1 Giuseppe Arcimboldo et symbolisme des quatre éléments

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Giuseppe Arcimboldo
et symbolisme des quatre éléments
15 septembre 2007 - 13 janvier 2008
En ce moment à Paris au Musée du Sénat, une exposition des œuvres
d’Arcimboldo est organisée. Elle nous intéresse, non seulement en raison de
l’importance de l’auteur dans la lignée des peintres maniéristes et surréalistes et
de son influence, mais également en raison du symbolisme qu’elle recèle ;
évidemment dans les sujets traités, mais aussi dans les correspondances
mythiques qu’elle induit.
en 1526 dans la noblesse milanaise, Arcimboldo est répertorié pour la
première fois en tant que peintre en 1549, à l’occasion de la réalisation de
cartons de vitraux pour la cathédrale de Milan. Peu de temps après, il reçoit de
Ferdinand de Bohème, futur empereur Ferdinand Ier, une commande pour la
réalisation de blasons. Il sera ppelé à Vienne par son fils, Maximilien.
Célèbre pour ses têtes anthropomorphes composées à partir de plantes, de
fruits, d’animaux et autres éléments, Giuseppe Arcimboldo (1526-1593) reste un
peintre encore mystérieux.
L’exposition comprend une centaine d’oeuvres. Outre la présentation des
célèbres têtes composées issues de collections privées et muséales du monde
entier, un important ensemble de tableaux (dont de nombreux portraits inédits),
de tapisseries, et d'œuvres graphiques rend hommage à l’étendue de
l’extraordinaire univers pictural de l’artiste, d’une richesse allégorique et formelle
inégalée. Quelques oeuvres de comparaison, dont des d'objets d'art provenant
du célèbre Kunstkammer des Habsbourg et des ouvrages illustrés en lien direct
avec l'artiste, permettent d'appréhender le contexte socio-culturel de l’époque et
de la cour des Habsbourg, pour une meilleure compréhension de sa production.
Cette exposition, placée sous la commissariat de Dr. Sylvia Ferino, conservateur
de la Peinture italienne Renaissance au Kunsthistorisches Museum, est co-
organisée par le Musée du Luxembourg et le Kunsthistorisches Museum, Vienne,
où elle sera présentée du 11 février au 1er juin 2008.
Dans l’exposition, au centre de cette pièce, figure une groupe de quatre bronze
dorés attribués à Johann Gregor (circa 1570), en rapport avec les quatre
éléments ; elles ont été prêtées par le Musée de Vienne.
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Le nom d'Arcimboldo est devenu presque
synonyme de ces tableaux fantastiques qui, à
distance, paraissent représenter des personnages
en buste, de face ou de profil, conformes à la
tradition picturale de la Renaissance, et, de près,
ne sont autre chose qu'un assemblage habile et
parfois réversible d'éléments variés : fruits,
fleurs, légumes, ustensiles de toutes sortes. Ces
ghiribizzi (jeux caricaturaux) sont tantôt des
allégories des saisons ou des éléments, tantôt des
portraits : un cuisinier, un bibliothécaire, un
jardinier, incarnés par des attributs de leur
métier. L'ambiguïté de ces inventions, la
virtuositechnique dont elles témoignent en font
une manifestation caractéristique du maniérisme
qui trouva un terrain favorable dans le Saint
Empire romain germanique.
L’art fantastique
Il est cependant d'usage de duire l'art fantastique aux arts plastiques,
en particulier à la peinture, et plus particulièrement encore aux œuvres
des artistes qui manifestent une volonté délibérée de représenter un
monde irréel. Ce répertoire du fantastique pictural essentiel comprend
généralement des Italiens : surtout Bracelli et Bellini ; des Allemands ou
apparentés : Dürer, Grünewald, Schongauer, Baldung Grien, Cranach, Urs
Graf, Altdorfer, Nicolas Manuel Deutsch ; des Flamands : Bosch et
Bruegel ; des isolés : Monsu Desiderio, Arcimboldo, Goya, Blake ;
quelques peintres de l'époque symboliste : Gustave Moreau et Odilon
Redon ; enfin, après le douanier Rousseau et Marc Chagall,
l'épanouissement surréaliste ou surréalisant avec Dali, Max Ernst, Chirico,
Léonor Fini, Delvaux, Magritte, de nombreux autres. Avec Callot, Antoine
Caron et Piranèse, d'une part ; avec Munch, Füssli et Fuchs, de l'autre,
voici accompli le tour des œuvres qui semblent s'imposer, quels que soient
les goûts et les critères personnels des enquêteurs. Il faut bien avouer
que ce catalogue, quoique étrangement étroit, demeure fort disparate et
qu'il réunit, lui aussi, des œuvres éminemment hétérogènes, que
rassemble seulement ce qu'elles excluent : le réalisme.
