Hépatite C, en bref
HÉPATITE C, EN BREF • PAGE 1/5
Idées-Forces tirées de Prescrire jusqu’au n° 362 (décembre 2013)
Le terme hépatite désigne une réaction inflammatoire diffuse du foie, suivie d’une des-
truction des hépatocytes. L’hépatite C est une des infections virales à tropisme hépatique
prédominant. (n°145, p.651)
Lire aussi les Idées-Forces Prescrire “Hépatite C chronique: traitement”
Épidémiologie
Causes
On distingue 6 génotypes majeurs du virus de l’hépatite C, numérotés de 1 à 6, et un
certain nombre de sous-types. Cette hétérogénéité génétique a des implications cliniques
et thérapeutiques, car la réponse au traitement antiviral diffère selon le génotype. (n°160,
p.219) (n°242, p.567) (n°160, p.220)
Transmission
L’hépatite C est principalement transmise par le sang. (n°340, p.126)
En début de vie, le principal mode de contamination de l’hépatite virale C est la trans-
mission mère-enfant durant la grossesse. La transmission de la mère à l’enfant via l’allaite-
ment maternel paraît peu probable en cas de virémie peu importante. (n°278, p.807-1 sur
le site Prescrire) (n°297 p.516)
Chez les adolescents et les adultes, la transmission du virus de l’hépatite C (HCV) est
surtout liée à certains comportements à risque (injection de drogue, piercing, tatouage,
etc.). (n°278, p.807-1 sur le site Prescrire) (n°340, p.125)
En cas d’exposition au sang d’une personne-source porteuse du virus de l’hépatite C, la
probabilité de transmission du virus par piqûre avec du matériel souillé de sang est estimée
entre 0,5% et 2%. (n°340, p.126)
Par voie sexuelle, le risque de contamination est minime, mais accru en cas de lésion
cutanée ou muqueuse, notamment liée à un rapport sexuel traumatique. Le nombre de par-
tenaires sexuel(le)s, que les rapports soient hétérosexuels ou homosexuels, est un facteur
de risque d’hépatite C. La transmission sexuelle du virus de l’hépatite C semble plus fré-
quente quand la personne-source est aussi infectée par le virus de l’immunodéficience
humaine (HIV). (n°340, p.126)
Le virus de l’hépatite C est parfois transmis lors d’une greffe à partir d’un greffon infecté.
(n°307, p.353)
Fréquence
Dans la plupart des régions du monde, la séroprévalence de l’hépatite C chez les adultes
est comprise entre 0,8% et 3%. La séroprévalence de l’hépatite C chez les enfants et les
adolescents est nettement inférieure à celle observée chez les adultes. (n°278, p.807-1
sur le site Prescrire)
Évolution naturelle
Le virus de l’hépatite C est responsable d’hépatites aiguës, rarement fulminantes, et
d’hépatites chroniques. (n°143, p.505)
Téléchargé sur prescrire.org le 11/02/2014 par GILLES PIALOUX (TRANSCRIPTASE)
Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement
Hépatite C, en bref
L’infection aiguë par le virus de l’hépatite C est le plus souvent asymptomatique. Quand
elle est symptomatique, elle se manifeste, après une période d’incubation de 7 semaines
en moyenne, par des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et un syn-
drome pseudogrippal. Durant la phase aiguë de l’infection, environ 15% des patients infec-
tés développent une hépatite aiguë avec un ictère qui dure de 2 à 12 semaines. Les
hépatites fulminantes sont rares et la mortalité liée à une hépatite C aiguë est inférieure à
0,1%. (n°316, p.129)
Chez les patients ayant eu une hépatite C aiguë avec ictère, la guérison spontanée avec
disparition du virus survient dans les 3 mois dans 30% à 50% des cas. Chez les patients
dont l’infection est restée asymptomatique, la guérison spontanée ne survient que dans
10% à 15% des cas. Environ 80% des infections par le virus de l’hépatite C évoluent vers
la chronicité. (n°316, p.129) (n°143, p.505) (n°362 suppl., 11-5-Introduction)
L’évolution des hépatites C chroniques est lente. La moitié des patients ont des lésions
hépatiques: des fibroses, voire des cirrhoses. Après 20 ans d’évolution, environ 20% des
malades ayant une hépatite C chronique ont une cirrhose. Le risque d’hépatocarcinome est
estimé entre 1% et 5% après 20 ans d’hépatite C chronique. Les hépatocarcinomes sur-
viennent surtout chez les patients cirrhotiques: chaque année, un hépatocarcinome survient
chez environ 2% des patients ayant une cirrhose. (n°143, p.505) (n°312, p.756) (n°145,
p.654) (n°184, p.377) (n°139, p.237) (n°344, p.444) (n°355, p.366)
En France, en 2001, la mortalité annuelle imputable à l’hépatite C a été estimée à
4,5 pour 100 000 habitants. En cas de mort liée à l’hépatite C, 95% des patients ont une
cirrhose, et un sur trois ont un cancer du foie sur cirrhose. (n°315, p.67)
Une alcoolisation importante et régulière joue un rôle aggravant vis-à-vis de l’hépatite C.
