mémoire - Centre Imhotep

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I. Introduction :
Les acouphènes, du grecque akouein : entendre, et phainein : apparaître, sont définis
comme « une sensation auditive perçue en l’absence de toute stimulation sonore externe ».
Dès la lecture de cette définition, on comprend déjà que nous sommes face à un phénomène
qui va causer le plus grand désarroi à tous les thérapeutes, puisqu’il n’a pas d’explication
apparente. De plus en plus de personnes se plaignent aujourd’hui d’acouphènes, avec une
incidence sur leur vie quotidienne allant, de la simple gêne le soir, voire une indifférence, à
un réel handicap, avec des sons pouvant les rendre fou (ou conduire au suicide), mais aucun
traitement réellement efficace n’arrive à être mis en place. Que ce soit les médecins, les
dentistes ou encore les ostéopathes, ils se heurtent tous à ces sons internes qui restent
persistants. L’acupuncteur ne fait pas exception. Il lui arrive parfois d’avoir d’excellents
résultats chez certains patients, mais sans vraiment comprendre ce qui en avait fait leur
réussite, les traitements ayant été différents. Nous pouvons alors nous poser les questions
suivantes : que sont réellement les acouphènes ? Quelle est leur correspondance en
énergétique traditionnelle chinoise ? Y a-t-il une manière plus efficace de les traiter ?
Le travail qui vous est présenté ici, a donc pour but de comprendre au mieux ce
phénomène curieux, et de mettre en lumière un ou des traitements qui pourraient se
révéler intéressant en acupuncture traditionnelle. Ainsi, vous trouverez en premier, une
étude du fonctionnement de l’oreille et des acouphènes en médecine occidentale,
permettant de faire des parallèles avec l’acupuncture traditionnelle qui nous seront utiles
par la suite. Ceci nous donnera un esprit aiguisé, permettant une réflexion autour de
traitements possibles. Quelques patients, et l’étude de certains ouvrages nous permettront
enfin, de conclure sur une possible manière de traiter les acouphènes. Il va y avoir beaucoup
de notions citées, beaucoup d’hypothèses, vous êtes invités à y réfléchir autant que le
chercheur tout au long de votre lecture !
1
II. L’Anatomo-physiologie de l’oreille:
1) Anatomie de la structure externe de l’oreille :
L’oreille se situe à la partie latérale du crâne. Elle est formée, et protégée, par l’os
temporal. Ce dernier se compose de trois parties [1] : l’écaille ou partie squameuse, l’os
tympanal ou partie tympanique et le rocher ou partie pétreuse. Ils sont en rapport : en avant
avec le sphénoïde et l’os zygomatique, en haut et en arrière avec l’os pariétal, en arrière et
en bas avec l’os occipital. On trouve également l’articulation temporo-mandibulaire,
permettant l’ouverture et la fermeture de la bouche.
Figure 1 : L’os temporal :
1. Ecaille
2. Rocher
3. Os tympanique
4. Processus zygomatique
Os en relation avec os temporal :
5. Sphénoïde
6. Os zygomatique
7. Os occipital
8. Os pariétal
9. Os occipital
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Cette zone osseuse permet le passage d’un important paquet vasculaire à savoir,
l’artère carotide et la veine jugulaire interne (figure 2 et 3) [2]. Avec l’artère vertébrale en
postérieur du crâne, ces deux artères sont les seules à venir irriguer le cerveau. Ajouter à
cela, le passage d’un nerf non moins important : le nerf facial (figure 4), exactement sous l’os
tympanique, et même à l’intérieur de l’os temporal comme nous pourrons le voir plus loin.
L’os temporal est donc un passage clé pour la bonne irrigation et la bonne innervation du
cerveau, du visage et des organes des sens. [2,3]
Figure 2 : Artères de la tête
3
Figure 3 : Les veines de la tête et du cou
Figure 4 : Les nerfs proches de la région temporale
4
En ce qui concerne la partie musculaire, les images parlent mieux que des mots
(figure 5 et 6). Il faut seulement mettre en avant que, s’insèrent sur l’os temporal, certains
muscles qui jouent un rôle important dans la mobilité de la tête, comme le sterno-cléïdomastoïdien, ou dans la déglutition comme le stylo-hyoïdien ou le muscle temporal, et qui
sont souvent sujets à des tensions.
Figure 5 :
5
Figure 6 : muscle temporal
6
2) Anatomie de la structure interne de l’oreille [1, 3] :
L’oreille se découpe en 3 parties : l’oreille externe, moyenne et, interne (figure 7 [3]).
Figure 7 :
7
L’oreille externe comprend l’auricule et le méat acoustique externe, au bout duquel
se trouve la membrane tympanique. Le méat acoustique est formé par les 3 os de l’os
temporal. La membrane tympanique est une membrane semi-translucide formée de 3
couches : une couche latérale type cutanée, une couche intermédiaire de type fibreuse en
lien avec le marteau, et une couche médiale en continuité avec le revêtement muqueux de
l’oreille moyenne contenant des cellules ciliées.
L’oreille moyenne est constituée d’une cavité, appelée cavité tympanique, dans
laquelle se logent trois osselets, chacun articulé avec le suivant, dans l’ordre qui suit : le
marteau, l’enclume et l’étrier. Cette cavité tympanique est reliée au rhinopharynx par la
trompe auditive ou trompe d’Eustache. Cette dernière s’ouvre par l’intermédiaire du muscle
élévateur du voile du palais et du muscle tenseur du voile du palais. Elle est en rapport, en
haut avec le muscle tenseur du tympan et en bas avec le canal carotidien.
Enfin, l’oreille interne est composée de la cochlée. Elle se compose d’un tube enroulé
telle une coquille d’escargot, à l’intérieur duquel on retrouve trois canaux : le conduit
cochléaire, encadré de part et d’autre par les rampes vestibulaire et tympanique. Ces
dernières contiennent de la périlymphe, riche en Sodium (Na+, 140 mmol/L) et pauvre en
Potassium (K+, 3 mmo/L), alors que le conduit cochléaire contient lui, de l’endolymphe, riche
en K+ (150 mmol/L) et pauvre en Na+ (1 mmol/L), ce qui occasionne une différence de
potentiel de 60 mV.
Les canaux vestibulaire et tympanique communiquent entre eux au niveau de l’apex de la
cochlée appelée hélicotrème.
Le canal cochléaire contient l’organe de Corti (figure 8) : sur une lame basilaire, se
trouvent des cellules de soutien et des cellules ciliées, ces dernières sont « implantées »
dans la lame tectoriale, et sont assimilées à des véritables cellules musculaires. Cet ensemble
est en rapport avec le nerf cochléaire et permet la transformation d’une impulsion
mécanique, en impulsion électrique.
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Figure 8 [1] : Coupe transversale de la cochlée
3) Comment le son arrive-t-il à notre cerveau ? [1,3,4]
Le son est un mouvement des particules contenues dans l’air, formant une onde
oscillatoire. Cette onde sonore arrive à l’oreille, le pavillon la condense dans le conduit
auditif, qui l’amplifie et la fait arriver à la membrane tympanique. Cette dernière se met
alors à vibrer. Cette vibration est transmise au marteau, à l’enclume puis à l’étrier. Ces
derniers vont amplifier les vibrations, mais aussi moduler l’intensité de l’onde sonore
(l’étrier est relié à un muscle) afin de protéger l’oreille en cas de son trop fort. L’étrier, par
un mouvement de piston, va faire bouger le liquide contenu dans la cochlée. Le mouvement
liquidien va entraîner, par alternance de pressions, un mouvement au niveau de la lame
tectoriale, et donc un mouvement des cellules ciliées.
Plus le son est aigu (fréquence élevée) et plus ce sont les cellules ciliées à l’entrée de
la cochlée qui vont être stimulées ; à l’inverse, plus le son sera grave (fréquence basse) et
plus ce seront les cellules au sommet de la cochlée qui seront stimulées. Le mouvement des
cils va ouvrir des canaux, et permettre l’entrée de Potassium dans la cellule, provoquant une
migration des neuro-transmetteurs vers la synapse. Un message électrique est alors créé et
va pouvoir migrer vers le cerveau.
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Certaines cellules ciliées, les cellules internes, ne sont reliées qu’à des fibres
afférentes donc qu’à la transmission du son vers le cerveau ; alors que les cellules ciliées
externes, sont des cellules musculaires avec des fibres afférentes, mais également efférente
provenant du cerveau ! Cela permet de gérer la pression au niveau de la membrane, et de
moduler l’information auditive, autrement dit, elles font notre sélectivité auditive.
A la base de la cochlée, il y a une « fenêtre ronde » qui permet que le mouvement
s’arrête et puisse laisser passer le son suivant, ce qui lui confère un rôle d’amortisseur mais
aussi d’empêcher le phénomène d’écho ou de mélange de son.
