LES PROBLEMES DE RECONSTRUCTION APRES LA GUERRE 15 juillet 2014
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Chap. 4
L’URSS FACE AUX PROBLEMES DE RECONSTRUCTION
- Dresser le bilan de la guerre en URSS pour en déduire les faiblesses et les atouts.
- Présenter les mesures prises pour le rétablissement économique du pays : objectifs et
moyens, difficultés rencontrées.
- Présenter le bilan de la reconstruction.
INTRODUCTION
Alors qu’en 1941, les armées soviétiques ne parvenaient pas à arrêter l’avance foudroyante
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des armées allemandes, que l’URSS semblait condamnée à devenir possession du Reich,
quatre ans plus tard, c’est au contraire en vainqueur que l’Etat soviétique sort du conflit, grâce
aux immenses sacrifices consentis par ses citoyens. Le retour à la paix implique la nécessité
de reconstruire un pays ravagé par la guerre.
I- PRIX ET CONSÉQUENCES DE LA GUERRE
L’Union soviétique sort épuisée de la guerre.
Un bilan tragique
Staline tente de minimiser la saignée humaine en reconnaissant seulement 7 millions de
morts, mais pays a perdu entre 27 et 30 millions d’hommes. La moitié sont des civils, dont 8
millions pour la zone occupée par les Allemands. Trois millions de prisonniers sont morts
dans les camps. A ce lourd bilan, il faut ajouter un grand nombre de blessés, de mutilés
d’affamés (comme ceux qui ont subi le siège de Leningrad), tellement affaiblis que beaucoup
ne survivent pas longtemps ou restent diminués à jamais. Si la population de l’URSS est
légèrement supérieure en nombre à ce qu’elle était avant la guerre (172 millions d’habitants),
c’est grâce à l’agrandissement de son territoire vers l’Ouest. Ces pertes humaines touchent
particulièrement la population active, posant un grave problème de main-d’œuvre.
Les conséquences de la guerre affectent la démographie. Le nombre de jeunes hommes tués
étant très important, on constate un déséquilibre entre le nombre d’hommes et de femmes. Il
en résulte un important pourcentage de femmes célibataires et un déficit de naissances qui
vient s’ajouter à celui des années de guerre, déjà évalué à plusieurs millions. Il en résulte
également un nombre élevé de femmes dans le secteur de la production dont la qualification
n’est pas toujours l’équivalent de celle des hommes qu’elles remplacent.
Les pertes matérielles sont considérables et estimées à près de six fois le revenu national de
1940. Tout est à reconstruire. Les nazis ont dévasté et brûlé 1710 villes et plus de 70 000
bourgades et villagesDe ce fait, 25 millions de personnes sont sans abri. La dévastation a
également touché 31 850 usines, 5 000 km de voies ferrées, 40 000 hôpitaux, 84 000 écoles,
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Qui est très rapide et brutal Synonyme: fulgurant Exemple : le succès foudroyant d'un disque
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98 000 kolkhozes… Le cheptel n’a pas été plus épargné et on considère que la moitié a été
perdue.
Il en résulte de toutes ces destructions et des pertes humaines une baisse importante du revenu
national. Et pour reconstruire, on ne dispose que d’un matériel usé, d’hommes affaiblis par
les privations. Les Soviétiques ne peuvent pas non plus compter sur l’aide des Occidentaux,
car le président des Etats-Unis Truman suspend toute aide à l’URSS pour répondre à ses
empiètements en Europe orientale. Tout cela explique la faiblesse de la production soviétique
en 1945. L’URSS n’est pas épargnée non plus par l’inflation qui accompagne la pénurie
depuis la guerre. Elle touche particulièrement les denrées alimentaires et la hausse des salaires
est loin de compenser celle du coût de la vie.
