MÉTAPHYSIQUE ET PHILOSOPHIE DE LA CONNAISSANCE 629
Partant du principe qu’un projetvisant àlaconnaissance métaphysique de la
naturedoit savoir compter les choses, on aalors esquissé les étapes quedevrait
suivreune telle enquête sur les propriétés réelles de la nature(l’analyseplus
détaillée étant menée en parallèle dans le séminaire). Celle-ci devrait permettre, en
particulier,deréhabiliter certaines propriétés longtemps tenues pour obscures,
éliminées puis simplement réduites, avant d’êtrefinalement tenues pour «réelles »,
voire«essentielles », àsavoir les propriétés dispositionnelles Cela apermis
d’avancer des objections contre, àlafois le «catégoricalisme »(D. Armstrong) et
le «pandispositionnalisme »(D.H. Mellor), ainsi quedepremiers arguments en
faveur du réalisme dispositionnel. Des pistes se dessinent :
1) Contreleréalisme métaphysique, il faut rechercher une forme de réalisme
scolastique.
2) Il faut commencer par procéder àune analyselogique et sémantique permettant de
dégager la signification de nos attributions de propriétés dispositionnelles, opérer
les distinctions quis’imposent entrepropriétés et prédicats, et entrecertaines sortes
de propriétés et certaines sortes de prédicats,entreleconcept de «pouvoir »etles
propriétés en vertudesquelles les choses ont les pouvoirs qu’elles ont. Il faut, dans
le même élan, interrogerlacorrespondance entrecette distinction et celle quel’on
fait entreprédicats dispositionnels et prédicats non dispositionnels, ou encoreentre
propriétés ou prédicats dispositionnels et catégoriques :«catégorique », par
exemple, veut-il dire«inconditionnel »?
3) Il faut ensuite fournir des critères d’identification précis des propriétés, et évaluer
la naturedulien (direct ou indirect ?) entreattributions dispositionnelles et
subjonctifs conditionnel ent les conséquences liées aux difficultés queposent les
conditionnels non vérifonctionnels, les «antidotes »etles «dispositions
traîtresses ».
La huitième leçon apoursuivi l’enquête sur les propriétés en présentant les
arguments principaux (détaillés dans le séminaire) quisont généralement invoqués
par les partisans du monisme dispositionnel, àsavoir la thèse selon laquelle toutes
les propriétés de la natureseraient essentiellement dispositionnelles :contrele
quidditisme, on aune condition d’identité transmondaine (etnon pas primitive)
pour les propriétés ;onparvient àune analysedes lois de la naturecomme étant
produites par les essences dispositionnelles ;onpeut envisager même de ne pas
avoir recours aux lois ;onévite les défauts des conceptions régulariste et
nécessitariste-nomique des lois ;onrend mieux compte de la force modale des lois.
Le modèle dispositionnel est donc plus économique, mieux en accordavecla
science, et constitue une meilleureapproche des lois. En effet, l’approche
dispositionnaliste des lois est plus explicativeque le modèle humien ou de Ramsey-
Lewis, le modèle de l’argument nomologique (AN :ilyaunensemble Sde
caractéristiques du monde ;ilyaSparce qu’il yades lois de la nature[Armstrong,
1983, chap. 2-5]), le modèle de la «nécessitation naturelle »Dretske-Tooley-
Armstrong ou DTA:N(F,G).
On peut néanmoins adresser plusieurs objections àuntel modèle :les propriétés
ne semblent pas toutes dispositionnelles (exemple :les propriétés géométriques) ;
les lois ne semblent pas toutes métaphysiquement nécessaires ;lerisque d’idéalisme
est constant ;ildevient impossible de tracer une distinction entreles pouvoirs et
leurs manifestations réelles. Il convient donc de rechercher un autremodèle plus
satisfaisant pour notreprojet.