Une fois que le potentiel d’action se trouve dans le nerf cochléaire, il va aller
rejoindre le nerf vestibulaire pour formé le nerf crânien VIII. Ce dernier arrive au niveau du
noyau cochléaire (tronc cérébral), c’est cet étage cérébral qui permet de localiser le son dans
l’espace, car il réunit les informations arrivant des deux oreilles. Ensuite le nerf passe par le
lemniscus médial et par les tubercules quadrijumeaux pour arriver au corps genouillé médial
du thalamus. Les tubercules quadrijumeaux ont un lien avec les muscles para-vertébraux des
cervicales et permettraient de tourner la tête pour suivre le bruit. Enfin, les « radiations
auditives » partant du thalamus sont transmises au cerveau, au niveau du cortex temporal.
En effet, le système auditif est une cartographie établie dans la cochlée et conservée telle
quelle jusqu’au cerveau.
Petite note :
L’hypoacousie (perte de l’audition) peut trouver son origine à trois niveaux :
- on peut avoir une origine mécanique : bouchon dans le méat acoustique, défaillance des
osselets, ou présence de liquide ou d’une infection dans la cavité tympanique, empêchant
ainsi la bonne transmission du son.
- Il peut y avoir une lésion des voies nerveuses.
- Enfin, un traumatisme sonore entraîne la destruction des cellules ciliées de la cochlée et
par conséquent une moins bonne transmission du son.
La surdité chez la personne âgée est liée à la diminution du nombre de cellules ciliées, liée à
des facteurs génétiques ou à une trop longue exposition à des bruits forts au cours de sa vie.
Les cellules ciliées jouent, par conséquent, un grand rôle dans l’audition.
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4) Parallèles avec l’acupuncture :
a) Les points locaux et les trajets :
En premier lieu il est intéressant de regarder quels sont les points locaux présents au
niveau de l’os temporal [5] :
Figure 9 : localisation des points d’acupuncture en lien avec l’os temporal
On peut remarquer que le Chao Yang est très présent. La Vésicule Biliaire se retrouve
à la jonction des articulations, et le Triple Réchauffeur, au niveau de la zone de projection de
l’appareil auditif [3]. Et c’est le 17 TR qui retient particulièrement notre attention, car il est
placé à l’endroit exact du passage vasculo-nerveux allant au crâne. D’ailleurs on peut y
ajouter le 17IG, qui est presque sur la verticale du 17TR, en arrière de l’angle de la
mandibule.
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En ce qui concerne la partie musculaire, un certain nombre de points vont pouvoir
agir localement notamment au niveau du sterno-cléïdo-mastoïdien, à savoir : le 16TR, le 17
et 18GI et le 16IG, mais le 12VB, le 17TR, et le 17IG, vont également agir sur les muscles
s’insérant sur l’os temporal. On remarque ici un bon nombre de points fenêtre du ciel et un
point fong.
Le Chao Yang reste toujours le plus présent, avec les intestins juste après.
Si on regarde maintenant les trajets de méridiens, en recoupant 3 ouvrages, on
trouve [5,6,7] :
- Le Gros Intestin par sa voie lo et son Tching Kann, notamment pour l’articulation temporomandibulaire.
- L’Estomac par son Tching Tcheng
- L’Intestin Grêle par son Tching Tcheng en avant et son Tching Kann pour tout le temporal.
- Le Triple Réchauffeur et la Vésicule Biliaire par leur Tching Tcheng et leur Tching Kann.
- La Vessie par son Tching Kann.
On note alors que tous les méridiens Yang vont à l’oreille d’une manière ou d’une
autre. En ce qui concerne les méridiens Yin, c’est le méridien du Maître du Cœur qui va aller
à l’oreille par son Tching Pié qui arrive au 16TR.
Enfin, du côté des Merveilleux Vaisseaux, si l’on considère les points locaux précités, ce sont
les Yang Tsiao et Oe Mo qui ressortent.
En définitive, on retrouve encore le Chao Yang et les intestins, voire tout le système digestif
puisqu’il y a, aussi bien au niveau du trajet, que des points locaux, l’Estomac.
Pour les ostéopathes, et beaucoup de thérapeutes manuels, toute la structure
crânienne a un micromouvement garantissant son bon fonctionnement, que ce soit au
niveau osseux ou tissulaire. Lorsqu’on regarde l’oreille, on se rend rapidement compte que,
la bonne mobilité musculaire, et le bon placement osseux va garantir un fonctionnement
correct de l’oreille, par une liberté de passage du paquet vasculo-nerveux, et par le maintien
de l’intégrité du conduit auditif, de la plasticité de la membrane tympanique et du
placement des osselets. Les points locaux vus plus haut vont donc être primordiaux pour
libérer des tensions au niveau de l’os temporal ou des tissus reliant la tête au tronc.
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Enfin, il faut considérer tout le circuit jusqu’au cerveau, auquel on peut rattacher les
points suivant : 20TM et 9VB pour le thalamus, qui vont être utile lorsque le patient
indiquera que les sons qu’il entend partent dans certaines directions, ou vont dans la nuque.
En ce qui concerne le système nerveux central, on indiquera particulièrement le 8VB et le
19IG [8], ainsi que les points de la vésicule biliaire situés sur le crâne en regard du lobe
temporal, car le système nerveux central est relié à l’élément Bois.
b) Les éléments reliés au fonctionnement de l’oreille :
Lorsqu’on regarde la physiologie de l’oreille, et la transmission du son, on a
principalement des alternances de pressions et une gestion des liquides : nécessité d’un
équilibre de pression de part et d’autre de la membrane tympanique, mouvement de piston
pour mettre en mouvement les liquides dans la cochlée qui met une pression sur la
membrane tectoriale pour mettre en mouvement les cellules ciliées, ou encore nécessité
d’un bon équilibre ionique des liquides de la cochlée. La gestion des liquides est apparentée
au Triple Réchauffeur et aux Reins, mais c’est cette nécessité d’une correcte mise sous
pression et dépression qui ressort le plus. On pense au Chao Yang bien sûr, mais beaucoup à
la vésicule biliaire, car quelques muscles interviennent dans cette régulation, comme le
muscle du tympan, mais aussi à cause des cellules ciliées dont on vient de voir toute
l’importance dans l’audition, et qui sont véritablement apparentées à des cellules
musculaires. Le fonctionnement interne de l’oreille a l’air donc de se faire par la
combinaison du Triple Réchauffeur, des Reins, et de la Vésicule Biliaire, avec une
prédominance pour cette dernière.
Les correspondances anatomiques et de la physiologie permettent à peu près de
confirmer une analogie que nous connaissons : à savoir que l’oreille externe correspond au
Tae Yang, l’oreille moyenne au Chao Yang, et l’oreille interne au Chao Yin.
Enfin, quelque chose m’a particulièrement intriguée, c’est l’action d’une certaine
« fenêtre ronde » qui permet d’éviter le mélange des sons. Or beaucoup de personnes se
plaignant de perte d’audition ou même d’acouphènes (on le verra plus loin), indiquent une
gène à suivre une discussion dans une pièce où il y a du bruit.
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Il est absolument fabuleux de remarquer que « fenêtre ronde » peut être l’équivalent
de « fenêtre du ciel », le cercle correspondant au ciel. De plus, on peut considérer que le son
est Yang puisque c’est, par définition, « un mouvement des particules de l’air », or une
fenêtre du ciel permet d’évacuer un trop plein de yang pour remplir du correct, et la fenêtre
ronde, permet quant à elle, de libérer le reste de mouvement dans la cochlée, pour qu’un
autre puisse arriver sans qu’il y ait un trop plein. La correspondance est presque parfaite !
On peut y voir là une confirmation de l’utilité des fenêtres du ciel dans l’audition.
III. Les acouphènes en médecine occidentale : [9]
Il en existe presque autant de sortes qu’il y a de personnes en souffrant. Et c’est bien
là la difficulté. Une liste a quand même été établie.
1) les acouphènes objectifs :
a) Les pulsatiles :
Ils sont détectables au stéthoscope. Le son est de type « flux qui passe dans un
vaisseau » de manière régulière, il suit en effet le rythme cardiaque. Il augme donc à l’effort
et suivant la position de la tête. Il a une origine vasculaire :
- lésion artérielle de la carotide, fistule artério-veineuse ou méningée au niveau de l’os
temporal.
- Anomalie veineuse de la jugulaire par obstruction ou malformation, ces acouphènes là
peuvent être continus.
- Hypertension
- otospongiose
- tumeurs
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b) Les non pulsatiles :
Ils représentent différentes origines avec chacune leur son :
- Une béance tubaire de la trompe d’Eustache donnant une impression d’air passant à
chaque inspiration
- Des contractions musculaires de type myoclonie du voile du Palais, muscles pharyngés, ou
muscles de l’oreille interne notamment de l’étrier. Le son ressemble à un cliquetis de
quelques secondes. Son intermittent.
- On entend le fonctionnement de l’oreille, car elle produit un léger bruit.