Quelques atouts pour la reconstruction
Mais, dans ce tragique bilan, le développement économique des régions orientales constitue
un aspect positif dont les conséquences vont s’avérer durables. A partir de l’été 1941, le
gouvernement a fait transférer une grande partie de l’équipement industriel et de la main
d’œuvre vers l’Oural surtout, mais aussi vers l’Asie centrale, la Sibérie occidentale et
l’Extrême-Orient. Cette implantation industrielle a exigé le développement d’une
infrastructure, routes, voies ferrées, réseaux de transmissions, qui constitue pour ces régions
un acquis précieux. L’extraction minière y est intensifiée (pétrole, charbon, fer) et la
production industrielle s’accroît considérablement : en Oural et en Sibérie occidentale elle
atteint en 1943 le triple de celle de 1940. En 1945, l’Oural est devenu l’arsenal de l’URSS,
lui fournissant 58% de la fonte et 53% de l’acier. Même après la libération des territoires
occupés et le retour de beaucoup d’usines vers leur région d’origine, cette région conserve une
population de 50% supérieure à celle d’avant le conflit, la Sibérie occidentale de 25%. Fiers
d’avoir surmonté les terribles épreuves du conflit et heureux de retrouver la paix, les peuples
soviétiques vont devoir maintenant consacrer leurs efforts à la reconstruction du pays.
II- LE REDRESSEMENT DE L’ECONOMIE
1- Les objectifs et les mesures
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la reconstruction
Le modèle économique de l'URSS d'après-guerre repose sur l'industrialisation et les plans
quinquennaux. Les objectifs de l’économie sont fixés par Staline qui continue à accorder la
priorité à l’industrie lourde
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(88% des investissements industriels) et aux transports
ferroviaires
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. Dans un article de la Pravda du 10 février 1946, il fixe les normes de production
à atteindre : « Nous devons arriver à ce que l’industrie puisse produire annuellement 50
millions de tonnes de fonte, 60 millions de tonnes d’acier, 500 millions de tonnes de charbon,
60 millions de tonnes de pétrole. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra considérer
notre patrie comme garantie contre toutes les surprises. »
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Décision qui constitue une action une situation) Exemple : toutes les mesures nécessaires seront prises en
temps utile
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Considérée comme vitale à la continuité de la puissance militaire soviétique.
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Les industries privilégiant les biens de consommation sont alors reléguées au second plan.
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En fait, il assigne d’autres objectifs importants au 4e plan quinquennal 1946-1950 : une forte
progression de l’agriculture, un progrès technique de toutes les branches de l’économie, la
reconstruction des régions dévastées par les Allemands, le développement de toutes les
républiques fédérées, un programme considérable de grands travaux de construction… En
établissant ce plan, Staline espère que l’URSS va pouvoir rattraper et même dépasser les
principaux Etats capitalistes au point de vue économique en ce qui concerne le volume de la
production industrielle par habitant. Staline impose encore ses choix économiques dans le 5e
plan quinquennal (1951-1955) : fixation d’un taux de croissance élevé, accent mis sur les
grands travaux plutôt que sur l’amélioration des conditions de vie, brutalité envers les
paysans, caractère grandiose et peu réaliste des projets comme la construction d’un chemin de
fer le long du Cercle Polaire, par exemple.
En ce qui l’agriculture, le 4e plan quinquennal n’a pas envisagé de mesures de
collectivisation, mais des plans spéciaux cherchant à promouvoir l’agriculture collective. Une
campagne de collectivisation est menée énergiquement dans les territoires occidentaux
annexés par l’URSS. Dans les autres républiques soviétiques, les principes de l’avant-guerre
sont rétablis. Les kolkhozes
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et ses sovkhozes
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reconstitués sont contrôlés plus efficacement
par le parti et dès 1946, les kolkhoziens ont rendre à la collectivité les terres accaparées
pendant la guerre (elles correspondent environ à 5% des terres cultivées en 1938) et une partie
du bétail. La réduction de lopins individuels mécontente les paysans dont les ressources sont
diminuées, d’autant que les économies qu’ils avaient pu faire grâce à la vente de denrées
alimentaires au marché noir sont annulées par la réforme monétaire de décembre 1947 qui les
oblige à échanger 10 billets anciens contre 1 nouveau (alors que les biens collectifs
bénéficient d’un taux de change de 4 contre 1). Par la suite, toute possibilité d’enrichissement
leur est interdite, car les prix agricoles sont fixés très bas, parfois au-dessous du prix de
revient, si bien que plus un kolkhoze livre à l’Etat, plus il est déficitaire. Or, Staline augmente
les quantités de livraison obligatoires. Dans ces conditions, les paysans préfèrent concentrer
leurs efforts sur leurs lopins de terre individuels qui leur fournissent les 2/3 de leurs revenus.
