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Travail de Maturité 2007
Géopolitique et pétrole
Natacha Cossy 3MS2
Gymnase Auguste Piccard
Or noir au Congo
Maître responsable : Etienne Steiner
Novembre 2007
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Table des matières
1. Introduction ........................................................................................................... 2
2. Présentation du pays ............................................................................................ 4
A] Géographie.......................................................................................................................................... 4
Démographie ........................................................................................................................................ 6
B] Histoire................................................................................................................................................. 7
La colonisation française ..................................................................................................................... 7
L’indépendance (1960) ........................................................................................................................ 8
Les guerres civiles (1993-1994, 1997-1999) ...................................................................................... 9
C] Economie........................................................................................................................................... 11
La dette extérieure et les démarches d’annulation .......................................................................... 11
D] Politique............................................................................................................................................. 13
Denis Sassou Nguesso ...................................................................................................................... 13
3. Le pétrole et son influence au Congo ............................................................... 15
A] Historique de l’exploitation ............................................................................................................ 15
B] Quantité, qualité et localisation du pétrole ................................................................................. 17
C] Exploitation et Production.............................................................................................................. 19
Les contrats entre l’Etat congolais et les compagnies pétrolières .................................................. 19
Les revenus pétroliers ........................................................................................................................ 22
D] Les compagnies pétrolières........................................................................................................... 25
La compagnie française TotalFinaElf................................................................................................ 25
La Société Nationale des Pétroles du Congo................................................................................... 28
La société Eni-Agip............................................................................................................................. 29
La société Maurel & Prom.................................................................................................................. 30
Tableau des gisements ...................................................................................................................... 30
E] La destination des revenus pétroliers.......................................................................................... 31
Les projets de développement .......................................................................................................... 31
Corruption et mal gestion ................................................................................................................... 34
Le contraste entre pauvreté et richesse ........................................................................................... 37
4. Conclusion........................................................................................................... 44
5. Bibliographie ....................................................................................................... 47
Ouvrages généraux .............................................................................................................................. 47
Articles .................................................................................................................................................... 47
Sites Internet.......................................................................................................................................... 47
Contact.................................................................................................................................................... 49
6. Remerciements………………………………………………………………………....49
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
1. Introduction
Le Congo Brazzaville, comme beaucoup de pays africains, détient d’abondantes richesses naturelles.
Les forêts, qui étaient au départ source principale d’exploitation ont été délaissées pour mettre en
avant l’exploitation pétrolière, débutant sérieusement en 1973.
La découverte du pétrole permit à la population congolaise, qui pour 70% vit en dessous du seuil de
pauvreté de reprendre espoir et croire à une amélioration des conditions de vie. Malheureusement, les
Congolais ne voient aucune différence montrant le développement du pays. Au contraire plusieurs
éléments laissent croire que l’entrée du pétrole dans l’économie congolaise a aggravé la situation
économique du pays, engendrant ainsi de précaires conditions de vie.
La situation politique, n’est quant à elle en aucun cas favorable au pays qui subit fréquemment des
guerres civiles entre milices. Le financement des armes et de la reconstruction d’après guerre est
l’une des causes de l’endettement du Congo.
En effet, le Congo a accumulé une dette exorbitante qui constitue un énorme fardeau. Cette dette fut
causée par plusieurs grands facteurs outre les énormes dépenses pour la guerre. Le financement des
entreprises publiques qui ne cessèrent d’augmenter est également l’une des causes de l’endettement,
tout comme les dépenses inutiles et détournements de fonds des hauts dirigeants qui ne se gênent
pas de profiter de leurs statuts afin de se permettre une vie luxueuse. Pour finir, deux autres facteurs
d’endettement, la mal gestion des revenus pétroliers, caractérisée par une opacité totale et le
financement des projets de développement, nous prouvent la nuisance du pétrole, étant donné que
les projets de développement furent entrepris grâce à cet or noir, dont les revenus devaient financer
les coûts de leurs réalisations. Mais l’instabilité de la production des gisements, qui déclinèrent obligea
le pays à faire des emprunts afin d’achever en partie les projets.
La corruption et la mauvaise gestion sont deux problèmes qui touchent beaucoup de pays africains,
notamment Congo. Ce pays dépend totalement des compagnies internationales, en particulier
TotalFinaElf et n’a aucun contrôle sur les revenus pétroliers. Ces compagnies ont des contrats qui
leurs sont favorables.
Malgré la création d’une compagnie pétrolière nationale, qui a pour but de favoriser une bonne
gestion, les revenus pétroliers restent « cachés ». L’argent issu du pétrole reste encore mystérieux
quant à ses destinations mais n’est dans tout les cas pas utilisé en faveur du peuple congolais, qui
continue de vivre dans des conditions misérables.
Des questions persistent alors ; le pétrole est-il le responsable de la situation actuelle du Congo ? Estce une simple coïncidence que ce pays n’ait cessé de régresser depuis la découverte du pétrole ? Cet
or noir sera-il une fois favorable au peuple congolais ?
Ce travail, a justement pour but d’éclaircir les raisons de la « noyade » de la République du Congo et
l’usage des ses recettes pétrolières. Une première partie consistera à présenter le pays, c’est-à-dire
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
sa situation géographique, son histoire, sa situation économique et sa politique. Cette présentation est
essentielle à la compréhension de la seconde partie du travail, celle-ci plus ambiguë.
En effet car la deuxième partie va traiter le pétrole au Congo, c’est-à-dire d’une part sa localisation et
son importance mais surtout son influence.
Enfin, la conclusion, à travers laquelle je répondrais le plus clairement à la problématique, soit à la
question suivante ; « le pétrole a-t-il aggravé la situation économique, sociale et politique du
Congo ? » en récapitulant les points essentiels mis en avant tout au long du travail.
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
2. Présentation du pays
A] Géographie
Le Congo, aussi appelé Congo Brazzaville afin de le
distinguer de la République Démocratique du Congo, est
un pays du centre ouest de l’Afrique. Il touche l’Océan
Atlantique et est délimité par le Gabon, le Cameroun, la
République centrafricaine et la République Démocratique
du Congo.
Sa capitale est Brazzaville qui se situe au sud est du pays.
De forme allongée, le Congo recouvre une superficie de
2
342 000 km , ce qui correspond à plus de huit fois la
Suisse et comprend 3,5 millions d’habitants.
La principale langue est le français, qui est la résultante de
la colonisation française, qui débuta dans les années
1
Situation du Congo en Afrique
1880. De multiples autres langues sont issues des
différentes ethnies, par exemple, le munukutuba, parlé par plus de 50% de la population, le kikongo
ou encore le lingala.
Le Congo comporte dix régions dénommées Likouala, Sangha, Cuvette-Ouest, Cuvette, Plateaux,
Pool, Lékoumou, Bouanza, Niari et Kouilou. Chaque région comprend un chef lieu.
Régions du Congo
2
Densité de population
1
3
1
http://www.afromix.org/
http://mokili.free.fr
3
www.congo.ird.fr/html/congo_cartes_temp.htm
2
-4-
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Le Congo peut être divisé géographiquement et démographiquement en deux grandes parties:
-
Le Sud, qui est une région de savane où s’y trouve la majorité de l’infrastructure économique
et sociale et regroupe une grande partie de la population. Elle comprend d’ailleurs les deux
plus importantes villes, Brazzaville et Pointe-Noire où se regroupe 60% de la population.
-
Le Nord, riche en forêts mais pauvre en zone habitable, est une région faiblement peuplée.
Le Congo est un pays riche en ressources naturelles, tels que les forêts, les ressources minières, le
pétrole. Malheureusement, sur 8 200 000 hectares de terres cultivables, seulement 2% de cette
surface est exploitée.
L’emplacement de la République du Congo facilite les exportations et importations de part sa façade
maritime de 169km, et sa trentaine de fleuves, dont le plus important est le Congo, long de 4614km et
considéré comme le plus important au Monde après l’Amazone.
Les conditions climatiques constituent un atout pour le pays, car elles sont favorables à l’agriculture.
Les précipitations sont relativement fréquentes et les températures s’élèvent entre 21 et 27°C.
Le climat est caractérisé par quatre saisons :
-
Janvier à février est la petite saison sèche,
durant laquelle les précipitations sont très rares
et les températures élevées.
-
Mars à avril est la petite saison des pluies. Les
précipitions sont fréquentes et les températures
élevées
-
Mai à septembre est la grande saison sèche, qui
est caractérisée par des pluies occasionnelles et
des températures modérées.
-
Octobre à décembre est la grande saison des
pluies. Le climat est identique à celui de la petite
saison des pluies.
Relief du Congo
4
Quant au relief du pays, il est relativement faible, allant de 0 mètre dans la région du Kouilou à
proximité de la côte atlantique à 800 mètres dans les régions du Pool, du Plateaux et de la CuvetteOuest.
4
http://www.republique-congo.com
-5-
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Démographie
La population congolaise a un niveau de vie très
légèrement supérieur à la moyenne en Afrique,
excepté la part de population privée d’eau potable,
qui s’élève à 49% contre 42 % en moyenne en
Afrique et sa densité de population qui passe de
2
8000 habitants par km
dans la capitale
2
Brazzaville, à 2 habitants par km dans les zones
rurales. La densité moyenne est de 10,2 habitants
2
par km , un chiffre extrêmement faible étant donné
que la moyenne du continent africain s’élève à
2
25,27 habitants par km . L’espérance de vie est
Lits d'hôpitaux au Congo
5
d’environ 52 ans soit 6 ans de plus que la
moyenne en Afrique. D’autres données démographiques montrent un niveau de vie de la population
congolaise meilleur à d’autres pays africains, notamment le taux d’analphabétisme, qui est largement
inférieur à la moyenne et le taux d’accroissement naturel, qui est de 2,7%, alors que la moyenne du
continent africain est de 2,4%. De plus, les nombres de médecins et lits d’hôpitaux pour mille
habitants sont respectivement de 0,3 et 3,2 contre 0,1 et 1,1 en moyenne en Afrique.
Bien évidemment, le Congo demeure tout de même un pays extrêmement pauvre.
Quelques habitations au Congo
5
6
6
http://suis-jeleseulcommecela.hautetfort.com/afrique/
http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
B] Histoire
La colonisation française
Durant l’année 1879, Pierre Savorgnan De Brazza, un explorateur italien qui travaille pour la France,
arrive sur le continent africain. En ce temps, le Congo s’appelait Royaume Kongo et comprenait le
nord de l’Angola, le sud du Congo-Kinshasa et le sud du Gabon, sans oublier les régions sud du
Congo actuel. Il était dirigé par Makoko, le roi Téké, qui, désespéré par la situation de son empire
totalement affaibli par l’instauration de la traite des noirs au XV ème siècle, accepta en 1880 le traité
proposé par De Brazza qui consiste à céder les droits de gouvernance à la France.
Plus tard, la Conférence de Berlin, qui se déroula entre 1884 et 1885, reconnut les droits de la France
sur le Royaume Kongo.
C’est alors en 1891 que la première colonie française est crée et que débutent les grandes
explorations du territoire. Des compagnies concessionnaires se partagent les terres et commencent
l’exploitation des ressources naturelles. Malheureusement ces compagnies, qui détiennent tous les
droits d’opération mais doivent donner 15% de leurs bénéfices à la France agissent violemment, à un
tel point que cela aboutit à de nombreuses victimes. Cette brutalité suscite des révoltes, qui firent
couler beaucoup de sang.
En 1906, les colonies françaises sont divisées en trois parties : le Gabon, le Moyen-Congo et le
Oubangui. Puis en 1910, l’Afrique Equatoriale Française (AEF) est fondée et regroupe ces trois
parties ainsi que le Tchad. Brazzaville est nommée capitale de l’AEF, ce qui favorisera son
développement économique.
Durant cette grande période coloniale,
de grandes activités économiques se
déroulèrent, dont en particulier, entre
1921 et 1934, la construction du chemin
de fer reliant Brazzaville et Pointe-Noire,
qui se situe sur la côte atlantique. Cette
longue ligne ferroviaire de 510km est
appelée CFCO (Chemin de Fer CongoOcean). Les conditions de travail des
ouvriers africains ainsi que les maladies
provoquèrent autour de 17’000 morts
Chemin de Fer Congo-Océan
7
pour la construction du CFCO.
En 1934, le port de Pointe-Noire est créé et est, 5ans plus tard ouvert.
7
http://www.asnom.org/fr/230_medecin_de_brousse.html
-7-
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Port de Pointe-Noire, capitale économique
8
Durant le début du XXème siècle, le Congo est très actif et connaît un bon développement
économique grâce à la colonisation française.
