces dépendantes de ces
mécanismes peuvent être potentiellement présentes. Ainsi, même en milieu exploité, elles peuvent achever
l’ensemble de leur cycle naturel.
a- Dispositif de piégeages et d'échantillonnages
En dehors des récoltes faites à vue sur le terrain, l’inventaire des coléoptères saproxyliques se base sur un
réseau de pièges attractifs (bière, vins… non traités dans ce document) et de pièges à interception
multidirectionnelle. Ces modèles d'interception, type Polytrap, se composent de deux plaques de plexiglass de
30x60cm perpendiculaires débouchant sur un entonnoir de 40cm de diamètre puis d'un récipient de 0,5L
contenant un mélange d'eau, de NaCl (10%) et d'un agent noyant les insectes (type savon). L’aspect
transparent des dispositifs assure une neutralité dans les résultats de capture, tendant à rester représentatifs
du milieu naturel environnant. Ce système limite les effets de répulsion ou d’agrégation d’espèces qui peuvent
éventuellement biaiser le traitement de données ultérieures.
Dispositif de piégeage aérien (étang des Nénuphars)
b- Plan du site et dates des récoltes
Les pièges d'interception ont été installés le 3 Mai 2014. Les relevés ont été effectués les 23 Mai, 10 Juin, 9
Juillet et 07 Août 2014. Les pièges ont été enlevés lors de la dernière session de récolte : le 07 Août 2014.
Des chasses à vue ont été réalisées les 8 Mai et 4 Juin 2014 avec Jacques Dalmon.
c- Tri, identification des espèces et analyse
Les sultats des pièges d'interception sont triés à l'aide d'une loupe binoculaire. Les coléoptères sont ainsi
écartés des autres groupes d'organismes vivants, y compris les spécimens de taille de 1 millimètre. Les
comptages découlent principalement des pièges d'interception, les chasses à vue viennent compléter la liste
d'espèces pour l'inventaire général. Les identifications ont été effectuées jusqu'à l'espèce dans la majorité des
cas. Pour les taxons difficiles, les déterminations vont jusqu'au genre (Staphilinidae, Cryptophagidae...) ou plus.
Les échantillons sont conservés en plaquette, en alcool 70° ou dans un mélange de savon + eau salée. Certains
taxons ne sont pas comptabilisés dans le nombre d'espèces lorsque l'identification reste difficile. Des
informations écologiques sur le régime trophiques sont fournies. Pour les espèces rares ou patrimoniales, des
indications sur leur biologie sont ajoutées.
Les insectes ont été capturés par une méthode standardisée, aléatoirement durant leurs déplacements et sans
biais d'agrégation. On peut donc discuter et comparer les résultats de tous les dispositifs Polytrap mis en place.
Compte-tenu de la grande variabilité entre chaque dispositif, 5 pièges permettent d'homogénéiser les valeurs
extrêmes.
Pour analyser et comparer synthétiquement les faunes obtenues, l'indice de Shannon (H) et son indice
d'équirépartition (E) des populations sont utilisés. L'index Shannon (H) permet de façon simplifiée de mesurer
la biodiversité selon la formule : H = - Σ (ni /n)* ln/(ni /n). ni correspond à l'abondance de l'espèce i et n l'effectif
total d'espèces. Il varie de 0 (1taxon) à S (résultats plus élevés selon le nombre et l'abondance des espèces).
Succinctement, il aide à une vision d'ensemble de la structuration des espèces en mesurant la difficulté à
prédire l'identité du prochain individu (entropie).
Il est accompagné de l'indice d'équitabilité de Shannon déterminé par : E =
 H(') = indice de Shannon et
S = Nombre d'espèces. Il permet de relativiser sur les valeurs (H) par la notion de répartition égale des espèces
à l'échelle de la communauté. Ce second indice varie entre 0 et 1 où plus il est élevé, plus la probabilité que les
espèces soient équitablement réparties reste élevée.
1- Etang de la Femme
(Betula_Chandelle_morte)
2- Etang de la femme 2
(Quercus_senescant)
3- Etang des Nénuphars
(Populus_Chandelle_morte)
4- Etang de Vienne (Quercus)
5- Etang de Vienne 2 (Alnus)
Illustration des pièges d'interception disposés sur le site de la forêt de Chambaran
3- Résultats
a- Généralités
Dans sa globalité, la partie de l'inventaire des saproxyliques de Rémy Saurat compte un total d'espèces de 140
coléoptères avec 770 adultes piégés (espèces indéterminées exclues), ce qui paraît tout de même important
compte tenu du nombre de pièges disposés.
En ne tenant compte que des taxons saproxyliques, les coléoptères comptent 103 espèces répertoriées (596
individus). De plus, il faut tenir compte des espèces contactées lors des sorties terrain (+9 espèces), à vue
comme :
- Octotemnus mandibularis (Gyllenhal, 1813) (Ciidae, Coleoptera) : Cette espèce est mycophage principalement
sur Trametes sp., extrêmement rare en France avec seulement 5 citations (publication in press.).
- Synchita separanda (Reitter, 1882) (Zopheridae, Coleoptera) : Espèce mycophage considérée comme relique
des forêts primaire (Müller, 2005), peu fréquente, avec différenciation d'espèce-hôtes entre stade larvaire et
adulte, principalement sur Tubercularia sp.
- Scaphidema metallicum (Fabricius, 1792) (Tenebrionidae, Coleoptera) : espèce mycophage principalement
d'Europe centrale, sur la majeure partie de la France, assez commune. Elle se manifeste principalement sous
écorce de feuillus attaquée par les hyphes fongiques, aussi sur branches et troncs dégradés par le mycélium.
- Allandrus undulatus (Panzer, 1795) (Anthribidae, Coleoptera) : Espèce assez rare sur la France, absente dans la
partie méridionale. Vit sur les feuillus, surtout sur Quercus sp. La larve semble saproxylophage, attirée sur les
parties raméales attaquées par le groupe des Pyrenomycetes (Ascomycota).
Tableau 1. Abondances par piège de certains coléoptères saproxyliques enregistrées sur l'ensemble de la durée
d'étude
L'aspect général que l'on peut constater (tableau 1) est que chaque piège inclut un résultat différent (chaque
couleur correspondant à une abondance précise d’une espèce). Principalement à un effet de
Cumul du nombre d'espèces et deleur abondance respective
Ptilinus pectinicornis (Linnaeus, 1758)
Hemicoelus costatus (Aragona, 1830)
Hemicoelus fulvicornis (Sturm, 1837)
Aulonothroscus brevicollis (Bonvouloir,
1859)
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