Preprint 1999 N°1 Emanuela Cresti - Lablita

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Preprint 1999
N°1
FORCE ILLOCUTOIRE, ARTICULATION TOPIC/COMMENT ET
CONTOUR PROSODIQUE EN ITALIEN PARLÉ
Emanuela Cresti
LABLITA
2
Laboratorio Linguistico del Dipartimento di Italianistica
UNIVERSITÀ DI FIRENZE
Il laboratorio linguistico rende disponibili alla lettura esclusivamente i risultati delle ricerche e i corpora in esso elaborati sotto forma di preprint, reprint e pubblicazioni in proprio.
Le
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http://www.unifi.it/unifi/dipita/ling-lab/homepage.htm
[N°1 Pr 1999]
For correspondence
Emanuela Cresti
Dipartimento di Italianistica
Università degli studi di Firenze
Piazza Savonarola, 1
50100 FIRENZE
E-mail [email protected]
Deve apparire in Faits de langue , 1 1999
Fino alla pubblicazione le citazioni sono consentite solo dietro esplicito consenso
dell’autore, E’ vietata la vendita e la riproduzione non autorizzata, anche parziale, per
qualsiasi uso.
In copertina “Il cantante di Chungai”, rappresentazione della voce attraverso grafismi. Arte
rupestre della Tanzania Centrale (sito Chungai 3, 8000 a.c.- 1500 d.c.). Calco pubblicato
in Mary Leakey, Africa's Vanishing Art. The Rock Paintings of Tanzania, Doubleday &
Company, Inc, Garden City, New York, 1983.
3
Force illocutoire, articulation topic/comment et contour prosodique en italien
parlé
Emanuela Cresti*
1. Depuis l'Antiquité, les grammairiens font remarquer qu'il existe un lien entre la
“mélodie” d'un énoncé, et ce qui a été nommé de différentes façons, mais que nous
pourrions appeler pour le moment "modalité"1. Différents types de phrase, modes
verbaux, types de périodes rhétoriques, expression des émotions, qui sont généralement regroupés sous le nom de "modalité", sont souvent associés à des contours
mélodiques spécifiques. Cet aspect est très facile à vérifier dans une langue comme l'italien, où la même expression lexicale et morphologique peut exprimer différentes "modalités" seulement grâce aux contours intonatifs. Examinons quelques
exemples 2:
(1) Mangia. [(Elle) mange] F = affirmation
(1a) Mangia? [Mange (t-elle)?] F = question
(1b) Mangia! [Mange!] F= ordre
*
Université de Florence. Ce papier résume l'ensemble des arguments qui ont été présentés
dans "Speech act units and informational units", E. Fava (éd.), Speech acts and linguistic
research, Proceedings of workshop, Center of Cognitive Science, State University of New
York at Buffalo, Nemo, Padoue, 1995, et les met en rapport avec le débat linguistique qui
existe en France.
1
Voir par exemple Arnauld & Lancelot (1660).
2
Les analyses du F0 ont eté réalisées avec WinPitch de Philippe Martin.
4
2) Una rosa // [Une rose] F = affirmation
(2a) Una rosa? // [Une rose?] F = question
(2b) Una rosa // [Une rose] F = ordre
Si nous analysons l’intonation de ces exemples, plusieurs faits peuvent être observés :
a) On constate des variations systématiques de F0, dont la forme semble
importante et qui semblent être codifiées, et ce de façon conventionnelle; i.e. pour
1=2 on a un mouvement en forme de chapeau sur la syllabe tonique; pour 1a=2a
on a une montée sur la dernière syllabe; pour 1b=2b, un mouvement décroissant
sur la syllabe tonique (voir Martin, 1978 et Martin, 1998).
b) x Même si les variations systématiques de F0 sont réalisées sur des mots différents la mélodie reste la même (1=2, mais mangia vs. una rosa), or mangia/ una
rosa présentent de fortes différences de micromélodie, ce qui montre qu’elles sont,
d’un point de vue phonétique, indépendantes.
c) Chaque intonation codifiée est opposée à toutes les autres et garde son signifié
“modal”.
