l’investissement, l’accumulation de capital humain, l’innovation et l’adoption de nouvelles
technologies.
Si le fait de chercher à favoriser spécifiquement les exportations n’apportent aucun gain en
termes de revenu, il semble étrange de choisir le solde commercial comme l’un des
indicateurs « phare » de la santé d’une économie. Le solde commercial n’apporte qu’une
information très floue, et peut être le reflet de bons ou mauvais « fondamentaux » suivant les
circonstances. Ainsi, la plupart des économies développées ont dégagé depuis le début des
années 2000 des déficits commerciaux, à l'exception de l'Allemagne. Un creusement du
déficit commercial peut signifier à la fois une perte de compétitivité des entreprises
domestiques vis-à-vis des principaux concurrents étrangers, ou au contraire un très fort
dynamisme de la demande domestique associé à une croissance du revenu des ménages, ou
une croissance importante des investissements dans les secteurs productifs. Le fait de dégager
un déficit commercial à court ou moyen terme n'est donc pas, a priori, problématique dans la
mesure où des investissements sont réalisés dans les secteurs à forts potentiels de croissance
en termes de productivité. Dans le cas des économies en développement, par exemple, les
importations de biens d'équipements doivent permettre un rattrapage technologique et peuvent
donc nécessiter un déficit commercial temporaire. Dans le cas des économies riches, une
demande interne très dynamique et une forte croissance des investissements peuvent conduire
à une situation similaire. A l’inverse, un excédent commercial peut aussi bien être le reflet de
gains de compétitivité que le résultat d'une demande très atone. L’évolution de productivité
permet, en revanche, de mieux prédire l’évolution du revenu d’un pays sur le long terme.
Les exemples de la France, du Royaume-Uni ou des États-Unis d'une part, et celui de
l'Espagne et de l'Irlande d'autre part, sont très illustratifs du caractère peu informatif des
statistiques de solde commercial dans le long terme. Ces cinq pays ont accru leur déficit
commercial, ou sont passés d'une situation d'excédent à celle de déficit au cours de la dernière
décennie. Cette tendance a été particulièrement marquée pour les États-Unis. Tous ces pays
ont connu, dans des proportions diverses, des bulles immobilières avant le déclenchement de
la crise, ces bulles absorbant dans le même temps une part importante de l'épargne
domestique n'étant pas dirigée vers des secteurs productifs. En termes de gains de productivité
sur le long terme, ces pays se distinguent encore davantage. Ainsi, la croissance annuelle de la
productivité est restée stable depuis 1995 pour le Royaume-Uni et les États-Unis (environ
1.5% par an), a légèrement baissé pour le France et l'Allemagne (environ 1% par an à partir
de 2001). Pour l'Espagne et l'Italie, la croissance annuelle de la productivité des facteurs a été
quasi nulle depuis 1995, voire négative en moyenne sur la période 2001-2007.
Le solde commercial nous renseigne sur les (dés)équilibres globaux
Comment peut-on interpréter le solde commercial dans les statistiques de balance des
paiements ? Dans un monde ouvert aux échanges de marchandises et de capitaux, le solde du
compte courant nous donne une indication sur la dépendance de l'économie domestique vis-à-
vis des investissements étrangers. Les territoires attractifs attirent une partie de l'épargne
étrangère sous la forme d'investissements directs, d'investissements de portefeuille ou de
prêts, ce qui leur permet d'accroître consommation et importations de biens ou services
étrangers. Ainsi, si les pays de l'OCDE ont dégagé depuis le milieu des années 1990, ou le
début des années 2000, des déficits du compte courant, ils ont également attiré un volume très
important de capitaux étrangers provenant notamment des économies en développement.