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présente certaines contradictions insolubles de même que certaines faiblesses notoires,
notamment une constante inflation et des déficits commerciaux. La priorité est
systématiquement accordée à l’industrialisation au détriment de l’agriculture, alors que
les inégalités économiques persistent
7
La transition et l’ouverture de l’économie mexicaine représentent des éléments d’une
plus grande transformation de l’économie mondiale, transformation liée à l’échec du
système de Bretton Woods. Elle débute avec l’accumulation d’une phénoménale dette
extérieure durant les années 1970 grâce à la disponibilité du crédit et aidée en cela par
les réserves pétrolières. Alors que la hausse des taux d’intérêt asphyxie de plus en plus
la dette, le gouvernement n’est plus en mesure d’effectuer les paiements sur celle-ci.
L’administration López Portillo déclare un moratorium sur la dette en 1982, déclenchant
la crise de la dette qui engouffre plusieurs pays du Sud. La socialisation de la dette par
des prêts par le FMI et la Banque Mondiale crée le contexte de la réorientation en
profondeur de l’économie mexicaine. Ces changements sont suivis par une vague de
privatisations à la pièce. Le secteur manufacturier qui, auparavant, est organisé selon la
demande de consommation interne, est réorienté vers les exportations, en grande partie
par l’expansion du secteur des maquiladora. Finalement, le commerce international est
libéralisé alors que le Mexique joint le GATT en 1986 et l’Aléna huit ans plus tard
8
.
Le Mexique dont on parle aujourd'hui est donc un pays qui s’est profondément
transformé au cours des vingt-cinq dernières années. Deux traits de l’économie politique
du Mexique ressortent de cette transition. D’une part, il faut noter le haut degré de
dépendance de l’économie mexicaine vis-à-vis des États-Unis. Ceux-ci représentent de
loin le plus important partenaire commercial du Mexique. En 2008, 73,1% des
exportations mexicaines sont destinées aux États-Unis (le Canada vient au second rang
avec 6.2%)
9
. D’autre part, le Mexique doit continuellement accumuler des devises
étrangères afin de servir sa dette extérieure (d’où une constante préoccupation pour une
balance commerciale positive et un haut niveau de réserves de devises fortes). Au cours
des vingt dernières années, il y a eu une réduction drastique des dépenses sociales.
Alors que le gouvernement fut l’institution responsable de garantir le bien-être sociétal
durant la période d’ISI, le marché assure aujourd'hui ce rôle
10
.
La transition économique vers le néolibéralisme entraîne également une réingénierie
(restructuration) des salaires. S’appuyant sur une analyse de Portes et Hoffman,
Shefner soutient que « la baisse annuelle des salaires varie de 7.7% à 12.3% durant
une période de déclin quasi ininterrompu de 1982 à 1997. En 1998 Les salaires réels
équivalaient à 57% des salaires réels de 1980; le salaire minimum en 1998 représentait
29.5% du salaire minimum de 1980. »
11
Certains observateurs de la scène mexicaine
avancent que, dans le cadre de ce nouveau régime politico-économique, le véritable
7
Thomas Perreault et Patricia Martin, “Geographies of neoliberalism in Latin America”,
Environment and Planning A., vol. 37(2): 2005, pp. 191-201.
8
Patricia Martin, “Comparative topographies of neoliberalism in Mexico”, Environment and
Planning A, vol. 37(2), 2005, pp. 203-220.
9
CIA World Factbook, https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/mx.html
accès le 24 août 2009.
10
Laura Carlson, op. cit.
11
Alejandro Portes et Kelly Hoffman, “Latin American Class Structures: Their Composition and
Change during the Neoliberal Era, Latin American Research Review, vol. 38(1), 2003, pp. 41-
82; Shefner, op cit., p. 9.