Le terme traditionnel de modalité coïncide partiellement avec celui d’illocution
dans la théorie des actes de langage (Austin, 1962). En effet les exemples précédents montrent qu’il existe un lien univoque entre chaque contour de F0 et la
3
force illocutoire (affirmation (1/2), question (1a/2a), ordre (1b/2b)) . Mais, si le
terme de “modalité” s'emploie également pour les types de phrases et inclut diverses formes de la langue comme les modes verbaux, au contraire la relation entre
4
l'intonation et la force illocutoire est indépendante des contenus locutifs . Même si
aucun prédicat ou aucune phrase ne sont réalisés, comme dans l'exemple 2, qui est
un acte de langage primitif (une rose), différentes expressions lexicales avec le
même contour intonatif expriment la même force illocutoire, et n’importe quelle
expression lexicale, avec l'intonation appropriée, peut exprimer diverses valeurs
illocutoires. En outre, l'ensemble des contours prosodiques qui soutient la valeur
3
Ce lien est seulement partiel car des illocutions spécifiques sont déterminées par le
lexique; i.e. une promesse et une permission peuvent être des énoncés avec la même intonation affirmative, bien qu’ils expriment deux illocutions différentes.
4
Voir Fava, 1995 pour une étude significative de l'italien. Pour une critique radicale du
concept d’illocution voir Berrendonner, 1981.
5
illocutoire n'est pas limité à la modalité classique (ordre, question, affirmation),
mais peut varier selon la langue (voir Delattre, 1966; Kodzasov, 1996). Ainsi la
détermination exacte de l’extension des valeurs illocutoires constitue une question
empirique. Après la recherche que nous avons effectuée sur l’italien parlé, nous
considérons que l'italien doit avoir plus de vingt contours prosodiques codifiés en
fonction de leur valeur illocutoire (voir Cresti, Martin, Moneglia, 1998 et Cresti à
paraître).
Ainsi la théorie des actes de langage offre les bases d'une généralisation pour
l'étude de la langue parlée: toute expression linguistique dotée de sens peut être le
contenu locutif d'un acte de langage, s'il est réalisé avec une intonation adéquate.
En conclusion, les formes conventionnelles de l’intonation ont des valeurs, ou
plutôt des fonctions, illocutoires.
2. ENONCES DE PLUS D'UN MOT
Le lien systématique qui existe entre intonation et force illocutoire se manifeste de
façon évidente lorsqu’on prend en considération des énoncés de plus d’un mot,
par exemple une séquence composée de plusieurs mots qui peuvent être "linéarisés" dans une même unité tonale:
(3) Mangia un panino. [(Il/elle) mange un sandwich] F = affirmation
(3a) Mangia un panino? [Mange (t-il/elle) un sandwich?] F = question
(3b) Mangia un panino! [Mange un sandwich!] F = ordre
Dans tous nos exemples, l'intonation se caractérise par une seule variation importante de F0, qu’il y ait un ou deux mots, de telle sorte qu’une et une seule unité
intonative est réalisée. Évidemment les variations de F0 sur une séquence de deux
syllabes ou de onze syllabes qui auraient un “matériel” phonétique complétement
différent ne pourraient pas être les mêmes.
6
Mais il y a des positions, comme par exemple celle du dernier mot de l'unité
tonale, qui sont importantes, et qui sont le siège de la tonicité et de la
reconnaissance perceptive, tandis que la partie précédente peut être neutralisée
d'un point de vue perceptif. Nous la nommons “pretonia” de l'unité tonale (voir
Canepari, 1985).
Du point de vue de l'importance perceptive (voir Cresti à paraître), la forme intonative de (3) est la même que celle de (1) et (2). Celle de (3a) est la même que
(2a), et celle de (3b) est la même que (2b), parce que le mouvement le plus important de F0 est placé sur le dernier mot de l'énoncé (voir Martin, 1979, 1998 et
Cresti, 1994). Par conséquent:
a) (3) exprime la même force illocutoire d’affirmation que (1) et (2);
b) (3a) exprime la même force illocutoire de question que (1a) et (2a);
c) (3b) exprime la même force illocutoire d’ordre que (1b) et (2b).
Selon la théorie des actes de langage, il existe une seconde généralisation. Quand
une unité tonale comme les précédentes est réalisée sur plusieurs mots, l’ensemble
de ces mots exprime le même acte illocutoire. On appelle comment (c’est Hockett,
1963, qui a introduit le terme dans la tradition linguistique) l’ensemble des unités
tonales ayant une valeur informative.
3. UNITÉS TONALES SANS VALEUR ILLOCUTOIRE
3. 1. Mais nous devons nous poser la question de ce qui se passe quand l'énoncé
est plus long encore. Par exemple, en italien, on pourrait croire qu’il y a des limites au nombre de syllabes qui peuvent réaliser un contour intonatif. En effet une
séquence tout à fait courante en italien peut atteindre sept syllabes et aller jusqu'à
onze, elle commence cependant à être rapide et non naturelle vers quinze syllabes.