Une nouvelle étape vers la collectivisation est franchie en 1950 lorsqu’on décide de regrouper
les kolkhozes en unités plus vastes, le but étant de les transformer ensuite en sovkhozes pour
rapprocher la condition de vie des paysans de celle des ouvriers : en un an le nombre de
kolkhozes tombe de 252 000 à 121 000 ; en 1953, il n’est plus que de 94 000. Khrouchtchev
annonce même la création d’ »agrovilles », centres ruraux de type urbain, mais cette initiative
semble trop précipitée et Staline la désapprouve.
2- Les résultats obtenus
Pendant l’ère stalinienne
Globalement, la production agricole n’a pas dépassé à la fin du quinquennat celle de 1940 ;
les cultures alimentaires et les produits de l’élevage sont nettement inférieurs aux prévisions.
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Coopérative de production agricole soviétique. L’Etat est propriétaire de la terre, les moyens de production sont
à la propriété de la collectivité.
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Ferme d’Etat soviétique. Le directeur est nommé par l’Etat, les agriculteurs sont salariés de l’entreprise.
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L’agriculture reste le point faible de l’économie. Quant à l’agriculture, le XIXe Congrès de
1953 reconnaîtra a posteriori que le secteur est sinistré.
La reconstruction industrielle présente des aspects positifs. On fait à nouveau appel à
l’émulation
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socialiste, c’est-à-dire au dépassement volontaire des normes du plan. 80% des
ouvriers suivent ce mouvement dès 1946. Les résultats de l’industrie lourde sont positifs,
même en tenant compte des calculs faits par les Occidentaux et qui pondèrent
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les évaluations
soviétiques officielles. En 1947-1948, l’URSS retrouve ses productions d’avant-guerre pour
les secteurs de l’acier, de l’électricité, du ciment, des tracteurs. Mais le pays accumule malgré
tout les retards technologiques, et son isolement économique entrave un nouveau décollage de
son industrie. Le pays pâtit notamment d’une industrie chimique en extrême retard par rapport
à l’Occident.
Autre point positif, l’avancement des grands travaux ; à la remise en état des installations
anciennes s’ajoutent des réalisations nouvelles comme le canal Lénine achevé en 1953, qui
permet la rencontre du Don et de la Volga, et le célèbre canal d’irrigation du Turkménistan,
d’une longueur de 1 100 km, de l’Amou-Daria à la mer Caspienne. Mais, il est vrai que ces
succès ont coûté la vie à 250 000 prisonniers soumis au travail forcé. C’est aussi le début de
construction de puissantes centrales hydro-électriques et en 1949 l’URSS fabrique une bombe
atomique.
En ce qui l’industrie des biens de consommation (chaussures, tissus, industries alimentaires,
logement…), les réalisations du plan sont nettement insuffisantes, car Staline se préoccupe
moins du bien-être des Soviétiques que de la puissance de l’URSS.
En somme, à la mort de Staline en 1953, l’URSS est redevenue une grande puissance
industrielle, mais au prix des déséquilibres qui ont marqué l’ensemble de la période
stalinienne : sacrifice du monde rural, faible niveau de vie de la population, emploi généralisé
des méthodes coercitives.
Entre 1950 et 1970
Les plans quinquennaux ou septennaux (comme celui de 1959-1965) continuent de régir
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l’économie.
L’agriculture collectivisée continue d’occuper une grande partie de la population.
