infodents No 1/17 Remis gratuitement par votre médecin-dentiste SSO Journal à l’intention des patients Société suisse des médecins-dentistes SSO www.sso.ch F O R M AT I O N E N M É D E C I N E D E N TA I R E UE: un diplôme sans avoir soigné de patients Dans l’UE, un diplômé en médecine dentaire sur dix n’a jamais soigné de patients. C’est ce que révèle une étude réalisée en France. En Suisse, tous les étudiants en médecine dentaire passent de nombreuses heures au fauteuil à soigner des patients. une thèse de doctorat récemment publiée en France le révèle, il n’en va pas de même dans tous les pays de l’UE. L’auteur a analysé les réponses de quelque 1000 médecins-dentistes ayant terminé leurs études en 2015 dans 19 Etats membres de l’UE. En Suisse, les quatre centres universitaires de formation en médecine dentaire accordent une attention toute particulière à la formation pratique. Durant de nombreuses heures de formation, tous les étudiants acquièrent des compétences pratiques dans des conditions réelles. Ils soignent de nombreux patients. Mais, comme >> Suite à la page 2 > 130 c’est le nombre de diplômes en médecine dentaire décernés par la Commission fédérale des professions médicales (MEBEKO) en 2015. Cette année-là, 84 femmes et 46 hommes ont réussi l’examen fédéral de médecine dentaire. Ils avaient en moyenne 26,7 ans. >> Suite de la page 1 Les compétences pratiques font défaut L’étude montre que, durant leur formation, 10 % des diplômés en médecine dentaire de l’UE qui ont participé à l’enquête n’ont jamais réalisé un seul soin, leur expérience se limitant, au mieux, à une simple observation. La thèse déposée à l’Université de Rennes-I a également révélé que divers traitements ne sont pas ou que trop rarement exercés. Les méthodes de traitement complexes, voire certaines pratiques de base, ne sont abordées que furtivement: un étudiant sur trois n’a jamais fixé de prothèses durant ses études. Près d’un étudiant sur deux n’a jamais procédé à un retraitement endodontique. Sensibiliser les pouvoirs publics aux écarts de formation C’est à dessein que l’étude renonce à dénoncer les universités ou les pays déficients en la matière. Pour Marco Mazevet, l’auteur de la thèse, le but n’est pas de stigmatiser qui que ce soit, mais de faire en sorte que les formations au sein de l’UE soient équivalentes et de bonne qualité, car, une fois son diplôme en poche, n’importe quel dentiste formé au sein de l’espace Schengen peut exercer dans le pays membre de son choix. La directive européenne correspondante est formulée de manière très ouverte et minimaliste et ne précise nulle part comment les étudiants doivent acquérir cette expérience pratique. Cela pose problème en raison du principe de l’équivalence en vigueur dans l’espace Schengen. Les diplômes de médecine dentaire décernés dans l’un des Etats membres de cet espace sont reconnus dans tous les autres, même en Suisse. Les patients suisses sont aussi concernés Depuis l’entrée en vigueur des Accords bilatéraux en 2002, plus de 4000 médecins-dentistes ont fait reconnaître leur diplôme professionnel en Suisse. Bon nombre d’entre eux exercent actuellement dans des cabinets et centres dentaires de ce pays, dont certains n’avaient reçu que peu de formation de pratique clinique sur des patients durant leurs études. Qu’un tel médecin-dentiste soit autorisé à soigner des patients sous sa propre responsabilité professionnelle dès la fin de ses études est inquiétant. Cela d’autant plus que, malgré les lacunes dans leur formation, une grande partie des participants à l’enquête concernés s’estiment suffisamment compétents: le cas échéant, ils n’iront donc pas requérir l’aide d’un confrère expérimenté. Les répondants ont été 75 % à estimer être en mesure d’effectuer en toute autonomie la moitié des soins de la liste des actes cliniques jointe au questionnaire. Membre SSO: une garantie Les diplômes professionnels ne donnent qu’un reflet incomplet de la qualité de la formation acquise par leurs titulaires. Alors, comment savoir à quel médecin-dentiste faire confiance? Le plus simple est de s’assurer qu’il est bien membre de la Société suisse des médecins-dentistes SSO. En effet, les candidats ont soumis leur parcours professionnel dans le cadre de la procédure d’admission au sein de la SSO déjà. Ils se sont engagés à respecter les lignes directrices relatives à la qualité en médecine dentaire et à observer les principes sociaux et déontologiques de la SSO. Par ailleurs, lorsqu’un patient n’est pas satisfait des prestations de son médecin-dentiste traitant, il peut demander à une Commission de conciliation médico-dentaire de