Travail de Maturité 2007 Géopolitique et pétrole Natacha Cossy 3MS2 Gymnase Auguste Piccard Or noir au Congo Maître responsable : Etienne Steiner Novembre 2007 Le pétrole au Congo Natacha Cossy Table des matières 1. Introduction ........................................................................................................... 2 2. Présentation du pays ............................................................................................ 4 A] Géographie.......................................................................................................................................... 4 Démographie ........................................................................................................................................ 6 B] Histoire................................................................................................................................................. 7 La colonisation française ..................................................................................................................... 7 L’indépendance (1960) ........................................................................................................................ 8 Les guerres civiles (1993-1994, 1997-1999) ...................................................................................... 9 C] Economie........................................................................................................................................... 11 La dette extérieure et les démarches d’annulation .......................................................................... 11 D] Politique............................................................................................................................................. 13 Denis Sassou Nguesso ...................................................................................................................... 13 3. Le pétrole et son influence au Congo ............................................................... 15 A] Historique de l’exploitation ............................................................................................................ 15 B] Quantité, qualité et localisation du pétrole ................................................................................. 17 C] Exploitation et Production.............................................................................................................. 19 Les contrats entre l’Etat congolais et les compagnies pétrolières .................................................. 19 Les revenus pétroliers ........................................................................................................................ 22 D] Les compagnies pétrolières........................................................................................................... 25 La compagnie française TotalFinaElf................................................................................................ 25 La Société Nationale des Pétroles du Congo................................................................................... 28 La société Eni-Agip............................................................................................................................. 29 La société Maurel & Prom.................................................................................................................. 30 Tableau des gisements ...................................................................................................................... 30 E] La destination des revenus pétroliers.......................................................................................... 31 Les projets de développement .......................................................................................................... 31 Corruption et mal gestion ................................................................................................................... 34 Le contraste entre pauvreté et richesse ........................................................................................... 37 4. Conclusion........................................................................................................... 44 5. Bibliographie ....................................................................................................... 47 Ouvrages généraux .............................................................................................................................. 47 Articles .................................................................................................................................................... 47 Sites Internet.......................................................................................................................................... 47 Contact.................................................................................................................................................... 49 6. Remerciements………………………………………………………………………....49 -1- Le pétrole au Congo Natacha Cossy 1. Introduction Le Congo Brazzaville, comme beaucoup de pays africains, détient d’abondantes richesses naturelles. Les forêts, qui étaient au départ source principale d’exploitation ont été délaissées pour mettre en avant l’exploitation pétrolière, débutant sérieusement en 1973. La découverte du pétrole permit à la population congolaise, qui pour 70% vit en dessous du seuil de pauvreté de reprendre espoir et croire à une amélioration des conditions de vie. Malheureusement, les Congolais ne voient aucune différence montrant le développement du pays. Au contraire plusieurs éléments laissent croire que l’entrée du pétrole dans l’économie congolaise a aggravé la situation économique du pays, engendrant ainsi de précaires conditions de vie. La situation politique, n’est quant à elle en aucun cas favorable au pays qui subit fréquemment des guerres civiles entre milices. Le financement des armes et de la reconstruction d’après guerre est l’une des causes de l’endettement du Congo. En effet, le Congo a accumulé une dette exorbitante qui constitue un énorme fardeau. Cette dette fut causée par plusieurs grands facteurs outre les énormes dépenses pour la guerre. Le financement des entreprises publiques qui ne cessèrent d’augmenter est également l’une des causes de l’endettement, tout comme les dépenses inutiles et détournements de fonds des hauts dirigeants qui ne se gênent pas de profiter de leurs statuts afin de se permettre une vie luxueuse. Pour finir, deux autres facteurs d’endettement, la mal gestion des revenus pétroliers, caractérisée par une opacité totale et le financement des projets de développement, nous prouvent la nuisance du pétrole, étant donné que les projets de développement furent entrepris grâce à cet or noir, dont les revenus devaient financer les coûts de leurs réalisations. Mais l’instabilité de la production des gisements, qui déclinèrent obligea le pays à faire des emprunts afin d’achever en partie les projets. La corruption et la mauvaise gestion sont deux problèmes qui touchent beaucoup de pays africains, notamment Congo. Ce pays dépend totalement des compagnies internationales, en particulier TotalFinaElf et n’a aucun contrôle sur les revenus pétroliers. Ces compagnies ont des contrats qui leurs sont favorables. Malgré la création d’une compagnie pétrolière nationale, qui a pour but de favoriser une bonne gestion, les revenus pétroliers restent « cachés ». L’argent issu du pétrole reste encore mystérieux quant à ses destinations mais n’est dans tout les cas pas utilisé en faveur du peuple congolais, qui continue de vivre dans des conditions misérables. Des questions persistent alors ; le pétrole est-il le responsable de la situation actuelle du Congo ? Estce une simple coïncidence que ce pays n’ait cessé de régresser depuis la découverte du pétrole ? Cet or noir sera-il une fois favorable au peuple congolais ? Ce travail, a justement pour but d’éclaircir les raisons de la « noyade » de la République du Congo et l’usage des ses recettes pétrolières. Une première partie consistera à présenter le pays, c’est-à-dire -2- Le pétrole au Congo Natacha Cossy sa situation géographique, son histoire, sa situation économique et sa politique. Cette présentation est essentielle à la compréhension de la seconde partie du travail, celle-ci plus ambiguë. En effet car la deuxième partie va traiter le pétrole au Congo, c’est-à-dire d’une part sa localisation et son importance mais surtout son influence. Enfin, la conclusion, à travers laquelle je répondrais le plus clairement à la problématique, soit à la question suivante ; « le pétrole a-t-il aggravé la situation économique, sociale et politique du Congo ? » en récapitulant les points essentiels mis en avant tout au long du travail. -3- Le pétrole au Congo Natacha Cossy 2. Présentation du pays A] Géographie Le Congo, aussi appelé Congo Brazzaville afin de le distinguer de la République Démocratique du Congo, est un pays du centre ouest de l’Afrique. Il touche l’Océan Atlantique et est délimité par le Gabon, le Cameroun, la République centrafricaine et la République Démocratique du Congo. Sa capitale est Brazzaville qui se situe au sud est du pays. De forme allongée, le Congo recouvre une superficie de 2 342 000 km , ce qui correspond à plus de huit fois la Suisse et comprend 3,5 millions d’habitants. La principale langue est le français, qui est la résultante de la colonisation française, qui débuta dans les années 1 Situation du Congo en Afrique 1880. De multiples autres langues sont issues des différentes ethnies, par exemple, le munukutuba, parlé par plus de 50% de la population, le kikongo ou encore le lingala. Le Congo comporte dix régions dénommées Likouala, Sangha, Cuvette-Ouest, Cuvette, Plateaux, Pool, Lékoumou, Bouanza, Niari et Kouilou. Chaque région comprend un chef lieu. Régions du Congo 2 Densité de population 1 3 1 http://www.afromix.org/ http://mokili.free.fr 3 www.congo.ird.fr/html/congo_cartes_temp.htm 2 -4- Le pétrole au Congo Natacha Cossy Le Congo peut être divisé géographiquement et démographiquement en deux grandes parties: - Le Sud, qui est une région de savane où s’y trouve la majorité de l’infrastructure économique et sociale et regroupe une grande partie de la population. Elle comprend d’ailleurs les deux plus importantes villes, Brazzaville et Pointe-Noire où se regroupe 60% de la population. - Le Nord, riche en forêts mais pauvre en zone habitable, est une région faiblement peuplée. Le Congo est un pays riche en ressources naturelles, tels que les forêts, les ressources minières, le pétrole. Malheureusement, sur 8 200 000 hectares de terres cultivables, seulement 2% de cette surface est exploitée. L’emplacement de la République du Congo facilite les exportations et importations de part sa façade maritime de 169km, et sa trentaine de fleuves, dont le plus important est le Congo, long de 4614km et considéré comme le plus important au Monde après l’Amazone. Les conditions climatiques constituent un atout pour le pays, car elles sont favorables à l’agriculture. Les précipitations sont relativement fréquentes et les températures s’élèvent entre 21 et 27°C. Le climat est caractérisé par quatre saisons : - Janvier à février est la petite saison sèche, durant laquelle les précipitations sont très rares et les températures élevées. - Mars à avril est la petite saison des pluies. Les précipitions sont fréquentes et les températures élevées - Mai à septembre est la grande saison sèche, qui est caractérisée par des pluies occasionnelles et des températures modérées. - Octobre à décembre est la grande saison des pluies. Le climat est identique à celui de la petite saison des pluies. Relief du Congo 4 Quant au relief du pays, il est relativement faible, allant de 0 mètre dans la région du Kouilou à proximité de la côte atlantique à 800 mètres dans les régions du Pool, du Plateaux et de la CuvetteOuest. 