LES PROBLEMES DE RECONSTRUCTION APRES LA GUERRE 15 juillet 2014
de ces entreprises n’est couronnée de succès. À partir de 1958, une volonté de décentralisation
et de partielle libéralisation se fait sentir. La supervision des exploitations agricoles passe de
l’administration centrale à 39 conseils régionaux. Les collectivités deviennent propriétaires
des machines agricoles (elles les louaient auparavant à des stations techniques), tandis que le
cours auquel l’État achète les céréales est relevé pour doper le développement et accroître le
niveau de vie des agriculteurs. Malgré ces mesures, les conditions climatiques ajoutées à
l’inefficacité du secteur agricole collectivisé et à l’exode rural des jeunes gens vers les villes
sont à l’origine de récoltes désastreuses (1963, 1965, 1969, 1972, 1975). Cette situation
entraîne un ralentissement de la croissance économique et une augmentation de la dette
extérieure, car, pour éviter la famine, l’URSS est contrainte d’importer massivement du blé
canadien et américain.
Pour stimuler les rendements agricoles, une série de mesures est prise au cours des années
soixante-dix : salaire mensuel pour les agriculteurs, techniques de gestion affinées, usage
d’engrais et de machines, développement de l’irrigation. Conformément à la politique de
Khrouchtchev, les petits fermiers des kolkhozes sont réunis et l’on cherche à renforcer la
capacité de production des sovkhozes (grands centres d’exploitation agricole appartenant à
l’État). Ces mesures, associées à des conditions météorologiques favorables, permettent
d’obtenir des moissons record en 1973, 1974 et 1976.
À la fin des années soixante-dix, l’agriculture soviétique n’en accuse pas moins un retard
technique de plusieurs décennies sur l’Europe de l’Ouest. De ce côté, rien n’est réglé. De fait,
l’URSS, depuis 1945, gère avec difficulté une pénurie agricole endémique.
L’industrialisation rapide, indexée sur les objectifs des plans quinquennaux, fait du pays la
deuxième puissance industrielle et militaire au monde. Mais la production de biens de
consommation reste à la traîne. Alors que la production industrielle totale de 1957 est 33 fois
supérieure à celle de 1913 (74 fois plus pour l’industrie lourde), la production de biens de
consommation est multipliée par 13 seulement. Le déséquilibre est évident entre la production
industrielle et les effets des progrès économiques sur le bien-être et le quotidien des
Soviétiques, soumis à un dur régime de vie.
Malgré ses promesses, le régime de Khrouchtchev n’obtient donc pas de progrès nets. Les
conseils industriels régionaux sont alors renforcés (1957, 1962) et certaines entreprises
industrielles regroupées. À partir de 1964, les efforts se concentrent sur les industries
chimiques de l’engrais, du plastique et du caoutchouc. Néanmoins, les effets produits par
l’ensemble des plans de modernisation et de libéralisation des objectifs ne sont pas suffisants
pour permettre une véritable mutation de l’économie, toujours fermée aux marchés
occidentaux et tenus dans la main de l’État. Certes, entre 1965 et 1969 est mis en place un
système de production qui intègre la notion de profit et privilégie les commandes reçues sur la
primauté antérieure des quotas gouvernementaux. L’expérience est étendue à l’industrie, à
l’agriculture, aux entreprises de transport, du bâtiment et aux communications. Une
législation appropriée est adoptée par le Soviet suprême en octobre 1969 : un capital
d’exploitation et un budget salarial sont attribués à chaque entreprise, mais c’est à la direction
locale de décider de l’utilisation du capital, du versement des salaires (à l’heure ou à la pièce)
et de l’octroi de primes. En 1969, un tiers de la production nationale est assurée par des
entreprises fonctionnant sous ce nouveau système. Mais cette approche est progressivement
abandonnée au cours des années soixante-dix.