Les risques chimiques environnementaux

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JEAN-CLAUDE AMIARD
J E A N- C L A U D E A MI A R D
2e édition
Méthodes d’évaluation et impacts sur les organismes
Jean-Claude Amiard est directeur de recherche émérite au CNRS, Professeur associé
au Québec et Professeur invité à l’université océanique de Chine. Il a enseigné également dans différentes universités françaises où il a procédé à l’encadrement de thèses.
Reconnu par la communauté scientifique nationale et internationale, ses recherches
sont centrées sur l’estimation de la biodisponibilité et le transfert des métaux et radionucléides dans les chaînes trophiques. Il est l’auteur de nombreuses publications et
met également à profit ses qualités d’expertise auprès de diverses instances.
Les risques chimiques environnementaux
Le nombre de substances chimiques mises sur le marché connaît un accroissement
constant avec des usages très divers (domestique, industriel, agricole...). Parmi ces substances, certaines présentent un caractère dangereux et un risque toxique potentiel
important qu’il est indispensable d’identifier et d’évaluer afin de réduire leur impact sur
les organismes vivants et l’environnement.
Cette deuxième édition de l’ouvrage Les risques chimiques environnementaux propose une synthèse revue et augmentée des connaissances actuelles sur les principaux
polluants chimiques des différentes matrices environnementales (air, eaux, aliments), en
intégrant les nombreuses avancées scientifiques. Des progrès ont en effet été réalisés
en matière d’évaluation et de prévention des risques, avec une sensibilité accrue
des méthodes de détection des substances polluantes. Ces nouvelles connaissances
permettent de confirmer des risques chimiques existants, d’en faire émerger de nouveaux
et révèlent un environnement toujours plus pollué.
L’ouvrage est articulé selon trois axes :
• l’analyse des méthodologies utilisées pour estimer les risques liés aux polluants
environnementaux, selon les étapes de la démarche européenne (identification des
dangers chimiques, évaluation de l’exposition aux dangers, caractérisations des dangers
et des risques chimiques chez les êtres vivants). Les modes et mécanismes d’action de
la toxicité des divers polluants sont également abordés ;
• l’étude d’exemples concrets de pollutions chimiques (hydrocarbures, phytosanitaires, nutriments, cadmium, zinc, mercure...) dans l’environnement et de leurs conséquences sur la faune et la flore mais également sur la santé humaine ;
• la présentation des principaux outils d’évaluation du risque chimique (tests de
toxicité, outils de simulation, méthodes de modélisation...) et des applications qui en
découlent (autorisations de mise sur le marché, méthodes et réseaux de surveillance
de la qualité de l’environnement...).
Véritable ouvrage de référence convoquant de nombreuses disciplines telles que la
toxicologie, la chimie, la biochimie, l’épidémiologie, la médecine clinique etc., Les risques
chimiques environnementaux s’adresse aux ingénieurs, techniciens et industriels concernés
par la prévention et l’évaluation des polluants environnementaux, aux responsables environnement des entreprises et collectivités ainsi qu’aux autorités sanitaires. Il intéressera
également les enseignants et étudiants de troisième cycle préparant une formation aux
sciences de l’environnement et à la gestion des risques.
INDUSTRIELS, INGÉNIEURS, TECHNICIENS, ÉTUDIANTS
Les risques
chimiques
environnementaux
Méthodes d’évaluation et impacts sur les organismes
2e édition
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CHAPITRE 1
Les principaux polluants
de l’environnement
Introduction
Les dangers correspondent à des effets indésirables pour les êtres vivants. Ces effets
indésirables peuvent être la mort, la baisse de fertilité, les maladies… Dans le cas des
polluants chimiques, les dangers potentiels recouvrent la totalité de ces substances.
En effet, dès la Renaissance, Paracelse a dit : « Tout est poison, rien n’est poison,
ce qui fait le poison c’est la dose. » Par cet aphorisme, il voulait dire que même
l’eau devient poison à très forte dose. Il convient donc de sélectionner les substances
chimiques qui sont de réels dangers. Les substances peuvent être préoccupantes pour
trois raisons. Tout d’abord, en raison de leur toxicité à l’égard de l’homme ; c’est le
cas, par exemple, des métaux très toxiques et des substances chimiques cancérigènes.