Khrouchtchev s’emploie à accroître les rendements agricoles en encourageant l’exploitation
de nouvelles terres, en particulier au Kazakhstan, et en favorisant la culture du maïs. Aucune
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État d'esprit qui pousse à égaler et à surpasser (une personne ou un groupe) Exemple : l'émulation intellectuelle
à l'université
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2. mathématiques : en statistique attribuer une valeur proportionnelle à l'importance effective (des éléments
d'une série) Exemple : pondérer la moyenne des trois derniers mois
3. économie attribuer un rang relatif à une variable par rapport à d'autres variables Exemple : pondérer une
monnaie
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Régler (l'organisation et le déroulement de certains phénomènes naturels) (soutenu) Exemple : éviter de laisser
l'effet de serre régir le climat
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de ces entreprises n’est couronnée de succès. À partir de 1958, une volonté de décentralisation
et de partielle libéralisation se fait sentir. La supervision des exploitations agricoles passe de
l’administration centrale à 39 conseils régionaux. Les collectivités deviennent propriétaires
des machines agricoles (elles les louaient auparavant à des stations techniques), tandis que le
cours auquel l’État achète les céréales est relevé pour doper le développement et accroître le
niveau de vie des agriculteurs. Malgré ces mesures, les conditions climatiques ajoutées à
l’inefficacité du secteur agricole collectivisé et à l’exode rural des jeunes gens vers les villes
sont à l’origine de récoltes désastreuses (1963, 1965, 1969, 1972, 1975). Cette situation
entraîne un ralentissement de la croissance économique et une augmentation de la dette
extérieure, car, pour éviter la famine, l’URSS est contrainte d’importer massivement du blé
canadien et américain.
Pour stimuler les rendements agricoles, une série de mesures est prise au cours des années
soixante-dix : salaire mensuel pour les agriculteurs, techniques de gestion affinées, usage
d’engrais et de machines, développement de l’irrigation. Conformément à la politique de
Khrouchtchev, les petits fermiers des kolkhozes sont réunis et l’on cherche à renforcer la
capacité de production des sovkhozes (grands centres d’exploitation agricole appartenant à
l’État). Ces mesures, associées à des conditions météorologiques favorables, permettent
d’obtenir des moissons record en 1973, 1974 et 1976.
À la fin des années soixante-dix, l’agriculture soviétique n’en accuse pas moins un retard
technique de plusieurs décennies sur l’Europe de l’Ouest. De ce côté, rien n’est réglé. De fait,
l’URSS, depuis 1945, gère avec difficulté une pénurie agricole endémique.
L’industrialisation rapide, indexée sur les objectifs des plans quinquennaux, fait du pays la
deuxième puissance industrielle et militaire au monde. Mais la production de biens de
consommation reste à la traîne. Alors que la production industrielle totale de 1957 est 33 fois
supérieure à celle de 1913 (74 fois plus pour l’industrie lourde), la production de biens de
consommation est multipliée par 13 seulement. Le déséquilibre est évident entre la production
industrielle et les effets des progrès économiques sur le bien-être et le quotidien des
Soviétiques, soumis à un dur régime de vie.
Malgré ses promesses, le régime de Khrouchtchev n’obtient donc pas de progrès nets. Les
conseils industriels régionaux sont alors renforcés (1957, 1962) et certaines entreprises
industrielles regroupées. À partir de 1964, les efforts se concentrent sur les industries
chimiques de l’engrais, du plastique et du caoutchouc. Néanmoins, les effets produits par
l’ensemble des plans de modernisation et de libéralisation des objectifs ne sont pas suffisants
pour permettre une véritable mutation de l’économie, toujours fermée aux marchés
occidentaux et tenus dans la main de l’État. Certes, entre 1965 et 1969 est mis en place un
système de production qui intègre la notion de profit et privilégie les commandes reçues sur la
primauté antérieure des quotas gouvernementaux. L’expérience est étendue à l’industrie, à
l’agriculture, aux entreprises de transport, du bâtiment et aux communications. Une
législation appropriée est adoptée par le Soviet suprême en octobre 1969 : un capital
d’exploitation et un budget salarial sont attribués à chaque entreprise, mais c’est à la direction
locale de décider de l’utilisation du capital, du versement des salaires l’heure ou à la pièce)
et de l’octroi de primes. En 1969, un tiers de la production nationale est assurée par des
entreprises fonctionnant sous ce nouveau système. Mais cette approche est progressivement
abandonnée au cours des années soixante-dix.
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