- Présence de liquide dans la caisse de l’oreille moyenne le plus souvent suite à des otites à
répétition. Le son peut prendre la forme de craquements ou de bruit de liquide, ou encore
un son quelconque, avec une impression de liquide dans l’oreille.
2) Les acouphènes subjectifs :
Ce sont eux qui vont nous intéresser le plus, car leur origine est particulièrement
difficile à établir. Ils sont décrits comme des sifflements aigus, un sifflet, des grillons ou bruit
de cigales. On note ici qu’on ne parle pas vraiment des bourdonnements, quoique le grillon
soit assez grave, mais certains patients décrivent des bruits de moteur (se demandant
souvent si le voisin n’a pas laissé quelque chose tourner), ou comme un souffle.
Tous ces types de sons sont le plus souvent permanent, variable en intensité, parfois
variable au niveau de leur tonalité, et parfois multiples !
a) Quelques théories sur le mécanisme de l’oreille à l’origine des
acouphènes :
- une obstruction au niveau de l’oreille externe :
L’oreille émet un léger son naturellement, et lorsqu’il y a une obstruction au niveau de
l’oreille externe, la personne entendrait son propre son.
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- le glutamate :
Suite à un traumatisme physique ou sonore, il y aurait une libération de glutamate
(neurotransmetteur) qui viendrait dérégler et hyper-activer le nerf auditif, en détruisant les
connexions entre les cellules ciliées de la cochlée, et le nerf.
- Mauvaise reconstruction synaptique :
Toujours suite à un traumatisme, et donc à une destruction. Il peut y avoir une
reconstruction synaptique mais qui peut mal se faire :
- Déséquilibre ionique du liquide endo-cochléaire :
Une augmentation de potassium et une diminution du sodium et du calcium provoqueraient
des potentiels d’action en chaîne et donc une augmentation de la stimulation du nerf
auditifs donc des acouphènes.
- Un problème au niveau du cerveau :
Les problèmes commenceraient au niveau de la cochlée, puis le cerveau prendrait le relais.
b) Dans quelles circonstances peut-on retrouver des acouphènes ?
- Lors d’une diminution de l’audition : presbyacousie. En effet, on constate que la diminution
de l’audition s’accompagne souvent d’acouphènes, comme si le cerveau cherchait à combler
les zones qui ne fonctionnent plus.
- Il existe aussi l’hyperacousie, où le patient souffre d’une trop grande sensibilité aux bruits
et qui s’accompagne souvent d’acouphènes.
- Un traumatisme sonore, qui viendrait détruire les cellules ciliées.
- Un traumatisme physique notamment au niveau crânien, ou les accidents de plongée.
- Une intoxication au tabac, à l’alcool, aux métaux lourds ou à l’oxyde de carbone.
- De l’hypertension peut également être associé à des acouphènes et des céphalées.
- La maladie de Ménière associe en général, céphalées, vertiges, hypoacousie et acouphènes
de type souffle, grave.
- Une infection notamment une otite.
- Une microlésion vasculaire au niveau de la circulation de la cochlée.
- Une atteinte du nerf VIII, virale ou neurinome.
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- Une atteinte centrale telle qu’une encéphalite, une méningite, une sclérose en plaques, un
accident vasculaire de tronc cérébral etc…
- Des pressions dans le territoire du nerf V entraineraient des acouphènes
- Le cycle hormonal jouerait aussi, notamment lors de la chute de progestérone.
- On constate également l’apparition d’acouphènes suite à une mauvaise nouvelle, ou un
deuil, ou encore au cours d’une dépression
3) Traitement :
A part quand il est objectivé une obstruction au niveau de l’oreille externe, un
trouble vasculaire, ou un neurinome, rien n’est fait. Il peut cependant être prescrit des
neuroleptiques, des tranquillisants, des antidépresseurs, car il a été remarqué que le
« stress », les tensions, diminuent la tolérance du patient vis-à-vis de ses acouphènes.
On propose également des séances de sophrologie ou de thérapie cognitives, permettant
d’apprendre à vivre avec, de manière sereine.
Enfin, certaines recherches sont effectuées autour de l’écoute de bruit blanc ou
encore à essayer de déterminer la fréquence du son entendu et de la faire écouter, mais rien
n’a encore vraiment révélé des résultats probants. En ce qui concerne l’acupuncture,
beaucoup d’études s’accordent à dire qu’il y a un effet, mais pas beaucoup plus important
que d’autres thérapies [10]. Il ne tient qu’à nous de changer ça !
4) L’articulation temporo-mandibulaire :
Pour les thérapeutes manuels et la plupart des dentistes, les acouphènes peuvent
être dus à un problème au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire. Cette dernière
s’articule par l’intermédiaire d’un disque qui peut se luxer. L’articulation étant décalée, la
mandibule vient comprimer le conduit auditif, ce qui peut créer des acouphènes. Outre les
décalages flagrants suite à des traumatismes, il faut se méfier des petits déséquilibres : le
disque peut se luxer très légèrement suite à un petit choc, et si la personne sert
continuellement les dents, la mandibule se retrouve souvent en position postérieur.
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Le Dr Bernard MONTAIN a consacré tout un chapitre de son livre sur le lien entre les
acouphènes et l’articulation temporo-mandibulaire [11], et indique qu’on pourrait les
diagnostiquer s’il y a présence d’au moins trois des symptômes suivants :
- les acouphènes sont accompagnés de douleurs dans l’oreille ;
- les acouphènes sont modifiés par la position de la mandibule ;
- les acouphènes sont assortis d’une impression d’oreille pleine ;
- les acouphènes sont composés d’au moins deux sons ;
- les acouphènes sont survenus progressivement ;
- les acouphènes sont malaisés à traiter par « les masqueurs » (écoute de musique, la mer
etc.. pour ne pas entendre ses acouphènes).
Les points locaux tels que les 2VB, 19IG et 21TR, placés en regard de l’articulation
temporo-mandibulaire se révèleront particulièrement intéressants dans ces circonstances.
Mais il faut garder à l’esprit que parfois les tensions ou blocages sont tels, qu’il faut que le
patient passe entre les mains d’un thérapeute manuel ou d’un dentiste.
5) Mise en garde :
Avec les descriptions faites ci-dessus, si le patient qui arrive dans notre cabinet n’est
pas passé chez un médecin ORL avant, il faudra faire attention à la description de
l’acouphène en question et des autres symptômes que pourrait décrire le patient. Il se peut
en effet, que ce dernier présente une atteinte vasculaire cérébrale ou un neurinome au
niveau du nerf VIII, ou encore des hallucinations auditives nécessitant une prise en charge
psychiatrique. Bien sûr il sera rare que ces patients arrivent chez l’acupuncteur sans avoir
été diagnostiqué avant, mais cela peut arriver.
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III. Premières Réflexions :
1) Regroupement des acouphènes en médecine occidentale et analogies
avec l’acupuncture :
Il existe une multitude d’acouphènes, à chacun son son et son origine, et ceux qui
nous intéressent particulièrement sont ceux qui n’ont pas d’origine médicale puissant être
traitée. On ne fera pas ici de parallèle avec l’acupuncture traditionnelle pour chaque type de
mécanisme possible, parce que ce ne sont que des origines possibles et non avérées. De plus
ce sont pour beaucoup des déséquilibres ioniques ou de neuro-transmetteurs. Or quand
nous faisons un traitement en acupuncture, le corps est régulé dans sa globalité, ce qui
engendre forcément un rééquilibrage ionique, hormonal ou cérébral. Nous pouvons tout de
même retenir que nous avons trois grandes catégories de survenue des acouphènes : suite à
un problème vasculaire, suite à un traumatisme physique ou à une pathologie, et suite à un
traumatisme émotionnel. Nous pouvons faire les analogies suivantes :
Dans les cas d’acouphènes vasculaires, les points de la région du cou, cités plus haut,
vont avoir une place primordiale, du fait du passage vasculo-nerveux dans cette région.
En ce qui concerne les acouphènes liés à une pathologie, ce sera le diagnostic
énergétique par rapport à cette dernière qui entrera en compte pour le traitement.
Cependant un traitement particulier peut être établi lorsqu’il y a eu un traumatisme sonore
ou qu’il y a une hypoacousie associée.
Il a été dit plus haut que ces derniers seraient liés à une destruction ou une
diminution des cellules ciliées contenus dans la cochlée. Par conséquent, il semble que si
nous venons cicatriser ces cellules, ou stimuler leur production, on pourrait réduire les
acouphènes, et même restaurer l’audition. Nous savons que ce sont des cellules dites
« musculaires » et qui gèrent la pression dans la cochlée pour éviter qu’elle soit trop forte
sur la lame tectoriale, ce qui les relient respectivement au Bois et au Chao Yang, donc à la
Vésicule biliaire. Cela tombe bien, cette dernière est très présente dans le fonctionnement
de l’oreille et contient le point Roe des muscles et des tendons à savoir, le 34VB.