En deuxième lieu, les substances seront préoccupantes en raison de leur toxicité à
l’égard des êtres vivants non humains ; c’est le cas, notamment, du cuivre et du zinc
et de divers perturbateurs endocriniens. Enfin, certaines substances n’ont pas d’effets
toxiques à l’égard des êtres vivants, mais ont des effets environnementaux ; c’est le
cas des chlorofluorocarbures (CFC) qui provoquent la destruction de l’ozone dans la
stratosphère et entraînent des effets indirects sur la santé de l’homme, car le rôle de
filtre à l’égard des radiations UV solaires (< 300 nm) par l’ozone n’est plus réalisé.
Jusqu’à la révolution industrielle, les êtres vivants, et donc l’homme, n’étaient
soumis qu’à un nombre de substances chimiques limité. C’étaient principalement
les gaz et fumées de la combustion et des substances présentes dans le pétrole et le
charbon. Depuis, plus de 10 millions de substances ont été synthétisées au laboratoire.
Toutefois, un nombre infime (moins de 1 %) est produit régulièrement en quantités
non négligeables. Une partie de ces substances est disséminée volontairement dans
l’environnement, comme les pesticides et les fertilisants, tandis que la majorité se
retrouvera en partie dans cet environnement de façon involontaire.
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12 L’identification des dangers
1.
Polluants inorganiques
Trois groupes de substances inorganiques présentent un danger pour l’homme,
les métaux (et métalloïdes), les agents corrosifs et les halogénés. D’autres substances
auront des conséquences sur les autres êtres vivants comme les nutriments. Parmi
les métaux, certains sont essentiels à la vie, car ils ont un rôle physiologique, tandis
que d’autres seront toxiques à très faibles doses, comme le cadmium et l’arsenic qui
sont cancérigènes ou le mercure et le plomb qui sont neurotoxiques (Merian et al.,
2004 ; Luoma et Rainbow, 2008).
1.1.
Nitrates et phosphates
Les substances eutrophisantes ne peuvent être considérées comme contaminants
chimiques en termes de substances toxiques. Cependant, les rejets d’azote et de
phosphore dans les milieux aquatiques peuvent provoquer le développement excessif
d’organismes végétaux dans les eaux de surface, conduisant à des phénomènes d’eutrophisation que l’on observe dans les eaux continentales, ainsi que dans les eaux marines
littorales. La consommation agricole d’engrais azotés se situe au niveau mondial à
environ 80 millions de tonnes.an-1, les rejets anthropiques de phosphore ont diminué
depuis les années 1980 et sont évalués au niveau mondial à 56 000 tonnes.an-1.
1.2.
Métaux
Les métaux les plus toxiques pour l’environnement sont le mercure, le cadmium,
le plomb, le zinc, le cuivre, le nickel, l’argent et l’arsenic.
1.2.1.
Mercure
Le mercure (Hg) est un élément naturellement présent dans le sol et les roches,
ainsi que dans les lacs, les cours d’eau et les océans. Le mercure à l’état métallique
est modérément toxique au contraire de certaines formes organiques de ce métal. Or,
sa biotransformation en méthylmercure, forme organométallique, par la microflore
bactérienne dans les milieux aquatiques le rend beaucoup plus biodisponible, ce
qui explique sa forte capacité de bioaccumulation dans de nombreux organismes
aquatiques.
Le mercure est un métal blanc argenté, liquide et volatil à température ordinaire.
Le principal minerai est le cinabre (HgS). Il existe de nombreuses formes chimiques
(mercure métal, dérivés minéraux, dérivés organiques) telles que les chlorures, les
oxydes, le sulfure, le sulfate, les iodures… et tous les dérivés organiques (voir section 2.2).