Malheureusement, les conditions dans lesquelles les indigènes sont traités amènent les Africains à de
plus en plus se révolter et à espérer l’indépendance.
L’indépendance (1960)
Drapeau congolais
9
En 1944, Charles de Gaulle, président de la République français en 1958, organise la Conférence de
Brazzaville. Il y annonce que la France doit aider le peuple de son empire à se développer jusqu’à ce
2
qu’il soit capable de gérer lui-même ses affaires et non l’anéantir. La Conférence ne parla aucune fois
d’Indépendance mais seulement d’une plus grande implication des africains dans les affaires du pays.
Les paroles de Charles de Gaulle eurent un grand rôle car elles sont considérées comme un grand
8
9
http://cache.eb.com/eb/image?id=3547&rendTypeId=4
http://www.drapazur.com
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
pas vers la décolonisation, puis vers l’Indépendance. En 1945, un premier député congolais est élu ;
Félix Tchicaya. Ce dernier fondera en 1946 le Parti Progressiste Congolais (PPC). Puis en 1956,
Fulbert Youlou est élu maire de Brazzaville et est ensuite, en 1959 élu premier président de la
République du Congo à la suite des troubles ethniques qui amenèrent à une guerre civile entre le
Nord et le Sud.
En 1958, le Congo est considéré comme étant une République autonome et devient indépendant 15
août 1960. Cette date sera alors le jour de la fête nationale.
Les guerres civiles (1993-1994, 1997-1999)
Dès 1990, des Congolais réclament une démocratie et veulent détrôner le président Denis Nguesso
Sassou. Les difficultés économiques du pays seraient dues à la mauvaise gestion du président et à
ses rapports suspects avec d’autres personnes politiquement importantes. Un gouvernement de
transition est désigné en 1991 et avancent les élections présidentielles au 2 juin 1992. Pascal
Lissouba remporta les élections devant
Bernard Kolélas et est proclamé président
du Congo. Malheureusement, le mandat de
Lissouba suscite des crises qui amèneront
carrément à une guerre civile entre 1993 et
1994. A peine entré au pouvoir, le nouveau
président Lissouba met fin à l’Assemblée
nationale. Cette dissolution n’est pas légale.
S’ensuit alors une multitude de troubles lors
des élections législatives et commencent les
conflits armés entre milices. Ces milices
représentent différentes ethnies
chacune
en
« Nibolek »,
faveur
défendent
d’un
qui sont
parti.
Les
Lissouba
et
s’opposent aux « Ninjas », qui elles, sont en
faveur de Kolélas. Géographiquement, les
Nibolek représentent la région du Niari, du
Lekoumou et du Bouanza, se situant au sud
ouest, quant aux Ninjas, ils représentent la
région du pool.
Le Congo, depuis sa colonisation connaît
une séparation très ethnique, mettant en
avant surtout deux groupes ; les sudistes et
10
Milice Cobra
les nordistes, de part son découpage
10
http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx
-9-
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
géographique et démographique bien distinct. Hors lors de cette première guerre civile, qui aboutit à
plus de 2000 morts, l’opposition n’était pas une opposition entre les sudistes et les nordistes.
Cette guerre civile de 1993 à 1994 est la résultante des élections présidentielles et législatives qui
soulevèrent des conflits entre les différents partis insatisfaits et mécontents quant aux résultats des
élections.
En 1997, à la veille de la nouvelle élection présidentielle, une seconde guerre civile commence. Les
milices dites « cobras » de Sassou s’opposent au président du moment Lissouba et à Kolélas. Tous
trois sont des candidats à l’élection présidentielle. Sassou est soutenu par l’armée angolaise qui
dévaste Brazzaville et qui, tout comme les milices, n’hésite pas à agir avec violence et cruauté. Les
milices de Sassou, c’est-à-dire les cobras, ont été payées par la compagnie pétrolière Elf, qui critique
et redoute le régime de Lissouba. Ces critiques sont dues au fait que le président imposa un nouveau
contrat dit « de partage » entre les compagnies pétrolières et l’Etat qui est bien plus équitable au
précédent. Denis Sassou Nguesso fait alors un coup d’état et se nomme président. Quant aux deux
autres candidats, tous deux s’exilent. Le président français Chirac annonce être rassuré que Sassou
ait repris le pouvoir afin de stopper l’effondrement du Congo. Pourtant, cette guerre qui causa plus de
10’000 morts et la fuite de nombreux Congolais, n’est pas réellement terminée, étant donné que les
milices continuent à s’affronter malgré l’exil de leurs meneurs et
essaient de renverser Sassou.
La période entre 1997 et 1999 est caractérisée par les viols,
assassinats et pillages « à volonté » qui laissent la population
congolaise, spécialement du sud dans l’horreur. En 1999, plus
de 500’000 Congolais civils meurent de faim alors qu’ils se
cachaient dans des forêts. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Hervé
Devos, membre de l’association Normandie Pool, sans aucune
hésitation lorsque je lui posa la question suivante « Vous êtes
parti pendant la guerre, la population vivait-elle complètement
dans la peur ? Les viols, assassinats étaient-ils gratuits ? » Sa
courte réponse fut « Oui. C’était le quotidien »
Ces guerres civiles, provoquées par les conflits politiques
affaiblirent le peuple et démolirent le pays. De nombreuses
dépenses s’accumulèrent pour la reconstruction d’après-guerre.
Enfant armé au Congo
11
Elles sont l’une des grandes raisons de l’endettement du Congo.
11
http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx
- 10 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
C] Economie
La monnaie du Congo est le Franc CFA, (vient de Communauté Française d’Afrique). Un franc suisse
correspond à environ 400 Francs CFA. L’économie congolaise repose sur l’agriculture d’industrie,
ayant comme cultures la canne à sucre, l’eucalyptus, le café et le cacao. Dans les années 1970 et
1980, le Congo était un pays exportateur de produits agricoles. De plus, jusqu’en 1970, le bois était la
première source d’exploitation et accroissait régulièrement. Malheureusement, peu après que le
pétrole fit son entrée dans l’économie du pays, c’est-à-dire depuis 1971 avec l’exploitation du
gisement Pointe Indienne, la production agricole et l’exploitation du bois perdirent toute importance et
furent peu à peu délaissées.
Actuellement, 93% des exportations du Congo sont du pétrole et 5% du bois. Quant aux importations,
elles sont pour 27% des machines électriques et mécaniques et pour 20% des produits alimentaires.
La dette extérieure et les
démarches d’annulation
Le Congo est un pays pauvre et
extrêmement endetté. Plus de 70% de
la population vit en dessous du seuil
de la pauvreté. Le chômage est très
présent,
touchant
50%
de
la
population active et 70% des jeunes
de 15 à 25 ans. Les employés
reçoivent
irrégulièrement,
leurs
les
salaires
voies
de
communication routières ne sont pas
ménagées, ainsi elles sont quasiment
impraticables, les écoliers sont très
La pauvreté au Congo
12
nombreux et doivent souvent s’asseoir parterre et partager leurs livres avec une dizaine d’autres
camarades, et seulement la moitié de la population à accès à l’eau potable.
De plus, le Congo traîne une dette publique de plus de 4500 milliards de Francs CFA (soit environ 11
milliards de francs suisses) qui constitue un énorme fardeau. Les financements des armes et des
reconstructions d’après-guerre dans les années 1995 à 1999, les détournements de fonds et les
dépenses non nécessaires du Président Sassou Nguesso lors de déplacements à l’étranger,
principalement en France, constituent les raisons principales de cet exorbitant endettement. De plus,
les entreprises publiques, qui ne cessent d’augmenter dans les années 1960 à 1980, ont de la peine à
fonctionner à cause du manque de personnel qualifié et demandent donc de prépondérantes
12
http://suis-jeleseulcommecela.hautetfort.com
- 11 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
subventions. Ces entreprises qui ont à la base pour but d’aider le pays à se développer et s’enrichir,
sont au contraire sources d’endettement progressif.
Actuellement, le Congo est en phase d’annulation de sa dette. Pour cela, il doit tout d’abord être
reconnu comme Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) par le Fonds Monétaire International (FMI). Cette
initiative PPTE comporte un long programme dans le cadre de la Facilité et la Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté (FCRP), qui exige beaucoup de coopération de la part du Congo. La
première phase du programme consiste à prouver une bonne gestion des revenus pétroliers, qui
doivent être complètement transparents quant à leurs élévations et leurs destinations.
Le FMI et la Banque Mondiale exigent de la part du gouvernement congolais la maîtrise des dépenses
publiques ainsi que la maximisation des recettes de l’Etat.
Cette première phase du processus, qui entra en vigueur en 2003, a été réalisée en 2006 par neuf
pays, dont le Congo. A la fin de chaque étape du processus, le Congo bénéficie de versements.
Jusqu’en 2006, la somme des versements s’élève à 16,8 milliards de FCFA (environ 42 millions de
francs suisses). Au total, à la fin du processus, le Congo devrait bénéficier d’une réduction de la dette
de 812 milliards de FCFA, c’est-à-dire 2 milliards francs suisses. Mais pour l’instant, le FMI refuse
d’accorder des versements au pays étant donné que le Congo n’a pas su suffisamment gérer ses
dépenses, qui dépassent la limite imposée par le programme FCRP.
En plus de l’initiative PPTE et son programme, la Banque Mondiale lance une stratégie d’aide qui se
déroule de 2003 à 2008.
Cette stratégie, dite CAS, comprend de multiple projets, tels que le renforcement de la stabilité de
l’économie, l’amélioration des services sociaux ou encore des projets de santé, tous étant financés
par la Banque Mondiale. Elle a pour but de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie.
En 2004, le Club de Paris, composé de
membres
représentant
différents
gouvernements et ayant pour but d’aider
les pays endettés, a annulé 759 milliards
de FCFA (1,9 milliards de francs suisses)
de la dette du Congo.
Cette annulation a été accordée au nom
de la Facilité et la Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté (FCRP) et est le
résultat des efforts dont a fait preuve le
Congo
depuis
2002
quant
à
son
économie.
L’annulation de la dette serait un énorme
13
Un restaurant de rue à Brazzaville
13
http://www.interet-general.info/IMG/Republique-Congo-Brazzaville-Rue-1.jpg
- 12 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
poids en moins pour le pays, qui pourra mieux se focaliser sur le développement économique et
améliorer les conditions de vie.
Très récemment, début 2007, le Congo a bénéficié d’une annulation de dette de la part de l’Allemagne
14
qui s’élève à un peu moins de 8 milliards de francs CFA (19 millions de francs suisses) .
D] Politique
Denis Sassou Nguesso
Denis Sassou Nguesso est le président actuel de la
République du Congo. Né en 1943, après avoir suivi
une formation militaire en 1961, il rejoint le Parti
Congolais du Travail (PCT) en 1970. Ce parti est dit
« marxiste-léniniste », soit qui met en avant une
doctrine sociale communiste.
En 1977, à la suite de l’assassinat du président
Ngouabi, Sassou assure la présidence intermédiaire
pendant à peu près un mois pour ensuite laisser les
commandes du pays au nouveau président YhombiOpango.
C’est en 1979, après avoir été élu président du PCT,
qu’il devient président de la République du Congo. Il
Le président Denis Sassou Nguesso
15
exercera alors un mandat de 13 ans, pendant lequel il
instaure le multipartisme en 1990, système nouveau
pour le pays. Le multipartisme laisse plus de liberté et
permet au peuple de choisir entre différents partis et ainsi être plus impliqué dans le domaine
politique. Avant l’instauration du multipartisme, le terme « république » à parti unique cachait en fait
une forme de dictature.
Durant cette première présidence, il organisa également plusieurs programmes de développement
devant être financés par les revenus pétroliers.
En 1992, il adopte une nouvelle Constitution par référendum qui a pour but de diviser le régime en miparlementaire et mi-présidentiel et donc diminuer les pouvoirs du président.
Lors de l’élection présidentielle de 1992, Sassou doit laisser la présidence à Lissouba, qui est élu
nouveau chef d’Etat.
14
15
http://www.jeuneafrique.com/pays/congo_brazza/article_depeche.asp?art_cle=PAN70027lalleognocu0
http://www.un.org
- 13 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Denis Sassou Nguesso, après un voyage en France afin de préparer son futur coup d’état, aidé par
ses milices cobras et l’armée angolaise, revient en 1997 à la fin du mandat de Lissouba.
Il se proclame président en cette date après avoir dévasté et affaibli Brazzaville.