La littérature sur la question a toujours souligné un aspect particulier de la langue
parlée appelé segmentation. Le "style" parlé se caractérise très souvent par la
topicalisation, la dislocation à droite et à gauche, ce qui conduit à des phrases
nominales birhématiques, à des phrases clivées et pseudo-clivées, à des répétitions, à différents types de focus, emphase ou insistance. Ces phénomènes entraînent tous une bipartition entre les parties neutres et les parties marquées d'un
énoncé. Examinons quelques exemples italiens:
(4)
Il giardino / pensa a tutto la nonna //COM
[Le jardin, 0 pense à tout mamie] F= réponse
(5)
Il caffè / lo voglio bello forte //COM
[Le café, (je) le veux bien fort] F= affirmation
(6)
Lo voglio bello forte /COM il caffé //
[(je) le veux bien fort, le café] F= réponse
(7)
Da domani / dieta //COM
[(A partir) de demain, régime] F= promesse
7
(8)
E' Carlo /COM che è venuto da noi //
[c'est Charles, qui est venu chez nous] F= contraste
(9)
Il calcio / il calcio non mi piace //COM
[Le football, le football ne me plaît pas] F= jugement
Bally (1950) a proposé de voir dans la structure basique de la langue parlée une
structure de type “thème-propos”, cf. (11); cette structure étant, selon lui, opposée
à la structure “liée” de la langue écrite (phrase canonique avec liens syntaxiques)
cf. (10).
(10)
Sono contento perchè Carlo ha vinto. [(Je) suis content parce que Charles
a gagné] phrase canonique, structure liée
(11) Carlo ha vinto/ sono contento// [Charles a gagné, (Je) suis content]
structure parlée thème-propos
Bally a aussi été le premier à noter le lien entre cette structure segmentée en
thème-propos et une réalisation mélodique spécifique, que nous illustrons en (11)
3. 2. En fait, si nous considérons certains types de segmentation, en particulier
ceux qui impliquent la segmentation à gauche, comme les topiques (7), les dislocations à gauche (8), les phrases birhématiques nominales (7), qui d'une certaine
façon sont toutes des structures thème-propos, nous pouvons voir que leur structure segmentée est systématiquement marquée par l'intonation, et toujours de la
même façon
.
8
D'après la discussion précédente, nous pouvons voir que ce qui est un propos pour
Bally associe fortement une forme prosodique et une valeur informative. Le propos est toujours réalisé par une unité tonale que nous avons vu exprimer une
fonction illocutoire, et cette unité tonale est une unité de comment, et elle peut être
par exemple un comment d’affirmation, de question, ou d'ordre, et ainsi de suite5.
De toute façon, la partie locutive segmentée à gauche — le thème pour Bally —est
également accomplie par une unité tonale ayant une forme spécifique, que nous
pouvons considérer comme "non conclusive" et qui, en même temps, “n'exprime
pas de valeur illocutoire”. Un tel mouvement peut être décrit comme un contour
décroissant-croissant: il se place sur les dernières syllabes toniques de l'unité
tonale, englobant soit la syllabe tonique soit la syllabe finale non tonique6. Ce
contour a été noté aussi pour d’autres langues romanes (voir Martin, 1998).
A cause des caractéristiques générales des structures syntaxiques impliquées dans
la partie thématique, qui sont pour beaucoup des expressions nominales topicalisées, nous avons appelé l'unité tonale correspondante topic (voir encore Hockett,
1963).
Les deux parties locutives de l'énoncé segmenté sont reconnues et interprétées
grâce à l'intonation, qui ne fait pas seulement œuvre de scansion dans l’énoncé
mais qui attribue des valeurs conventionnelles à chaque partie: à la première celle
d’unité de topic (sur la gauche) et à la deuxième celle d’unité de comment (sur la
droite).
Le contour topic-comment peut être considéré comme un des contours intonatifs
les plus courants de la langue parlée7. Il indique la première et principale articulation de l’énoncé, qui peut présenter deux parties locutives différentes (le thème
et le propos dans la terminologie de Bally) avec leurs réalisations intonatives8.
5
L'idée de comment, définie en termes pragmatiques, coïncide largement avec le concept
syntaxique de "noyau" (voir Blanche-Benveniste, 1997).
6
Voir Tamburini (1994) pour plus de détails
7
La définition de “pattern” intonatif se réfère à un travail sur les formes et la perceptions
de l’intonation; voir le travail de l'équipe de Eindhoven sur le Hollandais et l'Anglais (t.
Hart, Collier, Cohen, 1990). Voir également Cresti (1994).