4 http://www.republique-congo.com -5- Le pétrole au Congo Natacha Cossy Démographie La population congolaise a un niveau de vie très légèrement supérieur à la moyenne en Afrique, excepté la part de population privée d’eau potable, qui s’élève à 49% contre 42 % en moyenne en Afrique et sa densité de population qui passe de 2 8000 habitants par km dans la capitale 2 Brazzaville, à 2 habitants par km dans les zones rurales. La densité moyenne est de 10,2 habitants 2 par km , un chiffre extrêmement faible étant donné que la moyenne du continent africain s’élève à 2 25,27 habitants par km . L’espérance de vie est Lits d'hôpitaux au Congo 5 d’environ 52 ans soit 6 ans de plus que la moyenne en Afrique. D’autres données démographiques montrent un niveau de vie de la population congolaise meilleur à d’autres pays africains, notamment le taux d’analphabétisme, qui est largement inférieur à la moyenne et le taux d’accroissement naturel, qui est de 2,7%, alors que la moyenne du continent africain est de 2,4%. De plus, les nombres de médecins et lits d’hôpitaux pour mille habitants sont respectivement de 0,3 et 3,2 contre 0,1 et 1,1 en moyenne en Afrique. Bien évidemment, le Congo demeure tout de même un pays extrêmement pauvre. Quelques habitations au Congo 5 6 6 http://suis-jeleseulcommecela.hautetfort.com/afrique/ http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx -6- Le pétrole au Congo Natacha Cossy B] Histoire La colonisation française Durant l’année 1879, Pierre Savorgnan De Brazza, un explorateur italien qui travaille pour la France, arrive sur le continent africain. En ce temps, le Congo s’appelait Royaume Kongo et comprenait le nord de l’Angola, le sud du Congo-Kinshasa et le sud du Gabon, sans oublier les régions sud du Congo actuel. Il était dirigé par Makoko, le roi Téké, qui, désespéré par la situation de son empire totalement affaibli par l’instauration de la traite des noirs au XV ème siècle, accepta en 1880 le traité proposé par De Brazza qui consiste à céder les droits de gouvernance à la France. Plus tard, la Conférence de Berlin, qui se déroula entre 1884 et 1885, reconnut les droits de la France sur le Royaume Kongo. C’est alors en 1891 que la première colonie française est crée et que débutent les grandes explorations du territoire. Des compagnies concessionnaires se partagent les terres et commencent l’exploitation des ressources naturelles. Malheureusement ces compagnies, qui détiennent tous les droits d’opération mais doivent donner 15% de leurs bénéfices à la France agissent violemment, à un tel point que cela aboutit à de nombreuses victimes. Cette brutalité suscite des révoltes, qui firent couler beaucoup de sang. En 1906, les colonies françaises sont divisées en trois parties : le Gabon, le Moyen-Congo et le Oubangui. Puis en 1910, l’Afrique Equatoriale Française (AEF) est fondée et regroupe ces trois parties ainsi que le Tchad. Brazzaville est nommée capitale de l’AEF, ce qui favorisera son développement économique. Durant cette grande période coloniale, de grandes activités économiques se déroulèrent, dont en particulier, entre 1921 et 1934, la construction du chemin de fer reliant Brazzaville et Pointe-Noire, qui se situe sur la côte atlantique. Cette longue ligne ferroviaire de 510km est appelée CFCO (Chemin de Fer CongoOcean). Les conditions de travail des ouvriers africains ainsi que les maladies provoquèrent autour de 17’000 morts Chemin de Fer Congo-Océan 7 pour la construction du CFCO. En 1934, le port de Pointe-Noire est créé et est, 5ans plus tard ouvert. 7 http://www.asnom.org/fr/230_medecin_de_brousse.html -7- Le pétrole au Congo Natacha Cossy Port de Pointe-Noire, capitale économique 8 Durant le début du XXème siècle, le Congo est très actif et connaît un bon développement économique grâce à la colonisation française. Malheureusement, les conditions dans lesquelles les indigènes sont traités amènent les Africains à de plus en plus se révolter et à espérer l’indépendance. L’indépendance (1960) Drapeau congolais 9 En 1944, Charles de Gaulle, président de la République français en 1958, organise la Conférence de Brazzaville. Il y annonce que la France doit aider le peuple de son empire à se développer jusqu’à ce 2 qu’il soit capable de gérer lui-même ses affaires et non l’anéantir. La Conférence ne parla aucune fois d’Indépendance mais seulement d’une plus grande implication des africains dans les affaires du pays. Les paroles de Charles de Gaulle eurent un grand rôle car elles sont considérées comme un grand 8 9 http://cache.eb.com/eb/image?id=3547&rendTypeId=4 http://www.drapazur.com -8- Le pétrole au Congo Natacha Cossy pas vers la décolonisation, puis vers l’Indépendance. En 1945, un premier député congolais est élu ; Félix Tchicaya. Ce dernier fondera en 1946 le Parti Progressiste Congolais (PPC). Puis en 1956, Fulbert Youlou est élu maire de Brazzaville et est ensuite, en 1959 élu premier président de la République du Congo à la suite des troubles ethniques qui amenèrent à une guerre civile entre le Nord et le Sud. En 1958, le Congo est considéré comme étant une République autonome et devient indépendant 15 août 1960. Cette date sera alors le jour de la fête nationale. Les guerres civiles (1993-1994, 1997-1999) Dès 1990, des Congolais réclament une démocratie et veulent détrôner le président Denis Nguesso Sassou. Les difficultés économiques du pays seraient dues à la mauvaise gestion du président et à ses rapports suspects avec d’autres personnes politiquement importantes. Un gouvernement de transition est désigné en 1991 et avancent les élections présidentielles au 2 juin 1992. Pascal Lissouba remporta les élections devant Bernard Kolélas et est proclamé président du Congo. Malheureusement, le mandat de Lissouba suscite des crises qui amèneront carrément à une guerre civile entre 1993 et 1994. A peine entré au pouvoir, le nouveau président Lissouba met fin à l’Assemblée nationale. Cette dissolution n’est pas légale. S’ensuit alors une multitude de troubles lors des élections législatives et commencent les conflits armés entre milices. Ces milices représentent différentes ethnies chacune en « Nibolek », faveur défendent d’un qui sont parti. Les Lissouba et s’opposent aux « Ninjas », qui elles, sont en faveur de Kolélas. Géographiquement, les Nibolek représentent la région du Niari, du Lekoumou et du Bouanza, se situant au sud ouest, quant aux Ninjas, ils représentent la région du pool. Le Congo, depuis sa colonisation connaît une séparation très ethnique, mettant en avant surtout deux groupes ; les sudistes et 10 Milice Cobra les nordistes, de part son découpage 10 http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx -9- Le pétrole au Congo Natacha Cossy géographique et démographique bien distinct. Hors lors de cette première guerre civile, qui aboutit à plus de 2000 morts, l’opposition n’était pas une opposition entre les sudistes et les nordistes. Cette guerre civile de 1993 à 1994 est la résultante des élections présidentielles et législatives qui soulevèrent des conflits entre les différents partis insatisfaits et mécontents quant aux résultats des élections. En 1997, à la veille de la nouvelle élection présidentielle, une seconde guerre civile commence. Les milices dites « cobras » de Sassou s’opposent au président du moment Lissouba et à Kolélas. Tous trois sont des candidats à l’élection présidentielle. Sassou est soutenu par l’armée angolaise qui dévaste Brazzaville et qui, tout comme les milices, n’hésite pas à agir avec violence et cruauté. Les milices de Sassou, c’est-à-dire les cobras, ont été payées par la compagnie pétrolière Elf, qui critique et redoute le régime de Lissouba. Ces critiques sont dues au fait que le président imposa un nouveau contrat dit « de partage » entre les compagnies pétrolières et l’Etat qui est bien plus équitable au précédent. Denis Sassou Nguesso fait alors un coup d’état et se nomme président. Quant aux deux autres candidats, tous deux s’exilent. Le président français Chirac annonce être rassuré que Sassou ait repris le pouvoir afin de stopper l’effondrement du Congo. Pourtant, cette guerre qui causa plus de 10’000 morts et la fuite de nombreux Congolais, n’est pas réellement terminée, étant donné que les milices continuent à s’affronter malgré l’exil de leurs meneurs et essaient de renverser Sassou. La période entre 1997 et 1999 est caractérisée par les viols, assassinats et pillages « à volonté » qui laissent la population congolaise, spécialement du sud dans l’horreur. En 1999, plus de 500’000 Congolais civils meurent de faim alors qu’ils se cachaient dans des forêts. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Hervé Devos, membre de l’association Normandie Pool, sans aucune hésitation lorsque je lui posa la question suivante « Vous êtes parti pendant la guerre, la population vivait-elle complètement dans la peur ? Les viols, assassinats étaient-ils gratuits ? » Sa courte réponse fut « Oui. C’était le quotidien » Ces guerres civiles, provoquées par les conflits politiques affaiblirent le peuple et démolirent le pays. De nombreuses dépenses s’accumulèrent pour la reconstruction d’après-guerre. Enfant armé au Congo 11 Elles sont l’une des grandes raisons de l’endettement du Congo. 11 http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx - 10 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy C] Economie La monnaie du Congo est le Franc CFA, (vient de Communauté Française d’Afrique). Un franc suisse correspond à environ 400 Francs CFA. L’économie congolaise repose sur l’agriculture d’industrie, ayant comme cultures la canne à sucre, l’eucalyptus, le café et le cacao. Dans les années 1970 et 1980, le Congo était un pays exportateur de produits agricoles. De plus, jusqu’en 1970, le bois était la première source d’exploitation et accroissait régulièrement. Malheureusement, peu après que le pétrole fit son entrée dans l’économie du pays, c’est-à-dire depuis 1971 avec l’exploitation du gisement Pointe Indienne, la production agricole et l’exploitation du bois perdirent toute importance et furent peu à peu délaissées. Actuellement, 93% des exportations du Congo sont du pétrole et 5% du bois. Quant aux importations, elles sont pour 27% des machines électriques et mécaniques et pour 20% des produits alimentaires. La dette extérieure et les démarches d’annulation Le Congo est un pays pauvre et extrêmement endetté. Plus de 70% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Le chômage est très présent, touchant 50% de la population active et 70% des jeunes de 15 à 25 ans. Les employés reçoivent irrégulièrement, leurs les salaires voies de communication routières ne sont pas ménagées, ainsi elles sont quasiment impraticables, les écoliers sont très La pauvreté au Congo 12 nombreux et doivent souvent s’asseoir parterre et partager leurs livres avec une dizaine d’autres camarades, et seulement la moitié de la population à accès à l’eau potable. De plus, le Congo traîne une dette publique de plus de 4500 milliards de Francs CFA (soit environ 11 milliards de francs suisses) qui constitue un énorme fardeau. Les financements des armes et des reconstructions d’après-guerre dans les années 1995 à 1999, les détournements de fonds et les dépenses non nécessaires du Président Sassou Nguesso lors de déplacements à l’étranger, principalement en France, constituent les raisons principales de cet exorbitant endettement. De plus, les entreprises publiques, qui ne cessent d’augmenter dans les années 1960 à 1980, ont de la peine à fonctionner à cause du manque de personnel qualifié et demandent donc de prépondérantes 12 http://suis-jeleseulcommecela.hautetfort.com - 11 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy subventions. Ces entreprises qui ont à la base pour but d’aider le pays à se développer et s’enrichir, sont au contraire sources d’endettement progressif. Actuellement, le Congo est en phase d’annulation de sa dette. Pour cela, il doit tout d’abord être reconnu comme Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) par le Fonds Monétaire International (FMI). Cette initiative PPTE comporte un long programme dans le cadre de la Facilité et la Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (FCRP), qui exige beaucoup de coopération de la part du Congo. La première phase du programme consiste à prouver une bonne gestion des revenus pétroliers, qui doivent être complètement transparents quant à leurs élévations et leurs destinations. Le FMI et la Banque Mondiale exigent de la part du gouvernement congolais la maîtrise des dépenses publiques ainsi que la maximisation des recettes de l’Etat. Cette première phase du processus, qui entra en vigueur en 2003, a été réalisée en 2006 par neuf pays, dont le Congo. A la fin de chaque étape du processus, le Congo bénéficie de versements. Jusqu’en 2006, la somme des versements s’élève à 16,8 milliards de FCFA (environ 42 millions de francs suisses). Au total, à la fin du processus, le Congo devrait bénéficier d’une réduction de la dette de 812 milliards de FCFA, c’est-à-dire 2 milliards francs suisses. Mais pour l’instant, le FMI refuse d’accorder des versements au pays étant donné que le Congo n’a pas su suffisamment gérer ses dépenses, qui dépassent la limite imposée par le programme FCRP. En plus de l’initiative PPTE et son programme, la Banque Mondiale lance une stratégie d’aide qui se déroule de 2003 à 2008. Cette stratégie, dite CAS, comprend de multiple projets, tels que le renforcement de la stabilité de l’économie, l’amélioration des services sociaux ou encore des projets de santé, tous étant financés par la Banque Mondiale. Elle a pour but de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie. En 2004, le Club de Paris, composé de membres représentant différents gouvernements et ayant pour but d’aider les pays endettés, a annulé 759 milliards de FCFA (1,9 milliards de francs suisses) de la dette du Congo. Cette annulation a été accordée au nom de la Facilité et la Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (FCRP) et est le résultat des efforts dont a fait preuve le Congo depuis 2002 quant à son économie. L’annulation de la dette serait un énorme 13 Un restaurant de rue à Brazzaville 13 http://www.interet-general.info/IMG/Republique-Congo-Brazzaville-Rue-1.jpg - 12 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy poids en moins pour le pays, qui pourra mieux se focaliser sur le développement économique et améliorer les conditions de vie. Très récemment, début 2007, le Congo a bénéficié d’une annulation de dette de la part de l’Allemagne 14 qui s’élève à un peu moins de 8 milliards de francs CFA (19 millions de francs suisses) . D] Politique Denis Sassou Nguesso Denis Sassou Nguesso est le président actuel de la République du Congo. Né en 1943, après avoir suivi une formation militaire en 1961, il rejoint le Parti Congolais du Travail (PCT) en 1970. Ce parti est dit « marxiste-léniniste », soit qui met en avant une doctrine sociale communiste. En 1977, à la suite de l’assassinat du président Ngouabi, Sassou assure la présidence intermédiaire pendant à peu près un mois pour ensuite laisser les commandes du pays au nouveau président YhombiOpango. C’est en 1979, après avoir été élu président du PCT, qu’il devient président de la République du Congo. Il Le président Denis Sassou Nguesso 15 exercera alors un mandat de 13 ans, pendant lequel il instaure le multipartisme en 1990, système nouveau pour le pays. Le multipartisme laisse plus de liberté et permet au peuple de choisir entre différents partis et ainsi être plus impliqué dans le domaine politique. Avant l’instauration du multipartisme, le terme « république » à parti unique cachait en fait une forme de dictature. Durant cette première présidence, il organisa également plusieurs programmes de développement devant être financés par les revenus pétroliers. En 1992, il adopte une nouvelle Constitution par référendum qui a pour but de diviser le régime en miparlementaire et mi-présidentiel et donc diminuer les pouvoirs du président. Lors de l’élection présidentielle de 1992, Sassou doit laisser la présidence à Lissouba, qui est élu nouveau chef d’Etat. 14 15 http://www.jeuneafrique.com/pays/congo_brazza/article_depeche.asp?art_cle=PAN70027lalleognocu0 http://www.un.org - 13 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Denis Sassou Nguesso, après un voyage en France afin de préparer son futur coup d’état, aidé par ses milices cobras et l’armée angolaise, revient en 1997 à la fin du mandat de Lissouba. Il se proclame président en cette date après avoir dévasté et affaibli Brazzaville. Commence alors sa deuxième présidence pendant laquelle il nomme lui-même les trois pouvoirs et se donne le droit d’exiler ou tuer tout opposants politiques. Le peuple congolais, qui vient de sortir d’une guerre civile causée par des conflits politiques se voit contrôlé par un dictateur. Il instaure une nouvelle constitution en 2002 qui prévoit un mandat présidentiel de 7 ans alors que jusque là, il était de 5 ans. En cette même année, Sassou est à nouveau élu président de la République. Depuis son entrée de force au pouvoir en 1997, il prévoit un projet de reconstruction du pays, qui continue à subir des horreurs jusqu’en 2003, date où la guerre prend réellement fin et permet la stabilisation du pays. Mais, dans la région du Pool, les tensions sont toujours présentes, de par les rebellions armés. Actuellement, Denis Sassou Nguesso poursuit son mandat, qui se terminera en 2009. - 14 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy 3. Le pétrole et son influence au Congo A] Historique de l’exploitation Après la Guerre Mondiale de 1914 à 1918, la France va lancer des recherches de pétrole en Afrique, lieu de sa colonisation. Les colons et les Africains connaissent déjà l’existence du pétrole au Congo. Entre 1918 et 1928, les recherches sont à la traîne, mais c’est alors que Lebedeff, travaillant pour la France, eut pour mission d’étudier les territoires congolais afin de trouver tout indice prouvant la présence d’hydrocarbures. Ses recherches montrent des structures géologiques favorables à la présence de pétrole dans la région de Pointe-Noire. Sa mission se poursuivit jusqu’en 1934 où des reconnaissances détaillées furent prises. La Seconde Guerre mondiale interrompit les recherches, mais elles seront relancées en 1949 avec la création de la Société des Pétroles d’Afrique Equatoriales Françaises (SPAEF). En 1957, un premier forage pétrolier a lieu afin d’exploiter par la suite le gisement PointeIndienne. Ce gisement, qui est l’un des rares au Congo à être onshore, soit sur la côte Situation de Pointe Indienne 1 congolaise, comprenait 14 millions de tonnes de brut et 400 millions de mètres cube de gaz. C’est donc un gisement peu important sur le point production, mais qui permet à la France une forme de domination sur le Congo, bien que celui-ci atteint l’indépendance en 1960. Il faudra ensuite attendre 14 ans afin qu’un nouveau gisement soit exploité. Ce gisement est appelé « Emeraude ». Il se situe en mer, c’est donc un gisement offshore se localisant à 30 kilomètres au sud de Pointe Noire. Emeraude avait des réserves s’élevant entre 500 et 600 millions de tonnes de brut, soit 40 fois plus que le premier gisement au Congo, Pointe Indienne. Il est donc important, d’ailleurs, dès son exploitation en 1971, le Congo est alors considéré comme pays producteur de pétrole. 1 2 Plateforme au large de l'Océan Atlantique 2 www.lyceecharlemagne.org/.../deb/cd/g2.html http://www.congoplus.info/ - 15 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Dans la fin des années 70, la construction d’une raffinerie dirigée par Coraf, filiale de la SNPC (Société Nationale des Pétroles du Congo) va débuter à Pointe-Noire. Un oléoduc va permettre le transport du pétrole de la raffinerie jusqu’au port de PointeNoire. Le développement démographique de la ville va aboutir d’habitations à situées la à construction 500 mètres seulement de la raffinerie, ce qui est risqué dans la mesure où des incendies pourraient avoir lieu et pourraient toucher les oléoducs voire la raffinerie même. Dès l’exploitation d’Emeraude ainsi que la mise en découverte gisements service et de la raffinerie, l’exploitation prennent de la d’autres l’ampleur. Des plateformes seront construites pour chaque gisement offshore. Le domaine pétrolier est alors très actif. Après le gisement Emeraude, « Loango » est exploité en 1978, les champs pétroliers Likouala et Yanga sont mis en service entre 1980 et 1981 ainsi que d’autres petits gisements Raffinerie dirigée par la SNPC 3 peu importants tels que Mengo et Kunji. Ensuite, d’autres gisements relativement importants sont découverts, notamment Sendij en 1984, Tchibouéla et Zatchi en 1987, Tchendo en 1991, puis en 1996, un important gisement appelé Nkossa. De 1997 à 2003, huit gisements ont été découverts. Récemment, un champ pétrolier en mer vient d’être trouvé et exige deux forages, Moho Nord Marine 1 et Moho Nord Marine 2, éloignés de plus d’un kilomètre. 3 www.congophonebook.com/.../coraf-sa-11921.html. - 16 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy B] Quantité, qualité et localisation du pétrole Le Congo est le 3 ème producteur de pétrole en Afrique derrière le Nigeria et l’Angola. Sa production est de 290'000 barils par jour. Ce chiffre reste toutefois faible en comparaison aux deux grands producteurs africains. Le Nigeria produit 2,1 millions de barils par jour, 4 soit environ huit fois plus que le Congo . De plus, le Congo représente moins de 0,1 % de la production mondiale. Ses réserves pétrolières devraient permettre une production pendant encore 20 années. Mais ce chiffre peut bien évidemment évolué en fonction de nouvelles découvertes. La plupart des gisements pétroliers sont offshore, c’est-à-dire en mer. Il existe tout de même des gisements dits « onshore » situés en côte mais qui sont peu importants, tels que Pointe Indienne, Mengo et Kunji. Les gisements offshore sont donc plus ou moins éloignés de la côte congolaise mais sont généralement en mer très profonde. Ils exigent donc des plates-formes marines et des pipelines sous-marins. Les gisements les plus productifs sont Nkossa avec une capacité Plate-forme pétrolière Nkossa, important gisement exploité par 5 Elf 6 annuelle de 25 millions de barils , Kitina et Tchibouéla (15 millions de barils). Nkossa et Kitina représentent la moitié de la production totale du pays. 4 Chiffres issus de http://www.secours-catholique.asso.fr/telechargements/petrole_congo.pdf http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx 6 1 baril équivaut à environ 160 litres. 5 - 17 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Gisement Date Importance d’exploitation Pointe-Indienne * 1957 Très Faible Emeraude 1971 Moyenne Loango 1978 Moyenne Likouala 1980 Moyenne Yanga 1981 Moyenne Mengo et Kunji * 1981 Faible Sendji 1984 Moyenne Tchibouéla 1987 Très grande Zatchi 1986-1987 Grande Tchendo 1991 Faible Nkossa 1996 Très grande Kitina 1997 Très grande Likala 1999 Moyenne Tchibéli 2000 Moyenne Kombi 2000 Moyenne Kouakouala * 2000 Très Faible Mwafi 2000 Faible Foukanda 2000 Faible M’Boundi 2003 Grande Moho Nord Marine 2005 Grande Tilapia 2006 Moyenne Le pétrole issu des terres congolaises est du type lourd, c’est-à-dire un pétrole à grande teneur en souffre et est composé 7 principalement (jusqu’à 90%) de bitume . Ce type de pétrole a une faible valeur sur le marché international, ainsi il se vend à petit prix. Heureusement, l’extraction du pétrole est relativement facile grâce aux techniques et aux matériels modernes que les compagnies étrangères possèdent. Sur le schéma ci-contre, on peut voir les différentes zones de l’Atlantique où des activités pétrolières ont lieu, telles que la 7 8 Localisation du pétrole off shore (Océan Atlantique) 8 Bitume : substance visqueuse ou même solide de couleur noire composée d’un mélange d’hydrocarbure http://www.secours-catholique.asso.fr/telechargements/petrole_congo.pdf - 18 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy recherche et l’extraction. Les zones en mer très profonde n’ont pas encore montré la présence de pétrole. La partie la plus productive est l’offshore conventionnel, où se regroupent la plupart des gisements, généralement situés plutôt au Sud-ouest de cette partie, soit le plus au large des côtes. La profondeur de la mer en offshore conventionnel est de 50 à 200 mètres. Le gisement Nkossa se situe en Haute Mer, soit à plus de 500 mètres de profondeur et le gisement Kitina se trouve à la limite entre l’offshore conventionnel et Marine IX. Les quelques gisements onshore sont toutefois proches de la côte. Pointe Indienne se situe en côte, à 20 km au Nord-ouest de Pointe-Noire. Sur la carte précédente, on peut observer la Pointe-Indienne, d’où le nom du gisement. Kouakouala est le gisement pétrolier le plus éloigné de la côte. Il se situe à près de 50 km au Nord-est de la capitale économique Pointe-Noire. Le gisement Tilapia, découvert en 1994 mais récemment mis en exploitation, se situe en mer mais est très proche de la côte. C] Exploitation et Production Les contrats entre l’Etat congolais et les compagnies pétrolières De manière générale, une compagnie pétrolière doit signer un contrat avec l’Etat afin de déterminer ses droits sur un certain territoire. Il existe plusieurs types de contrat, qui peuvent être plus ou moins favorable à l’un des signataires. Contrat de concession Depuis 1968 à aujourd’hui, deux types de contrats ont été signés. Le premier contrat en vigueur, qui fut le seul jusqu’en 1994 concession. est un contrat de Ce contrat implique que l’Etat n’a plus de droit sur les opérations exécutées sur un territoire choisi et accordé à la compagnie pour une certaine durée. La compagnie est donc propriétaire du territoire en question et peut ainsi entreprendre toutes activités telles que la recherche ou l’exploitation tout devant être financé par elle-même, à ses risques et péril. De plus, les ressources exploitées leur appartiennent également et peuvent être commercialisées. Les recettes issues de l’exploitation des ressources sont pour le compte de la compagnie excepté les redevances, qui sont des taxes qui évoluent légèrement en fonction de la production et les impôts. Cet argent doit revenir à l’Etat congolais. - 19 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy En fait, jusqu’en 1973, c’est-à-dire avant que le pétrole devienne une ressource naturelle importante et enrichissante au Congo, les compagnies pétrolières étaient avantagées du fait qu’elles étaient dispensées de certaines taxes et n’avaient pas de contrats spécifiquement liés au secteur pétrolier et devaient signer les Conventions d’Etablissement. Seulement, une fois que l’Etat congolais a pris conscience de l’apport du pétrole, il décide de mettre en place une politique pétrolière qui prône la maximisation des revenus pétroliers qui doivent permettre