Commence alors sa deuxième présidence pendant laquelle il nomme lui-même les trois pouvoirs et se
donne le droit d’exiler ou tuer tout opposants politiques. Le peuple congolais, qui vient de sortir d’une
guerre civile causée par des conflits politiques se voit contrôlé par un dictateur. Il instaure une
nouvelle constitution en 2002 qui prévoit un mandat présidentiel de 7 ans alors que jusque là, il était
de 5 ans. En cette même année, Sassou est à nouveau élu président de la République.
Depuis son entrée de force au pouvoir en 1997, il prévoit un projet de reconstruction du pays, qui
continue à subir des horreurs jusqu’en 2003, date où la guerre prend réellement fin et permet la
stabilisation du pays. Mais, dans la région du Pool, les tensions sont toujours présentes, de par les
rebellions armés.
Actuellement, Denis Sassou Nguesso poursuit son mandat, qui se terminera en 2009.
- 14 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
3. Le pétrole et son influence au Congo
A] Historique de l’exploitation
Après la Guerre Mondiale de 1914 à 1918, la France va lancer des recherches de pétrole en Afrique,
lieu de sa colonisation. Les colons et les Africains connaissent déjà l’existence du pétrole au Congo.
Entre 1918 et 1928, les recherches sont à la traîne, mais c’est alors que Lebedeff, travaillant pour la
France, eut pour mission d’étudier les territoires
congolais afin de trouver tout indice prouvant la
présence
d’hydrocarbures.
Ses
recherches
montrent des structures géologiques favorables
à la présence de pétrole dans la région de
Pointe-Noire. Sa mission se poursuivit jusqu’en
1934 où des reconnaissances détaillées furent
prises.
La Seconde Guerre mondiale interrompit les
recherches, mais elles seront relancées en 1949
avec la création de la Société des Pétroles
d’Afrique Equatoriales Françaises (SPAEF). En
1957, un premier forage pétrolier a lieu afin
d’exploiter par la suite le gisement PointeIndienne. Ce gisement, qui est l’un des rares au
Congo
à
être
onshore, soit sur
la
côte
Situation de Pointe Indienne
1
congolaise, comprenait 14 millions de tonnes de
brut et 400 millions de mètres cube de gaz. C’est donc un gisement peu important sur le point
production, mais qui permet à la France une forme de domination sur le Congo, bien que celui-ci
atteint l’indépendance en 1960.
Il faudra ensuite attendre 14 ans afin qu’un
nouveau gisement soit exploité. Ce gisement est
appelé « Emeraude ». Il se situe en mer, c’est
donc un gisement offshore se localisant à 30
kilomètres au sud de Pointe Noire. Emeraude
avait des réserves s’élevant entre 500 et 600
millions de tonnes de brut, soit 40 fois plus que
le premier gisement au Congo, Pointe Indienne.
Il est donc important, d’ailleurs, dès son
exploitation en 1971, le Congo est alors
considéré comme pays producteur de pétrole.
1
2
Plateforme au large de l'Océan Atlantique
2
www.lyceecharlemagne.org/.../deb/cd/g2.html
http://www.congoplus.info/
- 15 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Dans la fin des années 70, la construction
d’une raffinerie dirigée par Coraf, filiale de la
SNPC (Société Nationale des Pétroles du
Congo) va débuter à Pointe-Noire. Un
oléoduc va permettre le transport du pétrole
de la raffinerie jusqu’au port de PointeNoire. Le développement démographique de
la
ville
va
aboutir
d’habitations
à
situées
la
à
construction
500
mètres
seulement de la raffinerie, ce qui est risqué
dans la mesure où des incendies pourraient
avoir lieu et pourraient toucher les oléoducs
voire la raffinerie même.
Dès l’exploitation d’Emeraude ainsi que la
mise
en
découverte
gisements
service
et
de
la
raffinerie,
l’exploitation
prennent
de
la
d’autres
l’ampleur.
Des
plateformes seront construites pour chaque
gisement offshore. Le domaine pétrolier est
alors
très
actif.
Après
le
gisement
Emeraude, « Loango » est exploité en 1978,
les champs pétroliers Likouala et Yanga
sont mis en service entre 1980 et 1981 ainsi
que
d’autres
petits
gisements
Raffinerie dirigée par la SNPC
3
peu
importants tels que Mengo et Kunji. Ensuite, d’autres gisements relativement importants sont
découverts, notamment Sendij en 1984, Tchibouéla et Zatchi en 1987, Tchendo en 1991, puis en
1996, un important gisement appelé Nkossa. De 1997 à 2003, huit gisements ont été découverts.
Récemment, un champ pétrolier en mer vient d’être trouvé et exige deux forages, Moho Nord Marine
1 et Moho Nord Marine 2, éloignés de plus d’un kilomètre.
3
www.congophonebook.com/.../coraf-sa-11921.html.
- 16 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
B] Quantité, qualité et localisation du pétrole
Le Congo est le 3
ème
producteur de pétrole en
Afrique derrière le Nigeria et l’Angola. Sa
production est de 290'000 barils par jour. Ce
chiffre reste toutefois faible en comparaison
aux deux grands producteurs africains. Le
Nigeria produit 2,1 millions de barils par jour,
4
soit environ huit fois plus que le Congo . De
plus, le Congo représente moins de 0,1 % de
la
production
mondiale.
Ses
réserves
pétrolières devraient permettre une production
pendant encore 20 années. Mais ce chiffre
peut bien évidemment évolué en fonction de
nouvelles découvertes.
La plupart des gisements pétroliers sont
offshore, c’est-à-dire en mer. Il existe tout de
même des gisements dits « onshore » situés
en côte mais qui sont peu importants, tels que
Pointe Indienne, Mengo et Kunji.
Les gisements offshore sont donc plus ou
moins éloignés de la côte congolaise mais
sont généralement en mer très profonde. Ils
exigent donc des plates-formes marines et
des pipelines sous-marins. Les gisements les
plus productifs sont Nkossa avec une capacité
Plate-forme pétrolière Nkossa, important gisement exploité par
5
Elf
6
annuelle de 25 millions de barils , Kitina et Tchibouéla (15 millions de barils). Nkossa et Kitina
représentent la moitié de la production totale du pays.
4
Chiffres issus de http://www.secours-catholique.asso.fr/telechargements/petrole_congo.pdf
http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx
6
1 baril équivaut à environ 160 litres.
5
- 17 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Gisement
Date
Importance
d’exploitation
Pointe-Indienne *
1957
Très Faible
Emeraude
1971
Moyenne
Loango
1978
Moyenne
Likouala
1980
Moyenne
Yanga
1981
Moyenne
Mengo et Kunji *
1981
Faible
Sendji
1984
Moyenne
Tchibouéla
1987
Très grande
Zatchi
1986-1987
Grande
Tchendo
1991
Faible
Nkossa
1996
Très grande
Kitina
1997
Très grande
Likala
1999
Moyenne
Tchibéli
2000
Moyenne
Kombi
2000
Moyenne
Kouakouala *
2000
Très Faible
Mwafi
2000
Faible
Foukanda
2000
Faible
M’Boundi
2003
Grande
Moho Nord Marine
2005
Grande
Tilapia
2006
Moyenne
Le pétrole issu des terres congolaises est
du type lourd, c’est-à-dire un pétrole à
grande teneur en souffre et est composé
7
principalement (jusqu’à 90%) de bitume .
Ce type de pétrole a une faible valeur sur
le marché international, ainsi il se vend à
petit prix. Heureusement, l’extraction du
pétrole est relativement facile grâce aux
techniques et aux matériels modernes que
les compagnies étrangères possèdent.
Sur le schéma ci-contre, on peut voir les
différentes zones de l’Atlantique où des
activités pétrolières ont lieu, telles que la
7
8
Localisation du pétrole off shore (Océan Atlantique)
8
Bitume : substance visqueuse ou même solide de couleur noire composée d’un mélange d’hydrocarbure
http://www.secours-catholique.asso.fr/telechargements/petrole_congo.pdf
- 18 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
recherche et l’extraction. Les zones en mer très profonde n’ont pas encore montré la présence de
pétrole. La partie la plus productive est l’offshore conventionnel, où se regroupent la plupart des
gisements, généralement situés plutôt au Sud-ouest de cette partie, soit le plus au large des côtes. La
profondeur de la mer en offshore conventionnel est de 50 à 200 mètres.
Le gisement Nkossa se situe en Haute Mer, soit à plus de 500 mètres de profondeur et le gisement
Kitina se trouve à la limite entre l’offshore conventionnel et Marine IX.
Les quelques gisements onshore sont toutefois proches de la côte. Pointe Indienne se situe en côte, à
20 km au Nord-ouest de Pointe-Noire. Sur la carte précédente, on peut observer la Pointe-Indienne,
d’où le nom du gisement. Kouakouala est le gisement pétrolier le plus éloigné de la côte. Il se situe à
près de 50 km au Nord-est de la capitale économique Pointe-Noire.
Le gisement Tilapia, découvert en 1994 mais récemment mis en exploitation, se situe en mer mais est
très proche de la côte.
C] Exploitation et Production
Les contrats entre l’Etat congolais et les compagnies pétrolières
De manière générale, une compagnie pétrolière doit signer un contrat avec l’Etat afin de déterminer
ses droits sur un certain territoire. Il existe plusieurs types de contrat, qui peuvent être plus ou moins
favorable à l’un des signataires.
Contrat de concession
Depuis 1968 à aujourd’hui, deux types
de contrats ont été signés. Le premier
contrat en vigueur, qui fut le seul
jusqu’en
1994
concession.
est
un
contrat
de
Ce contrat implique que
l’Etat n’a plus de droit sur les opérations
exécutées sur un territoire choisi et
accordé à la compagnie pour une
certaine durée. La compagnie est donc
propriétaire du territoire en question et
peut ainsi entreprendre toutes activités
telles que la recherche ou l’exploitation
tout devant être financé par elle-même, à ses risques et péril. De plus, les ressources exploitées leur
appartiennent également et peuvent être commercialisées. Les recettes issues de l’exploitation des
ressources sont pour le compte de la compagnie excepté les redevances, qui sont des taxes qui
évoluent légèrement en fonction de la production et
les impôts. Cet argent doit revenir à l’Etat
congolais.
- 19 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
En fait, jusqu’en 1973, c’est-à-dire avant que le pétrole devienne une ressource naturelle importante
et enrichissante au Congo, les compagnies pétrolières étaient avantagées du fait qu’elles étaient
dispensées de certaines taxes et n’avaient pas de contrats spécifiquement liés au secteur pétrolier et
devaient signer les Conventions d’Etablissement.
Seulement, une fois que l’Etat congolais a pris conscience de l’apport du pétrole, il décide de mettre
en place une politique pétrolière qui prône la maximisation des revenus pétroliers qui doivent
permettre un bon développement économique et social du pays et une grande implication du secteur
pétrolier dans l’économie. C’est alors qu’un premier contrat de concession est signé quant à
l’attribution du permis Loango. La partie est du champ Loango est attribuée à Agip et la partie ouest à
Elf. Chacune des deux compagnies détient 50% du champ.
Contrat de partage de production
Le second type de contrat signé
au Congo est un contrat de
partage de production. Il a été
établi pour la première fois en
1994, signé par la société Elf et
l’Etat congolais au sujet du
gisement Nkossa.
Ce contrat attribue un territoire
pour une certaine durée à une
compagnie, qui détient tout les
droits
d’opérations.
financer
Elle
elle-même
démarches
toujours
doit
ses
à
ses
risques et si le terrain permet de
produire du pétrole, une partie de cette production, appelée « cost-oil » sert à payer les coûts de
production. Cette part de production peut représenter de 20 à 70% de la production totale. Mais il n’en
demeure pas moins que les ressources naturelles appartiennent à l’Etat. Ainsi, l’autre part de
production, dite « profit-oil » va être partagée en deux part, l’une revenant à la compagnie et l’autre à
l’Etat.
Pour clarifier, si le terrain n’est pas productif, tous les coûts des démarches, dont par exemple
l’exploration, sont financés par la compagnie.
Au contraire, si le terrain est productif, et l’Etat et la compagnie sont bénéficiaires d’une part égale de
la production.
Le contrat signé en 1994 pour Nkossa prévoyait un partage tout à fait équitable pour les deux
signataires. Après avoir soustrait le cost-oil, le reste de la production était divisée équitablement sur le
principe de « 50%-50% ». Seulement, en 1997, lorsque Sassou réussit à accéder à la présidence
grâce à une aide de la compagnie Elf, il ne perd pas de temps pour porter de considérables
modifications quant aux conditions du contrat de partage. Le président augmente la part de production
- 20 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
accordée à la compagnie Elf, afin de le remercier, en
quelque sorte de l’avoir aidé à accéder au pouvoir. En
attribuant une part plus grande à la compagnie pétrolière,
Sassou agit en défaveur de son propre pays. A ce stade, on
observe les manigances entre hauts dirigeants. Un président
devrait logiquement avoir pour but de favoriser son pays,
aider les Congolais, hors la soif de pouvoir est plus
importante, quitte à réduire considérablement les recettes
pétrolières.