8
Au contraire des exemples comme 6) et 8) ont un lien avec les structures appelées
“propos-thème”, qui est la seconde stratégie principale de l'italien parlé. Mais du moment
qu’une structure de ce type est systématiquement interprétée par l'intonation en suivant un
contour tonal très différent de celui en topic/comment, nous l’appellons
“comment/appendice”. Nous n'allons pas parler de ce sujet ici (voir Cresti, 1994; et Tamburini, 1998).
9
4. LE TOPIC EST
FACULTATIF
Si la deuxième unité tonale, unité tonale de comment, a de façon systématique une
fonction illocutoire, nous pouvons noter que le topic a aussi une "signification
systématique", que nous appelons pour le moment signification thématique. Mais
quelle est la fonction de cette première unité d'un énoncé oral segmenté ?
Avant de répondre, il faut considérer que d'un point de vue textuel ou linguistique,
un thème peut ne pas être réalisé. Nous sommes donc dans la situation dans laquelle une structure thème-propos peut être elliptique en ce qui concerne le thème,
alors que le propos ne peut jamais être absent, il doit être toujours réalisé. Observons nos exemples avec topicalisation et dislocation à gauche sans leur partie
thématique:
(4a) ... / pensa a tutto la nonna //COM [ ..../ 0 pense à tout mamie] F= réponse
(5a) .../ lo voglio bello forte //COM [.....(Je) le veux bien fort] F= affirmation
(7a) .../ Dieta //COM [... (au) régime] F= promesse
Les versions a) de nos exemples sont toujours des énoncés interprétables du point
de vue pragmatique, ce qui manque dans leur sens général, c’est-à-dire, leur
thème, est récupérable grâce à la référence à un contexte pragmatique.
Au contraire, si nous considérons les mêmes exemples, là où le propos
est elliptique, versions b), nous pouvons voir qu'ils ressemblent à des fragments de
texte, ou qu'ils semblent rester « en suspens »; en tout cas, ils ne sont plus interprétables de façon pragmatique.
(4b) Il giardino /TOP .....// [Le jardin /....] F=??
(5b) Il caffè /TOP.... // [Le café/.... ] F=??
(7b) Da domani /TOP... // [(A partir) de demain /... ] F=??
Nous pouvons alors conclure d'un côté, que la partie du propos réalisée
intonativement comme un comment, indépendamment de son contenu « locutif »,
suffit pour former un énoncé alors que d’un autre côté il faut considérer que toute
partie "thématique" réalisée intonativement comme un topic, est facultative et ne
peut ni être interprétée de façon pragmatique ni fonctionner toute seule comme
un énoncé.
Cela signifie que si un énoncé peut être segmenté en une partie thème et
une partie propos, et si sa réalisation tonale correspond à un contour intonatif
topic-comment, le propos, qui coïncide avec le comment d’un point de vue illocutoire, doit de toute façon être exprimé, autrement l’énoncé n'est pas complet. En
fait l'unité de comment, comme nous montre la version a) de nos exemples, n’est
pas seulement nécessaire mais aussi suffisante pour construire un énoncé complet.
Donc un énoncé parlé ayant une structure segmentée en thème-propos,
s’il est réalisé selon un pattern intonatif topic-comment, est composé de deux
10
parties: l’une, le topic, est facultatif et non interprétable s’il est isolé, la partie
locutive qui lui correspond est le thème; l'autre partie, le comment, est nécessaire
et suffisant pour constituer un énoncé, il est interprétable même s’il est isolé, la
partie locutive qui lui correspond est le propos. Mais que pouvons nous dire à
propos du caractère facultatif du thème?
5. LE CARACTÈRE FACULTATIF DU THÈME NE DÉPEND PAS DE LA SYNTAXE
L'explication la plus commune pour rendre compte du caractère facultatif
du thème consiste à dire que le propos coïncide avec une structure syntaxique, par
exemple une phrase ou un prédicat, et que le thème coïncide avec un groupe nominal ou adverbial. Ce serait à cause de ces caractéristiques syntaxiques qu’il
serait impossible d'omettre le propos mais possible d’omettre le thème. Mais même si une telle distribution syntaxique est assez courante, en observant nos quelques exemples il est évident que les choses se passent d'une autre façon.
C’est particulièrement le cas en ce qui concerne les phrases dites nominales : nous pouvons observer qu'elles ne peuvent pas dépendre de contraintes
syntaxiques9. Par exemple dans (7a) et (7b) le thème est bien facultatif, mais il est
évident que son caractère facultatif ne peut pas être expliqué en termes syntaxiques, car le propos est autant que le thème une phrase nominale ou adverbiale.
