Ph. Thieblot
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°9 605
!Avec l’âge la structure thyroïdienne
se modifie.
L’échographie thyroïdienne témoigne
pour le clinicien de ce vieillissement
en objectivant la fréquence des dys-
trophies multi-nodulaires de la thy-
roïde après 65 ans [1,2,3], confirmant
des données autopsiques en les sous-
estimant [4].
Les perturbations de l’auto-immunité
thyroïdienne sont fréquentes.
La physiologie thyroïdienne est elle
aussi modifiée dans la plupart des
études.
Les maladies de la thyroïde augmen-
tent en fréquence mais il n’y a pas de
corrélation nette avec les modifica-
tions morphologiques et fonctionnel-
les liées à l’âge [5].
La prédominance féminine persiste
[3].
De plus, les différents signes des
maladies thyroïdiennes prennent sou-
vent un aspect particulier.
Nous allons voir en détail ces diffé-
rents points.
LES MODIFICATIONS DE
STRUCTURE ET DE FONCTIONS
DE LA THYROÏDE AVEC L’ÂGE
L’examen histologique [3,5]
!Il met en évidence une dilatation
des follicules, l’apparition de kystes
colloïdes, la présence de micro-folli-
cules et d’infiltrats lympho-plasmo-
cytaires et de fibrose
De nombreuses fonctions de la
thyroïde sont modifiées [2,3,5]
- Diminution de la clairance rénale de
l’iode.
- Diminution de la clairance thyroï-
dienne.
- Diminution modérée de la produc-
tion de thyroxine, mais la concentra-
tion sanguine reste le plus souvent
dans les valeurs de référence.
- Diminution de l’activité 5’ désiodase
mais conservation d’une production
satisfaisante de T3 chez la personne
âgée non malade.
- Diminution de la concentration nu-
cléaire de T3 par diminution des ré-
cepteurs et de leur affinité.
Mais il faut tenir compte de la popu-
lation étudiée, beaucoup de sujets
âgés ayant des maladies ou des mé-
dications pouvant altérer la fonction
thyroïdienne [1,3,5]. Il faut tenir éga-
lement compte de l’apport iodé de
la région étudiée.
De toute façon la TSH, le paramètre le
plus fiable d’appréciation de la fonc-
tion thyroïdienne, reste le plus sou-
vent dans les valeurs de référence [2].
Les processus auto-immuns
sont accentués avec l’âge
dans certaines études
!Mais il n’y a pas toujours de lien
entre le taux des anticorps et la pré-
sence de dysthyroidie patente [2,3,6].
De plus des études plus précises
mettent en évidence une différence
entre sujets âgés non malades, notam-
ment des centenaires chez qui le taux
des anticorps anti-thyroïdiens est plus
faible par rapport à des sujets âgés
malades hospitalisés ou des sujets
plus jeunes [6], ainsi l’étude de
Magri F [7] montre la présence d’an-
ticorps anti-thyroïdiens chez 4,16% de
centenaires contre 10,4% de sujets
âgés de plus de 65 ans et 13,5% de
sujets plus jeunes.
LES DYSTHYROÏDIES
DU SUJET ÂGÉ
Epidémiologie
!L’estimation de la fréquence des
dysthyroïdies est variable d’une
étude à l’autre en raison de l’hétéro-
généité des populations étudiées [8].
Une des constatations la plus fré-
quente est le grand nombre de for-
mes frustes aussi bien pour l’hyper
que pour l’hypothyroïdie [1,8].
Les différentes études :
1) Etude Française1) Etude Française
1) Etude Française1) Etude Française
1) Etude Française
- Steinmetz et al. [9] rapportent les ré-
sultats d’une étude multicentrique
réalisée dans 11 centres de santé où
4403 femmes entre 45 et 70 ans ont
été examinées, 2235 de 55 à 70 ans et
469 de 65 à 70 ans. Un dosage de TSH
a été pratiqué.
La médiane de TSH est non modifiée
par l’âge.
Les maladies thyroïdiennes mises en
évidence dans la tranche d’âge
65-70 ans sont : hyperthyroïdie
(TSH < 0,3 mUI/L) 1,8%, TSH > 4 : 4%.
- Etude en Limousin, Teissier et col.
[10] : 102 patients hospitalisés âgés de
plus de 65 ans, avec un âge moyen
de 81,7 ± 7,3 années (65 à 101 ans),
3,9% d’hypothyroïdie, 3% d’hyperthy-
roïdie. Aucun cas masculin.
Mise en évidence d’anomalies mor-
phologiques, goitres ou nodules dans
31,4% des cas avec une grande pré-
dominance féminine.
2) 2)
2) 2)
2) A l’étrA l’étr
A l’étrA l’étr
A l’étrangang
angang
angerer
erer
er
- L’étude WICKHAM : 7,5% de femmes
ont une hypothyroïdie infraclinique
[9] pour 17,5% d’hypothyroidie pa-
tente chez la femme, 3,5% chez
l’homme [2].
- ROSSES Study [11] : 1544 femmes
adultes dont 544 > 50 ans : hypothy-
roïdie patente 8,6%, hypothyroïdie
infraclinique 0,9% (double des chif-
fres du reste de l’Irlande), hyperthy-
roïdie patente 1,8%, hyperthyroïdie
infraclinique 3,2%.
- Flynn RWV et col. [12] ont recher-
ché rétrospectivement le nombre de
personnes traitées pour dysthyroïdie
dans la région du TAYSIDE en Ecosse.
Les résultats sont les suivants : inci-
dence pour 1000 personnes par an
. Hyperthyroïdie : hommes - 60 à 69
ans : 0,27, 70 à 79 ans: 0,29, au dessus
de 80 ans : 0,45
. femmes - 60 à 69 ans : 1,12, 70-79 ans :
1,29, au dessus de 80 : 1,05.
L’incidence de l’hypothyroïdie est
de :