Document 5 : évolution du taux de CO2
À l’Hadéen (4,5 à 3,8 Ga), on estime que la pression partielle atmosphérique en CO2 était de 30 à 60 atmosphères soit 100 000 fois plus
qu’aujourd’hui. La température à la surface du globe devait probablement dépasser les 100 °C. À l’époque archéenne (3,8 à 2,5 Ga) et précambrienne
(de 2,5 Ga à 600 Ma), des traces de glaciations et d'évaporites indiquent que depuis 3,8 milliards d'années, la température moyenne oscille entre 0
et 100°C (l'eau liquide indiquant une température comprise entre 0 et 100°C)... Or les astronomes nous indiquent une évolution du rayonnement
solaire au cours du temps (40 % de d'augmentation depuis 4 milliards d'années). Par exemple, il y a 3,8 milliards d'années, l'eau était liquide au
Groenland (présence de galets). La pression partielle de CO2 était alors probablement voisine d’1 atmosphère. Il y a 3 milliards d'années, on trouve
des glaciers. Si on suppose un taux de CO2 équivalent à celui d'il y a 3,8 milliards d'années, il aurait fait trop chaud. Il faut donc supposer un effet de
serre moins important, et donc un taux de CO2 dans l'atmosphère encore plus faible. Pour toutes les périodes où l'on trouve des sédiments
« climatiques », on peut appliquer ce raisonnement... et on fait décroître le taux CO2 de 100 000 fois la quantité actuelle il y a 4,5 milliards d'années
et d'environ 5 à 15 fois la quantité actuelle il y a 600 millions d'années (fin du précambrien). Notez que dans les sédiments de tous âges, des règles
de sédimentologie et de précipitations des dépôts donnent indirectement la pression partielle en CO2 dans le milieu en fonction des rapports de
carbonates précipitants (carbonates de Ca, de Mg, de Fe).
Pour les périodes plus récentes, au
Phanérozoïque (depuis 600 millions
d’années), on change de raisonnement :
on suppose que la quantité de carbone en
surface est à peu près constante, et se
partage entre différents réservoirs
(carbonates, CO2 dissous sous diverses
formes dans l'océan, matière organique
fossile, biomasse, et atmosphère)...Les
réservoirs les plus importants sont les
carbonates et les sédiments carbonés,
puis le CO2 dissous océanique. Le carbone
dans la biomasse vivante est négligeable.
La teneur de CO2 atmosphérique dépend
donc de la quantité de roches
sédimentaires à une époque donnée, de la
température et du pH de la mer (qui règle
l'équilibre CO2 gaz - CO2 dissous). Par ailleurs, les sédimentologistes nous fournissent la courbe de l'évolution phanérozoïque des dépôts de
carbonates, de roches carbonées et du pH marin. À partir de cette courbe (établie par des méthodes de bilans des carbonates à une époque donnée
et extrapolation, apport de calcium par altération, lui-même déduit de l'évolution du rapport 86Sr/87Sr...), on peut estimer la teneur en CO2
atmosphérique. Depuis 600 millions d'années, on estime que la quantité de CO2 atmosphérique a varié entre 0,5 et 20 fois la quantité actuelle.
Une bonne méthode pour la période post-carbonifère moyen, c'est l'utilisation de l'indice stomatique des feuilles fossiles de plantes vasculaires. Les
stomates des végétaux assurent la capture du dioxyde de carbone atmosphérique nécessaire à la photosynthèse. La quantité de stomates par unité
de surface des feuilles des végétaux dépend ainsi pour partie de la concentration atmosphérique du CO2. Ce paramètre peut donc potentiellement
servir de traceur paléoenvironnemental de la pCO2 des temps anciens. Pour ce faire, on définit deux modes de calcul de la surface foliaire occupée
par les stomates :
- La densité stomatique (SD), mesurée comme le nombre de stomates par unité de surface foliaire et exprimé en mm-2.
- L’indice stomatique (SI), construit à partir de la densité stomatique SD et de la quantité de cellules épidermiques présentes par unité de surface
foliaire ED : SI = (SD / (SD + ED)). Le tableau suivant rassemble les densités et les indices stomatiques mesurés sur des représentants actuels et fossiles
du genre Ginkgo.
Document 6 : caractéristiques stomatiques de feuilles d'individus du genre Ginkgo d'âges différents
On constate que les valeurs de la densité stomatique ont diminué de 1924
à 1998 mais restent plus élevées que les valeurs du Jurassique (200 à 145
Ma) et Crétacé (145 à 65 Ma). La pCO2 actuelle et récente est donc
inférieure à celle du Crétacé. On remarque également qu’au Jurassique
ancien, la densité stomatique et l’index stomatique étaient supérieurs à
ceux du Jurassique moyen et du Crétacé : l’intervalle de temps Jurassique
moyen à Crétacé apparaît donc comme une période à pCO2
particulièrement élevée par rapport aux temps précédents et suivants. On montre ainsi de la même manière qu'au carbonifère (300 millions
d'années), la teneur en CO2 était probablement aussi faible que maintenant. Puis elle a augmenté jusqu'au Crétacé (5 fois la valeur actuelle). Des
valeurs relativement élevées de la teneur en CO2 se sont maintenues pendant le Mésozoïque (de 240 à 100 millions d'années). Depuis cette teneur
diminue (de 80 à 0 millions d'années).