Le contrat de production est plus rentable pour le Congo, ou
plutôt l’Etat congolais, que le contrat de concession. Ceci car
les ressources naturelles appartiennent toujours au pays, qui
ne reçoit pas seulement des redevances mais 50% de la
production profit-oil. Il est donc clair que ce nouveau contrat
instauré en 1994 est tout à fait équitable, seulement
l’augmentation de la production reste toutefois invérifiable
Forage sur le champ pétrolier Nkossa, par
10
Total
par l’Etat congolais, qui, en quelque sorte prend ce qu’on lui
donne.
- 21 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Les revenus pétroliers
Leur évolution
Depuis la découverte d’un
premier gisement pétrolier
au Congo, l’économie du
pays va être chamboulée.
Les
revenus
l’exploitation
issus
de
pétrolière
semblent à première vue
permettre un redémarrage
économique,
lorsqu’on
notamment
observe
leur
élévation ou leur évolution.
En 1972, le pétrole, avec
ces 80 millions de francs
CFA
(0,2
millions
de
francs suisses) n’était pas
encore très rentable et son
secteur
peu
développé.
Mais il prit très vite de l’importance, passant ainsi à 1,2 milliards de francs CFA (3 millions de francs
suisses) en 1973 grâce au gisement Emeraude.
L’Etat congolais prit plus au sérieux, si on peut le dire ainsi, le patrimoine pétrolier en adoptant un type
de contrat plus correct pour le pays propriétaire de l’or noir. De plus, le pétrole est considéré comme
étant un moyen de relancer le pays sur le point économique et social. Les revenus augmentent et ont
été multipliés par 16 en une année. Malheureusement, du fait que la production des gisements est
instable, les revenus vont baisser entre 1975 et 1976 pour ensuite reprendre de l’importance jusqu’à
atteindre environ 214 milliards de francs CFA, ce qui correspond à 535 millions de francs suisses, en
1984.
Bien évidemment, l’évolution des revenus pétroliers dépend des chocs pétroliers et des nouvelles
11
découvertes de gisements. C’est d’ailleurs le cas très remarquable sur le graphique ci-dessus , où
dès l’année 1979, une hausse considérable des revenus pétroliers est observable. En effet, cette
année est caractérisée par un choc pétrolier dû à la révolution iranienne et la guerre entre l’Iran et
l’Irak qui suivit. De plus,
l’exploitation du gisement Loango, qui permet une augmentation de la
production, intervient également dans cette grande hausse.
C’est en 1984, que les revenus vont chuter pour atteindre 40 milliards de francs CFA seulement (100
millions de francs suisses). L’évolution des revenus continue de montrer des hauts et des bas. Depuis
11
Le graphique (N°3) et la plupart des chiffres sont issus de MASSENGO Gualbert-Brice, « l’économie pétrolière du Congo »,
l’Harmattan, 2004
- 22 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
l’exploitation du gisement Nkossa en 1996, les revenus ont augmenté en flèche. En 2005, les revenus
pétroliers s’élèvent à 967 milliards de francs CFA, soit environ 2,4 milliards de francs suisses.
Il reste difficile d’être exact quant aux revenus pétroliers car ils sont gardés secrets. Cette opacité
implique d’énormes problèmes et est favorable à une mauvaise gestion et à la corruption.
Exploitation du gisement Nkossa par Total
12
L’intervention des revenus pétroliers dans l’économie
12
http://www.congophonebook.com/en/trading/oil-exploration-operation-and-production/total-eandp-congo-11909.html
- 23 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Il a fallu un certain temps avant
que le pétrole intervienne dans
l’économie.
Au
début
de
l’exploitation de cette ressource
naturelle,
faibles
les
et
revenus
ne
étaient
représentaient
quasiment rien par rapport aux
recettes
seulement
totales du pays. C’est
dès
1974
que
le
pétrole devient la première source
d’exploitation du pays. Il prend de
plus
en
plus
d’importance
et
constitue 65% des recettes totales
en 1985. L’évolution des recettes
totales dépend donc des recettes
13
pétrolières, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus . Ce graphique montre deux courbes
presque parallèles ce qui prouve la relation entre les revenus pétroliers et les revenus globaux.
Encore une fois, nous pouvons observer le pic de 1984 et sur la courbe des recettes budgétaires et
sur la courbe des recettes pétrolières. Ce parallélisme montre la grande importance du pétrole dans
l’économie du Congo.
Il est évident qu’en observant
l’élévation
pétroliers,
des
un
revenus
redémarrage
économique peut être envisagé.
Seulement, la mauvaise gestion
de ces revenus dus à une
surestimation de la production
pétrolière
a
augmenté
l’élévation des dettes.
C’est dommage que ce pays
n’ait pas continué l’exploitation
Etendue de la forêt du bassin
14
forestière même si le pétrole est
une ressource bien plus rentable, car la hausse de l’exportation du bois était régulière. De plus, le
Congo est riche en forêt, comme on peut le voir sur la carte ci-dessus. Malheureusement, toute autre
ressource naturelle a été délaissée pour favoriser l’activité pétrolière.
13
14
Source du graphique (N°5): MASSENGO Gualbert-Brice, « l’économie pétrolière du Congo », l’Harmattan, 2004
http://www.brainforest.org/IMAGES/carte_bassin_congo.jpg
- 24 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
D] Les compagnies pétrolières
La compagnie française TotalFinaElf
Logo de la compagnie pétrolière Total
15
Etant donné le sous-développement du Congo et donc son insuffisance en équipements nécessaires
pour l’exploitation du pétrole, ce pays doit dans tous les cas accepter des contrats avec des
compagnies pétrolières étrangères.
Dès la découverte du tout premier gisement à faible importance du nom de « Pointe Indienne », la
Société des Pétroles d’Afrique Equatoriale Française (SPAEF), qui est en fait la société Elf de
l’époque, débute ses opérations pétrolières. Jusqu’à la fin des années 90, la plupart des exploitations
de pétrole sont sous le contrôle des compagnies étrangères, dont la plus présente au Congo reste la
compagnie Elf, devenue TotalFinaElf depuis 1999, aussi appelé tout simplement Total. En effet, cette
société est d’une grande importance et a une emprise considérable sur la Congo. Elf a été créée dans
le but d’assurer à la France une alimentation en hydrocarbure. Grâce à sa filiale opérant à l’étranger,
Elf Congo, elle éloigne les soupçons du public français qui serait susceptible de dévoiler les
détournements de fonds par les dirigeants de la compagnie qui profitent de s’enrichir grâce aux
revenus pétroliers.
15
http://www.petroleuminclusion.uhp-nancy.fr/dirimg/images/logos/totalfinaelf.gif
- 25 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
TotalFinaElf a déjà eu beaucoup de
conséquences
néfastes
au
Congo,
notamment son rôle lors de la guerre
civile de 1997. En effet, la société encore
nommée à cette époque Elf a contribué à
aider Sassou à réaliser son coup d’état
en lui finançant des milices. De plus, elle
finance des armes et demande de l’aide
à des pays voisins. On peut également
dire que l’argent qui a financé les armes
de Lissouba vient du pétrole, via Elf. Car
Sassou n’est pas le seul président à
bénéficier
Le pétrole utile au financement des armes
16
des
revenus
pétroliers.
Lissouba pouvait aussi, lors de son
mandat présidentiel de 1992 à 1997
toucher personnellement à l’argent du
pétrole. Les actes des dirigeants d’Elf
sont dans tous les cas à leurs profits,
toujours au détriment des Congolais,
qui ne sont que partiellement au
courant des problèmes pétroliers.
Ensuite, il y a les détournements
continuels et la corruption. TotalFinaElf
est très puissant, la société a un
contrôle sur chaque activité pétrolière.
Elle évalue les coûts de production, le
prix de vente du baril et la valeur du
dollar à la vente. Ainsi, c’est elle qui
remettra les recettes au Congo. Ce
dernier ne peut pas vérifier l’exactitude
des
Pillage des ressources pétrolières
17
chiffres,
qui
sont
largement
inférieurs à ce qu’ils devraient être en
vérité. Quant aux président Sassou, il
est certain qu’il soit au courant des faibles recettes du Trésor congolais, seulement il ne remet pas en
cause l’honnêteté de TotalFinaElf dans la mesure où il tire également profit de ces détournements de
fonds.
Une grande partie des informations sont issues de KOUALA Yitzhak, « Pétrole et violence au Congo-Brazzaville, les suite de
l’affaire Elf », l’Harmattan, 2006 et HAREL Xavier, « Afrique pillage à huis clos », Fayard, 2006
16
« Fill’er up » signifie « faire le plein » http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=6160
17
http://news.stcom.net/modules.php?name=News&file=article&sid=1811
- 26 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Il est audacieux de la part de TotalFinaElf qui comprend dans son organisation des chartes qui
mettent en avant leur honnêteté, leur opposition claire à la corruption et leur volonté d’améliorer le
développement économique et sociale du pays pour lequel il travail. Or, leurs activités au Congo
prouvent tout le contraire. Cette compagnie a une maîtrise complète de ses démarches qui lui
rapportent à chaque fois une somme d’argent qu’elle ne devrait légalement pas recevoir. Pour montrer
un exemple, depuis les années 1980, Total, ayant un contrat avec le Congo, détenait 65% du
gisement Likouala, dont il a exploité 80% de ses réserves. En 2003, il passe un accord avec l’Etat
congolais. La compagnie TotalFinaElf donne une somme d’argent qui s’élève à 160 millions de dollars
(ce qui correspond à peu près à 192 millions de francs suisses) afin que le gouvernement congolais
ne puisse plus faire de réclamations ou de recours à propos du gisement Likouala. Total paie en
quelque sorte le silence des politiciens congolais mais justifie cette somme comme étant un
dédommagement de transaction, c’est-à-dire un dû à l’Etat congolais pour avoir rompu le contrat qu’ils
avaient à la base.
Cette manigance n’est pas la seule, car la part du gisement cédée par Total ne va pas être donnée à
la société nationale du pays (la SNPC) mais revendue à une compagnie mystérieuse du nom de
Likouala SA. Les revenus de l’exploitation du gisement par Likouala SA restent cachés. Mais l’un des
dirigeants de cette société anonyme, André Bahoumina se découvre être l’un des employés de la
compagnie TotalFinaElf. Cette manœuvre suspecte, qui n’est pas une
« transaction conclue dans les conditions normales du commerce »,
comme l’annonce l’ONG Global Witness dans son rapport de 2005
18
,
montre la domination de Total qui prévoit toute sorte de manigance lui
permettant d’être directement ou indirectement bénéficiaire des
revenus pétroliers au préjudice du Congo.
L’ancien président de Elf, Loik Le Floch-Prigent, avait été condamné
pour avoir abusé de biens sociaux. Il a d’ailleurs avoué avoir détourné
des fonds afin d’en bénéficier personnellement.
En 2003, il a été condamné à cinq ans de prison suite à l’affaire Elf, qui
comprend différentes enquêtes, dont celle du naufrage du pétrolier
Loik Le Floch-Prigent
19
Erika en 1999 qui a provoqué de nombreux dégâts, tels que 400 km de
côtes souillées et la mort d’environ deux cents mille oiseaux.
18
19
Rapport de Global Witness, « L’énigme du Sphynx : qu’est-il advenu de l’argent du pétrole congolais ? », décembre 2005
http://www.wdr.de/online/news/kohlbeschwerde/img/prigent.jpg
- 27 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
La Société Nationale des Pétroles du Congo
Lorsque le pays réalise les problèmes liés à la gestion des revenus pétroliers, la Société Nationale
des Pétroles du Congo est créée en 1998 afin de permettre au Congo de disposer d’une compagnie
pétrolière nationale qui a pour but de gérer le patrimoine pétrolier de façon efficace et claire et ainsi
améliorer les recettes de l’Etat. La Banque Mondiale a aidé la création de la SNPC en espérant que
cette société soit un moyen de reprendre en main l’exploitation pétrolière. Malheureusement, tout
comme les autres compagnies opérant au Congo, la SNPC va être source de détournements de fonds
et opacité totale quant aux revenus exacts.
Dès 1998, elle est active sous la présidence de Denis Gokana, qui est le neveu de Denis Sassou
Nguesso. Gokana vend le pétrole nettement inférieur au prix normal à une compagnie privée, dont il
est l’un des principaux actionnaires afin de le revendre ensuite à prix raisonnable. De cette manière,
Gokana s’enrichit personnellement au détriment du Congo.