Le mercure est utilisé dans diverses activités industrielles. Les consommations
de mercure étaient, entre 1988 et 1992, réparties entre les batteries électriques
(25 %), les équipements électriques et les équipements de mesure (16 %), l’industrie
chimique (28 %), les peintures (10 %), les amalgames dentaires (7 %) et les autres
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CHAPITRE 1 Les principaux polluants de l’environnement 13
applications (thermomètres supprimés de nos jours, usage destiné aux laboratoires…)
(14 %). La production primaire mondiale de mercure était, en 2000, de 1 800 tonnes
(UNEP, 2002). Une des utilisations du mercure responsable de sa dispersion dans
l’environnement est la fabrication d’amalgame avec l’or souvent dans des conditions
rudimentaires et illégales comme en Guyane ou au Brésil.
1.2.2.
Cadmium
Le cadmium (Cd), élément naturellement présent à l’état de traces dans l’écorce
terrestre, est avant tout un sous-produit de l’exploitation de minerais riches en zinc,
en cuivre et en plomb. De nombreuses formes chimiques existent comme le chlorure
(CdCl2), l’oxyde, le bromure, le nitrate, le cyanure, le séléniure…
Le cadmium est principalement utilisé pour la métallisation des surfaces, dans
la fabrication des accumulateurs électriques, des pigments, des stabilisants pour les
matières plastiques, des alliages. La répartition dans les différents secteurs d’activité
était la suivante pour l’année 1997 : cadmiage 8 %, batteries 75 %, pigments 12 %,
stabilisateurs 4 % et autres 1 %.
1.2.3.
Plomb
Le plomb (Pb) est un métal lourd naturellement présent dans l’environnement
terrestre et aquatique. Il est largement présent dans la croûte terrestre sous forme de
minerais comme la galène (PbS), la cérusite (PbCO3) et l’anglésite (PbSO4). La galène
est de loin la première source de production de plomb, elle est souvent associée à
d’autres minéraux, en particulier à ceux contenant du zinc et du cadmium. Les formes
chimiques sont nombreuses (plomb métal, dérivés minéraux, dérivés organiques).
Les batteries représentent une fraction importante des utilisations du plomb. Les
batteries pour l’automobile représentent à elles seules 65 à 70 % des utilisations du
plomb dans le monde occidental. Le reste de la consommation concerne des usages
divers : radiateurs d’automobiles, munitions, alliages, enrobage de câbles, produits
extrudés, feuille de plomb (protection contre les rayonnements), soudure, céramique,
masses de lestage, tuyaux, en voie de régression actuellement, réservoirs…
1.2.4.
Zinc
Le zinc est présent dans l’écorce terrestre principalement sous forme de sulfure
(blende), accessoirement sous d’autres formes telles que la smithsonite (ZnCO3).
Le zinc est principalement utilisé pour les revêtements de protection des métaux
contre la corrosion (galvanoplastie, métallisation, traitement par immersion). Il entre
dans la composition de divers alliages (laiton, bronze, alliages légers). Il est utilisé
dans la construction immobilière, les équipements pour l’automobile, les chemins
de fer et dans la fabrication de produits laminés ou formés. Il constitue un intermédiaire dans la fabrication d’autres composés de zinc et sert d’agent réducteur en
chimie organique et de réactif en chimie analytique.
Le chlorure de zinc est utilisé dans l’Union européenne principalement en galvanoplastie, fonderie, soudure, dans la fabrication d’agents conducteurs dans l’industrie
électrique et électronique, dans la synthèse de médicaments et de vitamines et dans
la production de fongicides, de teintures et d’encres.
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14 L’identification des dangers
1.2.5.
Cuivre
Le cuivre est l’un des métaux les plus employés à cause de ses propriétés physiques et particulièrement de sa conductibilité électrique et thermique. Il est utilisé
en métallurgie dans la fabrication des alliages suivants : le bronze (avec l’étain), le
laiton (avec le zinc), le constantan (avec le nickel), le monel (avec le nickel, le fer et
le manganèse), le maillechort (avec le nickel et le zinc), l’alliage « Dewarda » (avec
l’aluminium et le zinc) et les alliages de joaillerie (avec l’or et l’argent). Il est très
largement employé dans la fabrication de matériels électriques (fils, enroulements
de moteurs, dynamos, transformateurs), dans la plomberie, dans les équipements
industriels, dans l’automobile et en chaudronnerie.
