« SOCIOLOGIE DES POUVOIRS, POUVOIRS DE LA SOCIOLOGIE » 7e congrès, Amiens, 3-6 juillet 2017 Appel à communication GT 45 Sociologie des conflits Nous vous proposons ci-après quelques éléments d’orientation de nos futurs discussions autour de la thématique du congrès 2017 « Sociologie des pouvoirs/pouvoirs de la sociologie » La question du pouvoir est au cœur des situations conflictuelles, tant d’ailleurs que, si le conflit a longtemps été une notion appréhendée avec difficulté par la sociologie, c’est souvent à travers la dimension du pouvoir, celle-ci jouissant d’une perception plus favorable, que ce type de situation sociale fut étudié. Aussi nous semble-t-il que, la thématique du congrès portant sur la sociologie « des pouvoirs », s’intègre parfaitement aux axes de travail poursuivis au sein du RT45 Sociologie des conflits, ces derniers pouvant aisément se décliner sous la question du pouvoir. 1. Les traditions théoriques et réflexions épistémologiques d’une sociologie du conflit Il s’agit d’interroger les questions épistémologiques que soulève l’attention au conflit. Par exemple, la question du positionnement d’une théorie du conflit à l’intérieur des disciplines, la mise en exergue des différences et/ou de la porosité des frontières disciplinaires, l’impact du conflit sur le positionnement disciplinaire mais aussi les comparaisons entre théories du conflit selon les contextes historiques et/géographiques de production etc. 1.1. Théories sociologiques du conflit et du pouvoir Tous les conflits sont-ils des conflits de pouvoir ? Le pouvoir est-il partie prenante de tout conflit ? Comment se croisent ces deux champs d’analyse ? Quels rapports entretiennent-ils ? En quoi la dimension du pouvoir a-t-elle permis à la sociologie de s’intéresser aux situations sociales conflictuelles ? Les sociologies s’intéressant particulièrement au pouvoir ont-elles joué un rôle dans la réhabilitation du conflit comme objet d’étude sociologique ? Comment comprendre cette prévalence de la notion de pouvoir sur celle de conflit ? Est-elle signe, comment d’aucun tendent à le souligner dans d’autres disciplines des SHS, d’une sorte de fascination de la sociologie pour le pouvoir ? 2. La sociologie du conflit et ses méthodes Les recherches en sociologie du conflit se caractérisent-elles par des méthodes particulières ? Quelles sont les méthodes les plus utilisées en sociologie du conflit (qualitatives, quantitatives, production directes de données, données de seconde main, méthodes innovantes, approches cliniques, poids des exemples et illustration dans l’argumentation, utilisation de ces illustrations –objective/subjective/narrative-, etc.) Y-a-t’il des méthodes innovantes, créatives ? Qu’en est-il de la différenciation des disciplines à partir de l’utilisation de méthodes spécifiques d’analyse des conflits (ou non). Existe-t-il des méthodes suivant les types de conflits ou suivant les types d’acteurs, de contextes, etc. ? 2.1. Méthodes de la sociologie des conflits et pouvoirs de la sociologie Méthodes d’analyse des conflits et statut de la dimension du pouvoir. La sociologie construit-elle et offre-t-elle des outils d’analyse spécifiques de la dimension du pouvoir ? Existe-t-il des rôles attendus et/ou prescrits vis-à-vis des sociologues qui viennent étudier ou agir auprès d’individus et de groupes pris dans des situations conflictuelles ? Si oui, quels en sont les dynamiques et les enjeux ? Remettent-ils en cause les cadres de pensée, les routines d’une sociologie académique et d’une sociologie professionnelle ? Le pouvoir constitue-il un outil de résolution ou un mode de régulation des conflits ? 3. Formes, fonctions et significations du conflit Il s’agit ici de réfléchir sur les formes (latent, manifeste, violent, agonal ou polémique, guerrier, etc.), fonctions (cohésives, destructrice, créatrice, régulation, etc.), significations (négatives, positives, questions éthiques et déontologiques, pouvoir, domination), et sphères du conflit (individuelle, collective, niveau micro- et mésosociologique). L’évolution de la menace terroriste sur les différents territoires implique de repenser les enjeux dans ses dimensions internes et internationales autour des rapports de forces et de pouvoirs impliqués dans les questions de sécurité nationale, de politiques de luttes et de préventions ainsi que sous l’angle des relations géopolitiques. A des niveaux plus individuels, ce phénomène interroge le retour du religieux sous une forme violente à travers l’engagement d’individus dans une idéologie radicale et la construction d’une identité commune contre un ennemi. Quels sont les caractéristiques, les modes d’expression et les stratégies des forces en présence ? Comment interviennent les nouvelles formes de communications via internet et les réseaux sociaux en matière de propagande et de contre discours ? 3.1. Statuts et rôles du pouvoir dans les situations de conflit Quels sont les rapports entre les différentes dimensions du conflit (autorité / force / puissance / statut / violence, etc.) à l’aune du pouvoir ? Le conflit peut-il être compris comme un mode d’expression, voire une opportunité d’expression du pouvoir ? Seraitce une des fonctions sociales du conflit que de permettre cette expression dans l’espace social et, partant, de rappeler aux acteurs leur position (comme invite à le penser R. Collins –status, power, ritual- ou encore Th. Kemper à travers l’expression sociale des émotions de honte et de fierté, ou Simmel avec l’honneur). Quel rôle joue le pouvoir dans la fonction cohésive et desctructive du conflit identifiée notamment par Simmel et Coser ? 