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Introduction
Xavier Fontanet
Président-directeur général, ESSILOR
Je compte vous livrer aujourd’hui certaines réfl exions person-
nelles. Le lien entre la réfl exion et l’action est capital et je me
réjouis que nous ayons l’occasion d’en débattre aujourd’hui. J’ai
relu Sun Tzu en prenant des notes, et en m’interrogeant. Nous
sommes tous préoccupés par des problématiques de stratégie.
Les domaines militaire et religieux ont posé des questions straté-
giques bien avant nos entreprises contemporaines. Ils sont riches
d’une réfl exion millénaire. Deux fi gures me semblent notamment
dignes d’intérêt : celle de Napoléon et celle de Pierre le Vénérable,
qui fut à la tête de l’abbaye de Cluny durant son âge d’or.
En principe, dans le business, tous peuvent être gagnants. Il suf-
fi t de trouver le bon segment. En revanche, la guerre consacre
un vainqueur et un vaincu. Sun Tzu réfl échit sur la guerre et bien
au-delà. J’y ai puisé des idées sur le commandement, sur la ges-
tion des hommes et en particulier sur celle de leur moral. Le pen-
seur chinois a aussi considéré l’importance des rumeurs.
Apprendre à se situer par rapport à l’autre
La stratégie est une discipline du relatif. Posséder 20% des
parts d’un marché n’aura de sens qu’en considérant la place des
concurrents. Le jeu stratégique s’inscrit pour nous dans la concur-
rence et dans un environnement complexe plus ou moins prévi-
sible. Surtout, les dirigeants d’entreprise sont confrontés à des
acteurs intelligents et libres. La stratégie, contrairement à la pla-
nifi cation, ne s’inscrit donc pas dans un contexte immuable. Elle
résulte de la liberté. La concurrence est donc un cadre d’exercice
de sa liberté, dans lequel il convient de savoir infl uencer l’autre.