La co-infection par le virus de l’immunodéficience humaine (HIV) et le virus de l’hépatite C
semble accroître le risque de complications de l’infection par le virus de l’hépatite C. La co-
infection par les virus des hépatites B et C accroît le risque de survenue d’un hépatocarci-
nome. L’âge de la mort liée à l’hépatite C est diminué en cas de consommation importante
d’alcool, ou de co-infection par le HIV ou par le virus de l’hépatite B. (n°139, p.237) (n°263,
p.526) (n°202, p.17) (n°315, p.67)
Certains médicaments immunodépresseurs exposent à une aggravation des troubles
liés à l’hépatite C. D’autre part, de nombreux médicaments provoquent des atteintes hépa-
tiques. (n°362 suppl., 11-5-1)
Chez les enfants, une hépatite C se traduit en général seulement initialement par une
élévation des transaminases. Les complications graves (fibrose hépatique sévère, cirrhose,
etc.) surviennent à l’âge adulte. Cependant, chez certains enfants exposés de manière
répé tée au virus lors de transfusions, des formes agressives ont été décrites. (n°278,
p.807-1 sur le site Prescrire)
Diagnostic
Hépatite C aiguë
En cas d’exposition au virus de l’hépatite C, la recherche qualitative de l’ARN viral est
l’outil diagnostique le plus performant entre 2 semaines et 3 mois après l’exposition. Au-
delà de 3 mois, une absence d’anticorps permet d’éliminer cette infection avec une très fai-
ble probabilité de se tromper. (n°304, p.129) (n°340, p.126) (n°340, p.128)
HÉPATITE C, EN BREF • PAGE 2/5
Idées-Forces tirées de Prescrire jusqu’au n° 362 (décembre 2013)
Téléchargé sur prescrire.org le 11/02/2014 par GILLES PIALOUX (TRANSCRIPTASE)
Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement
Hépatite C, en bref
En cas de suspicion d’une hépatite C aiguë, mieux vaut rechercher les anticorps spéci-
fiques anti-HCV (alias sérologie HCV) et l’ARN viral. L’absence de ces 2 marqueurs permet
d’exclure le diagnostic. En cas de discordance, la recherche du marqueur manquant est à
répéter quelques semaines plus tard. La présence d’ARN viral sans anticorps est très évo-
catrice d’une hépatite C aiguë en début d’infection. (n°304, p.129)
Lors de l’infection aiguë par le virus de l’hépatite C, l’élévation des transaminases atteint
parfois 10 fois à 20 fois la limite supérieure de la normale, même en l’absence d’ictère.