La SNPC touche à toutes les activités pétrolières, telles que la recherche de champs pétroliers en
explorant les endroits susceptibles d’être source de pétrole grâce à la sismique et d’autres méthodes
géologiques et géographiques, l’exploitation, le raffinage, la distribution ou encore la mise en
commerce. Elle coopère avec d’autres importantes compagnies internationales ce qui lui permet d’être
relativement active et d’obtenir un permis pour chaque exploitation pétrolière au Congo. Son activité
reste toutefois largement inférieure à celle de TotalFinaElf.
En 2005, Christel Sassou, fils du président Denis Sassou Nguesso est à la tête de Cotrade, filiale de
la SNPC. Il agit de la même manière que Gokana au niveau du « trafic » de pétrole. Christel Sassou
est le directeur général de la Africa Oil and Gas Corporation (AOGC), société fondée en 2003 par
Gokana. Il vend du pétrole congolais au nom de la SNPC et le revend à la AOGC à un prix plus élevé
afin de faire du bénéfice personnel.
En 2002, le Congo commence l’initiative PPTE afin de bénéficier d’une annulation de dette. Pour cela,
la compagnie pétrolière SNPC doit faire preuve de transparence et ne rien cacher au FMI (Fond
Monétaire International). Mais c’est seulement en 2004 que la SNPC accepte de faire part de ses
comptes au FMI. Elle justifie, tout comme Sassou, que l’opacité des revenus pétroliers a un rôle
purement protecteur des ressources. La SNPC cache ses recettes afin d’éviter que les créanciers
saisissent leur comptes pour recevoir l’argent que l’Etat congolais leurs doit.
Le FMI découvre alors que la vente de deux cargaisons de pétrole n’avait pas été déclarée. La SNPC
prouve ainsi sa mauvaise gestion, qui est certainement volontaire. Actuellement, le problème reste
Informations et images de la SNPC venant de http://www.snpc-group.com/
- 28 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
toujours le même mais heureusement la SNPC est un minimum surveillée par la Banque Mondiale et
le FMI, via son initiative d’annulation de dette.
C’est un désastre pour le peuple congolais subissant dès le début de l’exploitation pétrolière l’envol de
ses richesses naturelles au profit de TotalFinaElf, qui voit maintenant son pétrole comme étant une
source d’enrichissement de sa propre société nationale. Ainsi, tous les espoirs qu’ils eurent en
apprenant la fondation de la SNPC, qui avait pour but de reprendre en main les revenus pétroliers en
évitant une gestion semblable à celle d’Elf, sont oubliés.
Le pétrole est maintenant, non seulement sous l’emprise de TotalFinaElf, mais également de la
SNPC.
La société Eni-Agip
Cette société pétrolière est tout comme Elf active dès 1968 au
Congo. C’est une compagnie internationale d’origine italienne
qui s’occupe de toutes les activités pétrolières. Elle a été créée
pour les mêmes raisons que la compagnie française c’est-àdire qu’elle a été fondée afin d’assurer à l’Italie une
Logo de la société italienne
20
alimentation en hydrocarbure.
Actuellement, Eni détient 65% des gisements Foukanda, Mwafi et Zatchi, 50% du gisement Loango,
46% de M’Boundi et 35,75% du gisement Kitina. Elle est presque autant active que la compagnie
TotalFinaElf mais sa présence au Congo est nettement moins connue. Elle demeure discrète car elle
ne provoque pas une multitude de doutes quant à sa gestion. Ses activités pétrolières ne sont pas
source de détournement, de corruption ou encore d’opacité totale. Bien évidemment, il reste difficile
de pouvoir affirmer sa loyauté, mais il est clair que cette société étrangère n’agit pas de manière aussi
choquante et injuste que TotalFinaElf.
20
www.jbastan.com/.../MOTOS/Videos%20cross%202.htm
- 29 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
La société Maurel & Prom
Logo de la compagnie M&P
21
Cette compagnie pétrolière, qui a été fondée en 1813 s’occupait au départ du commerce maritime
entre la France et ses colonies en Afrique. Puis, à la fin du 20
ème
siècle, elle se lança dans la
recherche de pétrole, en particulier au Congo. Ses activités y sont relativement faibles. Elle détient
quelques parts de gisements mais reste toutefois discrète et peu importante dans le pays.
Tableau des gisements
Gisement
Date d’exploitation
Importance
Opérateur(s)
Pointe-Indienne
1957
Très Faible
65% Maurel&Prom, Elf
Emeraude
1971
Moyenne
49% SNPC
Loango
1978
Moyenne
50% Elf, 50% Agip
Likouala
1980
Moyenne
65% Likouala SA, 35% Agip
Yanga
1981
Moyenne
55,25% Elf, 29,75% Agip, 15% SNPC
Mengo et Kunji
1981
Faible
Sendji
1984
Moyenne
55,25% Elf, 29,75% Agip, 15% SNPC
Tchibouéla
1987
Très grande
65% Elf, 35% Agip
Zatchi
1986-1987
Grande
65% Agip, 35% Elf
Tchendo
1991
Faible
65% Elf, 35% Agip
Nkossa
1996
Très grande
51% Elf, 15% SNPC
Kitina
1997
Très grande
37,5% Agip, 35% SNPC
Likala
1999
Moyenne
65% Elf, 35% Agip
Tchibéli
2000
Moyenne
65% Elf, 35% Agip
Kombi
2000
Moyenne
65% Elf, 35% Agip
Kouakouala
2000
Très Faible
50% Maurel&Prom,
Mwafi
2000
Faible
65% Agip, 35% SNPC
Foukanda
2000
Faible
65% Agip, 35% SNPC
M’Boundi
2003
Grande
46% Agip, 54% Maurel&Prom
Moho Nord Marine
2005
Grande
53,5% Elf, 32,5 % Chevron, 15%
SNPC
Tilapia
2006
Grande
45% Prestoil, 35% SNPC,
20%
Maurel&Prom
21
www.geneva.ch/_maurel&prom_oil.htm
- 30 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Le tableau de la page précédante met en avant par ordre chronologique, les différents gisements et
leurs opérateurs. On peut observer tout d’abord l’importante présence de la compagnie Elf, rebaptisée
TotalFinaElf et d’Agip. On remarque également la faible activité de la société nationale qui détient
principalement de petits pourcentages des gisements. D’ailleurs, actuellement, la SNPC ne produit
que 9% de la production totale du pays, un chiffre extrêmement faible venant de la société nationale.
Pourtant, je ne pense pas qu’une plus grande activité de la SNPC aiderait le Trésor congolais à avoir
un apport plus régulier des revenus pétroliers, car, cette société ne montre pas une transparence et
une bonne gestion. Le problème reste au niveau des dirigeants, qui ont trop facilement accès à
l’argent de l’or noir et qui l’utilisent à leurs profits. Les revenus constituent une somme énorme et ne
sont pas vérifiables par n’importe qui, ainsi le fait qu’une compagnie verse 100 milliards au lieu de 130
milliards de francs CFA passe inaperçu, du moins la somme détournée reste difficile à prouver.
E] La destination des revenus pétroliers
Les projets de développement
Dès le moment où le pétrole est devenu première source de revenu au Congo, le gouvernement
décida de prévoir des projets de développement, devant être financés par les recettes pétrolières. Ces
projets ont pour but d’améliorer tous les secteurs économiques.
Un premier projet, dit « plan
triennal » a été lancé en 1975 et
devait se dérouler sur une durée
de trois ans, ainsi il prendrait fin
en
1977.
Le
plan
triennal
prévoyait la reconstruction des
routes, car elles sont dans un
état inimaginables. Sur environ
12800 km de routes, seulement
1240 km sont goudronnées, soit
9,7 % des routes totales. Ce
mauvais entretien des voies de
communication
lors
de
implique
grandes
que
pluies, les
routes sont impraticables. De
plus,
malgré
un
Route inondée à Brazzaville
22
temps
favorable, ces routes restent inconfortables et difficiles d’accès. L’impossibilité d’accéder à certaine
région a des conséquences dangereuses, telle qu’un apport en alimentation ou en eau coupé.
22
http://www.mwinda.org/article/obele.html
- 31 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
L’amélioration de l’état des routes est donc le but principal du projet triennal. L’investissement s’élevait
à 76 milliards de francs CFA, soit 190 millions de francs suisses. Cette somme considérable devait
être financé par les revenus issus de la production du gisement Emeraude. Seulement, comme nous
l’avons vu précédemment, entre 1975 et 1976, la production de pétrole va baisser et les revenus
pétroliers ne seront pas suffisants pour financer le projet. Seulement 34% du plan triennal a été
réalisé, de plus, de nombreux emprunts ont dû être effectués afin de terminer quelques
reconstructions en cours.
Un second projet quinquennal est mis en place en 1982. Sur les mêmes bases que le premier, il vise
une reconstruction des routes mais également un réalignement du chemin de fer Congo-Océan, un
redressement des entreprises
publiques ainsi que l’installation
de ligne à très haute tension et
la
construction
d’immeubles
modernes à Brazzaville.
Ce plan ambitieux va avant tout
favoriser
la
partie
Nord
du
Congo, étant donné qu’elle ne
comporte
quasiment
aucune
route goudronnée et que cette
région
est
sous-peuplée
et
dépourvue d’infrastructures. Le
but est donc de créer un réseau
routier dans la région Nord qui
relie Brazzaville et d’entretenir
Etat d’une route traversant un marché à Brazzaville
23
régulièrement les routes. De
nouveau, les coûts pour la construction des routes dans le Nord ont été nettement plus élevés que
prévu. Cependant, contrairement au premier projet, le plan quinquennal a été efficace mais a
également nécessité des emprunts, qui s’élèvent à 117 milliards de francs CFA (environ 193 millions
de francs suisses). De plus, l’Office Congolais d’Entretien des Routes (OCER), riche en matériel, a été
créé afin de maintenir les routes en bon état. Ce projet est d’une part une réussite car il permet une
meilleure communication dans le Nord mais d’autre part, il alourdi la dette extérieure.
Comme nous l’avons vu précédemment, les entreprises publiques ont de la peine à fonctionner et
demandent de lourdes subventions à l’Etat. Le plan quinquennal a également comme but de
redresser ces entreprises qui ne cessent d’alourdir la dette. Le principal problème rencontré par les
entreprises publiques est le manque de personnel qualifié. Le personnel n’est pas suffisamment formé
professionnellement et est embauché selon son parti politique et sa tribu. De plus, ce personnel ne
23
http://www.mwinda.org/article/miserephotos.html
- 32 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
cesse d’augmenter, ainsi, par conséquent, les dépenses salariales deviennent de plus en plus
grandes. Malgré l’augmentation du personnel, les entreprises ont toujours de la peine à fonctionner.
Le plan quinquennal n’a pas été une réussite quant au redressement de ces entreprises d’Etat. Au
contraire, les dépenses pour le redressement des entreprises ont été inutiles et ont simplement
favorisé l’endettement du pays.
D’autres dépenses importantes seront faites dans le cadre de plan quinquennal. Le réalignement du
CFCO demanda 51 milliards de francs CFA (128 millions de francs suisses) dont un quart de cette
somme sont des emprunts et l’installation des lignes à très haute tension coûta 28 milliards de francs
CFA (70 millions de francs suisses). De plus, de nombreux immeubles modernes ont été construits et
demandèrent également de considérables dépenses . Globalement, même s’il a permis la
construction de nouvelles routes indispensables, ce plan quinquennal a suscité de nombreux
24
emprunts qui s’ajoutent à la dette déjà suffisamment pesante .
Malheureusement, le Congo reste un
pays détruit par les guerres civiles qui se
produirent entre 1994 et 1999. Un grand
nombre d’infrastructures médicales, de
bâtiments publiques et des maisons
privées furent et sont encore démolis.
Les routes et ponts sont, eux aussi très
endommagés.
Actuellement,
les
principaux moyens de transport sont des
voitures tout terrain et un trajet qui
demande
normalement
une
à
deux
heures, dure au Congo quatre à dix
heures
25
!
Route à Brazzaville
26
Le président Sassou, en 2000, montre sa
volonté d’améliorer l’état des routes et a même commencé la reconstruction de certaines routes, dont
plusieurs dans la partie Nord du pays. D’autres démarches ont été prises afin d’améliorer et de
rééquiper les centres hospitaliers et de réparer le réseau téléphonique national.
