une représentation de l`espace social au Luxembourg à travers les

Yvan CASTEELS, STADE – Unité de recherche interdisciplinaire sur le Luxembourg,
Université de Luxembourg
février 2006
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une représentation de l’espace social au
Luxembourg à travers les données des
recensements généraux de la population
de 2001 et de 1982
économie et statistiques
Une représentation de l'espace social au Luxembourg
Table des matières
Une représentation de l’espace social au Luxembourg à travers les données des Recensements Généraux de la Population de
2001 et de 1981 1
1. L’espace social en théorie 6
2. L’espace social en pratique 7
2.1 L’analyse factorielle des correspondances multiples 7
2.2 Les Recensements Généraux de la Population 7
2.3 L’individu statistique 7
2.4 Les individus qui ne peuvent pas se positionner par rapport aux variables utilisées 8
2.5 Les variables actives 9
2.6 Les variables illustratives 10
2.7 Comparer deux recensements afin d’appréhender les mutations sociales entre 1981 et 2001 11
2.8 La détermination des classes de l’espace factoriel 12
3. L’espace factoriel du Recensement Général de la Population de 2001 13
3.1 Description des classes 13
3.1.1 La classe aisée 13
3.1.2 Les deux immigrations dorées 15
3.1.3 Les agriculteurs 17
3.1.4 Les travailleurs établis et moyennement qualifiés 18
3.1.5 Les femmes au foyer 19
3.1.6 L’ancienne immigration ouvrière 20
3.1.7 Les jeunes immigrés 21
3.1.8 La classe des personnes les moins équipées 22
3.1.9 Description brève des classes de 2001 23
3.2 Position des Luxembourgeois et des étrangers dans l’espace social luxembourgeois 24
3.2.1 Précisions à propos des populations luxembourgeoise et étrangère 24
3.2.2 La position des Luxembourgeois dans l’espace factoriel 26
3.2.3 La position dans l’espace factoriel des immigrés arrivés avant l’âge de 15 ans 27
3.2.4 La position dans l’espace factoriel des immigrés arrivés après l’âge de 15 ans 29
4. Évolution de l’espace social 31
4.1 Description des classes de l’espace social de 1981 31
4.1.1 La classe aisée 31
4.1.2 Les agriculteurs 32
4.1.3 Les travailleurs établis et moyennement qualifiés 33
4.1.4 Les femmes au foyer 34
4.1.5 Les jeunes 35
4.1.6 Les jeunes employés 36
4.1.7 La classe des personnes les moins équipées 37
4.1.8 Description brève des classes de 1981 38
4.2 Évolution de la structure de l’espace factoriel entre 1981 et 2001 39
4.3 Évolution de la position des Luxembourgeois et des étrangers dans l’espace factoriel 40
"Économie et Statistiques" - Working papers du STATEC n° 7
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Une représentation de l'espace social au Luxembourg
4.3.1 La position des Luxembourgeois dans l’espace factoriel 40
4.3.2 La position des immigrés arrivés avant l’âge de 15 ans dans l’espace factoriel 41
4.3.3 La position des immigrés arrivés à 15 ans et plus dans l’espace factoriel 42
5. Conclusion 43
5.1 La représentation de la société 43
5.2 La position des Luxembourgeois et des étrangers 44
5.3 Réflexions plus générales 44
6. Bibliographie 45
"Économie et Statistiques" - Working papers du STATEC n° 7 3
Une représentation de l'espace social au Luxembourg
Une représentation de l’espace social au
Luxembourg à travers les données des
Recensements Généraux de la Population de 2001
et de 1981
Ce projet de recherche mené en collaboration avec le
Statec a pour objectif de fournir une représentation de
l’espace social au Luxembourg à partir des informations
fournies par les Recensements Généraux de la Population.
Comparé aux sources de données habituelles, le
Recensement Général de la Population présente trois
atouts majeurs :
1. il est exhaustif : tous les individus de la
population sont interrogés.
2. il aborde une large palette de domaines
(caractéristiques personnelles, équipement du
logement, composition des ménages…)
3. il est répété à intervalles réguliers (en principe
tous les 10 ans) sous une forme relativement
similaire.
