La  technologie des  lasers femtosecondes permet  aujourd'hui  d'atteindre  des  puissances 
crêtes  de  plusieurs  PetaWatt  (PW).  En   focalisant un   tel  faisceau  sur  une  cible,   on  atteint   des 
intensités lumineuses extrêmes, dépassant 1020 W/cm2, telles que la cible est ionisée et transformée 
en plasma, au sein duquel le mouvement des électrons sous l'effet du champ laser est relativiste. Il 
s'agit d'un régime extrême de l'interaction laser-matière, qui met en jeu une physique très riche, 
impliquant de nombreux effets collectifs, et très intéressante d'un point de vue fondamental. De 
plus, du fait des champs électromagnétiques considérables obtenus au foyer, ce régime d'interaction 
permet  d'accélérer   les  particules  du  plasma  (électrons,  ions)   à  haute  énergie sur  des  distances 
beaucoup plus petites que dans les accélérateurs de particules conventionnels, ce qui ouvre la voie à 
des   applications   scientifiques   et   sociétales   de   cette   physique   extrême.   Ces   perspectives   ont 
récemment   motivé  de  grands   projets  de recherche   PW aussi   bien   à  l'échelle   nationale   (projet 
APOLLON) qu'internationale (Extreme Light Infrastructure – ELI, BELLA laser - LBNL).
Au cours des dernières décennies, les codes de simulation de type 'Particle-In-Cell' (PIC) 
ont apporté un support théorique essentiel au développement de ce domaine de recherche, à la fois 
en contribuant grandement à l'interprétation des expériences réalisées et à la compréhension de la 
physique   mise   en   jeu, mais   aussi   en   permettant   la   prédiction   de  nouveaux   effets  ou  régimes 
d'interaction. Ces simulations ont jusqu'à présent été réalisées le plus souvent en considérant des 
géométries  1D ou  2D, les  cas  2D nécessitant parfois  déjà  l'usage de  calculateurs massivement 
parallèles. Or les progrès réalisés ces dernières années au niveau expérimental rendent à présent les 
simulations 3D indispensables. D'une part, certains effets ne peuvent être reproduits que de façon 
qualitative   par   les   simulations   2D,   ce   qui   n'est   plus   suffisant   lorsqu'on   arrive   au   stade   des 
applications des sources de lumière et de particules produites par ces interactions pour lesquelles on 
souhaite avoir des prédictions quantitatives. D'autre part, certains effets ne peuvent tout simplement 
pas être simulés en 2D, comme notamment le cas des interactions mettant en jeu des faisceaux 
lasers   'structurés'   en   3D,   qui   permettent   d'introduire   de   nouveaux   effets   physiques   dans   ces 
expériences (e.g faisceaux de type Laguerre-Gauss, ou les 'ressorts optiques'). 
Dans ce contexte, les simulations 3D deviennent donc incontournables pour l’étude de la 
physique   à   ultrahaute   intensité   laser.   Toutefois,   dans   ces   régimes   d’intensité,   la   méthode   PIC 
standard ne permet pas de réaliser des simulations 3D prédictives car elle utilise des solveurs de 
Maxwell d’ordre 2 (solveur de Yee) qui sont sujets à de nombreuses instabilités numériques lorsque 
les faisceaux de  particules  sont  relativistes  et  les  rayonnements émis s’étendent jusque dans le 
domaine   X-UV   (dispersion   numérique,   effet   Cerenkov   numérique).   A   l’heure   actuelle,   la 
suppression   de   ces   instabilités   requiert   une   résolution   spatio-temporelle   très   importante   qui 
empêche la réalisation de simulations 3D dans des conditions similaires aux expériences et  ce, 
même sur les plus gros supercalculateurs du TOP 500 (http://www.top500.org). 
Le  challenge   de  cette   thèse est   d’implémenter   une   nouvelle  méthode PIC   dans   le   code 
SMILEI, qui apportera la précision nécessaire à la réalisation de simulations 3D dans ces conditions 
extrêmes d’interaction. Cette méthode utilisera des solveurs de Maxwell d’ordres très élevés, voire 
pseudo-spectraux   beaucoup   plus   stables   que   les   solveurs   d’ordre   2.   En   dépit   de   leur   grande 
précision, ces solveurs ont en revanche très peu été utilisés au cours des 30 dernières années car ils 
utilisent des algorithmes de Fast Fourier Transform (FFT) globaux qui requièrent l’échange de gros 
volumes de données entre tous les processeurs de la machine. Ceci limite actuellement la scalabilité 
de  ces   solveurs  à   environ   10,000  cœurs,   ce   qui  est   largement   insuffisant  pour   tirer   profit  des 
millions  de  cœurs   disponibles  sur les  superordinateurs,   pourtant   nécessaires  à la  réalisation   de