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On pourrait donc associer un 4F, point king du foie, dans une idée de cicatrisation, avec le
34VB, et envoyer sur un point local agissant particulièrement sur l’oreille comme le 2VB ou
le 8VB. On pourrait même y ajouter un 6F : il a été vu en gynécologie pour agir sur les
cellules ciliées de la trompe, et c’est par la symbolique de ce point qu’on le rattache à des
cellules ciliées.
Enfin, pour les acouphènes liés à un trouble émotionnel, le diagnostic et le traitement
énergétique demandera de s’intéresser particulièrement à l’histoire du patient et des
acouphènes qu’il décrit.
2) La Vésicule Biliaire :
Le grand mystère des acouphènes réside dans le fait que les personnes entendent un
son qui devrait être externe, et qui pourtant se retrouve être interne. On peut donc penser
que le problème est là : un blocage entre l’interne et l’externe, une circulation qui ne se fait
pas, ou une nécessité de faire passer quelque chose de l’interne vers l’externe ou
inversement. Pour résoudre ce problème, notre première idée serait l’utilisation des axes
Chao Yang et Chao Yin. Ce sont en effet les axes charnières qui permettent le passage entre
l’interne et l’externe, respectivement dans le Yang et dans le Yin. Cela nous va bien,
puisqu’on a pu voir au cours de l’étude anatomo-physiologique beaucoup d’analogies avec
ces deux axes. Cependant, suite à la corrélation faite entre certains acouphènes, les cellules
ciliées et la vésicule biliaire, je me suis dit que cette dernière pouvait être la clé.
Tout d’abord, la vésicule biliaire est reliée à tous les éléments composant les trois
axes associés à l’ensemble de l’oreille à savoir, la Tae Yang, le Chao Yang et le Chao Yin. Elle
fait partie du Chao Yang et est en lien donc avec le TR. Elle est également en lien avec le
Chao Yin par la dialectique des axes, mais également par son trajet : le méridien de la
vésicule biliaire passe en effet par le cœur, et contient le point Mo des Reins. Enfin elle est
reliée au Tching Kann de la Vessie par le 30VB, et le point fenêtre du ciel de la vésicule
biliaire est tout de même le 17IG.
Puis, un grand nombre des points locaux cités dans le chapitre sur l’anatomie,
appartient à la vésicule biliaire, ou sont en rapport avec elle, comme pour le 17IG.
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Ensuite, si on regarde le corps dans la symbolique de la forteresse, la vésicule biliaire
est la salle du conseil. Une salle du conseil n’est autre qu’un endroit où plusieurs personnes
se réunissent pour traiter de certains problèmes et prendre des décisions en conséquence.
Et c’est la vésicule biliaire qui prend les décisions justes, on dit d’ailleurs que tous les organes
lui obéissent. Or pour être juste, il faut savoir écouter et entendre les différents partis. Donc
à qui d’autre, mieux qu’à la vésicule biliaire, relier ce qu’entend les oreilles !
Enfin, la vésicule biliaire a une particularité que n’ont pas les autres Tsang/Fu, c’est
une entraille curieuse. Tout d’abord, il est dit dans le cours, que les entrailles curieuses
auraient un rôle d’interface entre le ciel et la terre, donc entre le Yang et le Yin, donc entre
l’externe et l’interne [8]. Ensuite, la vésicule biliaire, permet, par la bile, l’assimilation du bol
alimentaire dans le corps, ainsi que l’élimination de certaines toxines. Elle permet donc de
faire passer l’externe vers l’interne et l’interne vers l’externe. Ce qui veut dire que
l’utilisation de la Vésicule Biliaire dans un traitement pourrait permettre, en faisant les liens
entre l’interne et l’externe, de traiter les acouphènes. Mais lorsqu’on regroupe les entrailles
curieuses en fonction des 4 Mers, la vésicule biliaire se retrouve, d’une part associée au
cerveau, qui nous l’avons vu, peut être une des causes de la production d’acouphènes, et
d’autre part reliée à la mer des moelles. Or les symptômes d’une pathologie en vide chez
cette dernière sont les suivants : vertiges, bourdonnements d’oreilles, endolorissement des
mollets, trouble de la vue et impotence des quatre membres. Ce qui veut dire ici, qu’une
vésicule biliaire avec un déséquilibre énergétique serait à l’origine de l’apparition
d’acouphènes. Ajoutons à cela que la point Roe des moelles est le 39VB.
La vésicule biliaire semble donc être au cœur du fonctionnement de l’oreille et des
problèmes d’acouphènes, mais en est-elle la cause, le moyen de les traiter, ou les deux ?
Quelle est la réelle origine des acouphènes en énergétique traditionnelle chinoise et
comment les traiter ?
21
V. Expériences personnelles :
1) Avant les recherches :
Il se trouve qu’avant de démarrer cette recherche autour des acouphènes, j’avais
déjà eu deux patients présentant des acouphènes. Je n’ai pas retrouvé mes notes au sujet de
ces traitements, je peux indiquer les informations principales, en sachant que je m’étais
basée sur le Vadémécum d’Acupuncture Traditionnelle (VAT) pour connaître quelques points
symptomatiques [7].
Concernant le premier patient, les acouphènes étaient anciens (une dizaine d’année)
et le patient avait un profil Chao Yang. J’avais donc traité autour de la vésicule biliaire, qui
était en excès. J’avais utilisé toujours au milieu d’un traitement global, le 2VB et un Su
antique de la VB, et le 17TR.
Pour la seconde, l’acouphène était récent et faisait suite à l’écoute d’un bruit fort,
mais il semblait y avoir quelque chose d’émotionnel en dessous. J’avais donc traité autour de
l’Intestin Grêle, avec notamment, le 19 et 16 ou 17 IG.
Tous deux n’avaient presque plus rien suite à la séance.
2) Pendant l’année de recherche :
J’ai décidé ici de ne détailler le cas que d’un seul patient en particulier, car il se révèle être le
plus intéressant.
22
a) Première séance :
M.P., né le 21/11/1959. Il est Chef d’entreprise et directeur d’une association ; marié, trois
enfants.
M.P. présente des acouphènes bilatéraux depuis toujours apparemment, mais qui se sont
empirés avec le temps et qui deviennent, à l’heure actuelle très pénibles, avec une
diminution nette de l’acuité auditive. Les acouphènes sont décrits comme des sifflements, il
peut y avoir plusieurs sons, ils sont changeants dans leur son et leur intensité. Par moment,
ça fait comme un pic pendant lequel les acouphènes sont beaucoup plus forts. Il peut parfois
indiquer la direction du son et précise que ça part souvent vers la nuque, et montre les
alentours de C6-D2 et sous occipitale, entend moins bien s’il y a plusieurs sons en même
temps, des discussions, du bruit etc…
Autres choses à noter : il se trouve de plus en plus émotif, a la larme à l’œil pour tout.
Douleurs récurrentes au niveau des lombaires, et en ce moment, il n’a pas faim.
Antécédents : dans l’enfance principalement : beaucoup d’otites, et une grosse insolation
(cette dernière ayant été traité ces dernières années par une autre acupunctrice)
Traitements : aucun
3R : changeant, 2-2-0 ; 2-2-1 ;3-2-0 : Problème Rate
Langue : Rose, étalée, légèrement plus épaisse au niveau du foyer supérieur
Léger creux en niveau du métal
=» Vide de yang, stagnation d’humidité au foyer supérieur et vide yin du poumon. Ce qui
peut faire pencher pour une rate qui ne distribue pas ou un foyer moyen qui bloque cette
dernière
23
Pouls : Yang globalement tendu, avec une Vésicule biliaire pleine.
Rate dicrote
Poumon vide Feu
Bilan énergétique : Suite à la connaissance du pouls, on pencherait plus pour un foyer moyen
et notamment la vésicule biliaire, qui vient bloquer la rate, ce qui déséquilibre le Tae Yin et
vide le poumon.
Traitement : l’objectif était de traiter les acouphènes, et je pensais alors, du fait qu’il y a une
perte de l’audition à faire le traitement suivant :
4Ft (cicatrisation cellules ciliées)
2VBd en bilatéral (pour amener l’information de cicatrisation au niveau de l’oreille. En
bilatéral, car c’est la réunion de l’information des deux oreilles, qui permet de donner une
orientation au son).
12VB d (point le plus douloureux en cherchant les points en sous occipital)
38VB d
Il apparût alors au pouls un vide des reins
25VBt
10Rte t
10P d
Résultats : Aucun changement au niveau des acouphènes suite à cette séance.
Il est intéressant de noter ici, que j’ai foncé sur la vésicule biliaire pour le traitement
des acouphènes, et d’ailleurs dans tout ce traitement, et pourtant, ça n’a rien donné. J’avais
eu la même absence de résultats avec un autre patient. Je me suis alors demandée comment
j’avais raisonné avec mes premiers patients, et il m’est apparu que j’avais traité en fonction
du profil de personne que j’avais eu devant moi. J’avais supposé, d’après le VAT, qu’il y avait
trois axes possibles, soit traiter autour du Chao Yang, soit autour de l’intestin grêle, ou
encore autour des Reins.
