LES ECHOS DE SAINT-MAURICE
Edition numérique
Henri MICHELET
Quel temps fera-t-il ? Eléments de météorologie
Dans Echos de Saint-Maurice, 1981, tome 77, p. 43-60
© Abbaye de Saint-Maurice 2013
Quel temps fera-t-il ?
Eléments de météorologie
Par intérêt ou par manière de conversation, les gens parlent volontiers
et fréquemment de la pluie et du beau temps. Presque chaque soir et
chaque matin, l'agriculteur, l'estivant, l'excursionniste et l'aviateur répè-
tent l'éternelle question : « Fera-t-il beau ? Le temps va-t-il changer ? »
A ce problème banal que les hommes posent depuis la plus haute anti-
quité, les savants ont donné aujourd'hui un commencement de solution.
Réalisant toujours plus parfaitement la parole du Créateur : « Asservis-
sez la terre et soumettez-la », des chercheurs infatigables ont consacré
leurs efforts à reconnaître les mille particularités des nuages, des vents
et de la pluie. Les suivre dans leurs patientes observations, nous initier
aux mesures des divers facteurs météorologiques nous donnera une
part à leur joie de connaître et une idée de la manière dont ces « pro-
phètes » du temps élaborent leurs pronostics.
I.
L'ATMOSPHERE, LABORATOIRE DU METEOROLOGUE
Bien que vivant dans l'atmosphère, l'homme a mis du temps à réaliser
la présence de la couche d'air qui entoure la terre. Lavoisier détermina
pour la première fois sa composition en l'année 1774. Si nous laissons
comme quantité négligeable les traces de gaz rares, d'anhydride carbo-
nique et de vapeur d'eau dont le pourcentage de l'ensemble n'atteint
pas 1 %, nous pouvons considérer l'air comme formé de 4/5 d'azote et
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de 1/5 d'oxygène. Les trois quarts de cet air se trouvent dans la zone
la plus proche de la terre, la troposphère. D'une élévation moyenne de
11 km, cette couche est la pièce principale du vaste laboratoire où
des facteurs naturels divers fabriquent la pluie et le beau temps.
La chaleur solaire, directeur no 1 du laboratoire
En échauffant sol, océans et atmosphère de façon diverse, le soleil
entretient tous les changements de temps. Sous son action, de vastes
circulations d'air prennent naissance. Un premier mouvement est pro-
voqué par une propriété particulière de l'atmosphère, le rayonnement
sélectif. Ce terme à consonance savante désigne une vertu bien simple
de l'air atmosphérique. Ce dernier ne capte qu'une faible partie des
rayons solaires. Ils peuvent ainsi traverser l'atmosphère jusqu'à la sur-
face terrestre et lui apporter la lumière et la chaleur indispensables
à la vie. Mais le sol, une fois réchauffé, émet un rayonnement qui, lui,
est entièrement absorbé par l'air atmosphérique. Faisant l'office d'une
souricière, l'atmosphère laisse descendre les rayons solaires sur terre
et les capte lorsqu'ils veulent repartir. Une conséquence découle de cet-
te propriété : les couches les plus voisines de la terre ont une températu-
re plus élevée que les supérieures. Or, cet air chaud étant plus léger
prend un mouvement d'ascension, et en montant, il se refroidit à cause
de la dilatation. Théoriquement, ce refroidissement devrait être de 1°
pour 100 m de différence d'altitude ; pratiquement, à cause des phéno-
mènes de condensation et d'évaporation il se tient aux environs de 0,6°
pour 100 m d'ascension. Cette valeur porte le nom de gradient
thermique.
La différence d'exposition des régions terrestres aux rayons solaires
provoque un autre mouvement plus important encore. A cause de la for-
me de la terre, les zones équatoriales reçoivent une quantité de chaleur
plus grande que les zones polaires. Les masses d'air chaud de l'équa-
teur devenues plus légères s'élèvent dans l'atmosphère et se dirigent vers
les pôles. Elles y arrivent en partie ; elles descendent vers la terre et re-
prennent le chemin de l'équateur. Ainsi naît un circuit qui, pareillement
simplifié, semble tout à fait régulier. La rotation de la terre autour de
son axe ne tarde pas à troubler cette paisible circulation et, s'ajoutant
à d'autres facteurs, elle provoque souvent des embouteillages et des
accrochages aux conséquences importantes. Contentons-nous de noter
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pour le moment que dans l'hémisphère nord, à partir de 30° à 40° de
latitude, elle imprime aux masses d'air une déviation vers l'ouest.