la SSO d’examiner la qualité des soins ou le bien-fondé de sa note d’honoraires: la procédure est gratuite et simple. SSO Infodents, NO 1/17 L’ H Y G I È N E B U C C A L E Les coupables vivent sur la langue Les médecins-dentistes et hygiénistes dentaires attirent l’attention de leurs patients: le nettoyage de la langue participe d’une bonne hygiène buccale. Dès la naissance, bactéries et autres micro-organismes colonisent la cavité buccale humaine. Cela est tout à fait normal et certaines bactéries protègent La langue est un foyer de bactéries. Pour le neutraliser, il suffit, après s’être brossé les dents, de passer quelques fois la brosse à dents sur la langue, de l’arrière vers l’avant. (Photo: iStock) même leur hôte contre d’autres organismes plus dangereux qui pénètrent dans la cavité buccale. Lorsque l’équilibre entre ces micro-organismes est rompu – par exemple en raison d’une consommation excessive de sucre –, les métabolites de certaines bactéries attaquent les dents et peuvent occasionner des caries. Mais les micro-organismes présents dans la bouche peuvent aussi être à l’origine d’autres affections telles que parodontite ou halitose (mauvaise haleine). Parce qu’environ deux tiers de ces bactéries vivent sur la langue, médecins-dentistes et hygiénistes dentaires recommandent de la nettoyer régulièrement. Se nettoyer la langue après le brossage des dents Pour réduire le nombre de micro-organismes sur la langue, il faut procéder au nettoyage de celle-ci après le brossage des dents. «C’est très simple,» explique le professeur Andreas Filippi du centre de médecine dentaire de l’Université de Bâle, «après s’être brossé les dents, il suffit de passer trois à quatre fois la brosse à dents sur la langue, de l’arrière vers l’avant. Cela ne prend que 10 à 20 secondes.» Selon Andreas Filippi, étant donné que les bactéries recolonisent la langue en l’espace de six heures, il faudrait nettoyer la langue trois fois par jour, donc après chaque brossage des dents. Le nettoyage de la langue peut s’avérer plus compliqué pour les gens qui ont un fort réflexe nauséeux. Andreas Filippi leur recommande de se placer face à un miroir, de tenir la pointe de leur langue avec une main et, avec l’autre, de passer la brosse à dents. Développer un automatisme Pour Andreas Filippi, il est important que, en même temps qu’ils apprennent à se brosser les dents, les enfants soient initiés à la routine du nettoyage de la langue. «Il est évident qu’un tout-petit dont les premières dents de lait viennent de percer n’est pas encore en mesure de nettoyer sa langue comme un adulte. Les parents devraient passer très doucement la brosse à dents pour enfants sur la pointe de sa langue après lui avoir brossé les dents ou après avoir complété son brossage. L’enfant se rend ainsi compte que, à l’instar du brossage des dents, le nettoyage de la langue est un rituel immuable et que l’un ne va pas sans l’autre.» Une brosse à dents suffit Il est possible de se procurer des ustensiles spécifiques dans chaque pharmacie, droguerie ou grande surface. Pour Andreas Filippi, «les gratte-langues munis de faces spéciales sont principalement recommandés pour les patients qui souffrent d’affections bactériennes telles que périimplantite (inflammation dans la zone d’un implant) ou halitose. Les enfants et les adultes qui n’ont pas de problème particulier peuvent très bien nettoyer leur langue avec leur brosse à dents.» A RT I C L E S D E P R O P H Y L A X I E Le fil dentaire – un auxiliaire essentiel Nombreux sont les gens qui recourent au fil dentaire aussi naturellement qu’à la brosse à dents. Et pourtant, plusieurs études scientifiques remettent les effets positifs du fil dentaire en cause. Pour la SSO, il n’y a pas de raison de renoncer à l’utiliser. L’autorité sanitaire américaine a récemment retiré l’utilisation du fil dentaire de ses recommandations. Cette décision a déclenché des débats animés sur l’efficacité du fil dentaire, non seulement aux Etats-Unis, mais aussi en Europe et en Suisse. L’agence de presse AP a provisoirement clarifié la situation. Des journalistes ont examiné 25 études scientifiques portant sur l’efficacité du fil dentaire et sont parvenus à une conclusion surprenante: ces études ne parviennent pas à prouver l’effet positif du fil dentaire de manière suffisamment fiable. Ces résultats n’étonnent pas la Société suisse des médecins-dentistes SSO qui a souligné, à réitérées reprises, les lacunes méthodologiques entachant les études en question. Ainsi, la période sur laquelle bon nombre d’entre elles ont porté est trop courte et ne permet pas d’observer d’effets sur le long