3. Le traitement des enfants présentant un TDA/H

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Trouble de déficit de l’attention
avec ou sans hyperactivité (TDA/H)
et intervention jeunesse
Mise en page :
Lucille GRONDIN
Design graphique :
Étienne DIONNE
Révision linguistique :
Diane BAILLARGEON
« Entre Guillemets »
Notes :
Dans ce document, la forme masculine désigne tant les femmes que les hommes et est utilisée
dans le seul but d’alléger le texte.
Le contenu de ce document est placé sous la responsabilité des auteurs et il n’engage pas le
Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire.
Tous droits réservés. La traduction et la reproduction totale ou partielle de ce document sont autorisées à la
condition que la source soit mentionnée :
Production :
Centre jeunesse de Québec
Institut universitaire
2915, avenue du Bourg–Royal
BEAUPORT (Québec) G1C 3S2
Téléphone :
Télécopieur :
(418) 661–6951
(418) 661–5079
Site Internet :
www.centrejeunessedequebec.qc.ca/institut/index.html
er
Dépôt légal : 1 trimestre 2006
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISBN : 2–921151–78–2
TDA/H et intervention jeunesse
Avant–propos
Ce document, rédigé en grande partie par SOPHIE ÉMOND, est le produit d’un véritable
travail d’équipe. Mentionnons le travail de première heure de FRANÇOIS CHABOT et de
DELPHINE BUSSIÈRES–GENEST, qui ont rassemblé l’information disponible sur le sujet, et
celui de PATRICIA BOUCHARD qui a donné une première structure au document. SYLVIE
MOISAN a, en cours de rédaction, apporté de nombreux conseils et plusieurs suggestions,
alors que LUCIE CAMIRÉ a participé aux dernières étapes en corrigeant et en supervisant la
version finale du document. L’édition finale a été réalisée par LUCILLE GRONDIN.
Les auteurs et leurs collaborateurs tiennent également à exprimer leur reconnaissance à
toutes les personnes qui ont été consultées et qui ont apporté leur contribution ou leurs
commentaires à un moment ou l’autre de la réalisation de ce document :
– Louise Beauchamp, CSSS du Grand-Littoral
– Chantale Couturier, CSSS Samuel-de-Champlain
– Denis Mercier, Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire
– Marie-Reine Patry, Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire
– Isabelle Simard, Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire
– Monique Weaner, Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire
– Dominique St-Gelais, Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire
– Les membres de l’équipe de soutien multidisciplinaire – 2e niveau —
Suicide – Santé mentale du Centre jeunesse de Québec
– Les membres du comité consultatif – Suicide – Santé mentale du Centre
jeunesse de Québec
– Les membres des tables clientèle 6-13 ans et 14-17 ans.
Soulignons en terminant que la réalisation de ce document a été rendue possible grâce à
la contribution de la Direction du développement de la pratique professionnelle et de
l’équipe scientifique du Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire.
TDA/H et intervention jeunesse
Table des matières
PAGE
Avant–propos....................................................................................................
v
Table des matières ...........................................................................................
vii
Liste des tableaux.............................................................................................
ix
Introduction.......................................................................................................
1
1. Qu’est-ce que le TDA/H ? ..........................................................................
7
1.1. Une définition qui a évolué avec le temps........................................
7
1.2. Les causes .......................................................................................
8
1.3. Les troubles concomitants ...............................................................
9
1.3.1. TDA/H et troubles concomitants : comment les reconnaître
10
1.3.2. TDA/H et troubles concomitants : comment les différencier.
11
2. Comment reconnaître le TDA/H .................................................................
13
2.1. Les symptômes généraux ................................................................
13
2.2. Les symptômes spécifiques .............................................................
14
2.2.1. Les symptômes selon le type de TDA/H ...............................
15
2.2.2. Les symptômes selon l’âge ..................................................
15
2.3. Les facteurs de risque et de protection ............................................
17
3. Le traitement des enfants présentant un TDA/H ........................................
18
3.1. Le traitement pharmacologique........................................................
18
3.1.1. Les effets positifs de la médication.......................................
18
3.1.2. Les effets secondaires de la médication ..............................
20
3.1.3. Le controversé Ritalin...........................................................
20
3.1.4. Les limites de la médication .................................................
21
3.1.5. La consommation de psychotropes chez les jeunes placés.
22
viii
TDA/H et intervention jeunesse
PAGE
3.2. Le traitement psychosocial et la réadaptation..................................
23
3.2.1. Les interventions auprès des parents...................................
3.2.1.1. Informer les parents................................................
3.2.1.2. Outiller les parents..................................................
3.2.1.3. Soutenir les parents................................................
24
24
25
34
3.2.2. Les interventions auprès du jeune........................................
3.2.2.1. Miser sur les qualités du jeune ...............................
3.2.2.2. Aider le jeune à améliorer son estime de lui-même
3.2.2.3. Aider le jeune à développer ses habiletés sociales
3.2.2.4. Bouger, bouger et encore bouger...........................
3.2.2.5. Établir des mesures de contrôle .............................
3.2.2.6. Instaurer un système de renforcement ...................
3.2.2.7. Recourir à d’autres techniques d’intervention.........
3.2.2.8. Instaurer une routine pour la gestion du temps ......
3.2.2.9. Amener le jeune à gérer son impulsivité.................
36
37
37
39
42
42
54
59
65
67
4. Synthèse des techniques d’intervention ....................................................
70
Bibliographie.....................................................................................................
73
TDA/H et intervention jeunesse
Liste des tableaux
TABLEAU
PAGE
1
Les principaux secteurs de vie touchés par le TDA/H ...............................
5
2
Incidence des troubles concomitants.........................................................
9
3
Manifestations associées au TDA/H et aux troubles concomitants ...........
10
4
Distinction entre les troubles d’opposition / de la conduite et les troubles
dépressifs ou anxieux ................................................................................
12
5
Particularités des symptômes selon les types de TDA/H ..........................
15
6
L’évolution du TDA/H en fonction de l’âge..................................................
16
7
Les facteurs de risque et les facteurs de protection ..................................
17
8
Comment outiller les parents .....................................................................
33
9
Les qualités présentées par les jeunes ayant un TDA/H ............................
37
10
Techniques utiles pour l’intervention auprès d’un jeune présentant des
troubles de comportement .........................................................................
53
11
Une approche de renforcement social en sept étapes ..............................
57
12
Dix-huit façons de rendre un système de jetons plus efficace...................
58
13
Quelques moyens d’optimiser les jeux de rôles et les simulations ............
60
14
Stratégies d’intervention auprès des jeunes présentant un TDA/H ............
71
TDA/H et intervention jeunesse
Introduction
« Je trouve ça difficile de travailler avec cet enfant… c’est une vraie tornade ! Ce n’est
sûrement pas volontaire de sa part, mais je ne sais plus quoi faire pour le calmer. En plus,
ça va mal dans sa famille d’accueil, ça va mal à l’école, les autres jeunes ne veulent rien
savoir de lui… C’est vrai qu’il est agressif, des fois. Et il n’écoute pas ! Pas moyen d’avoir
son attention plus de deux minutes… C’est difficile de ne pas perdre patience avec lui. Il
paraît qu’il est hyperactif et que le médecin suggère de lui donner du Ritalin. Mais je me
demande si cette histoire d’hyperactivité, ce n’est pas une façon de déresponsabiliser ses
parents. Moi, je trouve qu’ils ne l’encadrent pas assez. Quand il court partout, ils n’ont qu’à
l’asseoir ; il va bien finir par se calmer ! »
Les enfants présentant un TDA/H peuvent être source de bien des maux de tête pour les
intervenants. Hyperactifs, souvent impulsifs et inattentifs, ces enfants requièrent
énormément d’attention sans toujours donner en retour, par exemple, en se pliant aux
consignes ou en changeant d’attitude. Il ne s’agit pas de mauvaise volonté de leur part ni
d’une incapacité à apprendre ; il est simplement très difficile pour eux de se concentrer, de
s’organiser et de se maîtriser. Ils ont donc besoin d’encadrement et de valorisation pour
arriver à faire ce que leurs amis font beaucoup plus facilement. Tout un contrat pour les
intervenants qui ne sont pas nécessairement outillés pour intervenir efficacement auprès
de ces enfants.
Objectifs
Ce document consacré au trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
(TDA/H1) s’adresse aux intervenants de centres jeunesse travaillant auprès d’enfants et de
familles touchés par ce problème. Les praticiens qui suivent des jeunes ayant des troubles
du comportement y trouveront également de l’information et des pistes d’intervention
intéressantes compte tenu des similitudes entre ces deux problèmes.
Plus précisément, ce document poursuit trois objectifs qui sont d’informer les intervenants
sur le TDA/H, de les sensibiliser à la réalité des enfants et des familles qui vivent
quotidiennement avec les problèmes liés à ce syndrome, et de leur présenter plusieurs
techniques d’intervention qui ont fait leurs preuves.
1
À noter que cette abréviation sera utilisée par la suite dans le document.
2
TDA/H et intervention jeunesse
Ce dernier objectif est particulièrement important, puisque ce document se veut un guide
pratique auquel pourront se référer les éducateurs chargés de l’application des mesures
en centre jeunesse ou travaillant à la réadaptation externe ou interne. Ils y découvriront
des techniques d’intervention simples et diversifiées, ainsi que des outils qui pourront les
soutenir dans la planification de leurs interventions auprès des enfants et des familles
touchés par le TDA/H. Les intervenants psychosociaux y trouveront aussi leur compte en y
puisant des renseignements qu’ils pourront transmettre aux parents ou aux familles
d’accueil concernés.
Mais avant de passer à l’action, mentionnons que ce document vise avant tout à apporter
aux lecteurs des informations objectives sur le TDA/H. Ce problème complexe et méconnu
est, en effet, entouré de mythes et de préjugés qui font la vie dure aux familles touchées.
La sensibilisation des personnes appelées à les côtoyer prend toute son importance dans
le fait que cette problématique a des répercussions sur toutes les sphères de vie des
enfants et des parents affectés : individuelle, familiale et sociale. Bien informés et
sensibilisés, les intervenants deviennent les meilleurs ambassadeurs de cette
sensibilisation auprès de leurs collègues et de leurs partenaires (milieux scolaires,
communautaires, etc.).
Une problématique courante en centre jeunesse
Le TDA/H est l’un des problèmes les plus fréquemment diagnostiqués chez les enfants
dont le signalement est retenu par la Direction de la protection de la jeunesse (TOURIGNY et
al., 2002). Quelques hypothèses peuvent être soulevées pour expliquer cet état de fait.
– Les parents vivant avec un enfant atteint du TDA/H, particulièrement les
mères, démontrent un niveau de stress plus élevé, ce qui laisse croire qu’ils
sont plus à risque de vivre des difficultés psychosociales nécessitant une
intervention des centres jeunesse (JOHNSON et READER, 2002).
– L’enfant présentant un TDA/H peut facilement se placer dans des situations
dangereuses et a besoin de beaucoup d’attention et d’encadrement au
quotidien. Il est donc possible que ses parents s’épuisent et posent des
gestes regrettables – mauvais traitements physiques, psychologiques, etc.
– Les parents peuvent parfois se décourager et abandonner devant le peu
d’amélioration du comportement de leur enfant, ce qui peut donner lieu à
des situations de négligence ou se transformer en trouble du comportement
chez l’enfant.
TDA/H et intervention jeunesse
3
– Les parents d’un enfant atteint du TDA/H peuvent avoir été eux-mêmes
hyperactifs dans leur enfance ou souffrir d’un TDA/H. En conséquence, ils
risquent de moins bien encadrer leur jeune, ce qui peut contribuer au
maintien de ses comportements inappropriés.
– Les troubles du comportement1, souvent associés au TDA/H chez l’enfant,
peuvent être à la source d’une intervention du centre jeunesse. Ils servent
en effet souvent de porte d’entrée dans le système de protection.
Il est donc possible d’avancer que plusieurs intervenants travaillant en centre jeunesse
sont susceptibles de travailler un jour ou l’autre avec une famille affectée par ce
syndrome.
Faits saillants
Le TDA/H est le problème le plus fréquemment diagnostiqué chez les enfants d’âge
scolaire. Selon le DSM-IV-TR (APA, 2000), de 3 à 7 % d’entre eux en souffrent. Certaines
recherches révèlent même une prévalence variant de 3 à 18 %. Par ailleurs, la proportion
de garçons atteints est supérieure à celle des filles, soit de 6 à 9 garçons pour une fille
(Collège des médecins, 2001 — Gouvernement du Québec, 2000). Dans ses travaux, FALARDEAU
(1997) observe que les perturbations sur le plan scolaire représentent la plus grande
difficulté associée au TDA/H (plus de 90 % des jeunes en souffriraient). LAFORTUNE (2005) écrit de
son côté que dans tous les milieux (centres jeunesse inclus), les premiers motifs de
psychopharmacothérapie sont le diagnostic de comportement perturbateur (TDA/H, trouble
oppositionnel ou trouble des conduites) et le risque suicidaire. Ces données justifieraient à elles
seules que l’on s’intéresse de près à ce syndrome. La pertinence en est d’autant plus
grande lorsque l’on prend conscience des répercussions qu’a le TDA/H dans toutes les
sphères de la vie du jeune et de sa famille : individuelle, familiale et sociale.
Outre l’enfant touché, les parents sont très affectés. Souvent, ils ne peuvent même pas
compter sur leur réseau de soutien naturel. En effet, le comportement de leur enfant peut
facilement entraîner des conflits avec l’entourage et ils ont plus de difficultés à le faire
garder (HOME et PEARCE, 2003). Par ailleurs, les mères qui ont un emploi et sur qui repose
souvent le fardeau des soins, sont plus isolées, plus stressées et plus déprimées, écrivent
BAKER et MCCAL (1995, dans HOME et PEARCE, 2003). Si le soutien des proches est absent et
que les systèmes de santé et d’éducation ne leur offrent que peu de ressources, elles
1
Tel que le mentionnent SAINT-JACQUES, MCKINNON et POTVIN (1999), les troubles du comportement peuvent
être divisés en deux catégories : les troubles de comportement extériorisés (hyperactivité, déficit
d’attention, impulsivité, agirs délinquants, abus de substances psychotropes, fugue, etc.) et les troubles de
comportement intériorisés (retrait, dépression, anxiété, tentatives de suicide, etc.).
4
TDA/H et intervention jeunesse
risquent de devoir travailler sans arrêt. Un partage inégal des tâches avec le conjoint
complique aussi la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle, poursuivent
HOME et PEARCE (2003). Parfois, les mères doivent choisir entre rester à la maison pour
gérer les crises et avoir un emploi. À moins d’être dans un milieu où l’on comprend la
nature et les répercussions du TDA/H sur la vie familiale, elles sont constamment obligées
de s’excuser, d’expliquer, de négocier.
Le tableau suivant présente une synthèse des principales difficultés vécues par le jeune
présentant un TDA/H et les membres de sa famille.
TDA/H et intervention jeunesse
5
Tableau 1
Les principaux secteurs de vie touchés par le TDA/H
adaptation d’un tableau du rapport MEQ et MSSS, 2003
DIFFICULTÉS POSSIBLES
EXPLICATIONS
La vie de l’enfant
Diminution de l’estime de soi.
Compte tenu des échecs fréquents, l’enfant peu se sentir incompétent.
Pauvre socialisation.
À cause de conflits plus fréquents avec les pairs, le risque de retrait social ou de
rejet est augmenté.
Difficulté relationnelle avec l’autorité. Quand l’opposition se développe, il y a peu de respect pour les règles.
Perturbation du développement
affectif.
Les échecs répétitifs peuvent entraîner des frustrations et de l’anxiété par rapport
aux situations qui causent les difficultés.
Risque de consommation ou d’abus Cette difficulté peut se manifester à l’adolescence, en l’absence de traitement,
de substances psychotropes.
compte tenu de l’impulsivité associée au TDA/H.
Compromission de la sécurité.
L'enfant se place dans des situations où il y a plus de risques de blessures
physiques. Il a des difficultés à percevoir ou à évaluer le danger.
Problèmes de comportement.
L’enfant a tendance à nier sa responsabilité et il y a une alternance entre
l’inhibition et la désinhibition. Des comportements antisociaux peuvent se développer en l’absence de traitement.
Tendance à la fabulation.
L’enfant arrange la réalité à sa manière, il l’embellit.
Tendance à être dans la lune.
L’enfant a de la difficulté de se concentrer.
La vie familiale
Diminution de la qualité de la vie
conjugale.
Le stress engendré par l’éducation d’un enfant TDA/H nuit à l’harmonie du couple.
Répercussions sur la situation
financière.
Les coûts élevés pour l’évaluation et le traitement alourdissent le budget familial.
Conflits possibles entre les
membres de la fratrie.
Les jeunes ayant un TDA/H requièrent davantage l’attention parentale que ses
frères et sœurs, ce qui occasionne parfois de la jalousie et du ressentiment.
Déséquilibre affectif.
Les parents se sentent responsables du TDA/H.
Vie sociale de la famille.
La famille s’isole afin d’éviter les situations embarrassantes.
La vie scolaire
Faible rendement scolaire.
Les risques de subir des échecs scolaires s’accroissent avec les années.
Mobilisation ardue des services
scolaires professionnels.
Le TDA/H nécessite une bonne disponibilité des services professionnels et
mobilise une pluralité d’intervenants pour la réussite scolaire.
Épuisement des membres de
l’équipe scolaire.
Les crises du jeune doivent être désamorcées par le professeur qui passe
30 heures par semaine avec lui.
La vie en société
Le traitement du TDA/H engendre des coûts sociaux importants. Les actions qui sont nécessaires pour traiter les
difficultés associées à ce trouble et pour offrir du soutien supplémentaire aux milieux familial et scolaire sont multiples.
Elles mobilisent donc un nombre important d’intervenants du réseau de la santé de même que des services sociaux et
des services judiciaires.
6
TDA/H et intervention jeunesse
Intervenir sans préjugés
En plus de devoir composer quotidiennement avec les difficultés découlant du TDA/H, les
enfants et les familles touchés doivent souvent faire face aux préjugés, à l’incompréhension et au rejet de l’entourage. Cet aspect du problème est méconnu et entouré de
fausses croyances, non seulement dans la population en général, mais également chez
les intervenants. Ces derniers ont donc tout intérêt à s’informer pour que l’intervention soit
efficace et personnalisée. À noter qu’une meilleure compréhension du TDA/H n’implique
pas une déresponsabilisation du jeune face à son comportement ; elle permet simplement
à l’intervenant de mieux saisir le problème du jeune de façon à apporter l’aide nécessaire.
Voici quelques exemples de fausses croyances concernant le TDA/H :
– De la part de la population, en général :
C’est la faute des parents et de l’enseignant si l’enfant se comporte de
cette façon; ils ne savent pas comment l’encadrer.
Le TDA/H est un symptôme de troubles affectifs.
Une médication résoudra toute difficulté.
Les jeunes qui peuvent rester concentrés pendant des heures devant
le téléviseur ou un jeu vidéo ne peuvent pas avoir de problèmes
d’hyperactivité ou d’inattention.
Le TDA/H se résorbe à l’adolescence.
L’hyperactivité et les problèmes d’attention disparaîtront à l’âge
adulte.
– Chez les intervenants et les enseignants :
Cet enfant est malintentionné.
Cet enfant a un avenir sombre, il sera irresponsable et sûrement
délinquant.
Cet enfant devrait être obéissant, je ne dois pas le traiter
différemment des autres.
On ne doit pas attendre grand-chose de cet enfant ; il a un problème,
il est « défectueux ».
Une médication doit être évitée à tout prix. Si cet enfant doit prendre
des médicaments, c’est que j'ai échoué dans mon rôle d’intervenant
ou d'enseignant.
TDA/H et intervention jeunesse
7
Cet enfant doit tout simplement grandir, il est juste immature.
Cet enfant a de la difficulté parce qu’il est paresseux et qu’il manque
de motivation.