un bon développement économique et social du pays et une grande implication du secteur pétrolier dans l’économie. C’est alors qu’un premier contrat de concession est signé quant à l’attribution du permis Loango. La partie est du champ Loango est attribuée à Agip et la partie ouest à Elf. Chacune des deux compagnies détient 50% du champ. Contrat de partage de production Le second type de contrat signé au Congo est un contrat de partage de production. Il a été établi pour la première fois en 1994, signé par la société Elf et l’Etat congolais au sujet du gisement Nkossa. Ce contrat attribue un territoire pour une certaine durée à une compagnie, qui détient tout les droits d’opérations. financer Elle elle-même démarches toujours doit ses à ses risques et si le terrain permet de produire du pétrole, une partie de cette production, appelée « cost-oil » sert à payer les coûts de production. Cette part de production peut représenter de 20 à 70% de la production totale. Mais il n’en demeure pas moins que les ressources naturelles appartiennent à l’Etat. Ainsi, l’autre part de production, dite « profit-oil » va être partagée en deux part, l’une revenant à la compagnie et l’autre à l’Etat. Pour clarifier, si le terrain n’est pas productif, tous les coûts des démarches, dont par exemple l’exploration, sont financés par la compagnie. Au contraire, si le terrain est productif, et l’Etat et la compagnie sont bénéficiaires d’une part égale de la production. Le contrat signé en 1994 pour Nkossa prévoyait un partage tout à fait équitable pour les deux signataires. Après avoir soustrait le cost-oil, le reste de la production était divisée équitablement sur le principe de « 50%-50% ». Seulement, en 1997, lorsque Sassou réussit à accéder à la présidence grâce à une aide de la compagnie Elf, il ne perd pas de temps pour porter de considérables modifications quant aux conditions du contrat de partage. Le président augmente la part de production - 20 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy accordée à la compagnie Elf, afin de le remercier, en quelque sorte de l’avoir aidé à accéder au pouvoir. En attribuant une part plus grande à la compagnie pétrolière, Sassou agit en défaveur de son propre pays. A ce stade, on observe les manigances entre hauts dirigeants. Un président devrait logiquement avoir pour but de favoriser son pays, aider les Congolais, hors la soif de pouvoir est plus importante, quitte à réduire considérablement les recettes pétrolières. Le contrat de production est plus rentable pour le Congo, ou plutôt l’Etat congolais, que le contrat de concession. Ceci car les ressources naturelles appartiennent toujours au pays, qui ne reçoit pas seulement des redevances mais 50% de la production profit-oil. Il est donc clair que ce nouveau contrat instauré en 1994 est tout à fait équitable, seulement l’augmentation de la production reste toutefois invérifiable Forage sur le champ pétrolier Nkossa, par 10 Total par l’Etat congolais, qui, en quelque sorte prend ce qu’on lui donne. - 21 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Les revenus pétroliers Leur évolution Depuis la découverte d’un premier gisement pétrolier au Congo, l’économie du pays va être chamboulée. Les revenus l’exploitation issus de pétrolière semblent à première vue permettre un redémarrage économique, lorsqu’on notamment observe leur élévation ou leur évolution. En 1972, le pétrole, avec ces 80 millions de francs CFA (0,2 millions de francs suisses) n’était pas encore très rentable et son secteur peu développé. Mais il prit très vite de l’importance, passant ainsi à 1,2 milliards de francs CFA (3 millions de francs suisses) en 1973 grâce au gisement Emeraude. L’Etat congolais prit plus au sérieux, si on peut le dire ainsi, le patrimoine pétrolier en adoptant un type de contrat plus correct pour le pays propriétaire de l’or noir. De plus, le pétrole est considéré comme étant un moyen de relancer le pays sur le point économique et social. Les revenus augmentent et ont été multipliés par 16 en une année. Malheureusement, du fait que la production des gisements est instable, les revenus vont baisser entre 1975 et 1976 pour ensuite reprendre de l’importance jusqu’à atteindre environ 214 milliards de francs CFA, ce qui correspond à 535 millions de francs suisses, en 1984. Bien évidemment, l’évolution des revenus pétroliers dépend des chocs pétroliers et des nouvelles 11 découvertes de gisements. C’est d’ailleurs le cas très remarquable sur le graphique ci-dessus , où dès l’année 1979, une hausse considérable des revenus pétroliers est observable. En effet, cette année est caractérisée par un choc pétrolier dû à la révolution iranienne et la guerre entre l’Iran et l’Irak qui suivit. De plus, l’exploitation du gisement Loango, qui permet une augmentation de la production, intervient également dans cette grande hausse. C’est en 1984, que les revenus vont chuter pour atteindre 40 milliards de francs CFA seulement (100 millions de francs suisses). L’évolution des revenus continue de montrer des hauts et des bas. Depuis 11 Le graphique (N°3) et la plupart des chiffres sont issus de MASSENGO Gualbert-Brice, « l’économie pétrolière du Congo », l’Harmattan, 2004 - 22 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy l’exploitation du gisement Nkossa en 1996, les revenus ont augmenté en flèche. En 2005, les revenus pétroliers s’élèvent à 967 milliards de francs CFA, soit environ 2,4 milliards de francs suisses. Il reste difficile d’être exact quant aux revenus pétroliers car ils sont gardés secrets. Cette opacité implique d’énormes problèmes et est favorable à une mauvaise gestion et à la corruption. Exploitation du gisement Nkossa par Total 12 L’intervention des revenus pétroliers dans l’économie 12 http://www.congophonebook.com/en/trading/oil-exploration-operation-and-production/total-eandp-congo-11909.html - 23 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Il a fallu un certain temps avant que le pétrole intervienne dans l’économie. Au début de l’exploitation de cette ressource naturelle, faibles les et revenus ne étaient représentaient quasiment rien par rapport aux recettes seulement totales du pays. C’est dès 1974 que le pétrole devient la première source d’exploitation du pays. Il prend de plus en plus d’importance et constitue 65% des recettes totales en 1985. L’évolution des recettes totales dépend donc des recettes 13 pétrolières, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus . Ce graphique montre deux courbes presque parallèles ce qui prouve la relation entre les revenus pétroliers et les revenus globaux. Encore une fois, nous pouvons observer le pic de 1984 et sur la courbe des recettes budgétaires et sur la courbe des recettes pétrolières. Ce parallélisme montre la grande importance du pétrole dans l’économie du Congo. Il est évident qu’en observant l’élévation pétroliers, des un revenus redémarrage économique peut être envisagé. Seulement, la mauvaise gestion de ces revenus dus à une surestimation de la production pétrolière a augmenté l’élévation des dettes. C’est dommage que ce pays n’ait pas continué l’exploitation Etendue de la forêt du bassin 14 forestière même si le pétrole est une ressource bien plus rentable, car la hausse de l’exportation du bois était régulière. De plus, le Congo est riche en forêt, comme on peut le voir sur la carte ci-dessus. Malheureusement, toute autre ressource naturelle a été délaissée pour favoriser l’activité pétrolière. 13 14 Source du graphique (N°5): MASSENGO Gualbert-Brice, « l’économie pétrolière du Congo », l’Harmattan, 2004 http://www.brainforest.org/IMAGES/carte_bassin_congo.jpg - 24 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy D] Les compagnies pétrolières La compagnie française TotalFinaElf Logo de la compagnie pétrolière Total 15 Etant donné le sous-développement du Congo et donc son insuffisance en équipements nécessaires pour l’exploitation du pétrole, ce pays doit dans tous les cas accepter des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères. Dès la découverte du tout premier gisement à faible importance du nom de « Pointe Indienne », la Société des Pétroles d’Afrique Equatoriale Française (SPAEF), qui est en fait la société Elf de l’époque, débute ses opérations pétrolières. Jusqu’à la fin des années 90, la plupart des exploitations de pétrole sont sous le contrôle des compagnies étrangères, dont la plus présente au Congo reste la compagnie Elf, devenue TotalFinaElf depuis 1999, aussi appelé tout simplement Total. En effet, cette société est d’une grande importance et a une emprise considérable sur la Congo. Elf a été créée dans le but d’assurer à la France une alimentation en hydrocarbure. Grâce à sa filiale opérant à l’étranger, Elf Congo, elle éloigne les soupçons du public français qui serait susceptible de dévoiler les détournements de fonds par les dirigeants de la compagnie qui profitent de s’enrichir grâce aux revenus pétroliers. 15 http://www.petroleuminclusion.uhp-nancy.fr/dirimg/images/logos/totalfinaelf.gif - 25 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy TotalFinaElf a déjà eu beaucoup de conséquences néfastes au Congo, notamment son rôle lors de la guerre civile de 1997. En effet, la société encore nommée à cette époque Elf a contribué à aider Sassou à réaliser son coup d’état en lui finançant des milices. De plus, elle finance des armes et demande de l’aide à des pays voisins. On peut également dire que l’argent qui a financé les armes de Lissouba vient du pétrole, via Elf. Car Sassou n’est pas le seul président à bénéficier Le pétrole utile au financement des armes 16 des revenus pétroliers. Lissouba pouvait aussi, lors de son mandat présidentiel de 1992 à 1997 toucher personnellement à l’argent du pétrole. Les actes des dirigeants d’Elf sont dans tous les cas à leurs profits, toujours au détriment des Congolais, qui ne sont que partiellement au courant des problèmes pétroliers. Ensuite, il y a les détournements continuels et la corruption. TotalFinaElf est très puissant, la société a un contrôle sur chaque activité pétrolière. Elle évalue les coûts de production, le prix de vente du baril et la valeur du dollar à la vente. Ainsi, c’est elle qui remettra les recettes au Congo. Ce dernier ne peut pas vérifier l’exactitude des Pillage des ressources pétrolières 17 chiffres, qui sont largement inférieurs à ce qu’ils devraient être en vérité. Quant aux président Sassou, il est certain qu’il soit au courant des faibles recettes du Trésor congolais, seulement il ne remet pas en cause l’honnêteté de TotalFinaElf dans la mesure où il tire également profit de ces détournements de fonds. Une grande partie des informations sont issues de KOUALA Yitzhak, « Pétrole et violence au Congo-Brazzaville, les suite de l’affaire Elf », l’Harmattan, 2006 et HAREL Xavier, « Afrique pillage à huis clos », Fayard, 2006 16 « Fill’er up » signifie « faire le plein » http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=6160 17 http://news.stcom.net/modules.php?name=News&file=article&sid=1811 - 26 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Il est audacieux de la part de TotalFinaElf qui comprend dans son organisation des chartes qui mettent en avant leur honnêteté, leur opposition claire à la corruption et leur volonté d’améliorer le développement économique et sociale du pays pour lequel il travail. Or, leurs activités au Congo prouvent tout le contraire. Cette compagnie a une maîtrise complète de ses démarches qui lui rapportent à chaque fois une somme d’argent qu’elle ne devrait légalement pas recevoir. Pour montrer un exemple, depuis les années 1980, Total, ayant un contrat avec le Congo, détenait 65% du gisement Likouala, dont il a exploité 80% de ses réserves. En 2003, il passe un accord avec l’Etat congolais. La compagnie TotalFinaElf donne une somme d’argent qui s’élève à 160 millions de dollars (ce qui correspond à peu près à 192 millions de francs suisses) afin que le gouvernement congolais ne puisse plus faire de réclamations ou de recours à propos du gisement Likouala. Total paie en quelque sorte le silence des politiciens congolais mais justifie cette somme comme étant un dédommagement de transaction, c’est-à-dire un dû à l’Etat congolais pour avoir rompu le contrat qu’ils avaient à la base. Cette manigance n’est pas la seule, car la part du gisement cédée par Total ne va pas être donnée à la société nationale du pays (la SNPC) mais revendue à une compagnie mystérieuse du nom de Likouala SA. Les revenus de l’exploitation du gisement par Likouala SA restent cachés. Mais l’un des dirigeants de cette société anonyme, André Bahoumina se découvre être l’un des employés de la compagnie TotalFinaElf. Cette manœuvre suspecte, qui n’est pas une « transaction conclue dans les conditions normales du commerce », comme l’annonce l’ONG Global Witness dans son rapport de 2005 18 , montre la domination de Total qui prévoit toute sorte de manigance lui permettant d’être directement ou indirectement bénéficiaire des revenus pétroliers au préjudice du Congo. L’ancien président de Elf, Loik Le Floch-Prigent, avait été condamné pour avoir abusé de biens sociaux. Il a d’ailleurs avoué avoir détourné des fonds afin d’en bénéficier personnellement. En 2003, il a été condamné à cinq ans de prison suite à l’affaire Elf, qui comprend différentes enquêtes, dont celle du naufrage du pétrolier Loik Le Floch-Prigent 19 Erika en 1999 qui a provoqué de nombreux dégâts, tels que 400 km de côtes souillées et la mort d’environ deux cents mille oiseaux. 