24
J’avais donc établi, lors de mes premiers traitements, un bilan comprenant ce que
dégageait la personne, son profil, l’histoire de ses acouphènes, les symptômes adjacents et
enfin les pouls, en essayant de regarder si ça allait plus avec un problème de Rein, d’Intestin
Grêle ou de Chao Yang. Or ces traitements avaient fonctionné. J’ai donc décidé de changer
de stratégie pour les autres séances.
b) Deuxième séance :
J’ai regardé qui était face à moi : nous avions un profil plutôt Chao Yang de prime
abord : très présent, parle fort et distinctement, bonne poignée de main. Cependant aucun
symptômes de VB en excès ou d’élévation du feu du Foie : pas d’agitations ni de maux de
tête, teint du visage normal. En revanche, la question du vide des reins peut se poser avec
les douleurs lombaires que présente ce patient. Néanmoins, nous somme face à un profil
très émotionnel : derrière le Chao Yang en surface, on sent quelqu’un de très angoissé, et
émotif. Par conséquent j’ai décidé de traiter en fonction d’un profil émotionnel, tout en
surveillant les Reins.
Pouls : court et vaste (interne) sur Rate
Bilan : nécessité de faire circuler un feu émotionnel principalement au niveau de la rate
Traitement :
2rte d
17IG d (Fenêtre de ciel qui apparaît bloquée à la palpation)
19IG d en bilatéral
2TR t (volonté de faire circuler les liquides du cœur)
17R t (point du Rein, agit sur Gros intestin et Mo de Manaka de la Rate)
Résultats : diminution de l’intensité des acouphènes dès la fin de la séance. Après quelques
jours, c’est remonté un peu, mais il n’y a plus de pics d’intensité comme avant.
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c) Troisième séance :
Impression d’être envahi par les acouphènes le matin.
Pouls : VB tendue, légèrement vaste (interne)
Rate toujours vaste (interne)
Rein court
Poumon forme particulière mais non déterminée, nous dirons faible
Bilan : l’état énergétique de la Vésicule Biliaire peut expliquer l’envahissement du matin.
Faiblesse de l’énergie avec une VB pleine et une rate toujours vaste.
Traitement :
43VB d
2Rte d
16R t
15IG t (le patient indiquait que le son se dirigeait vers la nuque et me montrait cette zone ce
jour là)
19IG t en bilatéral
1P t à droite
A ce moment, le patient indique qu’il n’y a presque plus d’acouphènes à droite, mais plus à
gauche, comme si les acouphènes à droite étaient passés à gauche. J’ai donc puncturé le 1P
à gauche pour voir, puisqu’il semblait que ce soit depuis la puncture de ce dernier. Cela a
rééquilibré le son, il est repassé à droite et a baissé en intensité à gauche.
Résultats : Dès la sortie de la séance, impression moins d’acouphènes, avec la droite
légèrement moins forte que la gauche. Cet effet a été conservé dans le temps.
Ce patient n’est pas un exemple de guérison, ses acouphènes sont encore assez
présents, et il a toujours des difficultés pour entendre correctement. Cependant nous
pouvons constater que le fait d’avoir réfléchi en fonction de différents profils, a permis
26
d’établir un traitement plus efficace. Il faut noter également, que le 1P a eu l’air d’avoir un
impact certain sur les acouphènes, ce qui pose certaines questions puisque ni le métal, ni le
poumon, n’ont été vraiment cités auparavant.
VI. La littérature :
1) « Les chants d’oreille de la médecine traditionnelle chinoise » [12]:
Ce livre est le seul trouvé traitant des acouphènes et de l’acupuncture. Le DC.
CYGLER, médecin ORL et acupuncteur, a fait une étude clinique sur trois cents patients
présentant des acouphènes. Sa démarche a été de réaliser un traitement global en fonction
des différents symptômes accompagnant les acouphènes, associé ou non à des points
symptomatiques, et de faire un bilan sur ce qui avait été efficace. Il présente donc pour
chaque patient, le type d’acouphènes et les troubles associés avec les antécédents s’il y en a,
ensuite un diagnostic énergétique, puis le traitement effectué en conséquence, et enfin il
note les résultats obtenus au bout d’une ou plusieurs séances. Ce n’est qu’après, qu’il
regroupe les différents traitements réalisés en fonction de l’élément central du traitement :
un méridien, un merveilleux vaisseau, un organe etc…. en remettant pour chacun l’effet
obtenu, le tout afin de voir si un élément ressort. Il n’en a trouvé aucun. Ses conclusions ont
été de dire que oui, l’acupuncture pouvait agir là où la médecine occidentale ne pouvait pas,
en traitant le patient dans sa globalité et de manière adaptée à lui, mais il n’a pas pu faire
ressortir un traitement ou des traitements particulièrement efficaces, ni un élément plus
responsable qu’un autre de l’apparition des acouphènes. Pour le Dc Cygler on peut traiter
entièrement environ 20% des patients présentant des acouphènes en faisant un traitement
global adapté.
En outre, il nous donne une liste assez complète des points symptomatiques des
acouphènes. (tableau 1 à 4)
27
Tableau 2 :
Tableau 1
28
Tableau 4
Tableau 3
29
Leur nombre et leur répartition sur quasiment tous les méridiens, montrent que tous
les méridiens auraient une action potentielle sur les acouphènes, on pourrait donc
s’inquiéter de la nécessité de traitements multiples et variés, cela indique également que les
acouphènes seuls ne peuvent être un objet de traitement. Il n’y a pas d’exceptions. Comme
pour tout traitement, il va forcément falloir établir un diagnostic énergétique complet,
intégrant les autres symptômes et l’histoire du patient pour déterminer quel est le point
parmi tous ceux cités qui va se révéler efficace.
Le Chao Yang ressort quand même particulièrement, et même si d’après les
expériences du Dr Cygler, les traitements autour de la vésicule biliaire n’ont pas eu l’air plus
efficaces que les autres, il indique que les textes corrèlent beaucoup les acouphènes et la
surdité comme deux stades d’une même maladie, les bourdonnements étant le premier
stade et la surdité indiquant un stade plus grave (ceci en dehors d’une surdité isolée). Ce qui
nous ramène à nos cellules ciliées et donc à notre Vésicule Biliaire.
2) Quelques articles : [13-17]
Dans un premier temps, trois des articles lus sont des études cliniques qui se révèlent
particulièrement intéressantes pour avoir indiqué, pour des acouphènes, des traitements en
fonction de trois cas différents : montée du feu du foie (et de la vésicule biliaire), déficit du
yin des reins, et, atteinte du vent externe pour deux d’entre eux, amas de phlegme pour le
troisième. Ils obtiennent ainsi plus de résultats à savoir : environ 35% de guérison complète
et seulement 5% d’absence totale de résultat [14,15,16]. On remarque cependant qu’il y a
une divergence d’opinion sur le dernier diagnostic, il en est de même pour la description des
symptômes. Ils s’accordent tout de même sur un point : pour les acouphènes par vide du Yin
des reins, les acouphènes seraient intermittents et soulagés quand on exerce une pression
digitale sur l’oreille ; à l’inverse des autres types d’acouphènes.
30
En ce qui concerne les traitements proposés sont les suivants.
- excès Feu du Foie : 2VB, 17TR, 43VB, 3F et 40VB en dispersion. Ou 21TR, 19IG, 2VB, 3F et
40VB.
- vide du Yin et du Qi des Reins : 2VB, 17TR, 43VB, 23V, 9P, 4JM en tonification. Ou 21TR,
19IG, 2VB, 26V, 13R
- atteinte du vent : 2VB, 17TR, 20VB, 5TR, 4GI.
- amas de phlegme : 21TR, 19IG, 2VB, 40E, 8MC. Au vu de ce traitement, on opterait pour un
amas de phlegme d’origine émotionnelle.
Ceci apporte trois points intéressant. Tout d’abord on retrouve ici trois types de
pathologies, ce qui nous fait penser aux trois types de profils dont j’ai parlés dans le chapitre
précédent.
Ensuite, au vu de ces différents traitements, on remarque la présence constante de la
Vésicule Biliaire et même du Chao Yang, ainsi qu’une utilisation, en association, de points
locaux et distaux. En revanche, il n’y a l’utilisation d’aucun point fenêtre du ciel.
Enfin, il est important d’indiquer que les patients recevaient des traitements avec
une fréquence élevée, à savoir un traitement toutes les semaines, pendant quatre semaines,
ou un traitement tous les deux jours pendant quinze jours. On pourrait donc s’inquiéter de la
nécessité de faire des séances nombreuses, mais surtout rapprochées pour pouvoir traiter
des acouphènes. Mais les travaux du Dr. Cygler montrent que certains patients ont été
soignés en une seule séance ou en deux séances plus espacées. Faire plusieurs traitements
rapprochés ne garantit donc pas une efficacité accrue.
