La croissance économique et l’emploi
NIZAR BARAKA
AHMED BENRIDA
Introduction ............................................................................................................... 301
I. 50 ans de croissance économique......................................................................302
1. Une croissance économique en de çà de son potentiel..............................302
1.1. Vulnérabilité de l’économie aux aléas climatiques ..............................302
1.2. Baisse tendancielle de la croissance économique .............................303
1.3. Ralentissement important de la croissance du PIB par
habitant .......................................................................................................304
1.4. Fluctuations cycliques de l’économie ....................................................307
1.5. Convegence depuis les années 90 des cycle de
l’économie nationale avec ceux de l’Union Européenne ...................313
2. Une croissance économique tirée pricipalement par
le facteur travail ..............................................................................................315
2.1. Rôle moteur du facteur travail dans la croissance
économique ................................................................................................. 315
2.2. Amélioration de la contribution du facteur capital
à la croissance ........................................................................................... 315
2.3. Volatilité de l’évolution de la productivité globale
des facteurs à la croissance ...................................................................316
2.4. Une croissance économique tirée essentiellement
par la demande ...........................................................................................318
2.4.1. Ralentissement de la contribution de la consommation
des ménages à la coissance .........................................................318
2.4.2. Contribution limitée de l’investissement
à la croissance .................................................................................319
2.4.3. Contribution conséquente de la consommation des
administrations publiques à a croissance .................................... 320
2.4.4. Contribution négative du commerce extérieur
à la croiance ......................................................................................321
3. Rôle mitigé de la politique économique et du cadre institutionnel
dans le processus de croissance de l’économie marocaine......................321
3.1. L’inflation, facteur de décroissance pour l’économie
nationale.......................................................................................................322
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3.2. Faible contribution de la politique de valorisation du capital
humain sur la performance de l’économie marocaine ........................322
3.3. Politique budgétaire pro-cyclinique, peu favorable
à la croissance............................................................................................323
3.4. Peu d’effets positifs de l’ouverture sur l’activité économique.............325
3.5. Impact ngatif de la répartition des revenus sur la croissance.............325
3.6. Impact négatif de la qualité des institutions sur la croissance
économique ................................................................................................ 326
II. L’évolution de l’offre et de la demande de travail........................................... 328
1. L’offre de travail.................................................................................................328
1.1. L’offre de travail urbaine..........................................................................329
1.2. L’offre de travail en milieu rural..............................................................331
1.3. L’offre de travail selon les niveaux de formation.................................331
2. L’évolution de la demande de taravail ...........................................................332
2.1. La structure sectorielle de la demande de travail..............................332
2.2. La demande de travail selon les milieux urbain et rural....................333
2.3. La demande de travail selon le niveau de formation .........................334
2.4. La demande de travail en milieu rural ..................................................335
2.5. L’évolution de la durée de travail...........................................................335
2.6. L’évolution des coûts du travail.............................................................. 336
2.7. L’évolution des salaires minima.............................................................337
3. L’évolution des déséquilibres du marché du travail...................................... 338
3.1. Le chômage en milieu urbain .................................................................... 338
3.2. Le chôma ......................................................................................................339
3.3. L’incidence du chômage de longue durée..............................................340
3.4. Le chômage des diplômés ......................................................................... 340
3.5. L’ajustement de l’emploi aux fluctuations de
la production............................................................................................... 342
3.6. L’impact des salaires minima sur l’emploi............................................... 343
3.7. L’inflation et le chômage ............................................................................ 344
3.8. Réduction des déséquilibres du marché du travail
à l’horizon.................................................................................................... 345
Bibliographie sélective ..........................................................................................348
Annexes.....................................................................................................................351
300
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301
Introduction
Les liens entre la croissance économique et l’emploi sont complexes. L’analyse des interdépendances
entre le chômage, l’emploi, et les politiques macroéconomiques et sectorielles, et l’estimation de leurs
impacts respectifs présentent de très grandes difficultés liées essentiellement aux insuffisances du système
d’information national.