18 19 Rapport de Global Witness, « L’énigme du Sphynx : qu’est-il advenu de l’argent du pétrole congolais ? », décembre 2005 http://www.wdr.de/online/news/kohlbeschwerde/img/prigent.jpg - 27 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy La Société Nationale des Pétroles du Congo Lorsque le pays réalise les problèmes liés à la gestion des revenus pétroliers, la Société Nationale des Pétroles du Congo est créée en 1998 afin de permettre au Congo de disposer d’une compagnie pétrolière nationale qui a pour but de gérer le patrimoine pétrolier de façon efficace et claire et ainsi améliorer les recettes de l’Etat. La Banque Mondiale a aidé la création de la SNPC en espérant que cette société soit un moyen de reprendre en main l’exploitation pétrolière. Malheureusement, tout comme les autres compagnies opérant au Congo, la SNPC va être source de détournements de fonds et opacité totale quant aux revenus exacts. Dès 1998, elle est active sous la présidence de Denis Gokana, qui est le neveu de Denis Sassou Nguesso. Gokana vend le pétrole nettement inférieur au prix normal à une compagnie privée, dont il est l’un des principaux actionnaires afin de le revendre ensuite à prix raisonnable. De cette manière, Gokana s’enrichit personnellement au détriment du Congo. La SNPC touche à toutes les activités pétrolières, telles que la recherche de champs pétroliers en explorant les endroits susceptibles d’être source de pétrole grâce à la sismique et d’autres méthodes géologiques et géographiques, l’exploitation, le raffinage, la distribution ou encore la mise en commerce. Elle coopère avec d’autres importantes compagnies internationales ce qui lui permet d’être relativement active et d’obtenir un permis pour chaque exploitation pétrolière au Congo. Son activité reste toutefois largement inférieure à celle de TotalFinaElf. En 2005, Christel Sassou, fils du président Denis Sassou Nguesso est à la tête de Cotrade, filiale de la SNPC. Il agit de la même manière que Gokana au niveau du « trafic » de pétrole. Christel Sassou est le directeur général de la Africa Oil and Gas Corporation (AOGC), société fondée en 2003 par Gokana. Il vend du pétrole congolais au nom de la SNPC et le revend à la AOGC à un prix plus élevé afin de faire du bénéfice personnel. En 2002, le Congo commence l’initiative PPTE afin de bénéficier d’une annulation de dette. Pour cela, la compagnie pétrolière SNPC doit faire preuve de transparence et ne rien cacher au FMI (Fond Monétaire International). Mais c’est seulement en 2004 que la SNPC accepte de faire part de ses comptes au FMI. Elle justifie, tout comme Sassou, que l’opacité des revenus pétroliers a un rôle purement protecteur des ressources. La SNPC cache ses recettes afin d’éviter que les créanciers saisissent leur comptes pour recevoir l’argent que l’Etat congolais leurs doit. Le FMI découvre alors que la vente de deux cargaisons de pétrole n’avait pas été déclarée. La SNPC prouve ainsi sa mauvaise gestion, qui est certainement volontaire. Actuellement, le problème reste Informations et images de la SNPC venant de http://www.snpc-group.com/ - 28 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy toujours le même mais heureusement la SNPC est un minimum surveillée par la Banque Mondiale et le FMI, via son initiative d’annulation de dette. C’est un désastre pour le peuple congolais subissant dès le début de l’exploitation pétrolière l’envol de ses richesses naturelles au profit de TotalFinaElf, qui voit maintenant son pétrole comme étant une source d’enrichissement de sa propre société nationale. Ainsi, tous les espoirs qu’ils eurent en apprenant la fondation de la SNPC, qui avait pour but de reprendre en main les revenus pétroliers en évitant une gestion semblable à celle d’Elf, sont oubliés. Le pétrole est maintenant, non seulement sous l’emprise de TotalFinaElf, mais également de la SNPC. La société Eni-Agip Cette société pétrolière est tout comme Elf active dès 1968 au Congo. C’est une compagnie internationale d’origine italienne qui s’occupe de toutes les activités pétrolières. Elle a été créée pour les mêmes raisons que la compagnie française c’est-àdire qu’elle a été fondée afin d’assurer à l’Italie une Logo de la société italienne 20 alimentation en hydrocarbure. Actuellement, Eni détient 65% des gisements Foukanda, Mwafi et Zatchi, 50% du gisement Loango, 46% de M’Boundi et 35,75% du gisement Kitina. Elle est presque autant active que la compagnie TotalFinaElf mais sa présence au Congo est nettement moins connue. Elle demeure discrète car elle ne provoque pas une multitude de doutes quant à sa gestion. Ses activités pétrolières ne sont pas source de détournement, de corruption ou encore d’opacité totale. Bien évidemment, il reste difficile de pouvoir affirmer sa loyauté, mais il est clair que cette société étrangère n’agit pas de manière aussi choquante et injuste que TotalFinaElf. 20 www.jbastan.com/.../MOTOS/Videos%20cross%202.htm - 29 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy La société Maurel & Prom Logo de la compagnie M&P 21 Cette compagnie pétrolière, qui a été fondée en 1813 s’occupait au départ du commerce maritime entre la France et ses colonies en Afrique. Puis, à la fin du 20 ème siècle, elle se lança dans la recherche de pétrole, en particulier au Congo. Ses activités y sont relativement faibles. Elle détient quelques parts de gisements mais reste toutefois discrète et peu importante dans le pays. Tableau des gisements Gisement Date d’exploitation Importance Opérateur(s) Pointe-Indienne 1957 Très Faible 65% Maurel&Prom, Elf Emeraude 1971 Moyenne 49% SNPC Loango 1978 Moyenne 50% Elf, 50% Agip Likouala 1980 Moyenne 65% Likouala SA, 35% Agip Yanga 1981 Moyenne 55,25% Elf, 29,75% Agip, 15% SNPC Mengo et Kunji 1981 Faible Sendji 1984 Moyenne 55,25% Elf, 29,75% Agip, 15% SNPC Tchibouéla 1987 Très grande 65% Elf, 35% Agip Zatchi 1986-1987 Grande 65% Agip, 35% Elf Tchendo 1991 Faible 65% Elf, 35% Agip Nkossa 1996 Très grande 51% Elf, 15% SNPC Kitina 1997 Très grande 37,5% Agip, 35% SNPC Likala 1999 Moyenne 65% Elf, 35% Agip Tchibéli 2000 Moyenne 65% Elf, 35% Agip Kombi 2000 Moyenne 65% Elf, 35% Agip Kouakouala 2000 Très Faible 50% Maurel&Prom, Mwafi 2000 Faible 65% Agip, 35% SNPC Foukanda 2000 Faible 65% Agip, 35% SNPC M’Boundi 2003 Grande 46% Agip, 54% Maurel&Prom Moho Nord Marine 2005 Grande 53,5% Elf, 32,5 % Chevron, 15% SNPC Tilapia 2006 Grande 45% Prestoil, 35% SNPC, 20% Maurel&Prom 21 www.geneva.ch/_maurel&prom_oil.htm - 30 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Le tableau de la page précédante met en avant par ordre chronologique, les différents gisements et leurs opérateurs. On peut observer tout d’abord l’importante présence de la compagnie Elf, rebaptisée TotalFinaElf et d’Agip. On remarque également la faible activité de la société nationale qui détient principalement de petits pourcentages des gisements. D’ailleurs, actuellement, la SNPC ne produit que 9% de la production totale du pays, un chiffre extrêmement faible venant de la société nationale. Pourtant, je ne pense pas qu’une plus grande activité de la SNPC aiderait le Trésor congolais à avoir un apport plus régulier des revenus pétroliers, car, cette société ne montre pas une transparence et une bonne gestion. Le problème reste au niveau des dirigeants, qui ont trop facilement accès à l’argent de l’or noir et qui l’utilisent à leurs profits. Les revenus constituent une somme énorme et ne sont pas vérifiables par n’importe qui, ainsi le fait qu’une compagnie verse 100 milliards au lieu de 130 milliards de francs CFA passe inaperçu, du moins la somme détournée reste difficile à prouver. E] La destination des revenus pétroliers Les projets de développement Dès le moment où le pétrole est devenu première source de revenu au Congo, le gouvernement décida de prévoir des projets de développement, devant être financés par les recettes pétrolières. Ces projets ont pour but d’améliorer tous les secteurs économiques. Un premier projet, dit « plan triennal » a été lancé en 1975 et devait se dérouler sur une durée de trois ans, ainsi il prendrait fin en 1977. Le plan triennal prévoyait la reconstruction des routes, car elles sont dans un état inimaginables. Sur environ 12800 km de routes, seulement 1240 km sont goudronnées, soit 9,7 % des routes totales. Ce mauvais entretien des voies de communication lors de implique grandes que pluies, les routes sont impraticables. De plus, malgré un Route inondée à Brazzaville 22 temps favorable, ces routes restent inconfortables et difficiles d’accès. L’impossibilité d’accéder à certaine région a des conséquences dangereuses, telle qu’un apport en alimentation ou en eau coupé. 22 http://www.mwinda.org/article/obele.html - 31 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy L’amélioration de l’état des routes est donc le but principal du projet triennal. L’investissement s’élevait à 76 milliards de francs CFA, soit 190 millions de francs suisses. Cette somme considérable devait être financé par les revenus issus de la production du gisement Emeraude. Seulement, comme nous l’avons vu précédemment, entre 1975 et 1976, la production de pétrole va baisser et les revenus pétroliers ne seront pas suffisants pour financer le projet. Seulement 34% du plan triennal a été réalisé, de plus, de nombreux emprunts ont dû être effectués afin de terminer quelques reconstructions en cours. Un second projet quinquennal est mis en place en 1982. Sur les mêmes bases que le premier, il vise une reconstruction des routes mais également un réalignement du chemin de fer Congo-Océan, un redressement des entreprises publiques ainsi que l’installation de ligne à très haute tension et la construction d’immeubles modernes à Brazzaville. Ce plan ambitieux va avant tout favoriser la partie Nord du Congo, étant donné qu’elle ne comporte quasiment aucune route goudronnée et que cette région est sous-peuplée et dépourvue d’infrastructures. Le but est donc de créer un réseau routier dans la région Nord qui relie Brazzaville et d’entretenir Etat d’une route traversant un marché à Brazzaville 23 régulièrement les routes. De nouveau, les coûts pour la construction des routes dans le Nord ont été nettement plus élevés que prévu. Cependant, contrairement au premier projet, le plan quinquennal a été efficace mais a également nécessité des emprunts, qui s’élèvent à 117 milliards de francs CFA (environ 193 millions de francs suisses). De plus, l’Office Congolais d’Entretien des Routes (OCER), riche en matériel, a été créé afin de maintenir les routes en bon état. Ce projet est d’une part une réussite car il permet une meilleure communication dans le Nord mais d’autre part, il alourdi la dette extérieure. Comme nous l’avons vu précédemment, les entreprises publiques ont de la peine à fonctionner et demandent de lourdes subventions à l’Etat. Le plan quinquennal a également comme but de redresser ces entreprises qui ne cessent d’alourdir la dette. Le principal problème rencontré par les entreprises publiques est le manque de personnel qualifié. Le personnel n’est pas suffisamment formé professionnellement et est embauché selon son parti politique et sa tribu. De plus, ce personnel ne 23 http://www.mwinda.org/article/miserephotos.html - 32 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy cesse d’augmenter, ainsi, par conséquent, les dépenses salariales deviennent de plus en plus grandes. Malgré l’augmentation du personnel, les entreprises ont toujours de la peine à fonctionner. Le plan quinquennal n’a pas été une réussite quant au redressement de ces entreprises d’Etat. Au contraire, les dépenses pour le redressement des entreprises ont été inutiles et ont simplement favorisé l’endettement du pays. D’autres dépenses importantes seront faites dans le cadre de plan quinquennal. Le réalignement du CFCO demanda 51 milliards de francs CFA (128 millions de francs suisses) dont un quart de cette somme sont des emprunts et l’installation des lignes à très haute tension coûta 28 milliards de francs CFA (70 millions de francs suisses). De plus, de nombreux immeubles modernes ont été construits et demandèrent également de considérables dépenses . Globalement, même s’il a permis la construction de nouvelles routes indispensables, ce plan quinquennal a suscité de nombreux 24 emprunts qui s’ajoutent à la dette déjà suffisamment pesante . Malheureusement, le Congo reste un pays détruit par les guerres civiles qui se produirent entre 1994 et 1999. Un grand nombre d’infrastructures médicales, de bâtiments publiques et des maisons privées furent et sont encore démolis. Les routes et ponts sont, eux aussi très endommagés. Actuellement, les principaux moyens de transport sont des voitures tout terrain et un trajet qui demande normalement une à deux heures, dure au Congo quatre à dix heures 25 ! Route à Brazzaville 26 Le président Sassou, en 2000, montre sa volonté d’améliorer l’état des routes et a même commencé la reconstruction de certaines routes, dont plusieurs dans la partie Nord du pays. D’autres démarches ont été prises afin d’améliorer et de rééquiper les centres hospitaliers et de réparer le réseau téléphonique national. 