Pêcheries du Pacifique et changement climatique
Secrétariat général de la Communauté
du Pacifique (CPS)
NOTE D'ORIENTATION
24/2014
Objet
La présente note d’orientation vise à :
souligner l’importance des pêcheries pour les populations insulaires
du Pacifique ;
informer les gouvernements des États et Territoires insulaires du Pacifique et
leurs partenaires du développement des effets prévisibles du changement
climatique et de l’acidification des océans sur la contribution de la pêche à
leurs économies et à leurs communautés ; et à
déterminer les mesures d’adaptation et les politiques requises pour
réduire les menaces et tirer le meilleur parti des opportunités.
Messages clés
Les recettes publiques, le produit intérieur brut, les moyens d’existence
et la sécurité alimentaire des États et Territoires insulaires du Pacifique
dépendent considérablement de la pêche. Le changement climatique et
l’acidification des océans risquent d’avoir une incidence sur ces avantages
socioéconomiques, si bien qu’il pourrait y avoir des gagnants et des perdants.
Cependant, certaines mesures d’adaptation pratiques et politiques de
soutien peuvent contribuer à réduire au minimum les risques et à tirer le
meilleur parti des opportunités qui s’ouvrent.
Caractéristiques des pêcheries des îles du Pacifique
Les États et Territoires insulaires du Pacifique sont de « grandes nations
maritimes », dont le littoral est immense comparativement à leur superficie
terrestre. Grâce à leurs richesses naturelles, ils possèdent quelques-unes des
plus grandes pêcheries hauturières et leurs pêcheries côtières comptent
parmi les plus variées au monde (figure 1).
Les pêcheries hauturières se composent de flottes industrielles locales
et étrangères qui ciblent le thon tropical. Les prises thonières moyennes
effectuées dans les zones économiques exclusives (ZEE) du Pacifique
s’élèvent à 1,4 million de tonnes par an, ce qui représente plus de 30 % de
l’ensemble du marché thonier.
Les pêcheries côtières font vivre de nombreux pêcheurs vivriers et artisans
pêcheurs, dont les moyens d’existence et l’alimentation dépendent des
poissons et crustacés essentiellement pêchés dans les récifs coralliens
(voir ci-dessous). De nombreuses zones ont été touchées par la surpêche.
Pour répondre à la demande croissante, les pêcheries côtières capturent
de plus en plus de thons et d’autres grands poissons pélagiques dans les
eaux littorales (empiétant ainsi sur les zones des pêcheries hauturières).
L’importance de la pêche pour
les îles du Pacifique
Les pêcheries hauturières et côtières produisent des avantages
socioéconomiques considérables pour les populations du Pacifique.
Parmi ces avantages, on peut citer :
les droits d’accès et de pêche, qui représentent de 10 à 60 % de
l’ensemble des recettes publiques de six pays ;
la contribution au produit intérieur brut (PIB) issue de la pêche et
de la transformation des thonidés, mais aussi des pêcheries côtières.
Actuellement, la pêche thonière locale représente à elle seule
240 millions de dollars du PIB par an ;
les sources de revenus : 16 000 personnes travaillent dans la filière de
transformation des thonidés et de la pêche thonière industrielle. Les
pêcheries artisanales constituent le premier ou le deuxième revenu
d’environ 50 % des ménages côtiers ; et
la sécurité alimentaire : la consommation de poisson dans le Pacifique
(principalement liée aux pêcheries côtières) est de 3 à 5 fois plus
élevée que la moyenne internationale. De plus, le poisson représente
50 à 90 % des sources de protéines animales dans l’alimentation des
communautés côtières.
Conséquences des émissions de gaz
à effet de serre (GES)
Si les émissions de GES se maintiennent au niveau actuel, elles pourraient
provoquer une augmentation de la température des eaux de surface,
modifier les grands courants océaniques, réduire la présence des
nutriments nécessaires aux écosystèmes océaniques et étendre les zones
d’eaux de subsurface pauvres en oxygène. Les émissions de dioxyde
de carbone, qui sont responsables de 70 % des GES, entraînent une
acidification des océans (tableau 1).
Les travaux préliminaires de modélisation montrent que les changements
prévus dans l’océan Pacifique tropical pourraient impliquer une migration
de la bonite vers le Pacifique central et oriental (figure 2). Le thon obèse
devrait également être moins abondant dans le Pacifique occidental et
plus abondant à l’est, alors que le germon devrait se déplacer vers les
pôles pour échapper à l’expansion prévue des eaux pauvres en oxygène
dans leur aire de distribution actuelle. La réaction du thon jaune n’a pas
encore fait l’objet d’une modélisation. Toutefois, les expériences montrent
que la survie et la croissance de leurs larves pourraient être affectées par
une acidification extrême des océans.
Cette note d’orientation a été réalisée par les programmes pêche côtière et pêche hauturière du Secrétariat général de la Communauté de Pacifique.