En outre, des exemples comme (11a) et (11b) , dont le thème et le propos
sont des phrases, montre que le principe de necessité du propos et du caractère
facultatif du thème opère toujours et ne dépend pas de la syntaxe:
(11a) ... / sono contento //COM [... (Je) suis content] F= affirmation
(11b) Carlo ha vinto / ... //COM [ Charles a gagné, ...//] F=??
En (11b), le thème est une phrase, mais dont l'intonation de topique doit
être maintenue. Ceci donne l’impression que l’énoncé n’est pas fini, ce qui empêche l'auditeur de donner une "interprétation pragmatique" à l'énoncé, vu qu'il
n’a pas de force illocutoire.
Il existe des cas où le thème est une phrase et le propos un groupe nominal. Examinons :
(12)
9
Leggi solo fumetti /TOP pigrone! //COM
[(Tu) lis seulement des bandes dessinées, fainéant!] F= évaluation
Nous insistons sur le fait que les phrases nominales ne peuvent pas être considérées
comme secondaires, car il a été vérifié que les corpus de langue parlée - italien, mais aussi
français, anglais et allemand - montrent une forte présence de la structure, qui dans notre
corpus semble former 25% de tous les énoncés produits (Voir Moneglia, à paraitre).
11
Dans ce cas également, comme nous le pouvons voir avec les examples (12a) et
(12b), si l'intonation de la phrase en (12b) est celle d’un topique, nous avons le
même effet de « suspens », et malgré le fait qu’on ait cette fois affaire à une phrase, elle n'est pas interprétable; alors que l'exemple (12a), lorsqu’on maintient une
intonation de comment, reste interprétable de façon pragmatique, même si elle
n’est composée que d’un adjectif :
(12a) .../ pigrone! //COM
[... fainéant!] F=évaluation
(12b) Leggi solo fumetti /TOP ..... //
[(Tu) lis seulement des bandes dessinées ...] F=??
Donc, la nécéssité du propos et le caractère facultatif du thème ne peuvent
s'expliquer par une contrainte syntaxique.
6. LE
CARACTÈRE FACULTATIF DU THÈME NE DÉPEND PAS DE CARACTÉRISTIQUES
LEXICALES
On peut également former l’hypothèse que le caractère facultatif du thème
dépend des caractéristiques lexicales ou de la signification sémantique de l'expression impliquée, mais nous avons fait quelques expériences qui démontrent que le
signifié en général n'est pas déterminant pour qu’une expression fonctionne comme un topic ou un comment. Par exemple, si on intervertit un propos avec un
thème et vice versa, en réalisant naturellement ce qui était auparavant le propos
avec une intonation de topic et ce qui était auparavant le thème avec une intonation de comment, ce que l’on obtient est toujours un énoncé interprétable. Mais ce
qui est le plus intéressant est que la topique est toujours aussi facultatif. Si on
considère un exemple comme (13), phrase birhématique nominale, dont l'expresTOP
sion en topic est la même que le comment dans l'exemple (7) (Da domani /
COM
dieta //
), et l’expression en comment était en (7) le topic, nous pouvons constater que le comment est toujours nécessaire et le topic toujours facultatif, malgré
l'inversion des fonctions informatives pour chaque expression lexicale.
(13)
Dieta /TOP da domani //COM
[(Au) régime, à partir de demain] F= promesse ironique
12
(13a) .../ da domani //COM
[... à partir de demain] F= promesse générique
(13b) Dieta /TOP... //
[ (Au) régime ...] F=??
Si on inverse la structure thème/propos d’énoncés conçus pour
l'expression d'un certain contenu sémantique, on obtient évidemment un résultat
sémantique différent, et d'un point du vue informatif on peut trouver les énoncés
un peu bizarres une fois inversés. Mais ce résultat informatif un peu décalé laisse
intacte la possibilité de changements de rôles entre l’expression qui sert de propos
et celle de thème et vice versa.
Donc, les fonctions informatives du comment et du topic semblent être
d'une part constantes et de l'autre indépendantes des caractéristiques syntaxiques
et lexicales, c’est-à-dire de leur contenu locutif.