Chacun de ses sels a aussi des applications très variées. Ainsi, l’acétate de cuivre
est utilisé comme catalyseur, notamment dans la fabrication du caoutchouc. Il est
employé comme pigment pour les céramiques, pour la teinture des textiles, comme
fongicide (traitement préventif contre le mildiou), comme insecticide. Le chlorure
cuivrique est utilisé comme catalyseur de réactions chimiques. Dans l’industrie
pétrolière, il est employé comme agent désodorisant, désulfurant ou purifiant. Il est
utilisé comme mordant pour la teinture et l’impression des textiles.
1.2.6.
Nickel
Le nickel fait partie de la série des métaux de transition dans la classification
périodique des éléments et il peut exister sous plusieurs états d’oxydation différents :
de -1 à +4. Dans l’eau de mer à pH = 8,2 sous pression normale et à 25 °C, la
forme prédominante est l’ion libre Ni2+ (47 %) suivie des chlorocomplexes.
En raison de ses propriétés physiques et chimiques, il est largement utilisé dans l’industrie. Le nickel sert dans la production d’aciers inoxydables et d’aciers spéciaux, ainsi
que d’une grande variété d’alliages. Il est ainsi associé au cuivre, au fer et au manganèse
pour fabriquer du monel, au fer et au chrome pour donner des aciers inoxydables et
du chromel, à l’aluminium, au chrome et au soufre pour obtenir l’alumel. Il est également employé dans la production d’alliages non ferreux utilisés, par exemple, dans
la fabrication de pièces de monnaie, d’outils, d’ustensiles de cuisine… Il est associé
au cuivre et au zinc pour fabriquer du maillechort. Il est également employé dans les
batteries alcalines au nickel-cadmium, dans la fabrication de pigments minéraux pour
métaux et céramiques, ou encore dans les circuits électroniques et comme catalyseur en
chimie organique. Ses sels sont employés en solution pour le nickelage électrolytique.
1.2.7.
Vanadium
Le vanadium est le 23e élément du tableau périodique de Mendeleïev et sa masse
molaire est 50,9 g.mol-1. Il peut exister sous divers degrés d’oxydation : -1, 0, +2,
+3, +4 et +5, ces trois derniers degrés d’oxydation étant les plus fréquents. Au pH
de l’eau de mer, le vanadium est potentiellement soluble sous deux états oxydés :
+4 ou +5. Dans ce milieu, la forme chimique prépondérante du vanadium est l’ion
vanadate (+5). Le vanadium est essentiellement (75-85 %) utilisé dans la production
d’acier. Il est également employé dans l’industrie aéronautique pour la production
des alliages de titane et d’aluminium. Enfin, dans l’industrie chimique, on se sert
des composés de vanadium, en tant que catalyseurs d’oxydation, pour la production
d’acide sulfurique et le craquage de produits pétroliers.
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CHAPITRE 1 Les principaux polluants de l’environnement 15
1.2.8.
Argent
L’argent est un métal rare, souvent présent dans la nature à l’état natif mais
pouvant également accompagner d’autres métaux dans leurs minerais. Les émissions, produites lors de la fusion ou lors de la fabrication et du rejet de certains
produits photographiques et appareillages électriques, comptent parmi les sources
anthropogéniques d’argent présentes dans la biosphère. L’argent est un métal qui
se bioaccumule fortement chez certains êtres vivants et dont la toxicité relative est
importante. Deux livres de la SETAC rassemblent la majorité des informations sur
cet élément (Andren et Bober, 2002 ; Gorsuch et al., 2003).
1.2.9.
Chrome
Le chrome entre dans la composition d’aciers inoxydables, d’aciers spéciaux et
d’alliages. Il améliore la dureté des métaux et leur résistance à la corrosion. Le
chrome a deux formes principales, Cr III et Cr IV, dont la seconde est nettement
plus toxique.