– De la part des parents :
Je suis incompétent, c’est ma faute s’il se comporte ainsi.
Je ne peux rien faire, je n’ai aucune autorité sur cet enfant.
Je ne dois pas faire d’erreurs en élevant cet enfant.
Les informations livrées dans ce document permettront
de réfuter plusieurs de ces fausses croyances !
1.
Qu’est-ce que le TDA/H ?
1.1.
Une définition qui a évolué avec le temps
Le TDA/H est un phénomène observé et étudié depuis plus de cent ans. Il s’agit cependant
d’un concept en mouvance qui a été largement modifié au fil du temps, tant dans sa
nomenclature que dans sa compréhension. Au cours du XXe siècle, il fut d’abord question
de « syndrome d’atteinte cérébrale » (1900–1925), puis d’« atteinte cérébrale légère »
(1925–1960) et finalement de « dysfonction cérébrale minime » (1960–1970).
Aujourd’hui, on parle de « trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ». Ce
trouble a comme caractéristique principale un mode persistant d’inattention ou d’hyperactivité / impulsivité plus fréquent et plus grave que ce qui s’observe habituellement chez
les enfants d’un niveau de développement similaire (APA, 2000). Cette définition inclut les
trois sous-types suivants :
– Le type « inattention prédominante ».
– Le type « hyperactivité / impulsivité prédominantes ».
– Le type « mixte »1.
Pour qu’un TDA/H soit diagnostiqué chez un jeune, celui-ci doit ressentir une gêne
fonctionnelle dans au moins deux environnements distincts (par exemple, à la maison, à l’école
ou dans les loisirs) et les symptômes doivent nuire à son fonctionnement social ou scolaire.
1
La plupart des jeunes atteints du TDA/H présentent le type mixte (hyperactivité et inattention), mais
certains n’ont qu’une de ces caractéristiques.
8
TDA/H et intervention jeunesse
Par ailleurs, un nombre minimal de symptômes entraînant des difficultés dans la vie
quotidienne doivent avoir été observés au cours des sept premières années de sa vie, et
ce, même si le diagnostic est posé bien après l’apparition des premiers signes. L’exemple
suivant donne un aperçu des manifestations d’un TDA/H de type mixte.
Mathieu a 6 ans. Il est en première année. Rapidement, son enseignante constate que son
comportement se démarque de celui des autres enfants de la classe. Mathieu semble « monté
sur des ressorts », il bouge continuellement et se lève sans raison… Bref, il est toujours « assis
sur une fesse ». D’ailleurs, il n’est pas rare qu’à force de se tortiller, il tombe de sa chaise.
Lorsque vient le temps de sortir son matériel scolaire, c’est toujours un problème : Mathieu a
perdu son cahier, ne trouve plus son crayon… Bref, il semble incapable de mettre de l’ordre
dans ses affaires et si son enseignante l’aide, ce rangement dure peu de temps.
À la maison, c’est la même chose. La mère de Mathieu ne compte plus le nombre de mitaines
qu’elle a dû acheter, son fils les égarant régulièrement. Faire les devoirs est une guerre
quotidienne. Mathieu semble incapable de se concentrer sur ce qu’il doit faire. Si on ne le
surveille pas continuellement, il tombe dans la lune et oublie complètement l’exercice qu’il est en
train de faire.
La vie sociale de la famille est de plus en plus limitée. Depuis un an ou deux, ses parents
reçoivent beaucoup d’invitations pour des « soupers entre adultes »… La turbulence de Mathieu
décourage en effet plusieurs amis des parents. Mais le problème, c’est qu’il n’est pas facile de
lui trouver une gardienne.
1.2.
Les causes
Il n’existe pas de théorie faisant l’unanimité chez les chercheurs concernant l’origine du
TDA/H. Ce que l’on peut dire à ce sujet, c’est que plusieurs théories soutenues
empiriquement ciblent des facteurs génétiques, biologiques et neurologiques. Selon des
études (FARAONE et BIEDERMAN, 2000 – SPRICH et al., 2000 mentionnées dans PHARES, 2003),
l’hérédité apparaît comme un facteur important dans le développement du TDA/H, même si
aucun marqueur génétique spécifique n’est connu à ce jour. Cette théorie est cependant
contestée par d’autres chercheurs qui mettent en doute la validité des résultats de ces
études (JOSEPH, 2000).
Des études sur les neurotransmetteurs (qui ont une influence sur le comportement), de même
que sur les structures du cerveau des enfants et des adolescents atteints, démontrent que
le TDA/H pourrait aussi être d’origine organique, causé par des atteintes cérébrales subies
durant la grossesse (exposition à la cigarette ou à l’alcool) ou après la naissance (enfant qui a
souffert de méningite ou qui a subi un traumatisme crânien). BARKLEY (1997) estime de son côté
que le TDA/H est principalement dû au mauvais fonctionnement des processus
responsables de l’inhibition dans le cerveau de l’individu. Parce que ses fonctions reliées à
TDA/H et intervention jeunesse
9
la maîtrise de soi sont déficitaires, le jeune serait incapable de tempérer ses pulsions
(émotions ou actions) et n’arriverait pas à canaliser son énergie pour se concentrer sur une
tâche.
Certains facteurs familiaux, tels que les conflits entre les parents, la présence de
psychopathologies chez ces derniers, des relations parents-enfants chaotiques et des
méthodes éducatives inadéquates, ont aussi été relevées dans les études étiologiques du
TDA/H. Les études citées dans PHARES (2003) ont toutefois démontré que la plupart de ces
facteurs sont associés à des troubles de conduite (ou au TDA/H combiné avec troubles de
conduite) et non au TDA/H uniquement.
Quant aux facteurs psychosociaux et environnementaux, la plupart des études réalisées
indiquent qu’ils peuvent précipiter ou aggraver le TDA/H, mais qu’ils n’en seraient pas à
l’origine. Mentionnons, entre autres, le seuil de tolérance des enseignants à l’égard des
enfants agités (PHARES, 2003), et les stresseurs importants auxquels sont confrontés les
enfants suivis par les services de protection de la jeunesse : pauvreté, violence conjugale
et familiale, sévices sexuels ou violences physiques, toxicomanie chez les parents, etc.
Ces conditions contribueraient fortement au développement ou au maintien d’une agitation
chez un enfant, sans toutefois en être la cause.
1.3.
Les troubles concomitants
Le TDA/H se présente rarement seul ; il est souvent accompagné d’autres problèmes. Il
peut s’agir de troubles oppositionnels, de troubles des conduites, de troubles d’apprentissage, de troubles anxieux ou de troubles de l’humeur. Le tableau suivant fait état de
l’incidence des troubles concomitants au TDA/H.
Tableau 2
Incidence des troubles concomitants1
Troubles concomitants
Trouble oppositionnel avec provocation
Trouble des conduites
Trouble de l’humeur
Trouble anxieux
Trouble d’apprentissage
30 à 50 % *
25 %
18 %
25 %
15 à 60 % *
* Selon les études
1
Le trouble de déficit de l’attention / hyperactivité et l’usage des stimulants du système nerveux central,
Collège des médecins et Ordre des psychologues du Québec, 2001.
10
TDA/H et intervention jeunesse
1.3.1.
TDA/H et troubles concomitants : comment les reconnaître1
Le tableau 3 réfère à des manifestations « brutes » qui ne sont pas influencées par la
présence d’un autre trouble. Il est présenté pour aider les lecteurs à mieux différencier les
troubles par leurs manifestations. Il faut cependant garder à l’esprit que les causes d’une
manifestation peuvent être multiples. Il revient donc à l’intervenant de déterminer si un jeune
s’oppose par calcul ou si son refus d’obéir relève de son impulsivité ou de son anxiété.
Tableau 3
Manifestations associées au TDA/H et aux troubles concomitants
Trouble
des conduites
Trouble
anxieux
Trouble
dépressif
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Oui
Oui
(éprouve du
plaisir
à contrôler)
—*
Non
10 % en développent
25 % en développent
Il s’agit du
problème
principal
—
—
Désir de collaboration
(même à
l’adolescence)
Oui
Non
Non
—
—
Comportements de
méchanceté
Non
Oui
Oui
—
—
Pardonne facilement
Oui
Non
Non
—
—
Inattention
Peut y en avoir
Non
—
—
—
Brise les objets ou
blesse des gens
Sans intention
—
De façon
intentionnelle
—
—
Regrets des actes
négatifs
Oui
—
Pas de
remords
—
—
Souffrance interne
(malaise)
Non
—
—
Oui
—
Non (se lance sans
réfléchir)
—
—
Oui
—
Caractéristiques
présentes
Impulsivité mentale
ou verbale
Impulsivité physique
TDA/H
Trouble
d’opposition
Oui
Non
(peut aussi dire des
(paroles impulsives
paroles méchantes, et méchantes dans le
mais pas dans le but
but de prendre le
de prendre le contrôle)
contrôle)
Oui
Désir de contrôle
Développement d’un
trouble de la conduite
Anticipation
1
Ces informations sont tirées d’une formation offerte par la Clinique des déficits de l’attention et de
l’hyperactivité de Québec, 2002.
TDA/H et intervention jeunesse
Caractéristiques
présentes
Peurs généralisées
ou spécifiques
Capacité
d’introspection
Imitation
Ralentissement
psychomoteur
11
TDA/H
Trouble
d’opposition
Trouble
des conduites
Trouble
anxieux
Trouble
dépressif
Non
—
—
Oui
—
—
Non
—
—
Trop
souvent
contre
lui-même
Non
—
—
—
—
Non
—
—
—
Oui (limite les
chances de
poser un
diagnostic de
TDA/H)
Agitation
psychomotrice
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Intérêt pour les
activités quotidiennes
Oui
—
—
—
Non
Non (elle est rarement
présente)
Oui
Oui
Oui
Oui
Fatigue ou perte
d’énergie à certains
moments du jour
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Difficulté de sommeil
Oui (parfois)
Oui
Oui
Oui
Oui
Refus d’activités ou
devant des sources
d’anxiété
Non
Oui
Oui
Non, cette difficulté est
constante
Oui
Oui
Irritabilité
Diminution
de l’aptitude à
penser, à se
concentrer
Oui
Oui
Oui
* Les tirets indiquent que les comportements désignés ne sont pas en lien avec le trouble.
1.3.2.
TDA/H et troubles concomitants : comment les différencier1
Poussant plus loin les distinctions, le tableau 4 présente les similitudes et les différences
des troubles d’opposition et des troubles de la conduite par rapport aux troubles dépressifs
et des troubles anxieux.
1
Ces informations sont tirées d’une formation offerte par la Clinique des déficits de l’attention et de
l’hyperactivité de Québec, 2002.
12
TDA/H et intervention jeunesse
Tableau 4
Distinction entre les troubles d’opposition / de la conduite et les troubles dépressifs ou anxieux
TROUBLE D’OPPOSITION OU TROUBLE DE LA CONDUITE PAR RAPPORT À UN TROUBLE DÉPRESSIF
Ressemblances
–
Irritabilité.
–
Troubles du sommeil
(quoique plus difficile à
distinguer chez
l’adolescent).
Différences
Spécificité du trouble dépressif
Spécificité du trouble d’opposition ou de la conduite
–
Altération des intérêts (alimentation, sexualité, socialisation, etc.).
–
Niveau d’intérêt plus élevé pour les activités.
Prise ou de perte de poids.
–
–
Désir de prendre le contrôle sur l’environnement,
volonté d’avoir le contrôle.
–
Ralentissement psychomoteur.
–
Énergie déployée pour s’opposer de façon active ou
passive.
–
Déresponsabilisation du jeune face à ses torts.
–
Agitation psychomotrice.
–
Fatigue ou perte d’énergie.
–
Diminution de l’aptitude
à penser ou à se
concentrer sur une
décision.
–
Sentiment de dévalorisation ou de
culpabilité.
–
Pensées suicidaires récurrentes
(avec ou sans plan précis).
TROUBLE D’OPPOSITION OU TROUBLE DE LA CONDUITE PAR RAPPORT À UN TROUBLE ANXIEUX
Ressemblances
Différences
Spécificité du trouble anxieux
– Irritabilité.
– Peurs particulières.
– Refus du jeune devant – Peur de certaines sources de
certaines activités ou
devant certaines
sources d’anxiété.
– Agitation
psychomotrice.
danger.
Spécificité du trouble d’opposition ou de la conduite
– Désir de prendre le contrôle sur l’environnement,
volonté d’avoir le contrôle.
– Déresponsabilisation du jeune face à ses torts.
– Sentiment de dévalorisation ou de
culpabilité.
– Malaise face à sa condition.
– Diminution de l’aptitude
à penser, à se
concentrer ou
indécision.
– Problème de sommeil.
Il faut être prudent avant de sauter aux conclusions et d’affirmer qu’un jeune est
« sûrement » hyperactif. Les possibilités suivantes sont à explorer :
–
–
–
–
–
Avoir subi des sévices sexuels ou des violences physiques.
Avoir un trouble d’apprentissage.
Être sourd.
Être atteint de diabète.
Avoir un problème thyroïdien.
TDA/H et intervention jeunesse
2.
13
Comment reconnaître le TDA/H
Cette section donne un aperçu des manifestations du TDA/H et des principales difficultés
vécues par l’enfant qui en souffre. Il y sera question des symptômes généraux et
spécifiques selon le type de TDA/H et l’âge du jeune. Les facteurs de risque et de
protection sont également exposés.
2.1.
Les symptômes généraux
– Difficulté à se mettre au travail et à s’organiser
Le jeune éprouve des difficultés à gérer son horaire et son matériel. Il oublie
fréquemment les objets, les consignes et les délais. Se mettre au travail
sera d’autant plus difficile si la tâche est inintéressante pour lui. Il aura
tendance à remettre les choses au lendemain et à aller faire une activité
qu’il considère comme plus plaisante. Pour le jeune atteint d’un TDA/H,
l’intérêt pour une tâche est donc un facteur déterminant pour son
accomplissement. Si la tâche à effectuer ne suscite pas son intérêt, il faut
trouver des tactiques pour l’y amener, par exemple un système de
renforcement.
– Difficulté à maintenir sa concentration et un effort au travail
Si la tâche ne l’intéresse pas ou demande un effort mental soutenu, le jeune
sera très facilement distrait par ce qui se passe dans son environnement ou
par des pensées qui traversent son esprit. Il va aussi rapidement se fatiguer
et tombera dans la rêverie. Il aura tendance à passer d’une activité à une
autre sans les compléter. Il faut donc régulièrement le surveiller et le
motiver dans la tâche qu’il réalise. L’activité peut également être découpée
en plusieurs étapes. Il est alors plus encourageant, pour le jeune, de voir
qu’il fait plusieurs pas dans la bonne direction.
– Déficit de la mémoire de travail à court terme
Le jeune a tendance à oublier rapidement une nouvelle information. Il lui
sera donc difficile d’effectuer une tâche comprenant plusieurs étapes,
puisqu’il les oublie en cours de route. Par exemple, il peut éprouver des
difficultés à participer aux travaux ménagers si la consigne verbale
comporte plusieurs étapes. Des rappels écrits ou des dessins peuvent alors
l’aider.
14
TDA/H et intervention jeunesse
– Difficulté à suivre les règles et les consignes
Le jeune qui présente un TDA/H est distrait et impulsif. Souvent, il n’entend
pas les consignes ou réagit trop rapidement, avant d’avoir reçu toutes les
indications. À cause de son impulsivité, il a de la difficulté à respecter les
règles. Cela n’a rien à voir avec une opposition volontaire. Il peut
néanmoins finir par s’opposer volontairement à la suite de réprimandes qu’il
juge non fondées. Hausser le ton et répéter une consigne sans arrêt est
donc inutile à moins que cela ne se fasse dans le cadre d’un système
d’intervention avec des balises spécifiques.
– Incapacité à modifier son attitude ou son comportement à la suite
d’une conséquence négative
Peu importe la conséquence d’un comportement inadéquat ou la sanction
infligée, la probabilité de récidive est importante. L’enfant retient
difficilement les actions passées et leurs conséquences.
– Mauvaise perception du temps et de l’espace
Pour beaucoup de ces jeunes, se situer dans le passé ou l’avenir est ardu.
Le moment présent est prédominant. C’est pourquoi les conséquences
positives ou négatives à retardement sont peu efficaces. L’organisation de
l’espace est aussi difficile : ils sont souvent désorganisés et ne pas
prennent soin de ce qui leur appartient.
2.2.
Les symptômes spécifiques
Les symptômes d’un TDA/H varient selon qu’il s’agisse d’un type de TDA/H avec inattention
ou hyperactivité prédominante ou d’un type mixte. Ceux-ci évoluent également en fonction
de l’âge de la personne atteinte. Les sections suivantes font état de ces différences.
TDA/H et intervention jeunesse
2.2.1.
15
Les symptômes selon le type de TDA/H
Tableau 5
Particularités des symptômes selon les types de TDA/H 1
Ensemble des TDA/H
• Difficulté à se mettre au travail, à •
s’organiser.
•
• Difficulté à maintenir sa concentration et un effort au travail.
•
• Difficulté à suivre les règles et les
consignes.
•
• Incapacité à modifier son attitude ou
son comportement à la suite d’une
conséquence négative.
TDA/H Impulsif
• Déficit de l’attention sélective (incapacité de
sélectionner, dans l’environnement, une
source de stimulation pertinente et de se
Grande difficulté à attendre
« fermer » aux autres sources).
son tour.
Agitation excessive.
Intolérance marquée à la
frustration.
Distractivité externe
importante (se laisse
facilement distraire par ce
qui l’entoure).
• Mauvaise perception du temps et de
l’espace.
2.2.2.
TDA/H Inattentif
• Déficit de l’attention partagée (incapacité de
faire deux activités simultanément, par
exemple prendre des notes en écoutant un
cours).
• Tendance à la surpersévérance (incapacité
de s’arrêter malgré les signaux internes ou
externes qui invitent à le faire, difficulté à se
mobiliser pour se mettre à la tâche).
• Distractivité interne importante
facilement à autre chose).
(pense
Les symptômes selon l’âge
Contrairement à ce que plusieurs croient, le TDA/H ne disparaît pas à l’adolescence ni à
l’âge adulte. En fait, s’il se caractérise par la constance de certaines manifestations, on
observe que d’autres se modifient avec le temps. Le tableau suivant présente plusieurs
caractéristiques du TDA/H selon cinq périodes de développement.
1
Tiré de Agir ensemble pour mieux soutenir les jeunes. Ministère de l’Éducation et ministère de la Santé
et des Services sociaux (2003).
LAROCHELLE et ROBITAILLE (www.comportement.net/TDA/H/pdf/01.pdf).
16
TDA/H et intervention jeunesse
Tableau 6
L’évolution du TDA/H en fonction de l’âge1
À tout âge
Petite enfance
Âge préscolaire
• Inattention
(surtout les
filles).
• Plus irritable : • Donne l’impression
faible toléde n’avoir aucun
rance à la
sens du danger.
frustration.
• Agitation
• Moins bonne
(surtout à la • Plus difficile à
réaction aux efforts
petite
consoler.
disciplinaires qui
enfance).
réussissent avec
les autres enfants.
• Inconstance
du sommeil.
• Impulsivité
(surtout
• Change souvent de
chez les
jeu et jeux très
• Apparition de
garçons).
animés, parfois
symptômes
destructeurs (jeux
de suractivité,
plus immatures).
• Vue comme
difficultés
une
d’attention.
personne
• Curiosité insatiable.
insouciante. • Irrégularité
• Crises excessives
des cycles
(durée et intensité).
• Personne
physiolomal
giques (faim,
organisée.
sommeil).
• Faible degré
d’obéissance aux
consignes.
• Sans
• Retard dans
persévé–
l’apprentisrance ni
sage de la
• Diminution du somconstance
propreté,
meil ou sommeil
face à la
dévelopagité.
tâche.
pement
moteur et
• Début des
langagier.
difficultés dans les
relations sociales.
• Bouge
constamment.
