Colloque international d’éthique biomédica le sur « Bioéthique et recherche scientifique :
problématique et perspectives »
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A ce sujet justement, qu'il nous suffise d'évoquer après la nécessaire précision
de son objet, la prétention souvent vaine de la science, (plus pour les sciences exactes
que pour les sciences humaines toutefois) d'être objective. L'objectivité des sciences,
qui suppose la distinction de l'objet par rapport au chercheur, (condition pour que
celui-ci le regarde « froidement »), la « décentration » (J. Piaget), la nécessité de
considérer le fait social comme une « chose », et d'être historien sans appartenir ni à
une époque, ni à une société ... reste une « valeur asymptotique ». Elle n'est jamais
réalisée totalement, et l'hypothèse, voie d'entrée de la recherche scientifique, est a
priori une « idée » (Claude Bernard) qui prend nécessairement en compte, justement
la dimension humaine, donc culturelle et socio -historique du savant.
Et quand on considère la liaison entre l'hypothèse (c 'est-à-dire la question
qu'on se pose ou qu'on pose à l'objet de la recherche) et la conclusion ( la vérité
provisoire à laquelle on parvient) en passant par l'expérimentation et le dispositif
technique disponible ... force sera de reconnaître - même péniblement - l'intimité qui
lie le savant à la vérité de sa découverte. L'origine historique, géographique et
politique des sciences (tant pour leurs apparitions et évolutions que pour les résultats
auxquels elles parviennent) confirme bien cette réalité. Il e n vaut de même pour la
technique qui n'est que l'opérationnalisation réussie d'une vérité scientifique établie
ou à découvrir.
Si, comme il en a été dit précédemment, les sciences qu’elles soient
« exactes » ou « humaines et sociales » sont interpellées, il demeure à l’évidence que
la biologie et les sciences biomédicales sont de loin les plus exposées dès lors
qu’elles s’intéressent à l’homme dans ses spécificités d’être vivant.
A ces « obstacles épistémologiques » classiques viendront s’ajouter ce qu’on
pourrait nommer « les précautions épistémologiques » à considérer, la « délicatesse »
spécifique des expérimentations à faire à leur sujet et les conclusions auxquelles elles
aboutissent dans leur mise en pratique. Et ce dans la mesure où il s’agit de l’h omme, à
la fois comme « objet » et « fin ».
Des questions qui, hier seulement, relèveraient de la magie, de la religion ou
simplement de l’irrationnel, deviennent des préoccupations des sciences exactes, et
leurs « objets » progressivement des « objets de laboratoires », donc soumis à
l’expérimentation scientifique : laboratoire de parapsychologie pour l’analyse des
rêves ; la métempsychose ; la question de savoir si par le cerveau, nous ne serions pas
des programmés pour croire ! … Le positivisme d’A. Comt e plutôt que de succéder
aux stades théologique et métaphysique comme il l’annonçait, parait plutôt condamné
à cohabiter ou à coexister avec eux, dans une logique qui trahit la vanité du
« scientisme » qui ne révèle que la dimension idéologique de la scien ce. Surtout
quand celle-ci, en l’occurrence la biologie pour ce qui nous concerne actuellement, en