60 Notes fauniques de Gembloux 2005 57, 59-66 J.-P. Jacob & A. Remacle
sables et grès calcarifères du Sinémurien, le niveau
supérieur aux sables et grès du Virtonien (ou
Lotharingien), décalcifiés et mêlés de pierres riches
en oxyde de fer, tandis que le niveau médian présente
des caractéristiques intermédiaires. Le replat
supérieur a subi des travaux de découverture mais n'a
jamais été exploité.
3. FLORE ET VEGETATION
Le caractère calcaire plus ou moins marqué des
différents niveaux de la carrière explique largement le
développement de végétations très différentes.
- Le niveau inférieur est en grande partie occupé par
une pelouse pionnière sur substrat calcarifère
évoluant vers le pré sec à mésophile. La végétation
y est surtout composée d’espèces calcicoles,
calciphiles et indifférentes, mais aussi de quelques
acidiphiles. Parmi les plantes les plus abondantes,
on peut citer* Sedum acre, Anthyllis vulneraria,
Leontodon hispidus, Thymus pulegioides, un
lichen du genre Peltigera.
- Les sables acides du niveau supérieur se sont très
rapidement couverts d'un tapis de mousses
pionnières (surtout Polytrichum piliferum) et de
nombreux genêts et pins sylvestres. La végétation
actuelle a l’allure d’une lande à callune et genêt
velu, avec des plages de graminées acidiphiles
(Agrostis vinealis, A. capillaris, Festuca filiformis,
Danthonia decumbens et Deschampsia flexuosa),
accompagnées d'un spectre d'herbacées
relativement étroit composé en majorité
d'acidiphiles (entre autres Rumex acetosella, Viola
canina, Hypochaeris radicata, Luzula campestris,
Carex pilulifera). L'absence de certaines
graminées pionnières, telles que Corynephorus
canescens et Aira praecox, ainsi que de Jasione
montana est à souligner ; comme pour d’autres
plantes non observées, on peut émettre l’hypothèse
de l'inexistence de stocks grainiers encore viables.
Plusieurs massifs de ronces et de framboisiers
occupent principalement des portions du talus
extérieur.
- Le palier intermédiaire montre une certaine
interpénétration de ces deux types de végétations.
On y retrouve par plages les espèces présentes sur
les deux autres niveaux ; il faut toutefois y noter
l'abondance de Thymus pulegioides, Achillea
millefolium, Trifolium arvense, T. campestre et
Viola tricolor.
* La nomenclature des noms de plantes mentionnés dans ce
texte suit celle de Lambinon et al. (2004).
S’il n’est pas contenu, le libre développement de la
végétation se caractérise par un envahissement rapide
par des semis de Pinus sylvestris, secondairement de
Picea abies, Betula pendula, Salix caprea, ainsi que
par Cytisus scoparius et Rubus spp. Les zones plus
ombragées ou plus humides se couvrent largement de
bryophytes (entre autres Pseudoscleropodium purum,
Hylocomium splendens et Pleurozium schreberi).
La liste floristique actuelle (Spermatophytes et
Ptéridophytes) compte 155 espèces pour l'ensemble
de la carrière. Son enrichissement est progressif :
ainsi, deux espèces rares, Botrychium lunaria et
Orobanche purpurea, ont été découvertes en 2003.
On peut aussi mentionner la présence de quelques
pieds de Platanthera chlorantha sur le talus limitant
la réserve le long de la route et, plus exceptionnel en
région jurassique, quelques plants d'Orchis
anthropophora.
4. FAUNE
La faune est surtout remarquable par la présence du
très rare Lézard des souches (Lacerta agilis) et d’une
série d’insectes spécialisés, notamment d’espèces
sabulicoles comme Oxybelus argentatus Curtis, 1833,
Colletes cunicularius (Linnaeus, 1761), Andrena vaga
Panzer, 1799, Dasypoda hirtipes (Fabricius, 1793),
Cicindela hybrida Linnaeus, 1758 et divers
orthoptères. L’état des connaissances pour quelques
groupes permet de mettre en évidence l’intérêt acquis
et de souligner le potentiel du site, compte tenu de la
très grande richesse des environs immédiats de cette
carrière.
- Orthoptères : dix-neuf espèces ont jusqu'à présent
été recensées dans la carrière :
Chorthippus biguttulus (Linnaeus, 1758),
C. brunneus (Thunberg, 1815),
C. parallelus (Zetterstedt, 1821),
Chrysochraon dispar (Germar, 1835),
Euthystira brachyptera (Ocskay, 1826),
Gomphocerippus rufus (Linnaeus, 1758),
Leptophyes punctatissima (Bosc, 1792),
Meconema thalassinum (Degeer, 1773),
Metrioptera bicolor (Philippi, 1830),
Myrmeleotettix maculates (Thunberg, 1815),
Nemobius sylvestris (Bosc, 1792),
Oedipoda caerulescens (Linnaeus, 1758),
Omocestus viridulus (Linnaeus, 1758),
Phaneroptera falcata (Poda, 1761),
Pholidoptera griseoaptera (Degeer, 1773),
Tetrix subulata (Linnaeus, 1758),
T. tenuicornis Sahlberg, 1893,
T. undulata (Sowerby, 1806) et
Tettigonia viridissima (Linnaeus, 1758).