__ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ IMAGERIE ANALOGIQUE PAR ATTÉNUATION Radiologie conventionnelle Parmi les ondes électromagnétiques utilisées en médecine, les rayonnements, ou rayons X, ont un statut privilégié. C'est en 1895 que le physicien allemand RŒNTGEN observa un rayonnement pénétrant, émis lors de l'interaction des rayonnements cathodiques (électrons émis par décharges électriques) et d'une cible matérielle. Un flux d'électrons, particules non pénétrantes découvertes la même année par PERRIN, émettait un rayonnement inconnu (rayons X) lorsqu'il était arrêté par des atomes, en particulier par des atomes lourds. Ce rayonnement est l’objet d’une intense recherche internationale, il - était détectable par phénomène de fluorescence sur un écran adapté - gardait un parcours sensiblement rectiligne en traversant la matière - n'était pas dévié par un champ électrique, ni par un champ magnétique - était d'autant mieux absorbé que la structure absorbante était composée d'éléments lourds. Ainsi naissait la première technique d'imagerie médicale, par la radiographie de la main de Mad RŒNTGEN, photographiée sur un écran fluorescent. La différence d'absorption des tissus mous (eau), par rapport aux tissus solides (os) permettait d'obtenir une image de l'intérieur de l'organisme vivant en dessinant l’ombre des structures les plus absorbantes. Chaque image nécessitait une pose de plusieurs minutes, le tube devait chauffer au préalable plusieurs heures. Depuis plus de 110 ans, la radiologie permet l'étude des organes internes par l'étude de la différence d'absorption des structures anatomiques traversées par le rayonnement X. Suite à la radioscopie, l'amélioration des techniques a amené la radiophotographie, la radiographie puis la tomographie. L'introduction de l'informatique médicale a conduit aux techniques de pointe que sont actuellement la radiologie numérisée et la scanographie. La radiologie conventionnelle consiste en l'exploration de structures anatomiques internes par l'étude d'une image planaire (deux dimensions), résultat de l'absorption d'un faisceau homogène de rayons X, traversant un organisme hétérogène. faisceau homogène ____ Dr S. Coequyt milieu hétérogène faisceau hétérogène récepteur 2005 __________________________________________________ 10 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Le principe de l’imagerie analogique par atténuation impose d’analyser une image en deux dimensions (le film) qui représente une réalité en trois dimensions (l’organe radiographié). Il existe un phénomène de superposition des éléments anatomiques et de ce fait un examen radiologique nécessite plusieurs incidences, par exemple : - rachis de face, de profil, de 3/4. - thorax de face, de profil. - crâne, quatre incidences. I PRODUCTION ET CARACTÉRISTIQUES DU RAYONNEMENT X I - 1) Nature des rayons X Les rayons X sont des rayonnements de type électromagnétique ionisants produits lors du changement de l'état énergétique d'un électron. Cet électron est atomique, par définition lié au noyau, c’est le rayonnement de fluorescence, ou libre après accélération, c’est le rayonnement de freinage. Ils sont de même nature que les rayonnements g , mis à part que ces derniers sont émis suite à une transformation de l'état énergétique du noyau atomique et non pas de celui de l’électron. En représentation particulaire, il s'agit de photons d'énergie d’environ 100 eV à plusieurs GeV pour les rayons X très énergétiques produits par les grands accélérateurs de particules utilisés en recherche. Ce sont des rayonnements ionisants. On rappelle l'énergie d'ionisation ( couche K) de quelques atomes importants du point de vue biologique : O : 13,6 eV H : 13,5 eV C : 11,2 eV N : 14,2 eV Un rayonnement qui possède une énergie supérieure à cet ordre de grandeur est capable de produire une interaction libérant un électron lié à un atome composant la matière vivante. De façon un peu arbitraire, on admet que les rayonnement X ou g sont des rayonnements ionisants, alors que les rayonnements ultraviolets, visibles ou infrarouges sont non ionisants. La frontière énergétique est d’environ 10 eV. En effet, les rayonnements UV ont une longueur d'onde comprise entre 100 et 400 nm. La relation de Duane et Hunt (cf. p. 6) montre que la plus grande énergie correspond à la plus faible longeur d’onde. 1240 1240 soit hν = = 12, 4 eV , hν ( eV) 100 ce qui est approximativement la valeur de l’énergie frontière pouvant être à l'origine d'un phénomène d'ionisation. λ ( nm ) ____ Dr S. Coequyt = 2005 __________________________________________________ 11 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ En pratique pour les applications médicales, il faut retenir les ordres de grandeurs suivants : - Rayons X mous de 100 eV à 25 keV - Rayons X utilisés en imagerie médicalede 25 keV à 130 keV - Rayons X durs utilisés en radiothérapie de 130 keV à 20 MeV I - 2) Origine des rayons X Les électrons libres, émis avec une grande énergie cinétique ou accélérés dans le vide par une différence de potentiel, produisent des rayonnements X, lors d'une interaction avec les noyaux atomiques de la matière qui composent la cible (cf. p. 15). I - 2 - 1) Données expérimentales L'expérience montre qu'il existe deux modes de production des rayons X, ce qui est résumé par le spectre d'émission (spectre 1), c'est à dire par la quantité de dN photons émis en fonction de leur énergie. dE La représentation peut aussi se faire en fonction de la longueur d’onde et la décroissance est alors asymptotique (spectre 2). dN dE spectre 1 L dN = f (E) dE K N = E max ∫ f ( E ) . dE 0 ( surface sous la courbe de 0 à E max ) 0 100 50 200 150 E (keV) spectre 2 dN dλ dN = f (λ) dλ K N = L λ 0 ____ Dr S. Coequyt λ max ∞ ∫ f ( λ ) . dλ λ0 λ (nm) ( surface sous la courbe de l 0 à l’infini ) 2005 __________________________________________________ 12 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Le spectre expérimental est la superposition d’un spectre continu et d’un spectre de raies. Le spectre continu correspond au rayonnement de freinage, c’est à dire à l’interaction entre l’électron et le champ coulombien des noyaux de la cible. Le spectre de raies correspond au rayonnement de fluorescence, c’est à dire à l’émission discontinue d’énergie photonique lors de la transition d’un électron de la cible qui rejoint son état fondamental après excitation. I -2 - 2) Fluorescence Les mesures expérimentales des énergies de liaison des électrons aux noyaux atomiques, étudiées par spectrométrie des rayons X sont résumées par la loi de MOSELEY (1912) . E = a ( Z - a ) 2 où a est une constante dépendant des unités Z est le numéro atomique de l’élément étudié a est une constante dépendant de la couche électronique, pour fixer les idées a = 3,5 pour la couche K . ν En réalité, la mesure des fréquences étant plus précise, les courbes expérimentales étaient des droites exprimant la racine de la fréquence en fonction du numéro atomique. L K En tenant compte de E = h n , il vient : α ( Z - a ) ν = h Z est caractéristique d’un élément. 10 (Ne) 50 (Sn) Z L'explication a été fournie plus tard par le modèle de BOHR (1913). L'atome qui a subi une ionisation ou une excitation (1) n'est plus dans son état stable. Il retrouve en quelques microsecondes par transition électronique, son niveau de plus basse énergie, l'état fondamental (2), en émettant un rayonnement X (3) appelé rayonnement X de fluorescence (schéma p. 14). ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 13 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ L'énergie libérée lors de la transition d'un électron de la couche i vers la couche j est retrouvée sous forme de rayonnement X et est exprimée par la formule de BOHR. ⎛1 1⎞ E = E0 . ⎜ 2 − 2 ⎟ nj⎠ ⎝ ni Remarques : - si l'appareil de mesure, le spectromètre, est suffisamment précis, la morphologie de la raie est plus complexe. Ce résultat expérimental nommé dégénérescence des niveaux d’énergie est interprété par les sous-niveaux énergétiques dus aux autres nombres quantiques (l, m, s...) du modèle de SOMMERFELD. - le rayonnement de fluorescence est caractéristique de la cible sur laquelle sont projetés les électrons accélérés. 1 M : n=3 L : n=2 2 K 3 K : n =1 hν2 L hν1 M Voici trois représentations du phénomène de fluorescence : dΦ dE - l’aspect intuitif du modèle de BOHR - l’aspect théorique simplifié - l’aspect réel des mesures expérimentales, la spectrométrie témoigne de la réalité des transitions. hν2 hν1 E Ces représentations objectivent le retour des électrons excités vers un état plus stable, soit en fin de course vers l’état fondamental dont l’énergie est la plus faible. I - 2 - 3) Rayonnement X de freinage Ce rayonnement à spectre continu est le plus important en pratique médicale, il survient lors de l'interaction entre le champ coulombien des électrons incidents et le champ des l’atomes de la cible. Le rayonnement de freinage a un spectre continu limité par une fréquence maximale v0 , directement liée à l'énergie cinétique des électrons incidents accélérés. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 14 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ ν 0 = E cin. Biophysique et Imagerie Médicale __ 1 h Dans le domaine non relativiste, et c’est le cas en imagerie, n0 s'écrit : ν0 = m. v 2 1 2 h n 0 est la fréquence maximale m la masse de l'électron v sa vitesse h la constante de Planck. 1 m v 2 est l’expression classique de l’énergie cinétique maximale 2 des électrons accélérés. schéma de principe d’un tube émetteur de rayons X enceinte sous vide I rayons X e- ddp = 5 V e- basse tension e- cathode Z e+ ddp = 100 kV haute tension e- anticathode (anode) - les électrons incidents sont émis par effet thermoélectronique, lors du chauffage du filament par effet Joule par l’alimentation basse tension. Le courant électronique est exprimé en coulomb par seconde, donc en ampère. - la cible est composée d'atomes possédant les Z charges électriques élémentaires positives ( e+) des Z protons du noyau. Le numéro atomique est élevé, par exemple Z = 74 pour le tungstène. - du freinage des électrons incidents par le champ des noyaux de la cible résulte une perte d'énergie cinétique qui est récupérée sous forme de rayonnement électromagnétique : les photons X . II ASPECTS QUALITATIF ET QUANTITATIF DU SPECTRE CONTINU En première approximation, c'est à dire, sans tenir compte le l'auto-absorption, le spectre du rayonnement X de freinage a l'allure d'une droite. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 15 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ L’équation est celle d'une droite décroissante (- E), s'annulant pour E = Emax. , et dont la pente dépend d’une constante K, fonction des unités. dΦ dΦ = f ( E) dE = K (E max. − E ) dE = - K ( E - E max. ) E max E II - 1) Distribution spectrale L’énergie des photons Emax s’interprète aisément. Il s’agit aussi de l’énergie cinétique maximale des électrons incidents, lorsque le freinage est total et que toute l’énergie cinétique de l’électron est transformée en photons. 1 - cible mince dΦ dE idéalement, c’est une cible monoatomique la 0 E max E densité spectrale du dΦ rayonnement X , est constante, dE la répartition de l’énergie est constante de 0 à E max 2 - cible épaisse dΦ dE une partie de l’énergie des électrons est déjà transformée en photons, l’énergie cinétique résiduelle est plus faible 0 E max E la densité spectrale diminue de 0 à E max. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 16 ——— dΦ dE __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ 3 - spectre expérimental dΦ le spectre observé est un peu différent du spectre théorique, ceci parce que la cible arrête les électrons, mais aussi les photons X émis lors de l’interaction : c’est le phénomène d’auto- absorption l’auto-absorption est plus importante pour les faibles valeurs de l’énergie cinétique des électrons incidents dE 0 E max E Le nombre de photons X émis dépend : - du nombre d'électrons incidents interagissant avec les atomes de la cible, c'est à dire de l'intensité du courant électronique I , exprimé en Ampère, qui atteint la cible. - de l'importance du freinage des électrons dû à l'attraction coulombienne, donc du nombre de charges positives présentes dans les noyaux de la cible, c'est à dire du numéro atomique Z . Soit N le nombre de photons émis N = k.I.Z Lorsque I ou Z augmentent, N augmente et la densité spectrale croit dans le même sens. II - 2) Flux de rayons X II - 2 - 1) Rôle de I , de Z et de la différence de potentiel accélératrice D'après ce qui précède, la densité spectrale peut s'écrire : dΦ = k.I.Z (E max. − E ) ( éq. 1) dE de façon générique, k note une constante dépendant des unités. La qualité de l’image radiologique, tant en ce qui concerne l'information diagnostique que l’optimisation de l'irradiation du malade dépendra du flux de rayons X reçu par le récepteur, ce qui s’exprime par l’égalité : E max. Φ = ∫ dΦ 0 ____ Dr S. Coequyt E max. = ∫ 0 dΦ . dE dE 2005 __________________________________________________ 17 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ dΦ Biophysique et Imagerie Médicale __ Φ est la surface sous la courbe, c' est donc la surface du triangle dE ⎧ ⎛ d Φ⎞ ⎫ de sommets ⎨ 0 , E max. , ⎜ ⎬ ⎝ d E ⎠ E= 0 ⎭ ⎩ 0 E max soit Φ = E 1 2 ⎛ d Φ⎞ .⎜ .E ( éq.2) ⎝ d E ⎠ E= 0 max. En faisant E = 0 dans éq. 1 et en combinant avec éq. 2 , il vient : ⎛⎜ d Φ ⎞ ⎝ dE ⎠ E= 0 = k . I . Z . ( E max ) k' . I . Z . ( E max 2 ) soit Φ = 2 (éq.3) Un électron accéléré par une différence de potentiel de un volt, acquiert une énergie cinétique maximale de un électronvolt. On peut en fin de compte exprimer le flux de rayons X en fonction le l'intensité traversant le tube, du numéro atomique des atomes composant la cible, et de la différence de potentiel accélératrice V par la formule : Φ = k .I.Z.V 2 II - 2 - 2 Rôle du paramètre temps Les paramètres I , Z et V étant fixés, le nombre de photons X émis, proportionnel au nombre d'électrons incidents, sera aussi proportionnel à la durée de l'émission des électrons. Un système physique produisant des rayons X émet ainsi un flux de photons fonction : - de l'intensité du faisceau électronique incident exprimé en milliampère (mA) - de la différence de potentiel accélératrice entre l'anode et la cathode, exprimée en kilovolt (kV) - du temps d'émission électronique exprimé en milliseconde (ms). k et Z sont fixes pour un système donné, il reste : Φ = constante . I . V 2 . t En pratique deux paramètres physiques priment pour la réalisation correcte d'un cliché radiologique : - le produit I . t , agissant sur la quantité de photons X émis, c'est le facteur quantitatif exprimé en mAs (milliampère seconde) - V , agissant sur la qualité énergétique du faisceau c'est le facteur qualitatif ou kilovoltage, exprimé en kV (kilovolt). ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 18 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Enfin on rappelle qu’un flux de rayonnement électromagnétique obéit à la loi de l’inverse du carré de la distance, illustrée ci-dessous, conséquence directe du théorème de Thalès. 