7. LE CARACTÈRE FACULTATIF DU TOPIC
QU’IL SERAIT UNE INFORMATION CONNUE
NE PEUT PAS ÊTRE EXPLIQUÉ PAR LE FAIT
7. 1. Halliday a étudié la relation systématique qui existe entre intonation et information, et a affirmé qu’il existait des unités spécifiques de langue parlée, les
unités informationnelles, différentes des phrases ou de tout autre type d'entités
linguistiques écrites ou idéales. Son concept d'information s’appuie sur le principe
que l'information progresse normalement des données connues vers des données
nouvelles. Halliday est d'accord avec la structure thème-propos de Bally, et il
explique, conformément à sa théorie, que d'un point de vue informatif, la partie
nécessaire devrait être nouvelle, par opposition avec la partie facultative qui devrait être connue. Par conséquent, le caractère facultatif du thème est conçu
comme le résultat du principe même d'information; il serait seulement nécessaire,
en fait, que chaque message exprime une information nouvelle, mais pas des informations connues.
Il y a eu en fait beaucoup d'études sur ce sujet, qui ont démontré que le
statut informationnel de la structure thème-propos ne coïncide pas nécessairement
avec la progression de données connues vers des données nouvelles, 10 Très
brièvement nous pouvons dire que : a) la partie thématique peut correspondre à
une information déjà donnée par ailleurs, mais souvent elle correspond à l'introduction d'un nouveau topic dans la conversation; b) très souvent la partie du propos correspond à une information nouvelle, mais parfois il s’agit d’une une répétition de quelque chose qui a déjà été dit.
Les émotions et sentiments du locuteur jouent un rôle : on donne des valeurs subjectives à une donnée objective, de telle façon qu'une chose qui n'a pas été
encore affirmée dans la situation mais qui est restée longtemps dans la pensée du
narrateur, est produite comme un thème et "fonctionne" comme un topic, alors
qu'une chose particulièrement évidente, déjà affirmée mais qui a une signification
spéciale pour le locuteur, comme par exemple une confirmation ou un contraste
10
Parmi d'autres, voir Berruto (1985), et Tamburini (1998).
13
avec l'auditeur, est accomplie comme un propos et "fonctionne" comme un comment, exprimant ainsi une illocution particulière.
Il est donc clair qu'un principe d'information basé sur une progression
objective du connu au nouveau, s’il est généralement acceptable, n'est pas suffisant pour expliquer ce qui se passe pour un énoncé parlé, pour lequel le critère qui
permet de définir ce qui est connu et ce qui est nouveau ne peut pas être objectif.
Halliday lui-même explique franchement que nous ne pouvons pas interpréter le
principe de manière strictement objective, mais il ne nous donne aucune autre clé
pour prendre une décision . Puisque nous ne pouvons pas entrer dans l’âme d'un
locuteur, nous devons chercher un autre principe d’explication, vu qu'il existe des
comportements réguliers des faits de langue.
7.2. Très brièvement, si nous analysons la structure thème-propos, ce qui perdure
est que la simple réalisation tonale de toute la fait se comporter comme un propos
ou comme un thème, et que l'expression réalisée comme un comment, se comportant comme un propos, doit être réalisée, alors que celle qui est réalisée comme un
topic, et se comporte comme un thème, peut être omise. Le principe d'information, qui s’appuie sur la nécessité de "nouveau" et la progression normale du connu au nouveau, peut être facilement expliqué en considérant que seul ce qu'exprime l'illocution est nécessaire et en même temps nouveau. L'expression linguistique qui est réalisée et fonctionne comme comment est en fait nécessairement nouvelle, indépendamment de son contenu locutif (lexical et syntaxique), car l'accomplissement d'un acte illocutoire change le monde et en même temps fait devenir
nouvelle l’expression. En effet, la seule chose qui est nouvelle est la transformation du monde, et est exactement ce qu'un comment fait en accomplissant un acte.
Donc, le fait qu'une exhpression soit réalisée en tant que comment le fait devenir à
la fois propos et nouveau.
Par conséquent, la réalisation tonale entretient un lien univoque avec un
niveau informatif, qui est indépendent de la syntaxe et du lexique et ne peut être
non plus identifié avec le principe traditionnel de la progression de connu à nouveau. Pour le moment nous pensons que le contour tonal topic-comment correspond à l'expression de la valeur illocutoire par le comment et la "non-expression"
d’une valeur illocutoire par le topic. Le parcours de notre principe d'information
pourrait être défini comme pragmatique, en passant d'une partie non illocutoire, le
topic, à une partie illocutoire, le comment.11
8. LE TOPIC FONCTIONNE COMME CHAMP D'APPLICATION D'UN COMMENT
8.1. Mais nous devons nous poser la question de ce qu'est, de façon positive, la
fonction du topic. Examinons une nouvelle fois les exemples (4), (5a), et (7), où
11
En ce qui concerne le sens de ce principe pragmatique, nous aurions dû ouvrir une très
longue parenthèse qui impliquerait une nouvelle définition de la perlocution et indiquerait
ce qu’est la motivation générale de la parole. D'après nous, celle-ci ne peut pas être défini
en termes de pensée consciente, mais en termes de pulsions inconscientes. Voir Cresti
(1992), et les hypothèses dans le travail théorique de Fagioli (1971).