Âge primaire
Adolescence
• Étourdi,
impoli.
• Sentiment de
nervosité, agitation.
• Intrusif dans
les affaires
des autres.
• Difficulté à se
concentrer, à réaliser
calmement des
activités.
Âge adulte
• Nombre plus
élevé de
personnalités
antisociales.
• Plus de
comportements
antisociaux.
• Perturbateur,
dérangeant. • Consommation plus
élevée de drogue et
• Abandon scolaire
plus fréquent.
d’alcool.
• Mauvaises
relations avec
• Statut socioécoles pairs.
• Moins bons résultats
nomique plus
scolaires, reprise d’une
faible.
année scolaire ou
• Incapable
décrochage (surtout
d’attendre
lors de comorbidité
• Perturbations au
son tour.
avec TO ou TC).
travail (changements d’emploi
fréquents, conflits
• Négativisme.
avec collègues).
• Retard chronique.
• Incapacité de terminer
un travail seul.
• Tendance aux
conduites à haut
risque.
• Mauvaise estime de
soi.
• Besoin compulsif de
faire partie d’un groupe
ou isolement total.
• Dépression, menaces
suicidaires.
• Pauvreté de relations
sociales enrichissantes
et positives.
1
Tiré de Agir ensemble pour mieux soutenir les jeunes. Ministère de l’Éducation et ministère de la Santé
et des Services sociaux (2003) : http://www.meq.gouv.qc.ca.
TDA/H et intervention jeunesse
2.3.
17
Les facteurs de risque et de protection
Certains facteurs rendent les jeunes souffrant d’un TDA/H plus à risque de développer des
difficultés au cours de leur vie. Même si les intervenants n’ont souvent pas de prise sur
ces facteurs, le fait de les connaître et d’en comprendre le fonctionnement leur permettra
de trouver le meilleur angle pour aider le jeune ou, du moins pour freiner l’augmentation
du problème. Par ailleurs, sur deux jeunes exposés aux mêmes facteurs de risque, l’un
peut développer un TDA/H et l’autre non. Dans ce dernier cas, la présence d’éléments
protecteurs aura peut-être fait la différence. Les facteurs de protection peuvent en effet
diminuer l’intensité du TDA/H ou en retarder l’apparition. Ils ont une influence positive sur
le développement des jeunes atteints. Le tableau suivant regroupe les principaux facteurs
de risque et de protection associés au TDA/H (MEQ et MSSS, 2003).
Tableau 7
Les facteurs de risque et les facteurs de protection1
Individuels
Risque
Protection
Familiaux
Risque
Faible
potentiel
intellectuel.
Potentiel
intellectuel
élevé.
Présence
d’autres
troubles en
comorbidité.
Bonne
relation
avec
l’autorité.
Anormalité
du système
nerveux
central.
Dépistage
précoce.
Dysfonctions
familiales.
Bonne
sociabilité.
Discipline
inconsistante.
Statut socioéconomique
moyen à élevé.
Pratiques
parentales
coercitives.
Niveau de
scolarité élevé
des parents.
Statut socioéconomique
faible.
Bon réseau de
soutien social et
familial.
Référence
tardive.
Présence
d’agressivité.
Problème de
santé mentale dans la
famille.
Relation
parent-enfant
conflictuelle.
Alcoolisme,
toxicomanie,
tabagisme.
Isolement
social.
1
Protection
Bonne communication entre les
membres.
Fonctionnement
familial adéquat.
Encadrement
ferme et positif
des parents.
Psychosociaux
Scolaires
Risque
Protection
Risque
Isolement
social.
Programmes
périnataux et
prénataux.
Rejet par les
pairs.
Faible soutien
familial et
social.
Problèmes de
toxicomanie.
Mauvaise
évaluation
psychosociale
lors du
diagnostic.
Mauvais
encadrement
dans l’environnement social.
Mesure de
soutien et de
répit-dépannage.
Programme de
lutte contre la
pauvreté.
Prise en charge
des parents en
difficulté.
Développement
des compétences parentales.
Participation à
des groupes ou
associations de
parents.
Faible
rendement
scolaire.
Encadrement
coercitif et
excessif.
Inconsistance
des règles.
Manque ou
faiblesse des
services complémentaires
Protection
Bonne
intégration
dans le groupe
de pairs.
Bon
rendement
scolaire.
Encadrement
ferme,
constant et
sécurisant de
la part du
personnel.
Faible
collaboration
parentenseignant.
Bonne
communication et
collaboration
parent–
enseignant.
Accroissement
des procédures
disciplinaires.
Relation
positive avec
l’enseignant.
Tiré de Agir ensemble pour mieux soutenir les jeunes. Ministère de l’Éducation et ministère de la Santé
et des Services sociaux (2003) : http://www.meq.gouv.qc.ca.
18
3.
TDA/H et intervention jeunesse
Le traitement des enfants présentant un TDA/H
Il faut préciser d’entrée de jeu que le TDA/H ne se guérit pas, quel que soit le type de
traitement privilégié. Le traitement peut toutefois diminuer les symptômes, atténuer les
conséquences négatives du TDA/H sur le jeune et sa famille et contribuer à ce que tous
s’adaptent mieux à cette situation. Le traitement le plus efficace pour contrer le TDA/H est
multimodal et doit être envisagé à long terme. Il combine des techniques d’intervention
diversifiées auxquelles une médication peut être ajoutée.
3.1.
Le traitement pharmacologique
Plusieurs enfants présentant un TDA/H sont susceptibles de devoir recourir à la
médication. Il est donc important, pour les intervenants, d’en comprendre le
fonctionnement et les effets. Les médicaments utilisés pour le traitement du TDA/H sont
des psychostimulants du système nerveux central et non des calmants, comme on
pourrait s’y attendre. Les plus connus et les plus utilisés au pays sont le Ritalin (méthylphénidate), la Dexedrine (dextroamphétamine) et l’Adderal (combinaison d’amphétamine et de
dextroamphétamine). Le Concerta (à libération prolongée), dont l’usage est répandu aux
États-Unis et en Europe, est également de plus en plus utilisé au Québec. À noter,
toutefois, que ce médicament n’est pas prescrit aux enfants de moins de 6 ans.
3.1.1.
Les effets positifs de la médication
De façon générale, le traitement pharmacologique diminue les comportements indésirables résultant du TDA/H en agissant principalement sur l’inattention, l’impulsivité et
l’hyperactivité. Plus précisément, les médicaments augmentent le degré d’activité et de
vigilance du système nerveux (degré d’éveil), régulent les processus cognitifs (concentration,
mémoire à court terme, temps de réaction), permettent une plus grande persévérance devant la
tâche et améliorent la motricité fine. Plus attentif, plus concentré et désormais en mesure
de suivre ce qui se passe, l’enfant démontre moins d’agressivité, d’impulsivité, et
d’opposition, et ses comportements bruyants diminuent.
La médication prédispose donc l’enfant à l’apprentissage de nouveaux comportements. En
termes imagés, on pourrait dire qu’elle vient « remettre de la pression dans le système de
freinage ». Le jeune dispose ainsi d’un temps de réflexion avant d'agir et il peut prévoir les
conséquences de ses actes, ce à quoi il parvient habituellement avec difficulté. Il sera plus
en mesure de considérer l’opinion d’autrui, de tolérer la frustration et d’attendre. Ces
changements entraîneront des effets indirects positifs dans ses relations avec ses pairs.
TDA/H et intervention jeunesse
19
De la même façon, les médicaments lui permettent de profiter davantage des approches
psychosociales mises de l’avant pour l’aider, car celles-ci requièrent un minimum de
concentration et de contrôle de l’impulsivité. DUBÉ (1997) a en effet démontré que la
médication accroît l’efficacité des autres mesures thérapeutiques mises en œuvre. Ces
effets positifs sont également profitables aux parents qui peuvent ainsi reprendre des
forces et participer au traitement de manière plus efficace.
Depuis que Marc-Olivier est sous médication, la vie est plus facile pour lui. Tout d’abord, selon
ses propres mots : « C’est plus calme dans ma tête, mes idées ne sont plus comme des feux
d’artifice. » Ses idées étant plus claires, il a moins de difficulté à utiliser les trucs que son
éducatrice lui a donnés. Il se souvient plus facilement que dans un groupe, avant de parler, il
doit s’arrêter, se questionner pour savoir si ce qu’il va dire risque de blesser quelqu’un ou si
c’est le temps de parler. Auparavant, il connaissait ces trucs mais il les oubliait très souvent.
Si la médication est nécessaire pour bien des jeunes aux prises avec un TDA/H, elle est
cependant souvent insuffisante. Et elle ne doit pas se substituer aux autres mesures
susceptibles d’aider l’enfant ou l’adolescent, notamment l’aide à l’apprentissage, la
modification d’un environnement néfaste ou l’arrêt d’une situation compromettante pour le
bien-être du jeune (Collège des médecins et OPQ, 2001).
– La réponse aux stimulants de l’attention ne doit pas servir à confirmer ou à
infirmer un diagnostic de TDA/H. Toute personne qui utilise cette médication
verra son attention et sa concentration augmentées, cependant, l’effet sera
plus marqué chez une personne atteinte d’un TDA/H.
– Les médicaments rendent l’enfant plus disponible à l’apprentissage en
général (notions scolaires, nouveaux comportements, stratégies de résolution de
conflits), mais un important travail de soutien doit être fait par les parents et
les intervenants pour encadrer son comportement.
– Comme les enfants et les adolescentes sont souvent distraits, impulsifs,
voire désorganisés et peu enclins à prendre des médicaments, la responsabilité de l’observance de la médication doit incomber aux parents ou aux
personnes qui s’occupent de l’enfant, s’il est placé.
– Les effets positifs de la médication cessent avec son interruption.
Lorsqu’une médication est prescrite, un suivi est nécessaire.
20
TDA/H et intervention jeunesse
3.1.2.
Les effets secondaires de la médication
La médication peut, dans certains cas, avoir des effets secondaires tels que de l’insomnie,
une perte d’appétit ou des céphalées (BARKLEY, 1998). D’autres effets désagréables
surviennent à l’occasion, de façon momentanée : maux de cœur ou de ventre, irritabilité,
anxiété, tics nerveux, réactions émotives (entre autres des pleurs) et changements d’humeur1.
Par ailleurs, des effets rebonds se manifestent lorsque la médication cesse de faire effet.
Le jeune souffrant d’un TDA/H devient alors plus excité, parle sans arrêt, devient plus
irritable. PHARES (2003) souligne comme effet non désiré, le fait que les enfants peuvent en
venir à croire qu’ils ne peuvent pas avoir de contrôle sur leurs comportements sans cette
pilule « magique ».
Les effets secondaires du Ritalin sont la perte de poids ou l’incapacité à en gagner, le
retard de croissance et les tics nerveux. Les parents et les médecins doivent donc
surveiller de près le comportement de l’enfant afin de bien reconnaître les effets
indésirables de la médication dès leur apparition (notamment la perte d’appétit et l’insomnie). Le
médecin doit en être informé pour réviser la prescription, s’il y a lieu.
3.1.3.
Le controversé Ritalin
La prescription de médicaments comme le Ritalin suscite de nombreux débats, tant dans
les médias que dans les milieux scolaires et d’intervention. Alors que certains croient qu’il
s’agit là d’une solution un peu facile de type « quick fix » à l’américaine, d’autres
considèrent son usage comme essentiels à d’éventuels changements chez le jeune.
C’est là l’opinion de LILY HECHTMAN (citée dans PAYEUR, 2002) qui estime que le Ritalin,
combiné à un suivi accru des parents, des enseignants et d’un thérapeute, demeure la
meilleure façon de pallier les symptômes de l’hyperactivité et d’atténuer les difficultés
secondaires telles que les troubles de lecture et d’apprentissage chez les enfants atteints.
« Malheureusement, témoigne-t-elle, plusieurs médecins ne prennent pas le temps de bien documenter les
cas. » Elle déplore en outre la prescription de doses souvent insuffisantes et le suivi
effectué seulement tous les six mois, alors que des rencontres devraient avoir lieu chaque mois.
Par ailleurs, le Ritalin ne cause pas de dépendance chez ceux qui en ont réellement
besoin, estime VINCENT (2004), puisque le TDA/H est avant tout un trouble neurobiologique.
Cette dernière compare la prise de médicament au port de lunettes correctives chez une
personne myope : même la plus grande volonté ne peut lui permettre de voir si elle n’en
1
Ces effets secondaires peuvent cependant diminuer ou même cesser après une certaine période de prise
du médicament.
TDA/H et intervention jeunesse
21
porte pas. Ce qui ne veut pas dire, qu’il faille déresponsabiliser l’enfant et les parents en
leur laissant croire qu’ils ne peuvent rien faire pour améliorer les choses.
Enfin, il semblerait que les enfants qui prennent du Ritalin courent moins de risque de
consommer des drogues à l’adolescence que ceux qui n’en prennent pas, en raison d’une
impulsivité alors mieux gérée. À l’inverse, comme ils vivent davantage de difficultés
socioaffectives, ceux qui n’ont pas pris de Ritalin alors qu’ils en avaient besoin seraient
plus à risque d’avoir un problème de consommation.
3.1.4.
Les limites de la médication
La médication ne change pas la personnalité de l’enfant ; elle ne lui apprend pas non plus
les façons de faire qu’il n’a jamais pu apprendre. Celui-ci demeurera un enfant qui bouge
et qui a besoin d’un bon encadrement, ce qui exigera de la motivation et une implication
des parents. Ces derniers doivent absolument avoir confiance en leur capacité d’apporter
des changements et d’aider leur enfant à rattraper le retard accumulé.
Malheureusement, l’état de crise dans lequel se trouvent les familles, jumelés à l’engorgement des services d’aide (à l’école ou dans le réseau de la santé et des services sociaux),
précipite bien souvent la prescription d’une médication qui agit rapidement, sans qu’il n’y
ait eu d’évaluation rigoureuse et d’élaboration d’un plan de traitement. À cet effet, il faut
savoir que seul un médecin peut émettre un diagnostic de TDA/H et prescrire une
médication. Pour ce faire, il doit entre autres :
– S’assurer que l’enfant a fait l’objet d’une évaluation médicale et psychologique adéquate (la médication peut être prescrite uniquement lorsque l’enfant est
en bonne santé et que le diagnostic de TDA/H est clair).
– Vérifier si d’autres types de traitement ont été tentés.
– Être vigilant si l’enfant a moins de 6 ans.
Toutefois, avec toutes les populations pour lesquelles il faudrait intervenir dans un
contexte multimodal et multidisciplinaire, des progrès restent à faire sur le plan de la
concertation, selon LAFORTUNE et COLLIN (2005) qui estiment par ailleurs que les ressources
et les partenariats sont insuffisants. Ces derniers soulignent notamment la difficulté
d’obtenir une collaboration continue en dehors du contexte d’urgence, la difficulté d’obtenir
un rapport ou un avis écrit du pédopsychiatre, les problèmes reliés à la durée de l’attente
si les intervenants ne passent pas par l’urgence pour obtenir un service, et les problèmes
reliés à la gestion du risque, une fois la prescription donnée.
22
TDA/H et intervention jeunesse
Il en résulte que les intervenants sur le terrain développent un rapport très ambigu avec la
médication, écrit LAFORTUNE1.
« Avec la médication ou un diagnostic psychiatrique, plusieurs intervenants en viennent à douter
de la pertinence de leur intervention et à douter de ce qu’ils peuvent apporter à ces enfants. Ils
cessent toute intervention éducative ou de soutien social qui, pourtant, fonctionne très bien en
complément. »
Quoi qu’il en soit, le partenariat et la concertation entre intervenants de centres jeunesse
et spécialistes de la santé mentale apparaissent essentiels compte tenu du fort taux de
médication qu’on retrouve chez les jeunes hébergés dans des ressources institutionnelles.
3.1.5.
La consommation de psychotropes chez les jeunes placés
Selon LAFORTUNE (2005), de 20 à 36 % des jeunes placés en centre de réadaptation dans
les régions de Montréal, Montérégie, Laval, Québec, Chaudière-Appalaches et Saguenay–
Lac-Saint-Jean reçoivent une médication psychotrope2. « Le médecin prescripteur, dans
85 % des cas où il est possible de recueillir l’information, n’est pas présent dans
l’établissement. » Il faut ajouter que le suivi se fait le plus souvent en externe et qu’il est
inégal selon les situations et les médecins, certains d’entre eux se montrant plus
disponibles que d’autres.
Au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire, la prévalence de jeunes recevant
une médication psychotrope varie de 17,3 à 20,1 % (LAFORTUNE et COLLIN, 2005). Plus les
enfants ont connu de placements, plus ils prennent de médicaments psychotropes, de
même que ceux qui ont connu un placement à un jeune âge. Au Centre jeunesse de
Québec – Institut universitaire, 35 % des enfants médicamentés ont une polyprescription.
1
Cette citation de DENIS LAFORTUNE est tirée d’un article du Devoir du 12 juin 2005 signé LOUISE-MAUDE
RIOUX-SOUCY.
2
Dans l’ensemble des centres jeunesse du Québec, on trouve plus de jeunes sous médication dans les
unités d’encadrement intensif 12-18 ans (48 %) et les foyers de groupe 6-11 ans (43 %). Par ailleurs, 44 %
des enfants ayant une prescription de psychotropes reçoivent une concoction impliquant de deux à quatre
types de molécule (environ 10 % de l’échantillon total des jeunes) — (LAFORTUNE et COLLIN, 2005).
TDA/H et intervention jeunesse
3.2.
23
Le traitement psychosocial et la réadaptation
Les enfants souffrant d’un TDA/H sont confrontés à de nombreuses difficultés dans leur vie
quotidienne. Ce constat invite l’ensemble des adultes qui travaillent auprès d’eux à faire la
différence entre ce qu’ils ne veulent pas faire et ce qu’ils ne peuvent pas faire.
Cependant, il faut garder en tête qu’ils peuvent apprendre s’ils sont soutenus et encadrés.
Cette précision est très importante, car les comportements associés au TDA/H sont trop
souvent attribués à un manque de volonté plutôt qu’à de réelles difficultés.
Le traitement psychosocial1 du TDA/H combine des interventions diversifiées (approches
cognitivo–comportementale, familiale, psychosociale, systémique, etc.) lesquelles, pour être efficaces, doivent cibler les différentes sphères de la vie du jeune (famille, amis, école, loisirs,
etc.). Idéalement, tous les professionnels impliqués auprès de l’enfant devraient
travailler en concertation.
Premiers responsables du bien-être de leur enfant, les parents jouent un rôle de premier
plan dans le traitement et doivent être impliqués dès le début. Malgré l’omniprésence du
discours prônant l’implication parentale, ceux-ci se sentent souvent exclus des
interventions. Les intervenants doivent donc travailler en étroite collaboration avec eux et
les outiller pour qu’ils deviennent des acteurs clés de la réadaptation. Cette collaboration
est d’autant plus nécessaire que le TDA/H a des répercussions importantes sur le climat
familial. Soutenir les parents, c’est donc éviter une détérioration de la situation et le
développement d’autres difficultés (opposition, trouble des conduites, dépression, etc.).
Travailler avec la famille dans une perspective systémique est essentiel pour aider un
adolescent en troubles de comportement, estiment ROBIN et FOSTER (1989, dans MORAND,
ROYER, GENDRON, 2005). La famille est un système social où les membres sont liés
affectivement et exercent une influence les uns sur les autres. Certaines composantes du
système familial peuvent être sources de difficultés, mais représenter de bonnes cibles
d’intervention, par exemple les croyances et les valeurs éducatives de chacun des
membres de la famille, ou encore la structure et le fonctionnement du système familial.
Les caractéristiques des membres de la famille constituent un autre élément important,
par exemple une particularité physique ou psychologique à prendre en compte dans la
résolution des difficultés éprouvées.
