526 Partie V – La structuration des portefeuilles
13.1.1 La gestion active traditionnelle
Deux approches dans la structuration des portefeuilles actifs s’opposent : l’approche
top-down et l’approche bottom-up. La première consiste à faire une allocation entre les dif-
férentes classes d’actifs et à aner la composition du portefeuille jusqu’au choix des titres.
La seconde consiste à privilégier la sélectivité du gérant qui, à partir d’une liste de valeurs
dans lesquelles il est susceptible d’investir, opère un choix respectant un certain équilibre
entre les diérents types de valeurs. Ces approches ne sont toutefois pas à mettre sur le même
plan. L’approche top-down permet de structurer un portefeuille en partant des objectifs de
l’investisseur et fait apparaître l’importance de l’allocation stratégique dans la performance
du portefeuille. L’approche bottom-up peut se pratiquer pour sélectionner les titres dans le
cadre de la gestion d’une poche d’actifs, les actions notamment. Tout l’art du gérant reposant
sur sa capacité d’analyse nancière, cette approche ne sera pas développée dans cette section.
L’approche top-down de la gestion se caractérise par trois phases: la phase stratégique, la
phase tactique et la phase de sélection de valeurs. La phase stratégique consiste à dénir les
objectifs du portefeuille et les moyens de sa mise en œuvre. Il s’agit donc nécessairement
de la première étape. Les autres phases correspondent aux décisions d’allocation tactique
d’actifs et de stock picking que prend le gérant de façon à atteindre ses objectifs.
L’allocation stratégique
L’allocation stratégique réside dans la dénition de l’allocation type du portefeuille en
fonction de l’horizon de placement et de l’aversion au risque de l’investisseur, qui sont
les paramètres clés. An de mesurer plus facilement les performances du gérant, on peut
dénir un benchmark qui servira d’étalon.
Les principes de base de l’allocation stratégique
L’allocation stratégique d’actifs repose principalement sur les principes de la théorie nan-
cière communément admis par les gérants, qui sont exposés au chapitre2. Parmi eux, deux
sont essentiels:
• Il existe une hiérarchie des risques et des rentabilités des diérentes classes d’actifs. Les
actions sont plus risquées, mais aussi plus rentables que les obligations et que les dettes
à court terme.
• La combinaison des actifs entre eux et des classes d’actifs réduit le risque du portefeuille.
Àces principes, il faut en ajouter un troisième: la variance des rentabilités moyennes du por-
tefeuille et la probabilité de réaliser des pertes diminue en fonction du temps de détention.
Cette dernière observation est fondamentale et justie que l’allocation stratégique dépende
de l’horizon de placement de l’investisseur. Le tableau13.1 obtenu à partir de données fran-
çaises, de1913 à2000, illustre ce phénomène. La rentabilité, l’écart type des rentabilités et
la probabilité de réaliser un gain ont été calculés selon diérents horizons de placement,
de unan à 30ans, pour trois classes d’actifs. Plus l’horizon de placement est long, plus
l’écart type des rentabilités annualisé est faible pour les trois classes d’actifs. Cependant, il
diminue plus vite avec l’allongement de l’horizon de placement pour les actions que pour
les deux autres actifs. De même, la probabilité de réaliser un gain augmente avec l’horizon
de détention pour les actions. Si le critère de risque pris en compte par l’investisseur est
la probabilité de réaliser une perte, alors l’avantage de détenir des actions augmente avec
l’horizon de placement.
GestPorteFeuille Livre.indb 526 14/06/10 14:27
© 2010 Pearson Education France – Gestion de portefeuille et marchés financiers – P. Alphonse, G. Desmuliers, P. Grandin, M. Levasseur