(n°316, p.129)
Hépatite C chronique
La sérologie HCV est le premier test le plus approprié au diagnostic d’une hépatite C
chronique sans exposition récente. Une absence d’anticorps permet d’écarter avec une
grande certitude une infection par le virus de l’hépatite C datant de plus de 3 mois. En pré-
sence d’anticorps spécifiques anti-HCV, la recherche qualitative de l’ARN viral sert à déter-
miner s’il persiste une réplication virale. La négativité à deux reprises de la recherche d’ARN
viral chez un sujet ayant des anticorps spécifiques anti-HCV conduit à évoquer soit une
infection ancienne guérie, soit un résultat faussement positif du test sérologique, surtout
quand le titre d’anticorps est faible. (n°304, p.129)
Le degré d’atteinte du foie permet de préciser le pronostic d’hépatite C chronique et l’in-
térêt du traitement. Une évaluation précise du degré de fibrose est rarement nécessaire
dans l’hépatite C chronique. Mieux vaut privilégier une méthode non invasive en premier
choix: scores biologiques (Fibrotest°, Fibromètre° ou Hepascore°) ou élastométrie impul-
sionnelle ultrasonore (Fibroscan°). Quand les résultats obtenus ne sont pas en accord avec
les données cliniques, une biopsie hépatique est parfois utile. (n°145, p.654) (n°184,
p.377) (n°312, p.760)
Les principaux effets indésirables de la biopsie hépatique sont des douleurs transitoires
fréquentes, et aussi quelques complications graves parfois mortelles (pneumothorax, hémo -
péritoines). (n°312, p.757)
Chez les nouveau-nés et les nourrissons
Chez un nouveau-né ou un nourrisson d’une mère infectée par le virus de l’hépatite C,
le diagnostic d’une contamination au cours de la première année de vie repose seulement
sur la recherche d’ARN du virus, car le nouveau-né ou le nourrisson est habituellement por-
teur des anticorps de sa mère. (n°304, p.129)
Dépistage
Les usagers anciens ou actifs de drogue par voie intraveineuse ou par voie nasale sont
une cible prioritaire du dépistage de l’hépatite C. (n°184, p.377)
Prévention
Les mesures générales à prendre en cas d’exposition accidentelle au sang ou à d’autres
liquides biologiques sont: nettoyage de la plaie à l’eau et au savon, rinçage, antisepsie pro-
longée (au moins 10 minutes) avec une solution d’hypochlorite de sodium à 5 g de chlore
actif par litre (alias solution de Dakin) ou avec de l’eau de Javel à 3,6% de chlore actif,
diluée au dixième. (n°184, p.382) (n°158, p.8) (n°158, p.9)
Il n’existe pas de vaccin ni d’immunothérapie d’efficacité démontrée après exposition au
HCV. Les traitements antiviraux de l’hépatite C n’ont pas été évalués en prévention immé-
diate après exposition et ont des effets indésirables importants (troubles hématologiques,
HÉPATITE C, EN BREF • PAGE 3/5
Idées-Forces tirées de Prescrire jusqu’au n° 362 (décembre 2013)
Téléchargé sur prescrire.org le 11/02/2014 par GILLES PIALOUX (TRANSCRIPTASE)
Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement
Hépatite C, en bref
neuropsychiques, cardiovasculaires, etc.). Leur balance bénéfices-risques semble défavo-
rable dans cette situation. (n°340, p.126)
Selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), les séroconversions HCV des professionnels de
santé sont souvent évitables en respectant les précautions standard: port de gants; élimi-
nation immédiate du matériel piquant ou tranchant à usage unique dans un collecteur
adapté et à portée de main; etc. Des matériels de sécurité pourvus d’un système qui permet
la neutralisation de l’aiguille ou de la lame après le geste contribuent aussi à la diminution
des accidents d’exposition au sang. Parmi eux, les plus performants semblent être les dis-
positifs automatiques, dits passifs, qui ne nécessitent ni geste d’activation de la sécurité, ni
changement des pratiques des soignants. (n°342, p.305)
Les personnes mortes d’hépatite virale doivent être mises en bière dans les 24 heures
suivant leur décès, dans un cercueil simple, sans faire l’objet de soins de conservation des-
tinés à ralentir la décomposition du corps. (n°314, p.937) (n°314, p.936)
Surveillance
Chez un patient atteint d’une hépatite C chronique non traitée, en l’absence de cirrhose
et quand la contamination date de plus de 20 ans, aucune surveillance n’est à prévoir. En
l’absence de cirrhose mais quand la contamination est plus récente, la surveillance repose
sur un bilan annuel avec: examen clinique, bilan biologique hépatique et, éventuellement,
échographie abdominale. Une nouvelle biopsie hépatique est préconisée après un délai de
3 ans à 5 ans. (n°184, p.382)
Pour surveiller et diagnostiquer l’apparition d’une fibrose hépatique, différentes méthodes
sont disponibles. La biopsie hépatique est l’examen de référence mais elle est inconfortable
pour le patient et expose à des effets indésirables rares mais graves. Les méthodes non in-
vasives (scores biologiques ou élastométrie impulsionnelle ultrasonore) sont plus conforta-
bles pour les patients, au prix d’une incertitude plus grande. (n°312, p.760)
En raison du risque d’hépatocarcinome chez les patients cirrhotiques, une surveillance
par échographie environ tous les 6 mois est à proposer. Elle semble en mesure de réduire
la mortalité par cancer du foie au prix d’un nombre de résultats faux positifs et d’effets in-
désirables modérés. Le dosage de l’alphafoetoprotéinémie semble inutile. (n°344, p.443)
(n°344, p.445)
©Prescrire
Sources
“11-5. Patients infectés par le virus de l’hépatite C” Rev Prescrire 2013; 33 (362 suppl. interactions
médicamenteuses).
