MAPAR 2015
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chirurgie colique, l’hystérectomie, et l’arthroplastie de genou et de hanche, que
les facteurs de réhospitalisation précoce sont avant tout chirurgicaux: l’infection
du site opératoire, l’iléus et l’hémorragie. Toutefois, les comorbidités du patient
constituent un facteur de risque associé.
Y a-t-il nalement une vraie différence concernant le taux de réadmission
entre les patients entrés dans un programme de réhabilitation et ceux qui ont été
pris en charge de façon plus classique? Cette question a été examinée en 2009
dans une méta-analyse incluant 11essais cliniques et 1021patients[17]. Alors
même que cette méta-analyse conrmait une réduction signicative de la durée
d’hospitalisation, qu’il s’agisse de l’hospitalisation initiale mais aussi de la durée
totale après réhospitalisation éventuelle, le taux de réadmission n’était nalement
pas différent entre les groupes ayant été pris en charge de façon traditionnelle et
les groupes traités par les soins de support de la réhabilitation.
Plus récemment, Jakobsen et al. a évalué le suivi de 160 patients opérés
de chirurgie colique[18]. Les patients pris en charge dans le programme «fast
track» ou «ERAS» hospitalisés sur une durée moyenne de séjour de 3,4jours
contre 7,5jours dans le groupe témoin, avaient une récupération fonctionnelle plus
précoce, avec moins de fatigue et moins de privation de sommeil. Ils bénéciaient
cependant d’un nombre plus élevé de visites à domicile principalement pour
des soins locaux de cicatrisation chirurgicale. Si plus de patients étaient réadmis
précocement dans le groupe «fast track» (12/80 soit 15% contre 9/80 soit 11%),
la durée totale d’hospitalisation restait inférieure dans ce groupe (4,2jours) à celle
du groupe témoin (8,3jours). La principale cause de réadmission était dans les
deux cas une infection de paroi.
En orthopédie, Stambough et al. [19] ont retrouvé des données inverses
avec un taux de réadmission de 4% dans le groupe traité de façon traditionnelle
pour ce qui est des soins de support contre 1% dans le groupe bénéciant d’un
programme de réhabilitation. Cependant, il s’agissait d’une étude longitudinale qui
portait sur une période supérieure à 10ans au cours de laquelle les soins de support
avaient été introduits progressivement jusqu’à aboutir au programme complet au
cours des dernières années. Le point commun avec l’étude précédente est que
les complications étaient pour les ¾ d’entre elles d’ordre chirurgical.
L’analyse des données montre donc que certaines réadmissions sont liées à
des complications chirurgicales comme dans le modèle de la chirurgie colique:
la survenue de stule anastomotique ou d’infection de paroi. Pour ce type de
complications comme pour les complications médicales, il existe des facteurs
de risque comme le type de colectomie pratiqué ou le fait d’effectuer une stomie
d’amont[20] ou la pathologie sous jacente(par exemple : maladie de Crohn =
risque supérieur de stule).
Les facteurs médicaux eux-mêmes peuvent être appréhendés dès avant l’inter-
vention. De nombreuses études ont ainsi permis d’identier quels étaient les facteurs
de morbidité et de mortalité respiratoire et cardiovasculaire elles-mêmes synonymes
d’une prolongation de la durée de séjour[21,22]. Cependant, les complications
redoutées qui peuvent obérer la réhabilitation et conduire à une réhospitalisation
précoce sont aussi celles qui font l’objet d’une politique de prévention au travers
de ce même processus. Identier un risque de complication respiratoire veut donc
éventuellement dire que les soins de support qui s’inscrivent dans le processus
de réhabilitation doivent être intensiés, constituant ainsi la meilleure prévention