24 La plupart des informations sont tirées de MASSENGO Gualbert-Brice, L’économie pétrolière du Congo, l’Harmattan, 2004 Chiffres et informations issus de http://ospiti.peacelink.it/anb-bia/nr422/f04.html 26 http://www.congoplus.info/msplus_news/IMG/jpg/L_avenue_BOUETA_MBONGO.jpg 25 - 33 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Corruption et mal gestion Comme nous l’avons vu à travers la compagnie pétrolière TotalFinaElf et même à travers la société nationale du pétrole, la corruption et la mal gestion sont très présentes. L’argent du pétrole sert à enrichir des hommes hautement placés politiquement et à financer des armes et ne profite pas à la population congolaise. Si les revenus pétroliers étaient bien gérés et non pas source de conflits, les conditions de vie au Congo seraient moins précaires. Mais une question persiste ; où part l’argent du pétrole s’il n’est pas utilisé à bon usage, c’est-à-dire pour l’amélioration des services de la santé et de l’éducation ? Les recettes pétrolières constituent des sommes énormes et doivent être sérieusement considérées. Le principal problème est l’opacité des revenus et également des coûts de production. L’Etat ignore tout des dépenses pour la production de pétrole, il accepte juste les coûts évalués par la compagnie pétrolière. Ainsi, il n’est pas difficile pour cette dernière d’augmenter la valeur exacte des coûts de production. C’était d’ailleurs afin d’améliorer la véracité des coûts de production et ainsi augmenter les recettes pétrolières que la SNPC fut créée. Seulement, il reste trop facile pour les dirigeants d’une société, même nationale, de piocher de l’argent qui devrait être remis au Trésor congolais. Heureusement, grâce aux démarches imposées par le FMI Marché à Brazzaville 27 et la Banque Mondiale afin que le pays bénéficie d’une annulation de dette, la gestion des revenus devient progressivement plus organisée et surtout plus transparente. L’initiative PPTE est donc une bonne chose pour le Congo, qui pourra respirer lorsqu’il aura bénéficié de l’annulation de la dette et qui aura appris à gérer le pétrole de façon plus stricte. Malheureusement, rien ne prouve que ce pays, une fois allégé, restera transparent dans son économie pétrolière. En plus de cette initiative, de nombreuses Organisations Non Gouvernementales prônent la transparence des revenus pétroliers. 27 http://www.mwinda.org/article/miserephotos.html - 34 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Une campagne a pour but d’aider différents pays, dont le Congo en poussant les sociétés extractives à publier ce qu’elles paient aux gouvernements des pays pour lesquels elles travaillent. Elle a été lancée sous le nom de « Publish what you pay » par une organisation non gouvernementale (ONG), Global Witness et rejointe par à peu près 300 autres ONG. En prônant la transparence, elle rend difficile les détournements de fonds et la corruption. De plus, elle permet aux populations de suivre un minimum l’économie pétrolière ou minière de leurs pays et ainsi surveiller que les dépenses publiques soient faites dans le but d’améliorer les services de la santé et de l’éducation. Malheureusement, selon le rapport de « Publish what you pay », la transparence reste très insuffisante. D’ailleurs, on peut observer que la compagnie pétrolière TotalFinaElf montre très peu de coopération, elle se situe dans les entreprises les moins performantes. Graphique des performances au sujet de la transparence de différentes compagnies pétrolières 28 La mauvaise gestion n’est pas le seul problème lié au pétrole. Il y a également la corruption, la manigance et les détournements de fonds. Il n’est absolument pas rare qu’un haut dirigeant paye un autre afin d’obtenir ce qu’il veut. 28 Graphique ainsi que le logo (plus haut) issus de http://www.publishwhatyoupay.org/francais/ - 35 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy C’est d’ailleurs ce qu’on peut clairement se rendre compte travers le livre de Harel Xavier 29 , dans lequel plusieurs exemples sont mis en avant. Pour en citer un, je vais résumer l’affaire Alfred Sirven et Jean-Luc Malekat. Lors du gouvernement de transition en 1992, peu avant que Lissouba soit élu président de la République du Congo, une conférence nationale se déroula et exigea que les activités de la compagnies Elf soient mises à clair et qu’une bonne gestion du pétrole soit prouvée. Seulement, Elf refusa de coopérer. Alors, le gouvernement congolais, afin de rembourser une certaine somme qu’il devait à la Banque Mondiale, espérait pouvoir commercialiser lui-même le pétrole sans qu’il doive d’abord passer par Elf. Etant donné que la compagnie pétrolière française refusait cette démarche, l’ancien ministre de l’Economie, Jean-Luc Malekat décide de s’entretenir avec Loik Le Floch-Prigent, le président d’Elf. Seulement, il ne pu avoir un entretien uniquement avec son bras droite, Alfred Sirven. Ce dernier proposa à Malekat 1,5 millions de dollars afin d’assurer à la compagnie Elf qu’il obtiendrait le permis du gisement Nkossa, découvert en 1990. L’ancien ministre de l’Economie, surpris étant donné que peu avant, il affirma à Sirven que Nkossa serait attribué à Elf refusa la somme proposée et s’en alla. Cet entretien suspect qui avait pour but de demander de la coopération de la part de Elf ne permit aucun changement. Elf continue d’empêcher les démarches permettant de rembourser une partie de la dette et de dicter ses règles. Alfred Sirven est récemment décédé à l’âge de 78 ans. Il avait été arrêté deux fois et condamné à trois ans de prison en 2001 Alfred Sirven 30 pour avoir détourné de l’argent au détriment de la compagnie pour laquelle il travaillait. Cet exemple montre bien la corruption qu’il peut y avoir dans les affaires pétrolières. La manipulation d’Alfred Sirven est d’une part en faveur à Elf et donc au détriment du Congo, qui est contrôlé par la compagnie pétrolière, mais d’autre part elle lui est ruineuse, étant donné que l’argent utilisé afin de corrompre des dirigeants est issu de son trésor. 29 30 HAREL Xavier, Afrique, pillage à huis clos, Fayard, 2006 www.rfi.fr/actufr/articles/062/article_33986.asp. - 36 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Le contraste entre pauvreté et richesse Lors de la découverte du gisement Emeraude en 1972, le président de l’époque Marien Ngouabi annonce « De ce jour date 31 la fin du Congo pauvre » . Or, tout prouve le contraire car actuellement, 70% de la population congolaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Etonnant pour un pays riche non seulement en pétrole mais également en forêt et en autres ressources naturelles. Le pétrole, comme l’a déclaré Ngouabi, aurait du permettre au Congo de revivre. Malheureusement, la pauvreté persiste Restaurant de rue à Brazzaville 32 mais pas du côté du président. En effet, on peut remarquer l’énorme contraste entre les pauvres Congolais et le président et ses proches. « Pendant que le peuple croupit dans la misère et le chaos, la cour royale continue à vivre dans une opulence insolente et vaniteuse ». Telles sont les paroles de Ludovic Marchel Kopa, Congolais qui ose divulguer clairement ses opinions à travers son blog personnel 34 . Quartier moderne de Brazzaville 33 D’un côté, la population congolaise, dont 30% souffre de la faim, vit dans des conditions inimaginables. La moitié n’a pas accès à l’eau potable, une grande part est au chômage et les enfants doivent s’asseoir par terre à l’école, du moins pour ceux qui ont la chance de suivre des cours. Très peu de Congolais bénéficient de soins sanitaires étant donné qu’ils n’ont pas les moyens de payer la facture et, de plus, les hôpitaux, qui ont subi, tout comme beaucoup d’autres infrastructures les guerres civiles manquent de personnel et de matériels. La plupart n’ont pas d’électricité, et la faible proportion qui en a, subit très régulièrement des coupures, qui peuvent durer des mois ! Les villes sont extrêmement sales et polluées, ainsi les maladies sont très présentes, notamment la choléra. D’ailleurs, en février 2007, une épidémie s’est déclenchée à Pointe-Noire, dans la région du Kouilou. Plus de 4'000 personnes sont contaminées par le choléra et 80 morts ont été déclarés. L’Unicef, redoutant une propagation dans tout le pays, lança 31 HAREL Xavier, « Afrique, pillage à huis clos », Fayard, 2006, page 37 http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=7179 33 http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=2382 34 http://congoinfos.skyrock.com 32 - 37 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy des démarches de désinfection des eaux de la capitale économique Pointe-Noire, afin de minimiser les victimes. Actuellement, la maladie, caractérisée par des vomissements, des crampes et de la diarrhée persiste. Elle s’est même répandue dans les régions du Niari, du Bouenza et du Pool, où se trouve la capitale Brazzaville, « Brazzapoubelle » telle que Ludovic Marchel Kopa la nomme 35 . Cette épidémie cholérique se déplace donc en direction du Nord. Chambre réservée aux malades du choléra, à Pointe-Noire 36 Afin de justifier la malpropreté des villes et l’état catastrophique de l’hôpital de Brazzaville, le président Denis Sassou Nguesso dénonce l’incivisme. Je cite ses paroles lors d’une interview menée par 37 François Soudan, apparue dans le magazine « Jeune Afrique » ; « Soyons francs […] à propos de la flambée de choléra que nous venons d’évoquer, se pose un vrai problème de civisme de la part des populations urbaines. Quand nous traçons une avenue moderne, telle que l’avenue Marien-Ngouabi, bordée de profonds caniveaux pour évacuer les eaux, et que les riverains y jettent leurs ordures, que se passe-t-il ? A chaque pluie, l’eau déborde des canaux bouchés et se répand sur la chaussée. » Toutefois, Denis Sassou Nguesso avoue le manque de services destinés à la gestion des ordures, je cite ; « Le gouvernement va prendre le taureau par les cornes. Désormais, le ramassage des ordures, qui est largement déficient, et le nettoyage de nos deux plus grandes villes seront du ressort de sociétés privées ou de sociétés mixtes.» Quant à l’hôpital de la capitale, là encore le président parle du manque de civisme de la part des Congolais. A la question « Que s’est-il passé depuis pour que le CHU se retrouve dans cet état ? », Denis Sassou Nguesso répond clairement « L’incivisme. Incivisme des malades, de leurs familles, des 35 http://congoinfos.skyrock.com www.rfi.fr/actufr/articles/086/article_49975.asp. 37 SOUDAN François, « Denis Sassou Nguesso », Jeune Afrique N° 2407, du 25 Février au 3 mars 2007, p.41-44 36 - 38 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy visiteurs, des accompagnateurs, des employés eux-mêmes… […] Je ne dis pas que le CHU n’a pas pris de l’âge, mais avec un peu plus de civisme on aurait pu éviter bien des dérives. » Je pense que les propos du président sont en effet vrais, mais il ne faut pas reposer la faute principalement sur les citoyens, car, si j’ose le dire ainsi, ils font avec ce qu’ils ont. Que doivent faire les Congolais de leurs ordures si aucun service n’est prévu pour leurs ramassages ? A propos de l’incivisme à l’hôpital, il ne justifie pas sa faible activité, qui est due à un manque de personnel et de matériel ainsi qu’aux guerres, qui endommagèrent beaucoup de bâtiments. Il est évident que le civisme, c’est-à-dire le respect de son pays et ses lois contribue au bon fonctionnement de divers secteurs mais il ne suffit pas à assurer leurs activités efficaces et continuelles. La pauvreté n’est pas le seul facteur qui rend la vie au Congo difficile mais également l’insécurité caractérisée par les conflits tribaux et politiques qui suscitèrent de nombreux massacres et viols. Malheureusement, il est difficile de savoir réellement les points de vue des Congolais quant à la situation désastreuse de leur pays. Les Congolais se rendent-ils compte des problèmes que suscite l’activité pétrolière ? Telle question que je est la me suis longtemps posée. Il est évident pour les personnes extérieures, dont moi-même, que le Congo, comme bon nombre d’autres pays africains, est victime de la corruption et de la