Dans un second temps, il ressort à travers un autre article regroupant différents
textes anciens et plus récents, deux notions importantes [17].
La première est que l’oreille est la réunion de tous les vaisseaux, ce qu’on accepte
volontiers car on retrouve la cartographie de notre corps au niveau des oreilles (comme au
niveau des pieds), ce qui fait d’ailleurs le fondement de l’auriculothérapie. Ensuite l’oreille
est constituée embryologiquement des trois feuillets : ectoderme, mésoderme et
endoderme, on peut donc supposer que chaque élément du corps est en lien avec elle. De
plus, nous avons vu que tous les méridiens Yang vont à l’oreille.
31
La seconde notion est que certains acouphènes sont dus à un surmenage. Il est dit à
un endroit ceci :
« Quand les acouphènes sont comparables aux bruits du vent et qu’il y a un écoulement
auriculaire, c’est qu’il y a un surmenage physique et un excès d’activité sexuelle entraînant
une montée à contre-courant de Qi. Le fait de se nourrir correctement, de faire de la marche
modérément, de contrôler ses émotions et de réduire les activités sexuelles permet de faire
cesser les acouphènes »
On retrouve ici des principes des pathologies de méridiens : les contre-courants
énergétiques, qui en sont leur manifestation, et l’environnement, la façon de vivre qui en est
l’origine. Les acouphènes trouvent donc leur origine dans les déséquilibres énergétiques dus
à notre mode de vie et peut-être à des pathologies de méridiens.
3) Zhenjiu jiayi jing, Livre 12, chapitre 1 :
« [Huangdi] demanda : Pourquoi l’homme a-t-il des acouphènes ?
[Qibo] répondit : Les oreilles c’est le lieu de rassemblement des vaisseaux (zongmai). C’est
pourquoi si l’estomac est vide (kong) à l’intérieur, le rassemblement des vaisseaux (zongmai)
est vide (xu). Lorsqu’il est vide [le souffle yang] s’écoule vers le bas et les méridiens sont
épuisés, c’est pourquoi on a des acouphènes. On tonifie le [point] kezhuren (3VB) et le [point]
qui se situe au-dessus de l’ongle du pouce de la main à la frontière de la chair. »
On peut voir ce texte de deux manières différentes.
Avec le texte précédent, on pourrait penser en premier à une pathologie de méridien :
Tout d’abord le fait qu’elles démarrent à l’origine par une atteinte de l’Estomac (et de
la Rate) et de ses voies lo. En effet, c’est l’estomac qui produit le Yang, mais c’est également
par lui et à partir du 12JM (son point Mo), que l’énergie Iong est distribuée aux méridiens.
Par conséquent s’il est vide, les méridiens ne peuvent que l’être.
32
Ensuite il est dit : « [le souffle yang] s’écoule vers le bas et les méridiens sont
épuisés », ce qui nous ramène à la description du mécanisme des pathologies de méridiens
en vide des trois méridiens Yang du bas selon le chapitre 45 du So Wen [18]:
« L’insuffisance énergétique des 3 yang du pied entraîne un contre-courant énergétique du
yin vers le haut avec frissons ; il y aura une symptomatique yin sur les trajets inférieurs des
méridiens yang avec suppression de l’aspect yang en haut du corps.
Ces Han Jue sont consécutifs à une usure du corps par les désirs ce qui entraîne en automne
et en hiver une montée de l’énergie inférieur vers le haut et en échange un échappement de
l’essence (tsing) vers le bas. Il s’en suit un affaiblissement du yang dans les méridiens d’où la
possibilité d’un contre-courant énergétique. »
Donc nous serions ici face à une pathologie de méridien en vide d’un des trois Yang
du bas. En outre, le texte propose alors de tonifier le 3VB. Le 3VB, Shangguan, est traduit
comme « au-dessus de la barrière » par Philippe Laurent [5]. C’est un point « Guan », donc
« barrière ». Tonifier le 3VB fermerait cette barrière, permettant ainsi de garder le Yang en
haut et éviter qu’il ne s’échappe vers le bas. De plus on trouve aussi dans « Guan » le sens
« organes vitaux, parfois organes des sens », donc particulièrement adapté à l’oreille, et
c’est un point local. Ajoutons à cela qu’il est le correspondant du 7 E, Xiaguan, « en-dessous
de la barrière », le 3VB aurait donc peut-être une action sur l’estomac, qui d’après le texte,
semble être à l’origine du vide des méridiens. De plus, l’Estomac fait partie du foyer moyen.
Or il est dit dans le cours sur les entrailles curieuses que l’Homme est doté de trois feux pour
trois foyers, et la Vésicule Biliaire, par la bile, est le feu du foyer moyen. On supposerait donc
qu’elle peut relancer le foyer moyen, donc l’estomac, permettant ainsi de relancer le Yang
dans les méridiens.
Ajouter au 3VB, nous avons un point hors méridien. Pour le Dr. Cygler le point décrit
est le 11P, pour ma part, je lis plutôt un point hors méridien, sur le territoire du Poumon
certes, mais en dehors de son trajet. On peut supposer ici, qu’en utilisant un point via le
Poumon, Maître de l’Energie, cela vient soutenir la vésicule biliaire dans son action. D’autant
que le Poumon fait parti de l’élément Métal qui contrôle l’élément Bois dans le cycle Ko des
5 éléments.
33
Par conséquent les acouphènes peuvent être dus à une pathologie des méridiens
Yang du bas, peut-être celui de la vésicule Biliaire, puisqu’on utilise le 3VB. Cependant il n’y a
pas de symptômes aux oreilles dans aucune des pathologies de méridiens des Yang du bas,
mais on en trouve dans la pathologie en vide du méridien de l’Intestin Grêle et dans la
pathologie externe du méridien du Triple réchauffeur. Par conséquent cette version ne
semble pas convaincante, nous allons voir ce que nous dit la deuxième possibilité de lecture.
D’une autre manière, on peut relier ce texte plutôt aux merveilleux vaisseaux. Il est
dit en effet ceci : « Les oreilles c’est le lieu de rassemblement des vaisseaux (zongmai) ».
Nous avons ici la référence au Tchrong Mo, évidente puisque les oreilles ce sont les Reins, en
énergétique traditionnelle chinoise. Or, lorsque les Reins sont épuisés, c’est l’Estomac qui
prend le relais via le 30E constitutif du Trchong Mo. Si celui-ci est vide, il n’y a plus de soutien
pour les Reins, et l’énergie du corps et des méridiens via le Tchrong Mo (mer des méridiens),
s’effondre.
La question des points utilisés n’est pas plus simple dans ce cas présent. Nous
pouvons justifier l’utilisation du 3VB de la même manière que dans le paragraphe précédent
(fonction local, et point barrière), et nous pouvons supposer deux choses :
La première, est que nous nous retrouvons avec le Bois et le Métal, qui représente,
dans le cycle Tcheng des cinq éléments, le fils et la mère de l’Eau. Leur utilisation peut donc
permettre de relancer l’élément Eau et donc les Reins.
La seconde, est que le merveilleux vaisseau couplé au Tchrong Mo est le Tae Mo. Or
ce dernier est entièrement lié au corps par des points de la Vésicule Biliaire. Ajoutons à cela
le fait que le point Mo des Reins se trouve être également sur le méridien de la Vésicule
Biliaire.
Cette manière de traduire ce texte me semble plus intéressante, nous avons en effet déjà
parlé de merveilleux vaisseaux dans les premiers chapitres.
La Vésicule Biliaire a donc un lien intime avec les Reins et le Tchrong Mo, et
permettrait de relancer l’énergie dans les méridiens. Nous avons ici, une confirmation de son
importance dans le système de traitement des acouphènes.
34
VII. Les acouphènes en énergétique traditionnelle chinoise :
La littérature nous montre que les origines et la façon de traiter les acouphènes sont
multiples, ce qui est assez logique quand on voit la multitude de type d’acouphènes
possibles. Cependant nous avons pu voir à travers les premières réflexions faites, et les
différents traitements proposés dans la littérature, que la vésicule biliaire est présente
partout. Même au cours de mes propres traitements, elle apparaît d’une manière ou d’une
autre, que ce soit par un traitement tournant autour d’elle, ou par un point utilisé agissant
sur elle comme le 17IG. Le dernier texte étudié confirme pleinement la place centrale
qu’occupe la Vésicule Biliaire dans la rééquilibration des troubles énergétiques liés aux
acouphènes. Cependant il a été démontré par l’expérience et par la littérature, que le seul
traitement autour de la vésicule biliaire ne suffisait pas, et qu’elle n’en était certainement
pas la cause.