1
Le traitement psychosocial inclut les différentes approches qui permettent d’intervenir sur l’environnement
de l’enfant pour l’aider à modifier ses comportements indésirables. Si on le considère généralement moins
efficace que les médicaments pour soulager les symptômes du TDA/H, il permet cependant aux
intervenants d’aider les enfants à surmonter les problèmes associés.
24
TDA/H et intervention jeunesse
Et il est encore plus important de travailler de concert avec les parents lorsque le
jeune souffrant d’un TDA/H vit en foyer de groupe ou en centre de réadaptation. Le
placement ne doit surtout pas être un moyen, pour les parents, de se débarrasser d’un
jeune turbulent et dérangeant. Il est donc primordial d’intervenir dans le but de maintenir la
relation entre les parents et leur enfant et de préparer le retour de ce dernier dans sa
famille dès le premier jour de son placement.
3.2.1.
Les interventions auprès des parents
Comme nous l’avons mentionné précédemment, la présence d’un enfant souffrant d’un
TDA/H a d’importantes répercussions sur la vie des parents qui doivent lui consacrer
beaucoup de temps et d’énergie. Débordés, ceux-ci peuvent facilement se sentir isolés et
seuls face à leurs difficultés. Ils ont donc besoin d’être soutenus pour apprendre à mieux
composer avec cette situation. Les informer, les outiller et les soutenir sont autant de
façons de les aider efficacement.
3.2.1.1. Informer les parents
Pour bien comprendre ce qu’est le TDA/H, il faut avant tout disposer d’une information
claire et objective. Il importe donc de donner aux parents les renseignements nécessaires1
sur ce trouble (définition, causes, symptômes, traitement, etc.) dès le début de l’intervention, de
répondre à leurs questions et de les référer à des spécialistes au besoin. Ce simple geste
répond à plusieurs objectifs :
– Favoriser l’appropriation, par les parents et l’ensemble des intervenants,
d’un langage commun.
– Atténuer l’anxiété.
– Saisir la nature et l’intensité des manifestations du TDA/H sur l’enfant
puisqu’elles varient selon les cas.
– Chasser ou atténuer la culpabilité.
– Atténuer les inquiétudes au sujet de l’avenir de l’enfant.
1
Des documents spécialisés et disponibles sur Internet peuvent aider les intervenants qui souhaitent
accompagner les parents. Mentionnons notamment les sites suivants :
–
–
–
–
–
Association PANDA : http://www.associationpanda.qc.ca/
Association québécoise pour les troubles d’apprentissage : www.aqeta.qc.ca
Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement : http://www.cqjdc.org
Gestion du comportement : http://www.comportement.net
École et comportement : www.écolecomportement.com
TDA/H et intervention jeunesse
25
– Comprendre que les écarts de conduite sont souvent des conséquences du
TDA/H.
– Apprendre à orienter les efforts des enfants.
– Se fixer des attentes réalistes. Il ne faut pas faire preuve de trop de sévérité
ou exiger trop d’un enfant qui a un TDA/H. L'essentiel est de lui prodiguer
un encadrement rigoureux et de tenir compte des raisons qui sous-tendent
son comportement.
– Aider le parent à prendre conscience de ses compétences d’éducateur.
– Encourager.
3.2.1.2. Outiller les parents
Les parents et les enfants passent par toutes sortes d’émotions et traversent plusieurs
étapes après l’annonce d’un diagnostic de TDA/H : choc, négation, désespoir, colère,
tristesse, acceptation et enfin réorganisation une fois le choc passé1. Il est donc important
de leur donner des outils pour qu’ils puissent s’adapter à leur situation et mieux encadrer
leur enfant. Les risques d’épuisement et d’exaspération sont en effet élevés si le parent
n’a pas de repères pour le guider dans ses interventions, et s’il ne connaît pas les
ressources auxquelles il peut faire appel pour canaliser l’énergie de son enfant.
A. L’identification des forces
Un excellent moyen d’amorcer l’intervention consiste à faire en sorte
que les parents prennent conscience de leurs compétences. Pour
certains parents, cet exercice sera très rentable, estiment MORAND,
ROYER et GENDRON (2005)2, qui proposent aux intervenants de déterminer
les capacités des parents afin de les utiliser dans l’intervention. Des
parents conscients de leurs compétences seront plus en mesure
d’interagir efficacement avec leur jeune. Le soutien parental est aussi
très important pour le maintien et la généralisation des apprentissages
d’habiletés sociales auprès des jeunes ayant des troubles du
comportement.
1
Guide de survie au diagnostic du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Association des parents
PANDA Manicouagan, 2004.
2
Les informations concernant les compétences parentales, ainsi que celles rapportées dans les
paragraphes suivants et traitant du contrat d’engagement, des habiletés de communication et de la
maîtrise de soi, sont tirées du programme Pratiquons ensemble nos compétences (PEC) : un programme
basé sur les forces des adolescents et de leurs parents. Volume III : Guide de l’intervenant : volet touchant
la famille et les parents.
26
TDA/H et intervention jeunesse
Souvent, les gens ne sont pas conscients de leurs forces. Elles
demeurent souvent méconnues, même s’ils les ont développées pour
affronter leurs difficultés, rapporte SALEEBEY (1996, dans MORAND et al.,
2005).
« Ils les découvrent lorsqu’ils se sentent obligés, forcés
dans les moments les plus intenses de leurs difficultés. La
reconnaissance des forces de la famille est un levier
important pour susciter une énergie renouvelée, un
sentiment de puissance, en vue de les aider à surmonter
leurs difficultés. »
Ce modèle d’intervention basé sur les forces plutôt qu’axé sur les déficits
comporte toutefois certains préalables (SALEEBEY, 1992, dans MORAND et al.,
2005) :
– Accepter le fait que chaque personne, famille, groupe ou communauté
a des forces et des ressources.
– Croire que si les situations difficiles (abus, souffrance, traumatisme)
peuvent être néfastes, elles peuvent aussi représenter des lieux de
défis et des occasions de croissance et de développement.
– Accepter le fait que nous pouvons méconnaître les limites de la
capacité de croissance et de changement d’une personne.
– Écouter ce qu’une personne nous confie sans supposer que nous
connaissons ce qu’elle vit et désire.
– Considérer sérieusement les désirs et les perceptions des personnes,
des familles, des groupes et des communautés.
– Soutenir la personne dans son témoignage.
– Être un partenaire pour ceux qui nous offrent de l’aide et non un
expert du savoir et du savoir-faire ; travailler avec eux et non sur eux.
– Chercher l’unicité de la personne, de la famille ou de la communauté :
déterminer ses valeurs, ses forces, ses talents, ses habiletés, ses
connaissances, ses visions et ses espoirs.
– Soutenir l’individu dans la recherche, à l’intérieur et à l’extérieur de lui,
des éléments clés qui lui permettront de bâtir son devenir.
– Stimuler la personne à connaître sa communauté aidante et à s’y
intégrer.
TDA/H et intervention jeunesse
– Soutenir la défense des personnes, des familles et des communautés
en les aidant à exprimer leur histoire auprès des systèmes cibles :
école, employeur, député.
– Enseigner à la personne le pouvoir individuel, le choix, le contrôle et
l’engagement et la soutenir en ce sens.
L’investigation des forces parentales peut être réalisée à partir des
caractéristiques ou des ressources individuelles (talents, aptitudes, etc.).
Les récits de vie sont également une bonne source de renseignements
permettant de faire ressortir le potentiel d’une famille, particulièrement
celui des parents (l’humour, l’accueil, le sens de l’organisation, les loisirs),
indiquent MORAND et al. (2005). Quel que soit le moyen utilisé, les parents
doivent en arriver à dresser une liste de leurs compétences. Ils peuvent,
par exemple, commencer par : « Comme parent, je suis capable de… — recevoir
une critique de mon adolescent — être ouvert à ses propositions ou à ses perceptions —
exprimer mes sentiments à mon adolescent, etc. ». Ces énoncés constituent des
exemples de forces à utiliser dans une négociation avec un adolescent.
Les parents ont beaucoup à gagner en identifiant bien leurs
compétences. « Je suis patiente — Je peux prendre le temps qu'il faut avant de
donner ma réponse pour ton party. » Inversement, la connaissance de leurs
faiblesses leur permet d’éviter des conséquences négatives : « Je suis
prompt — Je peux dire des paroles blessantes qui peuvent briser notre relation. » Bref,
plus les parents seront en mesure de faire valoir ou d’utiliser un
ensemble diversifié de compétences (patience, humour, respect, authenticité,
etc.), plus grand sera le nombre d’options s’offrant à eux pour remplir
adéquatement leur rôle de parent, tout en consolidant une relation
harmonieuse avec leur enfant ou leur adolescent.
B. Le contrat d’engagement
MORAND et al. (2005) proposent également l’établissement d’un contrat
d’engagement entre les parents et l’adolescent pour favoriser des
changements de comportement et éviter de sombrer dans un
discours émotif. Cette méthode du contrat est utile lorsque les solutions
expérimentées ne se sont pas révélées aussi efficaces que prévu ou
lorsque le climat est au conflit plutôt qu’à la recherche d’une solution. Les
caractéristiques d’un contrat d’engagement et les tactiques d’efficacité
qui y sont associées sont présentées ci-dessous.
27
28
TDA/H et intervention jeunesse
C. Les caractéristiques
– Être clair
On doit définir précisément le comportement à changer. Il est
nécessaire qu’il soit observable : « J’aimerais que tu ranges tes vêtements
propres dans la penderie et que tu mettes ceux qui doivent être lavés dans le panier
à linge au sous-sol. »
– Faire une demande de changement de façon positive
Il est plus motivant d’effectuer un changement lorsque le but visé est
positif. Par exemple, l’heure des repas est l’occasion d’échanger en
famille, mais le téléphone et la télévision peuvent perturber le calme
souhaité. Il est possible de formuler positivement sa demande :
« J’aimerais que nous puissions prendre les repas et échanger dans le calme. »
– Découper les tâches
« Ce midi, je serai absent. J’aimerais que tu desserves la table, c’est-à-dire que tu
places les ingrédients dans le garde-manger et que tu mettes la vaisselle dans le
lave-vaisselle. »
D. La stratégie d’efficacité
– Explication des motifs qui justifient un contrat
« J’ai à cœur ton bien-être — Je désire t’aider pour qu’on vive mieux ensemble. »
« On tourne en rond — Je suis trop émotive lorsqu’il est question de ta santé.
Établissons un contrat. »
– Identification claire du comportement souhaité
« Les soirs de semaine, l’heure de rentrée est 21 heures. »
– Formulation du comportement de façon positive
« J’aimerais que, les soirs de semaine, tu rentres à 21 heures pour le bien-être de
nous tous. »
– Récompenses et conséquences suggérées par l’adolescent en
alliance avec le parent
Le renforcement suggéré par l’adolescent peut faire partie d’un système de pointage
quotidien. « Chaque fois que je rentre à 21 heures les soirs de semaine, la somme de
2 $ est inscrite au tableau, ce qui me permet d’accumuler de l’argent en vue de
l’achat d’un laissez-passer pour le cinéma du samedi. »
TDA/H et intervention jeunesse
E. Le développement d’habiletés de communication
Les contrats d’engagement écrits permettent aux jeunes et aux parents
d’être clairs et concis, ce qui n’est pas toujours le cas lors de
discussions. MORAND et al. (2005) proposent des exercices visant à
développer les habiletés de communication des parents : écouter,
reconnaître ses sentiments et exprimer ses sentiments.
Les comportements associés à une bonne écoute sont les suivants :
– Écouter attentivement
Dans le domaine des relations interpersonnelles, l’écoute est une
habileté sociale d’une grande importance. Pour interagir avec les
autres de façon approprié, il est primordial d’être attentif aux
messages que ces derniers nous envoient, afin d’être en mesure d’y
répondre efficacement.
Pour comprendre ce que l’interlocuteur veut dire, il faut essayer de se
mettre à sa place : si tout le monde voit le problème de la même
façon, la compréhension sera meilleure.
– Prêter attention au langage non verbal
Un message peut se révéler dans le ton de la voix, dans l’expression
du visage, dans la position du corps, dans les gestes, etc.
– Être toujours très patient
Il ne faut pas tenter de devancer son interlocuteur lorsqu’il livre son
message. Lorsqu’il parle, il est important de suivre et de respecter son
rythme.
– Se montrer intéressé
On peut démontrer son intérêt, par exemple en acquiesçant d’un
signe de tête ou en faisant une brève réplique (ok, mm-hmm, etc.). De
plus, on doit regarder son interlocuteur lorsqu’il parle, sans se laisser
distraire par autre chose.
– Élucider tout malentendu
29
30
TDA/H et intervention jeunesse
Il est également important de répondre en son nom plutôt qu’au nom des
autres, d’assumer la responsabilité de ses pensées, de ses observations
et de ses sentiments en commençant ses phrases par « Je suis… », « Je
pense… », « Je veux… ». Si l’on parle pour soi-même, les messages n’en
seront que plus clairs. Il faut donc éviter les formules de type « Tout le
monde… », « Certains… », etc.
Après une écoute attentive de l’autre, il faut être à l’écoute de ce qui se
passe dans son propre corps. C’est là une des trois étapes encadrant
l’habileté à reconnaître ses sentiments. Cet exercice aide à
comprendre ce qu’on ressent (par exemple rougir, avoir les muscles tendus). Il
faut ensuite déterminer ce qui est arrivé pour qu’on se sente ainsi, en se
concentrant sur des événements extérieurs (une bagarre, une surprise).
Enfin, il convient de chercher le mot qui définit le mieux le sentiment
ressenti : colère, embarras, joie, tristesse.
Enfin, après avoir reconnu ses sentiments, il faut réfléchir aux façons de
les exprimer et choisir l’une d’entre elles. Ici, il est bon de considérer des
comportements prosociaux tels que parler d’un sentiment, faire une
activité physique, exprimer à l’objet du sentiment ce qu’on ressent,
s’éloigner des situations émotionnelles ou attendre avant d’agir. Bref,
considérer quand, comment, où et à qui le sentiment pourrait être
exprimé. On peut alors exprimer ses sentiments.
Il est très difficile d’exprimer ses sentiments de façon claire. On craint
souvent de se faire rejeter ou de faire rire de soi. On exprime donc
souvent ses sentiments de façon indirecte, ce qui peut entraîner une
mauvaise communication. Il faut porter une attention toute particulière à
la cohérence des messages verbaux et non verbaux. Ils doivent se
renforcer et se compléter pour mieux exprimer ce que nous ressentons.
MORAND et al. (2005) abordent également le sujet de la maîtrise de soi,
une habileté particulièrement importante à acquérir pour les parents d’un
enfant souffrant d’un TDA/H ou d’un trouble du comportement. Faire
preuve de maîtrise de soi comporte quatre aspects :
– Être à l’écoute de ce qui se passe dans son corps
Être attentif au signal de perte de maîtrise de soi : se sent-on tendu,
fâché, bouillant ou impatient ?
TDA/H et intervention jeunesse
– Déterminer l’événement déclencheur
Considérer à la fois les événements extérieurs et intérieurs (les
pensées).
– Penser à des façons de mieux se maîtriser
Ralentir, compter jusqu’à dix, respirer profondément, faire valoir ses
droits, quitter la pièce, faire autre chose.
– Choisir la meilleure façon de se maîtriser et l’appliquer
La maîtrise de soi est une habileté qui est très difficile à acquérir. Selon
MORAND et al.,
« Une bonne maîtrise de soi implique beaucoup
d’efforts et de contrôle dans les situations qu’on peut
avoir à vivre. Faire preuve de maîtrise de soi, c’est écouter
les commentaires des autres, qu’ils soient positifs ou
négatifs, et répondre à ces remarques d’une manière
détendue, sans se laisser emporter inutilement par des
sentiments agressifs qui ne peuvent qu’envenimer les
interactions et nuire aux bonnes relations. La maîtrise de
soi est une qualité, une fonction d’autocontrôle qui permet
d’être plus calme et d’arriver à mieux se comporter en
société. »
F. L’entraînement
Pour toutes les habiletés exposées précédemment, les auteurs
suggèrent des mises en scène permettant aux intervenants, aux
parents et aux jeunes de s’exercer et de développer les réflexes
appropriés à la situation. Il est tout à fait normal, durant l’acquisition
d’une nouvelle habileté, d’avoir à la mettre en pratique plusieurs fois
avant de la posséder, soulignent MORAND et al. (2005). Aller à bicyclette
ou conduire une automobile, par exemple, sont des situations
d’apprentissage considérées comme faciles avec le temps et l’entraînement. De là l’importance de s’exercer ou de rejouer des scènes qui ont
dégénéré pour permettre aux parents de se reprendre. Dans une telle
mise en scène, la personne jouant le rôle du parent devra prendre la
responsabilité d’arrêter l’escalade, utiliser le je et prendre du recul.
Par exemple : « Je dois prendre un temps d’arrêt car je suis confus dans mes
opinions. » – « Je me sens émotive, même en colère, présentement. »
31
32
TDA/H et intervention jeunesse
De façon plus générale, les intervenants désireux d’outiller les parents
peuvent organiser des rencontres éducatives de type entraînement
parental1. Au cours de ces rencontres, les praticiens fournissent aux
parents non seulement de l’information sur le TDA/H, mais également
des outils d’intervention qui leur permettront d’aider leur enfant ou leur
adolescent à gérer son impulsivité, son agressivité ou ses difficultés
d’intégration sociale. Les intervenants ont aussi la possibilité d’inviter
les parents à participer à la planification et à la réalisation d’ateliers
portant précisément sur des situations problématiques, par exemple le
moment des devoirs, le coucher, les sorties, etc. Il s’agit là d’une bonne
façon de les impliquer dans l’intervention tout en mettant à profit, pour le
groupe, les compétences qu’ils ont développées avec leur enfant.
Il peut également être pertinent d’inviter des conférenciers qui possèdent
une expérience reliée aux troubles de l’attention et à l’hyperactivité.
1
Consulter à ce sujet Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité et l’usage de stimulants du système
nerveux central : lignes directrices du Collège des médecins du Québec et de l’Ordre des psychologues du
Québec (2001).
TDA/H et intervention jeunesse
33
Tableau 8
Comment outiller les parents1
Miser
sur leurs compétences
Utiliser un modèle d’intervention basé sur
leurs forces (versus leurs déficits).
Les aider à dresser une liste de leurs
compétences (exemple : « Comme
parent, je suis capable de… recevoir une
critique de mon ado, …être ouvert à ses
propositions.
Les aider à reconnaître leurs limites pour
surmonter ou éviter certaines situations
plus à risque (exemple : « Je suis prompt,
je peux dire des paroles blessantes qui
peuvent briser notre relation. »)
Amener le parent et l’enfant à établir un
contrat d’engagement
Pour favoriser les changements de
comportement de façon objective et éviter
de sombrer dans un discours émotif.
Lorsque les solutions ne sont pas aussi
efficaces que prévu et que le climat est
au conflit plutôt qu’à la recherche d’une
solution.
Le contrat doit :
– Expliquer les motifs qui le justifient.
– Déterminer clairement le comportement
souhaité.
– Formuler le changement de façon
positive.
– Viser un changement à la fois.
– Prévoir une récompense établie par
l’enfant en alliance avec le parent..
Accroître leurs habiletés
de communication
Savoir écouter
– Écouter attentivement pour com-
Savoir reconnaître les signes annonciateurs d’une perte de contrôle. (Se
sent-on
tendu,
fâché,
bouillant,
impatient ?).
– Prêter attention au langage non verbal
Déterminer l’événement déclencheur :
considérer à la fois les événements
extérieurs et intérieurs (les pensées).
prendre, essayer de se mettre à la
place de l’autre.
(ton de voix, expression du visage,
gestes, etc.).
– Être toujours patient (respecter le
rythme de l’autre).
– Se montrer intéressé.
Proposer des façons de mieux se
maîtriser : ralentir, compter jusqu’à dix,
respirer profondément, faire valoir ses
droits, partir, faire autre chose.
– Élucider tout malentendu au début de
Choisir la meilleure façon de se maîtriser
et l’appliquer.