mauvaise gestion, mais est-ce de même à l’intérieur du pays ? Heureusement, Hervé Devos, membre Normandie de Pool l’Association 38 a Ecole à Brazzaville 39 été d’accord de correspondre afin que je puisse lui transmettre un questionnaire, auquel il m’a très aimablement répondu. Ayant passé plus de six ans au Congo, ses connaissances me furent très utiles. Sa première réponse, qui fut « Les Congolais ont bien conscience de ces problèmes, même ceux de la campagne. Mais le paysan doit-il attendre l’argent du pétrole pour nourrir sa famille ? » parut être une évidence à ses yeux, ce qui le fut moins pour ma part. Il m’est difficile de comprendre que malgré le fait que toute la population congolaise soit au courant des effets néfastes du pétrole, aucune amélioration n’est remarquée. Il est évident que des changements ne se font pas en claquant des 38 Solidarité Internationale, http://www.normandiepool.fr/ - 39 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy doigts, mais une population quasiment complète a-t-elle si peu d’influence face à son propre gouvernement ? « Le peuple congolais a fait son deuil des ressources du pétrole » me répondit-il « Chacun vaque comme il le peut à ses occupations, n'ayant qu'un seul objectif, le matin, c'est de trouver une solution pour remplir la marmite et nourrir la famille » Cette réponse signifie donc que les Congolais n’attendent plus rien du pétrole ? « Pour tous (sauf ceux qui en profitent) la réponse est déjà faite depuis longtemps. Le pétrole ne profite qu'à une élite qui n'a qu'un objectif, c'est de s'enrichir. La notion de bien commun est peu présente. » Les réponses de Hervé Devos me pousse à penser qu’une amélioration des conditions de vie ne dépend que des hauts dirigeants. Malheureusement, la volonté d’enrichissement personnel est plus importante que la volonté de politique, d’organisation. C’est ce que nous allons justement voir maintenant, car hormis la population congolaise qui vit dans la pauvreté, il y a « les autres », ceux qui ne se privent de rien, c’est principalement le cas du président. En effet, Denis Sassou Nguesso ne se contente pas de vivre normalement, il se permet carrément une vie luxueuse. « M. Sassou, dans ses chaussures et costumes de luxe sur mesure, dans ses résidences palaces dans nos 9 régions, dans la solitude de sa Mercédès blindée, dans ses discours ennuyeux, totalement coupés des réalités de notre population souffrante et mendiante des minima vitaux, ne vit qu'au travers d'îlots de prospérité suréquipés, sur meublés, surfacturés,… » Voici les paroles qu’un Congolais, Bruno Ossébi, prononça désespéré en voyant la situation de son pays 40 . A Brazzaville, les pauvres Congolais voient défiler de plus en plus de voitures de luxe alors qu’ils ne demandent juste à recevoir leurs salaires d’il y a trois mois afin de pouvoir se nourrir. Le président est régulièrement en déplacement et doit donc loger dans un hôtel. En 2005, il s’est rendu aux Etats-Unis afin de participer à une assemblée des Denis Sassou Nguesso 41 Nations Unies qui a pour but de diminuer de moitié la part de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Denis Sassou Nguesso réserva donc 26 chambres dans un hôtel réputé de Manhattan. Sassou logea dans une suite avec baignoire jacuzzi, écran plasma et bien d’autres accessoires luxueux. Avec lui, sa délégation, composée d’une cinquantaine de personnes ! Les coûts de ce séjour 39 www.aceiweb.org/photocoeur.htm Citation issue de http://www.congoplus.info/article_congoplus-3280.html 41 http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx 40 - 40 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy de huit nuits au Palace Hotel de la Madison Avenue s’élevèrent à 295'000 dollars, dont environ 30% de cette somme sont les dépenses pour la chambre du président. C’est choquant de penser que pendant que 70% de la population congolaise vit avec moins d’un dollar par jour, leur président ne se prive d’absolument rien lors de son déplacement afin d’organiser la réduction de la pauvreté. Il est d’autant plus choquant que durant l’assemblée, Sassou osa parler de solidarité de la part des pays riches. Ne serait-ce pas plus raisonnable et même normal de la part du président de limiter les dépenses pour un simple séjour à l’étranger alors que son peuple attend désespéramment de voir une amélioration des conditions de vie ? D’autant plus qu’il est peu probable que cet argent vienne de ses propres fonds personnels. Mais ce n’est pas tout ! Denis Sassou Nguesso possède également un appartement à Paris, un hôtel d’une valeur estimée entre 4 et 9 milliards de francs CFA, soit entre 10 et 23 millions de francs suisses ainsi que d’autres appartements en banlieue parisienne Au Congo, depuis son retour au pouvoir en 1997, 42 . le président Sassou et ses proches se sont appropriés une soixantaine de biens, dont des immeubles, des hôtels, des parts de champs pétroliers, des sociétés, des usines et des domaines. Cette grande présence permet au président de garder un contrôle sur tout. Ses proches ne se privent pas de s’offrir des biens coûteux tels que le neveu de Sassou, Edgar Nguesso qui détient une luxueuse villa ou le fils du président, Christel Sassou Nguesso qui profite de son statut de dirigeant de la Cotrade, filiale de la SNPC, afin de s’acheter des articles de haute marque. Tous les proches du président ainsi que d’autres hauts Villa de Edgar Nguesso à Oyo 43 dirigeants sont propriétaires de somptueuses résidences. Ce « système Sassou », c’est-à-dire cet ensemble de sociétés sous le contrôle des proches de Sassou et le président lui-même facilite les détournements de fonds. 42 43 Informations issues de http://www.congoplus.info/article_congoplus-3649.html http://www.flickr.com/photos/les_pauvres_voleurs_congolais/ - 41 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Actuellement, la justice française mène une enquête au sujet de certains présidents africains, notamment Sassou Nguesso. Ces présidents, qui sont propriétaires de luxueux hôtels à Paris sont accusés de détournements de biens publics. Les plaintes proviennent des Organisations Non Gouvernementales, dont Global Witness, et des organisations internationales, notamment l’ONU qui prouvent l’impossibilité pour ces présidents de financer de tels biens coûteux par leurs fonds personnels uniquement. De plus, le fait que la Maison du président de la SNPC, Denis Gokana, 44 Brazzaville plupart des proches du président Denis Sassou Nguesso soient également propriétaires de villas, hôtels ou appartements à l’étranger et au Congo n’améliore pas les soupçons. Le président congolais se défend en répondant que la plupart des chefs d’Etats possèdent de magnifiques résidences, des châteaux ou des villas. L’enquête débuta fin mars 2007 et continue d’être menée. Il n’est pas certain que les faits, sur lesquels les plaintes sont fondées suffisent à condamner les présidents accusés. En plus de détourner des biens publics, le président montre sa mauvaise gouvernance en dépensant l’argent du Trésor Congolais à mauvais escient. Alors que le pays est en manque sanitaire d’infrastructure et scolaire, un palais présidentiel peu utile a été récemment construit à Pointe-Noire. Cette Palais présidentiel, Pointe-Noire 45 construction est scandaleuse et incite à se demander où sont les priorités ? Comment est-ce qu’un président ose faire usage de l’argent du Trésor congolais afin de bâtir un palais dépourvu de sens alors que le peuple demande juste à pouvoir se nourrir et bénéficier d’un minimum de soins ? 44 45 http://congo-biensmalacquis.over-blog.com/categorie-682556.html http://www.flickr.com/photos/les_pauvres_voleurs_congolais/ - 42 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Voici un second exemple de dépenses choquantes des biens publiques! Un aéroport international a été construit à Ollombo, ville située à 15 km du village natal de Sassou. Cette construction est inutile du fait que le pays a déjà deux aéroports, l’un à Pointe-Noire et l’autre à Brazzaville. Les dépenses s’élèvent à 37 milliards de francs CFA, ce qui correspond à environ 92,5 millions de francs suisses. Cette haute somme aurait été plus profitable à la réhabilitation des deux autres aéroports du Sassou lors de l’inauguration de l’aéroport d’Ollombo 46 Congo. Le fait que le président décida de bâtir l’aéroport à proximité de son village natal, laisse penser que cette construction est purement un désir personnel. On observe un énorme contraste entre le peuple congolais, qui vit avec le minimum et le président du pays ainsi que ses proches, qui se permettent n’importe quel petit désir personnel. Le problème, selon Hervé Devos 46 , n’est pas le fait qu’il y ait un contraste, mais de « s’interroger de la provenance de ces richesses et leurs utilisations ». Les recettes pétrolières, si elles étaient réparties de manière équilibrée mais surtout légalement, devraient permettre de réduire la pauvreté et de relancer le développement du pays. Seulement, les destinataires de l’argent de l’Etat restent toujours les mêmes ; les hauts dirigeants ainsi que les proches du président. C’est d’ailleurs ce que confirme Ludovic Marcel Kopa par ces mots ; « le système politique qu’a mis en place Monsieur Sassou Nguesso profite à son clan, et plonge délibérément la population dans la misère et Les destinataires des recettes pétrolières sont toujours les 47 mêmes dans la précarité. » Il ajoute ensuite que le pétrole « n’est pas une misère en soi » mais c’est une ressource qui permet de « gagner vite de l’argent, c’est ce qui aiguise l’appétit des hommes véreux comme le président » 48 . 45 http://www.congoplus.info/article_congoplus-3919.html membre de l’Association Normandie Pool, Solidarité Internationale, http://www.normandiepool.fr/ 47 image tirée de http://congoinfos.skyrock.com/3.html 48 Citation tirée des réponses à un questionnaire envoyé par moi-même. Ludovic Marchel Kopa, Congolais, s’exprime également sur son blog personnel : http://congoinfos.skyrock.com 46 - 43 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy 4. Conclusion Le pétrole a-t-il aggravé la situation économique, sociale et politique du Congo ? Voici la question sur laquelle j’ai basé mon travail mais aucune réponse n’a été clairement mise en avant. Il est difficile d’affirmer que le pétrole est la cause de la pauvreté et de l’insécurité qui règne au Congo. Mais il est évident qu’il n’a pas eu un effet bénéfique et n’a dans tout les cas pas permis un décollage économique comme on l’aurait pu logiquement se l’imaginer. Afin de bien évaluer l’influence du pétrole, il est nécessaire de discerner d’une part la situation du Congo précédant la découverte de l’or noir et d’autre part la situation actuelle du pays. Je vais donc, à travers cette conclusion, tenter de répondre le plus précisément à la problématique, en récapitulant les points essentiels de mon travail. Le Congo était durant de longues années sous le contrôle de la France, qui s’installa dans ce pays africain afin de le coloniser. La colonisation française a permis, bien qu’elle fût rude pour les Indigènes, le développement du pays. D’ailleurs, le Congo était légèrement avancé en comparaison avec ses pays voisins de par le titre attribué à Brazzaville, qui devint en 1910 la capitale d’Afrique Equatoriale Française. En 1960, le Congo atteint son indépendance, seulement, il se passe peu de temps avant que la France reprenne du contrôle sur le pays africain, qui est susceptible de détenir de riches ressources pétrolières. En 1971, la République du Congo prend espoir grâce à la découverte de l’or noir, source de revenus publics qui devrait permettre une amélioration des conditions de vie. Mais, souvenons-nous que durant les années précédant la découverte du pétrole, l’exploitation forestière, bien que très faible, était en hausse régulière. Contrairement à l’exploitation pétrolière, le secteur du bois n’exige pas une grande dépendance au marché international. Le Congo possède les moyens et les connaissances afin d’exploiter sa grande surface de forêt sans avoir recours à des sociétés étrangères. Le secteur forestier, s’il avait été plus pris en considération, aurait été une source de revenus plus sure et régulière que le pétrole. A ce stade, j’observe un premier problème majeur ; le délaissement du secteur du bois. Depuis l’exploitation pétrolière, toutes autres activités ont été oubliées. Or, elles auraient justement dû être une sorte de garantie pour le pays, c’est-à-dire, elles auraient dû assurer des revenus publics stables de telle manière à ce qu’une forte baisse imprévue de production pétrolière ne perturbe pas toute l’économie du pays. Un second problème, malheureusement plus difficile à contrôler se pose ; la corruption. Le pétrole a renforcé la dépendance du Congo au marché international mais surtout à son pays colonisateur, la France. En effet, le pétrole, étant une nouveauté pour le pays, exigea l’aide des compagnies étrangères