Que doit-on associer à la Vésicule Biliaire pour pouvoir traiter des acouphènes ?
Quelles en sont leurs causes ?
1) Energétique et acouphènes :
a) Les causes :
En énergétique, il apparaît que les acouphènes seraient dus à un mode de vie qui ne
suivrait pas le Tao : ne pas se coucher en fonction du soleil, faire des excès alimentaires,
physiques ou sexuels, le « stress »... Ceci crée un déficit d’énergie au niveau des Reins et du
Tchrong Mo, Touchant le corps et les méridiens. Ceci engendre l’apparition de certains
déséquilibres propices à l’apparition d’acouphènes.
35
A l’étude de certains articles, on a vu que les acouphènes pouvaient avoir trois
origines distinctes. Nous avons vu également lors de l’étude de cas, que trois grands axes se
détachaient pour pouvoir traiter des acouphènes. D’ailleurs le chiffre trois revient tout le
temps : il y a trois grandes catégories d’acouphènes en médecine occidentale, l’oreille est
composée de trois parties (externe, moyenne et interne), embryologiquement, elle est
constituée par les trois feuillets (ectoderme, mésoderme et endoderme), en énergétique elle
est déterminée par trois axes (Tae Yin, Chao Yang et Chao Yin). Il est donc logique qu’on
retrouve trois déséquilibres énergétiques possibles en ce qui concerne les acouphènes.
D’après la littérature, les acouphènes peuvent être dus à une élévation du feu du Foie
ou une attaque de Fong, un amas de phlegme ou même de feu, et enfin à un vide des Reins.
Ceci peut être traduit dans une autre dialectique comme un excès d’énergie, une stagnation
du sang et/ou de l’énergie, et enfin un vide de sang et d’énergie. Je mets l’attaque de Fong
de côté, car ce n’est pas un déséquilibre de fond mais quelque chose qui viendra se
surajouter au déséquilibre initial. En prenant cela en compte, ainsi que mon expérience, on
peut définir trois déséquilibres correspondants aux profils suivants :
- Les « Vide de Reins » (vide de sang et d’énergie) : ce sont ceux avec une tendance fatiguée,
pas dynamique, pâle. Ils peuvent être dans une situation qui ne leur convient pas, mais ne
font rien, pas l’énergie, pas le courage. Ils ont des difficultés à réaliser vraiment des choses.
Bien sûr, le pouls des reins est souvent vide ou court, mais globalement soit tous les pouls
sont faibles, soit le yin est faible ou a des difficultés à circuler. Il faudra pour eux, relancer les
reins avec les dialectiques qui conviendront le mieux pour chacun. Libre choix des points
locaux.
- Les « Chao Yang » (excès d’énergie) : ce sont ceux qui ont une bonne présence, tendance à
parler d’une voix forte, bonne poignée de main pour dire bonjour. Ils vont montrer des
signes d’agitation, de nervosité, ils peuvent avoir le teint rouge. Ils auront tendance à avoir
des pouls plein. Il faudra traiter la Vésicule Biliaire souvent en excès, le Triple Réchauffeur et
parfois le Foie dont le feu s’élève. Une régulation peut être intéressante chez certains. Les
points locaux utilisés seront ceux de la Vésicule et du Triple Réchauffeur.
36
- Les « émotionnels » (stagnation du sang et/ou de l’énergie): nous avons là deux types. Le
premier étant celui à tendance angoissée, réfléchit beaucoup, se pose beaucoup de
questions, pour lequel on visera un traitement autour de la Rate et du Maître du Cœur,
associé à des points locaux de l’Intestin Grêle voire de l’Estomac. Il correspond à « l’amas de
phlegme » dont nous parlent certains textes.
Le deuxième est celui pour lequel ses acouphènes sont liés à un évènement particulier, ou a
quelque chose qu’il a entendu. Là, le traitement est dépendant de l’histoire, avec un petit
point pour le cœur et l’Intestin Grêle.
Nous avons donc là trois profils de déséquilibre énergétique ayant chacun une
corrélation avec les trois axes énergétiques correspondant à l’oreille, à savoir le Chao Yin
pour le premier, évidemment le Chao Yang pour le deuxième, et le Tae Yang pour le
troisième. La liste descriptive établie pour chacun, est bien évidemment non exhaustive, et
les traitements indiqués sont des guides, les chemins empruntés pour réguler tel ou tel
élément sera propre à chaque patient en fonction du diagnostic énergétique complet établi,
et en fonction de l’acupuncteur.
Vous remarquerez qu’aucun rapprochement entre le type de son et un type de
déséquilibre énergétique n’a été identifié. C’est parce que rien n’a vraiment été établi dans
la littérature. Pour ma part je dirai que les bourdonnements ont tendance à plus
correspondre à un vide de yin, les autres seraient plus des sifflements.
b) Différents aspects énergétiques à prendre en compte pour un
traitement :
 L’association du Bois et du Métal:
Nous venons déjà de voir qu’il y a un déséquilibre énergétique de fond à prendre en
compte, la Vésicule Biliaire, et une intégration de points locaux. Une autre notion est
apparue : nous avons vu que le 1P avait influé énormément sur les acouphènes lors du
traitement de M.P. De plus dans un des textes étudiés, il apparaît, en association avec le
3VB, un point hors méridien placé sur le « territoire » du Poumon.
37
Cela a été fort intrigant, et d’autant plus lorsque j’ai découvert, en lisant la 40e difficulté du
Nan-King [19], qu’il est dit que l’oreille appartient aux Reins, et que ce sont donc eux qui
perçoivent les sons, mais que c’est le Poumon qui régit le son. Après réflexion, on sait que le
Poumon régit la voix, il paraît donc logique que ce soit lui qui gère les sons. Mais si les Reins
entendent les sons, et le Poumon les produit, alors cela veut dire que dans le cadre des
acouphènes, qui sont des sons internes, ils seraient dépendants du Poumon (?) Si on revient
au point hors méridien cité dans le texte du Zhenjiu jiayi jing, il est associé au 3VB pour le
traitement. Ce qui nous fait apparaître la nécessité d’associer le Bois et le Métal pour soigner
des acouphènes. Cela s’explique par plusieurs aspects :
Tout d’abord, si on revient sur le fait qu’il faut une Vésicule Biliaire bien équilibrée
pour ne pas avoir d’acouphènes, alors qui peut mieux la réguler que le Métal puisque c’est
l’élément qui vient contrôler le Bois dans cycle Ko des cinq éléments.
Ensuite, ayant le Bois et le Métal, on se retrouve avec notre bascule des saisons. En
effet, c’est le bois qui fait la sortie du Yang lors du printemps, et le Métal qui permet sa
rentrée dans le Yin en Automne. On a donc un élément qui amène vers l’extérieur, et l’autre
sur l’intérieur. On retrouve alors notre notion d’interne-externe qui semble poser problème,
puisque des acouphènes sont des sons internes alors qu’ils devraient être externes. La
dialectique des bascules est d’ailleurs utilisée parfois pour des déséquilibres Yin/Yang, qui
peuvent être exprimés comme des déséquilibres interne/externe.
Enfin, il faut rappeler qu’en énergétique traditionnelle chinoise, on entend souvent
parler de la cloche de Bois et la cloche de bronze. On ne peut pas plus belle correspondance
quand on effectue une recherche autour des acouphènes.
L’association du Bois et de Métal, entre autre de la Vésicule Biliaire et du Poumon est
à retenir, ainsi que la notion de bascule. Il faut non seulement l’avoir à l’esprit si on relève un
déséquilibre Yin/Yang, mais également comme technique pour réguler la Vésicule Biliaire, et
pour aider les Reins. Le Métal est en effet la mer de l’Eau, et le Bois son fils. Malgré ces
explications, on sent qu’il reste quelques zones d’ombre. Elles seront éclaircies par
l’expérience au fur et à mesure des années de pratiques.
38
 Le système fractal :
Avec le principe de tout à l’heure dans lequel on retrouve le chiffre trois partout, on
peut commencer à réfléchir de la manière suivante : on donne comme correspondance aux
Reins, les Pieds et les oreilles, ce qui correspond anatomiquement avec les trois foyers : les
oreilles dans le foyer supérieur, les Reins dans le foyer moyen, et les Pieds au foyer inférieur.
Or les oreilles elles-mêmes sont constituées de trois parties, externe, moyenne et interne.
Ensuite, on sait que notre corps fonctionne suivant trois foyers, et on a vu que l’oreille est la
réunion de tous les vaisseaux et qu’elle possède la cartographie de notre corps. Par
conséquent, on commence à percevoir un système dans lequel tout est dans tout, c’est-àdire un système fractal, où notre oreille est un corps en miniature. Cela a plusieurs
conséquences :
Tout d’abord, on peut assimiler les trois axes de l’oreille aux trois foyers de notre
corps, et donc en faire une correspondance avec les déséquilibres décrits. Ce qui nous donne
un « vide de Rein » associé au Chao Yin et donc au foyer inférieur, le « Chao Yang », au Chao
Yang et donc au foyer moyen, et enfin l’« émotionnel », au Tae Yang et donc au foyer
supérieur. Par conséquent il pourra être intéressant d’utiliser une dialectique de trois foyers
pour traiter les différents déséquilibres, ou associer un point du foyer correspondant, ou
encore un ou des points du Triple Réchauffeur, puisque c’est lui qui gère les trois foyers.