– Répondre en son nom (vs au nom des
Les aider à utiliser la mise en scène
la conversation.
autres : « Je suis, je pense, je veux »
— Éviter de parler en général : « tout le
monde… », etc.)
Savoir reconnaître ses sentiments
– Être à l’écoute de ce qui se passe dans
son corps
– Déterminer ce qui est arrivé pour qu’on
se sente ainsi (en se concentrant sur
les événements extérieurs).
– Chercher le mot qui définit le mieux le
sentiment ressenti,
Savoir exprimer ses sentiments
– Réfléchir aux différentes façons de les
exprimer.
– Adopter des comportements pro-
sociaux (parler d’un sentiment, exprimer ce qu’on ressent à la personne en
cause, faire de l’activité physique,
attendre avant d’agir.
– Considérer comment, quand, où et à
qui le sentiment pourrait être exprimé.
– Porter une attention toute particulière à
la cohérence des messages verbaux et
non verbaux : ils doivent se renforcer et
se compléter pour mieux exprimer ce
qui est ressenti.
1
Les aider à améliorer
leur maîtrise de soi
Rejouer avec les parents les situations
qui se sont mal déroulées avec leur
enfant pour les aider à développer des
attitudes et des comportements
appropriés et ainsi prévenir les impasses
(stopper l’escalade, utiliser le je, prendre
du recul).
Autres moyens
Organiser des rencontres éducatives de
type « entraînement parental ».
Référer les parents à groupes de soutien.
Inviter les parents à participer à la planification et à la réalisation d’ateliers portant
sur des situations problèmes (exemple :
devoirs, sorties).
Inviter les parents à participer à l’élaboration du plan d’intervention de leur
enfant.
Inviter des conférenciers qui ont une
expérience pertinente reliée au TDA/H à
venir parler à un groupe de parents et
d’intervenants.
Suivre une session de formation puis
transférer cette information aux collègues.
Tiré de C. MORAND, É. ROYER, M. GENDRON (2005). Pratiquons ensemble nos compétences : un
programme basé sur les forces des adolescents et de leurs parents. Volume III – Guide de l’intervenant :
volet touchant la famille et les parents.
34
TDA/H et intervention jeunesse
3.2.1.3. Soutenir les parents
Être parent d’un enfant atteint d’un TDA/H peut vouloir dire…
– Devoir continuellement stimuler son enfant pour le motiver.
– Organiser, planifier et structurer davantage.
– Être vigilant pour lui.
– Se sentir coupable de ne pas être plus compétent.
– Répéter constamment.
– Être déçu dans nos attentes.
– Être inquiet pour l’avenir de l’enfant.
– Faire face à une détérioration de la relation parent-enfant.
– Avoir une perception très négative de son enfant.
– Vivre un stress élevé.
– Donner une éducation rigide.
– Vivre isolé comme parent.
Cette énumération, tirée du Guide de survie au diagnostic du déficit de l’attention avec ou
sans hyperactivité1 donne une petite idée de l’adaptation dont doivent faire preuve ces
parents et du soutien dont ils ont besoin pour tenir le coup.
A. L’importance de déléguer
Les intervenants peuvent puiser dans le guide de l’information praticopratique pour mieux orienter les personnes et les familles touchées. Ils
doivent toutefois dire aux parents qu’au-delà des façons de faire et
d’être, il est normal qu’ils sentent parfois qu’ils ont atteint leurs limites,
mais qu’ils ne doivent pas pour autant remettre leur compétence en
1
Association des parents PANDA Manicouagan (2004). Guide survie au diagnostic du déficit de l’attention
avec ou sans hyperactivité (http://panda.cyberquebec.com/lesite.htm). Ce guide pratique constitue un
soutien puisqu’il est rempli de conseils sur la façon de gérer le TDA/H dans les activités quotidiennes. Par
exemple, on y parle beaucoup d’encadrement et de l’utilité, pour les parents, de mettre leurs limites et de
décider des règles de conduite dans la maison. Les auteurs recommandent également de ne pas axer
l’éducation de leur enfant sur la punition mais plutôt de l’encourager pour ses bons coups, histoire de lui
donner le goût de recommencer. On peut également découvrir dans ce guide quelques stratégies
gagnantes et attitudes à privilégier (briser la solitude, admettre ses limites, etc.) ainsi que des moyens
concrets de prévenir les crises dans les situations à risque. Les auteurs prodiguent enfin des conseils
concernant les relations avec le personnel scolaire ainsi que des renseignements sur le TDA/H chez les
adolescents et les adultes.
TDA/H et intervention jeunesse
question. Il faut leur répéter que, lors des épisodes difficiles, déléguer
temporairement certaines tâches est primordial. S’ils tentent d’ignorer
leurs limites, leurs interventions auprès de l’enfant risquent de perdre
leur structure et leur pertinence, voire de dégénérer en crise. Bref, les
intervenants doivent passer le message aux parents qu’il ne faut pas en
arriver à sortir de ses gonds mais plutôt déléguer avant qu’il ne soit
trop tard.
Dans les moments où le risque de perdre patience est élevé, les parents
doivent se montrer clairs et transparents avec leur enfant et lui indiquer
qu’ils se sentent dépassés et près d’éclater. Il ne s’agit pas de faire du
chantage mais plutôt de profiter du fait qu’on est encore capable de
s’exprimer calmement pour expliquer que la limite est atteinte. Le jeune
sentira de toute façon la tension, qu’elle soit ou non exprimée. Si la
tension continue de monter, la situation risque de dégénérer jusqu'à
l’explosion, sans qu’aucun avertissement par rapport aux insatisfactions
n’ait été fait. En un mot, il faut que les parents mettent eux-mêmes en
pratique ce qu’ils demandent au jeune et puissent anticiper leurs
réactions.
B. Quelques moyens pour prévenir l’épuisement
– Obtenir des mesures de répit (camps de vacances et activités pour les
enfants).
– Choisir ses combats : il est essentiel, à la fois d’intervenir sur un
aspect problématique du comportement du jeune et de viser un
comportement en particulier.
– Se relayer auprès de leur enfant.
– Participer à des groupes de soutien pour les parents (au Québec,
l’Association PANDA – parents aptes à négocier le déficit de l’attention – offre du
soutien et de l’information : www.associationpanda.qc.ca/).
– Avoir recours aux services externes : CLSC, organismes communautaires, groupes de soutien, services de garde, etc.
– Demander l’aide de professionnels experts dans le domaine.
35
36
TDA/H et intervention jeunesse
3.2.2.
Les interventions auprès du jeune
Différentes techniques d’intervention peuvent être utilisées pour venir en aide aux enfants
atteints du TDA/H. Avant de les employer, toutefois, il convient de prendre le temps de
rencontrer le jeune, histoire de mieux le connaître et de choisir les interventions qui
seront les plus appropriées compte tenu de sa situation. La première entrevue est
l’occasion de faire prendre conscience au jeune de ses difficultés, d’évaluer son désir
d’améliorer sa situation et d’estimer sa capacité à contrôler son comportement (selon son
appréciation). L’intervenant peut également profiter de cette rencontre pour déterminer les
intérêts, les désirs, les loisirs et les lieux d’accomplissement du jeune ainsi que les
personnes qui sont significatives pour lui. Cette rencontre peut aussi permettre de déceler
la présence d’autres troubles ou de difficultés familiales.
Après avoir tissé ces premiers liens avec l’enfant, le praticien sera la plupart du temps en
mesure de cibler quelques objectifs associés à une stratégie adaptée aux besoins du
jeune. Certaines interventions sont incontournables et doivent cibler tous les enfants
atteints du TDA/H. C’est le cas des interventions de base comme les mesures de
contrôle (l’encadrement, les règles et le renforcement) ainsi que d’une stratégie visant
l’amélioration de l’estime de soi et le développement des habiletés sociales. Il faut
ajouter à cette liste les activités physiques. Les enfants présentant un TDA/H (surtout ceux
qui sont hyperactifs) ont en effet un grand besoin de se défouler régulièrement.
Il faut toutefois être conscient que :
« Dans la plupart des cas, ce ne sont pas les enfants qui désirent
entreprendre un processus de changement, c’est leur entourage qui
en fait la demande. Souvent, les enfants ne voient pas en quoi
l’intervention peut leur être bénéfique. Par conséquent, des efforts
doivent être faits pour créer un environnement affectif plaisant et pour
les motiver à continuer à participer au programme »
KENDALL, 1991, dans POTVIN et al.1, 1994
La section suivante présente une stratégie d’intervention visant le développement de
différentes habiletés chez le jeune. Ces interventions peuvent être utilisées non seulement
auprès des jeunes placés dans les ressources d’hébergement (à l’interne ou à l’externe), mais
elles peuvent être également utilisées par les familles d’accueil et les parents.
1
PARC, Programme d’autocontrôle, de résolution de problèmes et de compétence sociale pour les élèves
du primaire ayant des troubles du comportement. Université du Québec à Trois-Rivières, 1994.
TDA/H et intervention jeunesse
37
3.2.2.1. Miser sur les qualités du jeune
Lorsqu’il est question du TDA/H, l’accent est souvent mis sur les difficultés qui y sont
associées, car ce sont ces dernières qui justifient l’intervention. Afin de mieux saisir la
réalité et de mieux canaliser les énergies des jeunes manifestant un TDA/H, il est
nécessaire de mettre l’accent sur leurs caractéristiques positives. Certains traits de
caractère, lorsqu’ils sont présents, peuvent servir de leviers d’intervention et rappeler qu’il
suffit parfois de peu pour désamorcer ou éviter une situation désagréable. Le tableau
suivant fait état de quelques qualités présentes chez plusieurs jeunes ayant un TDA/H.
Tableau 9
Les qualités présentées par les jeunes ayant un TDA/H1
Qualités affectives *
Qualités de production
Les enfants qui ont un
TDA/H…
Quoi faire ?
Les enfants qui ont un TDA/H…
– ont une grande créativité. – Leur faire élaborer des – sont sensibles.
– sont entreprenants.
– ont de l’énergie.
– ont beaucoup de motivation.
– sont volontaires.
projets, tout en les super– font généralement preuve
visant de près.
d’honnêteté.
– Leur lancer des défis.
– ne sont pas rancuniers.
– Les mettre en ACTION.
– ont une bonne capacité à
– Leur donner des respon- partager.
sabilités.
Quoi faire ?
– Lorsqu’il y a une bonne ges-
tion de l’impulsivité, il est
possible de miser sur ces
traits de caractère pour
améliorer les relations de
l’enfant avec ses pairs et
l’ensemble de son entourage.
* Caractéristiques ne s’appliquant pas lorsqu’un trouble d’opposition ou un trouble des conduites est associé.
3.2.2.2. Aider le jeune à améliorer son estime de lui-même
La perte d’estime de soi étant considérée comme le problème le plus important chez ces
enfants, il est primordial d’y accorder toute l’attention requise.
L’estime de soi est à la base de la motivation. Elle est aussi le principal élément de
prévention des difficultés d’adaptation et d’apprentissage chez l’enfant. Quand un jeune
subit des échecs et éprouve des difficultés dans plusieurs sphères de sa vie, il est
possible que son estime de lui-même diminue. Pour des enfants qui ne croient plus en
eux, il est très difficile de s’engager dans un processus de changement. Bien souvent, ils
ont essayé des choses dans le passé, ils ont travaillé très dur pour faire comme les
autres et n’y sont pas arrivés. Il faut tout d’abord les convaincre qu’ils peuvent changer
et arriver à vivre et à se développer comme les autres.
1
Tiré du « Guide de formation pratique sur le TDAH » produit par la Clinique des déficits d’attention et de
l’hyperactivité de Québec (2002).
38
TDA/H et intervention jeunesse
Comme tous les autres enfants, ils ont besoin1 :
– de se sentir en confiance et en sécurité auprès de leurs parents ;
– d’être respectés et aimés comme des personnes à part entière qui ont une
identité bien à elles ;
– de se connaître et de développer leur autonomie avec leurs propres
ressources et leurs limites ;
– d’être reconnus et acceptés avec leurs différences ;
– de faire partie d’une communauté (famille, école, amis), d’avoir une place bien
à eux.
Il est donc essentiel d’inclure, dans toute planification d’intervention, des moyens visant à
accroître l’estime de soi des jeunes, d’abord pour favoriser leur implication dans
l’intervention et ensuite pour maximiser l’efficacité des moyens mis en place. L’estime de
soi augmente avec les succès ; une estime de soi positive est souvent la conséquence
d’expériences positives. Il faut donc amener les jeunes à connaître le plus de succès
possible et leur faire prendre conscience de leurs bons coups2.
Ce ne sont pas tous les jeunes présentant un TDA/H qui verront leur estime de soi
diminuer mais si c’est le cas, il faut impérativement trouver les moyens les plus efficaces
pour à les aider à ce qu’ils reprennent confiance en eux.
1
Tiré de Agir ensemble pour mieux soutenir les jeunes. Ministère de l’Éducation et ministère de la Santé
et des Services sociaux (2003).
2
L’atelier Je suis capable, inspiré des travaux de deux Finlandais (B. FURMAN et T. AHOLA) sur la
psychothérapie axée sur les solutions et adapté par des psychologues du Centre de psychothérapie
stratégique de Montréal, a été expérimenté avec succès à l’école Sacré-Cœur de la Commission scolaire
de la Capitale, avec la collaboration des intervenants du CJ Québec – Institut universitaire et du Centre de
santé et de services sociaux Québec-Sud. Cette méthode s’appuie sur le constat que les problèmes des
enfants peuvent souvent se traduire par des habiletés à développer. Loin de blâmer les parents pour les
difficultés de leur enfant, cette méthode sollicite plutôt leur participation active au processus
d’apprentissage. Dès la première étape du processus, parents, intervenants et enseignants discutent du
problème et le transforment en habiletés à acquérir. Ces adultes rencontrent ensuite l’enfant et s’entendent
avec lui sur la compétence à privilégier, en lui présentant les avantages qu’il en tirera. L’enfant est invité à
choisir un nom pour désigner cette habileté et à se créer un « ami magique » qui l’aidera dans son
apprentissage. Les éléments susceptibles d’assurer son succès sont passés en revue ; on discute avec lui
de la façon dont il célébrera sa réussite et on lui donne l’occasion de montrer comment il agira une fois sa
nouvelle compétence acquise. Au cours de son apprentissage, on souligne les progrès de l’enfant, tout en
prévoyant avec lui un plan pour faire face aux possibles rechutes. En résumé, il apparaît que cette
méthode, développée en Finlande, transforme l’apprentissage d’habiletés en une expérience amusante
pour les enfants, tout en ravivant chez les parents un sentiment de compétence et d’intérêt pour
l’éducation.
TDA/H et intervention jeunesse
39
Par exemple1 :
– Déterminer et utiliser des moyens d’encouragement verbaux ou non
verbaux. Il arrive cependant que certains jeunes soient mal à l’aise avec les
encouragements verbaux ; il est alors préférable d’utiliser d’autres types
d’encouragements (messages écrits, diplôme, jetons, points supplémentaires,
collants, etc.).
– Cibler et exploiter les situations qui valorisent l’enfant, comme des
sports, des champs d’intérêt particuliers ou encore lorsqu’il rend service. Si
l’école est souvent pour lui associée à l’échec, il est encore plus important
que le jeune se trouve une activité dans laquelle il connaît du succès.
– Faire un retour chaque soir sur les événements positifs de la journée,
uniquement pour terminer la journée sur une note positive avant le coucher.
– Limiter au départ le nombre d’objectifs afin que cela n’apparaisse pas
inatteignable pour le jeune. On peut, par la suite, les augmenter graduellement. On doit aussi établir un seuil de réussite raisonnable pour l’enfant.
– Prévoir des périodes d’attention au cours desquelles l’enfant est seul
avec un parent pendant une vingtaine de minutes, plusieurs fois par
semaine. Ces périodes raffermissent les liens. Elles doivent aussi être
centrées sur les bons coups de l’enfant. On ne fait alors aucune allusion
aux comportements négatifs ; on l’encourage, on le nourrit positivement.
– Prévoir une progression sur le plan des défis que l’enfant doit relever afin
de lui permettre de le faire avec assurance.
3.2.2.3. Aider le jeune à développer ses habiletés sociales2
Comme c’est le cas pour l’estime de soi, plusieurs jeunes présentant un TDA/H ont des
difficultés sur le plan de la socialisation. Celui qui a une prédominance d’inattention vit
davantage en retrait, c’est-à-dire qu’il se montre peu enclin à aller vers les autres,
semblant préférer la solitude. Celui qui a une prédominance d’hyperactivité-impulsivité vit
souvent un rejet social en raison de ses réactions impulsives, parfois agressives, et de sa
propension à adopter des comportements inadéquats qui font que les pairs sont souvent
peu enclins à s’associer à lui.
1
Tiré de Agir ensemble pour mieux soutenir les jeunes. Ministère de l’Éducation et ministère de la Santé
et des Services sociaux (2003).
2
Idem.
40
TDA/H et intervention jeunesse
Ces jeunes doivent donc apprendre de nouvelles façons d’interagir avec les autres. En ce
sens, un travail visant à développer les habiletés sociales - peu importe le type de TDA/H –
est souvent nécessaire. Ce travail peut se faire de façon individuelle, par modelage
(modeling), par mises en situation. Quel que soit le moyen utilisé, les interventions doivent
viser une meilleure compréhension des interactions sociales et de leurs conséquences,
positives comme négatives, de même qu’un apprentissage de comportements sociaux
adéquats1.
Le choix des interventions visant à développer les habiletés sociales doit se faire en
fonction du profil spécifique du jeune. En voici quelques exemples :
– Parler avec le jeune des façons d’interagir avec les adultes
Pour que ces échanges soient efficaces, ils ne peuvent avoir lieu tout de
suite après une interaction au cours de laquelle le jeune s’est fait prendre
en défaut. En un tel cas, le jeune montre peu d’ouverture car il est envahi
par des émotions négatives comme la colère, la tristesse ou la honte. La
conversation doit également être courte et son contenu doit être concret.
1
À noter qu’il existe, dans les centres jeunesse, des programmes destinés aux enfants et aux adolescents
présentant un TDA/H ou des troubles de comportement. Ces programmes sont souvent réalisés en
collaboration avec des intervenants dans les foyers de groupe et les centres de réadaptation. Il est possible
de les adapter selon les besoins des jeunes et de leur famille, plutôt que de tenter d’en créer de nouveaux.
Le Programme d’autocontrôle, de résolution de problèmes et de compétence sociale pour les élèves du
primaire ayant des troubles du comportement (PARC), développé par POTVIN et al. (1994), met l’accent sur
des habiletés qui semblent plus problématiques chez les jeunes présentant des problèmes de
comportement, soit les habiletés d’écoute, l’expression des émotions et la résolution des conflits
interpersonnels. Pour que l’apprentissage soit significatif, il faut amener les jeunes à réaliser que ces
habiletés sont importantes pour eux. Cette méthode comporte neuf étapes :
–
Explication de l’habileté.
–
Explication de la logique justifiant l’apprentissage de l’habileté.
–
Discussion des situations au cours desquelles l’habileté peut être utilisée.
–
Présentation des étapes pour appliquer l’habileté (elle est décomposée en comportements précis).
–
Modelage de l’habileté (les jeunes peuvent apprendre en observant ou en imitant un modèle auquel ils
s’identifient.
–
Renforcement verbal lors de la pratique de cette habileté.
–
Feed-back indiquant aux jeunes ce qu’ils maîtrisent bien et moins bien.
–
Évaluation à partir de critères de performance.
–
Planification et établissement d’objectifs personnels pour l’application de l’habileté dans d’autres
circonstances.
D’autres habiletés peuvent être intégrées, par exemple « demander de l’aide », « porter plainte »,
« répondre à l’échec », « répondre aux messages contradictoires », « répondre aux accusations »,
« présenter ses excuses », « s’éviter des problèmes », « exprimer de l’appréciation », « apprendre à dire
non et à résister à l’influence des pairs », « attirer positivement l’attention » et « se faire des amis ».