Cause de la circulation d'air, la chaleur intervient encore d'une autre
manière dans les phénomènes atmosphériques. C'est elle qui chauffant
l'eau des lacs et des mers les évapore en partie. Aspirée par le soleil,
la vapeur d'eau se répand dans l'air sous une forme invisible ; elle forme
l'humidité atmosphérique. Et comme la capacité que possède l'air
d'absorber l'humidité est limitée,t ou tard, suivant la température
ambiante, le degré de saturation est atteint.s lors, la vapeur d'eau
se condensera à nouveau ; elle formera des nuages, de la pluie ou de
la neige.
Ainsi, ces immenses masses d'air soufflant tantôt en zéphirs, tantôt
en ouragans, continuent leur randonnée à travers l'atmosphère, appor-
tant avec elles soleil doux, pluies bienfaisantes ou tempêtes dévasta-
trices.
Baromètre en hausse = beau temps
L'échauffement différent et les circulations des masses d'air engendrent
un phénomène qui joue un rôle de première importance en météoro-
logie. Sans cesse bousculée latéralement et verticalement, la colonne
d'air exerce une pression variable sur la surface du sol. Le poids de
l'air qui se trouve sur la terre en un lieu est mesuré par un appareil bien
connu, le baromètre, dont l'invention due à Torricelli remonte à l'an-
e 1643. Les résultats lus sur cet instrument indiquent à chaque instant
ce que l'on appelle la pression atmosphérique. Par temps variable et au
niveau de la mer, elle est de 1,033 kg/cm2. Cette pression équivaut à
une atmosphère. On l'exprime aussi en millibars ou en millimètres de
mercure : 1 atmosphère = 1013,5 millibars = 760 mm de mercure.
Tout naturellement, au fur et à mesure que nous montons dans l'at-
mosphère, la colonne d'air qui est au-dessus de nous diminue et le
baromètre baisse. Aussi, avant d'établir une comparaison, le météoro-
logue s'affranchit-il de cette influence de l'altitude. Il ramène la valeur
de la pression du lieu considéré à celle du niveau de la mer. Il note
ensuite soigneusement ces mesures sur la carte d'une région étendue
du globe. En reliant entre eux tous les points d'égale pression, il obtient
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des courbes fermées plus ou moins régulières, les isobares. Ces
lignes délimitent les cyclones et les anticyclones comme les courbes de
niveau dessinent les vallées et les monts sur une carte géographique.
Mais ces « creux » et ces « crêtes » de l'océan atmosphérique se dépla-
cent continuellement. Le baromètre qui pèse sans arrêt la colonne d'air
signale leur passage. Un cyclone ou dépression provoque une baisse
barométrique et amène habituellement le mauvais temps ; un anticyclone
décelé par une montée barométrique est généralement accompagné du
beau temps.
Ces constatations s'expliquent facilement. Une haute pression entraîne
avec elle de l'air lourd qui s'écoule de haut en bas. Semblable au gaz
que l'on comprime avec une pompe, l'air en descendant est serré par
les couches supérieures ; il devient de plus en plus dense et il s'échauf-
fe. Cette élévation de température lui permet de contenir davantage
d'humidité. Ainsi les nuages ne peuvent pas se former ou s'ils se for-
ment ils sont rapidement dissipés. Au contraire, une baisse de pression
annonce le mauvais temps. La raison est bien simple. Les masses d'air
affluent vers les dépressions et doivent ensuite glisser en altitude. Or,
l'ascension est accompagnée d'une dilatation et d'un refroidissement.
La quantité de vapeur d'eau que l'air peut contenir va en diminuant.
Dans ces conditions naîtront facilement les nuages et les précipitations.
Jusqu'au milieu du siècle dernier, les cartes météorologiques étaient
basées presque uniquement sur la mesure de la pression atmosphérique.
Les baromètres portent à côté de la valeur de la pression l'indication
du temps correspondant : beau, variable, pluvieux, etc. Néanmoins, cette
conclusion baromètre haut = beau temps, baromètre bas = mauvais
temps n'est pas toujours exacte. D'autres facteurs que la pression inter-
viennent dans révolution du temps. Des savants anglais ont remarqué,
vers le milieu du siècle dernier, que la connaissance des vents chauds
ou froids est tout aussi importante que celle de la pression atmosphé-
rique pour la prévision du temps.
L'aquilon se déchaîne et le tourbillon fait rage
Comme l'eau coule des montagnes dans la vallée et ensuite dans la
plaine, les masses d'air circulent des zones de haute pression vers les
régions de basse pression et donnent naissance aux vents. Ce principe,
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