Le Courrier de la Nature n° 261 - Mai-Juin 2011
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Courrier des lecteurs
il a offert aux hérissons
ainsi qu’à d’autres petits
mammifères, à des
gastéropodes, des oiseaux,
des insectes, un habitat
idéal pour se reposer, se
cacher, se nourrir et se
reproduire au sein d’un
équilibre naturel. Cet
équilibre fut brutalement
détruit il y a quelques
années par un arrosage
de produits hautement
toxiques, à l’initiative de
la SNCF. Opération qui ne
s’est pas reproduite grâce
à quelques protestations
énergiques, ce qui a permis
le retour à cet équilibre
naturel.
Mais maintenant, voici des
plans pour une urbanisation
intense de quartiers voisins,
voici des proclamations
de «valorisation de
la nature» par des
animations diverses. Alors?
Outre les dangers actuels
auxquels s’exposent les
hérissons se risquant sur
l’esplanade la nuit lorsqu’ils
se trouvent en face de
visiteurs nocturnes parfois
accompagnés de chiens,
il serait bien étonnant, vu
que ces terrains du talus
sont très convoités, que
certains ne cherchent pas
à se les approprier ou à
s’entendre avec la SNCF
(propriétaire du terrain)
pour avoir l’autorisation d’y
faire des aménagements
selon leurs désirs. Avant que
la moindre modification
soit apportée à la nature
sauvage de ce terrain, il
est donc indispensable et
urgent: 1) que soit réalisé
par des scientifiques un
inventaire faunistique et
floristique; 2) qu’on trouve
une vraie association de
protection de la nature (de
préférence locale afin de
pouvoir suivre l’évolution
de la situation de près) qui
puisse, au même titre que
la SNCF et les demandeurs
éventuels, participer aux
rencontres et contrôler ce
qui se fait sur ce talus, se
référant à la loi qui punit
de lourdes amendes et
parfois même de peines
de prison les responsables
de la destruction d’espèces
protégées (ce qu’entraînerait
forcément la destruction
de leur habitat).
En plein Paris, un îlot
de biodiversité spontané,
c’est une richesse rare et
précieuse. Il serait navrant
de ne pas la préserver.
Christiane Ruffier-Reynie
Les personnes qui
désireraient avoir
des informations
complémentaires ou qui,
par miracle, auraient une
solution à proposer, peuvent
écrire au Courrier de la
Nature.
Dernière minute
On a tué Cannelle
pour la deuxième
fois!
La décision
gouvernementale de ne
pas lâcher une ourse, au
printemps 2011 en Béarn,
équivaut à signer l’arrêt
de mort de l’espèce dans
les Pyrénées occidentales,
où elle n’a jamais cessé de
cohabiter avec l’homme
depuis la nuit des temps.
Le refus de ce sauvetage
«in extremis» du noyau
occidental de l’ours brun est
un reniement de la parole
de l’Etat au niveau national
(signature du contrat de
charte en 2004, plan de
restauration de 2006,
annonce du renforcement
en Béarn par Mme
Jouanno en juillet 2010) et
international.
Ne pas apporter une
femelle en Béarn, c’est
accepter la disparition d’une
espèce protégée, en danger
d’extinction en France et
sur le point de s’éteindre en
Béarn, où ne subsistent que
deux mâles. C’est porter un
coup au patrimoine naturel
et culturel du Béarn, où
l’ours est le symbole d’une
montagne pyrénéenne
qui attire tous les ans des
millions de visiteurs.
Le FIEP Groupe ours
Pyrénées qui milite
depuis plus de trente
ans «pour que l’ours
et le berger puissent
vivre ensemble dans les
Pyrénées» est abasourdi
face à une décision
aussi incompréhensible
qu’irrationnelle.
C’est d’autant plus vrai que
le CNPN a donné un avis
favorable et que le ministère
de l’Ecologie était pour ce
renforcement en Béarn.
Ce serait un arbitrage au
niveau de la Présidence de
la République qui aurait
voulu «ménager» les
syndicats agricoles au
moment où une partie de la
France était touchée par un
printemps sec…
Mais le Béarn a rarement
connu une fin de printemps
et un été aussi humide et
avec autant d’herbe en
montagne…
A-t-on le droit de sacrifier
un monument écologique
vivant à des considérations
électoralistes, à très court
terme? A-t-on le droit de
sacrifier une espèce qui n’a
fait que sept victimes parmi
les ovins en Béarn en 2010,
alors que les chiens, les
maladies, les accidents, la
concurrence étrangère, le
manque de main d’œuvre,
les réglementations
draconiennes font de vrais
dégâts auprès des éleveurs.
Comment la France peut-
elle annoncer le 19 mai 2011
et communiquer sur une
Stratégie nationale de la
biodiversité (2011-2020) et
le 1er juin faire le contraire
sur le terrain là où sa
responsabilité est engagée
concrètement et à court
terme?
La Ministre de l’Ecologie
a eu beau annoncer le 6
juin, lors d’un déplacement
dans les Pyrénées-
Atlantiques, que «Le
programme d’introduction
est gelé cette année,
pour plusieurs facteurs,
notamment conjoncturels
(sécheresse, tensions), il reste
complètement d’actualité
pour 2012, compte tenu des
engagements pris dans ce
domaine par la France.»
Qui peut imaginer qu’en
2012, en pleine campagne
électorale, le gouvernement
lâchera une ourse en
Béarn?
Le FIEP et Cap ours ont
écrit au Président de la
République pour demander
le renforcement à l’automne
2011, compte tenu du fait
qu’il n’y a pas de sécheresse
dans les Pyrénées…
Source: Les Nouvelles
Ours n° 93, revue éditée par
le Fonds d’intervention Eco
Pastoral (FIEP), Groupe Ours
Pyrénées