TDA/H et intervention jeunesse
41
Pendant ces échanges, on peut lui apprendre à formuler des demandes, à s’informer de
l’autre, à interrompre poliment, à accepter les compliments et à s’affirmer. On peut aussi
permettre à l’enfant de bouger ou d’avoir un objet dans les mains si cela l’aide.
– Revenir avec le jeune sur les situations de conflit avec ses pairs
Il faut garder une position objective sans prendre parti pour l’un ou l’autre.
On peut ainsi aider le jeune à porter un jugement sur son comportement et
à déterminer ce qui aurait pu être fait autrement. Il est important de se
centrer sur les faits et sur leurs conséquences réelles sans se laisser
envahir par le contexte ou par des sentiments négatifs souvent disproportionnés par rapport à l’événement.
– Favoriser les rencontres à deux plutôt qu’en groupe
Les risques de conflits sont alors moindres, l’agitation est plus facilement
contrôlable et le jeune sera plus en mesure de mettre en application ce qu’il
a appris.
– Avoir recours à un groupe d’aide
Il peut être pertinent pour le jeune de participer à des groupes de rencontre.
Les rencontres sont centrées sur le développement des habiletés sociales.
Les CSSS, certains groupes communautaires et le milieu scolaire peuvent
fournir ce type d’aide.
– Utiliser les jeux de société
Il est nécessaire d’apprendre au jeune à suivre des règles.
– Encourager le partage.
– Susciter le développement des capacités d’écoute du jeune au moyen
d’exercices
L’amener à regarder son interlocuteur, à attendre que l’autre ait terminé
avant de prendre la parole, etc. On peut stimuler aussi cette capacité en
demandant au jeune de reprendre, dans ses propres mots, ce qu’on vient
de lui dire.
– Inciter le jeune à suivre les consignes par un programme de
renforcement.
42
TDA/H et intervention jeunesse
3.2.2.4. Bouger, bouger et encore bouger
Il faut garder en tête que l’enfant hyperactif a un grand besoin de se défouler. Il faut donc
lui donner des occasions pour qu’il puisse le faire. Les activités physiques individuelles
doivent être encouragées. Les sports de combat (judo et karaté) ou de raquette (tennis ou
badminton), ainsi que la natation et la gymnastique sont recommandés, car ils favorisent le
développement d’un contrôle moteur et, à plus ou moins à long terme, l’apprentissage de
l’autocontrôle.
Selon les aptitudes et les intérêts du jeune, on peut aussi l’encourager à s’engager dans le
scoutisme, à participer à un corps de cadets, au club 4H ou à des camps d’été. À noter
que la perte d’un privilège dans les systèmes d’encadrement behavioraux ne doit
jamais remettre en question la participation à une activité de valorisation. Selon le
cas, le recours à la médication pourra aider l’enfant ou l’adolescent à connaître plus de
succès. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que plusieurs de ces enfants ont des problèmes
de coordination ou de motricité. Certains ont aussi des difficultés à intégrer ou à respecter
les règles des activités sportives. Le choix des activités devrait se faire en conséquence.
3.2.2.5. Établir des mesures de contrôle
Le TDA/H est un déficit du contrôle de soi. Ce sont donc les fonctions exécutives de
l’enfant qui sont dysfonctionnelles. Cela se traduit par des difficultés à planifier, à
organiser et à contrôler ses actions. L’enfant ayant un TDA/H ne manque pas
d’habiletés ni de connaissances, mais les fonctions cérébrales responsables de la
gestion de ses comportements sont moins performantes. L’intervention auprès du
jeune atteint du TDA/H vise donc d’abord à développer son contrôle et à l’encadrer pour
l’aider à adopter un comportement approprié.
Par exemple, si la fin de journée et l’heure du souper posent problème pour un enfant placé en
foyer de groupe, l’intervenant peut encadrer cette période en la découpant en plusieurs étapes
comportant chacune des tâches à réaliser :
1. Demander une collation au responsable.
2. Se distraire en attendant que le repas soit prêt, en lisant un livre, en regardant la télé ou en
commençant à faire ses devoirs.
3. Lorsque le souper est prêt, s’asseoir calmement en attendant d’être servi.
4. Manger le plus lentement possible.
5. Après avoir mangé, apporter sa vaisselle sale à la cuisine.
6. Aller brosser ses dents, etc.
TDA/H et intervention jeunesse
43
L’enfant bénéficiant d’un encadrement efficace en viendra à intégrer les comportements
appropriés et n’aura plus besoin d’être suivi d’aussi près. Il sera aussi en mesure de
reproduire cet enchaînement en d’autres circonstances (par exemple, s’il va manger chez un
ami). La répétition et l’encadrement l’auront aidé à développer son contrôle interne.
L’enfant doit cependant sentir et comprendre que l’encadrement offert vise à l’aider
à mieux fonctionner et non à le réprimer. Par conséquent, les interventions ne doivent
pas être basées sur une appréciation générale et subjective de l’enfant, mais bien sur son
comportement ; elles doivent être objectives. Il importe de s’en tenir aux faits sans lui
prêter de mauvaises intentions ni argumenter avec lui sur ses intentions (et cela même si les
mauvaises intentions sont possibles dans le cas de troubles d’opposition ou de la conduite). En
discutant avec le jeune, il y a un risque de perdre le fil des événements.
A. Les principes de base pour un encadrement efficace
BARKLEY (1995) a élaboré dix principes utiles à l’éducation et à l’encadre-
ment d’un enfant présentant un TDA/H, ainsi qu’un guide à l’intention des
parents. Le texte suivant est tiré d’une traduction libre par DANIEL
LÉTOURNEAU1.
Donner des feedbacks rapides et appliquer des conséquences
immédiates
L’enfant qui a un TDA/H vit dans le moment présent. Pour avoir un effet
sur ses comportements, il est primordial d’intervenir le plus rapidement
possible, en lui offrant une réponse rapide, positive ou négative. Il fera
alors plus aisément le lien entre la réaction de l’autre et ses propres
gestes et pourra ainsi mieux saisir l’influence qu’il a sur son
environnement.
Remarque
Des encouragements et des félicitations ne suffisent pas pour
maintenir le comportement désiré chez l’enfant. Pour être efficaces, ils
doivent faire partie d’un système de renforcement s’appliquant à tous
ses comportements. L’ajout et la perte de privilèges, intégré dans un
système de points, permettront de susciter davantage de motivation.
Cependant, peu importe le type de gratification utilisé, l’immédiateté
de la rétroaction est garante de meilleurs résultats.
1
Consulter la bibliographie pour la référence complète.
44
TDA/H et intervention jeunesse
– Donner des rétroactions fréquentes
L’enfant atteint du TDA/H a tendance à abandonner rapidement une
tâche jugée peu excitante ou ennuyante au profit d’une activité plus
plaisante. Étant donné qu’il vit dans une séquence de courts instants,
il est important de le recentrer sur la tâche à accomplir par des
rétroactions fréquentes. Celles-ci rendront la tâche gratifiante et
l’aideront à demeurer concentré sur l’activité à réaliser.
Remarque
Même si cela risque très souvent d’agacer et d’irriter l’enfant, donner
des rétroactions fréquentes est essentiel. Il est important de donner
des encouragements et des félicitations lorsque le jeune est centré
sur la tâche1 et d’appliquer des conséquences mineures lorsqu’il s’en
détourne. Par exemple (si un système de jetons est instauré) : perte d’un
point ou d’un jeton.
– Utiliser des conséquences plus significatives et plus puissantes
Pour qu’un enfant atteint du TDA/H arrive à améliorer ses conduites, il
a besoin de conséquences plus significatives et plus puissantes que
celles requises pour les autres enfants. Il importe que les
conséquences choisies soient personnalisées. Bien connaître l’enfant
est donc essentiel.
Remarque
Un renforcement verbal trop général est rarement efficace. Pour
atteindre leur but, les valorisations verbales doivent mettre l’accent
sur les actions positives de l’enfant. Par exemple, dire à un enfant
« Bravo Julien, je suis content que tu restes assis calmement à ta place » vaut mieux
que « Bravo Julien, le souper se passe bien ». Préciser les comportements,
pour les félicitations comme pour les réprimandes, permettra à
l’enfant d’intégrer l’information transmise.
Bien que les récompenses concrètes (manifestations physiques d’affection,
privilèges, quelques minutes de plus pour une activité, petites gâteries, etc.)
soient nécessaires, elles ne doivent pas remplacer les gratifications
intrinsèques (fierté d’avoir accompli une tâche correctement, faire plaisir à ses
parents, appréciation des pairs, etc.), qui sont essentielles pour amener
1
Il faut toutefois éviter d’être trop émotif quand on félicite l’enfant car cela pourrait le surexciter.
TDA/H et intervention jeunesse
l’enfant à bien se comporter. Utilisées seules, les gratifications
intrinsèques sont moins puissantes, car elles ne motivent pas
directement l’enfant à se mettre au travail et à résister à son
impulsivité ou à son envie de faire autre chose.
– Utiliser le renforcement positif avant la punition
Comme un enfant présentant un TDA/H commet fréquemment des
actes répréhensibles, l’utilisation de la punition à outrance est
contre-indiquée et peut même provoquer, chez l’enfant, des
sentiments d’hostilité à l’égard de l’adulte. En effet, l’enfant peut
vouloir se venger et risque de ne plus écouter l’adulte. Des
récompenses et des mesures incitatives seront beaucoup plus
utiles pour aider l’enfant. Il s’agit en fait de garder un ratio se situant
autour d’une conséquence négative pour deux ou trois positives.
Remarque
Si l’utilisation de punitions peut être sans conséquence pour un enfant
qui ne présente pas de difficultés et qui n’est puni qu’à l’occasion,
cette attitude risque de poser problème avec un enfant souffrant d’un
TDA/H. Les conséquences positives doivent être supérieures aux
conséquences négatives pour que l’enfant puisse, à la fin de la
journée, éprouver le sentiment d’avoir fait davantage de bons
coups, sentir qu’il progresse et voir la fierté du parent ou de l’adulte.
L’enfant ne doit pas être puni pour tout ce qui déroge du
comportement souhaité ; les compromis seront beaucoup plus
rentables à long terme.
– Être conséquent et constant
Il est important de construire un système de règles et de
renforcement, de le maintenir et de l’appliquer dans tous les
contextes. Selon BARKLEY (1995), il faut :
Persister.
Ne pas abandonner trop tôt quand un programme de modification
du comportement ne donne pas les résultats attendus.
Continuer à réagir de la même façon, maintenir le cap, même dans
un contexte différent.
Faire équipe avec les collègues, les autres parents, etc.
45
46
TDA/H et intervention jeunesse
Remarque
Une intervention imprévisible et incohérente est vouée à l’échec ; le
plan original doit être respecté. De plus, il est essentiel d’agir de la
même manière dans différents contextes, peu importe l’humeur
et le niveau de fatigue, même si cela est parfois très difficile. Pour
cette raison, avant de cibler des objectifs, il faut s’interroger sur leur
réalisme : sera-t-il possible de les maintenir à moyen ou à long terme
dans différentes situations ?
– Cesser de « chialer » et agir
Un enfant présentant un TDA/H n’a pas de problème de
compréhension, il a un problème de contrôle. Lui expliquer pendant
des heures ce qu’il doit faire ou se plaindre sans cesse qu’il n’est pas
correct ne l’aidera pas à se contrôler. L’enfant a besoin de
conséquences claires et précises. À cet effet, le psychologue SAM
GOLDSTEIN dit aux parents : « Cessez de chialer et agissez ! » Il faut se
concentrer sur l’application rigoureuse du système de renforcement
plutôt que de tenir un discours qui ne mène nulle part. Ainsi, de bien
meilleurs résultats seront obtenus et le climat sera plus serein.
Remarque
Lors d’une intervention verbale auprès d’un enfant ayant un TDA/H, il
est primordial de faire attention au ton de voix utilisé. Il est reconnu
que le non verbal transmet 70 % d’un message. Un parent qui
démontre une patience illimitée répétera sans arrêt, sans que cela
donne des résultats satisfaisants. Tout en évitant de crier et d’être
agressif, il importe d’être ferme, énergique et résolu.
– Planifier les situations problématiques
Les parents d’un enfant atteint du TDA/H n’éprouvent aucune difficulté
à nommer au moins trois situations qui sont régulièrement
problématiques. Les crises au magasin, l’énervement chez des amis
et la bousculade dans l’auto sont des exemples courants. Bien qu’ils
soient en mesure d’identifier les situations les plus susceptibles de se
terminer en crise, les parents sont peu enclins à se prémunir face à
l’apparition du problème et ainsi à prévenir le pire. La plupart sont
même sceptiques à l’idée qu’une simple préparation puisse réduire la
TDA/H et intervention jeunesse
probabilité que des troubles de comportement apparaissent. Pourtant,
cela fonctionne !
Remarque
Une large part de l’angoisse et du stress peut être réduite simplement
en partageant avec l’enfant le plan prévu pour remédier au
problème. Cinq étapes sont nécessaires pour faire face à une
situation problématique :
S’arrêter
Avant d’entrer dans un endroit susceptible de provoquer une
situation problématique, tel qu’un magasin, restaurant, cinéma ou
résidence d’un ami, il faut s’arrêter.
Respecter les règles
Il importe de revoir avec l’enfant deux ou trois des règles qu’il a
habituellement de la difficulté à suivre dans la situation
appréhendée. Par exemple, pour le magasin, la règle peut être :
« Tu demeures près de moi, tu ne me demandes rien et tu fais ce que je te dis ».
Aucune longue explication ne doit être ajoutée. Un simple rappel
des règles, suivi de leur répétition par l’enfant, suffit.
Récompenser
Il faut prévoir une récompense, une incitation. Par exemple, arrêter
prendre une crème glacée lors du retour à la maison si l’enfant
respecte les règles comme convenu.
Expliquer la punition
Il est nécessaire d’expliquer la punition telle qu’elle sera appliquée.
Suivre le plan de match
En tout temps, il importe de suivre le plan prévu dès le début de la
situation problématique et de toujours se rappeler qu’il faut donner
du feedback rapidement et fréquemment à l’enfant pendant
l’activité réalisée. Les conséquences pour tout manquement aux
règles doivent être appliquées immédiatement.
47
48
TDA/H et intervention jeunesse
– Garder à l’esprit que le TDA/H correspond à des difficultés de
maturation
Après plusieurs tentatives d’intervention inefficaces auprès d’un
enfant ayant un TDA/H, les ressources s’épuisent. Cela entraîne
souvent de l’impatience, de l’intolérance et de l’incompréhension,
augmentant ainsi le risque de se fâcher, de crier ou de frapper
l’enfant. Pourtant, l’enfant n’agit pas pour susciter la colère. Il
importe donc que le parent garde son sang-froid et contrôle
l’expression d’émotions négatives en présence de l’enfant. La colère
ou la peine peuvent être exprimées à un moment opportun et à une
personne appropriée (ami, conjoint, intervenant).
Remarque
Il ne s’agit pas de cacher ses émotions, bien au contraire, mais plutôt
de montrer l’exemple en se contrôlant devant l’enfant. Lorsque la
pression monte, prendre une grande respiration, se répéter intérieurement que « ce n’est pas la faute de l’enfant », « je fais de mon mieux » et « ça va
bien aller » représentent des trucs pratiques et efficaces.
– Ne pas personnaliser le problème de l’enfant
Les difficultés rencontrées lors d’interventions auprès de l’enfant
présentant un TDA/H ne sont pas associables à l’incompétence des
parents ou de l’enfant. Cette situation est difficile pour toutes les
personnes qui y sont confrontées.
Remarque
Il est important de garder espoir et faire de son mieux. Il importe
cependant de recourir à un professionnel si les difficultés à surmonter
sont trop grandes.
– Être indulgent envers soi-même et l’enfant
Il s’agit ici du principe le plus important, mais aussi celui avec lequel il
est le plus difficile d’être en harmonie.
À chaque soir, il importe de prendre le temps de revoir le déroulement de la journée et de pardonner à l’enfant les erreurs qu’il a pu
faire, bien souvent malgré lui. Pour y parvenir, il est nécessaire de se
débarrasser des sentiments négatifs tels la frustration, la déception ou
la colère.
TDA/H et intervention jeunesse
Remarque
Il importe de pardonner parce que l’enfant n’a pas le plein contrôle de
ce qu’il fait et dit et parce qu’il est en processus de maturation. Cela
ne veut pas dire qu’il n’a pas à répondre de ses gestes et qu’il peut
faire tout ce qu’il veut, mais simplement que l’amertume de la
personne qui l’aide doit faire place à des sentiments plus positifs.
Il est aussi primordial d’apprendre à se pardonner ses propres erreurs
dans la gestion quotidienne du TDA/H.
Malheureusement, ces enfants arrivent bien souvent à faire ressortir
le pire chez les gens qui les entourent et essaient de les aider. Il faut
donc combattre les sentiments de culpabilité, de honte, de ressentiment et d’humiliation qui accompagnent l’autocritique. Il importe de
faire une auto-évaluation réaliste et juste, en identifiant les pistes
d’amélioration et en s’engageant à les suivre dès le lendemain. « Un
jour à la fois » devrait devenir le leitmotiv des adultes qui accompagnent ces enfants.
B. Les règles de base
Cinq règles de base prévalent pour aider le jeune manifestant un TDA/H
à mieux gérer son comportement. À noter que celles-ci ne sont pas
exclusives au TDA/H et peuvent s’appliquer à l’ensemble des jeunes
présentant des problèmes de comportement.
– Stabilité dans les règles
Dans la mesure du possible, toutes les personnes qui interviennent
auprès de l’enfant doivent établir des règles et des mesures communes d’intervention. Celles-ci doivent être appliquées avec
constance et maintenues peu importe le contexte ou la situation.
Dans la mesure où les règles sont les mêmes pour tous, elles seront
plus claires pour le jeune et plus faciles à suivre.
En tant que nouveaux acteurs au sein d’une équipe, il arrive que des
intervenants ne soient pas informés des mesures d’intervention
particulières instaurées pour baliser le comportement de certains
jeunes. Lorsqu’une situation inattendue se produit et que la règle
établie avec ce jeune est inconnue, il est préférable de lui indiquer
49
50
TDA/H et intervention jeunesse
ouvertement qu’après « être allé aux nouvelles », la règle prévue
sera appliquée ; il est inutile d’argumenter et d’essayer de savoir si
l’information fournie par le jeune est vraie ou non. Dans le cas
contraire, l’enfant retiendra que les efforts fournis pour améliorer son
comportement ne lui servent pas vraiment et que les conséquences
associées à ses agissements relèvent davantage de l’humeur de la
personne qui intervient auprès de lui que de la nature même de ses
actions.
– Cohérence entre les intervenants
Peu importe qui intervient auprès du jeune, il est nécessaire d’agir
d’une manière analogue : les mêmes règles doivent être
appliquées par tous les intervenants. De cette façon, il sentira la
fermeté et la légitimité du cadre d’intervention mis en place ; il pourra
intégrer les règles de conduite à respecter pour améliorer son
comportement et cristalliser certaines habitudes de vie.
– Prévisibilité des conséquences
Lorsque c’est possible, les conséquences associées aux comportements indésirables devraient être connues du jeune. Elles
auront encore plus d’impact si elles s’inscrivent dans une continuité
logique et si elles sont proportionnelles à la faute commise. Pour une
intervention efficace, il importe de donner des avertissements et
d’éviter de faire des menaces sous l’effet de la colère, ou encore
d’agir de façon impulsive et imprévisible pour le jeune. Pour ce faire, il
est nécessaire d’agir graduellement, en rappelant la règle et la
conséquence prévue.
À cet égard, il peut être utile d’élaborer une liste générale des conséquences possibles (en fonction des comportements et des attitudes à
renforcer). De cette manière, le jour où un comportement pour lequel
aucune règle n’est établie surviendra, il sera possible de puiser dans
cette banque de conséquences. Bien que moins spontanée,
l’intervention risque néanmoins d’être plus adaptée à la réalité du
jeune. De même, les risques de paniquer devant une situation
imprévue seront moins grands.
