l’appartenance sociale, de la pression sociale (à se comporter
de telle ou telle façon, en ce compris le ressenti et l’expres-
sion de la douleur), du soutien social (familial, social, et
soignant) dans l’apprentissage de la réaction à et de la
gestion de la douleur, y compris la recherche d’aide et
de soins.
Restructuration cognitive
La composante cognitive précise la façon dont le patient se
représente la cause de sa douleur et son attitude vis-à-vis de
la douleur. Dans la restructuration cognitive, on examine les
effets du « style personnel d’ajustement », le coping, du sen-
timent d’efficacité personnelle (perception d’une capacité
personnelle à réussir ses propres actions), du lieu de contrôle
(la perception que la santé et la maladie sont en partie du
moins en son propre pouvoir), des croyances et des émotions
sur le vécu et la prise en charge de la douleur, et on les intè-
gre dans les interventions thérapeutiques comme « objets de
soins et d’attention » [20].
L’approche cognitive souligne les effets du traitement
personnel d’information sur l’expérience douloureuse. Elle
conceptualise la douleur comme un événement perceptif, qui
est le résultat de l’intégration et de l’interprétation à la fois de
stimuli sensoriels et psychologiques.
La thérapie cognitive donne un cadre aux patients pour
leur permettre d’acquérir des capacités critiques afin de
gérer plus efficacement le stress et d’être capables de gérer
et de défier les pensées négatives irrationnelles. Par cette
prise de conscience, le patient est capable de défier et de
changer sa perception, de diminuer son stress et sa réactivité,
d’augmenter ses capacités d’autogestion et d’amoindrir les
conséquences négatives et dangereuses du stress. Le pro-
cessus de restructuration cognitive influence positivement
la santé, la prévention de la maladie et la gestion de la
maladie [31].
Pour Wells-Federman et al. [31], les résultats d’une thé-
rapie cognitive optimale permettent au patient, entre autres,
de prendre conscience de la relation qui existe entre cogni-
tions, émotions, comportements et physiologie, d’identifier
les signaux d’alarme physiques, émotionnels, et comporte-
mentaux du stress, de changer la façon dont il pense (ou voit
les situations) et d’essayer des moyens alternatifs de parvenir
à une réduction dans l’excitation émotionnelle ou les symp-
tômes physiques et une augmentation dans sa confiance en
soi à gérer les situations stressantes.
Ces objets et effets attendus se situent en plein dans le
champ du processus éducatif, qui s’étend ici à la prise de
conscience par le patient de ses perceptions, sentiments et
modes d’action. La sensibilisation (éducation par le retour
sur soi, l’examen de son vécu…) est le moyen éducatif géné-
ralement utilisé pour aider à la prise de conscience.
Biofeedback, relaxation, hypnose et imagerie
Techniques moins fréquentes que les précédentes, elles com-
portent aussi une part d’apprentissage de la part du patient.
Le biofeedback utilise généralement un instrument de sur-
veillance afin de donner au patient des informations physio-
logiques dont il n’est généralement pas conscient. Sur le plan
éducatif, il contribue à aider le patient à apprendre, non seu-
lement à faire, mais à comprendre.
La relaxation vise un contrôle du stress, aussi bien comme
facteur causal que comme facteur d’aggravation de la dou-
leur. Elle agit sur la tension musculaire, contribuant ainsi à
contrôler la douleur, le stress émotionnel, l’estime person-
nelle, la tendance dépressive et le niveau d’activité, et sur
le sentiment de contrôle engendré par l’apprentissage d’un
moyen autonome de gestion de la douleur [21].
Méthodes de réhabilitation physique
Les traitements utilisés dans la réhabilitation physique com-
prennent le stretching, les exercices et la remise en forme
(pour améliorer la force, l’endurance et la souplesse),
l’entraînement de la démarche et du maintien postural, et
l’ergonomie et les mécanismes corporels [16]. L’exercice
est un composant important de la gestion de toutes les
conditions chroniques, et il inclut d’office une part d’appren-
tissage, tant de techniques que d’organisation ou de motiva-
tion, etc. et donc d’éducation du patient.
Les modalités physiques comprennent également d’autres
techniques, qui font moins appel à la participation du patient,
ou à ses actions personnelles propres (la simple application
de froid ou chaud, les ultrasons, la diathermie, la stimulation
électrique, la neurostimulation transcutanée (TENS),
l’acupuncture, l’auriculothérapie, etc.)
Approches multidisciplinaires
L’utilisation de plusieurs stratégies thérapeutiques, simulta-
nément, est le résultat des essais d’approches multidiscipli-
naires, chaque stratégie ayant ses origines dans une
discipline clinique et un mode d’explication des actions et
réactions des patients. La création de « centres de la douleur »
ainsi que des programmes multidisciplinaires de gestion de
la douleur a accéléré le développement d’approches combi-
nées multistratégies.
En Europe, les premiers « centres de la douleur » se sont
ouverts dès 1963 en Italie et dix ans plus tard en Belgique,
mais l’approche multidisciplinaire n’y est intervenue respec-
tivement qu’en 1979 pour l’Italie et en 1974 en Belgique.
Pour la « Joint Commission » [16], un programme type de
gestion de la douleur chronique comprend un diagnostic
médical, une évaluation du fonctionnement physique, une
évaluation psychosociale, une thérapie pharmacologique,
4 Douleur analg.