Toutefois, la société dans laquelle nous vivons n’est pas
directement palpable, n’est pas compréhensible dans
toute sa complexité : c’est le cœur du problème des
sciences humaines et de la sociologie en particulier. Cette
dernière s’attelle donc à expliciter les rouages de la
société en tentant de les modéliser. Signalons dès à
présent que notre modélisation, n’est qu’une
représentation possible de la société. Loin d’être parfaite,
elle est étroitement liée à la source de données et aux
variables que nous avons choisies. Mais rappelons-nous
que le plus important est qu’elle puisse nous faire
avancer vers plus de compréhension de la société
luxembourgeoise et des positions qu’y occupent les
diverses populations en présence (étrangères et
luxembourgeoise).
Il existe un grand nombre de modélisations possibles de
la société, chacune d’elles étant régie par un panel
d’axiomes, de choix théoriques. Pour notre part, nous
allons utiliser le modèle théorique développé par Pierre
Bourdieu dans « La Distinction »1 : le modèle de l’espace
social (voir chap.1) qui présente le monde social sous la
forme d’un espace à plusieurs dimensions.
Dans le deuxième chapitre, nous allons expliquer
sommairement2 la manière dont nous avons mis en
pratique les concepts de l’espace social théorique de
Pierre Bourdieu via les données des Recensements
Généraux de la Population de 2001 et de 1981.
Le concept de l’espace social étant un modèle abstrait,
nous ne devons le confondre ni avec la réalité du monde
social, ni avec les constructions statistiques concrètes
que nous pouvons réaliser et qui sont autant d’approches
du modèle abstrait (voir graphique 1).
Graphique 1: De la réalité sociale à la modélisation concrète en passant par le cadre théorique
Monde social : Société luxembourgeoise
Modèle abstrait : Espace Social théorique de Bourdieu
Représentation concrète : Espaces factoriels construits à partir des données des Recensements Généraux de la Population
de 2001 et de 1981
__________
1 P. Bourdieu, La distinction: Critique sociale du jugement, Paris, Editions du Seuil, 1994.
2 Ce deuxième chapitre ne constitue qu’un aperçu bref et incomplet de notre méthodologie. Celle-ci a été compilée dans un document disponible sur
simple demande à la cellule Stade de l’Université du Luxembourg.
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Une représentation de l'espace social au Luxembourg
Dans la troisième partie, nous verrons quelle forme prend
la modélisation de la société luxembourgeoise via les
données du Recensement Général de la Population de
2001. Nous constaterons notamment que les personnes
de nationalité luxembourgeoise occupent une position
privilégiée dans l’espace factoriel quel que soit leur
niveau d’étude. Nous confirmerons aussi que l’idée
répandue d’une double immigration semble correspondre
à la réalité (en tous cas à la réalité telle qu’appréhendée
via notre modèle) puisque les immigrés de niveau
d’instruction peu élevé occupent une position faible dans
l’espace factoriel tandis que les personnes immigrées de
niveau d’instruction élevé sont relativement bien loties.
Enfin, dans le quatrième chapitre, nous nous
intéresserons à l’évolution de l’espace social du
Luxembourg tel que nous avons pu le modéliser grâce
aux recensements de 2001 et de 1981. Nous utiliserons à
cet effet les données issues des recensements du 31 mars
1981 et du 15 février 2001. Nous comparerons ainsi la
situation de la population du Luxembourg à deux
moments de l’histoire. Le choix de 1981 comme année de
comparaison est lié à la fois à des critères techniques
(recensement le plus ancien dont les données soient
disponibles sur support informatique) et à des critères
historiques (c’est le premier recensement à acter la
nouvelle vague migratoire portugaise, la crise de la
sidérurgie est en cours et le secteur tertiaire commence à
prendre de l’ampleur). Nous observerons qu’il y a
ascension sociale des Luxembourgeois puisque la position
des personnes de nationalité luxembourgeoise est moins
dominante dans la modélisation de 1981 que dans celle
de 2001. Nous noterons aussi que la position des
personnes immigrées après l’âge de 15 ans est fort
similaire entre la modélisation de 1981 et celle de 2001,
avec dans le haut de l’espace factoriel les personnes
instruites et dans le bas, les personnes aux niveaux
d’instruction les plus faibles.
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