TDA/H et intervention jeunesse
– Établir des règles réalistes
Les règles élaborées doivent être réalistes. Bien que certains
règlements de base soient incontournables (par exemple, ceux qui
entourent la vie en société), le cadre doit être adapté aux compétences et
aux capacités du jeune. Une règle trop difficile ou un objectif
impossible à atteindre risquent de placer ce dernier dans une position
d’échec. En l’absence de réussites face aux demandes de
l’adulte, une baisse d’estime de soi et une augmentation de la
frustration risquent d’être observées chez l’enfant.
Lors de repas en groupe, la règle peut être de rester assis. Pour le
jeune qui a un TDA/H, toutefois, cette consigne peut être difficile à
respecter. Lui donner l’occasion de se lever quelquefois, pour servir
ou desservir, peut l’aider à suivre globalement la règle.
– Être conséquent
Dès que des règles établies sont transgressées, les conséquences
devraient être appliquées. Ainsi, lorsqu’un intervenant mentionne à
l’enfant qu’une conséquence suivra un certain comportement de sa
part, il doit l’appliquer comme prévu, et ce, chaque fois que le comportement survient.
Il est important de ne pas faire de menaces ou d’annoncer des
conséquences qui ne pourront être appliquées. Quand une
conséquence est choisie à l’avance, il est nécessaire de la mener à
terme. En fait, qu’il s’agisse de l’ajout ou du retrait d’une activité ou
d’un privilège, trois critères sont à considérer :
Ne jamais choisir des conséquences qui risquent de pénaliser
d’autres membres de la famille ou du groupe (par exemple, aller ou ne
pas aller au restaurant), car ces choix peuvent augmenter les
frustrations ou le rejet du jeune, placer des personnes en conflit et
causer des difficultés relationnelles.
Ne jamais reporter l’obtention des privilèges annoncés.
Choisir une conséquence ou un privilège qui sera significatif pour
le jeune.
51
52
TDA/H et intervention jeunesse
C. Quelques techniques utiles pour l’intervention
En lien avec les cinq règles qui viennent d’être énoncées, certaines
méthodes d’intervention s’avèrent utiles pour travailler auprès de jeunes
présentant un TDA/H ou un trouble de comportement. Le tableau suivant
donne un aperçu de ces moyens concrets. Il faut toutefois éviter de
« brûler » ces techniques d’intervention en les utilisant à mauvais
escient. Utilisées dans un contexte inapproprié ou à un mauvais
moment, elles risquent en effet de ne pas porter fruits.
TDA/H et intervention jeunesse
53
Tableau 10
Techniques utiles pour l’intervention auprès d’un jeune présentant des troubles de comportement
Règles
générales
Règles
spécifiques
Fournir des
consignes
claires.
Intégrer une
consigne.
S’assurer de la
compréhension
de la consigne.
Façons d’y arriver (moyens)
Formuler des règles courtes et précises afin de ne pas perdre l’attention du
jeune. Il faut éviter les explications trop longues et inutiles.
Utiliser toujours le même vocabulaire. Il est nécessaire d’utiliser des termes
compris du jeune. Pour qu’il puisse bien comprendre le comportement à modifier ou
à adopter, il importe d’utiliser les mêmes mots pour formuler des demandes
similaires.
Demander à l’enfant de répéter la consigne après l’avoir donnée.
Répéter la consigne. Lorsqu’une même consigne est rappelée plusieurs fois à un
jeune, celle-ci doit être perçue comme un rappel et non comme un reproche. Il
importe donc de conserver un ton de voix et une attitude neutres.
S’assurer d’avoir Lorsqu’une demande est adressée ou qu’une consigne est donnée à jeune TDA/H,
l’attention du
il faut d’abord s’assurer d’avoir toute son attention.
jeune.
Appliquer les
Respecter les
conséquences
consignes.
comme prévu.
Assurer un
contact visuel.
Augmenter
l’attention.
Donner des avertissements et nommer les conséquences. Par exemple, il est
possible d’indiquer au jeune qu’il a droit à trois avertissements et qu’après, il aura à
respecter la conséquence préalablement établie.
On peut accorder du temps au jeune pour modifier son comportement avant de lui
donner une conséquence. Ainsi, on peut dire au jeune qu’après avoir fait le
décompte jusqu’à trois, il aura à se retirer de l’activité pour un certain temps s’il n’a
pas modifié son comportement.
Avoir un contact visuel avec le jeune, par exemple, lui dire « regarde moi, dans
les yeux » tout en faisant un geste de la main pour amener son regard au nôtre.
Avoir un contact physique avec le jeune, par exemple, une main sur l’épaule en
disant son nom. Il est important cependant, pour les contacts physiques même
Assurer un
minimes, de tenir compte de la réalité du jeune et de ses expériences passées car
contact physique.
certains peuvent mal réagir (un enfant qui aurait subi des sévices physiques ou
sexuels, par exemple).
Utiliser des signes. Faire un signe de la main (arrêt) si le jeune commence à
parler en même temps qu’un autre.
Gérer
l’impulsivité.
Aider le jeune à
contrôler ses
comportements.
Retirer l’enfant d’une activité ou d’un endroit pour un certain temps si son
comportement est inapproprié. Il est important d’avertir le jeune avant d’utiliser
cette méthode, d’indiquer clairement la conséquence (retrait et durée du retrait).
Lorsque cette méthode est utilisée avec les adolescents, elle doit faire place à une
réflexion durant la période de retrait.
Imposer un arrêt d’agir lorsque la gravité du comportement ou de la
désorganisation le justifie.
54
TDA/H et intervention jeunesse
3.2.2.6. Instaurer un système de renforcement
L’objectif du renforcement est de faciliter la transition des mesures de contrôle externe
vers des mesures d’autocontrôle.
A. La grille de renforcement
Lorsqu’un système de renforcement est instauré, il importe de tenir compte
de l’ensemble des règles d’intervention (stabilité, prévisibilité, réalisme, conséquence et constance). Les grilles de renforcement peuvent être utilisées avec
tous les jeunes présentant des troubles de comportement. Elles doivent
cependant être personnalisées et ajustées en fonction de leurs difficultés.
Les principes suivants doivent guider l’application d’une grille de renforcement.
– Annoncer les conséquences positives au préalable
Pour que les renforcements soient efficaces, les récompenses doivent
être connues par le jeune. L’instauration d’un système de renforcement
est peine perdue si le jeune ne connaît pas les résultats concrets de son
action. Pour maximiser l’efficacité d’une récompense, celle-ci doit cadrer
avec les intérêts du jeune. Enfin, il est essentiel de lui mentionner à quel
moment il aura la récompense : après une semaine, un mois ou une
journée.
– Objectiver les récompenses
Il est important que les comportements à modifier soient mesurables et
observables par la personne qui intervient auprès du jeune. La
demande faite au jeune et les repères offerts pour y répondre doivent
être clairs et précis. La capacité de l’intervenant à pouvoir observer et
mesurer le comportement à adopter (ou à modifier) est essentielle à
l'application du système de renforcement.
Par exemple
Il est inutile de dire à un jeune qu’il sera récompensé s’il est plus gentil ou s’il fait ce
qu’on lui demande. Il est en effet difficile d’établir ce que signifie concrètement « être plus
gentil ». D’autre part, « faire ce qui est demandé » est trop général et risque de viser un
trop grand nombre de comportements pour que le jeune puisse y répondre
adéquatement. Une description trop large ou trop floue des comportements empêchera
l’intervenant d’avoir une prise sur ceux-ci. Il est préférable, dans ce cas, d’indiquer au
TDA/H et intervention jeunesse
jeune qu’il aura une récompense dans la mesure où, par exemple, il ne sacre pas ou ne
lance pas d’objets lorsqu’il est frustré, si telle est son habitude.
– Intervenir sur quelques comportements à la fois
Pour maximiser l’efficacité d’un renforcement, il importe de cibler deux
ou trois comportements à la fois. En effet, si le ratissage est trop large,
le jeune ne sera pas en mesure de répondre à toutes les demandes et
se trouvera en situation d'échec.
– Ajouter progressivement des comportements à modifier
Il est préférable de laisser du temps au jeune entre les demandes de
modification de ses comportements. La cristallisation des apprentissages
nécessite qu’on attende trois semaines après la modification d'un
premier comportement avant d'en introduire un nouveau.
– Cibler les comportements les plus dérangeants
Le choix des comportements à modifier est aussi très important. L’adulte
devrait amorcer son intervention par les comportements les plus
irritants et non par ceux qui sont les plus « moralement répréhensibles ». Mettre un terme au comportement le plus irritant, si banal soit-il,
fera baisser la tension. Le stress et l’exaspération engendrés par les
difficultés de comportement d’un enfant ou d’un adolescent alimentent
souvent le problème et risquent de faire basculer la stabilité et la
constance des interventions. Une bonne façon de déterminer les
comportements les plus irritants consiste à terminer la phrase suivante :
« J’aimerais ça s’il pouvait arrêter de… ». L’identification du comportement le
plus exaspérant constituera la base de l’intervention.
Lorsqu'une intervention est mise en œuvre, il faut avoir en tête un
plancher de comportements souhaitables et se donner un but réaliste donner le renforcement convenu si l’objectif est atteint même s’il ne l’est
pas à la perfection.
Un autre aspect à considérer est le « principe des paliers », ce qui
signifie que les marches vers la réussite se gravissent une à la fois.
Ainsi, il est normal, à la suite d’améliorations, d’observer une stagnation
dans les comportements, ou même des retours en arrière. L’exemple
suivant illustre le processus :
55
56
TDA/H et intervention jeunesse
Par exemple
Charles a l’habitude de se quereller avec les autres jeunes dans la cour de récréation. Il
se trouve au centre d’une bagarre environ deux fois par jour (donc en moyenne dix fois
par semaine). Bien que l’objectif soit qu’il en arrive un jour à ne plus se quereller,
souhaiter le voir passer directement de dix incidents à aucun n’est pas un objectif
réaliste. Il est donc nécessaire de viser une diminution du nombre de comportements
inappropriés plutôt qu’une extinction totale de ceux-ci. Ainsi, dans la mesure où l’objectif
fixé est atteint (par exemple diminuer le nombre de conflits de moitié), Charles devrait
avoir une récompense, cela même s'il s’est disputé ou s’est bagarré à cinq reprises au
cours de la semaine.
B. L’aide-mémoire pour l’application des renforcements
– Fréquence des renforcements selon l’âge
L’âge est un élément important à prendre en considération dans la
fréquence des renforcements à donner. Plus l’enfant est jeune, plus les
renforcements doivent être fréquents. L’objectif est, qu’avec le temps,
l’enfant en vienne à s’autorenforcer et qu’un renforcement occasionnel
soit suffisant.
Âge
Fréquence des renforcements
Avant 8 ans
Renforcement quotidien.
Entre 8 et 11 ans
Renforcement hebdomadaire.
À partir de 12-13 ans Possibilité d’un renforcement mensuel (il importe
toutefois de ne pas oublier la récompense).
– Le renforcement social
Le renforcement social (compliment, feed-back positif, encouragement, approbation) est le plus important. En plus d’augmenter la fréquence d’apparition des comportements adaptés, l’utilisation de ce type de renforcement est une bonne façon d’établir et d’entretenir une relation positive
avec les jeunes. Dans une analyse des comportements verbaux des
intervenants, BRASWELL (1985 dans POTVIN et al., 1994) souligne que les
énoncés d’encouragement (« Continue, tu es bien parti ! » – « Je vois que tu fais tout ton
possible ! », etc.) donnent de meilleurs résultats que les simples énoncés de
confirmation (« C’est correct », « Super », « Bien », etc.). Le tableau suivant
présente les grandes lignes d’une approche qui vise à procurer aux
jeunes un renforcement social efficace.
TDA/H et intervention jeunesse
57
Tableau 11
Une approche de renforcement social en sept étapes 1
1.
Établissez un contact visuel avec l’enfant. Un renforcement verbal donné sans
contact visuel démontre de l’insécurité de la part de l’intervenant.
2.
Placez-vous aussi près que possible de l’enfant. Certains enfants résistent ou
sont mal à l’aise lors de rapprochements physiques ; avec eux, une distance de 3 à
5 pieds s’impose.
3.
Gardez une expression faciale positive. Souriez et faites un signe de tête.
Présentez une posture d’approche. Certains utilisent efficacement les claquements
de doigts pour attirer l’attention des enfants.
4.
Faites plusieurs commentaires positifs à l’enfant. Soyez créatifs. Évitez d’utiliser
les formules toutes faites du genre « c’est bon », « merci ». Essayez d’être descriptif
et de vous approprier les messages, comme : « Mario, tu as bien participé à l’activité.
Super, continue comme ça ! »
5.
Complimentez le comportement et non l’enfant. Le but est de l’amener à
différencier les comportements corrects et ceux qui sont inappropriés, par exemple :
« Mario, j’ai particulièrement apprécié que tu utilises la technique de la négociation
pour régler ce conflit. Continue ce bon travail ! ».
6.
Démontrez de l’affection à l’enfant aussi souvent que possible. Pour certains, ce
sera difficile. Pour d’autres, une simple tape sur l’épaule ou dans le dos sera très
efficace.
7.
Donnez le renforcement immédiatement après le comportement désiré.
C. Le système de jetons
La mise sur pied d’un tel système se résume souvent à l’instauration d’un
tableau de compilation de comportements auxquels sont associés des
privilèges que peut mériter le jeune. Durant la semaine, il se voit remettre
des jetons pouvant éventuellement être échangés contre un ou plusieurs
privilèges.
Pour qu’un système de jetons soit efficace, il doit être personnalisé,
c’est-à-dire bien adapté à la réalité et aux besoins des jeunes, des parents,
des tuteurs et des intervenants.
1
EIMERS et AITCHISON, 1977, adapté par FEINDLER et ECTON, 1986, cités dans POTVIN et al., 1994.
58
TDA/H et intervention jeunesse
Tableau 12
Dix-huit façons de rendre un système de jetons plus efficace1
1.
Présenter le système dans un contexte positif et constructif.
2.
Restreindre la liste des comportements cibles.
3.
Dresser une liste de privilèges et récompenses (au moins 15).
4.
S’assurer qu’au moins le tiers des privilèges est accessible sur une base
journalière.
5.
Utiliser des points, des jetons, des collants, des estampes ou des
bonshommes–sourires comme renforçateurs, selon le niveau de
développement de l’enfant.
6.
Déterminer la valeur de la monnaie d’échange en fonction de l’âge.
7.
Calculer le coût des récompenses et privilèges en fonction de la règle des deux
tiers : un privilège ou une récompense ne coûte pas plus que le tiers de ce qui
est accumulé durant la journée.
8.
Accorder des gratifications pour une bonne attitude. Surprendre le jeune en
pleine action et reconnaître sa bonne conduite en lui attribuant un bonus. Ceci
peut parfois compenser un mauvais comportement antérieur.
9.
Plus il y a d’interventions, de rétroactions et de renforcements, plus le système
est efficace. Ceci rappelle l’entente de façon constante.
10. Ne donner des renforcements que lorsque le comportement ciblé est présent.
11. Être généreux dans l’attribution des renforçateurs.
12. Ne pas utiliser la conséquence ou le retrait de renforçateurs avant la deuxième
semaine (avant ce moment, ignorer les comportements indésirables).
13. Après quelque temps, lorsqu’il devient possible d’imposer des conséquences,
accorder deux renforcements pour une conséquence.
14. Attention de ne pas tomber dans une escalade punitive. L’entente récompense–
punition doit être respectée.
15. Établir des quotas. Éviter d’accorder « gratuitement » ou de façon trop laxiste
des points ou jetons.
16. Pas de renforcements sans efforts.
17. Ajuster la liste des récompenses de façon constante.
18. Planifier le retrait du plan d’intervention.
L’objectif du système de jetons est de favoriser les comportements
positifs. Il faut donc envisager le retrait du système une fois que le
comportement souhaité est installé. Il est important de préparer ce
retrait, car il faut éviter que le jeune ait l’impression qu’on lui retire une
chose à laquelle il a droit. La fin de l'application de ce système doit être
1
Tiré de R. A. BARKLEY. ADHD Report, vol. 4, 1996.
TDA/H et intervention jeunesse
59
perçue par l’enfant comme le passage à une autre étape ou comme une
réussite personnelle.
3.2.2.7. Recourir à d’autres techniques d’intervention1
Plusieurs autres techniques d’intervention peuvent être employées auprès des enfants
présentant un TDA/H. Bien que souvent utilisées par les intervenants du milieu scolaire,
ces techniques n’en sont pas moins pertinentes pour les intervenants des centres
jeunesse, particulièrement pour ceux qui travaillent en foyer de groupe, à l’application des
mesures, ou encore pour ceux qui soutiennent des familles affectées par ce trouble.
A. L’apprentissage par la pratique
Cette méthode comprend notamment les jeux de rôle et les simulations.
Les jeux de rôles visent l’illustration d’un comportement ou d’une situation
par une petite mise en scène où les participants doivent jouer des rôles
précis. Ces jeux de rôles les aident à percevoir les conséquences de
certains comportements ou de certaines attitudes, sans risquer d’en subir
personnellement les inconvénients. Par exemple, un jeu de rôles pourrait
faire prendre conscience aux élèves des conséquences négatives de la
fuite lors de conflits interpersonnels.
Déroulement de ces activités :
1. L’intervenant présente la situation à jouer.
2. Les élèves simulent cette situation.
3. L’intervenant dirige une discussion sur cette expérience et donne un
feed-back aux enfants sur leur performance.
Habituellement, les jeux de rôles sont brefs : 2 à 4 minutes. Ils peuvent être
structurés (déjà écrits) ou improvisés. Dans la plupart des activités, des
situations sont suggérées (la situation problématique et les personnages engagés
sont décrits et on donne parfois quelques répliques). Toutefois, il est conseillé
qu’après avoir travaillé à partir des situations données, l’animateur se
concentre sur des situations problématiques que les jeunes ont eux-mêmes
vécues et qu’il structure les jeux de rôles à partir de ces situations.
1
Les techniques d’intervention mentionnées dans cette section sont citées du programme PARC,
Programme d’autocontrôle, de résolution de problèmes et de compétence sociale pour les élèves du
primaire ayant des troubles du comportement. Université du Québec à Trois-Rivières, 1994.
60
TDA/H et intervention jeunesse
Il est important d’expliquer en détail aux jeunes le but de cette activité afin
de susciter leur intérêt. On doit recourir aux jeux de rôles seulement
lorsqu’un climat minimal de confiance et de respect mutuel règne au sein du
groupe. Lorsque ces conditions ne sont pas totalement remplies, la participation de l’animateur aux jeux de rôles peut favoriser le bon déroulement de
l’activité.
Les simulations ressemblent aux jeux de rôles quant à leur déroulement,
mais diffèrent dans la mesure où les jeunes n’ont pas de rôles précis à jouer.
Ils doivent seulement appliquer des techniques apprises aux situations
soumises par l’animateur. Le tableau suivant présente quelques moyens
d’optimiser les jeux de rôles et les simulations.
Tableau 13
Quelques moyens d’optimiser les jeux de rôles et les simulations 1
1.
Autoriser les enfants à choisir de participer ou non à un jeu de rôle.
2.
Sélectionner des habiletés qui sont vraiment reliées aux besoins des enfants.
3.
Donner du feed-back à tous les participants et échanger des impressions sur la
représentation qu’ils ont donnée. Il est important de les faire s’exprimer sur ce
qu’ils ont vécu pendant le jeu de rôles.
4.
Se monter flexible et permettre l’improvisation.
5.
Exprimer, pendant le jeu, les réflexions et les sentiments qui échappent habituellement à l’observation (dire à haute voix ce que la personne se dit à elle-même
quand elle met vraiment en pratique l’habileté démontrée).