24
La plupart des informations sont tirées de MASSENGO Gualbert-Brice, L’économie pétrolière du Congo, l’Harmattan, 2004
Chiffres et informations issus de http://ospiti.peacelink.it/anb-bia/nr422/f04.html
26
http://www.congoplus.info/msplus_news/IMG/jpg/L_avenue_BOUETA_MBONGO.jpg
25
- 33 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Corruption et mal gestion
Comme nous l’avons vu à travers la compagnie pétrolière TotalFinaElf et même à travers la société
nationale du pétrole, la corruption et la mal gestion sont très présentes. L’argent du pétrole sert à
enrichir des hommes hautement placés politiquement et à financer des armes et ne profite pas à la
population congolaise. Si les revenus pétroliers étaient bien gérés et non pas source de conflits, les
conditions de vie au Congo seraient moins précaires. Mais une question persiste ; où part l’argent du
pétrole s’il n’est pas utilisé à bon usage, c’est-à-dire pour l’amélioration des services de la santé et de
l’éducation ? Les recettes pétrolières constituent des sommes énormes et doivent être sérieusement
considérées.
Le principal problème est l’opacité des revenus et également des coûts de production. L’Etat ignore
tout des dépenses pour la production de pétrole, il accepte juste les coûts évalués par la compagnie
pétrolière. Ainsi, il n’est pas
difficile
pour
cette
dernière
d’augmenter la valeur exacte
des coûts de production. C’était
d’ailleurs
afin
d’améliorer
la
véracité des coûts de production
et ainsi augmenter les recettes
pétrolières que la SNPC fut
créée. Seulement, il reste trop
facile pour les dirigeants d’une
société, même nationale, de
piocher de l’argent qui devrait
être remis au Trésor congolais.
Heureusement,
grâce
aux
démarches imposées par le FMI
Marché à Brazzaville
27
et la Banque Mondiale afin que
le pays bénéficie d’une annulation de dette, la gestion des revenus devient progressivement plus
organisée et surtout plus transparente.
L’initiative PPTE est donc une bonne chose pour le Congo, qui pourra respirer lorsqu’il aura bénéficié
de l’annulation de la dette et qui aura appris à gérer le pétrole de façon plus stricte. Malheureusement,
rien ne prouve que ce pays, une fois allégé, restera transparent dans son économie pétrolière.
En plus de cette initiative, de nombreuses Organisations Non Gouvernementales prônent la
transparence des revenus pétroliers.
27
http://www.mwinda.org/article/miserephotos.html
- 34 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Une campagne a pour but d’aider différents pays, dont le Congo en poussant les sociétés extractives
à publier ce qu’elles paient aux gouvernements des pays pour lesquels elles travaillent. Elle a été
lancée sous le nom de « Publish what you pay » par une organisation non gouvernementale (ONG),
Global Witness et rejointe par à peu près 300 autres ONG. En prônant la transparence, elle rend
difficile les détournements de fonds et la corruption. De plus, elle permet aux populations de suivre un
minimum l’économie pétrolière ou minière de leurs pays et ainsi surveiller que les dépenses publiques
soient faites dans le but d’améliorer les services de la santé et de l’éducation.
Malheureusement, selon le rapport de « Publish what you pay », la transparence reste très
insuffisante. D’ailleurs, on peut observer que la compagnie pétrolière TotalFinaElf montre très peu de
coopération, elle se situe dans les entreprises les moins performantes.
Graphique des performances au sujet de la transparence de différentes compagnies pétrolières
28
La mauvaise gestion n’est pas le seul problème lié au pétrole. Il y a également la corruption, la
manigance et les détournements de fonds. Il n’est absolument pas rare qu’un haut dirigeant paye un
autre afin d’obtenir ce qu’il veut.
28
Graphique ainsi que le logo (plus haut) issus de http://www.publishwhatyoupay.org/francais/
- 35 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
C’est d’ailleurs ce qu’on peut clairement se rendre compte travers le livre de Harel Xavier
29
, dans
lequel plusieurs exemples sont mis en avant. Pour en citer un, je vais résumer l’affaire Alfred Sirven et
Jean-Luc Malekat.
Lors du gouvernement de transition en 1992, peu avant que Lissouba soit élu président de la
République du Congo, une conférence nationale se déroula et exigea que les activités de la
compagnies Elf soient mises à clair et qu’une bonne gestion du pétrole soit prouvée. Seulement, Elf
refusa de coopérer. Alors, le gouvernement congolais, afin de rembourser une certaine somme qu’il
devait à la Banque Mondiale, espérait pouvoir commercialiser lui-même le pétrole sans qu’il doive
d’abord passer par Elf. Etant donné que la compagnie pétrolière française refusait cette démarche,
l’ancien ministre de l’Economie, Jean-Luc Malekat décide de s’entretenir avec Loik Le Floch-Prigent,
le président d’Elf. Seulement, il ne pu avoir un entretien uniquement avec son bras droite, Alfred
Sirven.
Ce dernier proposa à Malekat 1,5 millions de dollars afin
d’assurer à la compagnie Elf qu’il obtiendrait le permis du
gisement Nkossa, découvert en 1990. L’ancien ministre de
l’Economie, surpris étant donné que peu avant, il affirma à
Sirven que Nkossa serait attribué à Elf refusa la somme
proposée et s’en alla. Cet entretien suspect qui avait pour but
de demander de la coopération de la part de Elf ne permit
aucun changement. Elf continue d’empêcher les démarches
permettant de rembourser une partie de la dette et de dicter
ses règles.
Alfred Sirven est récemment décédé à l’âge de 78 ans. Il avait
été arrêté deux fois et condamné à trois ans de prison en 2001
Alfred Sirven
30
pour avoir détourné de l’argent au détriment de la compagnie
pour laquelle il travaillait.
Cet exemple montre bien la corruption qu’il peut y avoir dans les affaires pétrolières. La manipulation
d’Alfred Sirven est d’une part en faveur à Elf et donc au détriment du Congo, qui est contrôlé par la
compagnie pétrolière, mais d’autre part elle lui est ruineuse, étant donné que l’argent utilisé afin de
corrompre des dirigeants est issu de son trésor.
29
30
HAREL Xavier, Afrique, pillage à huis clos, Fayard, 2006
www.rfi.fr/actufr/articles/062/article_33986.asp.
- 36 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Le contraste entre pauvreté et richesse
Lors
de
la
découverte
du
gisement
Emeraude en 1972, le président de l’époque
Marien Ngouabi annonce « De ce jour date
31
la fin du Congo pauvre » . Or, tout prouve
le contraire car actuellement, 70% de la
population congolaise vit en dessous du
seuil de pauvreté. Etonnant pour un pays
riche
non
seulement
en
pétrole
mais
également en forêt et en autres ressources
naturelles.
Le pétrole, comme l’a déclaré Ngouabi,
aurait du permettre au Congo de revivre.
Malheureusement,
la
pauvreté
persiste
Restaurant de rue à Brazzaville
32
mais pas du côté du président. En effet, on
peut remarquer l’énorme contraste entre les
pauvres Congolais et le président et ses
proches. « Pendant que le peuple croupit
dans la misère et le chaos, la cour royale
continue
à
vivre
dans
une
opulence
insolente et vaniteuse ». Telles sont les
paroles
de
Ludovic
Marchel
Kopa,
Congolais qui ose divulguer clairement ses
opinions à travers son blog personnel
34
.
Quartier moderne de Brazzaville
33
D’un côté, la population congolaise, dont
30% souffre de la faim, vit dans des conditions inimaginables. La moitié n’a pas accès à l’eau potable,
une grande part est au chômage et les enfants doivent s’asseoir par terre à l’école, du moins pour
ceux qui ont la chance de suivre des cours. Très peu de Congolais bénéficient de soins sanitaires
étant donné qu’ils n’ont pas les moyens de payer la facture et, de plus, les hôpitaux, qui ont subi, tout
comme beaucoup d’autres infrastructures les guerres civiles manquent de personnel et de matériels.
La plupart n’ont pas d’électricité, et la faible proportion qui en a, subit très régulièrement des
coupures, qui peuvent durer des mois ! Les villes sont extrêmement sales et polluées, ainsi les
maladies sont très présentes, notamment la choléra. D’ailleurs, en février 2007, une épidémie s’est
déclenchée à Pointe-Noire, dans la région du Kouilou. Plus de 4'000 personnes sont contaminées par
le choléra et 80 morts ont été déclarés. L’Unicef, redoutant une propagation dans tout le pays, lança
31
HAREL Xavier, « Afrique, pillage à huis clos », Fayard, 2006, page 37
http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=7179
33
http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=2382
34
http://congoinfos.skyrock.com
32
- 37 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
des démarches de désinfection des eaux de la capitale économique Pointe-Noire, afin de minimiser
les victimes. Actuellement, la maladie, caractérisée par des vomissements, des crampes et de la
diarrhée persiste. Elle s’est même répandue dans les régions du Niari, du Bouenza et du Pool, où se
trouve la capitale Brazzaville, « Brazzapoubelle » telle que Ludovic Marchel Kopa la nomme
35
.
Cette épidémie cholérique se déplace donc en direction du Nord.
Chambre réservée aux malades du choléra, à Pointe-Noire
36
Afin de justifier la malpropreté des villes et l’état catastrophique de l’hôpital de Brazzaville, le président
Denis Sassou Nguesso dénonce l’incivisme. Je cite ses paroles lors d’une interview menée par
37
François Soudan, apparue dans le magazine « Jeune Afrique » ; « Soyons francs […] à propos de la
flambée de choléra que nous venons d’évoquer, se pose un vrai problème de civisme de la part des
populations urbaines. Quand nous traçons une avenue moderne, telle que l’avenue Marien-Ngouabi,
bordée de profonds caniveaux pour évacuer les eaux, et que les riverains y jettent leurs ordures, que
se passe-t-il ? A chaque pluie, l’eau déborde des canaux bouchés et se répand sur la chaussée. »
Toutefois, Denis Sassou Nguesso avoue le manque de services destinés à la gestion des ordures, je
cite ; « Le gouvernement va prendre le taureau par les cornes. Désormais, le ramassage des ordures,
qui est largement déficient, et le nettoyage de nos deux plus grandes villes seront du ressort de
sociétés privées ou de sociétés mixtes.»
Quant à l’hôpital de la capitale, là encore le président parle du manque de civisme de la part des
Congolais. A la question « Que s’est-il passé depuis pour que le CHU se retrouve dans cet état ? »,
Denis Sassou Nguesso répond clairement « L’incivisme. Incivisme des malades, de leurs familles, des
35
http://congoinfos.skyrock.com
www.rfi.fr/actufr/articles/086/article_49975.asp.
37
SOUDAN François, « Denis Sassou Nguesso », Jeune Afrique N° 2407, du 25 Février au 3 mars 2007, p.41-44
36
- 38 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
visiteurs, des accompagnateurs, des employés eux-mêmes… […] Je ne dis pas que le CHU n’a pas
pris de l’âge, mais avec un peu plus de civisme on aurait pu éviter bien des dérives. »
Je pense que les propos du président sont en effet vrais, mais il ne faut pas reposer la faute
principalement sur les citoyens, car, si j’ose le dire ainsi, ils font avec ce qu’ils ont. Que doivent faire
les Congolais de leurs ordures si aucun service n’est prévu pour leurs ramassages ?
A propos de l’incivisme à l’hôpital, il ne justifie pas sa faible activité, qui est due à un manque de
personnel et de matériel ainsi qu’aux guerres, qui endommagèrent beaucoup de bâtiments.
Il est évident que le civisme, c’est-à-dire le respect de son pays et ses lois contribue au bon
fonctionnement de divers secteurs mais il ne suffit pas à assurer leurs activités efficaces et
continuelles.
La pauvreté n’est pas le seul facteur qui rend la vie au Congo difficile mais également l’insécurité
caractérisée par les conflits tribaux et politiques qui suscitèrent de nombreux massacres et viols.
Malheureusement, il est difficile de savoir réellement les points de vue des Congolais quant à la
situation désastreuse de leur pays.
Les Congolais se rendent-ils
compte des problèmes que
suscite
l’activité
pétrolière ? Telle
question
que
je
est
la
me
suis
longtemps posée. Il est évident
pour
les
personnes
extérieures, dont moi-même,
que le Congo, comme bon
nombre
d’autres
pays
africains, est victime de la
corruption et de la mauvaise
gestion, mais est-ce de même
à l’intérieur du pays ?
Heureusement, Hervé Devos,
membre
Normandie
de
Pool
l’Association
38
a
Ecole à Brazzaville
39
été
d’accord de correspondre afin que je puisse lui transmettre un questionnaire, auquel il m’a très
aimablement répondu. Ayant passé plus de six ans au Congo, ses connaissances me furent très
utiles.