1.2.10.
Cobalt
Le cobalt entre dans la composition de nombreux alliages utilisés dans les industries électrique, aéronautique et automobile (avec le chrome, le nickel, le molybdène,
le béryllium, l’aluminium ou le cuivre), ou d’alliages très durs pour coupe rapide
(avec le chrome, le molybdène ou le tungstène). Il est employé dans la fabrication
d’aimants permanents, de métaux réfractaires, de pigments pour le verre et les céramiques, de siccatifs et de pigments dans l’industrie des peintures et des vernis, de
fertilisants agricoles et d’additifs alimentaires pour animaux. Il est également utilisé
comme catalyseur en chimie organique.
1.2.11.
Arsenic
L’arsenic est un métalloïde largement présent dans la croûte terrestre (1-100 mg.
kg-1). Les principaux minerais sont le mispickel (FeAsS), le réalgar rouge (As2S2),
l’orpiment jaune (As2S3) et l’arsénolite (As2O3). Il est présent sous de nombreuses
formes chimiques (arsenic métalloïdique, dérivés minéraux, dérivés organiques).
L’arsenic et ses composés minéraux ont de très nombreuses applications industrielles
ou agricoles : complexe avec Cu, Cr, As (CCA) utilisé pour le traitement du bois ;
alliage plomb-antimoine-arsenic utilisé dans les batteries électriques (l’arsenic améliore
la résistance à la corrosion électrique) ; semi-conducteur (arséniure de gallium AsGa) ;
agent décolorant dans l’industrie du verre ; pigments de peinture en association avec
le cuivre (CuAsO4H) ; fabrication de plombs de chasse (l’utilisation des grenailles
de plomb est interdite en France depuis le 1er juin 2006 pour les chasses en zones
humides) ; les alliages avec le cuivre ou l’or, pour augmenter leur dureté. L’arséniate
de sodium sert à produire d’autres arséniates tels que les arséniates de calcium et les
arséniates de plomb utilisés comme pesticides. Le trioxyde d’arsenic est un produit
de base pour la fabrication de nombreux composés d’arsenic. Il a longtemps été
utilisé comme intermédiaire chimique pour la fabrication d’herbicides, de raticides,
de fongicides et d’insecticides. Il est, d’autre part, utilisé pour la production d’arsenic
élémentaire et en tannerie pour la conservation des peaux.
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16 L’identification des dangers
1.2.12.
Aluminium
L’aluminium produit est utilisé en grande partie (85 à 90 %) pour la fabrication
d’alliages (Alpax, Duralumin). Il est très utilisé du fait de sa légèreté et de son
inaltérabilité à l’air humide. Ses domaines d’utilisation sont divers : construction
immobilière (portes et fenêtres), automobile, aéronautique, construction navale,
construction ferroviaire.
1.2.13.
Antimoine
L’antimoine est utilisé dans la fabrication d’alliages avec le plomb, l’étain et le cuivre
(il augmente la dureté du plomb). Avec l’étain, il est utilisé dans la fabrication du
« métal anglais ». Avec le plomb et l’étain, il est utilisé dans la fabrication d’alliages
antifriction. Il est également employé dans la fabrication des plaques de plomb des
batteries, des plombs de chasse (interdits d’utilisation depuis 2006 dans les zones
humides), des semi-conducteurs, des piles thermoélectriques, pour le traitement de
surface des métaux et pour le noircissement du fer.
1.2.14.
Manganèse
Le manganèse entre dans la composition de nombreux alliages avec le fer (ferromanganèses, ferromanganèses carburés utilisés dans les aciers spéciaux et dans
l’affinage de l’acier, fonte manganée), avec le cuivre (bronze au manganèse utilisé
pour les hélices de bateaux, manganine utilisée pour les résistances électriques, laiton
au manganèse utilisé dans la construction navale pour sa résistance à l’eau de mer),
avec le titane (pour les moulages d’acier), avec le nickel (pour la malléabilité), avec
l’aluminium (alliages employés dans l’industrie automobile comme résistants à la
rupture), avec le silicium, le cobalt, le zinc, l’étain, le bismuth (alliages légers dans
lesquels le manganèse améliore les propriétés mécaniques et la résistance à la corrosion), avec le chrome, le molybdène, le nickel (pour la fabrication d’aciers spéciaux
dont l’acier inoxydable).