“Hépatite C et interféron: moins de cancers du foie” Rev Prescrire 2013; 33 (355): 366-367.
“Dépister les hépatocarcinomes chez les patients cirrhotiques. Échographie du foie, sans alphafoeto -
protéinémie” Rev Prescrire 2012; 32 (344): 443-446.
“Contaminations des soignants après exposition au sang: peu fréquentes mais évitables” Rev Prescrire
2012; 32 (342): 304-305.
“Expositions aux virus des hépatites B ou C par liquide biologique. Agir vite pour prévenir l’hépa-
tite B” Rev Prescrire 2012; 32 (340): 124-128.
“Hépatite C aiguë: interféron pour certains patients” Rev Prescrire 2010; 30 (316): 129-130.
“Mortalité liée au virus de l’hépatite C en France” Rev Prescrire 2010; 30 (315): 67.
“Le devenir du corps humain après la mort” Rev Prescrire 2009; 29 (314): 936-941.
“Diagnostic de fibrose ou de cirrhose. La biopsie hépatique n’est pas toujours indispensable” Rev
Prescrire 2009; 29 (312): 756-760 + (314): II de couv.
“Augmentation des cancers après greffe rénale” Rev Prescrire 2009; 29 (307): 352-353.
“Diagnostic biologique d’une infection par le virus de l’hépatite C. Combiner sérologie et recherche
de l’ARN viral selon la situation clinique” Rev Prescrire 2009; 29 (304): 127-129.
HÉPATITE C, EN BREF • PAGE 4/5
Idées-Forces tirées de Prescrire jusqu’au n° 362 (décembre 2013)
Téléchargé sur prescrire.org le 11/02/2014 par GILLES PIALOUX (TRANSCRIPTASE)
Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement
Hépatite C, en bref
“Promouvoir un allaitement maternel. Deuxième partie. Très peu de contre-indications à l’allaite-
ment maternel” Rev Prescrire 2008; 28 (297): 515-520.
“interféron alfa-2b-Viraféron°, Introna°, ribavirine-Rebetol°. Chez les enfants: plus de risques que
chez les adultes” Rev Prescrire 2006; 26 (278): 807 (version complète sur le site www.prescrire.org:
4 pages) + 27 (280): II de couv.
“Traitement de l’hépatite C chez les patients infectés par le HIV. Réévaluer régulièrement la balance
bénéfices-risques” Rev Prescrire 2005; 25 (263): 525-529.
“interférons pégylés-Pegasys°, ViraferonPeg°. Hépatite C chronique: un plus à confirmer pour cer-
tains patients” Rev Prescrire 2003; 23 (242): 565-571.
“vaccin hépatite B et porteurs du HCV-Engerix B°. Une évaluation à poursuivre” Rev Prescrire 2000;
20 (202): 16-18.
“Hépatite C: limites et mode d’emploi des interférons alfa” Rev Prescrire 1998; 18 (184): 376-383.
“Les différents génotypes du virus de l’hépatite C: perspectives” Rev Prescrire 1996; 16 (160): 219-
220.
“L’hypochlorite de sodium, une arme majeure contre le HIV” Rev Prescrire 1996; 16 (158): 8-9.
“Reconnaître et traiter les hépatites virales” Rev Prescrire 1994; 14 (145): 651-654.
“Les hépatites C en France” Rev Prescrire 1994; 14 (143): 505-506.
“Quelle mortalité par hépatite non-A, non-B post-transfusionnelle ?” Rev Prescrire 1994; 14 (139):
237.
HÉPATITE C, EN BREF • PAGE 5/5
Idées-Forces tirées de Prescrire jusqu’au n° 362 (décembre 2013)
Téléchargé sur prescrire.org le 11/02/2014 par GILLES PIALOUX (TRANSCRIPTASE)
Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement
1 / 5 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !