Ces derniers temps, des infections anciennes comme la syphilis et la lymphogranulomatose véné-
rienne (LGV) reviennent sur le devant de la scène. Pourtant, on se passerait bien de ces infections,
responsables de complications sévères, si elles ne sont pas traitées. InfoTraitements vous propose de
faire un tour d’horizon des différentes infections sexuellement transmissibles (IST). Ce mois-ci nous
vous présentons quelques unes des IST bactériennes puis, dans un prochain numéro, nous reviendrons
plus précisément sur la syphilis et sur les infections d’origine virale.
ÉPISODE 1 : QUELQUES IST BACTÉRIENNES À NOUVEAU SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE !
Le come back des IST(INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES)
Il existe différentes IST dont les symptômes sont
souvent très discrets, voire inexistants. Quelques
temps après un rapport sexuel à risque, il est
important de consulter son médecin en cas d’ap-
parition de divers signes : écoulements, sensation
de brûlure en urinant, lésions et ulcérations sur le
sexe ou les muqueuses (bouche, anus..), saigne-
ments ou toutes autres manifestations inhabi-
tuelles.
Il est primordial de se faire soigner car, lorsqu’elles
sont dépistées à temps, la plupart des IST se trai-
tent facilement et rapidement. Alors qu’une IST non
traitée peut avoir des conséquences graves (stéri-
lité, cancer…).
En cas d’infection, il est important de consulter et
d’informer son ou ses partenaires(s) afin de leur
faire bénéficier d’un traitement préventif systéma-
tique. Le seul moyen de vous protéger est d’utiliser
le préservatif (pénétration, fellation). En effet, les
spermicides locaux (sprays, gelées, ovules) ne pro-
tègent pas des IST.
Blennorragie gonococcique ou gonorrhée
Appelée communément “chaude pisse”, cette infec-
tion est due à la bactérie
Neisseria gonorrhoeae
ou
Gonocoque.
Chez l'homme, après une courte incubation (2 à 7
jours), la blennorragie entraîne le plus souvent une
inflammation de l'urètre(1) qui cause des brûlures
intenses à la miction(2) (d’où la "chaude pisse") et un
écoulement purulent jaunâtre. L’infection peut aussi
saccompagner de fièvre et de douleur au bas-ventre.
Au contraire, chez la femme, l'infection est le plus
souvent asymptomatique, ce qui favorise alors la
transmission de la maladie. Lorsqu'elle existe, la
symptomatologie est pauvre : inflammation du col
utérin, de la vulve, de l'urètre et du vagin avec des
pertes jaunâtres.
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Des formes touchant l'anus ou la gorge (en fonction
des pratiques sexuelles) doivent aussi être recher-
chées de façon systématique, même si leur diagnos-
tic reste difficile.
Ces symptômes se manifestent quelques jours
(jusqu’à une semaine) après le rapport contaminant.
Évolution de l’infection
Après un diagnostic par prélèvement local, la prise
d’un traitement antibiotique permet une évolution
favorable en quelques jours. En cas d'infection mal
ou non traitée, des complications peuvent survenir.
Chez l’homme, la blennorragie peut entraîner une
infection de la prostate, ainsi qu’une épididymite(3).
Chez la femme, elle peut s'étendre à l’appareil géni-
tal, entraînant alors un risque de stérilité et une
atteinte du nouveau-né si la mère est infectée.
Pour les deux sexes, une gonococcémie, c’est à dire
la diffusion du germe dans le sang avec infection
généralisée, s’accompagne de fièvre, de signes cuta-
nés et d’arthrite(4).
Traitement
Le traitement est efficace avec des antibiotiques
appropriés. Pour les personnes infectées par le VIH,
le traitement consiste en l’injection d’une dose
unique de ceftriaxone (500mg) en intra-musculaire
(traitement “minute”). Si le traitement de premier
choix n’est pas efficace, ou si le malade ne le tolère
pas, on peut proposer de la cefixime (Oroken®, 400
mg) en prise orale unique.
On associe systématiquement un traitement dirigé
contre les chlamydiae au traitement de la gonococcie.
Chlamidiose
À ne pas confondre avec la blennorragie gonococ-
cique. La chlamydiose est causée par la bactérie
Chlamydia trachomatis
. C'est la plus fréquente et
la plus contagieuse des IST, qui est une des princi-
pales causes de stérilité.
Évolution de l’infection
Le diagnostic se fait par la mise en évidence du
germe lui-même ou par la présence d’anticorps dans
le sang circulant. L'incubation dure environ une à
deux semaines, mais peut être beaucoup plus
longue (2 à 6 semaines) si la personne est asympto-
matique (40 à 70 % des cas). La chlamydiose est
d’ailleurs particulièrement asymptomatique
lorsqu’elle est localisée dans la gorge ou le rectum.
Lorsqu’ils se manifestent, les symptômes se carac-
térisent par des écoulements plus ou moins doulou-
reux de couleur verdâtre ou jaunâtre, une sensation
de brûlure en urinant, une épididymite. Parfois, ils
se résument à l’existence d’une goutte matinale au
méat(5), accompagnée de signes mineurs. Chez la
femme, on observe plutôt des leucorrhées (pertes
blanches) et des douleurs pelviennes.
Certains symptômes peuvent indiquer une infection
à l’anus avec écoulements et picotements accompa-
gnés parfois de douleurs et de saignements lors du
passage des selles. De plus, les chlamydiae peuvent
entraîner une infection dans la gorge (rarement
symptomatique) en cas de rapports buccaux non
protégés.
Chez l’homme, les complications se manifestent en
général après une urétrite mal ou non soignée :
infections de la prostate (prostatites), l’épididyme
(épididymites), du gland (balanites). La chlamydiose
peut aussi entraîner des conjonctivites et une stéri-
lité. Chez la femme, les complications sont tout
aussi graves puisqu’elles peuvent être à l’origine de
stérilité, de grossesse extra-utérine et d’atteinte du
nouveau-né.
Traitement
Il est recommandé, chez les PVVIH, de traiter les
chlamydiae avec de la doxycycline (200mg/j) en
deux prises pendant sept jours ou de l’azythromy-
cine (Zithromax , 1g) en monodose.
Cependant, il existe plusieurs types de Chlamydia
trachomatis dont certains nécessitent la mise en
place d’un traitement plus long. C’est pourquoi, dans
la pratique, il n’est pas rare qu’un traitement de trois
semaines soit prescrit. En fonction du résultat des
analyses du prélèvement (et de l’identification du
type de chlamydiae), ce traitement pourra être
réduit à une semaine.
Lymphogranulomatose vénérienne (LGV) ou
maladie de Nicolas Favre
Depuis plusieurs années, on observe une augmenta-
tion régulière des cas de lymphogranulomatose
vénérienne. La LGV est une forme particulière de
chlamydiose due à certains
Chlamydia trachomatis
(sérotypes L1, L2 et L3). La LGV est une IST très
contagieuse qui touche principalement les hommes
homosexuels. Elle provoque chancres(6), pustules,
puis une infection des ganglions et des organes
génitaux. Elle peut causer de graves infections
anales et des organes génitaux, mais se traite faci-
lement lorsqu’elle est dépistée précocement.
Causes et facteurs de risque
La LGV se transmet par contact entre une
muqueuse infectée (anus, rectum, gland, bouche,
gorge), un liquide sexuel infecté (sperme, liquide
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pré-séminal) ou un suintement plus ou moins puru-
lent (du pénis, de l’anus ou de la gorge) avec une
muqueuse d’une personne saine. Les doigts, des
objets non désinfectés ou ayant déjà été utilisés
avec d’autres partenaires, peuvent être porteurs
d’un liquide infecté. La LGV est très contagieuse et
ne guérit jamais sans un traitement antibiotique
adapté.
Le diagnostic se fait par prélèvement local de
l’écoulement (s’il existe), par recherche de chlamy-
diae dans l’urine et parfois par test sanguin (sérolo-
gie
Chlamydia trachomatis
avec des résultats très
élevés).
À la moindre douleur, accompagnée de fièvre et
d’inflammation anormale de l’anus ou des organes
génitaux, il est important de consulter un médecin.
Évolution de l’infection
Stade I :
Il y apparition d’un chancre (bouche, urè-
tre, gland) trois à trente jours après l’infection.
Parfois cela passe inaperçu, sauf sur l’urètre, ce qui
provoque une sensation de brûlure lorsqu’on urine.
Stade II :
Deux à six semaines plus tard, il peut y
avoir une infection des ganglions (souvent à l’aine)
qui provoque douleur et fièvre, ainsi que des maux
de tête.
La LGV anale provoque une inflammation doulou-
reuse de l’anus (écoulement de sang, de pus), avec
des difficultés pour aller à la selle. Elle peut provo-
quer des abcès et des ulcères anaux accompagnés
de fièvre.
La LGV dans l’urètre provoque une sensation de
brûlure lorsqu’on urine, accompagnée parfois de
ganglions à l’aine pouvant devenir purulents et très
douloureux.
La LGV dans la bouche provoque une inflammation
persistante et douloureuse de la gorge, accompa-
gnée parfois de ganglions autour du cou et sous les
aisselles.
Stade III :
La LGV non traitée est une infection
grave pouvant provoquer de l’érythème(7) ou des
arthrites.
Au niveau anal, des excroissances ressemblant à
des hémorroïdes peuvent apparaître, ainsi qu’une
infection des organes génitaux. Une intervention
chirurgicale d’urgence, peut être nécessaire pour
évacuer les abcès.
Traitement
Le traitement de choix de la LGV est la doxycycline
(200mg/j), par voie orale pendant trois semaines.
Parfois, les ganglions enflés peuvent nécessiter une
aspiration ou une incision pour prévenir les ulcéra-
tions et les complications.
En conclusion de ce premier épisode, sachez que la
prévention des IST est toujours un sujet d’actua-
lité.
Au moindre doute, réagissez. N’attendez pas que
des complications apparaissent car l’infection sera
alors beaucoup plus difficile à traiter et surtout,
pourra entraîner des séquelles.
Pour vous faire dépister, plusieurs possibilités sof-
frent à vous : vous pouvez bien sûr vous rendre
chez votre médecin traitant ou dans un centre spé-
cialisé (toutes les coordonnées sont disponibles
sur le site internet de Sida Info Service) :
- CDAG : Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit ;
- CIDDIST : Centre d’Information, de Dépistage et
de Diagnostic des IST.
ASSOCIATIONS
Sidaction
INSTITUTIONS
Direction Générale de la Santé, Conseil Régional d’Île de
France, Ville de Paris, ARS IDF
LABORATOIRES
Abbott France, Bœhringer Ingelheim, Bristol Myers-Squibb,
Gilead, Janssen-Cilag, MSD, Sanofi-Aventis, ViiV Healthcare,
Centre Biologique du Chemin Vert.
PARTENAIRES
ActionsTraitements remercie, pour leur soutien à son action, les
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GLOSSAIRE
(1) Urètre :
Canal allant de la vessie et débouchant à l’extrémité du gland, trans-
portant l'urine de la vessie vers l'extérieur.
(2) Miction :
Expulsion naturelle par regorgement (débordement) de l’urine accu-
mulée dans la vessie.
(3) Épididymite :
Infection des testicules avec risque de stérilité. L’épididyme étant le
canal qui conduit le sperme.
(4) Arthrite :
Inflammation aiguë ou chronique des articulations. Elle ne désigne pas
la pathologie répertoriée sous le nom d'arthrose mais un signe cli-
nique d'une des nombreuses maladies articulaires.
(5) Méat urinaire :
Orifice externe de l'urètre, par lequel l'urine est éjectée lors de la
miction.
(6) Chancre :
Ulcération de la peau et des muqueuses, rosée et indolore, laissant
sortir un liquide clair.
(7) Érythème :
Série d'affections cutanées de coloration rouge plus ou moins impor-
tante.
collivon@actions-traitements.org
PAR CHARLINE OLLIVON
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