Situations, concepts et engagements d’une anthropologiemonde Michel Agier, directeur d'études à l'EHESS, directeur de recherche à l'IRD (TH) S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras. 2e et 4e jeudis du mois de 11 h à 13 h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2013 au 12 juin 2014 La remise en cause politique de l’idée du décentrement culturel est aussi celle du relativisme et des ontologies identitaires. L’une et l’autre critiques conduisent l’anthropologie vers de nouvelles évidences, comme l’égalité épistémologique de toutes les situations observées et de toutes les parties du monde, ou le constat récurrent des conflits politiques d’universalismes. Ces deux critiques doivent se prolonger et s’approfondir dans une conception nouvelle du décentrement anthropologique, post-culturaliste et épistémologique – se décentrer toujours « ici et maintenant », se décentrer de soi. Pourra alors se mettre en place un projet d’anthropologie-monde selon laquelle aucune situation ethnographique n’est isolable du reste du monde, mais au contraire se comprend avec le monde en tête, dans des dispositifs et des réseaux multi-locaux. D’une part, on s’attachera à l’ethnographie des mobilités et des situations de frontière comme expériences du monde − des expériences cosmopolites où se mettent en crise les assignations identitaires et où se rejouent à chaque fois de nouvelles épreuves d’altérité. D’autre part on poursuivra la révision conceptuelle pour une anthropologie davantage ouverte (rapprochant l’ethnologie, la sociologie, la philosophie, l’histoire) afin de mieux comprendre et décrire le monde contemporain dans sa globalité et dans la multiplicité de ses situations locales, de ses réseaux et paysages. Les trois premières séances (14 et 28 novembre, 12 décembre) reviendront en introduction sur les thèmes du décentrement, de la critique des ontologies, de la politique du sujet. Puis des discussions sur des cas, des concepts, des points de vue seront menées à partir de janvier, avec la participation, notamment, de Sari Hannafi (9 janvier 2014), Sandro Mezzadra (23 janvier), Jonathan Friedman (27 mars), etc. 9 janvier : Sari Hannafi (Université Américaine de Beyrouth, directeur d'études invité, Chaire IISMM), "Des enchevêtrements complexes : de la politique à la sociologie publique dans le monde arabe" Enseignant et chercheur palestinien vivant à Beyrouth où il est professeur à l’AUB (American University of Beirut), Sari Hanafi s’appuiera sur sa propre trajectoire pour s’interroger sur les liens entre l’enquête, la politique et la « sociologie publique ». Il expliquera comment ses recherches sur les réfugiés palestiniens, leurs droits socio-économiques, leur droit au retour et leurs camps, l’ont conduit vers une sociologie publique qui n’a pas renoncé à son revers critique… au risque de l’impopularité. 23 janvier : Sandro Mezzadra (professeur de Théorie politique à l’Université de Bologne, et chercheur associé à l’Institute for Culture and Society/University of Western Sydney). Présentation de Border as Method, or, the Multiplication of Labor, Duke University Press, 2013 (avec Brett Neilson) “The presentation will start with a description of the multiplication and heterogenization of borders that characterize the contemporary world. It will then focus on some points made in the book (e.g. the very idea of “border as method”, the definition of the border as a field of tensions, the concept of differential inclusion) against the background of recent debates in the field of (critical) border studies.” Sandro Mezzadra enseigne la théorie politique à l’université de Bologne, il est également membre associé à l’Institute for Culture and Society de l’University of Western Sydney. Durant la dernière décennie son travail s’est centre sur la relation entre la globalisation, la migration et la citoyenneté ainsi que sur la théorie et la critique postcoloniale. Il a notamment publié Diritto di fuga. Migrazioni, cittadinanza, globalizzazione (ombre corte, 2006), et La condizione postcoloniale (ombre corte, 2008). Il est l’auteur avec Brett Neilson de Border as Method, or, the Multiplication of Labor (Duke University Press, 2013). 13 février : Romain Bertrand (directeur de recherche, Science po, CERI), La tentation du monde : « histoire globale » et « récit symétrique » 27 février : Michel Lussault (géographe, professeur d'études urbaines, Université de Lyon (École normale supérieure de Lyon), directeur de l'Institut français d’éducation), « La transpatialité au cœur de l’expérience urbaine contemporaine » 13 mars : Sophie Wahnich (directrice de recherches au CNRS, IIAC/TRAM, CNRSEHESS), « Anachronisme contrôlé et dépendance téléologique, qu'est ce que l'historien peut fournir aux terrains présents ? » Longtemps le rapport à l'histoire des anthropologues a consisté à « reconstruire les étapes historiques qui ont précédé dans le temps les formes actuelles des sociétés », à fabriquer ainsi un continuum de l'histoire du passé vers le présent, ou du présent vers le passé quand la méthode est régressive. Mettre en relation deux présents consiste à prendre au sérieux « le saut du tigre » (Walter Benjamin) vers le passé, ainsi à mettre en relation le présent d'une situation actuelle et le présent des acteurs du passé. Il s'agit moins alors de s'interroger sur les chaines de causalités que sur les analogies qui conduisent à produire de l'intelligibilité sur le mode de la comparaison dans le temps. Une anthropologie-monde du contemporain pourrait alors faire alliance avec des problèmes d'histoire qui permettent de déplacer les questions d'aujourd'hui ou d'en poser de nouvelles. Nicole Loraux a appris aux historiens dès les années 1990 à travailler ainsi, dans ce qu'elle a nommé anachronisme contrôlé. Non pas chercher des origines mais voir comment des questions présentes permettent de circonscrire des questions passées pour revenir vers le présent lestés de nouvelles manières d'envisager les problèmes, les questions, les constructions d'objets. Aujourd'hui les historiens de la global history économique parlent de « dépendance téléologique ». Ici encore c'est le présent qui produit les objets d'histoire et ces objets d'histoire permettent de revenir vers le présent avec de nouvelles perspectives. L'alliance entre anthropologues et historiens n'est plus un partage des taches, ceux qui s'occupent du passé, ceux qui s'occupent du présent des sociétés, mais elle porte sur les outils qui président à l'enquête comparative sur le présent, la catégorie temporelle, la catégorie spatiale. Nous visiterons ces procédures et leurs enjeux épistémologiques et méthodologiques pour comprendre comment penser une nouvelle alliance entre anthropologie et histoire. 27 mars : Jonathan Friedman, Distinguished Professor University of California San Diego « Remettre la mondialisation à sa juste place » 12 juin : Michel Agier « Borderland - parcours dans un paysage flottant de frontières » Mots-clés : Anthropologie, Citoyenneté, Développement, Épistémologie, Globalisation, Migration(s), Post-coloniales (études), Spatialisation, territoires, Aires culturelles : Afrique, Amérique du Sud, Atlantiques (mondes), Contemporain (anthropologie du, monde), Europe, Méditerranéens (mondes), Transnational/transfrontières, Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS) Mentions & spécialités : Ethnologie et anthropologie sociale (Séminaire de recherche M2S3 M2S4) Étude comparative du développement (Séminaire de recherche M2S3 M2S4) Territoires, espaces, sociétés (Séminaire de recherche M2S3 M2S4) Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie Intitulés généraux : Michel Agier- Anthropologie des déplacements et nouvelles logiques urbaines Renseignements : par courriel. Direction de travaux d'étudiants : sur rendez-vous uniquement. Niveau requis : accès libre. Adresse(s) électronique(s) de contact : agier(at)ehess.fr Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements ([email protected]) : 11 juin 2014.