Le mancozèbe et le manèbe sont utilisés comme fongicides pour les fruits, les
légumes, les noix, les plantes d’ornement et pour traiter les champs agricoles. Il
est utilisé contre le mildiou, la rouille (pommes de terre, tomates, céréales) et le
brunissement des feuilles (céleri, concombres, betteraves, baies diverses).
1.2.15.
Platine
Le platine est principalement utilisé en raison de ses propriétés catalytiques exceptionnelles. Il est utilisé pour la fabrication des pots catalytiques destinés à réduire
les émissions de CO et de NOx par catalyse des réactions de transformation des
gaz d’échappement des véhicules à moteur thermique.
1.3.
Halogénés
Les halogénés comprennent le fluor, le chlore, le brome et l’iode. Les deux premiers
sont des gaz responsables de sévères irritations du système respiratoire.
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CHAPITRE 1 Les principaux polluants de l’environnement 17
Plusieurs composés halogénés comme les fluorures et les acides fluorhydrique et
chlorhydrique ont une toxicité non négligeable.
La désinfection de l’eau potable par le chlore, dès le début du xxe siècle, a permis de
réduire de façon importante l’apparition de maladies infectieuses d’origine hydrique.
Cependant, dans les années 1970 fut mise en évidence la formation secondaire de
substances toxiques lors du procédé de désinfection par le chlore. Ces substances
sont produites par la réaction chimique du chlore avec la matière organique (souvent
d’origine naturelle) présente dans les eaux à désinfecter. Les plus communs de ces
sous-produits sont les trihalométhanes (THM) comme le chloroforme. Cependant, il
existe aussi des acides acétiques halogénés (AAH), des acétonitriles halogénés (ANH),
des cétones halogénés, des picrines, des aldéhydes et des phénols.
1.3.1.
Bore
Le bore est un minerai peu connu. Le 6 novembre 2008, la Commission de
Bruxelles l’a classé sur sa liste des produits toxiques, imposant ainsi un étiquetage
spécifique à tout produit qui en contient. Le gouvernement suédois avait déjà pris
une telle mesure, dès 2002, estimant le produit dangereux pour la reproduction
humaine. La Turquie détiendrait environ 70 % des réserves mondiales de cette
poudre blanchâtre, soit 3 à 4 milliards de tonnes, loin devant les États-Unis et
la Russie. Ce pays en a extrait, en 2007, 688 000 tonnes, soit plus du tiers de la
production mondiale. Le bore est utilisé dans les industries aérospatiale et pharmaceutique, dans la fabrication de détergents, de ciment, de verre, de carburants,
de produits plastiques ou, sous forme d’acide, dans le textile. L’industrie nucléaire
s’y intéresse également de près. Dans les laboratoires, on le teste comme fertilisant,
complément alimentaire pour les poulets élevés en batterie ou dans la prévention
du cancer du sein.
1.3.2.
Fluor
Le fluor est un élément chimique de la famille des halogènes. Aux conditions
normales de température et de pression, le fluor est présent sous forme de difluor
F2, gaz diatomique jaune pâle, très toxique et extrêmement corrosif. C’est l’élément
chimique le plus réactif ; il possède la plus forte électronégativité. Chez l’homme,
il provoque de très graves brûlures au contact de la peau, des muqueuses et des os.