qui détiennent toutes les connaissances et les techniques nécessaires à l’exploitation pétrolière. - 44 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy De par son ignorance dans le secteur pétrolier, le Congo se fait mener en bateau par les dirigeants des compagnies. Ces derniers cachent les véritables dépenses, telles que les coûts de production. Mais ces mensonges ne leurs suffisent pas, ils vont jusqu’à corrompre d’autres dirigeants, notamment le président du Congo. La corruption est un problème qui touche la plupart des pays africains et qui reste très difficile à maîtriser. La gestion des revenus, est, elle aussi un problème. Tout d’abord, toutes les dépenses et les recettes sont cachées non seulement à la population congolaise mais également au reste du monde. L’opacité de l’économie pétrolière facilite les manigances. De plus, les hauts dirigeants ont ainsi facilement accès au trésor congolais. Il est évident que de loin pas tous les biens du président Sassou n’ont été financés par son propre argent mais surtout grâce aux revenus pétroliers. Le pétrole n’appartient pas au président mais il est un bien public et les Congolais ont le droit d’en exiger ce qui en est issu. Denis Sassou Nguesso avait prévu des projets de développement mais il a surestimé les revenus pétroliers et n’a pas tenu compte de l’instabilité de la production des gisements. Ainsi, tous ces projets ne furent que source d’endettement et ne furent même pas aboutis. A propos d’endettement, les guerres civiles, qui sont la résultante de conflits entre différents politiciens, tous assoiffés de pouvoir, en sont également une des causes. En effet, ces guerres ont réduit le pays, plus précisément les grandes villes, telles que Brazzaville et Pointe-Noire en ruines. Les reconstructions d’après-guerre ont nécessité de nombreux emprunts qui alourdirent une dette déjà suffisamment pesante. Je pense, mais n’ose affirmer que ces guerres, dont les armes ont été financées par les revenus pétroliers, sont les conséquences du pétrole. Le Congo devint un pays plus intéressent pour les dirigeants depuis qu’il montra la présence d’hydrocarbures, ainsi chaque politicien se bat, qu’importe les moyens, afin d’accéder au pouvoir. De plus, les compagnies pétrolières influencent et soutiennent les partis qui leur sont le plus favorables. De manière claire, je pense que oui, le pétrole a eu un effet pervers sur le Congo. Economiquement, l’instabilité et la surestimation des revenus pétroliers ont abouti à l’endettement du pays. Par conséquent, la situation sociale est, elle aussi victime du pétrole. La population congolaise vit dans des conditions précaires, qui ne montrent aucune amélioration. Depuis l’exploitation du pétrole, les Congolais ne sont pas seulement pauvres, mais vivent dans l’insécurité et voient leur pays se démolir. En effet, les guerres civiles, résultant de problèmes politiques, qui sont facilitées grâce au financement des armes par les revenus pétroliers sont, non seulement la cause de l’endettement mais également de la situation désastreuse des infrastructures publiques, qui sont nécessaires au confort de la population. On voit ainsi que les situations économique, sociale et politique sont liées. Un manque économique tout comme les tensions politiques aboutissent à des conditions de vie inconfortables pour la population. Ainsi il est difficile d’évaluer clairement en quoi le pétrole a eu un effet néfaste. - 45 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy Personnellement, je pense que le problème principal est la gestion du patrimoine pétrolier où tout se fait en cachette, à l’abri des dénonciateurs. La corruption, les manigances et les détournements de fonds sont facilités grâce au non accès de chiffres nécessaires au bon fonctionnement d’un domaine. Il est évident que je ne peux pas affirmer que le responsable des problèmes au Congo est le pétrole. Mon travail eut pour but d’éclairer, de comprendre en quoi le pétrole a eu de l’influence sur le pays, mais j’ignore encore de nombreuses choses détachées de tout rapport avec le pétrole qui n’aident certainement pas le pays à se développer. Je fais allusion, par exemple, à la situation politique du pays. En effet, l’avis du peuple n’est quasiment jamais pris en compte, « la population est muselée, la 1 liberté d’expression est proscrite », ainsi sont les mots de Ludovic Marchel Kopa . Il est donc difficile d’accuser le pétrole de tous les malheurs du Congo, mais il est certain qu’il a une grande part de responsabilité quant à la désastreuse situation économique, aux conditions de vie misérables et aux problèmes politiques du pays. 1 Citation tirée des réponses à un questionnaire envoyé par moi-même. Ludovic Marchel Kopa, Congolais, s’exprime également sur son blog personnel : http://congoinfos.skyrock.com - 46 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy 5. Bibliographie Ouvrages généraux HAREL Xavier, Afrique pillage à huis clos, comment une poignée d’initiés siphonne le pétrole africain, fayard, 2006 Livre très intéressent mettant en avant essentiellement les manigances, la corruption et les détournements de fonds qu’il y a dans le domaine pétrolier BORDAS Encyclopédie, « Congo », Volume III p. 1221-1222 Quelques informations brèves et générales qui m’ont été utiles pour la présentation du Congo. MASSENGO, Gualbert-Brice, L’économie pétrolière du Congo, l’Harmattan, 2004 Livre qui m’a été d’une très grande utilité, notamment pour certaines graphiques mais surtout pour comprendre l’importance du pétrole dans l’économie du pays. KOULA Yitkhak, Pétrole et Violences au Congo-Brazzaville, les suites de l’affaire Elf, l’Harmattan, 2006 Ce livre m’a peu servi étant donné qu’il traitait essentiellement les guerres, mais néanmoins quelques exemples de manigances dans le secteur pétrolier. Articles « Les millions envolés du pétrole congolais », la Tribune, 13 décembre 2005, p.34 TALLA Blaise-Pascal, « Congo, sortir de la dictature du pétrole », Jeune Afrique Economie N°365, juillet/août 2005, p.44-45 SOUDAN François, « Denis Sassou Nguesso », Jeune Afrique N°2407, 25 février au 3mars 2007, p.41-44 VOKOUMA Joachim, « Congo, polémique autour de l’or noir », Jeune Afrique Economie N°349, 3 au 16 mars 2003, p.50-51 LUNEAU Gilles, « Pétrole : fuite au sommet de l’Etat », Le Nouvel Observateur, 17 au 23 août 2006, p.38 FREY Cyril, « Le pétrole, et après ? », Le Nouvel Observateur, 15 au 21 octobre 1998, p.51 Sites Internet http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx Source de l’image en page de couverture http://www.humanite.presse.fr/journal/2007-02-03/2007-02-03-845266 « Cette malédiction de l’or noir qui prive l’Afrique de sa richesse » http://www.economiematin.com/article.php3?id_article=4906 L’Afrique et son économie en hausse grâce aux richesses naturelles. http://www.lexpressiondz.com/T20070201/ZA10-5.htm « L’Afrique ou les dérives d’un continent » http://www.congopage.com/article.php3?id_article=4500 Quelques informations sur le président « Sassou a tué la République congolaise en instaurant une situation monarchique » http://www.tchad-info.net/articles/voir_art.php?idart=5527 Informations assez générales sur la misère des pays africains producteurs - 47 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy http://www.africatime.com/Congo/nouvelle.asp?no_nouvelle=305229&no_categorie= La corruption au Congo : malgré les richesses naturelles, il y règne la pauvreté http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=2425 Croissance économique du Congo http://www.congopage.com/article2735.html L’économie pétrolière au Congo (d’après le livre de MASSENGO Gualbert-Brice, « L’économie pétrolière du Congo », l’Harmattan, 2005) http://www.congopage.com/article4220.html Découverte de gisements importants au Congo http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/NEWSFRENCH/0,,contentMDK:21208807~menuPK:1082261~p agePK:34370~piPK:34424~theSitePK:1074931,00.html Comment faire pour réduire la pauvreté au Congo http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=2202 Guerre civile du Congo http://www.congoplus.info/article_congoplus-2507.html La pauvreté du Congo est-elle due au pétrole ? http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9trole Informations générales sur le pétrole http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_du_Congo Informations générales sur le Congo Brazzaville http://survie.69.free.fr/Documents/pays/congobrazza.htm Historique du Congo Brazzaville http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/congo.htm Informations sur le pays http://www.congopage.com Site du Congo, comprenant de bonnes informations sur le pays (histoire, Indépendance, culture, économie, etc.…) http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=758 Quelques informations sur l’endettement du Congo http://www.euro-petrole.com/news_details.php?cat=1&id=1052 et http://www.congoplus.info/article_congoplus-2929.html Découverte par Total de pétrole en Moho-Bilondo (du pétrole de bonne qualité) http://www.congoplus.info/article_congoplus-2903.html Quelques informations sur les biens luxueux du président et ses proches http://www.izf.net/izf/Guide/Congo/Default.htm Bonnes informations sur le Congo : infos générales du pays, ses exportations et ses importations, ses dettes, infos sur le pétrole au Congo http://www.republique-congo.com/ Nombreuses et intéressantes informations sur le Congo (dont des graphiques, cartes et photos) http://www.reseau-ipam.org/article.php3?id_article=257 Informations sur l’initiative PPTE http://www.mefb-cg.org/actualites/page26.htm Article sur l’annulation d’une partie de la dette du Congo http://www.izf.net/IZF/Actualite/RDP/2006/congo.htm Actualité concernant la dette extérieure http://www.ambafrance-cg.org/article.php3?id_article=38 A propos de la colonisation française au Congo et son Indépendance http://www.indesens.org/article.php?id_article=58 Informations sur les guerres civiles des années 1990 http://www.afriqueindex.com/Pays/Congo/solid_cong.htm Informations sur des ONG au Congo http://www.snpc-group.com/ Site de la SNPC (Société Nationale des Pétrole du Congo) - 48 - Le pétrole au Congo Natacha Cossy http://www.congopage.com/article4647.html Information sur l’incendie sur la plate-forme Nkossa provoquant 2 morts http://www.secours-catholique.asso.fr/telechargements/petrole_congo.pdf Importantes informations au sujet des différents gisements pétroliers http://suis-jeleseulcommecela.hautetfort.com/afrique/ Plusieurs informations sur le contraste au Congo (riche-pauvre). Egalement une vidéo http://www.mwinda.org/article/miserephotos.html Photos de la pauvreté à Brazzaville http://www.publishwhatyoupay.org/francais/ Site officiel de la campagne « Publiez ce que vous payez » http://www.congoplus.info/article_congoplus-3649.html et http://www.infosplusgabon.com/article.php3?id_article=1308 et http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=19588 Articles sur la mise en accusation de différents présidents africains pour détournements de biens publics http://www.congoplus.info/cpress_congoplus-3608.html Dépenses luxueuses du fils du président Sassou qui est également le dirigeant de la Cotrade http://www.congoplus.info/article_congoplus-2621.html et http://www.congoplus.info/article_congoplus-3201.html Informations sur l’épidémie cholérique au Congo http://congoinfos.skyrock.com/ Blog personnel d’un Congolais mettant en avant les problèmes actuels du Congo www.globalwitness.org Articles intéressants http://pro.corbis.com/search/searchFrame.aspx Magnifiques photos Contact DEVOS Hervé, Solidarité Internationale, Association Normandie Pool, http://www.normandiepool.fr/index.htm KOPA Marchel Ludovic, Congolais http://congoinfos.skyrock.com 6. Remerciements Après neuf mois, ce travail est enfin abouti. Malgré beaucoup de stress et de périodes décourageantes, ce TM m’a appris beaucoup de choses, notamment la recherche, le tri et la synthèse des informations, l’écriture et l’utilisation de l’informatique. Sans oublier tous les renseignements que m’a apporté l’étude d’un pays en difficulté. Je tiens tout d’abord à remercier Monsieur Etienne Steiner, le maître responsable de ce TM, qui fut toujours très disponible et organisé. Ses corrections furent faites dans des délais épatants et ses conseils fructueux. Je remercie Monsieur Hervé Devos, membre d’une association de Solidarité Internationale qui accepta de correspondre afin de m’éclaircir divers points quant à la population congolaise. Un grand merci également au Congolais Ludovic Kopa, qui, lui aussi a répondu aimablement à mon questionnaire. Les informations obtenues grâce à ces deux contacts m’ont permis d’avoir un point de vue différent à ceux mis en avant dans les livres et ainsi me sentir plus proche du Congo. Finalement, j’aimerais remercier ma famille, qui pendant cette longue période de stress a du supporter mes humeurs parfois grincheuses et désagréables. - 49 -