1 loi en ⎡ 2 ⎤ ⎣d ⎦ par exemple, si on double la distance entre la source et l’écran, le flux devient : Φ2 Φ1 S1 d S 2= 4 . S 2d 1 Φ2 = Φ1 4 II - 3) Direction d’émission 100 keV e- X 10 MeV bétatron ( 10 MeV ) L’expérience montre que la direction de l’émission des rayons X , par rapport à la direction des électrons incidents dépend de l’énergie de ces électrons, c’est à dire de la tension accélératrice. (indicatrice d’intensité) tube de Coolidge ( 100 keV ) III TUBES ÉMETTEURS DE RAYONS X Le flux de rayons X est fonction de l'intensité du courant électronique, de la tension accélératrice ainsi que de la durée de l'émission électronique. Ce flux conditionne la qualité de l'image radiologique, de ce fait un générateur de rayons X pour les applications en imagerie médicale doit comporter : - une alimentation électrique adaptée générant les tensions nécessaires, essentiellement la haute tension continue, mais aussi la basse tension - le tube producteur de rayons X proprement dit ou tube de COOLIDGE - un pupitre de commande pour contrôler les paramètres ; en général : ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 19 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ I (mA) V (kV) t (ms) Biophysique et Imagerie Médicale __ de 10 à 1000 mA de 25 à 130 kV de 0,1 à 1000 ms Pour les clichés standardisés I et t sont couplés en mAs. III- 1 ) Alimentation Le courant initial peut être le courant alternatif usuel, 220 V - 50 Hz, ou le courant triphasé 380 V - 50 Hz. Deux circuits sont à alimenter, le circuit basse tension pour générer les électrons par effet thermoélectronique et le circuit haute tension pour accélérer les électrons émis. Bien entendu cette haute tension doit être continue afin que les électrons subissent toujour une accélération dans le même sens. Il faut redresser la tension, après l'avoir amplifiée pour obtenir une haute tension continue d'environ 100 kV. - amplification Le phénomène physique en cause est décrit par la loi de Faraday qui traduit les phénomènes d'induction électromagnétique. Le circuit primaire est branché sur le secteur, le circuit secondaire délivre une tension d'environ 50 kV pour la radioscopie ou de 100 kV pour la radiographie. Mais il s'agit toujours d'un courant alternatif représenté par une fonction sinusoïdale, seule la dynamique du signal change. + 100 kV 100 k V - 100 kV temps + 220 V 220 V - 220 V temps - redressement Pour accélérer les électrons entre l'anode et la cathode du tube à rayons X , toujours dans le même sens, il faut redresser le courant alternatif. De l’efficacité du redressement dépend la puissance du tube et donc la possibilité d’obtenir une image de bonne qualité. 1 - redressement à une crête On utilise deux diodes en opposition. Rappelons qu’une diode est un dispositif dont la résistance est infinie pour un sens du passage du courant et ne laisse donc passer le courant que dans une seule direction. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 20 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ T = 1 / 50 s Emission X , une alternance sur deux, toutes les 20 ms. 2 - redressement à deux crêtes Le montage nécessite un pont de quatre diodes. Emission X continue dont la puissance n'est pas constante. 3 - améliorations techniques Pour augmenter la puissance des tubes, on utilise des montages à 6 ou 12 redresseurs dont le courant primaire est le courant triphasé. Le taux d'ondulation, défini par le rapport de l'amplitude du courant variable à celle du courant continu est alors de l'ordre de 10%, au lieu de 100% pour les montages à une ou deux crêtes. Cette technologie autorise une imagerie rapide en diminuant les temps de pose (paramètre t ). 100 % ____ Dr S. Coequyt 10 % 2005 __________________________________________________ 21 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Actuellement, le montage étoile-triangle à 12 redresseurs permet d'obtenir un taux d'ondulation de l'ordre de 3%, doublant la puissance d'un tube générateur de rayon X et permettant la prise de cliché de durée brève, de quelques millisecondes. III - 2 ) Tube de Coolidge Le tube à rayons X, ou tube de Coolidge est une ampoule de verre transparente aux rayons X, au sein de laquelle règne un vide poussé afin d'éviter les interactions entre les électrons accélérés et les molécules présentes sur leur trajet. La cathode est un filament de tungstène chauffé par effet Joule qui émet des électrons par effet thermoélectronique. L'anode ou anticathode est la cible des électrons accélérés dont l’interaction avec les noyaux transforment l'énergie cinétique de ces particules en rayonnement X. Le tube de Coolidge est alimenté par la basse tension qui porte en incandescence le filament producteur d'électrons et par la haute tension continue, accélératrice des électrons. refroidissement (2) W (3) (1) (4) Cu (2) Pb basse tension 6V haute tension 100 kV Al tension du secteur 220-380 V Les électrons émis par la cathode (1) sont focalisés par une électrode de concentration (2) , atteignent l'anode en général en tungstène (W) (3) après accélération par la haute tension continue. Une partie de leur énergie cinétique est transformée en rayonnement électromagnétique. La pièce de cuivre (Cu) , sert aux transferts thermiques pour le refroidissement. Le blindage en plomb (Pb) contrôle la direction du faisceau de rayons X qui est ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 22 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ ensuite filtré par une plaque de cuivre ou d’aluminium pour éliminer les rayons X mous. La quasi totalité de l'énergie cinétique des électrons incidents est dissipée en chaleur (de l'ordre de 99%). Cette chaleur est évacuée par rayonnement ou par conduction, d'où l'utilisation du cuivre, excellent conducteur thermique comme composant principal de l'anode. Le foyer d'impact des électrons est composé de tungstène mécaniquement plus résistant, surtout pour les hautes températures. Les tubes sont à anode fixe ou à anode tournante. La dissipation calorique est favorisée par l’augmentation de la vitesse de rotation de l’anode en complément d’un fluide circulant dans la masse de celle-ci. Sans entrer dans les détails les schémas suivants illustrent les différents procédés inventés pour aboutir à un flux le plus homogène possible, eu égard aux contraintes techniques et économiques. anode fixe, pour les tubes de faible puissance (par exemple en radiologie dentaire) anode tournante, dans la plupart des cas (augmentation de la surface émettrice) anode tournante à double foyer (tubes modernes les plus performants) ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 23 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ IV INTERACTION DES RAYONS X ET DE LA MATIERE Les photons X sont des rayonnements pénétrants, cependant, dès leur découverte, RŒNTGEN avait observé une propriété des écrans composés d'éléments lourds (plomb...) : la diminution du flux sortant par rapport au flux entrant. e- ionisation excitation fluorescence e- Ze e- + freinage X Les particules chargées, pour imagerie médicale ce sont des électrons accélérés, interagissent avec les électrons atomiques de la cible (excitations et ionisations) et créent un phénomène de fluorescence secondaire. Elles agissent aussi sur les noyaux de ces atomes, ce qui est à l’origine du rayonnement de freinage. Ces phénomènes étudiés précédemment sont exploités pour la production des rayons X . (tube de Coolidge) Les