6.
Se servir des auto-instructions pendant les jeux de rôles, c’est-à-dire se diriger
en disant à voix haute ce qu’il faut faire, par exemple : « Là, il faut que je le
regarde dans les yeux et lui dise ce que je ressens. »
7.
Demander aux enfants de fournir des détails pour rendre la situation aussi
réaliste que possible : où cela se passerait-il ? Qui d’autre serait mêlé à l’affaire ?
Qu’est-ce que chacun ferait ? Comment cette personne réagit-elle habituellement ?
8.
Sanctionner les étourderies ou les bêtises. On doit s’assurer que les élèves sont
toujours concentrés sur le jeu de rôles. L’attitude et le niveau de tolérance de
l’intervenant influencent beaucoup le comportement pendant l’activité.
Enfin, quelle que soit l’activité en cours, il est suggéré que l’intervenant
utilise, lors de l’animation, des comportements observés chez les enfants,
que ces comportements soient positifs ou non, afin de les amener à faire un
lien entre les objectifs de l’activité et leurs propres comportements. Il doit
1
Tirée de TREMBLAY, 1993, dans POTVIN et al., 1994.
TDA/H et intervention jeunesse
aussi les amener à appliquer les habiletés nouvellement apprises dès que
l’occasion se présente.
B. L’apprentissage par le modelage
Une bonne partie des apprentissages se fait par observation ou imitation, la
personne apprenant à réagir à une situation en observant les autres. Cette
forme d’apprentissage est particulièrement importante pour le développement des habiletés sociales. Le modelage s’effectue en plusieurs étapes :
– L’enfant choisit un modèle (qui peut être un enseignant, l’intervenant, un parent,
un autre élève ou autre) et s’identifie à lui.
– L’enfant voit le modèle adopter les comportements ou les attitudes
souhaitées ; par exemple, l’intervenant peut être observé au moment où
il règle un conflit avec un autre participant en utilisant la négociation.
– L’enfant voit le modèle prendre plaisir à adopter le comportement, voire à
réussir ; par exemple, le conflit est réglé à la satisfaction des parties.
– L’enfant est stimulé indirectement en observant le modèle et le succès
qu’il remporte ; cela accroît la possibilité qu’il adopte des comportements
semblables à ceux du modèle.
Différents modèles peuvent être utilisés pour réaliser cette activité. Il peut
s’agir d’experts qui maîtrisent parfaitement le comportement, ou encore de
novices qui démontrent une certaine nervosité mais qui, en persistant, réussissent la tâche. Peuvent également servir de modèles, des personnes qui
font des erreurs à l’occasion et qui partagent avec les enfants les difficultés
qu’elles rencontrent en leur montrant les tactiques à utiliser pour faire face
aux difficultés et aux échecs,. La participation de novices semble donner
de meilleurs résultats que celle d’experts, car ces derniers peuvent
miner la confiance que les enfants ont en eux. Par ailleurs, les modèles
qui verbalisent tout haut ce qu’ils pensent sont supérieurs à ceux qui ne
verbalisent pas. À noter que les modèles peuvent être in vivo ou filmés.
61
62
TDA/H et intervention jeunesse
Déroulement de l’activité : l’intervenant doit essayer d’être un modèle
pour les jeunes, ce qui ne signifie pas être parfait, mais plutôt essayer
d’adopter les comportements visés lors de ses interactions avec les
jeunes. Au début de l’apprentissage, l’intervenant pourra utiliser un modèle
expert pour introduire les nouvelles notions, puis, adopter un modèle
novice. Il pourra profiter de toutes les occasions (oubli d’une clé, aménagement
de la salle, ménage, rangement, etc.) pour reproduire les comportements
d’une personne qui pense avant d’agir.
Les caractéristiques suivantes augmentent l’efficacité du modelage :
– Le modèle jouit d’un statut élevé, est amical et serviable, a le même âge
et le même sexe que l’enfant, est récompensé pour son comportement.
– La méthode présente clairement et en détail le comportement souhaité,
met en ordre les étapes pour y parvenir, de la plus facile à la plus
difficile, fournit de nombreuses occasions d’exercer le comportement,
fournit plusieurs modèles plutôt qu’un seul.
– L’enfant est encouragé à imiter le modèle, aime le modèle, ressemble au
modèle, est récompensé lorsqu’il imite le comportement du modèle.
C. L’apprentissage par la résolution de problèmes
Il s’agit ici d’entraîner les jeunes à utiliser des stratégies plus efficaces pour
résoudre des problèmes. Ces stratégies sont appliquées tant aux problèmes des enfants qu’à ceux qui surviennent lors des activités. L’intervenant doit mettre l’accent sur la façon dont les jeunes traitent les
problèmes et sur les comportements qui en résultent. Voici certains aspects
qui doivent être travaillés en priorité (tiré de Kazdin, 1987, dans Potvin et al.,
1994).
– Pensée alternative : habileté à générer différentes solutions pour
résoudre des problèmes personnels.
– Pensée pratique : prendre conscience des étapes requises pour
atteindre un but.
– Prévoyance : habileté à prévoir le résultat direct d’une façon d’agir ou
d’une solution.
TDA/H et intervention jeunesse
– Pensée causale : habileté à faire des liens de causalité entre deux
événements et à comprendre pourquoi un événement a mené à un
comportement particulier.
– Sensibilité aux problèmes interpersonnels : habileté à percevoir ces
problèmes et à en définir les aspects.
D. L’apprentissage par l’autocontrôle
Les interventions portant sur l’autocontrôle gagnent en popularité pour
plusieurs raisons. D’une part, les programmes de renforcement (le système
de jetons, par exemple) sont moins efficaces à long terme. D’autre part, on ne
peut ignorer le fait que les enfants qui apprennent à maîtriser leurs
comportements sont mieux préparés pour affronter les demandes
complexes de la vie sociale. Enfin, les changements de comportement qui
résultent de l’autocontrôle sont plus positifs et se généralisent plus
facilement à l’environnement scolaire et familial des enfants (FEINDLER et
ECTON, 1986, dans POTVIN et al., 1994).
L’autocontrôle repose surtout sur l’utilisation d’auto-instructions. Cette
technique consiste à entraîner les jeunes qui sont impulsifs à utiliser
davantage leur langage intérieur pour guider et contrôler leurs
comportements. On les amène d’abord à reconnaître les automatismes et
les idées irrationnelles qui les portent à adopter des comportements
répréhensibles (par exemple : « Les profs sont toujours sur mon dos », « C’est toujours plate »,
etc.) et à les substituer par des énoncés plus rationnels tels que :
« Est-ce que j’ai fait quelque chose pour provoquer cette réaction ? » –
« C’est difficile, mais je suis capable de le faire », etc. On habitue ensuite les
jeunes à formuler ou à utiliser de nouveaux énoncés pour qu’ils soient
mieux préparés à répondre aux provocations ou aux situations
problématiques (« Je suis capable de me contrôler », « Je sais quoi lui répondre », « Je vais lire les
consignes avant de commencer »), pour qu’ils aient un meilleur contrôle sur leur
propre agressivité ou impulsivité (« Il ne faut pas provoquer de tempête dans un verre
d’eau », « Il n’y a pas de quoi se fâcher », « Pense seulement à ce que toi tu dois faire ») ou qu’ils
gèrent mieux leur charge émotionnelle (« Respire par le nez », « Énerve-toi pas et vas-y
étape par étape ».)
Le but est d’amener les jeunes à intérioriser le contenu des autoinstructions de façon à ce qu'ils puissent les utiliser pour se maîtriser.
Pour être bien intégrées, celles-ci doivent d’abord être prononcées à haute
63
64
TDA/H et intervention jeunesse
voix, puis chuchotées et mémorisées. L’intervenant peut servir de modèle
dans la réalisation de ces étapes. Même si les contenus précis des
auto-instructions doivent être personnalisés (plus le jeune formule les
auto-instructions avec ses propres mots, plus elles sont efficaces). Les autoinstructions les plus efficaces doivent répondre aux règles suivantes :
– Favoriser les auto-instructions générales plutôt que définies : les
auto-instructions générales mettent l’accent sur ce que vit l’enfant
pendant une situation problématique (ses sentiments et ses pensées) et sur
les options qui s’offrent à lui pour y faire face (par exemple : « Quel est le
problème ? » – « Je dois me maîtriser, me calmer avant d’agir »). À l’inverse, les
auto-instructions définies sont centrées sur les détails de la situation et
sont plus orientées vers l’extérieur (par exemple : « Ce gars me cherche, qu’est-ce
que je pourrais lui répondre ? »).
– Attirer l’attention sur des indices non hostiles : « Elle ne regardait pas où
elle marchait quand elle m’a foncé dessus ».
– Augmenter la probabilité d’interprétation non agressive des
événements.
– Insister sur une autre explication possible des comportements
provocateurs : « Elle m’a demandé de me taire sans élever le ton. Elle ne doit pas
être fâchée. »
– Aider à faire accepter à l’enfant sa propre responsabilité face à la
situation : « J’ai attiré les coups, depuis tout à l’heure que je l’insultais. »
– Mettre l’accent sur les conséquences négatives prévisibles des
comportements répréhensibles : « Si je fais toujours le fou dans le cours, je
vais perdre des explications et je risque de ne pas passer aux examens. »
– Favoriser l’autorenforcement pour le contrôle de la colère et
l’inhibition des réponses agressives : « Super, je n’ai pas perdu le contrôle
de moi. »
E. L’auto-observation et l’auto-évaluation
L’auto-observation vise à rendre l’enfant conscient de sa façon de réagir, en
lui soulignant les observations faites par les autres ou en lui demandant de
s’observer. Pour ce faire, on peut utiliser une grille d’observation ; plus
TDA/H et intervention jeunesse
65
celle-ci est rapide à remplir, moins le jeune résistera à le faire. Cette
technique donne une évaluation des situations problématiques que
rencontre l’enfant et permet une analyse des patterns comportementaux et
situationnels. Elle est la seule voie d’accès aux comportements internes
(réponses cognitives, décharges physiologiques, etc.).
Il est suggéré de déterminer les comportements ou les situations à
observer, de pratiquer en groupe la technique d’auto-observation, de
simplifier les grilles et de fournir aux jeunes un renforcement social pour les
avoir bien remplies.
L’auto-évaluation est directement liée à l’auto-observation. Cette technique
a pour but d’habiliter le jeune à se donner du feed-back et à faire un retour
sur ses comportements.
3.2.2.8. Instaurer une routine la gestion du temps
Il est fortement recommandé d’instaurer une routine avec les enfants aux prises avec un
TDA/H qui éprouvent de la difficulté à gérer le temps et l’espace et à s’organiser.
L’instauration d’une routine peut favoriser l’autonomie et leur permettre de reprendre le
contrôle de leurs comportements. La routine peut également être appliquée pour les
accomplir les travaux scolaires ou pour modifier certains comportements sociaux. Par
exemple, en cas de colère, le rituel peut être de se retirer dans sa chambre ou dans un
autre endroit où l’on se sent bien et où l’on peut être seul, de bien respirer, de se calmer,
de réfléchir à ce qui s’est passé, de déterminer ce qui a déclenché la colère, de penser à
des façons de parler calmement à une personne en cause, d’attendre avant d’agir, en
faisant une activité.
A. Une routine pour qui ?
La routine peut être utilisée avec des jeunes présentant divers troubles de
comportement. Selon le problème que la routine tente de pallier, l’exercice
ne visera pas les mêmes objectifs. Dans le cas du TDA/H, elle aura une
fonction très structurante, alors qu’avec les jeunes opposants, elle sera à la
fois structurante et plus limitative. Il est donc possible d’ajuster la façon de
gérer la routine selon les jeunes visées. Le but ultime demeure cependant
de baliser le comportement du jeune pour améliorer son niveau de
fonctionnement. Même lorsqu’elle est utilisée pour empêcher certains
agissements du jeune, elle ne doit jamais servir à le réprimer. Il ne s’agit
pas d’une mesure punitive et elle ne doit pas être perçue comme telle.
66
TDA/H et intervention jeunesse
B. Comment établir une routine
La routine peut être établie en systématisant les activités. Certaines tâches
ou certains moments de la journée demandent plus d’organisation et sont
plus propices à l’instauration d’un mode de fonctionnement précis. À la
maison, des activités telles que se laver, faire son lit, ranger ses jouets,
suspendre sa serviette de bain, faire le ménage de sa chambre, feront
l’objet d’une routine. Différents éléments peuvent être inclus dans la
routine selon les périodes et les activités de la journée. Le tableau suivant
en fournit quelques exemples. Cette liste n’est pas exhaustive et, comme
les autres modalités d’intervention, la routine doit nécessairement être
adaptée aux caractéristiques et aux besoins du jeune.
Remarque
Plus un jeune a de la difficulté à s’organiser, plus l’énumération des tâches
à effectuer doit être précise.
Étapes pouvant être incluses dans une routine selon différents moments de la journée
Entre le lever et le départ
pour l’école
Se lever.
Enlever et mettre les
vêtements.
Ranger les choses.
Faire son lit.
Déjeuner.
Brosser ses dents.
Pour la période
des devoirs
Relaxer avant de commencer.
Regarder les choses à faire
dans son agenda.
Faire une liste des choses à
faire par ordre de priorité.
Sortir le matériel nécessaire
pour chacune des matières.
Avant d’aller
se coucher
Faire sa toilette.
Brosser ses dents.
Étendre sa serviette.
Mettre son pyjama.
Préparer ses vêtements
pour le lendemain.
C. Deux exemples de routine
Grille de gestion du temps : Routine du matin
Activités
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Je me lève (si possible après avoir vu le chiffre 7 sur mon réveil).
J’enlève mon pyjama.
Je mets mes vêtements (sous-vêtements, pantalons, chandail).
Je fais mon lit.
Je descends déjeuner avec mon sourire à 7 h 25.
Je pars pour l’école à 7 h 45.
J’utilise un ton de voix approprié.
Bonne journée Philippe !
Objectif : 3 avertissements = 1 crochet (si l’enfant a trop de crochets, il n’a pas le renforcement prévu)
TDA/H et intervention jeunesse
67
Grille de gestion du temps : Routine du dodo
Activités
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Je monte à l’étage à 19 h 30.
Je prends mon bain.
Je ramasse les serviettes.
Je mets mon pyjama.
Je me brosse les dents.
Je vais à la toilette.
Je peux lire ou faire un jeu tranquille dans ma chambre.
Je me couche à 20 h.
Bonne nuit Philippe !
Remarque
Puisqu’il est impossible d’intervenir sur toutes les difficultés du jeune à la fois, il importe de
bien cibler les comportements lors de l’élaboration d’une routine. Ainsi, établir
simultanément une routine pour le matin ET pour le coucher risque d’être trop exigeant.
Mieux vaut se demander ce qui est le plus difficile pour l’enfant, ce qui exige le plus
d’énergie et d’interventions de la part de l’adulte (ou ce qui génère le plus de conflits) et
établir la routine en conséquence.
3.2.2.9. Amener le jeune à gérer son impulsivité
Les techniques et méthodes d’intervention présentées ici visent essentiellement la gestion
de l’impulsivité. Elles s’avéreront utiles dans la mesure où l’impulsivité due au TDA/H
représente le principal point à travailler. Si la variable dominante dans le comportement du
jeune est l'opposition ou si le jeune a besoin d’un support médical, ces trucs risquent de
ne pas fonctionner.
A. L’autoroute et le stationnement
L’enfant qui a un TDA/H est souvent impulsif. Ainsi, même lorsqu’il n’est pas
mal intentionné, il peut lui arriver de dire des choses qui risquent de blesser
quelqu’un ou de le mettre dans l’embarras. Lorsque cela survient trop
souvent, le jeune se met les autres à dos et vit des difficultés relationnelles
avec les pairs et les adultes.
68
TDA/H et intervention jeunesse
La stratégie de l’autoroute consiste à amener le jeune enfant à se poser
trois questions et à y répondre avant de parler. Cette technique l’empêchera
de se trouver dans des situations embarrassantes.
Pour l’aider à discriminer ce qui ne peut être dit, ce qui peut être dit, mais
qui devrait l’être plus tard et ce qui peut être dit immédiatement, l’analogie
de l’autoroute peut être employée. Donc, l’enfant s’imagine au volant d’une
voiture sur l’autoroute. Lorsqu’il souhaite dire quelque chose, il doit se poser
trois questions pour déterminer le « quoi faire de son idée » : l’oublier,
attendre à plus tard ou l’exprimer.
1. Est-ce que ce que je veux dire peut blesser quelqu’un ? Si oui, je mets mon idée
au dépotoir et je l’oublie.
Je veux dire
quelque 2. Est-ce que ce que je veux dire intéresse la personne à qui je parle ? Si non,
chose
stop ! Je m’arrête et je cherche quelqu’un qui serait intéressé.
(Autoroute)
3. Est-ce que c’est le temps de le dire ? Si non, je mets mon idée au
stationnement et j’attends un autre moment.
B. D’autres méthodes utiles pour la gestion de l’impulsivité
– Signe complice
Il s’agit de convenir d’un code (clin d’œil, signe de la main, etc.) avec l’enfant.
L’utilisation de ce code lui indique de porter une attention particulière à
ce que la personne dit ou de recadrer son comportement. Au préalable, il
est convenu avec l’enfant que ce geste n’est pas un reproche mais qu’il
consiste à lui rappeler qu’il doit prendre conscience de son comportement. Ramener le jeune à l’ordre de façon non verbale peut faire en
sorte qu’il réagisse mieux à l’intervention.
– Rappel visuel
Tout comme le signe complice, cette technique a pour but de rappeler au
jeune qu’il doit faire ou cesser de faire quelque chose. Pour y arriver, il
est possible de lui donner comme repère un objet qui se trouve dans son
champ de vision de façon constante (par exemple, l’horloge en face de lui).
– Retrait volontaire
Donner au jeune la possibilité de se retirer de son propre gré lorsqu’il
sent qu’il va s’énerver. Il est nécessaire d’établir avec lui une procédure
TDA/H et intervention jeunesse
à suivre pour éviter que ce retrait ne devienne un évitement. Cette
technique est utile avec des enfants plus âgés.
– Gestion de l’environnement physique
Cette technique vise à minimiser les sources de distraction. Elle consiste
à exercer un contrôle externe sur les stimuli. Lorsqu’elle est appliquée,
elle augmente l’efficacité des autres interventions et rend l’enfant plus
disponible à l’apprentissage puisqu’il n’est pas dérangé par les stimuli
environnants (par exemple, pour avoir une conversation avec le jeune, l’adulte
peut privilégier un endroit calme où la télévision, la radio ou le va-et-vient des autres
ne le distrairont pas).
– Prise de notes
Le jeune d’âge scolaire qui maîtrise l’écriture peut prendre des notes.
Cette technique lui sert d’aide-mémoire et favorise l’expression d’idées et
d’opinions à un moment plus opportun (lui évite de perdre ses idées, ce qu’il
voulait dire).
– Relaxation
Elle permet de diminuer le degré de stress et de fatigue chez le jeune et
d’augmenter sa concentration et sa disponibilité. La respiration demeure
l’une des techniques de relaxation les plus efficaces et les plus faciles à
effectuer.
Voici différentes techniques de relaxation :
Grandes et lentes inspirations par le nez, expirations par la bouche.
Contrôle du rythme cardiaque par un rythme externe.
Fermer les yeux et compter jusqu’à 20.
Contractions et relâchements des membres.
Remarque
En tout temps, il importe de garder en tête que l’intervention est graduelle et
multimodale. Souvent, plusieurs techniques sont utilisées lors d’une même
intervention.
69
70
4.
TDA/H et intervention jeunesse
Synthèse des techniques d’intervention
Le tableau suivant reprend les principaux points des techniques d’intervention jugées
efficaces pour intervenir auprès des enfants présentant un TDA/H.
Tableau 14
Trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H)
Stratégies d’intervention auprès des jeunes présentant un TDA/H
71
TDA/H et intervention jeunesse
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