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Le Groupe de la Banque africaine de développement en Afrique du Nord - 2011
Préface
Avec un taux annuel de croissance de près de 5 pour
cent en moyenne au cours de la dernière décennie,
l'Afrique du Nord a été la région affichant la croissance
la plus rapide du continent. Les progrès impressionnants
effectués dans la réalisation des Objectifs du millénaire
pour le développement (OMD) soutenaient le fait que la
croissance économique s’était traduite par l’amélioration
des conditions sociales et de vie des habitants de la
région. Les changements sociaux et politiques qui ont
commencé en Tunisie dans les premiers jours de janvier
2011 et qui ont été répliqués ailleurs dans la région, ont
pris la plupart des observateurs par surprise. La majorité
des problèmes sous-jacents, qui ont été par la suite
évoqués comme étant les principales revendications
derrière les appels au changement, étaient connus
depuis un certain temps déjà. Ces problèmes incluent
les niveaux inhabituellement élevés du chômage chez
les jeunes et en particulier chez les jeunes diplômés,
l'incompressible et, dans certains cas très élevés, niveau
de pauvreté et les disparités régionales au sein des
nations ainsi que les progrès encore lents effectués dans
les domaines liés à la voix, à la responsabilisation et à
la transparence. Ces éléments relatifs à l’intégration
sociale et économique font partie du programme
inachevé de l'Afrique du Nord - thème principal du
rapport annuel de cette année.
Ce que les pays d'Afrique du Nord sont en train de
traverser, si l’on peut dire, est le piège classique auquel
doivent faire face les pays à revenu intermédiaire. Ce
piège se caractérise par une croissance économique
limitée et affaiblie par le faible niveau de transformation
économique vers une production à plus forte valeur
ajoutée et une intégration politique, sociale et
économique insuffisante. Les leçons tirées des autres
régions émergentes à croissance rapide suggèrent que
pour répondre à ces défis, il est nécessaire de créer une
croissance plus forte, plus diversifiée et bénéfique à tous.
Les politiques pour une croissance bénéfique à tous font
partie intégrante des stratégies de la plupart des
gouvernements pour aboutir à une croissance durable.
Un pays ayant connu une croissance rapide sur la
dernière décennie mais n'ayant pas vu une réduction
substantielle de son taux de pauvreté a peut-être besoin
de concentrer sa stratégie de croissance de façon plus
spécifique sur le caractère intégrateur de sa croissance,
c'est à dire sur l'égalité des opportunités offertes aux
différents individus et entreprises. Le processus de
diversification et l’escalade des économies d'Afrique du
Nord sur l'échelle de la valeur ajoutée sont des
ingrédients essentiels dans la création d’une croissance
économique plus forte et plus durable, deux dimensions
qui ont un rôle à jouer dans la résolution de certains des
problèmes exposés, notamment la création d'emplois
pour les jeunes diplômés.
Dans un premier temps nous identifions certains des
principaux éléments du programmes inachevés en
Afrique du Nord, en présentant les problèmes liés au
chômage des jeunes, à la pauvreté et aux disparités
régionales, à la gouvernance, à la lente transformation
des structures économiques et à l'insécurité alimentaire
et ainsi qu’au stress hydrique. Ces défis sont identifiés
comme étant les plus importants à résoudre pour aboutir
dans la région à une croissance plus forte et bénéficiant
à tous.
L'intégration régionale et, au travers de celle-ci, la
création d’économies d’échelle potentielles et
l’amélioration de la compétitivité des pays de la région,
pourrait bien être un élément manquant dans un effort
concerté pour établir les fondements d'une croissance
renforcée, plus diverse et plus intégratrice en Afrique du
Nord. Depuis plus de trois décennies, l’expansion
continue du marché mondial des biens, des capitaux,
du travail, et des idées a abouti à une intégration toujours
plus étroite entre les pays et les régions du monde. Les
marchés mondiaux ont été les piliers de la croissance