rayons X interagissent eux aussi avec la matière. La compréhension biophysique de cette interaction est à la base même de l’interprétation des images radiologiques. Le flux de rayons X agit sur les électrons et sur les noyaux de la matière provoquant des phénomènes - électroniques : effet Compton, effet photoélectrique, diffusion Thomson - nucléaires : réaction photonucléaire, matérialisation, diffusion Thomson. e- effet Compton eeffet photoélectrique Ze + ee+ réaction photonucléaire matérialisation effet Thomson ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 24 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ L'interaction des rayons X avec la matière intervient essentiellement sur les électrons atomiques rencontrés. L'absorption du rayonnement sera d'autant plus important que le numéro atomique de l'atome composant le milieu (la structure tissulaire) sera élevé. IV - 1) Aspect microscopique IV - 1 - 1) Effet photoélectrique Le photon X , d’énergie hn communique l’intégralité de son énergie à l’électron atomique dont l’énergie de liaison est E i (énergie de la couche i ). Le photon disparaît et l’électron est éjecté en possédant une énergie cinétique E cin. telle que : E cin. = hn - E i Réorganisation secondaire de l’arrangement électronique : (1) : émission d’une cascade de photons de fluorescence d’énergie E = Ei-Ej , ( E K - E L est représenté) et apparition d’une série de raies mesurables E cin. hν eK Ze L j + (1) (2) (2) : émission d’un électron Auger E auger = ( E K - E L ) - E j Les électrons éjectés sont en pratique totalement absorbés par le milieu et les photons secondaires, diffusés, ont une énergie faible. C’est pourquoi on confond souvent l’effet photoélectrique et l’absorption totale. IV - 1 - 2) Effet Compton ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 25 ——— i __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ L’interaction n’existe que pour les électrons libres, en réalité faiblement liés, c’est à dire pour les électrons très périphériques selon le modèle de BOHR. Biophysique et Imagerie Médicale hν' θ hν ϕ K La perte d’énergie cinétique n’est pas complète, ce qui était le cas pour l’effet photoélectrique, mais surtout, le rayonnement résiduel change de direction : c’est la diffusion avec changement de longueur d’onde. __ Ze L j i E cin. + hn‘ < hn L’effet Compton est un des phénomènes physiques le plus gênant en radiologie, car le rayonnement diffusé impressionne inutilement le film. En radiothérapie cet effet est primordial, même limitatif, car responsable de l’irradiation des structures saines du malade. L’électron Compton est éjecté selon un angle j de 0 à 90 degrés. Le photon diffusé l’est dans toutes les directions de l’espace, q varie de 0 à 180 degrés. Le calcul, dans le cadre de la relativité restreinte, compte tenu de la conservation de la quantité de mouvement et de la conservation de l’énergie totale, exprime l’énergie du photon diffusé h n ‘ en fonction de celle du photon incident h n. On en déduit l’énergie cinétique ( Ecin. ) de l’électron Compton. hν ' = hν 1 + hν (1 − cos ϕ ) m0 c2 E cin. = h υ − h υ ' ⎛ ⎞ ⎜ 1 ⎟ = hυ 1 − h ν ⎜ ⎟ 1 + 2 (1 − cos ϕ ) ⎝ m0 c ⎠ Alors que l’effet photoélectrique est un phénomène de type tout ou rien, l’effet Compton est quasi-continu, comme le montre les deux cas limites, choc frontal et choc tangentiel, ainsi que les répartitions directionnelles des électrons et du diffusé associé. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 26 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ h ν' θ hν cas général ϕ E cin. h ν' = h ν hν ϕ = 90 ° E cin. choc tangentiel 0 hν h ν 'min. ϕ = 0° E cin. = E cin. max. choc frontal La direction des photons diffusés et des électrons de recul est fonction de l’énergie photonique incidente. photons de faible énergie (100 keV) photon diffusés électrons Compton photons de haute énergie ( 1 MeV) IV - 1 - 3) Effet de matérialisation La matérialisation, ou création de paire (paire électron-positon), transforme une énergie ondulatoire, le rayonnement électromagnétique, en particules matérielles, ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 27 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ électron et positon. Il s’agit d’un phénomène expérimental facile à mettre en évidence, très bien étudié, mais théoriquement encore documenté de manière imparfaite. Il n’est expliqué que par la théorie quantique relativiste ( équation de DIRAC ), théorie encore en émergence. Le corollaire de cet effet est le phénomène d’annihilation. Ces notions sont plus ou moins connues du grand public comme celles de matière et d’antimatière. h ν > 1022 keV E cin. e 511 keV E cin. Z e+ e+ e- Afin de respecter le principe de la conservation de l’énergie, le rayonnement X responsable de cet effet doit avoir au minimum une énergie égale à la masse au repos des deux particules créées, soit 1,02 MeV. Ce domaine énergétique est trop élevé pour l’imagerie médicale. Deux photons d’énergie 511 keV sont créés lors de l’annihilation du positon qui rencontre un électron de la matière. 511 keV A signaler cependant une technique d’imagerie médicale peu répandue, eu égard au coût, car nécessitant un cyclotron adapté, il s’agit des caméras à positons, dont actuellement quatre exemplaires sont en fonction en France. Ces appareillages sont basés sur la détection des deux photons d’énergie de 511 keV émis en opposition lors de l’annihilation d’un positon, lui même émis par un radionucléide émetteur b+ administré au malade. IV - 1 - 4 ) Effets Thomson -Rayleigh Il s’agit de la modification de la direction du photon, sans perte d’énergie. hν Ze e- + hν Ces effets résultent de l’interaction du photon X avec le noyau ou l’électron (effet Thomson), ou de l’interaction avec l’électron seul (effet Rayleigh). Il ne concernent que les hautes énergies, et sont sans intérêt pratique en imagerie médicale. Tous ces effets microscopiques ont pour résultat l’extinction progressive du flux de rayon X incident, c’est le phénomène global d’atténuation. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 28 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ L’atténuation est due à la diffusion et à l’absorption, donc au transfert d’énergie. Seule l’énergie absorbée est responsable des effets biologiques des rayonnements ionisants (radiobiologie). L’énergie diffusée est par contre un élément important de la qualité des images radiologiques. IV - 2) Aspect macroscopique : milieu homogène IV - 2 - 1) L’atténuation globale L’atténuation, donc le pouvoir de pénétration des rayons X , dépend de l’énergie des photons. Elle dépend aussi de l’épaisseur de matériau traversé et de la possibilité d’atténuation de ce matériau. L’importance du numéro atomique Z du milieu a déjà été soulignée. φ air eau plomb 0 φ φ φ 0 10 7,5 5 2,5 0 5 10 La courbe expérimentale précédente, obtenue pour un faisceau de 100 keV, illustre l’effet global des effets microscopiques importants pour la gamme d’énergie de l’imagerie, les effets Compton et photoélectrique. Si l’atténuation par l’air est négligeable, le plomb stoppe rapidement la quasi-totalité du faisceau initial F0. Lors de la traversée d’une épaisseur de matière, le photon peut être : - transmis, s’il n’y a pas d’interaction (pas d’atténuation du faisceau) - simplement diffusé, si seule sa direction est changée, l’énergie restant constante - diffusé avec changement de longueur d’onde, si une fraction de l’énergie est transférée à la matière - absorbé, si toute l’énergie disparaît dans la matière. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 29 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ (1) Biophysique et Imagerie Médicale __ (1) Photons transmis (2) (2) Photons diffusés sans transfert d’énergie (3) (3) Photons diffusés avec transfert d’énergie partielle (4) (4) Photons totalement absorbés IV - 2 - 2 ) Atténuation d'un faisceau monochromatique dx Pour une épaisseur traversée dx, infiniment petite, il existe une diminution du flux sortant F par rapport au flux entrant F0 égale à dF. dF est proportionnel au flux entrant et à l’épaisseur du matériau traversé dx, soit : Φ0 dF = - F . dx . m estmle coefficient de proportionnalité, c’est le coefficient d’atténuation linéaire. Φ = Φ0 - d Φ dx dΦ = − Φ dx ⇒ Φ0 Φ épaisseur x Φ (x) Φ (x + dx) dΦ = − µ dx soit Φ dΦ = − µ ∫ dx et Log Φ = − µ x + cst. Φ compte tenu de Φ = Φ 0 pour x = 0 , ∫ il vient Φ = Φ 0 exp ( − µ x ) - coefficient d’atténuation linéique m , coefficient d’atténuation linéique est exprimé en cm-1. il correspond à la probabilité d’absorption d’un photon par unité d’épaisseur de matière traversée. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 30 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Le coefficient m est fonction de l’énergie des photons incidents, comme le montre les résultats expérimentaux reportés dans le tableau suivant. m en cm -1 100 keV 500 keV 1 MeV air 2 10-4 1,1 10-4 0,8 10-4 eau 0,172 0,096 0,070 plomb 6,0 1,67 0,75 µ en 10 -3 cm -1 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 0,1 représentations graphiques du tableau précédent air 0,5 1 Energie en MeV µ en cm -1 0,18 0,16 0,14 0,12 0,1 0,08 0,06 0,04 0,02 0 0,1 µ en cm -1 6 5 4 3 2 eau 1 0,5 1 Energie en MeV 0 0,1 plomb 0,5 1 Energie en MeV - coefficient d’atténuation massique Le coefficient d’atténuation linéique dépend de l’état physique de la matière. On lui µ , ou m est le coefficient d’atténuation linéique, ρ et r la masse volumique du matériau : c’est le coefficient d’atténuation massique. µ s’exprime en cm 2 . g-1. ρ préfère souvent un coefficient dérivé, Ce coefficient d’atténuation massique est quasiment constant pour un même matériau, par exemple pour l’eau en phase liquide ou en phase vapeur. Au plus ce coefficient est élevé, au plus le matériau sera absorbant, et donc fera « écran » à la propagation des rayonnements électromagnétiques ionisants. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 31 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ - couche de demi-atténuation Par définition, il s’agit de l’épaisseur de matériau qui atténue le faisceau d’un facteur 2, l’intensité du flux sortant est donc moitié de celle du flux entrant. soit x l' épaisseur correspondant à la CDA C.D.A Φ0 Φ0 2 C.D.A = de Φ = Φ 0 e − µ x , on déduit Φ0 1 = Φ 0 e − µ CDA et =e 2 2 soit Ln 2 = µ CDA − µ CDA Ln 2 0,693 ≈ µ µ Les courbes ci-dessous représentent, en coordonnées linéaires et semilogarithmiques, l’atténuation d’un faisceau de rayons X de 500 keV, supposé parfaitement monochromatique, traversant une épaisseur de plomb de 3 cm . L’allure de la courbe est une exponentielle classique en représentation linéaire, et une droite en représentation semi-logarithmique. CDA CDA coordonnées linéaires coordonnées semi-logarithmiques Du tableau de la page 29, on déduit les CDA suivantes, exprimées en centimètre, qui illustrent les épaisseurs nécessaires des écrans utiles en radioprotection. photons de 100 keV air eau plomb CDA en cm 3500 4 0,12 Une épaisseur de 10 CDA atténue le faisceau d’un facteur 2 valeur d’environ 1000. (2 10 = 1024 ). ____ Dr S. Coequyt 10 , soit d’une 2005 __________________________________________________ 32 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Cette remarque est importante en radioprotection. On verra au paragraphe IV 3 le rôle important de l’énergie, il est à noter d’emblée que cette relation n’est pas linéaire. IV - 2 - 3 ) Atténuation d'un faisceau polychromatique Imaginons un faisceau polychromatique, c’est à dire composé de photons dont l’énergie n’est pas unique. Pour fixer les idées, traitons l’exemple d’une émission composée de 60% de photons d’énergie 100 keV, 30% de photons d’énergie 500 keV, et 10 % de photons de 1 MeV. Le spectre énergétique de cette émission est représenté par le spectre de raies suivant : % 60 Ce modèle simple représente cependant approximativement la répartition du spectre réel, continu, du rayonnement de freinage qui est superposé sur le même graphique. 30 10 100 500 1000 keV La représentation graphique de l’atténuation d’un tel faisceau polychromatique est différente de celle d’un faisceau monochromatique. La courbe en coordonnées linéaires semble exponentielle, mais ce n’est qu’une impression, comme le suggère la représentation en coordonnées semi-logarithmiques montrant qu’il ne s’agit pas d’une droite. En semi-log, la courbe est en effet la somme des trois droites représentées sur le graphe de la page 32, correspondant à l’atténuation des trois raies précédentes. coordonnées linéaires ____ Dr S. Coequyt coordonnées semi-logarithmiques 2005 __________________________________________________ 33 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ IV - 3) Aspect macroscopique : milieu hétérogène L’atténuation du faisceau de photons X par diffusion et par absorption d’énergie, dépend directement des mécanismes décrits au chapitre traitant des aspects microscopiques de l’interaction des rayonnements X avec la matière. En ce qui concerne l’imagerie médicale, donc pour des énergies de l’ordre de 100 keV et pour des structures traversées composées d‘éléments légers (eau et tissus mous) ou d’éléments relativement lourds (os et tissus calcifiés) certains phénomènes physiques sont négligeables. La diffusion par effet Thomson-Rayleigh ainsi que l’effet photonucléaire sont effectivement négligeables, dans le sens où ces phénomènes ne sont pas mesurables en pratique, et n’ont ainsi aucune incidence sur les images obtenues en médecine. L’effet de matérialisation n’existe pas en radiologie conventionnelle. Il reste les effets photoélectrique et Compton qui peuvent être appréhendés par leur coefficients respectifs τ et σ . Ces deux effets sont directement proportionnels au nombre d’électrons du milieu qui est quasiment constant (exprimé en électrons par kilogramme) : - 3,0 10 26 pour l’air - 3,3 10 26 pour l’eau - 3,5 10 26 pour le tissu graisseux 26 - 3,2 10 pour l’os On rappelle les courbes d’atténuation linéiques pour le plomb et pour l’eau, issues des tables du NBSC (cf. annexe radiologie p.134). Les parts respectives des effets Compton et photoélectrique sont bien illustrées pour le domaine énergétique de l’imagerie médicale. Les coefficients d’atténuation linéiques sont exprimés en cm - 1 . Il faut insister sur le rôle de l’énergie, fondamental, pour comprendre les règles de radioprotection. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 34 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Si pour les photons de 100 keV il faut 36 cm d’eau pour une protection équivalente à 1 mm de plomb, pour les photons de 400 keV, 1 mm de plomb correspond à 2 cm d’eau ou d’un autre tissu mou comme la graisse. (cf. tableau page 33) Pour les énergies photoniques de l’imagerie radiologique, le coefficient d’atténuation se résume par : µ = σ + τ Coefficient d’atténuation linéique du plomb et de l’eau 1000 100 10 1 0,1 0,01 10 keV 100 keV Compt. pb Compt. eau 100 keV 1000 keV photoél. pb photoél. eau glob. pb glob. eau 400 keV eau σ = 0,165 τ = 0,0024 µ = 0,167 σ = 0,106 τ= 0 µ = 0,106 plomb σ = 1,33 τ = 58,74 µ = 59,99 σ = 0,86 τ = 1,51 µ = 2,36 L’atténuation se fait quasiment uniquement par diffusion. L’atténuation est le fait essentiel de l’effet photoélectrique, mais la part de diffusion augmente avec l’énergie. IV - 4) Aspect pratique : milieu et faisceau hétérogènes En imagerie médicale, le faisceau initial émis par le tube radiogène est optimisé puis filtré pour être le plus homogène possible. Par contre la structure anatomique étudiée est par nature hétérogène. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 35 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ L’image radiologique est la représentation visuelle des différences d’atténuation du rayonnement X par les structures biologiques, normales ou anormales. On peut écrire dans le cadre d’une bonne approximation : Φ = Φ 0 exp ( − µos x os − µeau xeau − µgraisse xgraisse − µair xair ) Les tissus mous (muscles) sont équivalents à l’eau. Les différents coefficients d’atténuation sont des fonctions non linéaires de l’énergie. L’atténuation, liée à l’énergie diffusée ou absorbée dépend : - de l’énergie des photons émis par le tube - de la nature des tissus rencontrés par le flux photonique - de l’épaisseur de la structure anatomique traversée. Dans le domaine énergétique considéré en imagerie, en fonction des tissus biologiques traversés, l’atténuation des rayonnements incidents sera traduite par une plage noire sur l’image, ou au contraire par une plage blanche. La plage noire, appliquée à la réalité d’une faible absorption, correspond à la notion clinique de clarté radiologique, la plage blanche, décrivant une forte absorption, traduit la notion d’opacité radiologique. Exemple d’un cliché thoracique de face Images opaques : (blanc) Les tiges de Harington et le pacemaker métallique ont un coefficient d’absorption important, ils sont bien visibles malgré leur faible épaisseur. De même on observe la pointe métallique de la sonde de stimulation implantée dans la base du ventricule droit. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 36 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Images moyennes : (gris clair) Les os (côtes et omoplates) paraissent gris clair car le milieu est fortement absorbant en raison de la présence ce cristaux d’hydroxyl-apatite ou autres phosphatecalciques riches en éléments lourds comme le calcium. La silhouette cardiaque, cœur composé de tissus mous et contenu liquide, parait de même tonalité donc absorbante. Ces images dépendent de l’épaisseur des organes traversés par le rayonnement et non pas d’un coefficient d’absorption important du tissu cardiaque. La graisse mammaire est bien visible pour les mêmes raisons. Images claires : (noir) Le parenchyme pulmonaire parait presque totalement noir, le milieu est peu absorbant (air des alvéoles). La poche à air gastrique est nettement individualisée, de même que les gaz coliques. tissu air graisse eau os visualisation noir gris foncé gris clair blanc faible moyenne - moyenne + forte absorption V L’IMAGE RADIOLOGIQUE V - 1) Le contraste La notion de contraste, opposition entre les clartés et les opacités d’une image radiologique traduit les différences d’atténuation du faisceau de rayons X par les tissus. Celui-ci dépend du coefficient d’atténuation du milieu traversé et aussi de son épaisseur. L’interprétation d’une image radiologique a pour vocation de relier une différence de contraste à une réalité anatomique, normale ou pathologique. IV - 1 - 1) Contraste physique Il est aisé d’imaginer une expérience pour laquelle les photons X d’un flux incident soient totalement ou pas du tout absorbés. Pour fixer les idées, un flux de photons d’énergie 16 keV est très fortement atténué par les élément lourds, comme le plomb, pas du tout par le vide et pratiquement pas par l’air. L’expérience est schématisée ci-dessous. schéma (1) plomb vide ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 37 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Le contraste est maximal, 100% ou 1. Les deux milieux sont distingués. Si les deux milieux possèdent la même concentration en éléments biologiques lourds, tel le calcium ( Z = 20 ), le contraste est minimum, 0% ou 0. Il est impossible de distinguer les deux milieux. Bien entendu, la même opacité nodulaire d’un os sésamoïde ou d’une opacité pulmonaire séquellaire calcifiée sera interprétée en fonction des données clinique et anatomique. schéma (2) os calcification Entre ces deux extrêmes et selon la différence d’atténuation des milieux, le contraste varie entre 0% ou 100% (ou 0 et 1). La définition du contraste C = Φ1 − Φ2 Φ1 + Φ2 est cohérente avec l’interprétation visuelle intuitive : C = 1 entre blanc et noir, C = 0 entre deux niveaux identiques. pour le schéma (1), Φ1 = 0 Φ2 = Φ0 Φ1 Φ0 C = 1 : contraste maximal Φ2 pour le schéma (2), Φ1 = Φ2 C = 0 : contraste minimal en général 0 < C < 1 En employant la formulation exponentielle de l’atténuation d’un faisceau monochromatique (p. 29), on peut donner une expression simple du contraste, très utile en pratique. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 38 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ x µ1 Φ1 Φ 1 = Φ 0 exp ( − µ 1 x ) Φ2 Φ 2 = Φ 0 exp ( − µ 2 x ) Φ0 µ2 c= Φ1 − Φ 2 Φ1 + Φ 2 e −µ = e −µ 1 x 1 x − e −µ + e −µ 2 x 2 x On démontre que l’on peut développer la fonction exponentielle en série entière : x x2 x3 xn e =1 + + + + ... + + ... 1! 2! 3! n! x e −x x x2 x3 xn =1 − + − + ... ± + ... 1! 2! 3! n! soit en première approximation, amplement suffisante en imagerie : e −x ≈ 1 − x L’approximation précédente signifie que l’on peut confondre la fonction exponentielle avec sa tangente en x = 0, ce qui est justifié par les deux graphiques suivants, calculés pour les tissus mous et pour l’air. eau ou tissu mou µ = 0,167 cm - 1 l’approximation est bonne pour des épaisseurs de 1 à 2 centimètres. ____ Dr S. Coequyt air µ = 0,0002 cm - 1 l’approximation est bonne pour des épaisseurs de l’ordre du mètre. 2005 __________________________________________________ 39 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Il est donc légitime d’écrire dans le domaine de l’imagerie médicale : C≈ (1 − µ x ) − (1 − µ (1 − µ x ) + (1 − µ 1 1 2 2 x) x) = (µ − µ ).x + (µ − µ ) . x 2 2 1 2 1 et toujours en tenant compte du fait que µ1 , µ2 et x sont petits par rapport à l’unité, il reste : C ≈ 1 2 (µ 2 − µ 1 ). x Les détails observables en imagerie par atténuation seront fonction : - de la différence d’absorption des tissus - de l’épaisseur de la structure ou de la lésion. Une lésion à faible contraste ou de faible dimension ne sera pas décelable. IV - 1 - 2) Contraste tissulaire Le contraste est ainsi directement en rapport avec la différence des coefficients d’atténuation linéiques. Pour les milieux biologiques et les niveaux énergétiques de l’imagerie par atténuation, cette différence dépend de l’énergie moyenne des photons émis par le tube. Les courbes des coefficients d’atténuation linéiques tracées pour le poumon, la graisse, les tissus mous et l’os ( p. 38 ) illustrent l’importance de l’énergie, et donc du réglage en kilovoltage ( aspect qualitatif p. 15 à 18 ). Pour les hautes tensions ( > 100 kV ) par exemple 120 kV, la différence des coefficients d’atténuation entre l’os et les poumons est de l’ordre de 0,3 , alors que pour les basses tensions ( < 75 kV ), elle est de l’ordre de 0,6. En pratique, on utilisera une haute tension pour les organes à contraste tissulaire élevé, le