Sa première réponse, qui fut « Les Congolais ont bien conscience de ces problèmes, même ceux de
la campagne. Mais le paysan doit-il attendre l’argent du pétrole pour nourrir sa famille ? » parut être
une évidence à ses yeux, ce qui le fut moins pour ma part. Il m’est difficile de comprendre que malgré
le fait que toute la population congolaise soit au courant des effets néfastes du pétrole, aucune
amélioration n’est remarquée. Il est évident que des changements ne se font pas en claquant des
38
Solidarité Internationale, http://www.normandiepool.fr/
- 39 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
doigts, mais une population quasiment complète a-t-elle si peu d’influence face à son propre
gouvernement ? « Le peuple congolais a fait son deuil des ressources du pétrole » me répondit-il
« Chacun vaque comme il le peut à ses occupations, n'ayant qu'un seul objectif, le matin, c'est de
trouver une solution pour remplir la marmite et nourrir la famille » Cette réponse signifie donc que les
Congolais n’attendent plus rien du pétrole ? « Pour tous (sauf ceux qui en profitent) la réponse est
déjà faite depuis longtemps. Le pétrole ne profite qu'à une élite qui n'a qu'un objectif, c'est de
s'enrichir. La notion de bien commun est peu présente. »
Les réponses de Hervé Devos me pousse à penser qu’une amélioration des conditions de vie ne
dépend que des hauts dirigeants. Malheureusement, la volonté d’enrichissement personnel est plus
importante que la volonté de politique, d’organisation. C’est ce que nous allons justement voir
maintenant, car hormis la population congolaise qui vit dans la pauvreté, il y a « les autres », ceux qui
ne se privent de rien, c’est principalement le cas du président.
En effet, Denis Sassou Nguesso ne se contente pas de
vivre normalement, il se permet carrément une vie
luxueuse.
« M.
Sassou,
dans
ses
chaussures
et
costumes de luxe sur mesure, dans ses résidences
palaces dans nos 9 régions, dans la solitude de sa
Mercédès
blindée,
dans
ses
discours
ennuyeux,
totalement coupés des réalités de notre population
souffrante et mendiante des minima vitaux, ne vit qu'au
travers d'îlots de prospérité suréquipés, sur meublés,
surfacturés,… » Voici les paroles qu’un Congolais, Bruno
Ossébi, prononça désespéré en voyant la situation de
son pays
40
.
A Brazzaville, les pauvres Congolais voient défiler de
plus en plus de voitures de luxe
alors qu’ils ne
demandent juste à recevoir leurs salaires d’il y a trois
mois afin de pouvoir se nourrir.
Le président est régulièrement en déplacement et doit
donc loger dans un hôtel. En 2005, il s’est rendu aux
Etats-Unis afin de participer à une assemblée des
Denis Sassou Nguesso
41
Nations Unies qui a pour but de diminuer de moitié la part de personnes vivant en dessous du seuil de
pauvreté. Denis Sassou Nguesso réserva donc 26 chambres dans un hôtel réputé de Manhattan.
Sassou logea dans une suite avec baignoire jacuzzi, écran plasma et bien d’autres accessoires
luxueux. Avec lui, sa délégation, composée d’une cinquantaine de personnes ! Les coûts de ce séjour
39
www.aceiweb.org/photocoeur.htm
Citation issue de http://www.congoplus.info/article_congoplus-3280.html
41
http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx
40
- 40 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
de huit nuits au Palace Hotel de la Madison Avenue s’élevèrent à 295'000 dollars, dont environ 30%
de cette somme sont les dépenses pour la chambre du président. C’est choquant de penser que
pendant que 70% de la population congolaise vit avec moins d’un dollar par jour, leur président ne se
prive d’absolument rien lors de son déplacement afin d’organiser la réduction de la pauvreté. Il est
d’autant plus choquant que durant l’assemblée, Sassou osa parler de solidarité de la part des pays
riches. Ne serait-ce pas plus raisonnable et même normal de la part du président de limiter les
dépenses pour un simple séjour à l’étranger alors que son peuple attend désespéramment de voir une
amélioration des conditions de vie ? D’autant plus qu’il est peu probable que cet argent vienne de ses
propres fonds personnels.
Mais ce n’est pas tout ! Denis Sassou Nguesso possède également un appartement à Paris, un hôtel
d’une valeur estimée entre 4 et 9 milliards de francs CFA, soit entre 10 et 23 millions de francs
suisses ainsi que d’autres appartements en banlieue parisienne
Au Congo, depuis son retour au pouvoir en 1997,
42
.
le président Sassou et ses proches se sont
appropriés une soixantaine de biens, dont des immeubles, des hôtels, des parts de champs pétroliers,
des sociétés, des usines et des domaines.
Cette grande présence permet
au
président
de
garder
un
contrôle sur tout. Ses proches ne
se privent pas de s’offrir des
biens coûteux tels que le neveu
de Sassou, Edgar Nguesso qui
détient une luxueuse villa ou le
fils du président, Christel Sassou
Nguesso qui profite de son statut
de dirigeant de la Cotrade, filiale
de la SNPC, afin de s’acheter
des articles de haute marque.
Tous les proches du président
ainsi
que
d’autres
hauts
Villa de Edgar Nguesso à Oyo
43
dirigeants sont propriétaires de
somptueuses résidences.
Ce « système Sassou », c’est-à-dire cet ensemble de sociétés sous le contrôle des proches de
Sassou et le président lui-même facilite les détournements de fonds.
42
43
Informations issues de http://www.congoplus.info/article_congoplus-3649.html
http://www.flickr.com/photos/les_pauvres_voleurs_congolais/
- 41 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Actuellement,
la
justice
française
mène
une
enquête au sujet de certains présidents africains,
notamment Sassou Nguesso. Ces présidents, qui
sont propriétaires de luxueux hôtels à Paris sont
accusés de détournements de biens publics. Les
plaintes
proviennent
des
Organisations
Non
Gouvernementales, dont Global Witness, et des
organisations internationales, notamment l’ONU qui
prouvent l’impossibilité pour ces présidents de
financer de tels biens coûteux par leurs fonds
personnels uniquement. De plus, le fait que la
Maison du président de la SNPC, Denis Gokana,
44
Brazzaville
plupart des proches du président Denis Sassou
Nguesso soient également propriétaires de villas,
hôtels ou appartements à l’étranger et au Congo n’améliore pas les soupçons.
Le président congolais se défend en répondant que la plupart des chefs d’Etats possèdent de
magnifiques résidences, des châteaux ou des villas.
L’enquête débuta fin mars 2007 et continue d’être menée. Il n’est pas certain que les faits, sur
lesquels les plaintes sont fondées suffisent à condamner les présidents accusés.
En plus de détourner des
biens publics, le président
montre
sa
mauvaise
gouvernance en dépensant
l’argent du Trésor Congolais
à mauvais escient.
Alors que le pays est en
manque
sanitaire
d’infrastructure
et
scolaire,
un
palais présidentiel peu utile a
été récemment construit à
Pointe-Noire.
Cette
Palais présidentiel, Pointe-Noire
45
construction
est
scandaleuse et incite à se
demander
où
sont
les
priorités ? Comment est-ce qu’un président ose faire usage de l’argent du Trésor congolais afin de
bâtir un palais dépourvu de sens alors que le peuple demande juste à pouvoir se nourrir et bénéficier
d’un minimum de soins ?
44
45
http://congo-biensmalacquis.over-blog.com/categorie-682556.html
http://www.flickr.com/photos/les_pauvres_voleurs_congolais/
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Voici un second exemple de dépenses
choquantes des biens publiques!
Un aéroport international a été construit à
Ollombo, ville située à 15 km du village natal
de Sassou. Cette construction est inutile du
fait que le pays a déjà deux aéroports, l’un à
Pointe-Noire et l’autre à Brazzaville. Les
dépenses s’élèvent à 37 milliards de francs
CFA, ce qui correspond à environ 92,5
millions de francs suisses. Cette haute
somme aurait été plus profitable à la
réhabilitation des deux autres aéroports du
Sassou lors de l’inauguration de l’aéroport d’Ollombo
46
Congo.
Le fait que le président décida de bâtir
l’aéroport à proximité de son village natal,
laisse penser que cette construction est purement un désir personnel.
On observe un énorme contraste entre le peuple congolais, qui vit avec le minimum et le président du
pays ainsi que ses proches, qui se permettent n’importe quel petit désir personnel. Le problème, selon
Hervé Devos
46
, n’est pas le fait qu’il y ait un contraste, mais de « s’interroger de la provenance de ces
richesses et leurs utilisations ».
Les recettes pétrolières, si elles étaient
réparties de manière équilibrée mais surtout
légalement, devraient permettre de réduire la
pauvreté et de relancer le développement du
pays. Seulement, les destinataires de l’argent
de l’Etat restent toujours les mêmes ; les
hauts dirigeants ainsi que les proches du
président. C’est d’ailleurs ce que confirme
Ludovic Marcel Kopa par ces mots ; « le
système politique qu’a mis en place Monsieur
Sassou Nguesso profite à son clan, et plonge
délibérément la population dans la misère et
Les destinataires des recettes pétrolières sont toujours les
47
mêmes
dans la précarité. » Il ajoute ensuite que le pétrole « n’est pas une misère en soi » mais c’est une
ressource qui permet de « gagner vite de l’argent, c’est ce qui aiguise l’appétit des hommes véreux
comme le président »
48
.
45
http://www.congoplus.info/article_congoplus-3919.html
membre de l’Association Normandie Pool, Solidarité Internationale, http://www.normandiepool.fr/
47
image tirée de http://congoinfos.skyrock.com/3.html
48
Citation tirée des réponses à un questionnaire envoyé par moi-même. Ludovic Marchel Kopa, Congolais, s’exprime
également sur son blog personnel : http://congoinfos.skyrock.com
46
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
4. Conclusion
Le pétrole a-t-il aggravé la situation économique, sociale et politique du Congo ?
Voici la question sur laquelle j’ai basé mon travail mais aucune réponse n’a été clairement mise en
avant.
Il est difficile d’affirmer que le pétrole est la cause de la pauvreté et de l’insécurité qui règne au Congo.
Mais il est évident qu’il n’a pas eu un effet bénéfique et n’a dans tout les cas pas permis un décollage
économique comme on l’aurait pu logiquement se l’imaginer.
Afin de bien évaluer l’influence du pétrole, il est nécessaire de discerner d’une part la situation du
Congo précédant la découverte de l’or noir et d’autre part la situation actuelle du pays.
Je vais donc, à travers cette conclusion, tenter de répondre le plus précisément à la problématique, en
récapitulant les points essentiels de mon travail.
Le Congo était durant de longues années sous le contrôle de la France, qui s’installa dans ce pays
africain afin de le coloniser. La colonisation française a permis, bien qu’elle fût rude pour les
Indigènes, le développement du pays. D’ailleurs, le Congo était légèrement avancé en comparaison
avec ses pays voisins de par le titre attribué à Brazzaville, qui devint en 1910 la capitale d’Afrique
Equatoriale Française.
En 1960, le Congo atteint son indépendance, seulement, il se passe peu de temps avant que la
France reprenne du contrôle sur le pays africain, qui est susceptible de détenir de riches ressources
pétrolières.
En 1971, la République du Congo prend espoir grâce à la découverte de l’or noir, source de revenus
publics qui devrait permettre une amélioration des conditions de vie.
Mais, souvenons-nous que durant les années précédant la découverte du pétrole, l’exploitation
forestière, bien que très faible, était en hausse régulière.
Contrairement à l’exploitation pétrolière, le secteur du bois n’exige pas une grande dépendance au
marché international. Le Congo possède les moyens et les connaissances afin d’exploiter sa grande
surface de forêt sans avoir recours à des sociétés étrangères.
Le secteur forestier, s’il avait été plus pris en considération, aurait été une source de revenus plus
sure et régulière que le pétrole.
A ce stade, j’observe un premier problème majeur ; le délaissement du secteur du bois. Depuis
l’exploitation pétrolière, toutes autres activités ont été oubliées. Or, elles auraient justement dû être
une sorte de garantie pour le pays, c’est-à-dire, elles auraient dû assurer des revenus publics stables
de telle manière à ce qu’une forte baisse imprévue de production pétrolière ne perturbe pas toute
l’économie du pays.
Un second problème, malheureusement plus difficile à contrôler se pose ; la corruption.
Le pétrole a renforcé la dépendance du Congo au marché international mais surtout à son pays
colonisateur, la France. En effet, le pétrole, étant une nouveauté pour le pays, exigea l’aide des
compagnies étrangères qui détiennent toutes les connaissances et les techniques nécessaires à
l’exploitation pétrolière.