Le fluor entre dans la composition de matières plastiques à faible coefficient de
friction tel le Téflon (polytétrafluoroéthylène, PTFE). De nombreux gaz fluorés,
comme le fréon, sont utilisés en tant que fluide frigorigène dans les systèmes de
réfrigération et d’air conditionné. Les chlorofluorocarbures (CFC) ont cependant
été bannis de ces applications à cause de leur contribution au trou de la couche
d’ozone et à l’effet de serre. L’acide fluorhydrique (HF) a la propriété unique de
pouvoir dissoudre presque tous les oxydes inorganiques. Il est de fait utilisé pour
attaquer le verre, pour éliminer les oxydes de surface du silicium dans l’industrie des
semi-conducteurs, comme catalyseur des réactions d’alkylation de l’isobutane et du
butène dans le raffinage du pétrole et pour éliminer des impuretés oxydées de l’acier
inoxydable. Dans le cycle du combustible nucléaire, l’hexafluorure d’uranium UF6
est utilisé pour séparer les différents isotopes de l’uranium par diffusion gazeuse.
Nous détaillerons, parmi les polluants émergents, les divers composés à base de
fluor qui posent de graves problèmes pour l’environnement.
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Jean-Claude Amiard est directeur de recherche émérite au CNRS, Professeur associé
au Québec et Professeur invité à l’université océanique de Chine. Il a enseigné également dans différentes universités françaises où il a procédé à l’encadrement de thèses.
Reconnu par la communauté scientifique nationale et internationale, ses recherches
sont centrées sur l’estimation de la biodisponibilité et le transfert des métaux et radionucléides dans les chaînes trophiques. Il est l’auteur de nombreuses publications et
met également à profit ses qualités d’expertise auprès de diverses instances.
Les risques chimiques environnementaux
Le nombre de substances chimiques mises sur le marché connaît un accroissement
constant avec des usages très divers (domestique, industriel, agricole...). Parmi ces substances, certaines présentent un caractère dangereux et un risque toxique potentiel
important qu’il est indispensable d’identifier et d’évaluer afin de réduire leur impact sur
les organismes vivants et l’environnement.
Cette deuxième édition de l’ouvrage Les risques chimiques environnementaux propose une synthèse revue et augmentée des connaissances actuelles sur les principaux
polluants chimiques des différentes matrices environnementales (air, eaux, aliments), en
intégrant les nombreuses avancées scientifiques. Des progrès ont en effet été réalisés
en matière d’évaluation et de prévention des risques, avec une sensibilité accrue
des méthodes de détection des substances polluantes. Ces nouvelles connaissances
permettent de confirmer des risques chimiques existants, d’en faire émerger de nouveaux
et révèlent un environnement toujours plus pollué.
L’ouvrage est articulé selon trois axes :
• l’analyse des méthodologies utilisées pour estimer les risques liés aux polluants
environnementaux, selon les étapes de la démarche européenne (identification des
dangers chimiques, évaluation de l’exposition aux dangers, caractérisations des dangers
et des risques chimiques chez les êtres vivants). Les modes et mécanismes d’action de
la toxicité des divers polluants sont également abordés ;
• l’étude d’exemples concrets de pollutions chimiques (hydrocarbures, phytosanitaires, nutriments, cadmium, zinc, mercure...) dans l’environnement et de leurs conséquences sur la faune et la flore mais également sur la santé humaine ;
• la présentation des principaux outils d’évaluation du risque chimique (tests de
toxicité, outils de simulation, méthodes de modélisation...) et des applications qui en
découlent (autorisations de mise sur le marché, méthodes et réseaux de surveillance
de la qualité de l’environnement...).
Véritable ouvrage de référence convoquant de nombreuses disciplines telles que la
toxicologie, la chimie, la biochimie, l’épidémiologie, la médecine clinique etc., Les risques
chimiques environnementaux s’adresse aux ingénieurs, techniciens et industriels concernés
par la prévention et l’évaluation des polluants environnementaux, aux responsables environnement des entreprises et collectivités ainsi qu’aux autorités sanitaires. Il intéressera
également les enseignants et étudiants de troisième cycle préparant une formation aux
sciences de l’environnement et à la gestion des risques.
INDUSTRIELS, INGÉNIEURS, TECHNICIENS, ÉTUDIANTS
Les risques
chimiques
environnementaux
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