dépendant largement de conventions dans l'emploi des termes. Il reste que l'ouvrage de J.N. Missa est important, tant par les questions qu'il pose que par les réponses qu'il propose. Il est important également par bibliographie des pages 219-253. Au total, un ouvrage sur l'esprit-cerveau qui est aussi un livre-pensée. J.Y. GOFFI. Décembre 1994 GOFFI éthique (Jean-Yves) Le philosophe et ses animaux : Du de r animal. Ed. Jacqueline CHAMBON 1994. statut Il y a quelques temps, la parution de l'ouvrage de Luc FERRY (Le nouvel ordre écologique - Grasset 1992) critiquant philosophiquement les positions écologistes avait reçu un accueil médiatique plutôt favorable malgré les faiblesses théoriques de ses analyses soulignées à juste titre dans un précédent bulletin par Jean-Yves GOFFI. Il est vrai que trop souvent, l'audience médiatique d'une publication est inversement proportionnelle à son intérêt ! Avec l'ouvrage que J.Y. GOFFI vient de publier, un lecteur exigeant pourra enfin satisfaire les frustrations provoquées par la lecture passée du livre de M. FERRY. Car il s'agit en effet d'une analyse approfondie des différentes positions philosophiques qui se sont exprimées depuis l'antiquité jusqu'à nos jours à propos du statut éthique de l'animal. Cet ouvrage témoigne d'une connaissance encyclopédique de la littérature parue sur ce thème, en particulier dans les pays anglo-saxons. Un remarquable travail de clarifications des positions doctrinales a été effectué qui mérite d'autant plus d'attention qu'il s'agit d'un sujet toujours très passionnel, quoique l'on puisse parfois regretter l'implication personnelle insuffisante d e l'auteur. L'opposition entre la tradition morale kantienne et celle utilitariste des auteurs anglo-saxons est bien mise en valeur. Pour l'une, les hommes ne peuvent à la rigueur qu'avoir des obligations envers les animaux tandis que pour les autres ces derniers peuvent avoir des droits dans la mesure où ils ont des intérêts. Une chose reste en tous cas frappante pour le lecteur connaisseur du monde animal, dans ces controverses philosophiques sur les droits de l'animal, ce dernier est toujours appréhendé abstraitement sans qu'aucune précision d'ordre biologique ne soit jamais apporté sur les différentes formes d'animalité. On ne sait par exemple jamais si les poissons ou les insectes doivent être considérés comme dignes du statut de sujet de droit. Ici se situe d'ailleurs le divorce entre zoo centrisme et écocentrisme qui est fort justement analysé par Jean- 14 Yves GOFFI. Pour cette dernière tendance en effet, l'animal ne peut posséder un statut à part, pas plus d'ailleurs que l'homme, dans la communauté des êtres vivants. Des auteurs comme A. LEOPOLD et J.B. CALLICOT estiment par exemple qu'une chose est juste lorsqu'elle tend à préserver l'intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est injuste lorsqu'elle tend à faire autre chose" (cité p. 255). Ici ce n'est plus l'animal en tant que tel qui est mythifié comme dans les thèses les plus extrémistes relatives à la libération animale (celles par exemple de P, SINGER) mais c'est l'écosystème terrestre en tant que tel qui est perçu comme une entité morale. Ce dernier courant rompt avec le sentimentalisme du premier pour donner certainement une vision plus fidèle de la réalité environnementale mais n'en renoue pas moins avec la vieille tradition panthéiste. Quoiqu'il en soit, il y a toujours une question à laquelle ces courants, tous plus ou moins marqués par un certain antihumanisme, ne répondent pas : comment se fait-il qu'en définitive ce soit toujours l'homme qui se permette de parler au nom des animaux et de quel droit peut-il le faire ? Une objection qui visiblement n'a jamais été (et pour cause !) envisagée par ces auteurs ! Simon CHARBONNEAU MITCHAM (Carl) Thinking between engineering and Press 1994. through technology : the path philosophy. University of C h i c a go En 1988 J.Y Goffi publiait dans la collection "Que sais-je" un excellent La Philosophie de la Technique qui en 120 pages proposait, après avoir fait une rapide histoire du champ, une initiation aux principaux penseurs modernes de la technique. Le nouveau livre de Cari Mitcham dont nous rendons compte ici est beaucoup plus ambitieux. Il offre un panorama très complet et systématique de l'ensemble de la philosophie de la technique depuis ses origines ; Ce faisant il fait oeuvre à la fois de savant (trois cent pages de texte dense et cent pages d'appareil critique et bibliographique) et de philosophe, car ce livre fait plus qu'informer et propose nombre d'analyses et de réflexions personnelles très intéressantes. C'est un livre qui sera utile aussi bien au débutant qu'au lecteur déjà averti, capables de lire l'anglais. Depuis les années soixante dix, Mitcham a joué un rôle important dans le développement de la philosophie de la Technique aux Etats Unis. Il a d'abord publié avec Robert Mackey un recueil de