En son époque, Arcimboldo ne fait pas figure d'isolé. Il existe une tradition
antique de masques bachiques, formés de feuilles de vigne, de raisins, de
vrilles, et de camées hellénistiques du même type. Les artistes de la
Renaissance, Vinci le premier, s'étaient intéressés aux faciès monstrueux,
aux portraits déformés par des jeux de glace, ainsi qu'aux compositions à
base d'éléments détournés de leurs fins, dont Jérôme Bosch avait été le
précurseur. Peut-être connaissait-on les miniatures indiennes représentant
des animaux fantastiques dont les corps sont des mosaïques de formes
humaines et animales. Mention doit être faite des médailles et des
caricatures satiriques de la forme et de la Contre-Réforme. Le goût des
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objets étranges, des singularités de la nature ou de l'art, parfois
susceptibles de faire naître l'effroi, s'exprime dans les cabinets de
curiosités constitués par les princes. Enfin, l'allégorie, le langage des
emblèmes étaient à l'honneur. Les peintures d'Arcimboldo étaient donc
conformes aux penchants maniéristes. Elles connurent un vif succès.
Comanini y voyait une combinaison de symboles à la louange de
l'empereur - chaque fruit, chaque animal aurait alors un sens - mais il
parle aussi du rire et de la stupeur qui s'emparaient des spectateurs. Ces
sentiments complexes, comportant un élément de choc, expliquent la
vogue dont jouit Arcimboldo dans les milieux surréalistes.
Une vingtaine de « têtes composées » sont signées, ou décrites par les
auteurs du temps, ou encore authentifiées par les inventaires des
collections impériales. Parmi les allégories, signalons celles de L'Été et de
L'Hiver (datée de 1563), celles du Feu (datée de 1572) et de L'Eau, au
Kunsthistorisches Museum, à Vienne. Il existe d'autres exemplaires
postérieurs des Saisons dans les collections particulières. Parmi les
portraits, Le Bibliothécaire, Le Jardinier, Le Cuisinier (tableau réversible)
et Calvin se trouvent en Suède depuis le sac de Prague, siège de la cour
impériale, en 1648. On peut encore attribuer au Milanais la Tête grotesque
du Landesmuseum de Graz - peut-être une allégorie de La Terre - et Le
Paysan du musée de Crémone. Comanini et Lomazzo ont décrit, au
XVIe siècle, d'autres « têtes composées » qui semblent perdues. Certaines
œuvres connues sont des attributions discutables. A. Pieyre de
Mandiargues énumère trente et un tableaux. Une série des quatre saisons
est entrée au musée du Louvre, une allégorie de L'Eau aux Musées royaux
des Beaux-Arts de Belgique.
Francine-Claire LEGRAND
Le style de ses compositions
Si l'on considère Arcimboldo comme un novateur dans la systématisation
de ses portraits, il faut se rappeler qu son époque il existe déjà une
tradition, depuis l'antique, de masques bachiques ou hellénistiques,
formés d'éléments pris dans la Nature.
Plusieurs des artistes de la Renaissance, dont onard de Vinci et Jérôme
Bosch, s’étaient déjà intéressés aux faciès monstrueux, aux portraits
déformés par des jeux de glace, ainsi qu’aux compositions à base
d’éléments détournés. Les peintures d’Arcimboldo sont donc conformes
aux penchants maniéristes.
Son chef-d’œuvre est manifestement son portrait de Rodolphe II en
Vertumne (dieu grec des récoltes et de l'abondance) daté de 1591.
Si Arcimboldo n'a pas eu d’élève, il a inspiré de nombreux copistes en son
temps et le genre des têtes composées se perpétue aux XVIIe et
XVIIIe siècles. Il est repris au XIXe siècle par les caricaturistes,
notamment pour les figures de Napoléon Ier, de Napoléon III et des
souverains belges, Léopold Ier et Léopold II.