4. Le conflit dans les différents champs de la société Il s’agit ici de réfléchir sur les champs de la société dans lesquels nous pouvons analyser le conflit (travail, santé, organisation, justice, défense et sécurité intérieure ou extérieure, environnement, genre, monde artistique, travail social, etc.) et ainsi aussi sur la question du contenu porté par le conflit. 4.1. Conflits de pouvoirs, pouvoirs des conflits dans la société A partir du prisme sociologique, deux objets d’études semblent se distinguer aisément lorsqu’on associe les notions de conflit et de pouvoir avec des champs sociaux. Le premier est sans doute celui des organisations et notamment des organisations de travail. La sociologie des organisations telle que développée en France à partir de Crozier et Friedberg n’y est pas pour rien. Inspirée en la matière par les travaux de March et Simon, le conflit y est avant tout considéré comme étant de type décisionnel dans une organisation, permettant ainsi d’ouvrir la voie à des interventions résolutives s’appuyant sur des modèles logiques. La sociologie des organisations ne s’arrête pourtant pas là et va assouplir la notion de pouvoir sans toutefois chercher plus avant à travailler celle de conflit. La sociologie des conflits de pouvoirs identifiés dans les organisations connait-elle des limites à son universalisme ? Certains champs sociaux appellent-ils des perspectives spécifiques ? Le second est celui des mobilisations collectives. Ici la sociologie traite des situations conflictuelles en cherchant à comprendre les motivations des acteurs et les formes des mobilisations. A cet effet, le sociologue entretient un rapport particulier au contenu de la mobilisation et à sa forme conflictuelle. Ce rapport le place-t-il dans une situation de pouvoir, tel qu’il devient lui-même capable de mobiliser pour le conflit, de l’attiser ou de l’atténuer? S’attribue-t-il ainsi un pouvoir de choisir telle ou telle mobilisation, de « trier », classer, catégoriser, oublier ; de construire une réalité par un pouvoir d’interprétation, de légitimation, délégitimation ? Appel à communication pour le 7ème Congrès de l’AFS Université d’Amiens du 03 au 06 juillet 2017 Les propositions de communication (1500 signes maximum, espaces compris) présenteront l’objet de la recherche, le questionnement et la problématique, le terrain, les catégories et la méthodologie utilisée pour le recueil des données (ou à défaut, les corpus systématiques de sources si ce travail n’est pas lié à un terrain). Les propositions comprendront les éléments suivants dans l’ordre d’apparition : • Nom, prénom du/des auteur-e-s • Fonction et institution de rattachement • Adresse mail • Titre de la communication • 5 mots clés • Proposition de communication (1500 signes maximum espaces compris) et titre Nous vous remercions de bien vouloir : 1- indiquer en objet de votre message : AFS-GT 45 proposition congrès 2017 2- nommer votre fichier de la façon suivante : nom-congrès AFS 2017.doc Les propositions doivent être adressées sous fichier word et rtf à [email protected] avant le 06 février 2017. Les réponses aux propositions reçues seront envoyées courant mars 2017. Présentation du GT 45 Sociologie des conflits Responsables: Nicolas Amadio (Université de Strasbourg), Jérôme (Université de Toulouse Capitole, Dietmar Loch (Université de Lille 1) Ferret Thématique Ce groupe se propose comme lieu d’échanges et de recherches sur les conflits et leurs régulations. Le reflux des affrontements majeurs entre blocs, classes, nations, n’a pas mis fin aux conflits individuels et collectifs. Ceux-ci ont plutôt tendance à se fragmenter, se diversifier, se disséminer. Des domaines longtemps perçus comme stables, par exemple la santé, la mort, l’appartenance ethnique, l’environnement, la prison, le travail et l’organisation, sont devenus aujourd’hui autant d’enjeux agonistiques. Le groupe s’intéresse particulièrement aux formes nouvelles de conflictualités, à leurs dynamiques et leurs effets. Dans une perspective positive et dynamique, le conflit permet de préciser une position, voire une identité ; en intensifiant les relations entre les hommes, il présente un effet socialisateur. Il développe des compétences stratégiques, tactiques, organisationnelles ; en bousculant les équilibres, il dégage des solutions nouvelles, suscite ruse et inventivité et donne lieu à des créations institutionnelles. Autrement dit, le conflit est envisagé comme un analyseur et un catalyseur social mettant en évidence ce qui passe pour aller de soi, précipitant des évolutions en cours. Objectifs À travers les situations étudiées, le groupe s’attache à identifier les logiques à l’œuvre dans les conflictualités contemporaines. Il met l’accent sur deux aspects : une dimension comparative afin de saisir les différences et les points communs entre des conflits de nature, d’échelle, et d’intensité diverses ; une dimension dynamique, afin de saisir les effets des conflits : tensions, expressions, négociations, médiations, créations, déplacements, traces. Mot clefs : antagonisme - création - conflictualité - dynamique conflictuelle - ennemi guerre - négociation - ritualisation du conflit - socialisation - tiers.