provenance, de leur domicile, de leur capacité financière ou d'autres facteurs qui peuvent être
source de discriminations. Ces attentes ont des conséquences sur les questions de propriété, de
transmission et de protection des données:
La qualité des traitements dépend notamment de l'évolution des différentes méthodes
thérapeutiques et de leur implémentation dans les pratiques, ce qui implique des
investissements importants dans les différents types de recherche (fondamentale,
épidémiologique, clinique, d'approvisionnement, etc.) et, pour chacun de ces domaines, de
données dont une part plus ou moins importante est constituée de données individuelles de
patientes ou de patients, qui peuvent être pseudonymisées ou anonymisées. Il y a là un intérêt
collectif évident des patients en tant qu'ensemble à ce que des données puissent être réunies,
dans des conditions à déterminer dans des processus démocratiques et transparents.
Les ressources tant financières qu'humaines à disposition du système suisse de santé étant
limitées (politiquement sinon économiquement pour les premières, objectivement pour les
secondes), l'objectif d'égalité dans l'accès aux prestations de qualité, que les limites et les
difficultés liées à des contingences géographiques ou sociales ne justifient pas d'abandonner,
débouche sur un nécessaire souci d'efficacité dans l'utilisation de ces ressources. Cela
présuppose, comme pour l'aspect précédent relatif à la qualité, des transferts de données
individuelles et des banques de données, par exemple pour la validation des factures de la part
des assureurs ou pour étayer les décisions qui relèvent des politiques publiques de la santé. Il y a
là aussi un intérêt collectif des patients, dans le respect des conditions évoquées au point
précédent.
Si l'intérêt collectif des patients débouche sur la nécessité de constituer des banques de données
basées sur des données individuelles de patients, cet intérêt commande aussi à ce que ces
banques de données ne soient pas affectées à des objectifs en contradiction avec leur raison
d'être: dans les enjeux actuels, cela touche principalement les stratégies de sélection de risques
(généralement, mais pas nécessairement, de la part des assureurs), en contradiction avec le
principe l'égalité de l'accès aux soins. En complément à l'intérêt individuel du patient développé
au point 2.1, il s'agit ici d'assurer l'intérêt des patients dans leur ensemble, notamment par le
respect du principe de proportionnalité ainsi que par des mécanismes assurant la transparence
et la légitimité démocratique des règles qui déterminent ce principe dans la pratique.
2.3 Intérêts collectifs des assurés
Ce point figure ici en guise de rappel, dans la mesure où l'intérêt collectif des assurés, qui
correspondent à l'ensemble des personnes domiciliées ou établies en Suisse en ce qui concerne
l'assurance-maladie obligatoire, peut entrer en contradiction avec l'intérêt collectif des personnes
malades, du moins dans des perspectives à court terme qui peuvent déterminer des processus
politiques, notamment lorsqu'il s'agit d'évaluer l'opportunité de la prise en charge de certains
prestations. L'intérêt des patients - et souvent de la société dans son ensemble dans une perspective
à long terme - consiste ici à rappeler les enjeux plus généraux d'impact de la santé sur l'équilibre et le
développement d'une société par rapport à des considérations d'efficacité à trop court terme ou trop
étroitement focalisés sur les coûts de la santé au sens strict, lesquels omettent les impacts sur
l'emploi, le chômage, etc.