En identifiant les grandes tendances et les contraintes sur la croissance selon une périodisation pertinente
des cycles économiques, la présente étude vise à apporter des éléments de réponse à un certain nombre de
questions fondamentales pour la relance de l’emploi. Sachant que le Maroc a suivi une trajectoire historique
d’une croissance économique moyenne modeste de (3 à 4 %), peut-on envisager des scénarios d’une crois-
sance élevée pour réaliser des réductions importantes du chômage, ou celui de la poursuite de la croissance
tendancielle modeste mais intensive aux emplois, avec une croissance modérée de la productivité du travail?
La réponse à ces questions implique i) une analyse de la croissance économique et de ses déterminants, et
l’identification de la relation entre la croissance et l’emploi, ii) l’analyse des tendances de l’offre et de la
demande de travail et iii) l’évaluation des perspectives de l’offre de travail à long terme.
Cette étude traite ces questions dans trois parties. Dans la première partie il sera procédé à l’identification
des déterminants de la croissance économique au cours de ces cinquante dernières années et au calcul, à
partir d’une fonction de production, des contributions des facteurs de production (capital, travail, progrès
technique apprécié à par la productivité globale des facteurs), de la demande (interne et externe) et des sec-
teurs d’activité économique. Cette analyse permettra de situer le Maroc par rapport à un échantillon de pays
en matière de rythme de croissance et de PIB par habitant. Il s’agira alors d’expliquer les disparités enregis-
trées à travers un certain nombre de facteurs tels que l’utilisation de la main d’œuvre, le progrès tech-
nologique et la politique macro-économique mise en œuvre.
La deuxième partie passera en revue l’évolution de l’offre et de la demande de travail par sexe, milieu de
résidence, et niveaux de formation par secteur d’activité et statut dans l’emploi, pour identifier les modifica-
tions importantes qui ont marqué ces deux composantes. En cherchant à identifier les déterminants de la
demande du travail, cette partie examinera le rôle de la compétitivité – coût de facteurs de production,
notamment le lien salaire-emploi dans un contexte d’ouverture à la concurrence internationale.
La troisième partie analysera les déséquilibres du marché du travail, en cherchant à identifier les causes de
la montée et de la persistance du chômage. Elle donnera des indications sur les composantes structurelle et
conjoncturelle du chômage. Elle examinera l’évolution du coût de travail et de la productivité apparente dans
le secteur structuré et déterminera la position du Maroc par rapport aux principaux pays concurrents sous
l’angle du coût salarial unitaire dans les industries de transformation et du salaire minimum pour les secteurs
fortement exposés à la concurrence. Sur la base des évaluations précédentes, et des projections tendan-
cielles de l’offre et de la demande de travail, cette partie présentera une esquisse de scénarii de réduction du
taux de chômage à l’horizon de 2024.
302
I. 50 ans de croissance économique
La croissance est déterminée par un ensemble de facteurs de politique macroéconomique et de fac-
teurs structurels. Il s’agira pour nous d’analyser l’évolution de l’économie nationale depuis l’Indépen-
dance, de déterminer les cycles de croissance de l’économie nationale sur la période 1960-2003, d’étudier
leur amplitude, leur tendance, et l’effet des chocs exogènes internes et externes sur l’économie maro-
caine.
Nous procéderons également à l’identification des déterminants de la croissance économique au cours de
ces cinquante dernières années et au calcul, à partir d’une fonction de production, des contributions des fac-
teurs de production (capital, travail, progrès technique apprécié à par la productivité global des facteurs), et
de la demande (interne et externe) à la croissance économique.
Cette analyse permettra de situer le Maroc par rapport à un échantillon de pays en matière de rythme de
croissance et de PIB par habitant. Il s’agira alors d’expliquer les disparités enregistrées à travers un certain
nombre de facteurs tels que l’utilisation de la main d’œuvre, la productivité, la politique macro-économique
mise en œuvre, l’ouverture économique et la qualité des institutions.
1. Une croissance économique en deçà de son potentiel
L’histoire de la croissance de l’économie nationale depuis l’Indépendance du pays est marquée par sa
forte volatilité et par sa décélération continue, particulièrement marquée depuis le premier choc pétrolier.