terme. D’une manière générale, la SSO est d’avis qu’il est difficile d’isoler l’impact du fil dentaire. Le fil dentaire – meilleur choix pour les espaces interdentaires étroits La SSO continue de recommander l’utilisation de moyens auxiliaires spécifiques pour nettoyer les espaces interdentaires tant il est vrai qu’ils sont inaccessibles à la brosse à dents. Pour le professeur Adrian Lussi, directeur de la Clinique de médecine dentaire restauratrice, préventive et pédiatrique de l’Université de Berne, il faut généralement préférer les brossettes interdentaires au fil dentaire, car elles sont plus faciles d’utilisation et abîment moins la gencive. En revanche, les brossettes ne >> Suite à la page 4 Avis de la SSO sur le fil dentaire Fil dentaire ou brossette interdentaire? Renseignez-vous auprès de votre médecin-dentiste SSO. (Photo: iStock) La SSO a résumé sa position sur l’utilisation du fil dentaire dans un document qui peut être téléchargé à partir de la rubrique «Politique corporative» de son site Web: www.sso.ch NO 1/17, Infodents SSO Brèves >> Suite de la page 3 Sucre de raisin: le carburant du cerveau Pour pouvoir fonctionner de manière optimale, notre cerveau a besoin de sa dose quotidienne de sucre de raisin (glucose). Le glucose est naturellement présent dans de nombreux aliments. Une alimentation équilibrée et une bonne technique de nettoyage des dents vous permettent d’avoir à la fois un cerveau performant et des dents saines. Un chewing-gum au lieu de la brosse à dents Qui ne peut pas se brosser les dents après un repas peut au moins éliminer les résidus alimentaires en mâchant un chewing-gum. Mâcher stimule en outre la salivation, ce qui dilue l’acidité présente dans la bouche. Veillez à choisir des chewinggums qui arborent le label Sympadent (le bonhomme Quenotte sous son parapluie)! Bijoux buccaux Les piercings ont la cote. Dans la bouche, les métaux peuvent nuire à la langue, aux dents et à la gencive. Dans de rares cas, ils peuvent même conduire à la perte de dents. Faites régulièrement contrôler vos bijoux buccaux. Si vous avez des problèmes, il vaut mieux les retirer. sont pas utilisables lorsque l’espace entre les dents est particulièrement étroit. Dans de tels cas, il n’y a pas d’autre moyen que le fil dentaire. Christoph Senn, médecin-dentiste et membre du Comité de la SSO, le confirme et précise que l’âge du patient joue aussi un rôle lors du choix de la méthode. Chez les personnes âgées, les espaces entre les dents ont tendance à s’écarter, ce qui facilite l’utilisation de brossettes. Chez les enfants et les jeunes, il n’y a souvent pas d’autre choix que de recourir au fil dentaire. Une bonne technique fait toute la différence Il y a des situations dans lesquelles le fil dentaire atteint ses limites. Cela peut être le cas lorsque la dent présente des échancrures concaves qu’il ne permet pas de nettoyer. Pour autant, il n’est pas recommandé de renoncer à utiliser le fil dentaire. Ce qui importe, c’est de le faire correctement: il ne sert à rien de le faire passer verticalement au milieu de l’espace interdentaire. Il faut absolument passer le fil soigneusement sur les deux faces séparées par cet espace. Le professeur Adrian Lussi recommande même de passer le fil, prudemment, sous la gencive, car de nombreuses bactéries s’y accumulent. Faites-vous conseiller par des professionnels Le choix du moyen auxiliaire – fil ou brossette – est secondaire. L’essentiel est de nettoyer les espaces interdentaires régulièrement, soigneusement et à fond. Votre médecin-dentiste SSO et son personnel chargé des mesures de prophylaxie sont là pour vous conseiller et vous aider à trouver la solution optimale. HUMOUR L’amalgame toujours autorisé Pour l’instant, l’UE renonce à interdire le recours à l’amalgame. A partir de juillet 2018, les médecins-dentistes ne pourront toutefois plus l’utiliser pour les enfants et les femmes enceintes et allaitantes, sauf situation très exceptionnelle. En Suisse, l’amalgame n’est plus guère utilisé. Lèvres rouges, dents blanches © BIEDERMANN Le rouge à lèvres permet aux femmes d’influer sur la perception de la couleur de leurs dents. Un rouge vif fait apparaître les dents plus blanches. En revanche, les tons bruns à orangés leur confèrent un aspect tirant sur le jaune. Autres informations: www.sso.ch Colophon Commission centrale d’information, Olivier Marmy /Service de presse et d’information de la SSO, case postale, 3000 Berne 8 Rédaction Markus Gubler Conception Atelier Richner, Berne Mise en page Claudia Bernet, Berne Impression Stämpfli Publikationen AG, Berne Photos iStock Copyright SSO SSO Infodents, NO 1/17