contenu thoracique par exemple et une basse tension pour l’étude des ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 40 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ structures osseuses comme le gril costal. Le sein étant formé d’eau et de graisse, les clichés de mammographie sont effectués en basse tension ( 30 kV ). Coefficients d’atténuation linéiques des milieux biologiques importants en imagerie 10 1 0,1 0,01 10 30 50 poumon 70 graisse 90 110 muscle 130 150 os IV - 1 - 3) Contraste anatomique Le schéma ci-dessus montre que l’image radiologique est formée d’ombres portées qui agrandissent les structures. L’image étant planaire, il se forme des superpositions qui nuisent à l’identification des organes. Il existe toujours des superpositions diminuant le contraste, la graisse souscutanée par exemple (cf. schéma page suivante). Contraste idéal ____ Dr S. Coequyt Contraste anatomique 2005 __________________________________________________ 41 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale µ1 µ1 µ2 __ µ2 Δµ Δµ En pratique, il faut choisir les incidences qui minimisent les superpositions. Ces exemples théoriques usent de modèles à bords nets, cependant en réalité, il n’y a pas de discontinuité vraies, ce qui limite encore la probabilité de détecter une lésion surtout si la structure s’amincit progressivement : Φ0 Φ0 En fin de compte, sur une image radiologique, une structure ou une lésion ne sera visible que si : - la différence des coefficients d’atténuation est suffisante - l’épaisseur de la lésion est importante - les limites sont nettes. On ne peut agir sur les deux derniers facteurs qui sont inhérent au malade, cependant il est possible d’amplifier artificiellement le contraste. IV - 1 - 4) Produits de contraste Le réglage correct des kV et des mAs optimise le contraste qui est spontanément suffisant, par exemple en radiologie osseuse : - entre un milieu aqueux, le sang et un milieu solide, l’os en cas de fracture. - entre le milieu aérien et l’os en radiologie des sinus. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 42 ——— Φ0 __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Pour d’autres examens, le contraste naturel est insuffisant et il faut l’augmenter artificiellement afin de rendre l’image interprétable. L’expression du contraste a été établie précédemment ( cf. p.37 ). x est fixée par l’anatomie. C ≈ 1 2 (µ 2 − µ 1 ). x Δµ = µ 2 − µ 1 dépend de la nature des tissus. Pour d’autres organes, viscères ou autres conduits creux pour fixer les idées, il est nécessaire d’augmenter Δ µ . µ µ µ 1 µ 2 µ 1 µ 1 contraste spontané 2 2 ↑ µ 2 ; µ 1 constant produits de contraste positifs ↓ µ 1 ; µ2 constant produits de contraste négatifs a) produits de contraste positifs Les dérivés de baryum, de thorium, de bismuth ou d’iode ont été expérimentés avec des succès variables. Actuellement subsistent les produits de contraste barytés ou iodés, les sels de baryum, responsables d’une cancérogénèse radioinduite, ont été éliminés. - la baryte ou sulfate de baryum (BaSO4) la solution aqueuse de baryte est d’utilisation habituelle pour l’étude radiologique du tube digestif : transit œso-gastro-duodénal ou lavement baryté. - les produits iodés Ils sont très utilisés, puisqu’ils absorbent 15% de la production mondiale d’iode minéral. La forme chimique actuelle est un acide organique tri-iodé sur un noyau benzénique, à la fois soluble dans l’eau et lipophile. Le mode d’administration dépend de l’organe étudié : - local arthrographie, hystérographie, pyélographie rétrograde - intra-artériel coronarographie, artériographie - intra-veineux ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 43 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ urographie intraveineuse (UIV), cholangiographie - intra-lymphatique lymphographie - intra-canalaire galactographie, sialographie b) produits de contraste négatifs L’administration d’air ou d’azote dans une cavité a été très en vogue mais tend à disparaître. Par exemple l’encéphalographie gazeuse n’existe plus depuis l’apparition de la scanographie, elle était par ailleurs très douloureuse mais nécessaire dans l’exploration des tumeurs cérébrales. La pneumarthographie et le rétropneumopéritoine gardent quelques indications. c) double contraste La seule indication est celle du lavement baryté à double contraste, technique où de l’air est injecté après lavement baryté, ce qui permet une étude détaillée de la muqueuse colique. V - 2) Le couple film - écran Dès le tout début de la radiologie, deux orientations se dessinèrent : - la fluoroscopie ou radioscopie, permettant une étude dynamique de l’organisme mais ne laissant pas de trace archivable, développée par EDISON. - la radiographie, reproduisant l’image sur un support physique, développée par RŒNTGEN. Dès 1896, il existait un support papier pour l’image. Actuellement le film radiologique couplé à un écran renforçateur est d’emploi universel. Le film est un support initialement en cellulose, actuellement en polyester, sur lequel est déposé une émulsion de grains de bromure d’argent sensible aux rayons X . La taille des cristaux est de 0,3 à 3 µm. Les petits cristaux fournissent les meilleurs images, mais en contre partie d’une quantité de rayonnement plus importante. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 44 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ protection antistatique émulsion de bromure d’argent support polyester (0,2 mm) film radiologique bicouche La sensibilité du film est nettement améliorée par l’emploi d’écrans renforçateurs qui sont des écrans luminescents incorporés dans une cassette et dont le but est d’amplifier le rayonnement absorbé par le film par phénomène de fluorescence. cassette écran renforçateur film radiologique couple film-écran Actuellement, les écrans rapides aux terres rares (oxysulfure de gadolinium dopé au terbium) permettent de réduire la dose absorbée d’un facteur 50, par rapport à un film directement exposé. V - 3) La courbe sensitométrique Le noircissement du film croît en fonction de l’exposition au rayonnement X , le film développé est donc un négatif que l’on observe sur un négatoscope. Si L0 est la luminance du négatoscope et L celle perçue par l’observateur, L ∈[ 0 ,1 L0 ] : c' est la transmission. Le rapport inverse L0 est l’opacité. L La densité optique est le logarithme décimal de l’opacité : D = log 10 L0 . L La courbe sensitométrique , ou courbe de noircissement exprime la densité optique du film en fonction du logarithme de l’exposition aux rayons X . Par exemple : échelle de gris noir gris foncé gris moyen gris clair blanc ____ Dr S. Coequyt transmission 0 1/100 1/2 1/10 1 opacité saturation 100 2 10 1 densité optique >3 2 0,301 1 0 2005 __________________________________________________ 45 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ saturation D. opt. La courbe est sigmoïde pour les films avec écran renforçateur. Dans sa partie moyenne elle est sensiblement linéaire, ce qui ce traduit par : Δ D = cste x log ( exposition) 2 1 bruit de fond 0 L La différence de densité est donc proportionnelle au flux de rayons X atteignant le film. La courbe sensitométrique est caractéristique du couple film-écran. Il faut employer des films dont le domaine de densité optique, pour un examen et des contrastes espérés, correspond à la partie linéaire. 