Ensuite, puisque l’oreille est un corps en miniature, il va falloir établir un bilan et un
traitement global du patient, mais dans le référentiel de l’oreille, et des acouphènes. C’est-àdire : lorsqu’on prend un patient X venant pour une pathologie Y, on va prendre en compte
son histoire, ses antécédents, ses symptômes actuels, sa langue, ses pouls, le tout pour
déterminer son terrain et son état énergétique du moment. On va donc établir un
traitement en fonction de son terrain et de son état à l’instant t, dans le référentiel du corps.
Il va en être de même pour un patient X venant pour des acouphènes, mais dans son
référentiel propre : on va prendre en compte son type d’acouphènes et l’histoire attachée
s’il y en a une, les autres symptômes qu’il présente, on l’observe, on regarde la langue et on
prend les pouls, le tout pour déterminer dans quel déséquilibre énergétique il est parmi les
trois décrits, puis les différents points locaux et autres à associer en fonction de l’histoire et
du type d’acouphènes.
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En résumé, quand un patient vient nous voir pour des acouphènes, il va falloir
s’occuper que de ça, tout en sachant que, puisque nous sommes dans un système fractal,
qu’en rééquilibrant l’oreille, on rééquilibre aussi le patient dans sa globalité. Cependant,
certains patients arrivent avec des états énergétiques tels, qu’il faut d’abord rééquilibrer
certaines choses avant de pouvoir prendre en compte les acouphènes.
2) Récapitulatif des outils nécessaires au bilan et au traitement :
a) Bilan énergétique :
Tout d’abord, il faut regarder face à quel profil nous sommes : vide de Rein, Chao
Yang ou émotionnel. Pour cela il faut observer le patient aussi bien physiquement que dans
son comportement, connaître les autres symptômes qu’il présente à l’instant t, ainsi que ses
antécédents et les traitements qu’il prend.
Ensuite, il nous fout la description des acouphènes, depuis quand ils sont apparus, et
suite à quoi.
Puis, on prend le pouls au 3R, on regarde sa langue et on prend les pouls au poignet.
Enfin, il faut palper les zones temporales, cervicales et la partie antérieure du cou à la
recherche de tensions et de points fenêtres de ciel bloqués.
Le tout va nous permettre d’établir le déséquilibre énergétique de base, parmi les
trois cités avant, présent chez ce patient, et de savoir quel est le chemin à emprunter pour le
rééquilibrer. Ainsi que les points à ajouter en fonction du type d’acouphènes. Bien sûr,
certains patients seront plus complexes que d’autres, avec l’impression qu’il y a un mélange
de plusieurs déséquilibres, à chaque acupuncteur de réussir à faire le tri et des choix.
b) Les outils utiles pour le traitement :
Le but est de traiter le déséquilibre établi parmi les trois possibles. Pour ce faire, on
va récapituler les différents outils possibles. Il faut considérer ce qui suit comme des tiroirs,
que nous allons ouvrir ou non suivant le patient et sa problématique.
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Une aide pour savoir quel chemin emprunter, en plus de ce qui a été indiqué lors de la
description des trois déséquilibres possibles. Cette liste est bien sûr, non exhaustive.
 la Vésicule Biliaire :
Comme nous l’avons vu, elle est l’élément central et indispensable dans le traitement des
acouphènes. Les dialectiques les plus intéressantes à prendre en compte étant :
- La bascule Bois /Métal, dans l’optique de rééquiliber le système interne/externe,
mais également dans le cycle Tcheng des cinq éléments, pour pouvoir relancer l’Eau et donc
les Reins.
- Les axes Chao Yang et Chao Yin dans la notion de charnières entre l’interne et
l’externe.
- les entrailles curieuses : en utilisant son point Mo ou Mo de Manaka et en y
associant le cerveau, par la mer des moelles et le 39VB
- les trois foyers en association avec le Triple réchauffeur
- les merveilleux vaisseaux : Tae Mo-Tchrong Mo. Il faudra penser également au Yang
Oe Mo.
 Quelques points à retenir :
Tout d’abord, bien évidemment les points locaux et symptomatiques dont on ne
refera pas la liste ici. Ils seront choisis en fonction, bien sûr du déséquilibre énergétique
présent, et des tensions identifiées lors de la palpation.
Puis il y a les points fenêtres du ciel et le 17TR point fong. Ils seront nécessaires en
fonction du bilan énergétique, et notamment si on remarque un blocage à leur niveau au
moment de la palpation. Ils seront utiles également, lorsque le patient se plaint de ne pas
pouvoir entendre quand il y a plusieurs bruits, lors d’un repas familial par exemple.
Puis il faut se rappeler des points pouvant peut-être permettre de cicatriser les
cellules ciliées présentes dans la cochlée, à savoir : les 4F, 6F, 35VB et point local de la
Vésicule Biliaire. Tout ceci en cas d’hypoacousie associée.
Ensuite il y a l’association du 3VB avec un point hors méridien situé au dessus de
l’ongle de pouce à la frontière de la chaire. Surtout lors d’un vide des Reins.
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Enfin, les points en lien avec le système nerveux de l’oreille : 20TM, 9VB, 8VB et 19IG.
 Quelques rappels utiles :
Ce sont là des liens entre la description de certains acouphènes et les pistes de
traitement associées.
- Nous avons les critères pouvant indiquer que les acouphènes sont dus à un problème
d’articulation temporo-mandibulaire. Auquel cas, il pourra être intéressant d’indiquer le
patient à un thérapeute manuel ou à un dentiste spécialisé.
- Les acouphènes changeant en fonction de la position de la tête sont sûrement d’origine
vasculaire, pour lesquels les points fenêtre du ciel et le 17TR seront particulièrement
indiqués.
- Une impression d’air passant à chaque inspiration correspond à une béance de la trompe
d’Eustache.
- Des acouphènes intermittents de type cliquetis de quelques secondes, sont des myoclonies
des muscles pharyngés ou de l’oreille moyenne, qu’il faudra donc chercher à détendre.
- Une impression de liquide dans l’oreille, ou un bruit ressemblant à des craquements ou à
du liquide peut indiquer une réelle présence de liquide dans l’oreille interne qu’il faudra
chercher à drainer ou évacuer.
- Des acouphènes associés à une impression d’oreille bouchée peuvent avoir pour origine
plus une stagnation de sang et/ou d’énergie.
- Des acouphènes soulagés par une pression digitale sur l’oreille seraient plus liés à un vide
des Reins.
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VIII. En Conclusion :
Les acouphènes sont un système complexe, autant par la diversité de leurs
symptômes, que par les moyens de les traiter.
Il apparaît au terme de ce travail, que les acouphènes sont dus, en énergétique
traditionnelle chinoise, à notre mode de vie actuel. Ceci explique l’augmentation du nombre
de patient se plaignant d’acouphènes. Notre mode de vie est, en effet, de moins en moins
respectueux du rythme de la nature et de l’humain, ce qui vide les Reins et le Tchrong Mo,
mer des méridiens. Il s’en suit des déséquilibres énergétiques divers, et certains peuvent
entraîner des acouphènes. Ils sont au nombre de trois : un vide des Reins (vide du sang et de
l’énergie) ; une Vésicule Biliaire en excès ou un feu du Foie qui s’élève (excès d’énergie) ; une
stagnation d’humidité ou de feu (stagnation du sang et/ou de l’énergie). Pour aider à les
identifier lors du bilan énergétique, on a décrit trois profils : « vide de Rein », « Chao yang »,
et « émotionnel ».
Le traitement d’un patient présentant des acouphènes, va nécessiter une entière
concentration sur ce système. Il va falloir rééquilibrer globalement le déséquilibre trouvé,
tout en y associant des points locaux, et un autre élément important : la Vésicule Biliaire. Elle
serait en effet l’élément central, permettant à la fois de relancer les Reins et de rééquilibrer
le système interne/externe. Cependant, nous avons vu que beaucoup de dialectiques sont
possibles, l’expérience au fil des années nous permettra d’affiner ce travail et de trouver si
une des dialectiques se retrouve être plus efficace qu’une autre. En outre certains points
seraient à approfondir comme l’utilisation des merveilleux vaisseaux, ou le rôle du Triple
Réchauffeur peu vu ici.
Ce travail a donc permis une petite avancée en Acupuncture Traditionnelle sur le
sujet des acouphènes. Leur mystère n’est pas encore élucider, mais les années à venir de
recherche et d’expérience pourront peut-être en venir à bout.
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