- 44 -
Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
De par son ignorance dans le secteur pétrolier, le Congo se fait mener en bateau par les dirigeants
des compagnies. Ces derniers cachent les véritables dépenses, telles que les coûts de production.
Mais ces mensonges ne leurs suffisent pas, ils vont jusqu’à corrompre d’autres dirigeants, notamment
le président du Congo. La corruption est un problème qui touche la plupart des pays africains et qui
reste très difficile à maîtriser.
La gestion des revenus, est, elle aussi un problème. Tout d’abord, toutes les dépenses et les recettes
sont cachées non seulement à la population congolaise mais également au reste du monde. L’opacité
de l’économie pétrolière facilite les manigances. De plus, les hauts dirigeants ont ainsi facilement
accès au trésor congolais. Il est évident que de loin pas tous les biens du président Sassou n’ont été
financés par son propre argent mais surtout grâce aux revenus pétroliers.
Le pétrole n’appartient pas au président mais il est un bien public et les Congolais ont le droit d’en
exiger ce qui en est issu.
Denis Sassou Nguesso avait prévu des projets de développement mais il a surestimé les revenus
pétroliers et n’a pas tenu compte de l’instabilité de la production des gisements. Ainsi, tous ces projets
ne furent que source d’endettement et ne furent même pas aboutis.
A propos d’endettement, les guerres civiles, qui sont la résultante de conflits entre différents
politiciens, tous assoiffés de pouvoir, en sont également une des causes. En effet, ces guerres ont
réduit le pays, plus précisément les grandes villes, telles que Brazzaville et Pointe-Noire en ruines.
Les reconstructions d’après-guerre ont nécessité de nombreux emprunts qui alourdirent une dette
déjà suffisamment pesante.
Je pense, mais n’ose affirmer que ces guerres, dont les armes ont été financées par les revenus
pétroliers, sont les conséquences du pétrole. Le Congo devint un pays plus intéressent pour les
dirigeants depuis qu’il montra la présence d’hydrocarbures, ainsi chaque politicien se bat, qu’importe
les moyens, afin d’accéder au pouvoir. De plus, les compagnies pétrolières influencent et soutiennent
les partis qui leur sont le plus favorables.
De manière claire, je pense que oui, le pétrole a eu un effet pervers sur le Congo.
Economiquement, l’instabilité et la surestimation des revenus pétroliers ont abouti à l’endettement du
pays. Par conséquent, la situation sociale est, elle aussi victime du pétrole. La population congolaise
vit dans des conditions précaires, qui ne montrent aucune amélioration. Depuis l’exploitation du
pétrole, les Congolais ne sont pas seulement pauvres, mais vivent dans l’insécurité et voient leur pays
se démolir. En effet, les guerres civiles, résultant de problèmes politiques, qui sont facilitées grâce au
financement des armes par les revenus pétroliers sont, non seulement la cause de l’endettement mais
également de la situation désastreuse des infrastructures publiques, qui sont nécessaires au confort
de la population. On voit ainsi que les situations économique, sociale et politique sont liées. Un
manque économique tout comme les tensions politiques aboutissent
à des conditions de vie
inconfortables pour la population. Ainsi il est difficile d’évaluer clairement en quoi le pétrole a eu un
effet néfaste.
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
Personnellement, je pense que le problème principal est la gestion du patrimoine pétrolier où tout se
fait en cachette, à l’abri des dénonciateurs.
La corruption, les manigances et les détournements de fonds sont facilités grâce au non accès de
chiffres nécessaires au bon fonctionnement d’un domaine.
Il est évident que je ne peux pas affirmer que le responsable des problèmes au Congo est le pétrole.
Mon travail eut pour but d’éclairer, de comprendre en quoi le pétrole a eu de l’influence sur le pays,
mais j’ignore encore de nombreuses choses détachées de tout rapport avec le pétrole qui n’aident
certainement pas le pays à se développer. Je fais allusion, par exemple, à la situation politique du
pays. En effet, l’avis du peuple n’est quasiment jamais pris en compte, « la population est muselée, la
1
liberté d’expression est proscrite », ainsi sont les mots de Ludovic Marchel Kopa . Il est donc difficile
d’accuser le pétrole de tous les malheurs du Congo, mais il est certain qu’il a une grande part de
responsabilité quant à la désastreuse situation économique, aux conditions de vie misérables et aux
problèmes politiques du pays.
1
Citation tirée des réponses à un questionnaire envoyé par moi-même. Ludovic Marchel Kopa, Congolais, s’exprime également
sur son blog personnel : http://congoinfos.skyrock.com
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
5. Bibliographie
Ouvrages généraux
HAREL Xavier, Afrique pillage à huis clos, comment une poignée d’initiés siphonne le pétrole africain,
fayard, 2006
Livre très intéressent mettant en avant essentiellement les manigances, la corruption et les détournements de fonds qu’il y a
dans le domaine pétrolier
BORDAS Encyclopédie, « Congo », Volume III p. 1221-1222
Quelques informations brèves et générales qui m’ont été utiles pour la présentation du Congo.
MASSENGO, Gualbert-Brice, L’économie pétrolière du Congo, l’Harmattan, 2004
Livre qui m’a été d’une très grande utilité, notamment pour certaines graphiques mais surtout pour comprendre l’importance du
pétrole dans l’économie du pays.
KOULA Yitkhak, Pétrole et Violences au Congo-Brazzaville, les suites de l’affaire Elf, l’Harmattan,
2006
Ce livre m’a peu servi étant donné qu’il traitait essentiellement les guerres, mais néanmoins quelques exemples de manigances
dans le secteur pétrolier.
Articles
« Les millions envolés du pétrole congolais », la Tribune, 13 décembre 2005, p.34
TALLA Blaise-Pascal, « Congo, sortir de la dictature du pétrole », Jeune Afrique Economie N°365,
juillet/août 2005, p.44-45
SOUDAN François, « Denis Sassou Nguesso », Jeune Afrique N°2407, 25 février au 3mars 2007,
p.41-44
VOKOUMA Joachim, « Congo, polémique autour de l’or noir », Jeune Afrique Economie N°349, 3 au
16 mars 2003, p.50-51
LUNEAU Gilles, « Pétrole : fuite au sommet de l’Etat », Le Nouvel Observateur, 17 au 23 août 2006,
p.38
FREY Cyril, « Le pétrole, et après ? », Le Nouvel Observateur, 15 au 21 octobre 1998, p.51
Sites Internet
http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx
Source de l’image en page de couverture
http://www.humanite.presse.fr/journal/2007-02-03/2007-02-03-845266
« Cette malédiction de l’or noir qui prive l’Afrique de sa richesse »
http://www.economiematin.com/article.php3?id_article=4906
L’Afrique et son économie en hausse grâce aux richesses naturelles.
http://www.lexpressiondz.com/T20070201/ZA10-5.htm
« L’Afrique ou les dérives d’un continent »
http://www.congopage.com/article.php3?id_article=4500
Quelques informations sur le président « Sassou a tué la République congolaise en instaurant une situation monarchique »
http://www.tchad-info.net/articles/voir_art.php?idart=5527
Informations assez générales sur la misère des pays africains producteurs
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
http://www.africatime.com/Congo/nouvelle.asp?no_nouvelle=305229&no_categorie=
La corruption au Congo : malgré les richesses naturelles, il y règne la pauvreté
http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=2425
Croissance économique du Congo
http://www.congopage.com/article2735.html
L’économie pétrolière au Congo (d’après le livre de MASSENGO Gualbert-Brice, « L’économie pétrolière du Congo »,
l’Harmattan, 2005)
http://www.congopage.com/article4220.html
Découverte de gisements importants au Congo
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/NEWSFRENCH/0,,contentMDK:21208807~menuPK:1082261~p
agePK:34370~piPK:34424~theSitePK:1074931,00.html
Comment faire pour réduire la pauvreté au Congo
http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=2202
Guerre civile du Congo
http://www.congoplus.info/article_congoplus-2507.html
La pauvreté du Congo est-elle due au pétrole ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9trole
Informations générales sur le pétrole
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_du_Congo
Informations générales sur le Congo Brazzaville
http://survie.69.free.fr/Documents/pays/congobrazza.htm
Historique du Congo Brazzaville
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/congo.htm
Informations sur le pays
http://www.congopage.com
Site du Congo, comprenant de bonnes informations sur le pays (histoire, Indépendance, culture, économie, etc.…)
http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=758
Quelques informations sur l’endettement du Congo
http://www.euro-petrole.com/news_details.php?cat=1&id=1052 et http://www.congoplus.info/article_congoplus-2929.html
Découverte par Total de pétrole en Moho-Bilondo (du pétrole de bonne qualité)
http://www.congoplus.info/article_congoplus-2903.html
Quelques informations sur les biens luxueux du président et ses proches
http://www.izf.net/izf/Guide/Congo/Default.htm
Bonnes informations sur le Congo : infos générales du pays, ses exportations et ses importations, ses dettes, infos sur le
pétrole au Congo
http://www.republique-congo.com/
Nombreuses et intéressantes informations sur le Congo (dont des graphiques, cartes et photos)
http://www.reseau-ipam.org/article.php3?id_article=257
Informations sur l’initiative PPTE
http://www.mefb-cg.org/actualites/page26.htm
Article sur l’annulation d’une partie de la dette du Congo
http://www.izf.net/IZF/Actualite/RDP/2006/congo.htm
Actualité concernant la dette extérieure
http://www.ambafrance-cg.org/article.php3?id_article=38
A propos de la colonisation française au Congo et son Indépendance
http://www.indesens.org/article.php?id_article=58
Informations sur les guerres civiles des années 1990
http://www.afriqueindex.com/Pays/Congo/solid_cong.htm
Informations sur des ONG au Congo
http://www.snpc-group.com/
Site de la SNPC (Société Nationale des Pétrole du Congo)
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Le pétrole au Congo
Natacha Cossy
http://www.congopage.com/article4647.html
Information sur l’incendie sur la plate-forme Nkossa provoquant 2 morts
http://www.secours-catholique.asso.fr/telechargements/petrole_congo.pdf
Importantes informations au sujet des différents gisements pétroliers
http://suis-jeleseulcommecela.hautetfort.com/afrique/
Plusieurs informations sur le contraste au Congo (riche-pauvre). Egalement une vidéo
http://www.mwinda.org/article/miserephotos.html
Photos de la pauvreté à Brazzaville
http://www.publishwhatyoupay.org/francais/
Site officiel de la campagne « Publiez ce que vous payez »
http://www.congoplus.info/article_congoplus-3649.html et http://www.infosplusgabon.com/article.php3?id_article=1308 et
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=19588
Articles sur la mise en accusation de différents présidents africains pour détournements de biens publics
http://www.congoplus.info/cpress_congoplus-3608.html
Dépenses luxueuses du fils du président Sassou qui est également le dirigeant de la Cotrade
http://www.congoplus.info/article_congoplus-2621.html et
http://www.congoplus.info/article_congoplus-3201.html
Informations sur l’épidémie cholérique au Congo
http://congoinfos.skyrock.com/
Blog personnel d’un Congolais mettant en avant les problèmes actuels du Congo
www.globalwitness.org
Articles intéressants
http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx
Magnifiques photos
Contact
DEVOS Hervé, Solidarité Internationale, Association Normandie Pool,
http://www.normandiepool.fr/index.htm
KOPA Marchel Ludovic, Congolais
http://congoinfos.skyrock.com
6. Remerciements
Après neuf mois, ce travail est enfin abouti. Malgré beaucoup de stress et de périodes
décourageantes, ce TM m’a appris beaucoup de choses, notamment la recherche, le tri et la synthèse
des informations, l’écriture et l’utilisation de l’informatique. Sans oublier tous les renseignements que
m’a apporté l’étude d’un pays en difficulté.
Je tiens tout d’abord à remercier Monsieur Etienne Steiner, le maître responsable de ce TM, qui fut
toujours très disponible et organisé. Ses corrections furent faites dans des délais épatants et ses
conseils fructueux.
Je remercie Monsieur Hervé Devos, membre d’une association de Solidarité Internationale qui
accepta de correspondre afin de m’éclaircir divers points quant à la population congolaise.
Un grand merci également au Congolais Ludovic Kopa, qui, lui aussi a répondu aimablement à mon
questionnaire. Les informations obtenues grâce à ces deux contacts m’ont permis d’avoir un point de
vue différent à ceux mis en avant dans les livres et ainsi me sentir plus proche du Congo.
Finalement, j’aimerais remercier ma famille, qui pendant cette longue période de stress a du supporter
mes humeurs parfois grincheuses et désagréables.
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