Marcel Lacroix Lois de la thermodynamique
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Charles Lyell (1797-1875), célèbre géologue de son époque et fondateur de la
Uniformitarian School of Geology, s’opposait à l’idée de la durée de vie du soleil et de la
Terre. Lyell refusait obstinément de considérer que la Terre ait eu une origine. La Terre,
disait-il, est aujourd’hui comme elle a toujours été et comme elle sera toujours. Elle est
éternelle.
Cette idée de la durée de vie du soleil et de la Terre fut une étape cruciale dans
l’évolution de la pensée humaine. Graduellement, l’homme devait accepter l’idée de mortalité
de l’univers et des limites des ressources d’énergie. Pour nous, vivant au 20e siècle, cela
semble évident. Mais, pour l’homme du 19e siècle, cette idée était choquante.
Bien que Thompson ait défendu et calculé la durée de vie finie du soleil, il ne
connaissait pas l’énergie nucléaire qui fut découverte au 20e siècle. Le soleil tire son énergie
de la fusion de noyaux d’hydrogène et on estime que sa durée de vie n’est pas 100 millions
d’années mais plutôt 10 milliards d’années. La première loi de la thermodynamique indique
que le soleil n’a pas toujours rayonné et, qu’un jour, il s’éteindra.
À la fin des années 1920, le principe immuable de la conservation de l’énergie fut
toutefois remis en question. Dans un type de désintégration radioactive, la désintégration Bêta,
le noyau atomique émet un électron. Or, quand un noyau atomique émet une particule, le
principe de conservation d’énergie exige que l’énergie transportée par la particule éjectée soit
égale à l’énergie perdue par le noyau. Puisque le noyau atomique ne peut changer son énergie
que par des quantités discrètes, tout comme l’atome d’ailleurs, on s’attendait alors à ce que
l’électron émis ait une énergie discrète bien définie. Les mesures prises au laboratoire
montrèrent, au contraire, que l’énergie des électrons émis couvrait toute une plage ! C’est un
peu comme si, après avoir accordé un piano, en touchant deux notes distinctes sur le clavier, on
entendait des milliers de notes entre elles. Les physiciens étaient stupéfaits. Neil Bohr (1885-
1962), un des physiciens les plus célèbres du 20e siècle et prix Nobel de physique (1922),
proposa alors, courageusement, que le principe de conservation d’énergie pouvait, à l’échelle
atomique, être violé. Même s’il l’avait proposée, cette idée lui déplaisait. La communauté