0,2 0,5 1 2 5 10 20 L0 VI QUALITE DE L’IMAGE RADIOLOGIQUE Il est nécessaire d’optimiser les paramètres physiques de l’acquisition de l’image afin de reconnaître le maximum de détails. On décrit classiquement quatre grandes causes d’absence de netteté, ou cause de flou : le flou du foyer, le flou du couple film-écran, le flou cinétique et enfin le flou du rayonnement diffusé. VI - 1) Le flou du foyer Comme pour la photographie ordinaire, cette cause de flou peut être minimisée en diaphragmant et en augmentant la profondeur de champ. Le schéma ci-dessous montre le rôle des différents paramètres de position relative en cause. film µ1 source contraste réel objet µ2 D contraste idéal d.o.f d.s.f ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 46 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ Au lieu du contraste parfait (contraste idéal) il existe une zone de pénombre (contraste réel) qui dépend des distances suivantes : -D : diamètre de la source émettrice de X - d.o.f : distance entre l’objet et le film - d.s.f : distance entre la source et le film L’importance du phénomène de pénombre est résumée par la relation cohérente : P = D x d.o.f ( d.s .f - d.o.f ) En effet, par de simples considérations d’optique géométrique, on imagine que si la source était ponctuelle et située à l’infini, le contraste réel tendrait vers le contraste idéal. Ceci consiste à souhaiter diminuer le diamètre de D ou alors à augmenter la distance ( d.s.f - d.o.f ) tout en minimisant la distance d.o.f.. La diminution de la distance d.o.f dérive de l’application du classique théorème de THALES. Comme souvent en imagerie médicale un compromis doit être trouvé car : - diminuer D revient à utiliser le foyer le plus fin possible (idéalement ponctuel) ce qui a pour corollaire d’augmenter la puissance à émettre pour obtenir un flux efficace identique. Pratiquement on peut utiliser des tubes « hautes performances », malheureusement plus coûteux et plus fragiles. - diminuer d.o.f, c’est à dire la distance patient-film bute sur les contraintes anatomiques. En radiologie thoracique, la cassette est posée sur le dos du patient ou la poitrine contre l’écran. En art dentaire, le film est placé dans la bouche au contact des gencives. Lors d’une laparotomie, le film est au contact du cholédoque... - augmenter (d.s.f - d.o.f) signifie éloigner le patient du foyer source de rayons X . La loi de l’inverse du carré de la distance (cf. p. 18) impose aussi des limitations car la puissance émise n’est pas infinie. Le choix pratique est de l’ordre du mètre pour les tables de radiologie conventionnelles. VI - 2) Le flou du couple film-écran L’image latente, c’est à dire le flux hétérogène de rayons X après atténuation par l’organisme, interagit avec les cristaux de bromure d’argent du film radiologique. Au niveau atomique : ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 47 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE Br - _____________________ → Br + e − Biophysique et Imagerie Médicale __ puis e − + Ag + → Ag métallique X Br est capté par la gélatine de l’émulsion qui se comporte comme un récepteur d’halogène. De ce fait la réaction n’est pas réversible ce qui la différencie des réactions d’oxydoréduction, qui elles sont équilibrées. Le développement du film consiste à réduire les Ag + par un révélateur, à inhiber cette réaction par lavage, à éliminer les Ag non irradiés par un fixateur puis, après un dernier lavage à sécher le film. Actuellement, toutes ces opérations s’effectuent par des machines à développement automatique. La taille des cristaux de bromure d’argent est de l’ordre du µm mais après amplification par le développement, au lieu d’un point, apparaît une tache sur le film. écran film Cette tache est nettement majorée par le flou de l’écran renforçateur. Le rayonnement diffusé ou diffracté est responsable d’une zone de pénombre qui majore le diamètre de la tache. lésion Il est possible de diminuer l’épaisseur de l’écran, mais là aussi au prix d’une plus forte puissance requise au tube émetteur. VI - 3) Le flou cinétique Les mouvements des organes radiographiés sont inévitables tels le péristaltisme intestinal, les mouvements thoraciques de la respiration ou les battements cardiaques. Pour limiter cette cause de flou, on peut immobiliser l’organe quand c’est possible (blocage de la respiration), ou diminuer le temps de pose. Cette dernière solution est réalisable si le tube est à haute performance mais il faut alors augmenter le diamètre du foyer pour obtenir un flux de puissance suffisante. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 48 ——— __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ __ Biophysique et Imagerie Médicale VI - 4) Le flou du rayonnement diffusé On a déjà remarqué que pour les faibles énergies (< 20 keV) l’effet photoélectrique joue un rôle important dans l’atténuation du flux de rayons X (cf. p.33). Pour les énergies de l’imagerie radiologique (50 à 120 keV), l’atténuation est essentiellement due à l’effet Compton. Il apparaît alors des photons d’énergie plus faible et de direction différente de celle du rayonnement primaire. (cf. p. 26) responsables : - d’une irradiation tissulaire hors du champ du faisceau direct - d’une irradiation des personnels soignants - d’une diminution du contraste de l’image, c’est le voile de diffusion ou bruit de fond. photons primaires photons diffusés photons primaires photons diffusés Φp+d Φp 20 x 20 cm2 L’importance du diffusé est directement lié à l’épaisseur de l’organe (abscisse) et à la dimension du champ d’irradiation. 5 x 5 cm 2 5 10 15 La réduction du rayonnement diffusé est possible par des artifices contrant les causes décrites - diminution de l’épaisseur du malade par un ballon gonflable maintenu par des sangles en radiologie abdominale. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 49 ——— cm __ Faculté de Médecine de LILLE _____________________ Biophysique et Imagerie Médicale __ - adaptation du champ irradié par des diaphragmes ou cônes localisateurs (pour les petits organes). Il est souhaitable qu’une bordure non irradiée soit visible autour du film. - action au niveau du faisceau émergent pour limiter la quantité de rayonnement diffusé atteignant le couple film-écran, c’est le but de la grille antidiffusante, parallèle ou focalisée. primaire primaire et diffusé grille antidiffusante couple film écran grille parallèle grille focalisée Les rayons parallèles aux rayons primaires ne sont pas absorbés, ce qui améliore le rapport flux primaire sur flux diffusé. A la sortie de l’organe, le rayonnent diffusé peut être 5 à 10 fois supérieur à celui du rayonnement primaire transmis. Ce dispositif est limité par l’atténuation inévitable du faisceau primaire. La mise en mouvement oscillatoire de la grille, synchronisée à l’émission des photons X , améliore le dispositif en supprimant le réseau de lignes dû à l’absorption par les lamelles de plomb (effet de trame en cas de panne). C’est la grille de POTTER-BUCKY. La qualité de l’imagerie radiologique conventionnelle est optimisée depuis une vingtaine d’années et il n’est pas raisonnable d’espérer de grandes améliorations. Il s’agit toujours d’un examen de première intention, irremplaçable pour l’étude du thorax, de l’abdomen et des structures osseuses. L’imagerie par atténuation reste toujours un examen de référence. Pour améliorer l’aide au diagnostic, il a fallu évoluer vers d’autres techniques qui ont été développées depuis une vingtaine d’années et qui sont apparues parallèlement à l’évolution de l’outil informatique. Il s’agit de l’imagerie numérique. ____ Dr S. Coequyt 2005 __________________________________________________ 50 ———