concentrations en gaz à effets de serre à intensifier dans l’atmosphère) afin que nos productions et nos
consommations finales puissent croître indéfiniment et valoriser indéfiniment des capitaux réels et
financiers en quête perpétuelle de nouveaux débouchés. »
« L’épuisement exponentiel de certaines ressources-clé créera une onde de choc qui se propagera par
effet domino : un effondrement rampant, ou effritement graduel, de la base énergétique et ressourcielle
du capitalisme le rendra non viable et forcera de façon plus ou moins brutale des populations de plus en
plus nombreuses à mettre en place, tant bien que mal, de nouveaux schémas socioéconomiques
caractérisés par la combinaison de ressources limitées et à l’acheminement coûteux, de technologies à
basse productivité et de niveaux plus bas de consommation en biens intermédiaires (y compris
énergétiques) et en biens finaux. »
« Il n’y aura pas de révolution prolétarienne ; si elle se préparait quelque part dans le monde avec quelque
chance de succès, cela se saurait. Il n’y aura pas de révolution du tout. Les « classes laborieuses » et les «
classes moyennes », intégralement cooptées dans la logique productiviste, consumériste et croissanciste
en place, luttent en vain depuis un siècle pour une seule chose, bien légitime du reste : que le gâteau à
redistribuer s’accroisse et qu’il soit effectivement redistribué. De cette façon, les laissés-pour-compte du
système s’allient aux strates possédantes pour exiger – mais en fonction d’intérêts radicalement
divergents – que la marche forcée par laquelle l’humanité scie la branche sur laquelle elle est assise soit
encore intensifiée. Il n’y aura pas non plus de révolution technologique (...). »
« Le réalisme écologique n’est ni de gauche, ni de droite ; il se fonde sur des faits scientifiques
irréfutables. Il pointe vers une réponse qui ne plaît ni aux thuriféraires « droitistes » d’un capitalisme
maintenu en vie par une alternance d’austérité et de relance, ni à ses adversaires « gauchistes »
traditionnels obsédés eux aussi de croissance perpétuelle : choisir une sobriété imposée par les limites
physiques de la planète, une sobriété également répartie entre tous, et donc un retour vers une gestion «
communaliste » (parce que tout simplement plus efficace). »
Arnsperger, qui renvoie aussi vers le mouvement des « objecteurs de croissance », affirme encore :
« Être écologiste, c’est nécessairement être anticapitaliste. Aucune autre position ne peut permettre de
répondre pleinement aux incohérences idéologiques du projet d’un capitalisme vert. » [9]
En avril 2015, les objecteurs de croissance ont lancé l’appel : « Pour sauver le climat, faisons la
grève de l’économie ». Pour ce mouvement, « le changement climatique résulte d’une
organisation sociale précise : le capitalisme productiviste, qui engloutit la société par et dans
l’économie. Il faut cesser de ne s’attaquer qu’aux conséquences de l’économie productiviste,
mais la saper à la base. Grève de l’économie ! » [10]
Pour Raphaël Stevens , auteur avec Pablo Servigné de « Comment tout peut s’effondrer » [11],
dont le discours rejoint sur un certain nombre de points celui de Dennis Meadows [12], il faut
miser sur la résilience.
Raphaël Stevens explique ainsi que sauver la croissance de nos économies moribondes requiert
d’exploiter plus la nature, et donc aggraver la destruction planétaire. Tandis que sauver la planète
requiert de stopper la croissance, et donc accepter la destruction de l’économie actuelle. Nous sommes
coincés, dit-il, car dans les deux cas on se dirige vers de grosses difficultés socio-économiques, vers des
formes d’effondrements sociétaux.
Raphaël Stevens invite à accepter que ce discours génère des émotions difficiles à porter. Plutôt que de
refuser la tristesse, la colère, la culpabilité ou l’angoisse, il propose d’en parler autour de nous. Et surtout
de se projeter dans l’avenir en changeant d’objectif : remplacer l’objectif de croissance par un objectif de
résilience, une capacité accrue à faire face aux chocs. Un peu comme il vaut mieux se préparer, autant
que possible, à l’approche d’un ouragan, plutôt que de continuer à vaquer à ses tâches habituelles. [13].
Le Pape François propose dans son encyclique « Laudato Si’ - sur la sauvegarde de la maison