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Il est redécouvert au XXe siècle par les surréalistes adeptes du jeu de
mots visuel.
En revanche, c’est à tort que l’on attribue à Arcimboldo des paysages
anthropomorphes dont l’origine semble flamande.
Les Saisons
Il s’agit d'une rie de quatre tableaux peints par Arcimboldo en 1563 et
offert à Maximilien II en 1569, accompagné des quatre éléments (peints
en 1566). Y est joint un poème de Giovanni Battista Fonteo (1546-1580)
qui en explicite le sens allégorique.
Chaque tableau est constitué d’un portrait de profil, composé d’éléments
rappelant la saison. L’Hiver regarde ainsi le Printemps et l’Été, l’Automne.
De la version originale, ne subsiste que l’Hiver et l’Été, exposés à Vienne.
L’une des versions les plus connues sont celles du musée du Louvre,
copies faite par le peintre à la demande de Maximilien II pour en faire
cadeau à Auguste de Saxe. Les tableaux se caractérisent par un encadré
floral qui n’existaient pas sur la version première.
Bibliographie
J. BALTRUSAITIS, « Têtes composées », in Médecine de France, no 19,
1951
B. GEIGER, I dipinti ghiribizzozi di Giuseppe Arcimboldi, Florence, 1954
F. C. LEGRAND & F. SLUYS, Arcimboldo et les arcimboldesques, Bruxelles-
Paris, 1955
A. PIEYRE DE MANDIARGUES & D. YASHA, Arcimboldo le merveilleux,
Laffont, 1977
F. PORZIO, L'Universo illusorio de Arcimboldi, Milan, 1979.
Simonetta Venturi, Arcimboldo traduction Florence Cadouot (fr), Ed. Celiv,
Paris (1990)
Caroline Blanc, Arcimboldo, Ed. Gamma jeunesse, Tournai (1993)
Claude Delafosse, J'observe les portraits d'Arcimboldo, Ed. Gallimard
jeunesse, Paris (1999)
Kriegeskorte, Werner, Giuseppe Arcimboldo : 1527-1593 Taschen (1993)
fr) Boulicaut-Duffau, Catherine, Arcimboldo et Flaubert. Lecture du
portrait "La Terre" de Giuseppe Arcimboldo, Nouvelle revue pédagogique,
11/2001, 2001/02-03
© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés
Site Internet Wikipedia
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Le printemps - 1573
Huile sur toile 76 x 64 cms
Paris Musée du Louvre
Photo Jean Gilles Berizzi
L’air - non datée
Huile sur toile. 70,2 x 48,7
Collection particulière
© Christian Baur
Printemps et Air correspondent à « Flore »
Le terme flore désigne l'ensemble des espèces végétales présentes dans un
espace géographique ou un écosystème détermi(par opposition à la faune). Le
terme « flore » désigne aussi l'ensemble des microorganismes (hormis les virus qui
ne sont pas du « vivant ») présents en un lieu donné. Par extension, il désigne
aussi les atlas répertoriant et décrivant ces espèces, et servant à déterminer les
plantes (les identifier). Le nombre d'espèces à décrire étant très important, les
flores les plus à destination du grand public se limitent souvent aux végétaux
vasculaires ou aux plantes à graines et à leurs principales espèces.
Les collections de spécimens servant à définir les différences espèces sont
conservées dans des herbiers. Ce réseau d'herbiers à travers le monde est très
important. C'est la référence qui permet aux botanistes de s'y retrouver et de faire
le point entre les dénominations et découvertes anciennes et les identifications
actuelles.
Giuseppe Arcimboldo est peut être le seul qui a su, et avec quelle brio, utiliser la
flore pour ses représentations. Et pourtant la flore est présente dans tout l’art
pictural depuis l’aube des temps jusqu’à nos jours. Mais la plupart du temps elle ne
fait « qu’encadrer » un sujet quel qu’il soit, pour le mettre en valeur. Même les
peintres les plus célèbres en la matière (représentation de la nature et de la flore)
n’ont pas utilisé la « manière » d’Arcimboldo. Ce dernier n’est pas, à mon sens l’un
des maîtres majeur de l’art pictural mais il est le seul à avoir mis en œuvre cette
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