1.1. Vulnérabilité de l’économie aux aléas climatiques
L’économie marocaine a connu depuis 1960 une évolution en dents de scie. Ces fluctuations du PIB sont
imputables essentiellement à la vulnérabilité de la croissance économique aux aléas climatiques, en raison
notamment du rôle stratégique joué par le secteur agricole dans la croissance économique du pays. En
effet, le secteur agricole occupe une place prépondérante dans l’économie marocaine : il représente selon
les années de 13 à 23 % du PIB global, emploie 40 % de la population active et 78 % de la population
rurale en âge de travailler et constitue 40 % des exportations. De ce fait, les fluctuations de l’activité agri-
cole se répercutent sur l’ensemble de l’économie nationale compte tenu de l’importance du secteur agri-
cole dans le PIB et de l’effet d’entraînement qu’il exerce sur l’ensemble de l’activité économique par le
biais des revenus. C’est ce qui explique, d’ailleurs, la forte corrélation entre le PIB et la valeur ajoutée agri-
cole.
Néanmoins, depuis 1996, l’impact de la sécheresse sur l’activité économique non agricole est de plus en
plus limité. En effet, le rythme de croissance du PIB hors agriculture ne s’est jamais situé en deçà de 3 %
même lors des années de sécheresse.
303
1.2. Baisse tendancielle de la croissance économique
Après avoir enregistré une accélération de son rythme de croissance depuis 1960 pour atteindre 5,7 %
entre 1967 et 1974, celui-ci a connu une décélération continue depuis le milieu des années 70 pour atteindre
2,7 % entre 1988 et 1995. Ce n’est qu’en 1996 que l’économie nationale est de nouveau entrée dans un
cycle de croissance soutenue (4 % entre 1996 et 2003).
Évolutions du PIB et du PIB tendanciel
1960-1966 1967-1974 1975-1981 1982-1987 1988-1995 1996-2003
PIB 2,9 5,7 4,6 4,1 2,7 4,0
PIB tendanciel
5,0 5,2 4,7 4,0 3,0 3,0
L’évolution de la croissance au Maroc depuis 1960 est le résultat de la conjonction de quatre facteurs, dis-
tincts mais interdépendants :
une baisse du taux de la croissance potentielle due au ralentissement de la croissance de la productivité
potentielle qui remonte, comme dans la plupart des pays de l’échantillon, au milieu des années soixante-
dix.
une croissance de la productivité du travail inférieure à la croissance de la productivité potentielle, en rai-
son d’un niveau insuffisant d’investissement.
une croissance de l’emploi inapte à enrayer le chômage.
enfin, et particulièrement au début des années quatre-vingt-dix, une insuffisance de la demande globale.
Toutefois, il convient de préciser que cette baisse tendancielle du PIB depuis 1975 n’est pas propre à
l’économie marocaine. Elle a été constatée dans la plupart des pays de l’échantillon retenu (voir annexe 1), se
traduisant ainsi par une nette réduction de la fourchette des taux de croissance du PIB. En effet, en début de
période, les taux de croissance tendanciels ont évolué entre 4,4 % pour le Chili et l’Irlande et 10 % pour la
Corée du Sud. En fin de période, ses taux se sont situés entre 2,1 % pour l’Afrique du Sud et 5,1 % pour la
Malaisie.
Du fait de cette réduction quasi-générale, les niveaux de croissance enregistrés par le Maroc sont devenus
comparables à ceux des pays développés, sauf que celui-ci, contrairement à ces pays développés, n’a pas
enregistré de décollage économique pendant la période post-Indépendance.
Ainsi, les taux de croissance tendanciels de la Corée du Sud, sont passés de 10 % en 1960-1966 à 5 %
durant 1996-2001. C’est également le cas pour la Malaisie qui après avoir enregistré un taux de croissance
élevé sur la période 1960-1966 (7,5 %), le taux de croissance de son PIB tendanciel a ralenti vers la fin des
années 90 pour se situer autour de 5 %. C’est enfin le cas pour le Mexique, l’Espagne et la Grèce, qui
après avoir enregistré une croissance soutenue au début des années 60 (8,1 %, 8,5 % et 9,3 % respective-
ment), ont connu une décélération de leur PIB tendanciel pour se situer respectivement à 3,3 %, 3 % et
2,6 %.
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