Dans son analyse du marché du travail
canadien, Accenture a cerné trois enjeux qui
menacent l’hypothèse fondamentale selon
laquelle les générations futures vivront
mieux que leurs parents : des changements
démographiques d’envergure menant vers
la réduction du nombre de personnes
disponibles au travail, ainsi que des taux
stagnants en matière de croissance de
la participation à la main-d’œuvre et de
la productivité, ayant pour conséquence
la réduction du revenu personnel et une
société moins prospère.
Bien que la variable démographique soit
fixe, il demeure possible d’aborder les enjeux
de la participation et de la productivité.
À moins qu’un nombre important d’individus
s’ajoutent à la main-d’œuvre active, et que
tous les travailleurs deviennent beaucoup
plus productifs, le niveau de vie au Canada
pourrait décliner de 12 pour cent d’ici
2030 (voir Figure 1). Accenture a fondé ces
projections sur un modèle à trois facteurs
réunissant les données démographiques,
le taux de participation à la main-d’œuvre
et la productivité.
Notre étude révèle que plusieurs facteurs
aectent le marché de l’emploi et menacent
le niveau de vie au Canada :
1. Dispersion géographique des emplois.
La dispersion des emplois peut empêcher
les individus de trouver un emploi
rémunérateur approprié, occasionnant
le sous-emploi et le manque de productivité.
La productivité économique et les
perspectives d’emploi varient énormément
d’un bout à l’autre du Canada. Malgré
cela, les chercheurs d’emploi canadiens
ne sont pas disposés à déménager,
19 pour cent ayant manifesté la volonté
de changer de province pour le travail.
Même si les chercheurs d’emploi étaient
plus enclins à déménager, les services publics
de placement au Canada sont oerts par
les gouvernements provinciaux. Les résultats
de notre enquête démontrent que seulement
la moitié (53 pour cent) des fonctionnaires
des services publics de placement a indiqué
que des mesures étaient en place, ou étaient
prévues, pour aider les employeurs à trouver
les bons candidats à l’extérieur de la région.
Ce niveau se compare à celui de Singapour
(51 pour cent) et des États-Unis
(48 pour cent).
2. Restriction d’accès.
Étant donné que les employeurs recherchent
de plus en plus l’expérience de travail et les
compétences dites « non techniques »,
certains jeunes sont à risque de ne pas
pouvoir accéder au marché du travail.
À la fin de l’année 2013, le taux de chômage
chez les 15-24 ans se chirait à 14 pour
cent2 — près de deux fois plus que le taux
de chômage global. En 2012, 28 pour cent
des jeunes chômeurs canadiens n’avaient
jamais travaillé et cherchaient leur premier
emploi.3 Selon notre enquête, plus de
60 pour cent des jeunes (âgés de 18 à
24 ans) chômeurs à la recherche d’un emploi
au Canada sont d’avis qu’ils nécessitent
une formation poussée pour acquérir les
compétences nécessaires pour trouver un
emploi, ce qui indique un besoin à grande
échelle de formation chez les jeunes. Par
ailleurs, le taux d’emploi des Autochtones
d’âge actif se situe à environ 63 pour cent,
une proportion beaucoup moins élevée que
le taux de 76 pour cent dans la population
non autochtone.4 Parallèlement, le Canada
a un flux d’immigration annuel élevé pour
contrer la pénurie de compétences et le
recul des eectifs. Toutefois, même les Néo-
Canadiens établis font face à des taux de
chômage plus élevés et à des taux d’emploi
plus faibles que les natifs du Canada.5 Voici
quelques-unes des problématiques cernées :
compétences langagières, diplômes de pays
étrangers, manque d’expérience de travail
au Canada.6
Menaces au niveau de vie
Figure 1 : Accenture prévoit un déclin du niveau de vie au Canada de 12 pour cent d’ici 2030.
Productivité Niveau de vieParticipation
2030
=
=
=
Baisse
Égal
-12 %
0,55 %
0,67 %
annuellement
annuellement
3