14
les parties locutives en topic n'ont pas de lien syntaxique réel avec les parties
comment qui leur correspondent. Les topics en (4) et (7) peuvent être définis
comme des anacoluthes, et en (5) un élément anaphorique lo, utilisé dans le comment, et qui est l'objet du verbe, répéte le topic, mais la phrase nominale en topic
n’est rien de plus qu’un topic.
De plus nos exemples ne peuvent pas être assimilés pour des raisons sémantiques : tout ce que les topics ont en commun est une relation informative
avec leurs comment respectifs que nous pouvons essayer de traduire avec "concernant": concernant le jardin ou concernant le café, une autre chose est affirmée :
pense à tout mamie, et le veux bien fort ; concernant demain une certaine promesse sera valable, celle de faire un régime et ainsi de suite.
Si nous observons uniquement les unités de comment correspondantes,
nous savons que l'énoncé reste interprétable, puisqu’il a une force illocutoire, et
son interprétation peut être remplie grâce à l'information pragmatique: des saillances pragmatiques dans le monde physique ou mental.
(4c) .../ pensa a tutto la nonna //COM
[... 0 pense à tout mamie] F=réponse concernant quelque chose dans la
situation
(5c) .../ lo voglio bello forte //COM
[(Je) le veux bien fort] F=affirmation concernant quelque chose dans la
situation
(7c) .../ dieta //COM
[(au) régime] valable ici et maintenant F=promesse
Donc tous les exemples ont leur référence dans une saillance pragmatique, et dans
(7c) c'est le temps du discours qui donne la localisation dans l’espace-temps pour
l'énoncé : "à partir de maintenant, au régime".
8.2. Mais il arrive souvent, et ceci est plus important, que les contenus locutifs
concernent des choses ou des événements qui ne sont pas présents, ou des temps et
des endroits qui ne sont pas hic et nunc, comme cela arrive très souvent dans la
pensée humaine, et dans ce cas l'expression de la référence peut devenir très importante. Un locuteur pourrait donc avoir besoin ou simplement choisir de déterminer "quelque chose" avant son comment, afin d'adresser sa force illocutoire de
façon claire et non ambiguë, et de montrer à l’auditeur, avant l’accomplissement
du comment même, quelle est la saillance mentale ou pragmatique à laquelle son
illocution se refère.
Par conséquent nous affirmons qu'un topic fonctionne d'un point de vue
informatif comme le champ d'application linguistique de la force illocutoire
établi par le comment; celui-ci peut donc être relatif à une référence soit pragmatique soit mentale, peut être soit connu soit nouveau d'un point de vue objectif,
mais ce qui est important est que cette référence est la référence choisie par le
locuteur pour compléter l'information du comment, rendant ainsi complètement
interprétable l'énoncé grâce à un instrument linguistique.
15
Donc les actes de langage peuvent être réalisés par des énoncés parlés ayant
12
pour contour informatif celui d'un topic-comment.
9. LA PRÉSENCE D'UN TOPIC N'EST PAS DÛE A DES CONTRAINTES QUANTITATIVES MAIS
À DES RAISONS INFORMATIVES
9.1. Nous avons débuté notre réflexion sur le topic en disant que très souvent
notre énoncé peut faire plus de onze syllabes, ce qui en italien par exemple est une
longueur à peu près idéale pour une unité tonale ; de cette façon certains pourraient penser que le topic dépend de contraintes portant sur la longueur des unités.
En fait, il existe des théories qui tendent à expliquer la fonction et les règles d'intonation en termes de simple analyse et scansion du flot du discours. L'intonation
devrait regrouper seulement quelques mots en même temps, en donnant une
structure précise à chaque groupe, sans fonction linguistique spécifique, juste pour
faciliter la réalisation des énoncés et leur compréhension par l'auditeur. Comme
nous avons démontré que le caractère facultatif du topic ne dépend pas de contraintes syntaxiques ou lexicales, nous devons démontrer maintenant que la scansion ne dépend pas de raisons purement quantitatives.
Dans quelques-uns même de nos exemples le contour topic-comment était exécuté même si on était en dessous de la limite des onze syllabes, comme en
(7). Dans les corpus parlés, les énoncés courts sont très courants ; et on peut facilement trouver des énoncés ayant un contour intonatif topic-comment en ayant
moins de onze syllabes dans les dialogues spontanés en italien.
Mais il y a une raison plus probante que cette vérification du fait que les
simples limites de quantité ne sont pas indispensables pour autoriser la mise en
œuvre d'un contour topic-comment; il s’agit des cas où le contour topic-comment
est requis pour assurer la "grammaticalité" de l'énoncé.
Le topic est facultatif, mais, comme nous l’avons dit, quelquefois il permet l’interprétation linguistique complète de son comment. Mais son importance
varie considérablement selon les caractéristiques locutives du comment lui-même.
Si par chance le comment est "rempli" par une phrase, il est déjà complètement
interprétable d'un point de vue linguistique, et le topic peut fonctionner seulement
en tant que détermination pour ajouter plus de précision à sa référence. Examinons les exemples (14) et (14a):
(14)
Carlo ha vinto la coppa //COM
[Charles a gagné le trophée] F=affirmation
(14a) Ieri /TOP Carlo ha vinto la coppa //COM
[Hier, Charles a gagné le trophée] F=affirmation
Si le comment est une affirmation et contient un verbe, quel qu’il soit, le
topic peut être utile, mais il n'est toujours pas nécessaire, parce que tout verbe
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Pendant la première étape d'acquisition du langage une structure topic/comment marquée de façon prosodique apparaît avant et indépendamment de la structure syntaxique
(voir Moneglia Cresti, 1993; et Moneglia 1994).
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donne la possibilité de délimiter une référence mentale ou pragmatique grâce aux
morphèmes de personne ou de temps, et très souvent grâce à la présence d'arguments qui dérivent de la structure sémantique du verbe lui-même.
Au contraire, si le comment est une phrase nominale, on ne peut pas faire
d'hypothèse sur le type d'argument ou sur sa position dans l’espace-temps, et si
aucun topic ne nous aide à acquérir des informations sur d'autres éléments de
référence, on ne peut rien savoir. Pour cette raison les phrases nominales ont besoin du topic pour être interprétables de façon pragmatique; ou alors on leur donne une interprétation générique qui est considérée comme valable pour le locuteur
et l'auditeur dans une situation hic et nunc. Examinons l'exemple (15) :
(15)
Profumo //COM
[parfum] F=évaluation
C'est une évaluation valable ici et maintenant pour l'auditeur, exprimée
par le locuteur, et son "topic" dans cette situation doit être recherché. Si la phrase
nominale devient birhématique et est réalisée selon un contour topic-comment,
elle devient interprétable, sans l'aide de la situation pragmatique et par le moyen
du champ d'application linguistique spécifié par le topic. Par exemple dans (15a)
les orangers est le champ d'application du comment qui ne se réfère plus au contexte:
(15a) Gli aranci /TOP profumo //COM
[Les orangers, parfum] F=évaluation
9. 2. Mais ce qui est plus intéressant c’est qu’en italien parlé il est impossible de
réaliser une phrase nominale birhématique dans un flot continu de discours, en le
réalisant comme une simple unité tonale de comment, c’est-à-dire sans réaliser le
contour topic-comment typique, comme c’est le cas en (15b):
(15b) *Gli aranci profumo//COM
[Les orangers parfum] F=évaluation
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Aucune contrainte de longueur ne pèse sur (15b) –il n’est formé que de huit syllabes— mais il doit être réalisé selon un contour topic-comment, ou alors on obtient
un énoncé agrammatical qui ne peut pas être interprété de façon pragmatique,
comme pour l'exemple (15a).
En conclusion, le contour topic-comment n'est pas une simple scansion
tonale d'un énoncé long, mais un programme informatif choisi par le locuteur
pour rendre un énoncé parfaitement interprétable. Donc le topic et le comment ne
sont pas seulement des unités tonales, mais des marques linguistiques de fonctions
informatives spécifiques: celle de la force illocutoire et celle du champ d'application de la force illocutoire.
Nous pensons que notre théorie finalement rend plus claire la raison pour
laquelle on a toujours dit que le thème était facultatif et le propos nécessaire, parce
que nous avons montré que le caractère facultatif appartient au topic et que la
nécessité appartient au comment. Dans ce travail, un comment fonctionne en tant
qu'établissement de la force illocutoire de l’énoncé, et de cette façon est nécessaire
et suffisant pour constituer un énoncé. Au contraire, un topic fonctionne comme le
champ d'application de la force illocutoire, et peut ainsi être plus ou moins utile
selon les caractéristiques linguistiques du comment. En tout cas le topic est toujours facultatif ,car il peut être replacé selon la référence pragmatique, et n'est
jamais interprétable par lui-même, même si c'est une phrase.
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